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[RP]Quand maraudage rime avec naufrage

Airina
" Ne sois pas triste.. tu le rejoindras quand ton heure arrivera ma belle"

Cette phrase qui trottait sans cesse dans sa petite tête de ratoune depuis l'annonce fatale du décès. Impossible de s'en défaire et tellement envie de le réaliser rapidement.
Sa vie, depuis sa mort n'avait plus le même sens..tout avait basculé le jour où il disparut pour toujours... noyé.
Pouah !! Quand elle y repensait elle n'y croyait toujours pas. Quelle mort ridicule !
Mais que son père lui manquait. C'est alors qu'elle voulu réaliser son désir de le rejoindre.
Elle avait repéré lors d'un de ses voyages une falaise qui ferait office de plongeoir tant la hauteur l'avait impressionnée.
C'est donc à cette falaise qu'elle partit un matin sans rien dire la boule au ventre mais bien déterminée.

Personne à l'horizon, c'était parfait. Elle n'avait pas peur c'était déjà un bon point puis elle n'avait pas envie que cette peur surgisse ça gâcherait tout.

Un petit pas...elle s'avançait, juste elle et le bruit des vagues venant buter dans les rochers.
Un pas de plus...elle s'avança lentement respirant doucement.
Encore un pas et une voix qui la sortit de son état second ..ahhh !!! Cette voix qu'elle aurait reconnu entre mille !! Enfin non elle exagérait un peu, comme d'habitude, mais disons parmi quelques unes..

Que fais tu là idiote ???

Il n'y avait que lui pour lui parler ainsi. Toujours très classieux, des mots qu'elle détestait entendre mais qui lui manquaient de les entendre.

Père ???? C'est vous ???? Où êtes vous ????? J'ne vous vois pas !!

Oui quelle idiote mais il est mort tu ne peux le voir !!! C'est ta petite conscience qui te parle pas lui !

J'suis mort ma pauvre idiote comment veux-tu me voir pfttt !!! Je vois que tu n'as pas changé !!! Toujours aussi niaise !!
Mais je voulais savoir ce que tu prétendais faire..ne crois -tu pas que c'est un geste de couardise ? Indigne d'un Ratspoutine !!
Tu n'aurais pas pu choisir une autre façon de crever au lieu de te jeter et te noyer comme un rat ? Je l'ai fait et je t'assure que c'est très con mais je n'avais pas choisi. C'est tombé comme çà...trop bu...mon choix aurait été un autre..l'épée à la main et courageusement !!
Alors ma fille réfléchis un peu plus ...ça te changera pour une fois...

Sa façon de lui parler, pas de doute c'était bien lui. Mais elle faisait ce que bon lui semblait non mais !!!
Elle regarda en bas de la falaise. Elle avait mûrement pensé, décidé cet acte il n'allait pas lui faire rater çà !

Un pas...

Arrête !!!!

Père vous m'avez fait peur et sursauter !!! J'ai presque failli tomber à cause de vous !!!

Elle pestait contre lui ou contre cette voix ou contre sa conscience enfin contre son contre choix.

Pourquoi arrêter vous avez une autre proposition ? Allez dites voir si je la trouve plus glorifiante !!

Déjà ne saute pas !!! Et je t'explique...

Airina recula et écouta.

Airina !!! Déjà se suicider est une belle ânerie donc fais moi le plaisir de cesser immédiatement d'avoir cette idée en tête aujourd'hui ou n'importe quand. JAMAIS !!!! As-tu compris ?!
Mais si l'envie te démange si fortement bin vas y rejoins moi, de toute façon t'as pas l'air de trop aimer tes amis, et puis ici c'est tellement amusant tiens, pas d'alcool, plus de sexe, même pas un jeu d'argent dans le coin. Ah bin non grand Dieu y a même plus d'argent !!!

Qu'est ce qu'il lui racontait ? Etait-ce vrai ? Ou alors il la menait en bateau comme d'habitude ?

Père ?? Il n'y a rien de tout çà là bas ? Et que faites vous bon sang revenez ici ce n'est pas un endroit pour vous !!!
Pas d'argent, pas de femmes, pas d'alcool ?!!! Plus de calva !!!!

Tout compte fait Père ..

Oui Airina ? Allez, rentre de suite à Rohan que je ne sois pas obligé de te corriger !
Et si c'est moi qui te manque suffit de ....penser à moi et comme aujourd'hui de me parler je serai toujours là ma fille...

Airina s'était assise entre temps. Abasourdie d'avoir ainsi une conversation père-fille. Elle n'en croyait pas ses oreilles mais il avait ce don de la convaincre.

Elle se releva donc...s'avança à nouveau vers le précipice.

AIRINAAAAA !!!!!!

QUOIIIIIII ???? Je regardais !!! C'est beau....j'fais quoi alors ??? Je voulais tellement que vous m'appreniez de vous !!!Du maniement de l'épée et plein de trucs encore ! Et vous deviez m'emmener avec vous ..vous comprenez ce que je veux dire ?

Bien !!! C'est ce que tu veux ??? Donc soit !!! Va donc sur les chemins et fais ce que nous devions faire ensemble.
Je te guiderai fais moi confiance.

Elle esquissa un énorme sourire..à qui ? Bah à son père pardi !!!

Tout bien réfléchi, elle rentra avec la même boule au ventre qu'à l'aller mais cette fois-ci c'était celle d'avoir dû quitter son tad Niark néanmoins elle rentra heureuse et déterminée.
Elle allait enfin réaliser ce qu'ils auraient dû effectuer les deux.
Et de là haut il en serait fier car elle le ferait seule. Oui c'est bien là le problème.

Elle laissa passer quelques jours pour se préparer et décider du jour D ..D comme détroussage. Et bien oui !!!
Rien ni personne pourrait la dissuader.
Tout avait été calculé minutieusement pour ne pas rater sa première en remémorant les histoires de son père.

Et le jour D, elle harnacha sa Kristall et, son baluchon rempli de victuailles, partit sur les routes enfouie sous sa cape fourrée dans les tons de terre humide.



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~Fille adorée de son tad Niark ~ Ne quitte jamais sa Kristall~
Airina
Surtout fallait sortir du duché jamais en Bretagne ô malheur !!! Oui oui c'était un des conseils et des plus importants.
Airina quitta donc le duché et chevaucha quelques jours et nuits à la recherche de l'endroit propice.
Mais où aller ?
La voilà bien perdue et elle ne faisait que commencer. Ca promettait. Mais elle était confiante, son padre était avec elle. Il suffisait qu'elle l'appelle pour qu'il se pointe. N'est ce pas ?
Enfin c'est ce qu'elle croyait mais rien n'était prouvé.
" Père aidez moi je ne sais comment faire et où aller...."
La nuit porte conseil c'est ce qu'elle se disait tous les soirs et tous les lendemains étaient comme la veille aucun conseil était venu dans son esprit dans la nuit. Des foutaises ce proverbe !
Et c'est ainsi que des jours et des jours passèrent à laisser que la nuit lui porte conseil.

Ses vivres commençaient à diminuer, elle devait absolument agir.
Et c'est prise de court qu'elle décida enfin d'accomplir sa "mission" et pas "impossible". Le lieu lui inspirait. Une forêt bien dense et épaisse où se frayait un chemin qui unissait un village paumé à un autre village aussi paumé.

Mais elle n'avait pas prévu dans ses calculs le temps.
Attendre et attendre avec de la patience et patience. Tout ce qu'elle exécrait.

Airina n'aimait pas attendre et la patience...elle ne savait pas bien sa signification.
Quelle corvée si elle avait su...rien de bien passionnant que de détrousser.

La normande avait deux choix devant elle. Celle de se percher comme un hibou sur un tronc d'arbre au dessus du chemin et sauter sur le passant, l'idée était plutôt chouette...mais il ne fallait pas avoir peur de sauter, laissant la possibilité de rater le cavalier, chuter à terre, se casser une jambe entre autre..et imaginez la suite.
Ou alors elle attendrait, et oui encore attendre... qu'un voyageur fasse une pause déjeuner dans les parages et le déposséder de quelques biens.
Mais tout compte fait qui s'arrêterait ici ? Pas de beau paysage à visualiser, pas un seul beau coin dans le coin !

Et oui elle avait trouvé le lieu propice mais pas si propice que çà.
C'est alors qu'elle entendit un martèlement de sabots.
Tendant l'oreille son coeur se mettant à battre...et si et si....

Oui!!! Du monde approchait !!!

"Père vite vite aidez moi ...j'ai besoin de vous là "

Fille ...primo calme toi !!! Respire et concentre toi !! Mais surtout ne te précipite pas !
Mais ne reste pas là bon sang !!! Planque toi !!!

La ratoune se ressaisit et manque de temps elle laissa tomber le choix numéro un celui de l'oiseau perché et courut se camoufler dans les arbustes.

Puis elle attendit silencieuse. Oui on sait... attendre, le maître mot de l'histoire ....
Où était passé ce bruit de cheval au trot ?
Diantre !!
Ressortant son petit museau du bosquet elle tourna son regard à droite et à gauche. Rien ..le vide, l'absence de personne !!
Ce n'est pas possible ! Elle était maudite !!!
Tout aurait été beaucoup plus simple de plonger de la falaise !

Airina ma fille ?? A quoi penses-tu ? Tututu n'y penses même pas hein !!! Allez va à la recherche de ce bruit qui a cessé...ne crois- tu pas que ce cheval a dû s'arrêter quelque part ? Bouges toi mais en silence !!! Et réfléchis un peu plus nom d'un chien !!!

Mais oui !! C'était sans doute çà.
A pas de velours elle s'achemina vers ce bruit qui avait cessé de l'être... vous suivez j'espère !

La patience apporta ses fruits. Non loin, elle s'arrêta pour se dissimuler dans un feuillu et entraperçut un être humain, de surcroît un homme, qui avait allumé un petit feu de camp et se faisait griller une sauci..non de la barbaque.

Arghhh !! Première chose à faire le repérage. Où était sa bourse ? Sur lui cela va de soit ! Alors n'importe ! Autre chose de valeur, un truc qu'elle puisse chiper quoi et faire d'elle une brigande. Ensuite elle pourrait raconter à ses amis pour en laisser plus d'un stupéfait. Mais c'était surtout pour son tad Niark.

Allez on fonce assez de tourner en rond.
Attachant son foulard ne laissant qu'apparaître ses noisettes elle s'avança jusqu'à l'homme. Restant derrière lui, elle piqua son dos de la pointe de son épée.
Voix grave qui s'impose.

On n'bouge plus !!! La bourse ou la vie !!!!
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~Fille adorée de son tad Niark ~ Ne quitte jamais sa Kristall~
Taillefer
[16 Février 1461 - Siège de Dijon]

Voilà des jours, des semaines que Dijon subissait le siège des Saintes Armées et de Bourguignons s'opposant à la Régence. Sans compter les autres combattants venus de l'Empire ou des quatre coins du Royaume qui se ralliaient à leurs bannières. Il y avait même des berrichons...Taillefer ne les aimait pas ceux-là. Il s'en méfiait comme de la peste. Personne de sensé ne peut faire confiance à un berrichon...

Et lui, il y avait donc des jours et des jours qu'il défendait,qu'il combattait. Tantôt sur les remparts, tantôt dans la mêlée devant les portes. Et son armure avait bien besoin d'être rafistolée. Comme il l'avait lui-même forgée, il en connaissait le moindre détail et ne laissait à personne d'autre le soin de s'en occuper. Il s'était entendu avec un artisan du coin, qui contre une bonne bourse d'écus, lui permit d'user de sa forge le temps nécessaire.

Il en était là dans ses pensées alors qu'il s'activait au soufflet d'une forge afin d'en raviver le feu. Les premières flammes firent leur apparition. Son regard les accrocha et se plongea profondément dans le ballet hypnotisant qu'elles lui offraient en spectacle . C'était souvent comme ça avec lui. Le feu lui faisait souvent perdre toute notion du lieu et du temps, et hypnotisé, il laissait son esprit vagabonder, parfois pendant de très longues minutes, parfois bien plus. Il aime le feu...c'est tout à la fois une bénédiction comme une malédiction...une part d'ombre en lui, les mains du Sans Nom tirant les ficelles de ses entrailles pour tenter d'influencer l'âme. Certains appelleront ça la pyromanie.

Et il ne sut ni pourquoi ni comment, ce qui lui revint en tête ce jour là, ce fut une rencontre. Une tranche de vie. Un choc des personnalités comme il en arrive souvent. Et il se refit la scène dans sa tête. Penser à autre qu'à ce siège. S'évader...Se souvenir...

[A l'approche d'une forêt, en rase campagne]

Ce jour là, il chevauchait sur une petite route campagnarde, tenant plus d'un chemin de traverse que d'une véritable route. Il était encore tôt le matin, et il voulait atteindre le prochain trou paumé avant la tombée de la nuit. Il y trouverait sûrement un toit pour la nuit contre quelques écus avant de reprendre sa route le lendemain. Quelque part un autre conflit réclamait des lames, et c'est là-bas qu'il se rendait. Il savait, pour avoir déjà fait cette route, que plus loin se profilerait bientôt une forêt et que non loin de sa bordure, un peu à l'écart du chemin, se trouvait une clairière assez grande pour accueillir un feu de camp et laisser paître les deux chevaux qu'il avait avec lui. Son destrier gris pommelé à la crinière et la queue aussi noires que l'ébène et un rustique sommier, un cheval de bât ne servant qu'à porter tout ce que possédait Taillefer. Armure, armes, outils de forgeron, vivres et vêtements.

Il espérait atteindre cette fameuse clairière avant que le soleil ne soit à son zénith et se faire griller un bon bout de viande. Cela faisait déjà des heures qu'il chevauchait et la faim se faisait ressentir.

Il lança sa monture au trot, espérant que le cheval de bât tiendrait la cadence tout chargé qu'il était. Cela réduisit le temps de trajet et un peu plus d'une heure et demie plus tard, les chevaux étaient libérés de leurs contraintes et broutaient paisiblement l'herbe et la mousse humides qui recouvraient le sol de la forêt.

Le feu était allumé, et Taillefer tenait suspendu au dessus du feu, une bonne tranche de viande piquée sur la lame de sa dague. Il en saliverait presque s'il n'était pas, là encore, loin de ce qu'il faisait. Les yeux perdus dans le feu. Au point qu'il n'entendit même pas les chevaux s'agiter alors qu'une ombre furtive jaillissait dans la clairière.

Il reprit brusquement ses esprits, tous les sens en éveil, quand une étrange sensation lui parcourut le dos. Une pointe entre les omoplates...une lame! L'instant d'après, une voix! il ne bougea pas d'un pouce, la dague toujours en main au dessus des flammes.


Citation:
On n'bouge plus !!! La bourse ou la vie !!!!


Il lui fallait vite analyser la situation pour tenter de trouver une issue à la confrontation. La voix s'était voulue grave mais quelque chose de forcée résonnait dans le ton...une voix jeune et pas masculine. La pointe de l'épée tremblait un peu entres ses omoplates...La jeune n'était pas très assurée dans ses gestes...inexpérimentée sûrement...Un sourire légèrement moqueur s'afficha sur ses lèvres quand il répondit à l'injonction de la jeune femme:

- Il en faut du cran pour détrousser quelqu'un. Mais il en faut plus pour enfoncer sa lame dans le corps d'un homme et mettre la main sur tout le butin.

Puis d'un geste vif, il retira la lame de sa dague des flammes et exécuta, par dessus son épaule, un magnifique lancer de barbaque fumante et saignante qui cru bon de finir sa course en pleine poire de sa détrousseuse des petits chemins forestiers à défaut d'être une bandit des grands chemins.
Il se releva promptement et fit volte-face en envoyant un coup de pied dans la main qui tenait l'arme, envoyant valdinguer celle-ci quelques mètres plus loin. Puis faisant le dernier pas qui le séparait d'elle, il pointa sa dague vers la gorge de la jeune femme.


- Et moi j'ai assez de cran pour le faire. Dites-moi pourquoi je ne le ferais pas?

Et il planta ses yeux bruns dans les siens, tentant de la jauger un peu plus en attendant sa réponse.
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Airina
Sa main tremblait non ses deux tremblaient, le poids de l'épée faiblissant ses muscles tendus et tétanisés. "Père Père vite aidez moi aidez moi vite..je crois que je suis en train de faire une sottise"

Fallait assumer maintenant, elle espérait juste que sa victime obéisse et lui remette tout penaud une petite bourse. Elle se contenterait de peu et elle filerait aussi vite qu'un lapin lors d'une chasse à courre.
Mais au lieu de çà, elle reçut en pleine face une barbaque fumante qui lui brûla partiellement son visage heureusement recouvert du foulard. La petite normande cria lâchant d'une main l'arme pour venir la poser sur son visage tout en reculant que peu alors que la victime qu'elle n'était plus, lui donna un coup de pied dans sa dextre faisant voler l'épée à quelques mètres d'elle.
Aucune possibilité de réaction pour le contrer alors que déjà une pointe de lame qui semblait bien tranchante, venait lui piquer sa gorge.

Un échange de regards, l'un était determiné et obscur l'autre était celui d'une biche affolée. Devinez qui était qui ?

A ce regard noir vint s'ajouter sa voix. Il ne rigolait pas, il avait l'air très sérieux rendant plus vive l'inquiétude et la détresse de la ratoune.

Un échec pour une première qui serait sans aucun doute une dernière, puisqu'elle ne voudrait plus revivre ce qu'elle vivait en ce moment. Un cauchemar !
Son coeur quand à lui ne battait plus, il s'était lui aussi arrêté, par solidarité, à croire que lui non plus ne souhaiter bouger si on ne voulait pas que cette lame vienne se planter dans la peau.

Statufiée, pétrifiée Airina n'osait même pas répondre alors qu'elle continuait à le regarder tout en essayant de réfléchir un minimum avec une joue qui lui brûlait.

Elle pouvait lui dire que c'était une erreur, qu'elle s'était trompée ou que ce n'était qu'un jeu juste pour accomplir un défi qu'on lui avait lancé ou bien tenter le tout pour le tout lui donner un coup là où ça fait bien mal aux hommes et prendre la poudre d'escampette. Mais cette tentative du genou dans les parties délicates de l'homme bien qu'étant une bonne alternative, vu l'accoutrement hivernal qu'il portait celà ne suffirait pas, il sentirait à peine.

Que faire alors ? Suivant les situations que l'on vivait, le temps qui s'écoulait pouvait être bien long comme il pouvait être très court et en ce moment le temps pour Airina était long court, court long.

Elle avait surtout perdu la notion du temps, elle avait perdu tout simplement.

Mais la Ratspoutine qu'elle était devait pouvoir savoir renverser la situation et la mettre en sa faveur. Dire le contraire de ce qu'on pense pour qu'il en fasse le contraire.Tout comme le faisait son paternel.

C'est en prenant une profonde inspiration enfin pas trop profonde pour éviter cette lame qu'elle ne s'enfonce un peu trop, qu'elle répondit gardant le ton grave dans sa voix

Mais faites le donc !!! Allez !! Vous attendez quoi ??!!! Si vous avez du cran allez y !!!

Oui elle se sentait tout à coup courageuse. Fallait que ça dure !
Mais si le barbu était sincère dans ses paroles, elle risquait de voir ses jours très vite écourtés. Enfin non elle ne le verrait pas car elle ne serait plus de ce monde.
Ma foi..faut bien mourir un jour !!
Etait-ce son jour ?

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~Fille adorée de son tad Niark ~ Ne quitte jamais sa Kristall~
Taillefer
[Je m'suis fait tout p'tit devant une poupée!*]

Citation:
Mais faites le donc !!! Allez !! Vous attendez quoi ??!!! Si vous avez du cran allez y !!!


Il ne l'avait pas quitté des yeux un seul instant, pas même le temps d'un clignement. Il pouvait lire dans le regard de sa captive un courageux mélange de crainte et de détermination. Quand la réponse de la jeune femme cingla l'air ambiant en résonnant d'un air de défi, il raffermit instinctivement sa prise sur le manche de sa dague, pressant la pointe sur la gorge à nu. La pointe avait percé l'épiderme du cou et quelques gouttes de sang commencèrent à perler et à en couler. Le regard de Taillefer passait du filet de sang aux yeux de la chasseresse devenue proie.

Elle n'était pas de beaucoup plus jeune que lui pour ce qu'il en décela en ce court instant...peut-être cinq ou six printemps. Elle avait malgré tout un air farouche affiché sur ses traits. Son sang devait bouillonner sous le coup des montées d'adrénaline et cela la renforçait, même face à une mort éventuelle et plus que probable. Et autre chose qu'il crut déceler dans ses yeux qui le perçaient, le jaugeaient tout comme lui-même la jaugeait. Un quelque chose de commun avec lui. Comme un fol désespoir, un sentiment d'exclusion, de solitude. Une soif de liberté et d'apprendre pour conjurer le sort qui s'acharne et rire de la vie sans contraintes. Pour palier un manque...des absences...Elle était presque un reflet de lui, plus jeune, quand lui-même faisait ses armes. Presque, parce qu'un monde les séparait. Lui, guerrier, cavalier, réformé, paria pour beaucoup. Elle, perdue, débutante, jeune et seule. Des destins croisés.

Mais quelque chose d'animal,d'instinctif se produisit chez Roland (c'est le prénom de Taillefer, le vrai, personne n'aurait idée de prénommer son fils Taillefer hormis un nain alcoolique sorti des contes de Chrétien de Troyes, voyons!)
, il baissa son arme qu'il laissa choir au sol, et sans quitter la jeune femme des yeux, il lui assénât sur le dessus du crâne un violent coup de ses deux poings réunis pour une former qu'une masse compacte de chair et d'os. Comme un bon coup de marteau à la forge...La petite silhouette (bah l'est costaud le Roro!) s'affaissa lentement.

Il regretta son geste presque aussitôt, mais le ton de défi et de courage qu'elle avait employé l'avait obligé à cette extrémité. Si Taillefer ne voulait pas perdre le contrôle de ses actes et avoir un geste malheureux qui aurait pu la tuer, il lui fallait la maîtriser une bonne fois pour toutes. Eviter que la fougue ne se fasse pressante chez elle. Parce que depuis le départ, la mort de cette jeune femme n'était pas une option pour lui. C'était un guerrier, parfois un détrousseur quand il était en territoire ennemi, mais pas un assassin. La Mort, il dansait assez avec sur les champs de bataille, sans avoir à l'honorer lors des ses rares Repos du Guerrier.

Il se dirigea vers les sacs de toile contenant divers outils qu'il ne quittait jamais et en extirpa de la corde. Il en lia une longueur aux jambes et aux mains de la jeune femme, inconsciente. Et le foulard qu'elle arborait, fit merveille en bâillon. Puis il la souleva, et l'allongea au pied d'un arbre, non loin du feu qui brûlait vivement maintenant. Il alla ramasser sa dague, repassa par les sacoches de selle pour en extirper de la viande et reprit place, assis, devant le feu. Le fumet de la viande grillée envahissait l'air quand un léger soupir gémissant se fit entendre dans son dos. La téméraire se réveillait.

- Tu dois avoir faim non?, lâcha-t'il, immédiatement, une lueur presque espiègle dans les yeux et un sourire carnassier aux commissures des lèvres. Personne ne pouvait résister à un bon bout de viande grillée, du moins personne dans l'esprit de Roland. C'était aussi vital qu'une bouffée d'air pour lui. Il espérait que la jeune femme serait calmée et tentée par l'odeur. Une porte de sortie par le dialogue...par l'estomac. Quelque chose d'animal, à l'instar de Taillefer.

Puis sans attendre de réponse étouffée par le bâillon, il enchaîna:

- J'aurais pu te tuer, tu sais. Ailleurs, sur un champ de bataille, j'aurais pris ta vie sans scrupule. J'ai du cran, mais je ne suis pas un monstre...

Sa voix s'étouffa sur ses paroles. Pendant un court instant, son regard se perdit dans les flammes et la vision de visages grimaçant de douleur dans des râles d'agonie posa comme un brouillard dans ses pensées. Il secoua la tête pour reprendre ses esprits. Il retira les tranches de viande de la lame de sa dague, et les posa sur une pierre plate qu'il avait placée près du feu. La dague toujours en main, il se retourna et se dirigea vers la silhouette ligotée. Le soleil était haut dans le ciel, et ses rayons frappaient la lame qui luisait comme milles feux. Il se mit a genoux près d'elle.

- Il ne nous reste que deux alternatives: soit l'un de nous meure, soit on s'entend pour partager ce repas et passer la nuit ici, puisque de toute évidence, il est trop tard pour espérer gagner un semblant de civilisation maintenant. Ce qui veut dire que je te libère de tes liens mais que tu me promets de ne pas faire de gestes inconsidérés. Que choisis-tu?

Et il arracha sèchement le bâillon pour bien entendre la réponse.

*Titre d'une chanson de Brassens,


[Bonjour, bonjour
Retrait du HRP qui n'a pas sa place dans le RP. Merci de prendre connaissance des Règles d'or du coin des aRPenteurs.
Bon jeu, bon RP
Modo Mahelya]

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Airina
Elle venait de le défier prenant le haut risque de finir avec ses jeunes jours selon le choix que prendrait son " agresseur". Sa vie était entièrement entre ses mains.
Face à face, ses noisettes restaient plongées dans ses prunelles brunes laissant deux êtres se jauger par le regard.
La jeunette n'arrivait pas à lui donner un âge bien qu'il semblait assez jeune, ses traits dégageaient un vécu cependant aucune émotion pouvait transparaître de ce visage marqué.

Malgré tout elle restait confiante car persuadée qu'il baisserait son arme, néanmoins elle sentit subitement un picotement douloureux à la gorge suivi d'un liquide chaud qui s'écoulait le long de sa fine peau laiteuse.
Airina avait compris, il n'abandonnerait pas. Il irait tout en douceur pour lui enfoncer la lame qui percerait la jugulaire et l'achever tel un cochon.
La fin était proche mais elle était sereine bien qu'une peur naissante remit son coeur à battre de plus en plus fort, son corps se raidit et ses dernières pensées furent pour son père. C'est alors que cette lame s'éloigna et l'arme tomba au sol sans comprendre le pourquoi. Mais en échange et d'une rapidité extrême deux bras se levèrent face à elle pour lui asséner un coup de massue sur sa tête, son corps dégringola aussitôt comme un château de carte.

Le vide, le néant, cette absence d'existence qui dura je ne sais combien de temps jusqu'à ce qu'une odeur de viande grillée vint lui chatouiller les narines mettant son sens olfactif en éveil. Son corps lui aussi s'éveillait en même temps qu'elle revenait peu à peu à elle alors qu'une intense douleur lui oppressait la tête.
Ses paupières s'ouvrirent doucement pour se découvrir allongée et ligotée des pieds et mains et sa bouche obstruée par un bâillon. Il ne lui fallut que peu pour comprendre sa situation. Elle était vivante mais dans une position bien plus qu'inconfortable.

Face à elle son dos, ce même dos qu'elle avait piqué de la pointe de son épée quelques minutes ou quelques heures auparavant.
Pourquoi l'avait-il épargné de la mort ? Pourquoi avait-il décidé de la garder en vie et de la maintenir saucissonnée ?
Elle devait se faire entendre et poussa un léger gémissement qui le fit réagir.

Impassible, ne bougeant pas de position il lui posa une question qu'elle n'aurait jamais imaginé qu'il poserait en cet instant. " Tu dois avoir faim non ?"

Faim ? Elle ne savait pas vraiment si elle avait faim. La seule certitude était cette douleur lancinante ressentie dans sa tête et ce sentiment d'impuissance et vulnérabilité.

Sur sa lancée il lui avoua qu'il n'avait aucune pitié mais que son courage ne se résumait pas à tuer n'importe qui pour le plaisir. Puis il s'arrêta un bref instant comme si son esprit s'était évadé mais se reprit immédiatement pour s'occuper de ses grillades.
Elle venait d'avoir la réponse à sa première question. Il était loin d'être un assassin tuant des personnes gratuitement mais un guerrier qui défendrait sa cause corps et âme.

En dépit de son envie, elle l'avait écouté sans le quitter du regard lorsqu'il fit demi tour et s'approcha d'elle. Airina n'avait plus peur. Désormais elle savait qu'il ne la tuerait pas mais elle devait rester sur ses gardes. L' être humain était bien souvent fluctuant et imprévisible.
S'agenouillant face à la normande il lui proposa deux options. La mort d'un des deux ou le partage du repas.
A elle de choisir entre la vie et un bout de viande mais la personne qui allait mourir si ce choix venait à être fait, c'était bien elle, aucun doute là dessus. Le choix du repas était bien plus ..vivant et ça lui permettrait d'être dégagée de ces liens qui commençaient à la blesser au niveau des poignets.
L'entrave arrachée à la limite de lui déraciner ses dents, il attendit une réponse.


AIEUUUUU !!!! Espèce de sauvage que vous êtes !!! Liberez moi de suite !!!

Son tempérament reprenait le dessus néanmoins son mal de tête s'accentua la faisant grimacer de douleur arrêtant net ses paroles.
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~Fille adorée de son tad Niark ~ Ne quitte jamais sa Kristall~
Taillefer
Citation:
AIEUUUUU !!!! Espèce de sauvage que vous êtes !!! Libérez moi de suite !!!


Juste à cet instant, quand elle lui intima l'ordre de la libérer, il eut une terrible envie de remettre le bâillon en place. Qu'il refoula aussi sec en voyant son visage se tordre de douleur. Il avait peut-être un peu forcé la dose en l'assommant. Mais le résultat aurait pu être pire s'il avait laissée s'entêter. Elle n'avait pas peur de la Mort. Il l'avait lu dans ses yeux. Il l'avait déjà lu dans d'autres. Et souvent dans les siens quand il lui arrivait de contempler son reflet. Il ne saurait dire pourquoi, mais il avait envie d'en savoir plus sur cette jeune femme. Mais pour le moment il devait être sûr qu'elle ne ferait rien de stupide s'il la relâchait.

- Je t'ai redonné l'usage de la parole, considère cela comme un premier pas vers ta liberté. Ne soit pas si pressée. D'abord tu vas répondre à mes questions. Et ton degré de liberté dépendra de tes réponses. Reprend d'abord un peu tes esprits et calme toi.

Puis il se releva et se dirigea vers son barda posé au sol. Il sortit, d'une besace pendant au pommeau de sa selle, une outre rempli de vin des vignobles de Chinon s'étirant non loin du Fort de Coudray, le siège de la Cavalerie du Cœur Navré.

Et alors qu'il se redressait, quelque chose attira son regard. L'épée de la jeune femme gisait non loin sur le sol. A première vue, une rapière. Une arme mortelle pour qui sait s'en servir. Une arme légère pour des combattants comptant plus sur leur agilité et leur dextérité, que sur la force brute et l'endurance. Il l'examinerait plus tard. Il avait un interrogatoire à mener d'abord face à une sauvageonne qui ne rêvait sûrement que de l'étriper à cet instant précis.

Il revint vers elle, et s'accroupit à portée de main. Une dague à droite, une outre à gauche. Son ombre se projetait sur la captive, assombrissant le tableau qui s'offrait devant ses yeux. Ce n'était vraiment pas comme ça qu'il avait espéré passer la journée. Une femme ligotée, une pause déjeuner interrompue et de grandes chances de passer la nuit dehors. Même perdu dans une forêt au milieu de nul part, Deos trouvait le moyen de mettre Roland à l'épreuve.

Il posa sa dague au sol, et machinalement, comme pour faire suite à ses pensées, sa main se referma sur la croix huguenote qui pendait à son cou. Ce simple geste l'apaisa. Ses yeux scrutaient toujours sa prisonnière, mais n'avaient plus rien d'agressif. Il déboucha l'outre et en porta le goulot à proximité de la bouche de la jeune femme.

- Bois d'abord un peu, ça te réchauffera et ça te soulagera... Qui es-tu? , lui demandât-il simplement.

Et en guise d'écho, le tiraillement de la faim se fit entendre, sortant comme un grondement d'ours du ventre de Roland.
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Airina
Un sourire intérieur lorsque ses esgourdes entendirent le grognement de son estomac criant famine. Il avait faim le brun.

Pas envie de me calmer !!!! Détachez moi et on discute ensuite !
Vous ne voyez pas non que je suis dans une position qu'on pourrait traiter d'inhumaine !!!

Détachez moiiiiii !! Mais où allez-vouuuuus !!!!! Reveneeezzzz !!!


Mais il s'en fichait complètement. Au lieu de çà, il s'en éloigna pour continuer avec ses petites besognes.
Ah mais le voilà qu'il revenait d'une démarche lourde. Pas très raffiné dirons-nous de lui. Il avait plutôt l'air d'un ours que d'un guerrier. Avec lui, sa dague d'une main, une outre de l'autre.
Lui allait-il encore demander de faire à nouveau un choix..la dague ou la boisson ?

La boisson s'imposa, elle n'avait pas eu de choix car il approcha le goulot de sa bouche. D'ailleurs elle sentait fort le bouc son outre.
Sans le quitter des yeux, miroir de l'âme, elle avait discerné un changement dans son regard, son expression se fit plus indulgente à son égard. Elle avait entre temps remarqué cette croix qu'il prit dans sa main et qui n'était pas comme la sienne qu'elle portait près de son coeur. Préférant simuler sa découverte et d'une bouche asséchées aux lèvres gercées répondit.

j'nai pas vraiment soif et boire allongée n'a jamais été très aisé ! Alors je vous demanderai de me délier immédiatement de mes liens qui de surcroît me font terriblement mal !

A sa grande surprise elle s'était très légèrement adoucie dans sa façon de parler. Sa présence qui se voulait apaisante, il parlait posément et était calme. Cependant, son tempérament de petite capricieuse normande lui ne s'était pas envolé.

C'est du calva ?? Je ne bois que çà pour me réchauffer !!! Alors si cet excellent breuvage se trouve dans votre gourde je veux bien y mouiller mes lèvres...

Il lui offrait de quoi hydrater sa bouche la voilà qu'elle jouait à la petite gamine..pas vraiment une façon de faire d'une brigande de hauts chemins. Oui oui elle devait lui faire croire que c'était une professionnelle dans le domaine.
Mais pourquoi voulait-il savoir son identité ?
Airina n'aimait pas les personnes trop curieuses surtout quand il s'agissait de pénétrer dans sa vie intime.

Qui je suis ???? Je vous en pose moi des questions ?!!
Vous voyez bien !!!! Je suis une détrousseuse ! Oui voilà une brigande ! Vous n'avez pas à en savoir guère plus ! Et vous donc ?! Qui êtes vous ???

Sa tête endolorie, sa gorge qui saignait, les liens qui la serraient, tout son petit corps qui se débattait comme un ver de terre impuissant, elle devait bien changer sa méthode vis à vis de lui si elle voulait qu'il la détache.
Il venait de le lui dire "son degré de liberté dépendrait de ses réponses " et cette ratoune bien que capricieuse, entêtée et râleuse, était dotée d'une certaine intelligence qui lui permettait toujours de se sortir de situations compromettantes.
Que lui voulait-il ? Parler mais ne pas trop lui en dire. Puisque la révélation de renseignements la concernant l'amenait à sa liberté, elle pouvait pourquoi pas lui raconter n'importe quoi. On ne pouvait pas appeler çà du mensonge mais de la protection d'identité.

Bon tout compte fait...je m'appelle ..je m'appelle juste Marie..oui Marie comme..voilà quoi !
Détachez moi maintenant !! Je vous l'ordonne !!! Euh je vous le demande....

Un prénom comme un autre, néanmoins très communs, toutes les filles s 'appellent Marie alors pourquoi pas elle. Il n'en douterait pas.

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~Fille adorée de son tad Niark ~ Ne quitte jamais sa Kristall~
Taillefer
[You can't always sleep, Mary...Sweet Mary...O sweet Mary!*]

- D'accord, Marie.

Il reboucha l'outre et la reposa au sol. La dague suivit le mouvement et se retrouva à ses pieds. Il se rapprocha et se pencha un peu plus vers elle. D'une voix calme mais sans chaleur, il enchaîna tout en la redressant, l'asseyant dos au tronc de l'arbre.

- Voilà ce qu'on va faire. Je vais te délier les mains et laisser ma dague ici. Mon outre aussi. C'est du vin de Chinon, pas du calva.

Il regretta que ce ne soit pas du calva à cet instant. Ayant passé son enfance et une partie de son adolescence en Normandie, il avait connu ses premières ivresses avec le calva. Les fûts de l'Abbaye de Jumièges en regorgeaient. Il chassa cette pensée, et reprit aussitôt:

- Mais il est bon, bois-en.

Puis il ramassa sa dague et trancha les liens qui entravaient les poignets de la jeune femme. Il se redressa, la dague toujours en main et la fixa des yeux. Il avait compris que temps qu'elle serait entravée, il n'y aurait pas grand chose à en tirer si ce n'est jérémiades, rébellion et indignation. Il devait traiter à quasi pied d'égalité avec elle. Mais il devait aussi s'assurer qu'elle ne ferait rien d'insensé.

- Je vais la poser à deux pas de là ou je me tiens. De là, trois pas encore et je serais à mes affaires. J'y ceindrais mon épée pendant que tu te traîneras à la dague. Libère tes jambes et garde la dague avec toi. Tu n'auras que ça. Moi j'irai ramasser ton épée et la garderai avec moi. Note bien, que j'aurais pu te laisser là, ligotée, et continuer ma route. Alors penses-y une fois libre. Tu me dois une vie. Mais si tu ne me laisses pas le choix, je me paierai avec la tienne.


Et il se leva, et fit ce qu'il avait dit. Un instant plus tard, et la dague était au sol, tandis que Taillefer ceignait son épée. Une épée longue à large lame, aux tranchants acérés, dont la poignée permettait un maniement à deux mains en cas de besoin. Une arme de guerrier quoi...ça tranche épais. Pas comme la rapière qu'il alla ramasser aussitôt armé et passa à sa ceinture, tout en s'adressant à sa captive pour répondre à l'une de ses questions:

- On m'appelle Taillefer.

La ramasser l'avait rapproché de son cheval. Le destrier, pas le sommier hein. L'animal se tenait tête au sol, à se gaver de mousse humide. Roland lui flatta l'encolure. Pour un cavalier, une monture c'est un peu comme un outil de travail. Et un outil, ça se remplace. Mais celui-ci, un animal haut sur pattes et au corps puissant, lui servait depuis plusieurs missions et campagnes maintenant. Les maîtres d'écuries du Fort de Coudray avaient fait preuve de leur talent en la matière, en fournissant des destriers de premier choix aux cavaliers du Cœur Navré. Roland avait repéré celui-ci, et se l'était aussitôt approprié. Et il ne le regrettait pas. Sur le champ de bataille, ce cheval se battait aussi fougueusement que n'importe quel combattant. Ses ruades dispersaient les ennemis de Taillefer, lui laissant tout le champ libre pour choisir ses cibles et les occire d'un mouvement de la lame. Et que dire de sa charge? Une bête remarquable. Et bizarrement, il n'avait jamais trouvé le temps de nommer cet animal. Comme aucune autre de ses montures jusque là.

En se retournant vers la jeune femme pour voir comment avait évoluée sa situation, il se surprit à lui en faire part.


- Je n'ai jamais donné de nom à cet animal alors qu'il me sert fidèlement. Et que comme nous, il est une création de Deos. As-tu un cheval, Marie la brigande?

Il se tenait droit comme un piquet. La main gauche reposant sur le pommeau de son épée. Et quelques bribes de vent formaient des vagues dans ses cheveux et ses vêtements. Des vêtements de lin d'un brun foncé assortis d'une cape rouge sang, doublée de fourrure brune provenant d'un ours. Les clous de sa brigandine de cuir noir accrochaient les rayons du soleil. Et il attendait...

La Trêve et le Dialogue ou une Danse avec la Mort.

Le cours des évènements ne lui appartenait plus désormais. Quel destin choisira Marie la Brigande?


* Noir Désir - Sweet Mary.

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Airina
Marie... joli prénom qui n'était pas le sien mais dont elle devrait pour quelques heures s'habituer à sa sonorité.

Libérant ses mains de la dague et de l'outre, elle laissa ce jeune tronc humain être redressé par la force de ses bras masculins pour enfin se retrouver à la verticale, et pouvoir replacer dans le bon sens, sa vision des choses. Enfin elle se retrouvait dans une position plus acceptable.
Tout en lui proposant un deal, sa dague délivra les poignets rougis par le chanvre. Comme quoi quand on sait demander on réussit.
Il était réfléchi et son calme lorsqu'il causait, surprenait la ratoune alors que son corps aux rondeurs féminines, ne cessait d'être en ébullition par la situation. Juste l'envie de hurler sa rage.

Confiant, il lui laissa l'arme et l'outre à proximité et s'éloigna récupérer son épée. Que faire que faire ? " Père aidez moi bon sang vous êtes où depuis tout à l'heure je me sens trop seul face à lui pour tout gérer... franchement...venez un ptit moment.."
Que devait-elle faire face à cette situation ?
Il lui laissait la dague pour se détacher les jambes quand à l'outre elle s'en fichait un peu....ce n'était pas du calva !
Et ensuite ? S'enfuir en le menaçant avec cette petite dague ridicule?
Trop risqué..pas maintenant. Puis il n'avait pas tout à fait tort il aurait pu l'abandonner et ainsi se convertir en une belle proie pour n'importe quelle bête affamée. Il ne l'avait pas fait.

Airina posa machinalement sa senestre à sa gorge pour sentir le sang qui avait séché. Elle se frictionna ses poignets et rampa aidée de ses mains jusqu'à l'arme pour trancher la corde qui retenait ses jambes. Libération que je t'aime !
Le brun toujours dos tourné lui fit soudain part de son nom.
Taillefer. Remarquez s'il portait un tel nom dont le contenu était composé de tailler on ne pouvait que s'en méfier.

Taillefer....bien....

Sans baisser sa surveillance, sa dextre ne lâchant pas la dague, le dilemme se posait. Fallait faire vite tant qu'il avait le dos tourné.
Trop tard, il venait de pivoter et s'avançait vers elle en lui expliquant l'histoire de son équidé sans nom. Mais elle n'en n'avait rien à faire de son cheval il n'avait qu'à pas l'appeler.
Un cheval ça réagit tout autant en claquant de la langue cela suffisait amplement.

Elle resta impassible, serrant dans sa main la poignée de l'arme blanche qu'elle pouvait utiliser dans l'immédiat, mais retint son geste alors qu'il se tenait debout devant elle. Incontestablement, il en jetait avec sa cape rouge ! Puis lui questionna sur une éventuelle possession de destrier.
Mince sa jument !!!


Kristall !!! Zuttt !!!! La pauvre !!!! Oui oui !!!! Je l'ai laissée un peu plus loin attachée à un arbrisseau !!! Je vais aller la chercher !!!!!

Crispation de la dentition alors qu'elle tente de se relever. La tête tourne, une esquisse de sourire pour signaler que tout va bien.

Je sais où elle se trouve exactement faites moi confiance...

Son regard se posa sur ses bruns, sa confiance irait-elle jusqu'à la laisser aller seule ?
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~Fille adorée de son tad Niark ~ Ne quitte jamais sa Kristall~
Taillefer
[Un cheval sans nom*]

Bien qu'armée d'une dague et qu'il lui ait tourné le dos, elle n'avait rien tenté. Taillefer voyait bien la crispation de ses doigts sur le manche de sa dague. Une lame fine, idéale pour passer entre les plaques d'armures quand on était au contact.

Il garda sa position, les yeux fixés sur la jeune femme, et malgré son calme apparent, il était prêt à réagir s'il le fallait. Elle semblait un peu plus calme mais il devinait aisément le dilemme dans la tête de l'apprentie-détrousseuse. Il aurait sûrement eu le même s'il s'était retrouvé dans sa position.

Mais la question sur le cheval, aussi anodine soit-elle, avait fait mouche. Hop, voilà la donzelle préoccupée par autre chose que son envie de meurtre. C'est du finaud, on dirait pas comme ça, mais c'est du Roro! Elle avait donc une monture. Et avec un nom. Krystall.

Marie la brigande avait été assez maline pour laisser son cheval hors de portée de son ouïe, ce qui était déjà pas mal. Elle avait réussi à se faufiler jusqu'à lui sans se faire entendre. Un autre bon point. Et elle était libre de toutes entraves à nouveau. La prudence était toujours de mise. Quand elle finit par lui dire qu'elle irait chercher sa monture et lui parla de confiance, il rétorqua:


- Mais tu es libre de tes mouvements, Marie.

Il pointa son doigt vers le ciel, désignant le soleil qui continuait sa course.

- Mais si l'envie te prenait de déguerpir, laisse-moi te dire une chose. Tu ne traverseras pas cette forêt avant que le soleil ne soit couché, maintenant. Il y a dans ces forêts, des dangers bien plus grands que moi. A toi de voir si l'idée de passer la nuit seule dans ces conditions, armée d'une simple dague, ne te gène pas. Moi je ne bouge pas d'ici.

Il n'avait aucune intention de laisser ses bêtes et ses affaires sans surveillance. Malgré le feu et la lumière du jour, la faim pouvait pousser les prédateurs à plus d'audace.

Il reprit place près du feu après ramasser son outre, sans quitter la jeune femme des yeux, sauf le temps nécessaire pour attraper une des tranches de viande, qui étaient froides maintenant. Il mordit dedans et un bon bout de viande disparue dans le gouffre de sa bouche. Tout juste le morceau avalé, il encouragea la jeune femme, qui semblait peser le pour et le contre dans ce qu'il venait de lui dire.


- Allez-va! Je t'attends, dit-il, la tranche de viande coincée dans une main qui se tenait à portée de ses dents.

Puis tandis qu'elle s'éloignait à la recherche de son cheval, il reporta son attention sur sa propre monture. Un étrange élan d'affection naissait en lui envers l'animal. Comme poussé par les pensées de son maître, le cheval releva la tête et la tourna dans sa direction. L'homme et la bête s'observaient. Des détails d'une antique légende qu'il avait lue à l'Abbaye de Jumièges lui revinrent en tête à cet instant.


- Balios**... Tu t’appelleras Balios.

Son cheval avait enfin un nom.


*America - A Horse With No Name.
**Balios: nom d'un des chevaux qui tiraient le char d'Achille, héros grec.

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Airina
Taillefer .....Toujours à expliquer posément le pourquoi du comment. Cette fois-ci, il la laissait récupérer Kristall seule tout en la prévenant du danger qu'elle pouvait y trouver si elle gardait en tête l'idée de s'enfuir.
A nouveau il n'avait pas tort.
Chaque conseil venant de lui était sensé alors que la ratoune elle, ne réfléchissait pas assez à ces éventuels dangers qui pouvaient se manifester. On sentait bien l'incompétence de la jeune fille face à un homme averti grâce à son expérience.

Main toujours crispée à la dague, elle hésitait surprise par la totale confiance qu'il avait en elle lorsqu'il l'encouragea à ramener sa monture de là où elle se trouvait.

J'y vais j'y vais ! Mais ...pour plus de sécurité vous ne voudriez pas me redonner mon épée ?

Il fit sa sourde oreille, la réponse ne se fit pas et Airina s'éloigna à travers les buissons laissant le brun avec sa viande.

Tout en rebroussant le chemin qui la menait vers sa jument , ses pensées l'emmenèrent à la réflexion.
Elle était libre et pouvait s'enfuir avec Kristall sur le champ. Mais il y avait un hic.
Jamais elle aurait dû lâcher ce " Faites moi confiance"
Ces trois petits mots dont elle ne pouvait trahir son sens. Un Ratspoutine tenait toujours parole.

Un petit sourire aux lèvres se profila en voyant sa jument qui broutait de l'herbe paisiblement. Elle n'avait pas bougé et n'avait pas tenté de fuir en voulant se détacher du fin tronc de l'arbrisseau. Une vraie Ratspoutine ! Ou une vraie nouille !! Ne dit-on pas que l'animal ressemble à son maître ?
Elle glissa la dague dans sa ceinture, caressa plusieurs fois son encolure, dénoua la bride et prit un élan pour monter sur la selle.
Et sans se poser plus de questions elle talonna les flancs et d'un petit claquement de langue fit avancer sa monture.

Allez ma belle on s'en va...

La normande se remit sur le chemin caillouteux et partit au pas, à l' opposé d'où se trouvait le brun.
Quand soudain elle écarta la main droite tirant les rênes pour fléchir l'encolure et ainsi faire tourner la jument et repartir au trot dans l'autre sens.
Il était hors de question qu'elle trahisse sa parole, elle trouverait le moment propice pour se faire la belle.

La clairière apparut devant elle, le brun s'y trouvait toujours. Elle s'avança lentement jusqu'à lui, descendit avec souplesse de sa monture et attacha Kristall non loin des deux autres chevaux.

Je commence à avoir un petit creux...Taillefer...

Elle dessina pour la première fois un léger sourire qui lui était destiné.
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~Fille adorée de son tad Niark ~ Ne quitte jamais sa Kristall~
Taillefer
[I’ve been waiting for you...I’ve been waiting for you...Never found anything else to do...
But waiting for you*]


Et donc il attendait...Le regard toujours posé sur son cheval. L'animal avait détourné le sien, faisant comprendre à son maître que la mousse valait bien mieux pour le moment qu'un nom. Roland afficha un sourire devant l'attitude de la bête et se concentra à nouveau sur sa viande, l'engloutissant en un rien de temps. Viande qu'il fit passer d'une longue gorgée de son vin de Chinon. Quelques instants après, il fouillait à nouveau dans ses affaires et ressortit de cet amas de bric et de broc, une bonne miche de pain et un fromage. Il regagna sa place près du feu et disposa la miche et le fromage à coté de la dernière tranche de viande, sur la pierre plate. Quelque peu, mais vraiment quelque peu, rassasié par la viande, il décida d'attendre un peu, histoire de voir si Marie reviendrait ou pas. Il n'y avait que très peu de temps qu'elle s'était éloignée à la recherche de sa monture et il n'était pas persuadé qu'elle revienne.

Mais un simple fait, une simple demande lui faisait penser le contraire, et sa main se porta à la garde de la rapière. Il fit jouer ses doigts sur la poignée et la tira de sa ceinture. Il l'examina sous toutes les coutures. La lame effilée scintillait sous les rayons de soleil perçant la canopée de la clairière. La garde était finement ouvragée. Et la lame, l'œuvre d'un maître-artisan talentueux. Il exerça une torsion sur la lame pour en jauger la souplesse. Le métal se courbait, mais ne se rompait pas et revenait parfaitement en place. Une arme magnifique. A sa connaissance, les contrées du sud du royaume, mais surtout l'Espagne, étaient réputées pour forger les meilleures rapières qui soient. Il avait entendu la demande de la jeune femme. Elle avait voulu la récupérer mais il avait fait la sourde oreille... Chaque chose en son temps. Elle devait donc y tenir. Enfin c'est ce qu'il se disait.

Et surtout, il espérait bien qu'elle revienne...Quelque chose qu'il ne saurait décrire commençait à le lier à cette jeune femme, Marie ou tout autre nom qu'elle portait. Peut-être simplement l'envie de briser une solitude qui lui pesait depuis longtemps. Ce n'était pas de l'amour, non. Détrompez-vous, ceci n'est pas le propos de l'histoire. Mais l'histoire de Roland illustrerait parfaitement le sens du mot solitude. Malgré la présence et la camaraderie de ses compagnons du Cœur Navré, il ne s'était jamais vraiment départi d'elle...

Son regard plongea à nouveau dans les flammes, la rapière pendant mollement de sa main, le long de sa jambe. Et une fois de plus, son esprit s'éloigna du Jardin Sauvage créé par Deos pour aller se perdre dans le passé.

Il revoyait l'Abbaye de Jumièges devant lequel on l'avait trouvé un matin de 1438 ... Frère Justinien qui lui avait enseigné à lire, à écrire et à penser...Et aussi à découvrir la vraie nature de sa foi...Frère Justinien qui mourut, le crâne fracassé pour avoir étudié, compris et embrassé la Réforme... A Maîstre Abélard, le forgeron du bourg s'étendant sous les contreforts de l'Abbaye, qui l'avait pris comme apprenti, quand Roland atteignit l'âge de choisir une voie et à qui il devait son surnom de Taillefer...puis la fuite après le meurtre de Justinien...puis l'errance, seul, suivant parfois quelques bandes de routiers et de soldats et apprenant un autre métier, celui de tuer... Puis son arrivée à Tours, sa rencontre avec ses futurs compagnons...Et la belle et blonde Lilly...Un amour intense dont la flamme vacilla aussi vite qu'elle était née...Des visions de champs de bataille, d'embuscades, de longues chevauchées s’enchaînèrent ensuite dans le courant de ses pensées ...Les visages de ses compagnons lui apparaissaient...Kayhan la mercenaire pouilleuse mais attachante, accompagnée d'un ragondin. La p'tite Susi, aussi jeune que Marie la Brigande mais au courage immense. Doko, le vétéran solide, farouche gaillard mais mercenaire au grand coeur. Estainoise, combattante aguerrie et meneuse d'hommes hors-paire. Et son seigneur...Falco de Cartel...Le Cavalier de Deos. Un symbole de quelques unes de ses créations sur Terre: le Chaos, la Guerre, l'Honneur, l’Équilibre, la Liberté et le Libre Arbitre. Et bien d'autres choses encore...Et maintenant, Marie...la jeune et sauvage Marie...

Le martèlement de sabots d'une monture lancée au trot lui parvint d'un coup, lui faisant reprendre ses esprits. Il regarda vers le ciel, et vit qu'il était resté assez longtemps pensif. Il se redressa et repassa la rapière à sa ceinture. Ainsi donc, elle revenait. Il resta debout, près du feu, à l'attendre. Et oui, attendre, comme cela a été dit plus loin dans le récit, c'est un maître mot de l'histoire.

Et elle fut de nouveau là. Juchée sur sa jument qu'elle menait près de ses propres chevaux. Il ne la quittait pas des yeux. Il avait été partagé entre sa certitude qu'elle reviendrait et une voix qu'il lui disait qu'elle s'était fait la malle. Mais non. Elle était bien là. Et elle descendit souplement de son cheval et l'attacha près des autres. Il avait repéré sa manière de se tenir en selle. De guider sa monture. Elle avait l'air bonne cavalière.

Elle se retourna vers lui, et fit part de la faim qu'elle ressentait. En prononçant son nom...enfin, celui qu'on lui donnait en général. Taillefer. Et pour parfaire le tout, elle affichait un timide sourire sur son visage rehaussé d'une longue chevelure couleur caramel. Sourire qu'il lui rendit, instinctivement, sans vraiment s'en rendre compte.

Il lui indiqua du doigt la pierre plate sur laquelle reposait le repas frugal.


- Sers-toi. Il y a aussi du pain et du fromage. Et non, ce fromage n'est pas normand...dit-il coupant court à une éventuelle question sur la provenance du dit fromage, comme il en avait subie une concernant le contenu de son outre. Parce que c'est de là dont tu viens, Marie. Non?...La Normandie.

Il avait parfaitement reconnu l'accent de la jeune femme dès lors qu'elle eut cessé d'essayer d'imiter une voie grave. Et l'amour du calva ne contredisait en rien sa supposition. Il la regarda, souriant en coin. S'il ne se trompait pas, ils avaient peut-être un point commun en plus.

Cela pouvait valoir le coup... d'attendre...



* Ben Harper - Waiting For You

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Airina
De son visage impassible, un sourire discret vint s'afficher en réponse au sien.
Les deux inconnus s'apprivoisaient peu à peu sans que la perception en soit totalement consciente. Incontestablement elle était revenue à lui pour ne pas trahir sa parole mais une attirance involontaire envers ce brun qui dégageait une certaine force intérieure, suscitait une certaine sympathie envers lui.

Airina ayant récupéré son outre d'eau sur sa jument, suivit l'indication de l'homme dont son doigt désignait le morceau de viande posée sur la pierre.

Merci...

Elle fit le tour pour récupérer la barbaque observant au passage son épée toujours retenue à sa ceinture et s'assit de l'autre côté du feu face à lui qui restait debout.
Le soleil commençait à décliner assez rapidement assombrissant cette petite clairière entourée de hauts arbres dont seuls quelques rayons s'infiltraient au travers des branches.
La lueur du feu quand à elle gagnait en intensité ainsi que la fraîcheur de la tombée de la nuit.

Le brun lui proposa de partager pain et fromage appuyant sur le fait de sa non provenance normande. La ratoune qui arrachait de ses dents la viande comme un prédateur le ferait sur sa proie, le regardait intriguée par sa question suivit d'un sourire taquin.
Il avait un pouvoir de devin ou bien tout simplement il observait méticuleusement tous les faits et gestes pour finalement en sortir des déductions. Dans le cas présent, il avait deviné son origine normande.

Effectivement ...mais.... comment savez vous ?

L'instinct défensif de la jeune transforma sa réponse tout en agressivité alors que les flammes elles aussi prenaient de l'ampleur

...Et cela pose problème ??? Vous n'aimez pas les normands ???? Car oui !!! Je suis normande !!!!Et fière de l'être !!

Airina, jeune petite normande avait eu quelques soucis lorsqu'elle partit rejoindre son paternel en Bretagne. Là bas les normands n'étaient pas les bienvenus et la ratoune avait longtemps camouflée son origine jusqu'à ce que la fille du père qu'elle était fut finalement bien acceptée.

Elle reprit plus calmement alors que son regard insistant se posa sur lui.

Je suis née à Dieppe ...et franchement je me fiche que ce fromage ne soit pas normand ! Bien que nos fromages soient les meilleurs je veux bien un gros morceau...avec du pain sachant que lui non plus n'est pas normand !!!

Sa faim parlait pour elle aucune importance du lieu d'où ce fromage ou pain provenaient, la journée avait été assez éprouvante et elle devait reprendre des forces car la nuit serait sûrement longue.

Et vous ? D'où venez vous ? Vos paroles dégagent un léger accent qui ne m'est pas inconnue...

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~Fille adorée de son tad Niark ~ Ne quitte jamais sa Kristall~
Taillefer
[Je suis un homme sans racines, au moindre vent je m'incline... Juste un homme sans racines, je pense à demain et j'imagine...*]

Ainsi donc, il avait vu juste. L'accent et cet amour du calva ne l'avaient pas trompé. Elle était bien normande. Il souriait tout en rompant la miche de pain et en lui tendant une moitié.

- Je n'ai rien contre les normands, ne t'en fais pas. D'ailleurs, pour ce que j'en sais, je pourrais bien l'être aussi...En tout cas, c'est en Normandie que j'ai grandi.

Il ne savait rien de ses véritables origines. Pas plus que les gens du bourg et de l'Abbaye de Jumièges devant les portes duquel il fut trouvé un matin, à peine âgé de quelques semaines. Tout ce qu'il savait, c'est que ces gens l'avaient recueilli et élevé. Et qu'aujourd'hui, parmi ces personnes, certaines étaient mortes et d'autres rêveraient de voir Roland en proie aux flammes d'un bûcher, condamné pour hérésie. Il repensa à Frère Justinien, le seul homme dans la vie de Taillefer qui fut un peu comme un père pour lui. Il planta ses yeux dans les siens et continua:

- Ce ne fut pas dur à deviner que tu venais de là-bas. Ton accent et ton envie de calva plutôt que de mon vin. Des indices simples. Enfin bref, je viens d'un petit bourg entre Honfleur et Rouen, Jumièges.

Une fois dépossédé de la moitié de la miche de pain, il saisit le fromage. Il sentait fort le lait de chèvre et sa croûte était recouverte de cendre de charbon de bois. Sa forme rappelait celle d'un cœur . Il le tendit à la jeune femme.

- C'est du Coeur de Touraine. C'est là-bas que je me suis installé depuis quelque temps...A Chinon.

La Touraine...une terre fidèle à la Couronne et à l'Eglise, mais qui avait su se montrer tolérante envers les réformés installés au sein de ses frontières. Réformés qui lui rendaient bien la politesse en défendant les frontières du Duché, en portant le fer en son nom parfois. Et ils remplissaient un peu les caisses aussi...La Cavalerie du Cœur Navré possédait de nombreux relais de chasse aux frontières communes avec les provinces séditieuses du Berry et de l'Anjou. Des opérations de douane volante en partaient régulièrement et les cavaliers interceptaient quiconque passait par là, et prélevaient de véritables butins de guerre sur les voyageurs. Butin dont ils reversaient une partie au Duché ou à la ville de Chinon, leur siège. La Touraine, terre aristotélicienne qui avait élu à sa tête, sur le trône ducal, un réformé: Falco. Une première, du jamais vu. Même en Guyenne.

- Et toi, Marie. Que fais-tu si loin de Dieppe? A part jouer à la brigande bien sûr...

* Gérald de Palmas - Un Homme Sans Racines.

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