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Quand les piques se déchainent dans la ville...

[RP] Des troubles à La Rochelle

Theo_l_arsouille
    Le pas titubant, une véritable haleine de chacal à en réveiller les morts, Théo’ lui revenait tout juste du Port de La Rochelle.
    Un pas titubant certes mais cette fois-ci, non pas à cause des effets de la boisson… Le bateau sur lequel il se trouvait avec ses compagnons de voyage avait été attaqué tôt le matin.
    Décidé donc à se venger comme il le pouvait, il s’était rendu en ville, un linge sur la tête où il avait percé deux trous grossiers pour y voir quelque chose.

    Une entrée dans une taverne aux abords de la ville dans le but d’y soutirer une bouteille de vin à son propriétaire et le voici qu’il prit la direction des remparts, n’hésitant pas à effrayer ces sales mioches de culs propres sur son chemin.
    Les coups derrière les têtes pleuvent comme jamais, ainsi que les croches pieds et c’est dans un rire sans fin qu’il se délecta du fait de voir ces gosses tomber à même le sol avant qu’il ne disparaisse à nouveau dans une autre ruelle.

    Les remparts enfin… Position stratégique certes mais de toute leur hauteur, comment atteindre un rat puant qui s’échappe par les trous formés par le temps.
    Adossé donc à une bâtisse, le masque se souleva jusqu’au dessous de son nez alors qu’il porta le goulot de la bouteille à ses lèvres pour descendre en quelques grosses gorgées seulement la dite boisson jusqu’au plus profond de ses entrailles.
    Sourire satisfait, il ne prit même pas la peine de s’essuyer les lèvres et déjà, le masque de tissu fut rabattu sur l’intégralité de son visage alors qu’il se décolla du mur pour faire face aux murailles d’où il pouvait voir certains gardes qui surveillaient l’extérieur de la ville.

    Bouteille vide qui se soulève, geste du bras, le trajet de la bouteille était tout calculé alors que celle-ci vint justement s’exploser contre la muraille du coté intérieur de la ville.
    Effet de surprise ou non, il l’espérait néanmoins alors que le jeunot écarta enfin les bras pour s’adresser à la garde de La Rochelle.

    - « VOUS DEVRIEZ SURVEILLER VOS FEMMES, J’ME FERAI UNE JOIE D’MOCCUPER D’LEURS MICHES ! »

    Nouveau rire sans fin alors que Théo’ ne perdit pas un instant de plus pour quitter les lieux et s’éclipser aussi vite qu’il le pouvait. Le masque de tissu lui se retrouva au fond d’un tonnelet alors qu’il prit la sage décision de rejoindre une toute autre taverne, dans le seul but de se mêler à la foule…

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Bossuet
Un masque tendu sur le visage, juste un foulard percé qui suffit bien à l'office, le merle parcours les ruelles de la Rochelle comme un chien en maraude. Sur ses traits masqués ne se lisent qu'une détermination impavide, froide comme la pierre d'un autel érigé à ce que d'autre appelleront justice et que lui nomme fiel et jappements de roquet.

"Un ventre et un bas ventre sont-ce cette bande de cul léchés..." songe t il en clouant méticuleusement un canard crevé, bec entrouvert et pattes molles pendant sous lui, au bois d'une charpente de la halle. Quoique l'animal se raidisse par endroit, il est plutôt frais, bon à manger s'il n'était pas gavé de de baie de morelle noire, crève-chien bien nommée. Sait on jamais dirait on.

Il plonge la main dans sa besace de vieux lin râpé arborant l'enseigne des pèlerins de Saint-Jacques, et en sort un vélin taché, chiffonné comme un torchon de vaisselle où s'étale d'une belle écriture ces quelques vers :






Toi, procureur qui ne procure rien,
Sauf à toi même, en seule haine j'entends,
Chancre mou et belle des ruffians,
Sangsue vorace, de mal plus que de bien.

La plume que grossièrement tu tiens,
Crache l'ordure en ses pâtés brouillons,
Tu es bien mise en prose d'enfançon,
Qui mal tournée lèche le cul des chiens.

Tas d'immondices où s'étale ton pus,
Parleuse de pieds, limace belliqueuse,
Péteuse de fiel, petit roquet obtus,

Grande scélérate, des muses le rebut,
Tu fais passer ton ire en paroles creuses,
Crève ainsi, le con rougie et de sang repus.

Un admirateur.


Le poète accroche sa diatribe au dessus du canard mort. Tantôt un chien ou un rat y goutera, et les corps d'animaux seront un autel à l'aune de ses quelques vers. Et il repart, d'autre canards sous le bras, d'autres vélin, accrochant ça et là ses poèmes sur les portes, les poutres et colombages, jusqu'à devant la mairie, la sénéchaussée, sur le parvis de l'église, et même, de nuit jusqu'à l'en face d'une caserne du guet.

La première aura été pour la procure, il restera bien assez de mots pour les autres.

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Alida.
A la nuit tombée.

Un lourd capuchon tombant sur les yeux ainsi qu'un foulard recouvrant la peau délicate du nez au cou, la flamande longe les murs des bâtisses, à la recherche de quelques idées de vengeance. Mais rien. Décidément il n'y a rien à faire à La Rochelle, pas même un larcin. Alors, en attendant de trouver LE signe de protestation idéal, elle passe sa colère comme elle le peut. Ici quelques volées d'injures s'échappent à l'encontre de certains passants triés à leur accoutrement un peu trop riche. Là un coup de pied rageur est lancé dans un tas de tonneaux et de bouteilles vides près d'une taverne qui rapidement se dispersent dans la rue non sans un agréable bruit de verre cassé.

L’ennui et la colère. Subtile alchimie qu’il faut éviter de provoquer chez certains individus.

Au fil des ruelles parcourues, le regard se pose avec délice sur un enclos de volailles. L’occasion est trop belle. Avec un léger rictus, la belle s’empresse de leur rendre leur liberté provoquant un beau remue ménage, en quelque sorte, rien de mieux pour se mettre en appétit. Et maintenant, il est grand temps de passer au repas. Enserrant fermement par le cou un jeune coq, elle prend la direction de la mairie. Les plumes volent le long du chemin et c’est dotée d’un sourire triomphant que la flamande pose son séant sur le parvis de la mairie, son coq près d’elle, près à être sacrifié.


- Je suis désolée pauvre petite chose. Mais tu dois être fier de ce que tu vas devenir ! Je vais faire de toi un martyr dont toute la population des poulets se souviendra ad vitam aeternam. Non non, ne me remercie pas, je le fais simplement par amour. Amen.

Étrange spectacle que celui d’une jeune femme en pleine discussion avec un coq.

- Vraiment je suis navrée.

Le volatile dans une main, un petit couteau dérobé dans une taverne dans l’autre, elle s’apprête à tuer la bestiole. Vivement, l’arme est plantée dans le cou de la victime qui s’égosille un très bref instant. Le sang gicle aussitôt de la carotide, tache la cape, tombe à grosse goûtes sur le parvis.

- P’tain de poulet t’es trop con ! Je t’ai pas demandé de te vider de ton sang tout de suite moi !

Résignée, la flamande pose l’oiseau mort sur le sol et entreprend de lui ouvrir "proprement" l’estomac. Une véritable boucherie. Bien, maintenant, le dessert. Non sans une légère grimace, elle met sa main dans l’estomac du coq avant de la ressortir rouge et visqueuse. Elle s’applique pour tracer les mots sur le parvis : « MORT AUX CONS ! » avant de prendre la fuite.

Il est à noter que le poulet fait office de point d’exclamation car la tête a été préalablement tranchée. Quelques viscères serpentent le long des lettres. Une charmante peinture !

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Theo_l_arsouille
    [Dans une taverne de La Rochelle]


    - « Pour tout vous dire les amis,
    J’ai perdu mon œil c’était un Mardi !
    Œil pour jambe et jambe pour œil,
    J’en ai d’jà fait l’deuil.
    »

    Le jeunot désormais porté par les effets de la boisson se tenait debout, sur le comptoir d’une taverne mal fréquentée de La Rochelle. Bandeau factice en travers du visage et lui recouvrant un œil, un manche en bois aux extrémités brisées en main, le voici plongé dans une histoire sans fin.
    Enfin il reprit face à ces quelques clients qui semblaient ne pas apprécier la présence d’un tel maraud en cette délicieuse citée qu’était La Rochelle.

    - « Mais pour vous dire la vérité,
    Ici tous vous voici affectés,
    Mais par quoi mais par qui ?
    Tention z’allez être abasourdis !
    Vos supérieurs vous piquent vos sous,
    Ainsi que tous vos bijoux !
    PASSONS DONC LEURS LA CORDE AU COU !
    »

    Autre gorgée de vin chaud tel la pisse d’un miséreux des quartiers pauvres de Paris puis enfin, un rire sans fin alors qu’il frappa du pied dans une chopine sur le comptoir dont l’intégralité du contenu alla se renverser sur la tenancière des lieux.
    Théo’ lui prit vite goût à ce sentiment d’extrême rébellion qui naissait en lui et déjà, ses deux pieds se retrouvèrent à même le sol alors qu’il fixa un par un les différents clients autour de lui.
    Une gifle qui part suivit d’un autre rire puis de quelques paroles.

    - « Pourquoi tu m’regarde ?
    Vas donc alerter ta garde !
    Serviteur du Poitou,
    Sale chien ou matou,
    Baisses donc tes braies,
    Et prends garde au balai !
    »

    Autre gorgée de vin qu’il ne se contente pas d’avaler cette fois-ci mais qu’il se contente d’expulser droit au visage d’un autre homme ici présent avant que le jeunot ne quitte définitivement les lieux.
    Titubant à travers les rues de La Rochelle, apercevant déjà au loin l’élue de son cœur, celle qui pourrait faire chavirer tous les marins, la plus belles de toutes les résidentes de la mare…

    - « Hey ALI’ ! »

    Dit-il, bras ouverts tout en agitant au dessus de sa tête la bouteille de vin…

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Alida.
Les rues défilent en sens inverse. Le foulard est enlevé tout comme le capuchon. L'allure est celle d'une personne normalement constituée qui n'a jamais sacrifié de coq devant une mairie. Seul un sourire étrange peut laisser croire que la fille est quelque peu dérangée ou portée sur la boisson. Enfin, pour les plus observateurs, on peut remarquer des tâches sombres sur la cape qui peuvent avoir diverses provenances.

Elle s'apprête à trouver un coin où passer la nuit, lorsqu'on l’interpelle. Un frisson parcourt son dos un bref instant avant de reconnaître l'ivrogne. Et quel ivrogne ! Elle hésite à l'ignorer et à poursuivre son chemin, mais elle sent qu'elle a besoin de chaleur humaine pour la consoler d'avoir mis ses mains dans les entrailles de Monsieur coq.


- Théo !

Ni une ni deux, elle se laisse aller contre lui ne cherchant pas à connaître ses états d'âmes. Elle va même jusqu'à l'enserrer de ses bras et déposer la tête contre son torse.

- J'me sens sale.

Elle finit pourtant par se ressaisir. Elle s'éloigne légèrement du corps masculin pour le regarder dans son ensemble, avant que ses yeux ne tombent sur la bouteille.

- Tu viens, on va la boire celle-là ?

Pour peu, elle lui tendrait presque une main poisseuse.
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Theo_l_arsouille
    Alida, il s’agissait bien d’elle, sans doute la créature la plus délicieuse de toute la mare selon son propre avis. Délicieuse créature qu’il aura vu entrer à la Cour Brissel pour ensuite devenir à son tour… Libre !
    Celle-ci ne tarde d’ailleurs pas à s’approcher de lui à sa plus grande et heureuse surprise par ailleurs car habituellement, celle-ci avait d’avantage tendance à le repousser.
    Profitant bien entendu de la situation en posant sa main libre et crasseuse sur le derrière de son crane, c’est à peine s’il remarqua l’état de son interlocutrice.

    Sale elle se disait donc, l’Arsouille lui ne manqua pas de lui renifler les cheveux sans grande gêne, appréciant plus que tout ce délicieux mélange odorant.

    - « Sale oui mais vivante ! »

    Seul petit « hic » dans tout ceci, c’est qu’elle ne manqua pas de remarquer la bouteille qu’il tenait dans sa main et l’Arsouille n’était pas du genre prêteur avec la boisson.
    Et pourtant face à Alida, il ne pouvait pas refuser une telle demande.

    - « BOIS ! »

    Lui dit-il avec le sourire aux lèvres tout en passant son bras autour de sa tête, toujours sans gêne pour l’entrainer dans une ruelle avoisinante.
    La prise bien vite relâchée, l’Arsouille lui se retrouve bien vite fessiers contre quelques détritus à même le sol.

    - « On trinque, on échange nos braies et on va cramer une taverne… T’en dis quoi ?! »

    Car cette même haine n’avait de cesse de grandir encore et encore en lui et il ne manquera pas de le faire savoir…

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Alida.
Elle se laisse entraîner dans les rues sombres, apaisée par la présence de Théo. Elle n'essaie même pas de se dégager de son emprise pour une fois. Vu la quantité d'alcool qu'il semblait avoir ingurgité, il oublierait probablement tout le lendemain. Elle le laisse donc en proie à de faux espoirs, du moins le croit-elle.

Le bras derrière sa tête finit pourtant par être enlevé et lorsque la flamande voit sur quoi repose le fessiers de son compagnon, elle ne peut s'empêcher de grimacer, oubliant son propre état de saleté. Elle hésite un instant puis finit par s’asseoir aux côtés de l'Arsouille. Elle tend la main pour prendre la bouteille.


- J'échange pas mes braies avec toi. Déjà tu vas craquer les miennes et j'vais perdre les tiennes. Et j'ai pas envi d'me retrouver à poil devant toi.

Elle avale une gorgée, puis le regarde suspicieusement.

- Ah mais je vois clair dans ton jeu ! Tu veux justement que j'me retrouve à poil devant toi ! T'peux crever.

Elle souffle un instant à la figure de Théo, ricane avant de poser ses lèvres sur sa joue.

- Fais pas la tête. Si t'es sage et que tu te laves, p'tètre que je resterais avec toi cette nuit.

Elle guette la réaction de Théo, avant de poursuivre :

- On va la cramer cette taverne ?!
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Berthe.
A la claire fontaine...
La Rochelle à la tombée du jour

Chaque petite ville comporte son lot de puits, indispensables, à l'eau pure et douce (parfois), vitale pour les habitants du lieu. Chaque famille y effectue quotidiennement sa corvée d'eau, occasion pour les commères d'échanger les derniers potins en attendant patiemment son tour de puiser.

Bert', un seau dans chaque main, se rendit aux alentours des Halles. Un tour au cadastre ne l'avait guère renseignée sur l'emplacement des puits. Mais rappelons que l'histoire se situe au Poitou, terre de devins et de sorciers hautement qualifiés et clairvoyants. Inutile donc de préciser au péquenaud local où se situaient les précieuses fontaines.
Voilà donc pourquoi elle flânait de ce côté, son expérience lui avait appris qu'un puits ça se trouvait là où il y avait le plus de monde. Donc, Les Halles, à côté de la mairie.

Elle se dirigea vers la file de matrones en chantonnant doucement, le pas nonchalant, se souciant comme d'une guigne des regards et coins et murmures méfiants qui rythmaient la mesure de sa chansonnette. L'étranger, ça flanque toujours la frousse.


Quand je menai mes chevaux boire
Ilaire, ilaire, itou, ilaire
Ilaire, oh ma Nanette
Quand je menai mes chevaux boire
J'entendis le coucou chanter
J'entendis le coucou chanter

Il me disait dans son language
Ilaire, ilaire, itou, ilaire
Ilaire, oh ma Nanette
Ta bien aimée vont l'enterrer
J'entendis le coucou chanter
J'entendis le coucou chanter

Ah! que dis-tu, méchante bête
Ilaire, ilaire, itou, ilaire
Ilaire, oh ma Nanette
J'étais près d'elle hier au soir
J'entendis le coucou chanter
J'entendis le coucou chanter


Son tour venu, un léger sourire aux lèvres, la jeune femme plongea ses seaux tout à tour dans les profondeurs du puits. Personne n'en vérifie jamais le fond, n'est-il pas? Et à la lumière vascillante du jour, il était bien difficile de discerner ce qui pourrait se dissimuler dans l'ombre du bois noirci.

Mais quand je fus dedans la lande
Ilaire, ilaire, itou, ilaire
Ilaire, oh ma Nanette
J'entendis les cloches sonner
J'entendis le coucou chanter
J'entendis le coucou chanter

Mais quand je fus dedans l'église
Ilaire, ilaire, itou, ilaire
Ilaire, oh ma Nanette
J'entendis les prêtres chanter
J'entendis le coucou chanter
J'entendis le coucou chanter

Donnai du pied dedans la chasse
Ilaire, ilaire, itou, ilaire
Ilaire, oh ma Nanette
Réveillez-vous si vous dormez
J'entendis le coucou chanter
J'entendis le coucou chanter


Elle reprit son fardeau, l'eau fraîche éclaboussant le tissu grossier de sa jupe. Un voile d'ombre que le visage, elle tournait le dos au soleil couchant. Mais une personne attentive aurait vu briller ses yeux d'une lueur inquiétante, sardonique. Plaisanterie pour elle-même, la fin de la chanson.

Non je ne dors ni ne sommeille
Ilaire, ilaire, itou, ilaire
Ilaire, oh ma Nanette
Je vous entends dedans l'Enfer
J'entendis le coucou chanter
J'entendis le coucou chanter

Vois ma bouche est pleine de terre
Ilaire, ilaire, itou, ilaire
Ilaire, oh ma Nanette
Et la tienne est pleine d'amour
J'entendis le coucou chanter
J'entendis le coucou chanter

Auprès de moi reste une place
Ilaire, ilaire, itou, ilaire
Ilaire, oh ma Nanette
Et c'est pour toi qu'on l'a gardée
J'entendis le coucou chanter
J'entendis le coucou chanter*


Tisane de colchique. Le ventre vous brûlera. Assez de poudre en votre puits pour rendre heureux tous les rebouteux de la région.
La silhouette s'éloigna dans le noir, balançant ses seaux dans la première ruelle venue. Acte II.


*Quand je menai mes chevaux à boire. Malicorne
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Grayne
La Rochelle, à la tombée du jour, toujours...




La douce rumeur du soir avait couvert la ville. Le bruit des soudards gagnant les tavernes la journée de labeur terminée, les cloches des troupeaux que l'on rentre. Le tout baigné de la douce odeur des mijotés dans les chaudrons s'échappant des cheminées, et celle des feux de bois réchauffant les habitants et éclairant une à une les petites fenêtres opaques.

C'est avec tout l'art de la mise en scène dont elle était capable que masquée et vêtue d'une cape bariolée, vraisemblablement une robe de bonne facture usée et nouée, que Grayne avance dans les rues qui se vident. A grande occasion, grand costume. Ses pas la guident rapidement à l'orée de la ville, là ou les maisons étroites et hautes à colombages laissent place aux petites maisons de chaumes, aux granges et bergeries. Trainant un énorme sac cliquetant et bringuebalant derrière elle, elle s'arrêta vite, arrivée à destination.

Elle regarda un instant la grande bâtisse, une étable de bonne taille, un peu en retrait d'une belle fermette. Elle pousse alors doucement la porte, après avoir décroché le grand poquet qui la maintenait fermé. Un silence presque royal règne à l'intérieur, hormis le ruminement paisible de quelques vaches et le bêlement fatigué de moutons. L'allée centrale est vite parcouru et la cible rapidement dégottée. Grayne pose son sac, réajuste son masque des grands jours et sort une grosse vache dodue de son paisible coin de sommeil. Chantonnant une paillarde, elle se met alors à l'ouvrage.


Et on entend dans les champs, s'masturber les franc-archers...
et on entend dans les prés s'enfiler les couteliers...


Elle noue autour de la bête, encore à demi endormie, un énorme ruban aussi bariolé que sa cape de fête. Elle se penche, sort un petit pot de grès, l'ouvre, renifle et hoche la tête d'un air satisfait. Sortant avec deux doigt une pâte d'un bleu outrancier et huileux, elle commence son ouvrage et trace de grandes lettres sur le flanc de l'animal.

Et on entend sous sous les ormeaux, battr' la merde à coup d'marteaux..
Et on entend sous les plumards , battr'eul foutr' à coup d'braquemart...
Non non nooon Saint eloi n'est pas moooort...
Non non nooooon saint Eloi n'est pas mort...


Les lettres sont vite tracées, grandiloquentes et vives : "MORT AUX TACHES !", la voix elle se fait plus forte.

Car il bande encooore ! Car il bande encoooore !

Fouillant à nouveau dans sa besace, un entrelacs de fils et de cordelette sont rapidement arnachés sur la bête qui commence à s'agiter. Au bout de chaque cordon, pendant dans un tintement presque festif, s'agitent une myriade de timbales d'étain, de clochettes cabossées et de pieds de chandeliers en fer. Admirant d'un œil fier son œuvre, Grayne parcours l'allée, ouvrant barrières et coupant les cordes qui retiennent encore les autres animaux. Revenant sur ses pas, elle attrape sa besace, sa lampe à huile, et grimpe sur son destrier décoré.

Donnant du talon dans les flancs de la vache, elle se dirige vers la sortie. Affolée par le tintamarre qui l'accompagne, la pauvre bête accélère vite le pas, l'oeil rond et paniqué, poussant de grand meuglements.


En Aaaaavant ma belle !

Et se retournant à la sortie, d'un geste presque théâtral, la lampe est lancée sur le toit de chaume. Il ne fallut qu'une minute pour que l'huile chaude et la flamme se répandent, crépitant et fumant furieusement. Suivit alors le cortège des cochons, moutons et chèvres, vaches et chevaux de trait, affolés par la fumée et la chaleur.


Yiiiihaaaa !

La folle masquée repart, sur le dos de sa monture, dans un galop saccadé et bruyant. Bling blang ! Les timbales et les ferrailles sonnent, tonnent, et les animaux se déversent à leur suite, beuglant, hennissant et bêlant, comme un défilé de carnaval, la lueur grandissante du feu de joie dans leur dos. Et c'est chantant toujours plus fort, de sa voix puissante que Grayne, le masque toujours vissé sur le nez mène l'orchestre.

La comptesse elle à un gros derrièèèreuuh
elle à aussi un sacré d'avant !
tout l'monde y dit que c'est la bièèèreuuh,
Elle était pas, comme ça avant !


Et se perchant acrobatiquement sur le dos du destrier affolé, voilà que les braies sont baissées d'un coup sec, et le séant exposé, pendant ce cortège animal monstrueux, la chanson reprend de plus belle, dans son patchwork de paillardes se mêlant les unes les autres au rythme du fatras de ferraille et de sabots...

Rosalie, t'as pissé dans ton lit,
Tu n'es pas honteuse, pisseuse, pisseuse,
Rosalie, t'as pissé dans ton lit,
Tu n’es pas honteuse, pisseuse, piss'au liiiit !


Et dans un éclat de rire explosif, Grayne continue sa cavalcade, jusqu'aux bords de la ville surement, abandonnant sa monture paniquée et laissant les restes à la ville...



Inspiration de diverses chansons paillardes : Le pou et l’araignée médiévalisée, et les chansons du carnaval de Dunkerque.

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Theo_l_arsouille
    C’est qu’il en aurait presque chialé le jeunot face aux réponses de Alida, lui qui se voyait déjà prendre possession de tout son corps, le tout dicté par les effets de la boisson tout en chantant quelques paroles improvisées. Mais à quoi bon, il finirait bien par avoir ce qu’il désire le plus au monde.

    Hormis le fait d’être riche, de prendre le large et maintenant de mettre le feu au Poitou tout entier, un jour viendra où il aura la joie de pouvoir poser ses deux mains crasseuses sur son postérieur dénudé. Sans s’en rendre compte, le voici qu’il ferme les yeux un court instant, imaginant deux petites pommes toutes planches tenir entre ses doigts.
    Merveilleuse pensée que voici, désormais toute fille de joie ferait mieux de rester cachée, ceci jusqu’à ce que ses envies et autres pensées se retrouvent totalement refroidies…

    Délicieuse chaleur sur l’une de ses joues alors qu’il reconnait là un becko digne de ce nom. Serait-ce donc un signe d’une quelconque affection ?
    Sans nul doute que ce n’est pas le cas et pourtant, son rêve vient de faire un premier pas en avant. Mais ses yeux s’entrouvrent, laissant maintenant place à un sentiment de satisfaction, le tout accompagné d’un sourire à faire fuir les mioches et à un sourire capable de faire se terrer toutes les pucelles des environs.

    Planquez-vous, l’Arsouille vient tout juste de récupérer sa dose d’énergie et ce grâce à Alida qui lui remet bien vite les idées en place. Et pour l’heure, les deux jeunes canetons ont prévu semblerait-il… D’aller mettre le feu à une taverne des environs.

    Le jeune l’Arsouille se dresse alors sur ses pattes d’un seul bond, laissant dans les détritus la trace parfaitement dessinée de ses deux fesses alors que c’est le poing levé au dessus de sa tête qu’il prononce enfin.

    - « Allons-y, cramons cette taverne MAIS ! »

    Le poing se baisse et se transforme en un seul doigt qui vint désigne directement sa co-équipière du moment.

    - « On ne touche pas au vin ça… On embarque tout ! »

    Pas un mot de plus et déjà, le voici qu’il empoigne la jeunette par l’avant bras, l’entrainant cette fois-ci jusqu’à l’extérieur de la ruelle. Une taverne… Une taverne…

    - « Hm, une auberge ça fera l’affaire ! »

    La prise est une nouvelle fois lâchée et le voici qui prend la direction de la dite auberge à l’autre bout de cette large rue. Presque étalé sur le mur de la bâtisse aux cotés de la porte d’entrée, léger coup de pied dans celle-ci, révérence et signe de la tête en avant.

    - « Honneur aux dames ! »

    A l’intérieur, tout semblait animé comme jamais, de nombreux clients étaient présents mais déjà, cette porte ouverte avec une certaine brutalité venait tout juste de calmer les esprits…

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Alida.
Et c'est reparti !

Capuchon rebaissé sur la tête, la flamande n'a que le temps d'acquiescer avant d'être entraînée à la suite de l'Arsouille dans les rues de La Rochelle. Prochaine destination : une auberge. La porte est ouverte en douceur façon caneton, la flamande s'avance. "Honneur aux Dames", elle allait lui en donner de la Dame..

Elle s'avance au milieu des buveurs d'un pas lent et assuré, elle en oublie même ses vêtements tâchés par le sang du coq. Elle s'arrête au milieu de la salle, regarde autour d'elle. Elle n'a pas enlevé son capuchon, son visage reste ainsi à la merci des regards indiscrets, pour le moment. D'un geste de la main, elle fait signe à Théo de la rejoindre.

Quelques têtes sont tournées vers elle. Elle lève une main à hauteur de ses yeux et observe sans prononcer un seul mot le sang séché qui la salie. Ses ongles sont d'une couleur étrange, presque noirs mais pas tout à fait. Elle lisse du plat de la main sa cape, laisse quelques traînées rouge sur le tissu avant de baisser le lourd capuchon, laissant sa tignasse brune s'échapper par cascades. Elle s'approche du comptoir, toise le tavernier et lance :


- A boire. Ce que vous avez de plus fort.

Alors elle attend, accoudée à ce comptoir, devant les yeux indiscrets, que Théo se décide à la rejoindre.
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Theo_l_arsouille
    Cramer quelque chose est vite, façon simple et rapide d’exprimer un mécontentement suite à une action causée le matin même. Alors que tous étaient prêts à quitter La Rochelle pour une venture digne de ce nom, un forcené lui a cru bon de retarder ce voyage.
    Théo’ lui n’osait imaginer les effets d’un Pique sous l’emprise de la colère mais pour sûr que deux canetons se débrouilleraient tout aussi bien. Les consignes étaient donc de ne pas flamber l’église mais pour le reste, rien n’avait encore été émit.

    Porte de l’auberge ouverte avec bien peu de délicatesse avouons-le, une jeunette qui ne tarde déjà pas à entrer pour prendre la direction du comptoir et un l’Arsouille qui se contente de la suivre, les yeux rivés sur son postérieur. Jusqu’à ce que son regard ne finisse par se poser dans celui des quelques clients autour d’eux, large sourire aux lèvres, il ne manqua pas d’en saluer certains d’un emanière sans doute bien agaçante.

    Un boisseau au sol, un pied qui s’y perd, des mains pour le rattraper à ce même comptoir, le jeunot a bien faillit encore une fois finir le nez au sol. Quelques rires dans son dos qu’il ne relève pas pour autant car d’ici peu, ces même rires auront changé de camp.
    La jeunette parle et l’Arsouille lui tape du poing sur le bois du comptoir comme pour accompagner ses dires. En voilà une jeune femme, une vraie, une qui n’a pas froid aux yeux, une à qui la goutte au nez ne dérange pas et une qui ne devrait plus tarder à passer à la casserole selon ses pensées.
    Mais en voici donc une bonne idée ! Boire avant de tout cramer, profiter de la situation avant de la renverser, sa partenaire du moment semblait renfermer pas mal d’ingéniosité.

    - « Et à manger aussi ! Tout sauf du Canard ! »

    L’aubergiste lui ne tarde pas et s’exécute avec un semblant de doute aux lèvres. Déjà, l’ambiance bat son plein dans leur dos ce qui donne une certaine ambiance à cette scène. Profitez-en bien car bientôt, le rideau tombera et tous vous aurez le feu au derrière.
    Deux godets remplis sous leurs yeux puis un plat dans lequel se trouvent quelques fruits, du pain et du lard séché, tout pour faire le bonheur du jeunot qui déjà, s’empresse de trinquer avec Alida tout en ajoutant.

    - « A nous, que not’ Mare soit à jamais le plus beau d’nos foyers ! »

    Bien vite, le godet est avalé d’une traite puis remplit à nouveau. Fruits, pain et lard, le tout engloutit et c’est au bout d’un certain temps que l’aubergiste se pointa devant eux pour leur demander la façon dont le tout allait se payer. Toujours ce même sourire aux lèvres, l’Arsouille lui fit volontairement tomber le plat à ses pieds. Plat qui ne manqua bien entendu pas de se briser. Une injure puis une autre, le jeunot se décolle du comptoir, évitant de peu la main robuste du tenancier des lieux.
    Qu’Alida suive la danse ou comme bon lui semble car l’Arsouille lui empoigne d’autres plats, godets et autres bouteilles vides avant de les laisser tomber à même le sol tout en ajoutant à cette action comme pour y mettre de la forme.

    - « Tordez les fourchettes et puis les couteaux,
    Brisez les bouteilles en mille morceaux,
    Cassez les verres et puis les assieeeeettes,
    V’là c’que l’tenancier des lieux déteste !
    »

    Folie sans nom, l’Arsouille ne tarde déjà pas à monter sur une table pour ensuite passer à une autre alors que certains clients quittent les lieux avec hâte.
    Pourtant lui se contente de reprendre, toujours en cœur mais cette fois-ci avec plus de rythme.

    - « Coupez la nappe, marchez dans l’gras,
    Laissez les os sur l’tapis en tas,
    Versez le lait sur le sol tout prooooopre,
    Que le vin éclabousse les portes !
    Videz les pots dans une bassine bouillante,
    Martelez-les d’une perche bruyante,
    S’il en reste chose étonnaaaaante,
    Qu’ils roulent dans l’entrée et se FENDENT,
    V’là c’que l’tenancier des lieux déteste !
    »

    Un rire, un seul mais sans fin alors qu’une main empoigne bien assez vite une lanterne allumée, le tout tendu à sa compagne pour que elle seule est le plaisir d’achever leur plan. Alors que les clients restants s’étaient mis dans l’ambiance, eux ne s’imaginaient sans doute pas de la suite des événements…


    [Paroles d’une chanson du film : The Hobbit].

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Alida.
Elle reste accoudée à ce comptoir un peu trop propre si l'on considère les critères de la Mare. Elle esquisse un léger sourire quand l'Arsouille vient la rejoindre et n'hésite pas à trinquer avec lui. Elle siffle le godet, le pose devant elle, fait signe au tavernier de le remplir de nouveau. Du bout des doigts, elle porte quelques fruits à sa bouche, mordille dans le lard épais et croque le pain. Une soirée banale en somme, jusqu'à ce que l'aubergiste réclame son dû. Elle ne peut s'empêcher de rire aux éclats, alcool aidant, et de suivre Théo dans sa folle danse avec le mobilier.

Elle saute, de table en table, renverse les godets et bouteilles qu'elle trouve à portée de ses pieds, pousse les chaises désormais vide, sous les regards appréciateurs des clients, surement les plus fous, restés voir le spectacle. Elle chatonne elle aussi, reprend les belles paroles de l'Arsouille. Une notamment résonne :


- Vl'là ce que le tenancier des lieux déteste !

Arrivée sur la dernière table non foulée par les pieds palmés, elle retrouve son compagnon de soirée qui lui tend une lanterne avec un rire étrange. Les yeux clairs s'illuminent alors d'une lueur de malice mêlée à de la folie. Cérémonieusement, la flamande descend de la table et fait osciller son nouveau joujou de droite à gauche, tenu seulement par quelques doigts dans un équilibre précaire. Elle observe avec attention l'état du sol, et se délecte d'y trouver de grandes flaques d'alcool de ci et là. Elle se retourne vers Théo, avant de lui sourire étrangement. L'heure est venue de faire cramer le Poitou.

Tous les regards sont désormais tournés vers la lanterne, inconsciemment ou non. Pauvres fous restés dans l'auberge. Un rire s'élève, assez enfantin. Avec application, la flamande se baisse au niveau du sol et incline l'objet lumineux de sorte qu'il soit en contact avec l'alcool déversé sur le sol. Lorsque le feu prend, elle se redresse non sans arborer un sourire fier, avant d'effectuer deux pas de danse victorieux. Elle regarde, fascinée comme tous les autres, la danse des flammes qui ne tardent plus à se répandre. Nouveau rire, gras cette fois, avant qu'elle ne jette la lanterne en direction du comptoir où se tient toujours un tavernier affolé qui hurle au feu auprès de clients abasourdis. Elle prend Théo par le bras, l'incite à fuir, avec elle.

Et sur le pas de la porte, elle crie :


- QUE CRÈVE LE POITOU SOUS LES FLAMMES DU SANS-NOM !

Elle rit dans la nuit. Elle rit au nez des Poitevins. Elle rit auprès de Théo.
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