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[RP] Te souviens-tu ?

Raphael..
[5 ans auparavant, sur les routes d’Irlande – Un fossé, un couple, des éclats de voix]

Les terres irlandaises n’ont plus de secrets pour le jeune couple qui les foule depuis voici quelques mois. Gitane et marchand sont unis comme les doigts d’une main, parfois plus pouce et auriculaire qu’index et majeur, mais ainsi va la vie et Raphaël n’aurait troqué contre rien au monde cette brune au tempérament de feu. Les accents de la jeunesse insufflent cette vivacité commune à tout frais tourtereaux et ces derniers n’échappent pas à la règle… Même ici dans ce fossé, après que leur charrette ait perdue une roue, déchargeant le précieux chargement du jeune homme sur la terre humide et boueuse, sur la terre irlandaise en somme.

Même ici donc, le duo ne semble pas perdre de sa fougue et ce n’est pas la dispute qui fait rage qui nous dissuadera du contraire. Les paroles vont bon train, chacun rejetant la faute sur l’autre, les gestes suivant largement cette chamaillerie grotesque. Raphaël, à demi engoncé dans la terre molle, agite un doigt accusateur sur sa compagne, la mine sévère, plus que d’habitude, les lèvres tellement crispées qu’elles s’effacent en partie. Celles-ci s’écrient finalement.
Mais enfin Gypsi ! Tout ce que tu avais à faire c’était de surveiller le bord du chemin et de m’avertir ! Que ne comprends-tu pas dans le mot AVERTIR ! Et je t’en prie, ne me rabâche pas les oreilles avec cette excuse des gestes. Un geste ça peut tout aussi bien dire « avance » que « recule » Morbleu ! Il était hors de question d’assumer une quelconque responsabilité dans l’incident. Il est jeune, il assume, fringant, ça aussi il assume, redoutable négociateur, aucun problème c’est assumé, de mauvaise foi ? Absolument pas !

Il plonge ses mains dans la bourbe, récupérant l’engrenage défectueux qui d’ailleurs, aurait tout aussi bien pu s’effondrer à un autre moment, tant il avait repoussé le moment de racheter une charrette. Mais comme il faut un coupable et qu’il ne peut décemment pas s’auto-fustiger, c’est l’aimée qui prend. Le marchand glisse, déblatère tous les noms d’oiseaux qu’il connait tandis qu’il entame la remontée du fossé. Délicate action qui est loin d’améliorer l’humeur du vagabond, qui enfin, rejoint compagne et carriole.
Tu me coûtes un bras avec des crétin’ries ! Regarde moi mes rouleaux, je t’assure que tu vas me rembourser tout ça d’une façon ou d’une autre Gypsi !
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Gypsi
Quand la bohémienne parlait de son premier amour, il avait tout bonnement l'air merveilleux. Le paradis vert de l'Irlande, un amour fou, réciproque, ... Elle avait tout simplement tendance a embellir la réalité. On ne se rend compte de la valeur de ce qu'on a que lorsqu'on a perdu, non ? A moins que... Dans le fond, elle aimait chaque instant de vie à ses côtés. Les bons comme les moins bons. L'amour comme les engueulades. Ce petit plus qu'il lui manquait. Aimer sans pour autant tout concéder à l'autre. Les souvenirs remontaient dans sa tête de brune. Et venait étirer un mince sourire sur ses lèvres gercées par le froid.

[5 ans auparavant, sur les routes d'Irlande - Entre quiétude et grandes déclarations d'amour]

Ils se sont bien trouvés. Epris tous deux de voyage, et de liberté, c'est les terres d'Irlande qu'ils foulaient. Et dire que l'Irlande était un paradis vert était de loin un mythe. Le Paradis pour les deux amoureux étaient une conception encore bien lointaine. Les éclats de voix s'entendaient de loin. Et jamais un pour rattraper l'autre. Tous deux farouchement fier. Un fossé, une charette, une roue, et de la marchandise éparpillée. Une brune encore secouée, et un brun enragé. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles non ? Sacré paradis vert. Je t'aime moi non plus.

Encore secouée, la brune avait effectivement vu le fossé se rapproché et... Les yeux écarquillés, elle s'était contentée de taper sur l'épaule de son compagnon en faisant un vague signe vers la roue. Elle avait eu un peu peur au fond - même s'ils ne roulaient pas bien vite. Mais jamais elle ne l'avouerait. Et finalement, au vue du résultat, et de la colère de son compagnon, elle avait froncé les sourcils, en se redressant pour le regarder. Non, il ne plaisantait pas. Il suffisait de voir son visage si fermé. Plus bas qu'elle il secouait un doigt en la montrant, tandis que ses mots venaient tenter de heurter la brune.

Fautive elle l'était certainement un peu. Mais comme toujours dans ce si merveilleux couple très uni, tout était partagé à merveille. Notamment les torts. Et il n'y avait absolumment aucune raison qu'elle prenne sur ses épaules Tout le poids de l'accident. Elle resta d'abord muette à le regarder, hésitant entre éclater de rire devant la situation qui était tout de même cocasse, à lui sauter dessus pour l'embrasser sauvagemment en dégringolant tout en bas du fossé ou... Ne rien faire, ne rien dire, et attendre patiemment que le vase se remplisse, déborde et que la colère explose. Et tandis qu'il rale et glisse en essayant de remonter, la brune lui tourne décemment le dos et regrimpe elle aussi vers le haut. Sans rien prendre avec elle. Non, elle ne l'aiderait pas. Surtout après ses dires. Vexée ? Si peu.

Et alors qu'assise sur le sol elle attend qu'enfin il parvienne à sortir du fossé, un brin boueux mais toujours séduisant malgré sa colère, la brune se mord la lèvre en l'entendant l'engueuler encore. Alors elle se lève et les poings sur les hanches elle explose :


Tu t'fiches de moi ?! T'as qu'à t'ach'ter une paire d'yeux qui fonctionnent au lieu d'ach'ter des bordel de rouleaux pourris ! ça t'sera utile au moins ça ! Et des mains pour réparer ta roue qui manque de s'barrer depuis des mois. DES MOIS ! Alors viens pas tout m'm'ettre sur l'dos ! C'bien facile ! Non mais j'y crois pas l'autre !

Le doigt vient s'agiter sous le nez du dit "autre". Heureusement qu'il s'agit de l'être aimé parce qu'il y aurait de quoi se poser la question. Exaspéré de le voir elle lève les bras au ciel, rageuse. Et à nouveau elle lui tourne le dos. Inspire, expire. Se calmer. Elle ne sait pas faire pourtant. Alors, tandis que la dernière remarque de l'aimé trotte inlassablement dans sa tête, elle se retourne et la colère s'exprime à travers ses yeux. Elle retire d'une main brusque le noeud blanc qui tenait ses cheveux.

Te rembourser ! Y'a qu'les écus qui comptent d'façon ! Avare !T'attendra qu'on rentre pour ça ! Parce que j'te Rappelle - vu qu'tu l'oublies bien souvent - que j'suis v'nue pour Toi ici ! Parce qu'ici c'est tous des abrutis congénitaux qui comprennent rien de rien ! Un peu comme toi ! Pas étonnant qu'tu t'y plaise tant dans c'trou paumé au milieu d'la flotte !

Comment ça elle règle des comptes qui n'ont rien à voir avec la situation présente ? Oui, et bien tant qu'à faire ! Pendant qu'ils y sont, autant tout dire d'une traite. Et faire preuve d'une terrible mauvaise foi également. Parce qu'au fond, elle aimait bien ce pays. Les hommes l'adoraient et voulaient tous un baiser de sa part. L'étrangère attirait. Oui, mais, à l'époque la brune séduisait mais restait fidèle à son marchand ingrat. Alors, même si les irlandais mâles avaient su susciter sa sympathie, les femmes par contre ... pas du tout. Et au fond, son petit royaume de France lui manquait. Et puis cette drôle de langue n'avait vraiment aucun charme. Elle ne savait même pas dire des insultes, et ça lui manquait, forcément ! Alors les mots sont lâchés et à nouveau elle fait face à ce marchand en colère d'avoir perdu la plupart de son outil de travail du jour. Oui, c'était compréhensible. Mais la brune n'a pas le moins du monde envie d'être compréhensive et de fermer son clapet en faisant la bonne petite fefemme à son homme. Son regard lance presque un défi à Raphaël... Mais lequel ? Ceci est une autre histoire.
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Raphael..
[5 ans auparavant, sur les routes d'Irlande - Concours de Gueulante]

Personne n’est parfait parait-il et certainement pas Raphaël qui, aussi sympathique soit-il dans la vie courante, offre tout de même une jolie palette de défauts tout en nuances, allant des plus acceptables au plus insupportables. Le pire de ses défauts étant sa capacité de grande injustice en cas d’énervement, or, autant vous dire que la situation présente requière une patience à toute épreuve dont notre agacé du jour n’est absolument pas disposé à posséder. Pourtant, pourtant Aristote sait combien il l’aime, dans les peines comme dans les joies, aucun vœu de mariage n’est nécessaire pour qu’il en adopte chaque promesse consciencieusement. Oui il l’aime, malgré qu’elle explose, poings adorablement posés sur ses hanches féminines, malgré qu’elle articule jamais correctement, d’autant plus sous le joug de la colère. Oui il l'adore, lorsque sa bouche sourit autant que lorsqu'elle forme cette moue agacée et hystérique. Et même, voyez vous, même quand elle le menace, de son doigt rageur, déversant son ire comme une furie, oui même là, Raphaël en est fou.

Leur voyage s'était un peu fait sur un coup de tête, idée venant de lui, pensant qu'il parviendrait à convaincre plus de grandes familles sur les terres verdoyantes que sur le royaume françoys. Elle, intrépide et certainement amoureuse, l'avait suivi et jamais encore il n'avait eu à regretter son choix. Jamais jusqu'à ce jour peut-être. Car jusque là, il avait appris une langue nouvelle, rencontré des gens nouveaux avec le risque Zéro de tomber sur un ex client mécontent, ou juste une ex folle furieuse. Non, les terres irlandaises apportaient au marchand ce renouveau qui ranime une vie, d'autant plus lorsqu'on la vit à deux. Est-ce que la France lui manquait ? Oui bien sûr et il ne songeait pas à rester toute sa vie ici, mais il est jeune et fougueux, faut-il se précipiter ? S'empresser de rentrer ? Et que feront-ils ensuite ? Devront-ils acheter une chaumière, se marier, enfanter ? Bien sûr, d'ailleurs combien de fois avait-il perdu le courage de réclamer la main de Gypsi tant le fort caractère de celle-ci le faisait craindre qu'elle ne lui dise non ? Elle en était tellement capable, l'insaisissable gitane, libre et indépendante ! Essayez-donc de lui passer la corde au cou et vous comprendrez votre douleur. Il était impensable de la perdre pour une histoire d'union, il préférait encore vivre éternellement dans le péché. C'est pas beau l'amour ? C'est là que le bât blesse. Si l'Irlande donne du sursis à Raphaël, sa compagne elle, lui balance qu'elle ne s'y plait plus. Pire encore ce sont ses mots qui viennent heurter sa susceptibilité.

Lorsque les paroles de l’aimée viennent à grimper au cerveau Raphaëlien, l’amour s’étiole peut-être un peu. Avouons-le, la brune en met une sacrée couche et sa fierté à lui prend surtout une grande claque. Surtout qu’elle entame une mélopée tout à fait typique de la gente féminine : celle du « je t’engueule et je te donne tout un tas de raisons pas toujours en rapport avec le sujet présent ». Le feu ne tarde pas à embraser le marchand, qui balance la roue contre la carriole branlante et s’empare du ruban d’une main tandis que l’autre vient se refermer sur le poignet. Loin d'être violent habituellement, c'est l'accumulation et certainement la fatigue de leur voyage qui dégrade à ce point la chamaillerie. Le ton est glacial et il ne crie plus, signe qui indique qu'il prend très au sérieux les propos de sa douce plus si douce que ça.
M’racheter des yeux hein ? Pour changer d’compagne surtout oui ! Méfies-toi Gyps quand tu causes car ça peut bien se retourner contre toi ! Et changer la roue ? Tu crois que j’me repose depuis TOUS ces mois ?! Je bosse et négocie pour TOI ! La prise se resserre sur le bras fin, les yeux gris étincelants de rage de la savoir si ingrate et mauvaise joueuse. Les propos sifflent, certainement injurieux, dépassant la pensée de l'un et de l'autre, emportés par le déferlement des passions. J’pensais pas que t’étais pas heureuse ici, barre-toi si c’est ce que tu veux, j’vais peut-être me trouver une p’tite abrutie à la place. Oui, il est comme ça le bonhomme ! Il la lui fait à l’envers, inversant les rôles en deux temps, trois mouvements, sa mauvaise foi de tantôt revenue au devant de la scène, l’orgueil meurtri du mâle dans toute sa splendeur. Jamais il n'avait l'intention de la laisser partir, jamais il n'irait en prendre une autre, jamais il irait jusqu'au point de non retour, mais c'est comme un match de soule et Raphaël ne manque jamais de renvoyer la balle avec le plus d'impact possible pour déstabiliser l'adversaire surtout lorsque celle-ci est redoutable.

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Gypsi
[Même jour même heure - même doux mots d'amour]

    Toi ma patiente ma patience ma parente
    Gorge haut suspendue orgue de la nuit lente
    Révérence cachant tous les ciels dans sa grâce
    Prépare à la vengeance un lit d'où je naîtrai. *

Rancunnière la brune ? Un peu, beaucoup, passionnément. Surtout avec lui. Peut-être parce qu'elle l'aimait trop. Premier amour. Tout est à l'excès finalement. Pour une femme d'excès à l'ordinaire, ça n'arrange rien. Alors Gypsi reste debout face à lui. La patience ? Ni l'un ni l'autre ne la possède en temps normal. Alors sous la colère imaginez bien... Donc oui, la brune lui en veut. De s'énerver sur elle. Pourtant elle le connaît. Elle sait, depuis ces mois passés à ses côtés sa façon de réagir. Ses excès, ses douceurs. Son caractère. Son orgueil de mâle qui ne doit jamais avoir tort. Mais forte tête aussi, elle lui fait toujours face. Lui tient tête avec un plaisir non dissimulé d'ordinaire. C'est ce qui rend leur relation si... Mouvementée. Ils s'aiment. Ils s'engueulent. Mais ils restent ensemble. Parce que ce les lient est plus fort que ce qui les séparent momentanément. Bien que séductrice, elle lui est fidèle. Parce qu'elle n'imagine tout simplement pas partir avec un autre que lui. Il a tout ce qu'il faut pour lui plaire ce Raph. Tout ce qu'il faut pour la retenir. Parce qu'à ses côtés, la bohémienne prend la vie pour un jeu. Un grand jeu. Et le plaisir en ressort forcément. Les engueulades font partis du jeu. Ramponneau. Avec les bluffes que cela implique. Mais attention, parce que la gitane est fort mauvaise perdante.

Et là, ses mots la heurtent. La blessent. Oui, elle l'a cherché... Mais... Pourtant rancunnière... Elle lui fera payé d'une façon ou d'une autre. Même si elle sait qu'un sourire, un baiser venant de sa part et la colère se dissiperait. Niaise ? Non. Juste sous son charme de marchand agaçant mais terriblement séduisant. La vengeance viendra. Par jeu. Pour ne pas le laisser gagner. Mais, de son côté, l'amour ne s'étiole pas. Ô non. Un jeu. Elle aime le chercher, l'agacer, l'énerver. Elle est étrange. Mais, au fond, elle sait qu'il l'aime. A moins que... Elle l'observe, ne le lâchant plus des yeux. La roue vient claquer dans un bruit étonnament fort contre la charette. Un peu plus et elle aurait pu finir de se fissurer... La brune avait bien envie de rétorquer un "mais t'es débile ! tu veux finir à pied c'ça ?!" La remarque reste pourtant en suspend. Ouais parce qu'il fonce, avec fureur sur elle. Heureusement qu'elle n'est pas vêtue de rouge... Olé... Tsouin tsouin tsouin tsouiiiin. Le poignet se retrouve comprimé dans l'étau de fer de la main raphaëlienne. Le ruban s'échappe de ses doigts, capturé avec violence. Y serait-elle allée trop fort, la Gypsi ? Elle pâlit légèrement, ses yeux toujours rivés sur les siens. Brutal. Il ne l'avait jamais été pourtant à son égard. Elle pourrait gémir, lui dire qu'il lui fait mal. Mais elle garde le silence et l'écoute déverser son venin.

Des yeux pour changer de compagne. Bosser pour elle... Y'a pas comme un défaut dans l'énoncé ? L'art masculin. Dire blanc puis noir. On embrouille et on tente de faire peur. Le poignet est serré plus fort. Et la brune, malgré sa force de caractère lâche un "aïe" de surprise. D'inquiétude aussi. Il est... méconnaissable. Elle pâlit à nouveau. Et là, la dernière réplique "barre-toi ! ... trouver... abrutie... place". De l'inquiétude, la brune passe à la colère à nouveau. Sa main libre se lève avec vitesse. Avec la vitesse d'une claque, elle vient effleurer en douceur la joue du marchand. Maîtrise. Elle ne pensait pas en être capable. Et s'il esquive légèrement, la brune veut reprendre le jeu. Le panneau du : "tu es coupable, aller va-t-en je trouverais mieux" est bien trop gros pour qu'elle tombe dedans. Un sourire mesquin étire le coin de ses lèvres. Le jeu reprend. Toujours plus vers l'avant. Un jeu dangereux. Où elle pourrait tout perdre. Oui mais... Les mots fusent à nouveau. Plus de cri, juste des mots appuyés. Un ton froid, peut-être pire encore.


Travailler pour Moi alors qu'tu veux changer de compagne ? A non pardon, changer de "p'tite abrutie" ? Fait des phrases cohérentes et on en r'parle hein. Pis s'tu veux que j'me barre faut commencer par m'lâcher l'poignet.

Le regard est glacial. Quoi, lui dire de partir pour qu'elle retombe dans ses bras ? Trop simple. Même si elle a mal, même si elle a peur. Elle ne peut pas perdre ainsi la face devant lui. Elle ne veut pas. Fierté étouffante quand tu nous tiens... Du menton elle montre la main qui dépasse de l'étau - blanche d'être trop serrée. Impassible. Lui faire peur ? Elle voudrait bien. Elle essaie. Mais elle ne tient pas très longtemps. Alors jouer... Le chat et la souris. Et si la souris était plus forte que le chat ? Elle regarde un instant le visage tant aimé, aux traits tirés par l'irritation et la colère. Et même ainsi il est beau. Partir ? Cela la déchirerait. A coup sûr elle serait capable de partir pour le royaume de France à la nage sachant qu'elle ne sait pas nager. Rassurez-vous elle n'irait pas bien loin. A coup sûr elle prendrait le parti de lui pourir la vie - et ce en beauté. On ne quitte pas la gitane. Le visage impassible, un peu fermé par la douleur qui irradie de son poignet s'approche lentement de celui du marchand. Ses lèvres s'unissent aux siennes un bref instant avant de les quitter aussi rapidement qu'elles les ont trouvés et le visage se penche vers l'oreille pour glisser des mots qu'elle ne veut surtout pas qu'il prenne au sérieux mais... qu'elle prononce presque malgré elle :

Cherche une autre abrutie comme moi, si tu penses pouvoir trouver mieux. Et qui flattera mieux tes yeux. Une abrutie capable de t'aimer.

Et de reculer et lui tourner le dos, tandis que son poignet reste attaché dans sa main. Lâchera, lâchera pas ? Retiendra ou non ? Relèvera le défis lancé ou ... Laissera-t-il une brune écoeurée et abattue derrière lui sur son chemin ? Perdra-t-elle son orgueil débordant pour le retenir enfin ? Comprendra-t-elle le sens de la phrase : "je bosse et négocie pour Toi" ? Qui au fond voulait dire bien plus qu'elle ne le laissait paraître... Elle tente de respirer amplement. Pourtant, le souffle lui manque. Fierté qui s'échappe. Peur qui enserre son coeur. Mais colère qui persiste. Lui dire ces mots ? Comment a-t-il osé ?! Les pense-t-il réellement ? Le jeu s'est-il retourné contre la joueuse ? Aurait-il joué avec elle, avec ses sentiments ? Non... Elle l'aime... Il l'aime aussi, n'est-ce pas ? Il l'aime... Ou... pas. Et la colère prend place à nouveau :

Fichtre !!! Tu m'fais mal bordel !!! C'la roue qu'fallait r'serré ! pas mon poignet faut qu'briser !

*Paul Eluard, Patience, Le Livre Ouvert I

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Raphael..
[5 ans auparavant, sur les routes d'Irlande - Valses Périlleuses]

« T’es pas cap’ Gypsi, non, tu ne peux pas dire ça et avoir autant l’air irrésistible ». Songe Raphaël transpercé à froid par les paroles de la brune impitoyable. L’anthracite s’élargit peut être un peu de surprise , les lèvres encore brûlantes de ce fugace baiser offert, bien trop peu convaincant. « Non, tu ne peux pas me dire ça sans que ton corps ne te démente. Je veux que tes yeux m’aiment quand ils disent ça, le font-ils ? » La poigne du colérique lâche le poignet mais seulement pour la glisser le long du bras lentement, si lentement et remonter sur l’épaule, le cou, s’emparer de la mâchoire. Les lèvres serrées laissent échapper : Tu me quittes ? Contradictoire avec tout ce qu’il a pu dire avant. Dérouté, le marchand sent la colère lui échapper pour laisser place à cette émotion si désagréable : la peur. Peur de ne plus jamais voir cette crinière, ce corps, ces yeux embrasés, de ne plus jamais sentir ce parfum, de ne plus jamais l’entendre. C’est violent, c’est crevant, c’est comme s’arracher les entrailles à la petite cuillère, vicieuse torture qui tourmente l’âme du brun en un quart de secondes. Et voici l’homme dans toute sa splendeur, qui réalise ses erreurs, ce qu’il peut perdre, là tout de suite pour une putain de connerie. « Je ne suis qu’un pauvre type Gyps’ tu ne peux pas me quitter, je vais être pire que ça sinon ». Voit-elle ce qu’il se passe dans les yeux de son amant ? Il caresse le visage de la gitane, remontant ses doigts pour les fourrager dans les mèches ébène comme pour s’y accrocher. Non tu ne me quittes pas Gyps’. Non ! C’est hors de question ! Le marchand resserre l’étreinte, accompagnant celle-ci de son corps tout entier lorsqu’il la domine, l’entraine avec lui. La sentir, sentir chaque partie de son corps et vibrer et danser.

    Danser sans cesse
    Au bord du gouffre
    Pourtant l'ivresse
    Un « Entre-nous »

    Vois la pénombre
    Qui éclaire mon visage
    On s'est dit «ensemble
    Si c'est là ton voyage»*


C'est un monde qui s'effondre. Ils s'engueulent, oui. Ils s'en mettent plein la tête et se menacent oui. Mais c'est allé trop loin, comment se sortir d'un engrenage qu'il a lui même lancé ? Le cœur se serre, il sait qu'il n'aurait aucune difficulté à en trouver une d'« abrutie » justement, mais il ne veut pas n’importe laquelle, c’est elle. Elle depuis qu’ils se sont disputés la toute première fois, cela n’a jamais cessé d’être elle. Il a trop poussé, a trop cédé à sa colère, mais au fond que sont de simples rouleaux à côté de Gypsi ? Dit comme ça la querelle paraît ridicule, au point que le jeune homme en laisse échapper un rire sans joie. Les prunelles accrochent celles féminines et c’est dur de les soutenir et de tenter d’y lire, de peur que le message ne soit irrévocable. « Ne me déteste pas ». C’est ce que l’étreinte, les caresses, le regard, tentent de lui dire. Ça et aussi que c’est lui l’abruti de l’histoire, que son emportement est démesuré, qu’il lui demande pardon, qu’il l’aime. N’est-ce pas trop d’un coup ? N’est-ce pas niais et enfantin ? Pas pour lui, il sent trop le précipice pour ne rien tenter pour la retenir.
Ne pars pas. Pas sans moi.



C’est plus un ordre qu’une requête, il ne la laissera pas partir. Elle le sait, elle le connait et elle doit sentir la détermination de son regard comme cette force qui la retient contre lui. Si la crainte est encore là, en suspend, il ne parvient tout de même pas à prononcer les simples mots qui devraient désamorcer toute bombe : « Pardonne-moi ». Il le pense, c’est certain, mais sa fierté déjà piétinée ne le laisse pas franchir cette limite. Il les a déjà largement dépassées et l’orgueil s’empare des dernières réminiscences de désespoir. Gyp’s c’est idiot d’en arriver là pour ça. Rentrons. Le marchand ne négocie plus, il impose et si il le fait, c’est parce qu’il sait qu’au creux de leur couche, cette histoire sera définitivement effacée. Le gris des iris se liquéfie en une teinte plus chaude quand la main vient se poser sur les reins, possessive. « Tu es à moi mon amour, pour le meilleur et pour le pire. Le pire est passé, allons voir le meilleur. ». Pense-t-il en la couvant d’un regard qui ne laisse plus de doute sur ses intentions. Seuls les battements accélérés de son cœur indiquent le doute ravalé. Si elle accepte tant mieux, si elle refuse… Game Over***


*Extrait de la chanson « J’ai essayé de vivre » de Mylène Farmer
** Extrait de la chanson « Blind » de Placebo :

    Si je pouvais te soustraire à cette limite,
    Et attester d'un dessein divin,
    T'affranchir de toutes ces contraintes éphémères,
    Et rester ton drôle d'amoureux

    Ne pars pas sans moi,
    Et je t'en prie ne me rends pas aveugle
    Ne pars pas sans moi,
    Et je t'en prie ne me rends pas aveugle

    Si je pouvais te soustraire à cette limite,
    Je sais, les meilleurs ont essayé,
    J'emplirais de sens chacun de tes souffles,
    Et je trouverais un endroit pour nous cacher.


*** Fin du Jeu

_________________
Gypsi
[Ne pas changer une équipe qui gagne : 5 ans auparavant, Irlande et jeunes fougueux]

Mentir, un talent hérité de son enfance. Pourtant, face à lui, elle apparaît bien démunie de ce talent. Ce n'est plus mentir c'est tenté de cacher les sentiments qui débordent. L'étreinte autour du poignet s'allège, tandis que d'une lente caresse la main raphaëlienne remonte pour s'emparer de sa mâchoire. Un léger frisson parcourt le dos de la gitane. Victorieuse ? Vraisemblablement. La colère est retombée aussi rapidement qu'elle était montée. Et le murmure, la question qui lui échappe remplit le coeur de la brune de soulagement. Pourtant, mesquine, joueuse, vengeresse, elle compte le laisser mariner un moment. Et un murmure franchit également ses lèvres à elle, en guise de réponse : N'était-ce pas toi qui voulait que je parte ? Oui c'est petit. Enfantin. Pourtant, pour rien au monde elle ne quitterait le beau marchand lunatique. Peut-il en douter réellement ? Elle profite, savourant sa victoire. Une victoire qui n'est pas encore tout à fait satisfaisante. Si la question laisse apparaître le doute qui habite Raphaël, elle veut plus. Elle veut toujours plus.

Qu'il la retienne... Les doigts qui se sont emparés de sa mâchoire se font doux. Bien loin de la violence avec laquelle il lui tenait précédemment le bras. Le regarde de Gypsi brille. Mais impossible de savoir quel sentiment habite réellement la brune. Même elle ne doit pas en être certaine. Elle flotte encore entre colère, peur, amour, joie. Confusion. Qui s'exprime par le jeu. Elle a gagné. Elle le sent dans son attitude. Dans ce silence qui s'installe entre eux. Dans cette tension. L'envie de l'embrasser pour le réconforter se fait puissante. Mais Gypsi se fait violence. "Allez... Dis-le !" Aussi étrange que cela puisse paraître, la brune savoure chacun des mots - des vrais mots d'amour - que pouvait lui offrir le marchand. Ni l'un ni l'autre n'était de grands sentimentales, à faire de grandes envolées lyriques. D'autant, la brune aimait parvenir à lui faire dire ces mots là. Mais là, c'est plus un ordre qui jaillit des lèvres du marchand : "Non", tandis que ses mains se font douce, et l'attire contre lui. Etreinte. Qu'elle partage, ne résistant pas. Ne résistant plus. Alors oui, elle se laisse aller dans ses bras. Elle l'enlace, laissant ses mains glisser dans son dos, se crisper légèrement sur ses vêtements.

    Ô que nous mêlions, âmes soeurs que nous sommes,
    A nos voeux confus la douceur puérile
    De cheminer loin des femmes et des hommes,
    Dans le frais oubli de ce qui nous exile !*

Il lui a fait peur. Il lui a fait mal. La réciproque est aussi vraie. Et Gypsi est ravie de constater une fois de plus qu'il tient à elle. La peur s'envole, serrée dans ses bras. Et son rire vient résonner. Mais la brune sent le manque de joie. Elle le ressent. Comme une chose qui se serait briser en lui. Aurait-il eu peur à ce point ? La colère, les mots dits sont déjà bien loin pour Gypsi. Il l'aime, la preuve en est, il la retient. Elle l'aime aussi. Alors pourquoi cette peur ? Ne le voit-il pas qu'elle l'aime ? Ne le sait-il pas depuis tout ce temps ? Elle lit en lui. Tant dans sa colère que dans sa peur. Dans son amour que dans son orgueil. Quelques mois, pourtant elle le connaît mieux qu'elle n'a jamais connu personne. Parce qu'ils se ressemblent tant les deux amoureux fougueux et ridicules.

La brune soutient son regard. Ce regard allumé d'une inquiétude qui n'a plus lieu d'être. Les mains de la gitane retombe contre son corps, à elle, bras ballants. Elle n'a rien à faire. Elle l'écoute simplement. Elle profite aussi. De le voir s'entêter dans l'idée de la retenir. De lui donner l'ordre de rester. De ne pas le laisser. Elle savoure l'idée même que l'orgueil mâle qui s'excite pour une bêtise d'accident de chariotte puisse aller jusqu'à là, pour elle. Alors le jeu reprend et la gitane s'extirpe des bras de l'aimé. Et elle parle à nouveau.


Pardon c'est si dur à dire que ça ?
Effrontée. Oui. Têtue. Aussi. Mais n'est-ce pas sa force de caractère, et sa chiantise qui fait son charme même ? Alors elle le regarde et elle lâche, en tentant de prendre une voix un peu sèche :
D'façon tu voudrais qu'j'aille où ? J'sais même pas où on est... Pis j'comprend rien à c'te langue moi...
En bref, c'est avouer qu'elle a clairement besoin de lui. De façon indirecte comme toujours. Et finalement la gitane éclate de rire. Un vrai rire de joie. Un rire un peu moqueur. Un rire de soulagement. Un rire qui résonne
T'as vraiment cru qu'tu t'débarass'rai d'moi aussi facil'ment dis ?

Alors, elle retourne se faire une place dans le creux de ses bras, et vient voler ses lèvres dans un vrai, long et langoureux baiser. Il faut bien le détendre pour le trajet du retour, sinon il va encore être imbuvable. La main tant serrée précédemment vient glisser ses doigts dans les cheveux, comme pour maintenir et prolonger ce baiser. Si la réconciliation est aussi explosive que la dispute... Les lèvres se séparent et la brune sourit en coin, en volant à nouveau Son ruban blanc. Et de se mettre à reculer de quelques pas. Enfantine ? oui. Mais elle en a bien besoin après tout ce remue-ménage. Pour quoi déjà ? Ah oui, des rouleaux, une charette, et un royaume étrange.

Rentrons... Mais t'es sûr qu'tu tiendras jusqu'à là ?

Sourire taquin. La joie de vivre caractéristique de la gitane refont surface. Aucune gêne. Pas avec lui. Vous avez juste utilisé une vie chers enfants. Faites attention, à 7 c'est Game Over pour de bon. Mais d'ici là, tant de péripéties pimenteront encore la vie des singuliers tourtereaux... La réconciliation sur la couche ne concerne qu'eux. C'est un souvenir que Gypsi ne partagera jamais, avec personne. Rideau tiré sur ces moments de leur vie de couple. Non par pudeur, mais par possessivité. Les partager ? Bien sûr que non ! On n'en retient que la fin... "C'est l'extase langoureuse, c'est la fatigue amoureuse..."

*Verlaine : Arriettes Oubliées IV
Et Arriette Oubliée I
Extrait de poèmes tirés de Romances Sans Paroles

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