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Rp du duel entre Maurin. et Serguei.Novgorod

[RP] Il y a des batailles que l’on perd forcément.

Maurin.
« Lorsque vous refusez de vous battre, vous gagnez. »
de D.J. Schwartz

    Et celle là en était une. Je le savais. Au plus profond de moi, j’étais bien conscient de l’erreur d’aller à cette lice. De relever mon menton dans un substitue d’égo plus là pour me donner le courage d’affronter les coups qui allaient pleuvoir sur moi. Oui, j’étais au courant que c’était ridicule. Qu’il ne fallait pas y aller. J’aurais dû fuir, même. Qu’est-ce que ça change de toute manière pour un jeune homme comme moi d’être vu comme un lâche ? Je n’aimais pas me battre. S’il le fallait, je le faisais, et sans doute que si une guerre éclatait, je tenterais d’aider au mieux, mais j’étais bien loin d’avoir l’âme guerrière et cette envie de défendre tout honneur à coup de poings. Sauf qu’on avait insulté un ami. On l’avait traité de pouilleux, entre autre. Porteur de morpions, de surcroît. Et pour une raison que j’ignorais moi-même, je ne pouvais passer telle chose. C’était stupide. Suicidaire serait même le meilleur mot pour expliquer la chose.

    Parce que faut dire que mon physique ne me permet pas une excellente défensive et que je ne suis pas très doué pour me battre. Je claque des baffes et lève le genou au bon moment, c’est bien tout ce que je suis capable de faire. Pour le reste, trop lent, jamais entrainé, maigre et surtout aucune puissance dans le bras. Un boulet je suis, en somme. Si J’étais du genre à soupirer, sans doute l’aurais-je fais, mais ça n’était pas le cas. J’allais morfler. J’allais avoir mal. J’allais sentir mon corps s’essouffler sous l’effort et les coups. J’entendrais peut-être des os se casser, mon sang exploser tel la lave d’un volcan qui tombe en éruption. Je savais tout ça, et pourtant je me rendais à la Lice. Ça ne changerait sans doute rien, et il me prendrait pour un minable, mais ça n’avait aucune importance pour moi. Tout ce qui comptait c'était de montrer que j’avais du culot, et que ne laisserais personne insulter mon ami. Mes amis.

    Claire et Faust.
    Faust et Claire.


    C’était simple et complexe. L’amitié est une forme de fidélité. Un inédit qui rend les aléas de l’existence à la fois plus simple et plus complexe. Les décisions sont parfois prises sous le regard de l’amitié. Des décisions qu’autrement nous n’aurons jamais pris. Et si je n’y comprends rien, je me laisse bercer par cette chose qui s’installe entre moi et les deux protagonistes. Ça semble apaiser quelque chose en moi. Un souvenir profond dont je ne me rappelle pas. Mais ça n’a aucune importance, je ne me préoccupe pas du passé, et à peine de l’avenir. L’instant moment est l’idéal pour vivre dans la simplicité. Je n’ai pas le temps de me tourmenter l’âme en me posant des questions et en me demandant si ce que je dis ou fais est la meilleur des solutions. J’agis, je dis, je vis. Et ça me suffit amplement. Peut-être que je vais mourir face à l’homme qui se dresse devant moi. Peut-être que ces coups viendront exploser quelque chose dans mon corps qui finira par laisser mon dernier souffle.

    J’aurais peut-être eu tord de me battre. Si on peut appeler ça se battre. Je préfère recevoir les points de la violence de l’homme. Qu’il me prenne comme un minable, et qu’il me méprise que de le laisser parlementer des âneries sur Faust. La vie c’est une cinquantaine de nuances de gris dans laquelle on tente tant bien que de mal d’incorporer de la couleur. Rien n’est blanc. Rien n’est noir. Tout est gris. Un gris que l’on colorise ou pas au gré des rencontres, du destin , de nos choix et envies. Vivre c’est comme tenter d’aller allumer une chandelle dans une pièce sombre. Et le pire, c’est qu’on a toujours l’espoir d’y arriver, même si ça fait trois fois qu’on se prend un mur. Je suis bien d’accord avec tout ça. Je ne suis pas joyeux par imbécillité, mais par principe. Tant qu’à être dans le noir, à quoi bon chercher la chandelle, quand il suffit simplement de s’illuminer pour éclairer l’entourage. Les gens se compliquent tellement l’existence dans la recherche absurde d’un quelconque bonheur. Je ne recherche rien, moi. Je profite juste des instants, des moments rares ou pas que m’offre chaque journée de mon existence. Aussi insignifiante qu’elle soit. Et oui, c’est absurde.

    Aussi absurde que Maurin Faust ça donne Megan Fox. Ou que Claire Maurin, se résume à être Claymore. Ou que la Science du Jambon est la science même de toute les problèmes humains et que pour exhumer son âme et sa dérision, il faut y devenir adepte. Devenir Gens Bons, c’est un peu comme le rite initiatiques du Maure qui passe l’âge adulte. Et d’ailleurs, le ridicule n’a jamais tué. À quoi bon rester sérieux ? Enfin, je pensais beaucoup trop pour être pleinement actif dans la bataille qui allait bientôt commencer. Et pourtant, il me semblait que mes pensées se complexifiaient, ce qui avait le don de me dérouter quelque peu. Faut dire que j’aime bien paraître pour l’imbécile qui ne réfléchit pas trop. Ça permet de savoir que je ne suis pas si débile. Faust il dit que je sort de ses phrases de nul part parfois qui fait écarquiller les yeux, un instant. « Han, Maurin à dit un truc intelligent, trop waouh, quoi. »

    Il m’a semblé que le combat fut long. Atrocement long. J’ai regardé l’homme. Mon rival. Celui qui allait me défoncer. Me mettre en miette. Me pulvériser. J’ai tenté un premier coup, comme pour dire « Je vais pas me défiler, salaud. ». Il était évident que j’allais rater mon coup. Tout comme le reste. Le poing rival est venu m’exploser la tronche et une douleur fulgurante a prit dans ma mâchoire. J’ai sentis des dents qui se cassent. Dentine crachée au sol, rejoint par une bonne dose de sang. Je crois bien que j’ai regardé mon assaillant à ce moment là. Je ne sais plus très bien. Mon coup n’a pas porté ses fruits et je me suis rabattue sur une défense minable pour éviter de me faire casser d’autres dents peut-être. Sauf que le coup m’a désarçonné, et je n’arrivais plus à le toucher ensuite. Et ça pleuvait sur moi. C’est qu’il frappait dur le bonhomme. J’ai tenté de me défendre une seconde fois, réussissant à frôler la joue du poing, sans bien plus. Le retour de l’homme m’a ensuite coupé le souffle, sentant mon corps se crisper sous la douleur. Un coup fatal.

    Le sang dans la bouche, le corps plier en quatre, je n’ai même plus oser regarder mon rival. Sentant mes forces s’affaiblirent et mon corps. La douleur irradie cette carcasse de chair dans laquelle je suis obligé d’évoluer malgré moi. Je ne sais pas ce qu’il a fait, mon adversaire, ensuite. Me voyant anéanti au sol, peut-être a t-il décidé que je ne valais pas la peine qu’il se souille plus que ça les mains. Où peut-être un brin de gentillesse, préférant me laisser mourant plutôt que raide mort. Je ne sais pas bien, et ça n’est pas spécialement important. Les larmes montent dans les yeux, et un bras sur l’estomac je me laisse tomber au sol, ma tête cognant contre le sol enneigé. J’ai mal. Je souffle littéralement. Je sens ma vision qui se trouble alors que je fixe le sang qui est venu tâché l’immaculé de la neige. Et alors que mes yeux se ferment dans une perte de conscience hors de mon contrôle, je sens la question qui vient. Celle qui va complexifier indéniablement mon existence : Se souviendront-ils de moi, si mes dernières secondes s’essoufflent maintenant ?

    Faust.
    Claire.


    Je crois que je vous apprécie.


Le RP est ouvert toussa.
Les évènements de la bataille, j'ai juste un peu repris les actions de la Lice IG.

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Claire..
Tout vainqueur insolent à sa perte travaille.
Jean de la Fontaine


Elle avait fermé les yeux. Ne pas écouter ces paroles qui sans cessent revenaient en son esprit venant se heurter dans les méandres de Psyché comme l'aurait fait la coque d'une barque contre la côte. Brisée… Violence encore et toujours. Nous sommes des êtres de violence… C'était ainsi la loi du plus fort ? Où les mots se meurent dans le silence pour laisser place à tes coups de poings. Le souvenir était douloureux et parfois il était plus facile de faire comme si… Avancer et rester dans l'indifférence.
Mais pas cette fois.

Maurin avait su prendre une énorme place en très peu de temps. Un de ces êtres où l'on ne se pose pas de questions… Est-ce que je l'aime ou le déteste ? C'était une évidence… et de cette évidence était née une amitié.

C'était étrange comme les gens avaient cette propension au sang, à voir se déchirer la chair… De cette lice le village s'en était fait la croustillante nouvelle du jour… Le combat aurait lieu sans qu'elle ne puisse intervenir. Comme un sentiment d'injustice qui l'avait prit en soin sein dès le réveil lui donnant quelques nausées… Faust restait introuvable et ça avait accentué l'inquiétude… L'estomac noué et encore et toujours cette envie d'exposer les restes du souper de la veille.

La main plaquée sur la bouche et le teint pâle des morts elle s'était mise à marcher… dans cette pièce, tourner virer si bien qu'elle lui parut si étroite que sortir était devenu nécessité. Et courir vers ce lieu interdit qu'elle redoutait tant. Tout oublier sous la course et l'enchainement des pas maladroits sur les pavés, les chausses carmins de claquer comme le cœur tambourinait, tout écarter sur son passage, de cette imprudente qui marchait le nez un peu trop dans ses pensées…De celui là qui n'avait rien demandé mais qui se retrouva plaqué au mur.

Et le temps s'arrête au moment où l'ami n'est plus qu'un corps étendu là… Et ce mot qui vous emprisonne… vivant, vivant, vivant au rythme de ce cœur imputant qui semblait s'être arrêté il y a quelques secondes. Etrangement c'est à cet instant que le monde se tourne vers les croyances et les prières muettes défilaient sous les perles salées qui dévalaient les monts joues pour venir se mourir à la commissure des framboises.
Plus de forces et plus rien du tout, le corps agenouillé près du sien et n'oser à peine le toucher. Prendre délicatement sa tête et coller sa joue à la sienne… Pour le sentir encore chaud… Là où l'espoir renaît.


Maurin… Maurin… pardon.

Une amie… Aurait été là pour te soutenir… pour te secourir… Mais moi je suis lâche et j'ai laissé ma peur m'emprisonner un peu plus. Alors j'ai décidé que tout cela était terminé… Parce que tu m'es important.
Les mains étaient venues saisir ses épaules et le bercer doucement.. Comme l'aurait fait une mère pour son enfant… Une sœur pour son frère. Les sanglots longs et les rauques soupirs… D'interminables moments, d'insupportables présents.


J’ai vu la paix, j’ai vu la peine,
Demeurant sur les épaules de ton nom.
Vois-tu la vérité à travers leurs mensonges ?
Vois-tu le monde à travers des yeux troublés ?
Et si tu veux en parler encore,
Repose-toi ici sur le sol et pleure sur mon épaule,
Je suis une amie..*


Dans le désespoir nous cherchons tous à nous rattacher à quelqu'un ou quelque chose. La foi, un rêve… un ami, un amour. Et ses pensées en cet instant étaient tournées tant vers Maurin que vers Faust… Faust… Et de l'appeler dans un cri de désespoir, comme s'il avait toujours été la solution.


Fauuuuuuuuuuuuuuuuust !

*James Blunt- Cry

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Faust.
A la Surface de l'Onde

Citation:
28/02/1461 06:24 : Vous vous forcez à manger mais rendez une partie de votre repas : vous n'avez du coup pas bénéficié de tous les apports nutritifs de votre pitance.
28/02/1461 06:15 : Vous vous forcez à manger mais rendez une partie de votre repas : vous n'avez du coup pas bénéficié de tous les apports nutritifs de votre pitance.




L'onde encerclait son visage. Un visage qui lentement s'enfonçait dans le blanc laiteux d'une eau savonneuse brûlante. Une eau qui marquait sa chair des piqûres d'une culpabilité certaine. Chacun des muscles de son corps crispés par la frustration était ainsi mordu par l'étreinte presque violente de la chaleur du liquide dans lequel son corps était plongé, jusqu'à ses joues qui plongeaient lentement sous la surface de l'onde. L'eau commença à caresser ses lèvres, encercla son nez, entourant ses yeux en s’immisçant par le Nord dans les rangs de ses cheveux roux épars. Il ferma les yeux et se résolut enfin dans sa lente et morne descente à glisser comme le Faust de Dante à au plus profond de cet enfer liquide qui léchait de son intense chaleur la peau dressée par cette violente caresse. Une bulle d'air s'extirpa alors de ses lèvres pour rejoindre au plus vite la Surface. Plongé dans une obscurité totale, il ne la vit pas mais la sentit à travers les ondes qu'elle créa la lente remontée de cette amie si chère en un milieu si hostile. Il était seul dorénavant, seul avec les quelques réserves d'air qu'il lui restait, seul avec ses mornes pensées. Il revit encore la scène de la veille - ou était-ce l'avant-veille ? Il revit encore la folie de Maurin aussi nettement que la détresse de Claire. Caché dans les tribunes de la lice, il avait assisté au combat, immobile, tétanisé par le courage d'un Maurin sur d'y passer. Et il n'avait pas bougé. Ses yeux grands ouvert avaient vu la plus ignoble des lâchetés d'un homme. Il avait vu ce que certaines pucelles appelaient un Lion s'en prendre à une mouche. Et quel lion ?! La colère prit à cette pensée le pas sur la culpabilité. « Et quel lion, se répéta-t-il intérieurement ?! Quel beau lion que voilà ! Un Lion qui préférait se cacher dans l'allure d'un paysan pour mieux affronter ces vagabonds devenus paysan il y à peine deux semaines. Un lion qui aurait brutalisé chacun de ses congénères, jusqu'à sa mère, sans la moindre pitié pour un morceau de barback de plus ! Pour devenir plus fort ! Quel exemple d'honneur que voilà..»



Son attitude changea. La colère laissa place à une certaine lassitude. Il savait que sa colère n'était là que pour masque sa culpabilité. Pourquoi faire l'étonné aujourd'hui ? A quoi bon simuler au fond de soi une colère alors qu'il le savait depuis le début que le Lion en question avait oublié une particule devant son nom. Il l'avait tout de suite noté qu'il se cachait sous les traits d'un modeste paysan quand l'organisateur du duel s'assurait que les deux protagonistes étaient d'un niveau équivalent. Il se cachait. Il se masquait. Il n'était pas Leon, cet abruti-là. Loin de là, il était plutôt Cameléon*. Un tout p'tit animal à l'origine d'une couleur affreusement verdâtre qui masquait ses traits grotesquement pour attendre qu'un moucheron suffisamment faible pour être tracté jusqu'à sa bouche ne passe aux abords. Un petit lion qui n'avait ni fourrure, ni crinière, ni prestance, ni charisme, ni carrure, ni même rien de vraiment concret en rapport avec le premier cité, sinon le fait qu'il ne se faisait appeler assez stupidement "Petit Lion". Son attitude changea encore. Difficile de se leurrer soi-même. Après la colère, ce fut les pérégrinations intérieures de son esprit qui tentaient de lui faire oublier ça. Ce petit fait de rien du tout qui faisait qu'il était coupable. Qu'il aurait du prendre la place du Maurin plutôt que de le laisser se battre pour défendre la valeur d'une amitié qui était née d'un étrange chaos. Ses traits se fendirent en un très léger sourire, à peine notable, alors qu'il y repensait. Des flashs s'imposèrent à son esprit. Il revit la première fois qu'il avait croisé la route du Maurin qui tentait de courtiser Indri. Succèdèrent à cette vision, les souvenirs de ces soirées en taverne, au Jambon bien souvent à laisser l'Absurde dominer les débats. Maurin avait ça de particulier qu'il était capable plus encore que lui, plus encore que Claire de se laisser totalement porté par cet Absurde folie qu'était la vie. Il ne se souciait de rien sinon d'être heureux. Et rien ne pouvait entacher un tel bonheur à ce qu'on aurait pu croire. Il possédait cette folle envie de vivre différemment des autres hommes, en dehors de leur code idiots car il les avait dépassé. Il était allé au-dessus de tout cela et s'était crée sa logique, sa folie, ses amusements sans que personne ne trouve rien à lui redire.



Un rire le force à remonter à la surface au souvenir du Maurin qui croyait s'pignoler discrètement sous la table. Un rire salvateur. Un rire qui rappela à lui l'image du Maurin tel qu'il était plutôt que tel que les Autruches voulaient le faire voir. Son esprit se scinde, s'observe alors dans la glace qui fait face au baquet. Il s'analyse et met en parallèle la vision du Maurin s'pignolant et celle du Maurin se faisant avoir par la caricature que se faisait Faust du Serguei - nda : très ressemblant au Big Show d'ailleurs. Il savait au fond de lui qu’il n’avait pas à avoir honte de son ami. Et il n’en avait pas le moins du monde honte. Toutefois si la honte n’emplissait pas son cœur, c’était la tristesse qui s’en emparait. Une tristesse qui n’aurait jamais du se trouver là, pensa t’il. Car, elle n’avait pas sa place. Beaucoup, sinon tous, pensaient que le Maurin s’était fait rétamer par le dit Serguei. C’était peut-être vrai. Non en fait c’était vrai, sauf que la réalité ne se décrit généralement pas une phrase. Et dans cette réalité-là, on oubliait que Serguei avait affronté Maurin. Maurin et pas n'importe quel Vagabond sous-entrainé. Et Maurin, s’il était devenu son ami, c’était car il était différent de tout ce qu’il avait pu rencontrer auparavant. Maurin était à n’en pas douter un Lion. Le Roi d’une Savane bien étrange qui résidait dans l’Imaginaire des gens. Oui, Maurin était en fait le Roi du contre-fond. Avec Maurin, il ne fallait pas le regarder ce qu’il voulait bien vous laisser voir. Il fallait dépasser cela et aller plus loin. Oublier l’ordre normal des choses et se rendre compte que la normalité était au pire un non-sens, au mieux une possibilité. Le contact avec la réalité n’avait étrangement avec lui pas la moindre espèce d’importance. Qu’il s’agit d’une simple pignolade en taverne ou d’un combat pouvant résulter sur la mort du Maurin. L’important, c’était le contre-fond. L’important c’était de trouver la cachette où se terrait la victoire du Maurin dans cette obscure réalité. Il fallait procéder à un réel travail d’analyse auquel il se soumit en cuisinant un frugal petit déjeuner. Où était-ce ? Lui-même, bien moins doué que Maurin pour glisser dans ses paroles, dans ses gestes, dans sa conduite des trésors dissimulés du tout venant, avait bien du mal à discerner où Maurin avait pu trouver une échappatoire ce jour-là. Maurin, lui-même, pouvait ne pas le savoir. Pourtant, il y en avait une de cachette, cachée dans son comportement, il résidait une belle cachette pour un somptueux trésor d’absurdes moqueries. Le plat était prêt. Il mangea bien sommairement avant de réaliser que cette énigme lui coupait l’appétit. Il devait trouver.



Le baquet d'eau n'étant pas vidé, et lui étant encore nu, il se glissa de nouveau dans l'eau blanchâtre. L'eau avait changé. Elle n'était plus aussi brulante que la première fois. D'une douce chaleur, elle venait caresser les muscles tendus par l'énigme qui le tiraillait. Elle semblait les détendre lentement. Le détendre lentement. Fermant les yeux, il se laissa ainsi porter par la douce quiétude que lui inspirait cet environnement. Une demi-heure passa, surement bien plus en vrai au vu de la position du soleil que ses yeux clos ne voyait pas mais dont ils devinaient la présence. Soudain, tout s'éclaira. Ses yeux s'ouvrir et il ressortit du bain, cette fois-ci définitivement. Plus serein. Il avait trouvé. Le Maurin n'avait pas perdu. Loin de là. Le Maurin et lui avait ça en commun que leur esprit au fond étaient profondément nés du sarcasme de la Vie. Lui parce qu'il était devenu ainsi au fil des âges. Et Maurin parce qu'il était ainsi à son état naturel. Et cela provoquait une fondamentale différence dans leur comportement que Faust ne voyait que maintenant. Si le Faust se foutait de tout et aimait se complaire dans ce sarcasme là, il gardait un contact avec la réalité, avec son histoire, avec son passé, avec la Brutalité d'un Monde bien présent autour de lui. Cela le protégeait, quelque part. Une lutte perpétuelle avait cours en lui, entre Ogma et Cernunnos. Maurin, par contre, n'avait pas de quoi se soucier d'une histoire ou d'un passé. Il était un diamant brut qui à la lumière du soleil actuel laissait paraitre sous les yeux ébahi des gens qui formaient son public un spectre rouge sang. Pourtant le Spectre du Diamant n'était pas d'une telle couleur. Il était composé d'une foule de nuances allant du rouge vermeille jusqu'au bleu indigo. Si Faust avait été détenteur d'une telle coloration, il n'aurait cessé de faire le paon face à tous, à exhiber la myriade de couleurs dont il était composé. Pourtant Maurin était différent. Il avait laissé voir à tous le rouge de son sang, sans que les idiots ne parviennent à voir le Jaune d'un esprit moqueur. Le Bleu des vagues de pensées qui se fichaient bien de l'état de son corps. Le Vert criant d'un esprit danseur qui avait accepté que son corps ne danse le long des coups qu'on lui imposerait. L'Orangé, né du sang qui avait jaillit de son corps mêlé à cette douce moquerie à l'égard du groupe d'Autruche arrivés l'avant-veille.


***


Il se ceint d'une serviette qui lui sert alors de pagne en caressant le relief boisée de la porte de la salle d'eau. « Les cons, pensa t'il ! Il doivent se rengorger de cette victoire sans honneur sans même en comprendre la symbolique. Le bon Serguei était aussi mauvais en amour qu'en combat, où il échangeait volontiers les pucelles contre les novices en espérant que ceux-ci ne lui tiendrait pas rigueur de la folle maladresse, des défauts de prestance qui criaient au monde que celui qui s'prenait pour un lion était juste un bon gros cafard dopé aux protéines». Finalement, plus pour lui-même que pour quelqu'un d'autre puisque aujourd'hui il était seul dans cette grande échoppe dont l'arrière salle lui servait de lieu de vie, il souffla à voix basse quelques mots.


    – Il est temps de revenir à la surface de l'Onde.


    S'habillant, il se mit alors en route pour la demeure de son ami. Claire devait déjà y être. Mais lui aussi devait être là. Il devait revenir à la surface de l'Onde. Pour Maurin.


    *Caméléon tire son origine du grec de Camé et de Leon. L'animal étymologiquement désigne péjorativement un lion miniature.

    _________________
    Maurin.
    « Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un fou. »
    de Albert Camus

      [Deux jours plus tard – Maison de Claire puisque Maurin n’a pas de maison]

      Et je ne suis ni lâche. Ni fou. Je suis celui que j’ai envie d’être. Celui qui se lève tôt le matin pour se branler devant le soleil levant. Parce que c’est bien. Parce que j’aime ça. Parce que la vie c’est regarder ce que nous offre l’existence à travers la lâcheté et la folie. C’est bien derrière ce masque d’imbécillité que je suis conscient de l’absurdité de l’existence. De notre entité éphémère que les hommes tentent de raccourcir ridiculement avec les guerres et les déraisons. Ils oublient trop souvent l’essentiel même de la vie. De sa signification. La vie est mortelle. C’est un mal dont on ne peut pas guérir. C’est une histoire temporaire dans le temps, dans l’univers. Une histoire tout de même importante, malgré sa petite contribution. Le sable fait la pierre. La pierre l’édifice. Et c’est ainsi. La vie est un phénomène biologique de la naissance à la mort.* Et même si ça semble si prédisposé, si ridicule et qu’on va de toute façon mourir, il vaut bien mieux rire durant ce chemin à parcourir que de pleurer et d’oublier que nous avons une chance inouïe d’exister. Aussi ridicule que cela soit.

      Et c’est ainsi que je vis, aussi simplement. Sans tabous et sans pudeur, car ça complexifie la chose. Et si je ne peux rien faire contre les évènements complexes de l’existence comme l’amitié, l’amour et ses choses qui ne sont pas si futiles qu’on ose le penser, reste que regarde la chose quand elle est là, et me conforme à l’instant, sans moindre cérémonie. Je fais les choses comme elles doivent se faire. Comme cette bataille ridicule. Ses poings haineux que je me suis ramassé. Peut-être un peu aussi à cause de Claire. Il me l’a dit de toute manière, qu’il m’aurait encore plus tailladé s’il avait connu la teneur de ma relation avec la brune. Mais tout cela n’a aucune importance. Le pourquoi. Ça n’est que chose futile. Les gens se croient intelligent à connaître toute sorte de choses. À tout comprendre. À n’avoir jamais tord, ou ne pas montrer qu’ils ont tord. Trop sérieux. Ils signent leur enterrement derrière un mur de savoir, de connaissances qui sont bien loin d’expliquer si la terre tourne autour du soleil où est-ce l’inverse. Ça n’explique ce qu’on fait là.

      Non pour ces choses là, ils se cachent derrière Dieu pour se donner une explication toute logique que je ne comprends pas. Si j’osais le dire, sans doute qu’on irait me pendre ou me brûler en face publique, mais ça reste ainsi. C’est quelque chose qu’il me consterne complètement. Je ne me pose pas toute ses questions, mais je trouve tout de même ça accablant que les hommes se compliquent la vie dans leur existence, mais pas du tout dans les questions existentielles. Si j’étais homme à soupirer, sans doute que je le ferais, mais pour l’instant mes yeux divaguent vers l’extérieur, une main sur le sommet de mon crâne. Je suis chez Claire. Un endroit qui ne m’est pas tout à fait familier. À l’intérieur. Et même si c’est à Claire, je ne suis pas certain d’y être bien. Je préfère nettement l’extérieur. Son odeur, son vent, ses intempéries. Le soleil qui claque sur la tête les journées d’été. Quoique par ici, il me semble qu’il pleuve plus que de raison.

      Je n’espérais rien après cette bataille. J’étais la gazelle qui allait se faite faucher. Un combat inégalitaire comme tout ce qui existe dans cette vie. Comme il est injuste de taper le faible. Comme il est injuste que Claire aime Faust plus que moi. Ceci dit, je tairais la chose. Les sentiments autre que l’amitié sont trop complexes pour moi, et je n’ai aucune envie de m’y égarer. Pour Faust, mais aussi pour Claire. Je serais le phare, la lumière, la main tendu, l’idiot, tout ce qui lui plaira que je sois, mais guère plus. Et ça me suffira. Garder l’équilibre des choses pour garder la simplicité de ses mêmes choses. Je regarde le lit un instant avant de m’y engouffrer doucement. Je grimace, mes blessures m’étant encore douloureuses. C’est Claire qui m’a amener ici avec le combat, dans une semi-inconscience. Elle m’a soigné, je crois. Je ne m’en souviens guère. Peut-être m’a t-elle sauver la vie ? Je n’en sais rien. L’important étant que je suis encore en vie ce jour.

      Même si mon corps à les marques de cette bataille, je n’ai pas cette impression d’avoir perdu. J’ai plutôt l’impression d’avoir gagner ce petit quelque chose qui ne s’explique pas. Unique à moi-même. J’ai peut-être quelque peu l’égo en bouillie, reste néanmoins que j’ai eu le culot d’affronter ce qui était complètement ridicule. Pour une histoire d’amitié qui me tiens à cœur, même si ça complexifie bien malgré moi mon existence. À être seul, on pense qu’à soi. On est égoïste, mais tout le monde s’en fiche. Quand on s’attache, il faut penser aux autres. Et penser aux autres c’est entendre leurs complexes, leurs problèmes. Voir leurs sourires et leurs pleure. C’est faire parti de leur vie. Et eux font parti de la mienne. C’est un partage intime et mutuel qui ne s’explique pas. Et pour tout ce partage, il n’y a aucune notice pour expliquer ce que nous devons faire, dire, comment agir. On se débrouille avec ce qu’on a. Et moi, tout ce que j’ai c’est ma joie de vivre et ma simplicité.

      C’est bien suffisant. Mes pensées valsent d’elle-même sans que je me questionne outre mesure. Je ferais de même avec ces sentiments et ses liens qui se crées. Simplement. C’est bien mieux ici, et ça permet de garder le côté agréable de la chose. Tout en me ramenant l’édredon sur moi, je jette un œil sur la porte. Un instant.

      - Claire ?

      Je me la coule douce dans l’immensité absurde de cette vie. Et je me complais dans la simplicité même d’exister. Que la vie est belle. Et j’aurais bien envie de me pignoler là.

    _________________
    Claire..
    "Si je remplis ce serment sans l'enfreindre, qu'il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession, honoré à jamais des hommes ; si je le viole et que je me parjure, puissé-je avoir un sort contraire et mourir dans la tristesse." Serment d'Hippocrate


    Inspirer et fermer les yeux… Le rideau est tombé sur la réalité… Faire ce vide devenu nécessaire, pour se recentrer, pour se concentrer… Vouloir hurler de ces voix qui s'entremêlent dans un brouhaha sans pareil… C'est comme si tous les sentiments avaient décidé de se mettre à parler… Allant chacun de son propre haussement de ton, de son propre cri… Et que toutes ces émotions ne trouvant pas à s'allier se mettaient les unes contre les autres donnant à Claire ce mal caractéristique qui vient vous tirer de la tempe à l'arrière du crâne.

    Alors les doigts crispés un peu plus s'étaient immiscés dans une forêt dense de boucles ébène tentant ce geste salvateur, tiraillée entre peine et douleur. Les lèvres à demie ouvertes filtraient l'air d'un rauque soupir… et ne plus savoir s'il est chaud ou froid… ça n'a plus d'importance… ça n'a pas d'importance… ça n'en a jamais eut. Ça venait vous prendre violemment perfusant vos bronches et bloquait la respiration d'un point d'affliction vous faisant hoqueter sans ménagement.

    Contenir ce qu'il y a au fond… ce que l'on cache, ce qui nous crève un peu plus à chaque minute. Retenir encore ce réflexe nauséeux qui venait secouer son frêle corps de spasmes intempestif… Et la main plaquée retenant dégout et rage pressant un peu plus les lèvres pensant refréner les hauts le cœur.

    Ça sentait le sang et la chair… c'était putride et visqueux, froid et chaud… Fallait pas avoir peur… Fallait pas trembler… Quand tout nous replongeait dans les souvenirs de la guerre et la lèvre fendue d'où jaillissait ce vin poisseux de mauvaise qualité laissait cet arrière goût métallique de globules éclatés. Le cœur s'était agité palpitant comme jamais, suspendue de tout geste, tétanisée de ces souvenirs.

    Et il y avait pourtant une lueur dans ce psychique chaos… Et toi Faust… qu'aurais tu fait ? Ton sang froid aurait surement prit le dessus… Si seulement j'arrivais à me concentrer… Si seulement je savais par où commencer… Inspirer encore et fermer les yeux.

    Sans savoir ni pourquoi, ni comment… effectuer les gestes… mettre en mouvement ces doigts ankylosés. Les faire simplement…Comme un bonjour le matin, non pas qu'ils soient aisés, mais juste parce qu'ils nous sont intimement liés… Comme si on les avait toujours réalisés. Un médecin n'est pas magicien… Et sa science est parfois bien limitée.

    Recoudre de la chair et panser quelques plaies ça passe un temps… Nous ne faisons pas de miracles…Nous ne ramenons pas les morts parmi les vivants et c'est ainsi qu'il est des plus difficile de soigner un proche.

    Parce qu'on est liés quoi qu'on en dise… quoi qu'on fasse… et se dire que l'on peut échouer sur ce chemin tortueux est déjà avouer que nous avons perdu la bataille… Ce combat si difficile de la vie sur la mort… du trépas sur l'existence. Ce que nous ne pouvons jamais accepter… Un sentiment d'impuissance terrible. De la vie à la mort il n'y a pas qu'un fil… il n'y a parfois qu'un coup… aussi fort soit-il, aussi brusque et illégitime.
    Mais tout ça… ça restait là… au fond… enfouie sous une cire noire entourant le cœur. Personne ne devait savoir, personne n'avait à savoir tout ce qui l'animait au final… Les heures s'étaient tournées vers le futur, les minutes s'écoulaient au présent et les secondes appartenaient déjà au passé. Le jour n'offrait plus ces rayons vifs et chauds et bientôt le voile sombre de la nuit tomberait sur la ville l'enveloppant d'un lourd manteau de velours noir richement orné de diamants scintillants.

    Alors peut être que dans ce ciel dégagé elle trouverait une lueur d'espoir… une étoile filante à qui confier quelques souhaits qui resteraient secrets… Sinon ils ne se réalisent pas, c'est ce qu'on lui avait dit et au final elle en était intimement persuadée.

    Sa main s'était posée sur le front de Maurin repoussant ses cheveux clairs vers l'arrière avant de venir descendre sur sa joue et y déposer la trace humide d'un linge qu'elle venait de tremper dans l'eau froide du seau qui résidait à ses côtés. Dans la répétition lascive des gestes c'était glissé quelques mouvements de cils puis de paupières… Et son prénom déposé là et une mise en mouvement.

    Le linge lui échappa et les yeux grands ouverts posés sur lui offraient un regard qui disait "t'es revenu de loin…". Elle sourit parce qu'elle était heureuse, comme si cela faisait des années qu'ils ne s'étaient pas vus.



    Je suis là Maurin… Tu n'as plus à t'en faire… Tout va bien maintenant.


    Une parole pour le rassurer, surtout pour se rassurer et se dire qu'au final que cette plaisanterie n'était plus qu'un mauvais souvenir. Inspirer et fermer les yeux, sentir les battements de son cœur s'apaiser et redevenir inexpressive ou… le moins possible. Il restait encore un peu de peine juste là… au coin de l'œil où la larme avait hésité à faire le grand plongeon… ou encore là, où celles-ci n'avaient pas hésité à laisser quelques traces sur les joues blêmes. Il y avait hélas certaines traces qui s'impriment bien plus profondément et que l'on ôte pas avec de l'eau et du savon… car si l'esprit tente d'oublier… Le cœur lui ne ment jamais.
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    Maurin.
    « On n’est pas un homme tant qu’on n’a pas trouvé quelque chose pour quoi on accepterait de mourir. »
    de Jean-Paul Sartre

      J’aime le sourire qu’elle m’offre. C’est comme un cadeau silencieux, un don de l’âme qui ne s’explique pas. Parfois, les sourires sont d’ultimes folies. Ils laissent passer la mélancolie, la colère ou les envies. Celui de Claire ne m’a jamais parut ainsi. Il ne m’a jamais eu l’air hypocrite. Il était le sien de sourire. Une forme d’espérance, une récompense peut-être. Ça rendait l’existence un peu moins absurde à mes yeux. Comme si les rires de Faust et les sourires de Claire étaient une raison pour faire éclater la lanterne, plutôt que de brûler sagement jusqu’à la moelle.

      Ma main se lève et va se déposer sur la joue de Claire alors que mes yeux clairs s’enfoncent dans son regard à elle, un instant silencieux. Un petit vol de ma part. Je vois bien qu’elle a eu peur pour moi. Et si pour moi, ça n’était rien, je n’aime pas la voir ainsi, alors ma main reste un moment avant de retourner un trop sagement sur la couche. J’ai l’autre main qui me démange, qui a grave envie d’aller rejoindre ce que j’ai entre les jambes et venir s’exprimer en quelques coups le fait que je sois bien vivant, mais je ne le sais pas. C’est que Claire est juste à côté et si je n’ai aucune pudeur, avec elle j’essaie toujours de pas trop exagéré, sans vraiment que je sache pourquoi.

      - J’vais bien oui…

      Je vais très bien Claire. Si tu savais. Les coups ont fait des marquent et créer des douleurs qui ne sont que passagères. Et malgré cette douleur physique je sens la vie en moi, le cœur qui bat, la respiration qui va et viens entre inspiration et expiration. Mes yeux te regardent encore un moment avant de se détourner un peu. La vie est sans doute moins absurde quand on a trouvé un but pour évoluer dans cette dernière. Quand on trouve une raison pour laquelle on serait prêt à se faire battre ou à mourir.

      Je ferme de nouveau les yeux. Une seconde seulement pour les ouvrir de nouveau et m’appuyer avec difficulté sur mes coudes. Un air ravi se pointe sur mon visage, malgré que j’aie cette sensation étrange d’avoir la tête pris dans un étau. Comme si on la serrait fortement, tout en piquant des coups dessus. Ça bourdonne tellement, qu’au bout d’un moment je me sens obligé de grimacer cette incontestable douleur. Et je me sens reclus dans ce mal de crâne, loin de l’instant et surtout loin de Claire. Et ma grimace de se persister un instant avant que ma main se glisse dans mes cheveux humide et mon corps de se laisser tomber de nouveau, complètement allonger.

      Il y a des conséquences inévitables. Cette caresse d’avoir fait ce qu’il fallait, mais la mitraille sur la tempe maintenant. Au moins le temps que mon corps lui se remette des assauts d’un homme plus grand et plus fort que moi. C’est bien la seule chose qui m’oblige à rester planté, là. Sentiment agressif de perte de liberté me prend aux côtes et flagelle mon cœur, un trop long moment avant que mes yeux se portent de nouveau sur mon amie. Claire. Le corps exsangue, j’ai un peu la raison qui chavire et il me semblait que je n’étais plus certain de l’encrage de ma réalité, ici même.

      - T’sais c’bon pour la santé, l’sport…l’moral et la tête, aussi han ! S’pas grave tout ça Claire. Il paraît qu’s’pas si mal d’se faire replacer les idées qu’fois. Faut pas avoir s’te mine. J’me pas ça. T’vas m’donner le cafard, tu y penses à ma rép’tation d’bonhomme heureux ? J’me sens mieux. J’te jure.

      Et je la gratifie d’un sourire. Simplement. Maurinesquement moi-même. Non, ça n’est pas des phrases pour rendre coupable, juste des phrases simples pour lui dire ça ira. Que je suis fort et que cette histoire est dernière nous. Pour nous trois. Parce que c’est ainsi que va la vie et qu’il ne faut pas s’attarder aux minutes qui viennent de se passer, mais à ceux qui vont venir. Je lui offre ce sourire à moi, un brin bête. Je n’ai pas de blessure à effacer. Ni d’égo à ramasser. J’ai gagné à ma manière et beaucoup plus que tout ce gonflement d’orgueil que peut avoir eu le Lion. Et j’ai nettement l’impression que Claire doit l’apprendre, ce secret qui mien. Celui que je partage avec Faust par nos différences imminentes face aux autres.

      - T’sais Claire. L’imp’rtant, c’pas d’gagner ou d’perdre. Mais d’faire c’qu’on croit bien. Pis, on perd qu’si on veut, beaucoup vont dire qu’j’me suis pris une râclée. C’vrai, physiqu’ment. Mais en fait, t’sais… J’pas perdu. Il a gagné, quoi l’autre han ? Foutre en l’air un p’tit bonhomme trop faible pour r’poster ? J’s’avais qu’j’allais perdre. Alors t’comprends, Claire, qu’pas grave ? La vie est c’qu’elle est. Faut l’affronter, dans l’ridicule, dans les pleurs et les joies. Mais j’mais dans l’déni. J’mais… L’simplicité d’exister, y’a qu’ça d’vrai car sinon ou oublie qu’on est des Gens bons, han !

      Et je souris, car je suis certain qu’elle ne comprendra pas la simplicité dans lequel je me complais avec une satisfaction évidente. D’ailleurs je comprends pas moi-même mes paroles, mais je m’en tape. L’absurdité de l’existence m’avait apprit à vivre. Et si maintenant, j’avais une raison de mourir, il n’en restait pas moins que j’allais continuer à exister simplement et comme je l’entendais. Dans la liberté qui était mienne, dans la différence, dans ce monde complètement taré.

      - Yé où Faust ?

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