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[RP]Les aventures de la famille Canard et de la vache pleine

Rosalinde
    C'est l'introduction !

    Il était une fois une ferme, qui s'appelait "Paris".

    Paris était plutôt une très grande ferme, dans son genre, et regroupait toutes sortes d'animaux, gros, petits, à plumes ou poilus. Elle était tenue par un couple de fermiers plus ou moins honnêtes (plus pour leurs amis, moins pour leurs ennemis). Le mari était, dans le Comté, surnommé "Le Couillu", même si certaines mauvaises langues se plaisaient à dire que, des deux, c'était plutôt Madame qui portait la culotte. La femme, elle, n'avait pas de surnom particulier, mais, à ce qui se murmurait, elle donnait à sa folie l'apparence de la raison.

    Comme je le disais donc, Paris était un modèle de diversité, du genre ferme pédagogique (celles où on emmène les petits enfants qui vivent en ville pour leur faire renifler le cul des bovidés et caresser des bébés lapins). Il y avait d'abord la famille des Paons. Les rois de la ferme, à n'en pas douter, toujours à se pavaner dans leur beau plumage, et suintant l'indolence, tout en faisant mine d'être toujours supra-occupés, et qui plus est se donnaient le droit de contempler tous les autres animaux de haut. Il y avait ensuite les ovins, toujours à bêler pour un rien ceux-là, et en dignes cousins des moutons de Panurge, continueraient à psalmodier leurs litanies même s'ils devaient foncer droit vers le ravin, parce que de toute façon, ils savent mieux que les autres, surtout leur chef, un certain Innocentius. Venait la famille la foule des bovins. Tranquilles boeufs, peinant toute la sainte journée au labeur des champs, les génisses que l'on accouple de force avec quelque taureau, et les vaches laitières, traînant toujours un veau sous leur pis, ou pleines d'un nouveau rejeton. Et puis, tout au fond, dans la basse-cour, se mêlaient diverses familles mal considérées par les autres animaux. Les coqs, fiers à bras et toujours de tous les mauvais coups, leurs cocottes bien criardes, et les canards, animaux plutôt joviaux en apparence, avec leurs cris si drôles et si emblématiques, mais qui se révélaient les plus fourbes d'entre tous.

    Un jour, qui aurait pu être comme tous les autres jours, un évènement inattendu se produisit. Une vache, pleine d'un veau qui n'allait pas tarder à pointer le bout de son museau humide, s'échappa de l'étable, et alla s'égarer un peu trop près de la mare aux canards.

    Ceci est son histoire.


Le soir tombait sur les toits de Paris. A pas lents, une jeune femme, aux longues boucles rousses, remontait la rue de la Mortellerie, indifférente aux divers mendiants qui tentaient, une dernière fois pour la journée, de lui soutirer quelques écus. Un véritable fléau, dans ce quartier de la ville où l'on ne pouvait pas faire trois pas sans se faire à nouveau solliciter, chaque fois de manière plus inventive encore. Mais, comme je l'ai dit, la Parisienne n'avait nullement cure de tout ce cirque, et l'air absent se lisait sur son visage. Les deux mains posées sur son ventre, son énorme ventre, elle réfléchissait plutôt intensément à l'utilité d'embaucher ou non une nourrice pour la suppléer dans sa tâche de nourrir le divin enfant. Trois mois qu'elle y songeait, et elle n'avait toujours pas pris sa décision, malgré l'imminence du potentiel besoin. C'est que... Pouvait-elle faire confiance à une autre femme pour s'occuper aussi bien de son petit qu'elle-même pourrait le faire ?

Et, toute à ses pensées, elle ne remarqua pas la silhouette qui s'approchait dangereusement d'elle, et qu'elle percuta. Par bonheur, pas assez fort pour la faire choir au sol, sinon quoi elle pourrait toujours pleurer avant de réussir à se relever. Extirpée brutalement de ses songes, son premier réflexe fut de prononcer un machinal :


- Oh, pardon.
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Bastogne
"Il lui restait pour ressource dernière Sa basse-cour, où gîtaient maints oisons, Maints bons poulets, surtout force dindons..."



    A chaque environnement, ses habitants, son microcosme et ses rouages. Mais si Paris est une ferme, riche et complexe, chaque quartier semblait devenir à son tour une nouvelle forêt, une nouvelle pâture, une nouvelle basse-cour. Et si les habitants de cette ferme avait compris qu'un canard peut bien avoir des dents, il y a toujours dans chaque nouveau cercle son lot de rongeur et de charognards. Le rat et la musaraigne qui rongent les récoltes durement entreposées, un chat paresseux qui préfère chiper son repas plutôt que le chasser, et même parfois quelques renards aux dents longues, aussi prompt à égorger la poule grasse que l'hiver venu, ronger quelques charognes. Il se trouve que dans ces curieux rouages parisiens, plus particulièrement du côté de la mare putride, les canards aiment à s'entourer de rats. De nuées de rats, mais aussi de quelques renards. A voir les canards dandinant et caquetant joyeusement, on ne peut que leur faire confiance en se disant que but il y a forcément...

    Bastogne est un renard, un vieux renard même.



Il est de ceux dont on préfère ne pas savoir l'histoire quand on croise son regard. Le visage buriné, marqué et tendu, et l’œil torve... Un regard que l'on fuit, au cas ou s'attarder trop longuement sur lui attirerai on ne sait quel dénouement malheureux. Il n'a pourtant pas une large carrure le Bastogne, même si l'on pourrait le qualifier de tassé. Il a la nuque épaisse et la main ample et ferme, caleuse. Bastogne est un vieux renard qui a son utilité dans les rouages complexes de la cour Brissel.

En l'occurrence, il traversait la grande rue au sol de terre battue, piétinée et maculée d'immondices. La boue est maîtresse rue de la Mortellerie, hiver comme été. L'air particulièrement renfrogné, il avançait, tripotant nerveusement une aumônière de laine usée, glissée dans son doublet, tout contre lui. Elle avait au touché, une contenance désespérément molle. Bastogne venait de perdre ses derniers deniers dans la cave "aux trois freux", une taverne de la rue de la Mortellerie ou le patron organisait divers combats et paris. Mais qui aurait pu deviner que ce foutu ratier allait perdre contre un coq amputé d'une aile ? C'était jouer de malchance... Ou bien le ratier avait été empoisonné avant le combat, rien de moins improbable aux "trois freux"... Perdu dans sa rage, le ventre noué par la sensation d'avoir été floué, il aperçu a quelques pas devant lui une silhouette.

Mué par l'instinct plus que par la raison ou un simple calcul, Bastogne pressa le pas, trainant sa patte raide le long de le route. Un coup d'épaule. simple et d'une facilité déconcertante.


- Oh, pardon.

L'affreuse trogne de Bastogne se tordit en un sourire, tel un linge chiffonné. Sa main râblée saisit le bras qu'elle croise, fermement. facile, tellement facile. Bastogne sentirait presque la douceur de la peau sous les vêtements, tellement fin ce bras... Il approcha son visage, tout près, soufflant avec une voix rauque et son haleine musquée et avinée.


-Alors ptit bout, t'cherche la gambade ?

Sans plus de préliminaires, la poigne se fait plus forte et voilà que Bastogne pousse la jolie rousse dans la ruelle adjacente, sombre et nauséabonde. La seconde main se fait entreprenante, cherchant bourse et aumônières, souvent dissimulées aux yeux et aux mains des autres.

-T'dois bien cacher quelqu'rondelles toi... t'sens l'bon, t'sens l'sous... Et pas qu'ça d'ailleurs...


Il renifle sa chevelure, lançant au passage un rire gras et rude tout en continuant de chercher de sa main libre, poussant tissus et manteaux... Non sans en profiter allègrement. Bastogne tiens de quoi renflouer sa mise de la soirée et se dit alors que finalement, la cour recèle toujours de bonnes surprises à qui sait saisir l'occasion...
Rosalinde


Pt1 trop le seum d'être bonne azy ça attire tous les boloss du tier-qar ! lol mdr jtm ma connasse on sera bestah 4 ever !

Sur ces bonnes paroles, revenons-en à quelque chose de plus civilisé.

Évidemment, elle n'aurait pas pu foncer dans quelqu'un d'un minimum poli et aimable, voire même désagréable en fait, elle l'aurait sans doute insulté mentalement mais aurait continué à tracer sa route sans se poser trop de question. Non, évidemment, de tous les clodos et autres rebuts de la société de Paris, il fallait toujours qu'elle tombe sur les pires. Quelques semaines plus tôt, ça avait été la lépreuse, à présent... Le gros lourdingue, qui s'accroche à son bras comme la misère sur le monde, en lui soufflant son haleine fétide à la tronche. Si elle avait pu, elle lui aurait bien vomi dessus, et à vrai dire, elle était à deux doigts de lui expliquer que, comme bout, elle n'était pas présentement du genre "petit", et qu'elle ne cherchait rien du tout mis à part qu'on lui foute la paix, mais finalement, elle n'en eut guère le temps.

Entraînée dans la ruelle, elle fit ce qu'elle pouvait pour se débattre, tout en brûlant de lui lancer un "Mais bordel de nouille, je suis enceinte, foutrecul, un peu de respect là ! Pense à ta mère !", mais à vrai dire elle était un peu trop occupée à envisager un moyen X ou Y de se débarrasser du gêneur qui lui, justement, ne se gênait pas pour se permettre une fouille au corps dans les règles de l'art. C'était pas le tout de sentir la rose, mais comment dire, elle se sentait un tantinet mal à l'aise, avec l'impression grandissante qu'elle ne s'en tirerait pas à si bon compte. D'autant que ses deux moyens de parade habituels étaient hors de portée. Impossible de tirer le stylet qui était dans sa manche, puisqu'il lui tenait le bras, et impossible également de s'échapper après un coup de genoux dans les noix, étant donné que vu la circonférence de son bide, elle allait avoir du mal à les atteindre.

Alors, capituler ?


- OH ! C'est bon, lâche-moi, je vais te le filer ton pognon !

Elle aurait du. Sauf que d'oseille, elle n'avait plus, ayant vidé sa bourse à midi après avoir bavé pendant un quart d'heure devant la vitrine d'un pâtissier. A la place, elle décida de tenter l'attaque de la langue fourchue du serpent (genre, je suis une experte en arts martiaux), plus fourbe tu meurs (surtout si on te poignarde dans le dos). Cette technique d'ailleurs s'avère relativement simple. L'index dans l’œil gauche, le majeur dans l’œil droit, avec la rapidité du guépard et l'agilité du petit singe. Et puis courir. Ce qui fut fait, du moins, pour la première partie.
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Bastogne
Il y a des jours, comme ça...



On pourrait imaginer des tas de façon de réagir pour un vieux renard tassé et carré comme Bastogne. Il pourrait, du haut de sa fière carrure et de sa trogne chiffonnée, plisser furtivement l’œil et toiser la demoiselle, un sourire s'étirant sur le coin de ses lèvres, découvrant une dentition sale et gâtée, et s'exclamer : "ah ! S'tout s'que tu peux faire gamine ? On m'versait du sable dans les yeux pour m'punir qu't'était même pas sortie d'tes langes ! AH AH AH AH !". Mais autre que cette version cauchemardesque, il aurait pu, yeux fermés, s'exclamer rapidement en un juron, avant de repartir à l'assaut, à l'aveugle, comme tout vieil animal habitué à vivre la nuit... En l’occurrence, la réaction de Bastogne fût bien plus directe, et bien plus bruyante.


RAAAAAH ! P'TAIN ! Cuiss'd'mûlatre d'cul plein d'merd' ! RAAAH !

Se tenant les yeux en piétinant sur place, Bastogne n'en menait pas large. Ah, quelle bien mauvaise soirée. Plumé jusqu'au dernier denier, humilié par une, fourbe il faut l'avouer, donzelle... Non, la dignité et la virilité de ce vieux renard de basse-cour gisaient dans la fange parisienne.

Reprenant son souffle -et sa contenance- Bastogne se retourne, l’œil mouillé et rouge, mais prêt. Et voilà que la donzelle se carapate ! Ni une ni deux, le vieux briscard se met en chasse. La rouquine à l'air grosse jusqu'aux yeux, pas de doute que ses jambes musclées auront vite fait de la rattraper. Et courant derrière elle, Bastogne gagne du terrain. Il ne fallut que quelques foulées de plus pour qu'il saisisse un pan de vêtement, tire et la fasse tomber au sol. Exultant, il sort une longue dague et lui colle sur la gorge. Penché au dessus d'elle, soufflant son haleine haletante et fétide, la toisant de son oeil boursoufflé et comiquement larmoyant, Bastogne est redevenu maître. la chance lui sourit enfin ce soir !


Alors ptit choux. J'crois qu'tu d'vais m'donner quec'chose nan ?
Bossuet
    "Les voleurs de basse cour le savent et le disent, quand on réussi un coup mirifique avec un second, on ne joui pleinement du fruit de la rapine qu’après avoir éliminé ce second."


Le Poète en était là, a jouer aux dés avec un ressortissant espagnol moustachu et plutôt aviné, et qui plus est peu chanceux, quand il entendit le fracas et les jurons. D'ailleurs ce genre de juron, tout à fait prodigieux de créativité et de poésie était caractéristique de ce bon Bastogne, connu dans la rue de la Mortellerie pour son ancien métier de souteneur, dans lequel il y avait gagner son surnom. Non point pour la ville du même nom, mais pour pour sa manière plutôt physique de gérer l'importun. De toutes manières même sans reconnaitre, une rapine en cours peut être une source de revenu comme une autre, si on arrive dans l'intervalle à se rendre nécessaire. L'Archipoète, par l'odeur d'un larcin alléché s'en fit donc un devoir d'aller porter main forte à ce brave Bastogne.

Au détour du porche il sont là, au sol comme deux amants, le cul dans la fange, et une dague tirée entre eux, symbole clair : plus question de voler, le Bastogne veux tuer.


- Une femme enceinte jusqu'aux dents du fond... Mon vieux Bast', Tu n'a vraiment aucune vergogne. Tsss... que dirait ta pauvre mère, siffle le poète entre ses dents, plus pour lui même, alors qu'il comprend qu'aucune aide ne sera requise. Tant pis ! se dit il, Ce moustachu d'espagnole avait encore de quoi parier sur le six d'un dés.

Au moment de partir cependant, un brin de chevelure cuivrée lui saute à l'oeil comme un rayon de levant à l'aube. Une rousseur telle que l'on ne l'oubli pas, et cela encore sans parler d'un Bossuet qui ne cache pas son attrait pour les rougeoiements de toutes les renardes, roussettes ou autre flamboyante. Mais celle ci, enceinte jusqu'au gosier, rousse comme celle qui lui aura bien arraché un sonnet, rappel l'Anjou à n'en point douter.

Se saisissant de sa lame, il s'avance vers la mêlé inégale et, arrivé derrière la nuque épaisse du soudard, lui assène du pommeau un coup sec, appuyé, certainement très douloureux, et en général étourdissant. C'est le cas au moins un instant, que le poète met à profit en le tirant vigoureusement en arrière, le plaquant sur le dos. Un autre coup, de quillon cette fois, en pleine machoire, pour parfaire, l'ouvrage. Il lève sont arme une fois encore, s'avisant de l'état de son "confrère de larcin".

C'est que le Bastogne est un solide gaillard.

Un autre coup donc, du pommeau encore, faisant éclater la lèvre en une crevasse rouge vif. Un autre, ouvrant à l'arcade une entaille d'où s'échappe instantanément un flot de sang. Un coup encore, alors que le Poète, sourire dément de dents noircies à la suie, plaque le Bastogne d'un genou sur le torse, et une main à la gorge. Puis un autre, et encore un autre, puis un dernier agrémenté d'un délicat craquement, Bruit singulier d'un os nasale rompu.

Essoufflé, et le sourire taché de sang, le poète contemple le visage ainsi besogné avec soin.
" Et dire que tu étais déjà moche avant..., souffle t il en voyant la chair se gonfler déjà par endroit, et les entailles suinter de vermeille... Là, c'est certain, le prix d'une catin même aux abois vient de monter pour toi, mon ami."

Le poète se relève et se penche sur Rosalinde en lui tendant une main secourable.

"Jolie renarde, perdue en terres vilaines,
en chemin, croise le loup et croise l'autre.
Le premier grogne et croque comme un vautre,
Heureusement l'autre est plus amène.

Debout, cette fange ne mérite pas ton cul, et j'ai bien un endroit où te refaire une santé."

Sur un sourire il l'invite à se relever. Et derrière ce sourire s'agite quelques pensés. Un butin pareil, vaut plus qu'un viol, une robe sale et trois piécettes. Encore faut il le voir et le tenter.
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Rosalinde
C'était donc dans la fuite que résiderait sa perte. Elle avait beau aller le plus vite qu'elle pouvait, son énorme ventre la gênait indiciblement. En quelques foulées, Bastogne l'avait rattrapée, et dès qu'il eut attrapé son mantel elle chut, plus par déséquilibre que par la réelle traction que le margoulin aurait exercé. C'est bien connu, les femmes enceintes se cassent tout le temps la gueule, la faute au centre de gravité modifié. Encore aurait il cependant fallu savoir ce qu'était la gravité. En tous les cas, l'imprévisibilité de la chute ne lui laissa guère le loisir de préparer une quelconque parade, de ses genoux ou de ses mains, et c'est sur la partie la plus saillante de son anatomie qu'elle atterrit, à savoir son ventre. Culbuto, et la rousse roule sur le côté, et, le temps que le malandrin lui tombe dessus à couteau tiré, se retrouve sur le dos, dans un réflexe simple : mettre le plus de distance possible entre son ventre et le sol.

Le couteau pressé contre sa gorge lui glace le sang et lui donne quelques sueurs froides. Il n'allait pas la tuer tout de même ! Pas possible, allô allô ! Je suis enceinte ! Que tu me tues, okay, mais ne tue pas mon bébé, il ne t'a rien fait ! C'est du moins plus ou moins ce qu'elle commence à lui demander, d'ailleurs.


- Tout ce que tu veux, mais laisse...

La phrase s'interrompt alors qu'une autre voix s'élève. A laquelle elle plussoierait bien, si son cerveau ne lui intimait pas l'ordre de la boucler, histoire de ne pas aggraver son cas. A la place, elle ne put que déglutir difficilement, prier Dieu, tous les prophètes et saints - bien que ne croyant guère aux interventions divines - quand le miracle se produisit, et qu'elle fut libérée de l'emprise du tire-laine, au prix d'une estafilade sans gravité sur l'immaculé de son cou. Et Rose de découvrir l'identité de son bienfaiteur, qui n'était autre que l'Archipoète.

La main tendue est agrippée, après que ce dernier ait achevé de refaire le portrait du malandrin. Se relever n'est pas chose aisée, mais la peur lui donnant des ailes, elle fut debout plus rapidement qu'à son tour, aux abois, un air de biche traquée peint sur son visage, l'émotion n'était pas encore redescendue. Son coeur battait à tout rompre, et le sang cognant si fort dans ses veines l'empêcha même de comprendre les vers du rimeur. Pécher par excès de confiance, voilà qui ne lui était encore jamais arrivé, et pourtant, elle se raccrocha au bras de Bossuet comme un survivant d'un naufrage à son radeau.


- Oui, allons, allons.

L'empressement à quitter cet endroit prend le pas sur toute autre forme de raison, et avec une foi aveugle elle le suit, l'esprit entièrement focalisé sur l'état de santé de son bébé. Il ne bougeait plus, et elle en concevait une angoisse qui la consumait de l'intérieur.
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Bossuet
La balade est de courte durée, de ruelle torses en ruelle plus torses encore, mal pavées et décrépies. De temps à autre les visages sales de quelques mendiants, faux estropiés, ou vrais édentés plus sale que la crasse elle même, se lèvent vers le couple étrange de cette jolie rousse enceinte jusqu'à l'ongle, et du poète qu'ici tous connaissent sans le dire par autre chose qu'un discret signe de tête, ou un demi sourire tordu. Cette marmaille d'infamie, en bon résidu de canaille sans vergogne regarde tous passer la jolie, comme les prédateurs qu'ils sont, certains se découvrant, saluant avec autant de ronds de jambes que d'ironie puante. D'autre lui adresse de faux compliments que seuls ceux qui savent ce qu'une "marquise" ou "n'avoir plus ses bringues dans les plumes de Beauce depuis au moins huit pleines" désignent dans l'argot des voleurs, pourrait comprendre.
Certaine touchent, ou au moins approchent leurs visages mauvais, couverts de vrais ou fausses pustules, ou croutes de lèpres de la même sincérité, avec de tels excès de courtoisies qu'ils en deviennent inquiétants. L'un se précipite pour recouvrir de sa propres esclavine une flaque boueuse, se pliant en deux jusqu'à terre devant la rousse, un autre, vieille femme aux yeux cernés et au sourire à effrayer le barbier, lui offre une fleur de liseron, encore presque fraiche, si blanche qu'elle en parait déplacé dans ce Paris vilain. Et le tout baigné de petite rire étouffés ou retenus.

Et cela jusqu'à la gentilhommière, branlante, bancale, aux multiples visages et parements comme résultante de la folie d'un architecte, ou de plusieurs qui n'auraient su s'entendre.

On peut y entrer de bien des façons, outre la grande porte, que seules connaissent les habitants du lieu, par des portes d'autre maison, par des soupiraux au ras du sol, ou autre trappes de cave. Là, on y entre par la devanture d'un boucher, dont l'étal peu amène où vrombissent les mouches dans une odeur de viande morte est refuge de Millards, basse couche chez les voleurs puisqu'ils ne volent que les provisions, en bon pourvoyeurs de cette petite société. Le poète guide la Rosalinde à travers l'établissement, ou sont occupé à compter des pièces et vider des sacs de pains volés, poules volées, ou jambons volés, jusqu'à une porte basse, lugubre.

Un escalier, branlant et torse, suivit d'un couloir sombre, sans fenêtre, incliné de quelques degrés sur bâbord, comme affaissé par le temps et les vers à bois. D'autre portes défilent, puis à la dernière, le poète s’arrête et en pousse le battant, engageant à sa prise consentante d'y entrer par une vaste révérence.


"Très chère voici mon palais, mon hôtel à Paris la belle, ou Paris la "vérolée qui s'ignore", comme tu préfère."

La pièce est plutôt grande, et, curieusement, d'apparence assez propre. Délabrée, ce n'est rien de le dire, mais le sol quant à lui est recouvert d’innombrables tapis, tantôt râpés, tantôt presque neuf, empilés les uns sur les autres sur tout le sol, formant une couche plutôt moelleuse de trois pouces d'épaisseur. Quelques meubles dépareillés sont disposés, selon toute vraisemblance, dans l'anarchie la plus totale, et sur eux, et sur les murs, accrochés parfois à l'envers, des tableaux, sur bois ou toiles tendues, avec ou sans cadres, de toutes factures, et parfois retouché par dessus le dernier verni. Des pigments ont laissés leur traces un peu partout, et des pinceaux et plumes sales parsèment la pièce, comme des mauvaises herbes. Ailleurs, des vélins recouverts parfois à plusieurs reprises de ce qui semble être des poèmes scabreux sont répandus comme les feuilles mortes d'un arbres imaginaire, recouvrant des bouteilles et boutanches vides, et autre trophées étranges, vaisselles de cuivres et d'étain ornées, argenterie divers et bibelot de mauvais gout. Au centre de la pièce, trône un lit à baldaquin branlant dont les rideaux d'un autre age semblent être de plâtre peint, tant il sont rigidifié par la poussière et le temps. Détail notable, le lit n'est pas fait.


"Met toi à ton aise renarde erreintée,
Et trouve nous une bouteille,
J'ai à écrire un menu pamphlet,
Et pour plaider je connais une oreille."


Une Oreille d'irlandais pour le coup, qui versera pour sa mie un bon lot d’orfèvrerie, du moins c'est le plan. Le poète prend sur une table une plume et un vélin, et s'en retire de la pièce à reculons, un grand sourire au lèvre. La porte se ferme et dans l'instant retentit le cliquètement si particulier d'une serrure qu'on verrouille... de l'extérieur.

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Rosalinde
Au bras du Poète, Rose se laissait guider dans un Paris qu'elle ne connaissait pas. Le Paris des voleurs et des mendiants charlatans, des vieilles marchandes de camelote et des bohémiens. Une autre cour des miracles en somme, à côté de cela la rue des Deux Écus semblait un paradis de sécurité et de tranquillité. La tête baissée, observant le sol inégal de la chaussée plutôt qu'affrontant tous ces regards braqués sur elle, la rousse suivait aveuglément son guide, ignorant sifflets, railleries et autres joyeusetés. Seuls le vêtement jetés en travers de la flaque de boue et la fleur, offerte par cette vieille au sourire effrayant, parviennent à lui tirer un "merci".

Puis la boucherie, dont l'odeur nauséabonde lui donne des envies de restituer au vent le contenu de son estomac. Heureusement vite oubliée, le parfum rance se dissipe au fur et à mesure qu'il l'entraîne dans les couloirs de cette demeure biscornue, jusqu'à une chambre où il l'abandonne. L'espace d'un instant, dit elle. Le verrou grinçant ne la contrarie pas plus que cela, elle qui se trouve entièrement accaparée par la vie qu'elle porte. Son premier geste est d'aller s'asseoir sur ce grand lit qui se présente devant elle. Chercher une bouteille... Elle verra plus tard. Et la belle de jour qu'elle tient toujours serrée dans sa main est reposée, délicatement, sur le matelas.

Anxieuses, deux mains viennent se poser sur le ventre tendu à l'extrême. Et dans la tête de Rose démarre une litanie, morbide écho du tragique destin de la petite Sibylle von Frayner. Bouge. Bouge. Bouge. Bouge. Il ne bouge pas. Il a peur. Il a peur parce qu'elle a peur. Mais comment se calmer alors qu'une aussi grande incertitude pèse ? Inspiration profonde. Ah, si elle avait su, jamais elle n'aurait râlé en taverne pour qu'il cesse de remuer à toute heure du jour et de la nuit ! Mais non, il ne pouvait pas... Pas comme ça. Il était son enfant, après tout, et elle n'était-elle pas la reine de la ténacité ? D'un autre côté... Il y avait son père qui abandonnait à la moindre contrariété (enfin, selon Rose). Il n'y avait plus qu'à espérer qu'il ait hérité de sa génitrice plutôt que de son géniteur.

Par bonheur, le vœu de Rose fut exaucé. Après une heure d'angoisse, ce fut un frémissement, suivi d'un bon coup de poing. Si un jour elle avait pu croire qu'elle serait aussi heureuse de prendre une beigne ! Si heureuse que le plus sûr moyen d'évacuer toute sa nervosité fut de fondre en larmes. Bah, qu'importe ? De toute manière elle ne comptait plus les crises de sanglots, elle qui n'avait pas versé une larme entre ses seize et ses vingt-et-un ans. Comme quoi les hormones ça vous chamboule le plus sale des caractères.

Une fois que le flot se fut tari, elle commença à se dire qu'il serait peut-être bon de rentrer "à la maison", chez Edmond. Qu'importe les yeux rouges et gonflés qui ne seraient sans doute pas très présentables, elle alla frapper quelques coups à la porte, en appelant gentiment.


- L'Archi ? Vous êtes là ? Il faudrait que je rentre maintenant, il va faire nuit, et mon cousin va s'inquiéter s'il ne me voit pas rentrer...
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Bossuet
L'archi- poète en question n'était pas si loin de corps, mais tellement loin d'esprit, alors qu'il besognait un vélin du bout d'une plume. Choisir les bonnes tournures pour une lettre versant dans l’extorsion c'est un genre littéraire à part entière. La menace à peine voilée devrait d'ailleurs être inscrite comme Art second du Trivium des Art libéraux, dans ce Royaume de France si mesquin. Les universités devraient l'enseigner au titre de licence, quoiqu'un cours de "Mécanismes de collecte de l'impôt" y ressemble déjà. Mâchouillant pensivement le bout de la plume, les mots sortent au compte goutte.

    "Au très apprécié Finn des pommes, du pommier ou de la cidrerie, ou quelque chose du genre.

    Il se trouve que je joui à ce divin instant de la présence de votre femme, dont je ne rappellerai pas le nom, n'est elle pas aussi voluptueuse qu'inoubliable ? Aussi, cependant bien malgré moi, je possède par la même ce qu'elle contient, a savoir une engeance quelconque, que j'espère sincèrement voir faire son premier pas dans la vie avec le bonheur d'avoir une mère, et ses deux pouces. Non pas qu'il serait né sans pouces cependant, pas plus que votre épouse ne soit née sans nez ni oreilles, ou avec quelque vilaine lame en travers de l'arrière gorge.

    Votre bienheureuse femme occupe par chez moi un certain poids sur les tapis, qu'il me plairait de combler à son départ par un volume égal de richesse de tout genre. Je ne sais si vous possédez assez pour compenser la perte que causerait votre femme de ma demeure, mais je gage que vous trouveriez de quoi satisfaire Crassus lui même pour revoir votre aimé, intacte quand à son charmant corps et toujours remplie de ce qu'elle abrite en son sein.

    Hâtez vous à Paris. A la rue du temple attendez devant l'auberge à l'enseigne des trois godets, bien pourvu en rondelles dorées, et je gage que vous ferez le chemin de retour en compagnie de votre épouse.

    Avec toute ma considération,..."


Le poète lève sa plume, réfléchissant à une signature de bon aloi, puis finalement signe d'un geste gracieux.

    "J."


Il secoue alors le parchemin pour en faire sécher l'encre, puis le roule soigneusement et cachète d'un sceau vide. Il attache avec délicatesse le tout à la patte d'un pigeon à l'air le plus vigoureux de la volière : Il ne faudrait pas qu'un piètre animal vienne fiche une si belle manigance à terre en se faisant arracher à ce monde par quelque épervier affamé. Alors que le pigeon prend son essor et disparait rapidement entre les toits de Brissel, le poète se fend d'un sourire en retournant à sa piaule, une bouteille de grès encore scellé de cire à la main. Il déverrouille et entre, bouteille en avant.

"Belle renarde, flammèche d'entre les roussette... Je nous ai amené de quoi fêter nos retrouvailles
, lance t il avec un sourire de dents noircies de suie. Après avoir verrouillée discrètement la porte derrière lui, il débouche la bouteille, et en sert deux gobelet d'étain, dont un cabossé qu'il se garde pour lui même en un étrange geste de courtoisie.

-Buvons à ce que le futur soit prospère, et racontez moi donc vos aventures depuis l'Anjou..."

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Rosalinde
Grincement d'une chaise sur le parquet, puis bruits de pas dans le couloir, et enfin la clé qui tourne dans la serrure. Elle recule de deux pas, histoire de ne pas se prendre le battant dans la tronche, et fait par mégarde choir un encrier posé sur une table, heureusement, son encre avait séché. Cependant, au lieu de s'extraire de la pièce, c'est le Poète qui y entra, et elle nota bien qu'il refermait la porte derrière lui, maintenant que la panique s'était dissipée. Curieuses façons, mais enfin... Non, elle chassa ces vilaines idées qui émergeaient dans sa tête. Voyons, il avait toujours été un modèle de courtoisie et de gentillesse à l'égard de la "Renarde", comme il l'appelait... Pourquoi y aurait-il une raison que cela change ?

Néanmoins, il fallait croire que son instinct l'aiguillonnait un peu, car elle hésita un instant à refuser le verre de vin qu'il lui offrait. Mais finalement, elle l'accepta avec un sourire, de peur de passer pour une impolie de première classe envers celui qui venait de la sortir d'un sacré mauvais pas.


- Merci...

Une gorgée plus tard, elle entama le récit réclamé, en entant d'être la plus synthétique possible. Après tout, zut de zut, il allait faire noir dans très peu de temps, et Edmond allait se ronger les sangs en ne la voyant pas revenir.

- Et bien, nous sommes rentrés à la fin de la convalescence de Saanne. Un ami de Finn, je ne sais pas si vous le connaissez. L'ennui, c'est que ces crétins de Champenois nous ont pris pour des ennemis, et nous nous sommes pris une armée en pleine tronche à Tonnerre... Enfin, tout le monde est plus ou moins guéri, à part Isaure qui est toujours enfermée dans son couvent. Et me voilà, entre Dijon et Paris, prête à exploser !

Un rire, qui se voudrait léger, plutôt tinté de nervosité. Des jours et des jours qu'elle se languit de voir son enfant, et surtout, surtout !, d'être délestée de cet énorme ventre qui la pèse et la gêne dans chacun de ses mouvements. Et qui par dessus le marché l'empêche de dormir plus de quelques heures d'affilée, merci les maux de dos.

Ceci dit, elle se dépêcha de terminer son verre. Hors de question de poser.


- Je suis désolée, l'Archi, mais... Il va vraiment falloir que j'y aille. Pourrai-je... Abuser en vous demandant de me raccompagner ? Je loge rue des Deux Écus, ce n'est pas très loin mais... Je ne suis pas rassurée.

Et vas-y que je fais ma petite tête mignonne pour te convaincre.
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Finn
Au plus clair du soir, à l'heure où les brèves s'accumulent comme autant de volatiles piailleurs dans la volière, l'Irlandais n'entend pas l'un des grouillots affiliés à son service lui porter à bout de bras une nouvelle plâtrée de missives en souffrance. Une fois le rabat de la tente du logisticien franchi et son jeune bourreau éclipsé, le lot est épluché avec un soin tout relatif. Lui, pour qui d'ordinaire la vie de campagne se résume à tomber d'ivresse avant le chant du coq entre deux épées tirées, voit ses journées défiler au rythme des pas cadencés de nouvelles arrivées qu'il se doit d'organiser en cohortes solidaires. L'organisation militaire n'en a de rangée que le nom. Bien fol qui s'y fie.

Dans un rituel mécanique, les vélins noircis de consignes et d'informations en tout genre s'amassent ou trépassent. A l'apparition d'un pli au cachet étranger, l'arcade se fronce. Celui-ci échappe aux us de la prose martiale et c'est bien ce qui entraîne deux prunelles charbonneuses baignées de perplexité dans son déchiffrage. Lesquelles clignent alors que le palpitant fait des ratés. Une relecture attise l'ardeur du sentiment premier afin de le mouler en un juron rageur.

Prêtes à héler le premier quidam séjournant devant son office de fortune, les lèvres se referment, pincées. T'es tout seul l'Irlandais, dans cette affaire. Si tant est qu'affaire il y ait. Indécis, le vieux briscard navigue entre la volonté de mobiliser toutes ses ressources dans la quête qui lui est proposée et celle de stipuler la fin de non-recevoir. C'est finalement la fuite qui prend le pas tandis qu'il repousse sa décision et s'échappe vaquer à ses devoirs comme si la soirée s'était déroulée sans heurt. Trop de schémas se bousculent dans sa tête, trop de coïncidences aussi. Et Dieu sait qu'il n'a pas la foi des hasards heureux.

Plus tard, relisant la dernière missive connue de l'épouse sous la voûte ayant précisément abrité quelques mois plus tôt leur pieuse union, le doute s'insinue. Serait-elle capable d'une telle infamie ? Le drame est là, lui-même n'en a pas la moindre idée. Après tout, il ne l'a jamais réellement comprise, celle-là. Encore moins que les autres. Alors qu'elle puisse aller jusqu'à simuler son propre enlèvement n'est pas plus fou à ses yeux que leur seule alliance. Car la méfiance est là, tapie sous l'indifférence qu'il lui porte depuis leur sortie d'Anjou. Un mariage foireux et bel et bien foiré qui n'en finit toujours pas de faire causer lorsqu'il ne cherche pas à lui prendre le sou.

L'hypothèse est pourtant abandonnée face au péril grandissant que constitue son hésitation à agir. Il faut se rendre à l'évidence, elle a disparu de sa vie et le Gaélique serait bien en peine de vérifier qu'elle soit véritablement retenue contre son gré. Rompre son silence pour lui envoyer quelques mots ? Mais où ? L'ironie de la chose fend la trogne asymétrique de l'époux d'un amer sourire.

De retour face à son écritoire, une page blanche lui fait de l'œil. Mais la plume tarde, gagne du temps.


Citation:
Crapaud,

Tu sais pas encore où t'as foutu la langue. Sa volupté n'a d'égal que le goût âcre de sa compagnie. Ses cendres auraient plus grande faveur de mon palais. Je ne te donne pas une semaine avant de ne plus pouvoir souffrir sa présence.

Aurait-elle perdu la raison pour oser imaginer que je puisse encore avoir la tendresse de lui porter secours ou es-tu tout simplement le bonimenteur que je crois ? De femme je n'ai plus. Si tu disais vrai, tu le saurais. Elle est intarissable sur le sujet.

Auquel cas, à moins de réussir à me prouver ce que ton encre me bave aux yeux, je me vois contraint de décliner l'invitation.

F.


En mal d'adresse, réponse est jointe à un jeune soldat du Lys de coutume discrète sur sa besogne et dépêché au point de rendez-vous depuis la Champagne pour la porter.
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