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[RP] A chacun son Graal

Kleze
    ["Mer... Fichtre !"]

    Je dois tout d'abord vous raconter l'histoire de Georgette.

    Georgette a eu le malheur d'être déposée devant la porte d'un couvent, emmitouflée dans un panier en osier. Et je lui ai toujours dit que son plus grand malheur n'avait pas été d'être abandonné, loin de là, mais de finir confier à des nones. Parce que Georgette, ce sont les bonnes sœurs qui lui ont donné ce prénom. Et franchement, ça, ça craint.
    Mais dans son malheur, elle avait eu la chance de pouvoir apprendre à lire et à écrire. Noble compensation. D'ailleurs c'est grâce à elle si je sais déchiffrer les chiffres et les lettres.

    Georgette est juste un peu plus vieille que moi, juste une année nous sépare, et lorsque mes parents se sont éteints - de mort naturel, vers leur quarantaine - elle m'a pris sous son aile. J'étais déjà presque adulte, mais toute une éducation à faire ! Ou à refaire... Bah oui, ce n'est pas en travaillant au milieu des chevaux qu'on apprend les bonnes manières.

    Elle s'est mise en tête de faire de moi un gentilhomme, et plus je lui répète que c'est peine perdue, plus elle s'entête. Et lorsque ces cours de bienséance et de politesse finissent par devenir trop long, je lui rappelle l'ironie de son sort - hé oui, déposer au couvent dans de l'oseille, je trouve ça marrant - ou que son prénom ne se donne même plus aux vaches. Ça marche à tous les coups et après une grimace et un
    "t'es nul" des plus convaincu et convaincant, elle finit par me laisser tranquille.

    Moi, je suis Kleze.

    Vous l'aurez compris, je suis un peu... "nature", et les mots qui sortent de ma bouche sont aussi colorés qu'ils le sont dans ma tête. Je passe ma vie au milieu des chevaux et j'en suis très heureux, même lorsqu'ils s'oublient sur moi quand je m'en occupe. Il parait que c'est un bon engrais, ça ne peut pas faire de mal disait mon père, et je pense qu'il avait raison; après tout, j'ai une taille plus que correct.

    J'ai toujours vécu simplement, vis simplement et vivrai simplement aussi. Mais un jour j'ai croisé une brochette de nobles, tous apprêtés. On aurait dit un méchoui de paillette et d'or. Georgette était à côté de moi, elle devait s'attendre à ce que je lâche une réflexion un peu lourde, elle m'en écrasa le pied avec sa botte. La greluche.

    Je m'en souviens bien. Sur le coup, j'ai lâché un grand
    "Mer..."; mais le regard d'une des baronnes ou comtesses ou autres, braqué sur ma petite personne; m'a comme par magie rappelé une des leçons de Georgette.

    Fichtre !

    Je pense que ça a étonné autant la none en puissance que moi même. Et j'ai pu déceler toute la fierté du monde dans les yeux de la Georgette, mais aussi un certain amusement de la donzelle à l'apparat ostentatoire.
    Pire encore, je me suis rendu compte que j'aurais pu exclamer un
    "Diantre !" ou un "crotte de biquette !"...

    C'est à cet instant précis, comme un défi à moi même, un défi à mon amie de toujours, un défi au monde entier : J'irais à un de ses bals !
    Et vous ne me croirez peut être pas. Providence ou simple hasard, j'ai reçu une invitation pour un bal masqué berrichon peu de temps après.

    Le plus dur commence.
Kleze
    [Putain ! Ça fait mal aux pieds !]

    Le plus dur commence...

    Et c'est pas peu de le dire !

    Je vais peut être me faire quelques ennemis, mais vous vous êtes déjà retrouvé à la merci d'une jeune demoiselle à propos de... vêtements ?!

    Ma petite Georgette m'avait regardé avec des yeux de dorade quand je lui ai annoncé que je voulais participer à un bal et toucher du doigt la vie des "autres". Vous savez, ce regard qui exprime un savant mélange entre la surprise et le "t'y arrivera jamais". A bien me souvenir, ça, elle me l'a bien dit de vive voix.
    Mais j'étais loin d'imaginer le calvaire qui allait suivre. Quand j'ai reçu l'invitation, je ne savais pas qu'en ouvrant la petite lettre, j'allais en fait ouvrir une sorte de boite de Pandore. Et encore, je pense que cette histoire de boite à côté, c'est aussi doux que le pelage d'un agneau tout frais sorti, juste avant qu'on ne le couic pour un bon gueuleton.

    Du coup j'ai été pris en otage par la Georgette. Fallait la voir sautiller en répétant sans cesse
    "on va t'habiller ! on va t'habiller !".
    Non mais franchement...
    "Tu crois que je me balade tout le temps à poil ?!"...
    "on va t'habiller ! on va t'habiller !"...
    Mon papa me disait toujours, "quand une femme insiste, faut toujours acquiescer en silence". On a donc passé une journée complète devant différents étales.

    On a donc débuté le chemin de croix devant un choix conséquent de bottes, de chausses, de chausses avec le bout bizarre, de bottes avec de la moumoute, de ch... Enfin vous l'avez compris, il y avait autant de choix qu'il y a d'hypocrites en politique.
    Mon habilleuse en herbe, trouvant amusant le parallèle, a choisit une des paires de chausses au bout étrange. Elle avait son sourire niais, ça n'a pas manqué.

    "Tiens ! Des poulaines ! Ça te changera pas du boulot !"

    "Ha... ha... ha..."

    "Rabat-joie !"

    Notre échange a eu au moins le mérite de faire sourire le commerçant. Mais je me suis dit que c'était une mimique machinale pour amadouer le client.
    Moi, j'ai toujours vécu pieds nus ou avec des bottes. Les bottes c'est bien, partout, tout le temps, de tous les temps. J'ai quand même enfiler les poulaines. Ma première impression fusa comme un caillou qu'on lance pour faire des ricochets.


    "C't'un truc pour trouer des fesses !"

    L'éducation de Georgette limitait grandement son appréciation quant à ma remarque. Sa moue dubitative et son regard affligé en disait long. Mais ce ne fut rien, absolument rien, quand après quelques pas équipé de ses chausses à l'image ridicule, j'ai émis un jugement rédhibitoire.

    "Putain ! Ça fait mal aux pieds ! J'préfère encore qu'on m'enfile une fourche dans l'cul !"

    Vous auriez du voir la tronche de Georgette. Elle s'est décomposée comme un fruit qui pourrit d'un coup à mesure que mes mots lui fracassaient les tympans; et elle a du comprendre que le plus dur ne serait pas de m'habiller, loin de là.
    J'ai compris que j'avais fait un peu fort quand j'ai vu la tête du marchand, au moins j'avais réussit à lui faire quitter son sourire figé...

    Non mais franchement, qui porte des trucs pareils ?
Kleze
    ["Si t'étais pas ma Georgette !"]

    Vous vous doutez bien, qu'au final, je suis reparti avec une jolie paire de bottines avec une moumoute tout à fait confortable dedans. Elle est douce la moumoute, mais douce ! Quand j'ai enfilé les bottines, j'ai de suite pensé à la douceur d'une bonne paire de fes... à la douceur de satin des ailes d'un papillon de nuit... Bon, vous l'avez compris, j'ai pensé à une paire de fesses en fait.

    Avec ma petite Georgette, on est reparti à la maison, parce que le marché c'est bien. Mais on a passé plusieurs heures pour trouver de quoi me chausser alors je n'ose même pas imaginer quand il va falloir trouver un pantalon et une chemise. Non, je n'ose pas imaginer.


    "T'avais pas de poupée de chiffon au couvent ?"

    J'ai cette impression là, d'être un pantin qu'on habille mais j'en jouerais et ma nonnette en rougira, je vous le promets !

    "Tu sais danser ? Tu dois savoir danser ! On va danser ! On va danser !"

    "Tu m'fatigues ! Bien sûr que je sais danser !"

    Au marché, j'ai réussi a récupérer un splendide chapeau sans que mon habilleuse ne le remarque. Un chapeau rouge avec un pompon blanc. Trop la classe.
    Et avant de danser ma super gigue, je l'ai enfilé en braillant un
    "tadaaaa !" caricatural.
    Georgette a regardé le plafond presque instantanément. Elle devait implorer Aristote de la foudroyer sur place. Ou alors elle essayait de faire tomber le plafond sur mon bonnet solidement vissé sur ma tête. En tout cas, elle n'a pas apprécié du tout la représentation.


    "Ri - Di - Cule ! T'es ridicule !"

    Oui, voilà. Elle a pas aimé la greluche.

    "T'aimes rien !"

    "Parce que tu crois qu'ils dansent la gigue avec des bonnets rouges dans le Berry ?!"

    Vous n'allez pas le croire, il a suffit de cette seule phrase pour me convaincre qu'il me faudrait apprendre à danser. Valse ou autres. Je suis redevenu le pantin de madame mais la soupçonne de vivre un rêve par procuration vu l'acharnement et l'envie dont elle fait preuve pour me voir réussir mon pari.
    Ô ça oui, elle en voulait la Georgette ! Elle n'a même pas râlé quand je lui ai écrasé les orteils en ratant un des pas qu'elle essayait de m'apprendre. Bon j'avoue que la première fois, c'était pour me venger de l'histoire des poulaines, mais ensuite ce n'était que de la maladresse. J'le jure !

    Pas à droite, à gauche, devant, derrière. C'est quelle s'y connait la none; à mon avis elle ne lisait pas que des trucs religieux au couvent. Sur le coup j'ai bien ris en imaginant une troupe entière de nones en soutane en train de danser la valse. C'est peut être ça qui m'a déridé un peu et j'ai fini par assimiler les mouvements. J'ai même fini par apprécier l'instant présent et mener la danse. Il n'en fallait pas plus pour que je lance une petite pique à ma chaste cavalière.


    "Ah Georgette, si t'étais pas ma Georgette, à la fin de la danse, j't'aurais rouler une telle pelle que tous les croque-morts du monde en auraient été jaloux !"

    Ça n'a pas manqué. Le cours de danse s'est terminé là dessus. Et aussi sur un "t'es con", mais ça, c'est anecdotique.
Kleze
    ["Vise un peu la croupe !"]

    "Je me doute bien qu'ils aiment pas les pantalons plein de crottins !"

    Je n'aime vraiment pas faire les étales. Surtout que niveau "première expérience", avec ces chaussures du malin au bout pointu, j'ai été servi la dernière fois. Mais pour faire bonne figure et me donner un peu d'entrain, je me suis dis qu'à choisir un joli pantalon, je pourrais faire rougir de honte la Georgette assez facilement. Et ça, comme on dit, ça n'a pas de prix !

    Sur le marché, on est passé devant le marchand de chausses, il n'avait pas oublié mon trait de poésie, faut dire que je m'étais appliqué. Du coup, rien qu'à ma vue, il a tiré une tronche de trois pieds de long. Et pour une tronche de trois pieds de long, on fait quoi ? On y enfile trois poulaines ! Et oui ! Je lui ai fais ma plus belle grimace alors que je l'imaginais avec deux pointes de chausses dans chaque oreilles et une plantée dans un de ces trous béants qui lui sert de narines.

    Mais je n'ai pas eu le temps de plus, j'étais littéralement trainé par la Georgette, me tirant par le bras comme on voit les mamans trainant leurs enfants turbulents qui viennent juste de faire une bêtise. Mais moi, je suis un ange, vous l'avez bien vu; et j'étais emmené tout droit vers une copine de la Georgette. Une tisserande réputée qu'elle m'avait dit.
    "T'es copine avec une 'putée toi ?", je l'ai pensé très fort, mais je ne l'ai pas dit.

    Et j'ai bien fait de ne rien dire. Parce que la nonnette elle l'aurait répété à sa chiffonnière et vu le gabarit de celle ci, j'étais très loin de faire le poids ! Pire encore, elle jouait sans cesse avec des épingles et vu son petit sourire sadique, j'aurais pas été étonné qu'elle me pique le cul pour se venger.


    "Tu ne vas quand même pas montrer ton... ton... ici ? Non..."

    Elle savait bien que si, la Georgette. Moi, j'ai pas vraiment l'âme à faire des ronds de jambes et des froufrous. Je fais comme c'est le plus pratique. Et me montrer en pagne à quelques donzelles qui font leurs courses pour la semaine, ça ne me fera jamais peur ! Au pire, ça les fera sourire; au mieux ce sont leurs maris qui en sortiront vainqueurs...

    C'est donc tout naturellement que j'ai pu essayé les différents pantalons. Et vu l'engouement de la tisserande à ajuster les étoffes et les joues rosées de honte de Georgette, je vous le dis, je me suis régalé !

    Vous auriez du me voir en train de remuer les hanches. Et je demandais avec toute l'innocence du monde à mes deux spectatrices.


    "Ça me va bien le bleu non ?"

    C'est peut être un tour de mon esprit, mais j'ai soupçonné ma petite nonne de regarder mon popotin avec un regard tout autre que "stylistique". Quand je vous disais qu'elle ne lisait pas que des psaumes au couvent ! Par contre sa copine, j'avais l'impression qu'elle regardait un macaron ou un bout de gigot pendant une période de famine.

    "Oh oui ! Le rouge ! Le rouge !"

    "M'étonne pas ! La couleur du Malin !"

    J'avais piqué là où ça faisait habituellement mal. Mais la Georgette était tellement contente d'avoir trouver la couleur qui allait si bien avec le gris de mes bottines, qu'elle n'a même pas cillé à l'évocation du grand Vilain. Et dans ces cas là, un peu désespéré, il faut savoir se sacrifier et tout laisser de côté pour sortir vainqueur. Me cambrant un peu, j'lui ai fait voir mon fessier, sans ce pantalon rouge qui allait venir garnir ma garde robe, mais surtout, sans pagne !

    "Hey ! Georgette ! Vise un peu la croupe !"

    "Aaaaahhhhhhhh ! Mes yeux ! Mes yeux !"

    La pauvre, j'ai eu l'impression de lui avoir crevé ses petits yeux marrons ou de lui avoir jeter un chaudron d'eau bouillante en pleine face. Par contre il y a eu un petit écho. J'avais oublié la tisserande et sa réaction mielleuse m'a vite fait me rhabiller. Faut pas déconner, je suis un peu prude, tout de même !

    "Hummm"

    Et oui, le parler "olive", c'est elle...
Kleze
    ["Le courage me manque de vous embrasser."]

    Ah ma Georgette.

    Elle s'est finalement rendue compte que m'habiller, c'était la partie visible de l'iceberg. Et je ne dis pas "iceberg" pour me vanter de quoi que ce soit, de toute façon, vous ne pourrez pas vérifier... A moins que, si tu es rousse à forte... Euh... Je m'égare non ?

    Oui... donc... La nonnette a laissé de côté l'habillage un petit moment après que j'eusse trouvé - j'cause bien ! z'avez vu ! - des braies qui me mettent en valeur. Elles me vont bien, hein ?
    Mais j'ai eu beau usé de tous mes charmes, il fallait bien que j'apprenne à manier la langue de la "haute". Mettre des mots plus jolis sur mes pensées. Parce qu'il ne faut pas croire que je ne suis qu'un vulgaire bourrin, c'est juste que "Avec un autre vocabulaire, tu pourrais être irrésistible !"". Foi de Georgette !


    "Mais rien qu'avec mon cul, ta copine tisserande était sous le charme !"

    Oh la Georgette. Elle a ce regard qui trahit que son cerveau bouillonne. Sur le coup j'me suis demandé si elle m'imaginait secrètement subir un châtiment divin. Mais non, la leçon, en fait, débutait.

    "Mon galbe fait tourner bien des têtes."

    Il m'a fallut un petit instant pour comprendre. Juste le temps pour qu'elle me harponne de son regard marron alors que j'étais en train de vérifier ce qu'elle affirmait. Et oui, j'ai maté la nonnette. En même temps... vous auriez fait pareil.

    "C'est ce qu'il faut dire ! Crétin !"

    "Sot !"

    L'arroseuse arrosée ! J'étais fier de ma réponse avec mon grand sourire et mes fossettes creusées. Elle en a sourit aussi la professeur, preuve que j'étais loin d'être le seul à m'amuser de tout ceci. Le jeu était lancé, et on a continue, gaiement.

    "Hey ! Mademoiselle ! Avec les jolies bottines !"

    Désolé si ça rappelle quelques souvenirs à certaines d'entre vous...

    "Salutations, charmante damoiselle."

    J'ai bien du m'avouer que c'était vachement plus classe. J'ai enchainé avec ma phrase fétiche quand quelque chose ne va pas et qu'il n'y a pas trop de monde aux alentours... encore que, j'ai tendance à ne pas trop faire attention au public présent.

    "Putain ! Quel bordel ce truc à la con !"

    "Diantre ! Quelle diablerie !"

    Franchement ? Ça se dit ça ? Rassurez moi, elle ne ferait du zèle la petite ?

    "Si j'étais plus couillu, j't'aurais emballé depuis longtemps !"

    "Le courage me manque de vous embrasser."

    Je crois que c'est à ce moment là que ça m'a fait "tilt", c'est classe, plein de poésie, presque chantant aux oreilles. Non, franchement. Je vais apprendre le beau-parler, et de bon cœur !

    Mais en plusieurs fois. Faut pas déconner non plus !


Kleze
    ["On n'touche pas à Georgette !"]

    La dernière fois, je vous ai dis que je n'étais pas un vulgaire bourrin. Mais parfois, dans de rares circonstances, j'ai la carafe qui déborde. Et dans ces moments là, je ne réponds plus trop de rien, d'ailleurs, j'imagine que je ne dois vraiment pas être beau à voir !

    Pourtant c'était une belle journée au départ. Une de ces journées
    - où on traine un peu au lit pour que la virilité joueuse se fasse plus discrète ( vous connaissez ça hein ?! )
    - où on en vient à râler, parce que le chant des oiseaux c'est sympa. Mais à force, ça chatouille un peu trop les oreilles.
    - où on se dit "putain, ça serait bien une petite donzelle qui aurait préparé le petit déj' !"
    - où on se rend compte que ce sera une journée légère au boulot
    ...
    Non franchement, cette journée là, elle sentait bon le repos et la fainéantise !
    Mais ça c'est gâté quand la Georgette est venu me chercher pour aller au marché.


    "Il faut finir de t'habiller ! Il te faut une chemise, un gilet, des gants, une ceinture,..."

    Vous savez comment elles sont les femmes. Après la ceinture, j'ai lâché le fil de la conversation, mais j'imagine que la liste a du s'agrandir... Encore et encore... Faut dire que niveau garde-robe, on partait de loin, et même si aller au marché me rebutait au plus haut point; j'appréciais les efforts de la nonnette pour me rendre présentable. Son regard interrogateur me coupa dans mes pensées, elle avait visiblement fini le programme de la matinée.

    Et le petit déj' ? Il est où ?

    Faut pas déconner, taquiner la Georgette, c'est mon petit plaisir à moi. Et vu ce qui m'attendait, elle allait en prendre plein les dents la petite.

    "Et puis quoi encore ?! Je suis pas ta bonne !"

    Faut bien retenir ce petit mot. "Bonne". Pour plus tard.

    "Aller ! En route ! On va voir ma copine !"

    Celle qui me tripote en prétextant ajuster les vêtements ? J'espère que t'as un cadeau à chaque fois que tu me jettes dans ses mains ! Maquerelle !

    Non franchement, ça me paraissait louche et puis son "Hummmm" de la dernière fois. A défaut de me réchauffer les braies, il m'avait glacer l'échine ! Fallait voir le morceau ! Et puis j'suis pas un objet ! Bordel !

    Moi. Je voulais la chemise rouge dès le début. Elle faisait super classe et en plus elle était assortie à mes bottines. Mais j'ai eu droit à l'essayage total.

    La chemise à col échancré, la chemise verte-moche - y a vraiment des gens qui en portent ? - la chemise à froufrous, la chemise en dentelle, la chemise machin, la chemise truc...
    Ma patience a des limites, surtout que la tisserande prenait un malin plaisir à prendre toujours les mêmes mesures. Niveau discrétion, ça valait bien un paon faisant la cour, toutes plumes dehors.


    "Put... ain ! "

    J'ai commencé à râler sur la tisserande, sortir une tirade sur les hommes-objets, qu'un jour nous serions l'égal des femmes, que c'était inadmissible et tout le tralala qui va avec.
    Vous auriez du voir sa tête à la tisserande. Elle torturait ses mains si fort que je me suis dit sur le coup qu'elle n'allait pas pouvoir coudre pendant trois semaines.

    Mais en fait, j'étais à côté de la plaque. Elle jetait son menton vers ma Georgette. Comme pour me dire "Hey coco, regarde ta nonnette, ça sent le boudin". Et niveau boudin, elle a l'air de si connaitre la nénette.

    Car pendant que je faisais mon speech sur la condition masculine. Un "malotru" avait abordé la Georgette. Ça lui arrivait, parfois, mais en évoquant Aristote, la chasteté et toute une liste de trucs barbants au possible; elle se sortait du guêpier.
    Cette fois ci, allez savoir pourquoi, le bougre associa dangereusement le vulgaire des paroles à celui de la main baladeuse.


    "T'sais qu't'es bonne toua ?!"

    Chemise débraillée. Je ne me souviens plus si je lui ai laissé une demi-seconde ou une seconde entière entre le cri et le coup.

    "Dégage ! Co...nnard !"

    Il a à peine eu le temps de tourner la tête. Faut dire que le timing était parfait ou presque.
    Je n'ai pas vraiment l'habit d'un héros. D'ailleurs j'ai entendu mes doigts craqués quand mon poing est venu s'écraser sur la tronche du gougeât. C'est que ça a la tête dur la vermine ! J'ai senti son arcade gauche éclater et ensuite au second coup, son nez s'est déplacé. Dans l'histoire je me suis cassé deux doigts et j'ai passé le restant de la journée au trou. L'honneur de ma Georgette était sauf, son innocence et sa chasteté aussi...


    "Tu m'as ramené des oranges ?"

    "Non, mais je t'ai trouvé tous tes vêtements."

    C'était son merci à elle, à la Georgette. Et entre le gnouf et le marché. Au final, je pense que j'y ai gagné au change !
Kleze
    [Une nonne ! T'as pas honte !]

    Bon. Vous vous demandez peut être si entre moi et Georgette, il y a anguille sous roche.
    Je connais la nonnette depuis... depuis peut être bien mes dix ans. Et il n'y a eu qu'une seule et unique fois où j'ai vu Georgette comme... comme... "un appel à la luxure" ? On va dire ça comme ça !
    Ah ? Vous voulez que je vous la raconte cette fois là ? Vous allez être déçus, je vous préviens !

    *♪♫ musique de flash-back ♫♪*

    Il faisait bon. Le printemps pointait le bout de son nez comme un mulot sortant de son terrier, timide. Je ne sais plus trop ce que je faisais avec mon paternel, peut être le nettoyage des cuirs des chevaux - et oui, on s'occupe des canassons de bourgeois depuis deux générations -, ou on faisait un inventaire ou alors on changer la paille des box pour chevaux.

    J'avais franchit le cap de la pré-puberté depuis plusieurs mois déjà et j'entendais souvent mes parents se chamailler sur "qui devait m'expliquer les chôôôses de la vie". Je ne savais encore ni lire ni écrire, mais j'étais loin d'être imbécile. Je connaissais à peu près les rouages des "hum-hum", des abeilles, des choux, des roses... Enfin vous savez, hein.

    Allez savoir pourquoi - enfin moi, j'ai ma petite idée -, remuer la paille a finit par décider mon père. Je vous fais grâce des hésitations sur les mots, de la découverte paternelle sur le fait que son fils sache déjà "comment on fait les bébés". Mais la suite est un poil plus croustillante.


    Et pourquoi est ce que... est ce que parfois, on a le bout qui devient tout dur ?

    Oh mon fils. Ca c'est quand tu t'imagines dans les bras d'une jolie femme...

    Un coup du destin ? La Georgette passait au même moment devant nous. Elle avait quatorze ou quinze ans et je la trouvais tout à fait charmante - d'ailleurs elle a gardé son charme depuis - et sans pour autant imaginer quoique ce soit, j'ai eu une phrase malheureuse.

    Comme Georgette, papa ?

    Ce jour là, j'ai appris que le destin pouvait avoir cinq doigts et taper très fort derrière la tête.

    Une nonne ! T'as pas honte !

    Sur le coup, j'ai pas eu honte, j'ai eu mal ! Mais j'ai serré les dents et acquiescé de la tête sans protester quant à l'injustice de la situation... Et comme pour enfoncer un peu plus le clou, ma Georgette s'est retournée vers nous et nous a fait signe de la main avec un grand sourire. Mon père m'a remis une calotte derrière le crâne dès qu'elle eût tourné le dos et reprit son chemin.

    J't'ai vu ! T'as pas honte !

    Vous savez, bien plus tard, j'ai comparé sa réaction avec celle des filles trop jalouses, qui scrutent tout ce qui passe à portée de regard et vous engueulent avant même que vous ayez captés quoi que ce soit. Bien sûr vous n'aviez rien vu, et bien sûr, vous vous avez finit par poser vos yeux sur l'objet de votre malheur... et bien sûr... vous vous en êtes repris une... Sont chiantes les femmes pour ça hein ?
Kleze
    ["Dis Georgette, c'est quoi l'amour ?"]

    Après le malheureux épisode avec mon père concernant la nonnette et la puberté, je n'ai jamais revu Georgette d'un œil autre que celui d'ami, et puis plus tard, bien plus tard, celui de confident.

    Durant toute mon adolescence, mon père et ma mère se sont battus quant à la signification à donner à l'Amour.
    Je vous le donne dans le mille. Mon père était partisan de la découverte sur le tas - je ne parle pas de la ribaude du coin - et de l'utilité de l'expérimentation. Ma mère quant à elle, répétait sans cesse, que la pureté des senti... vous avez saisi je pense, elle voulait que je profite de pouvoir aimer en toute liberté - pas comme les nobles - et que je ne gaspille pas temps, larmes et autres joyeusetés inhérentes à l'amour dans des aventurettes.

    Père et mère tombaient finalement toujours d'accord alors que ma petite maman menaçait à coup de "derrière l'oreille" ; "faire ceinture" ; "auberge du cul tourné" ; ... J'étais encore un peu jeune pour comprendre, mais maintenant que je connais ces expressions, je ne m'étonne pas des victoires maternelles.

    Il faisait bon, je me souviens du soleil chatoyant qui faisait rebondir sur la mer ses rayons éblouissants. Mes parents étaient partis depuis un moment déjà, voir si l'Amour subsistait même chez le Très-Haut. Et il me plait à croire que oui.
    Avec la Georgette, on a très vite prit comme bonne habitude de ses balader sur la plage. Bien souvent accompagné par un canasson à qui il fallait dégourdir les jambes. On a aussi prit l'habitude de se poser et d'échanger. Parlant parfois de tout et souvent de rien.
    Je m'en souviens bien, j'avais la tête sur ses genoux et je jouais avec mes orteils dans le sable. La Georgette a cette tendresse protectrice que toutes les mamans ont et j'ai toujours remercié Aristote de l'avoir placé sur mon chemin.
    D'ailleurs ce soir là, toujours stupéfait de cet amour qu'elle porte depuis toujours à ce Dieu, je lui ai posé la question. LA question.


    "Dis Georgette, c'est quoi l'amour ?"

    Bon, ça a dût la surprendre un peu. D'ailleurs j'imagine qu'elle a réfléchit un moment alors qu'elle faisait tournicoter ses doigts dans mes cheveux en pagaille.

    Hum. C'est tout et c'est rien à la fois. C'est quelque chose qui te remplit l'être tout entier et dont la compassion...

    Vous avez compris, elle commençait à enchainer les mots super compliqués et même si elle savait qu'elle perdait son audience petit à petit. J'ai finis par l'arrêter.

    Euh... T'as pas plus simple ?

    C'est comme si tu réunissais toutes les choses que tu aimais en une seule. Les chevaux, la mer, le biniou, le chouchenn, l'eau de vie, les bonnets rouges, les oeufs, regarder les passantes - grillé... -, faire sourire, aider, recevoir, donner, les poireaux, rire, le saucisson, me protéger, que je te protège, montrer tes fesses au marché, taquiner... Tout ce que tu aimes, en une seule chose. Que tout ne fasse qu'un, toi et ta moitié.

    J'ai rêvassé un moment, happé par le bruit régulier des vagues et des respirations sereines de Georgette. Et alors que la lune pointait le bout de son nez, je me suis dit.

    Pourquoi pas ?

Kleze
    [Masque]

    Je ne vous cache pas que plus l'échéance approchait - celle du bal masqué - plus j'étais envahit par ce mélange étrange d'impatience et de réticence. Faut dire que malgré les conseils et les entrainements que la nonnette me dispensaient avec ferveur et enthousiasme, j'ai tendance à reprendre mes habitudes... à être moi même, avec un langage moins consensuel - tiens, ce mot là, je le ressortirais quand je serais au milieu des nobles - et une gestuel pas forcément gracieuse. Vous avez compris. Je ne serais jamais Roy de machin, Prince de truc ou Vicomte de bidule. Mais dans le rôle de moi même, je suis plutôt pas mal, et c'est déjà bien ! Et puis franchement, le système monarchique, ça ne m'intéresse pas plus que ça. Moi, je suis plus partisan d'une démocratie - et après le cours sur l'Amour de Georgette - être juste l'élu d'un cœur, ça suffirait amplement à mon bonheur.


    Donc... Réticence. J'étais dans le doute complet ! Je n'avais que croisé cette baronne avant de me lancer dans ce défi un peu con. La prochaine fois, j'essaierais de réfléchir un peu plus.


    Ça, c'est pas gagné.

    Oh Georgette, laisse moi raconter mon histoire peinard !

    Non mais oh. On est même plus tranquille ici !
    Oui j'avais un peu peur d'y aller, peur de détonner ou de passer totalement inaperçu. Peur d'être jeter dehors comme un malpropre ou peur de...


    Trouillard !

    Mais j'étais impatient aussi ! Je voulais découvrir ce monde, voir comment c'était chez les cuillères en argent et les soupières en or. M'en mettre plein la vue, danser, boire, aborder, m'en mettre plein la panse, écouter des histoires, en construire une peut être, observer les bonnes manières, et les mauvaises aussi... la liste est longue, surement trop longue pour votre patience.

    J'étais bien habillé, les bottes, braies, chemises, petit gilet, tout y était. Tout ? non. Déjà Georgette a été catégorique. Pas de bonnet avec le pompom. En plus, ce n'est plus de saison. Mais il manquait un truc.


    Un truc indispensable. Allez ! Réfléchis !

    Oui bon. Il manquait le masque. Parce qu'aller à un bal masqué sans un masque. C'est comme un l'hiver qui se pointe sans la neige, l'été sans le soleil, la Bretagne sans la pluie, un pied sans orteils, un lépreux sans crécelle... ou une nonne qui s'incruste dans mon histoire !

    ...

    Et voilà, on a la paix !

    Donc sans masque, pas de bal. Et...


    Tiens ton masque ! Prends le ! Et va voir dans le Berry si j'y suis !

    Ouah ! Mais tu l'as eu où ?! Bordel, la classe !

    Je te le dirais plus tard ! File, tu vas arriver en retard !

    Ah oui... je ne vous l'avais pas dit. C'est l'heure ! Je vous raconterais comment ça c'est passé la prochaine fois !
Kleze
    ["Mets ton manteau, on s'en va !"*]

    Et pourtant je rentre à la maison, tard. Très tard dans la nuit. Il faut dire que le bal masqué a été animé et riche en émotions. La lune est depuis un moment postée dans le ciel et ma petite Georgette m'attend derrière la porte. Je suis un poil fatigué pour lui dire ô combien elle a l'attitude d'un chien attendant son maitre mais je suis encore loin de la réalité. Une vraie fête. Elle sautille partout, me délestant de mon manteau sans que je puisse protester, de toute façon, je n'en ai pas le temps.

    "Alors ?! Alors ?! Alors ?!"

    Parfois, on sait que certaines batailles sont perdues d'avance et je sens que prétexter la fatigue pour aller ronfler est la dernière des solutions acceptables pour la nonnette. De toute façon, à mon avis, Morphée risque de passer bien tard cette nuit.

    Rho ! T'aurais du voir ça ! J'ai jamais rien vu d'aussi, d'aussi... C'était... pouah !

    Une grande porte. De grands escaliers. De grands rideaux...


    Passionnant hein ? Le regard genre "tu m'emmerdes avec tes 'grands' trucs", et je me décide à parler de la soirée plus que de l'architecture ou du mobilier.

    Y avait un de ses buffets ma cocotte ! Et tu me connais hein, je me suis retenu de rester aux tablées pour tout manger ! Et puis...

    Ils sont peut être pas aussi bon que tout frais, mais je glisse dans les mains de la Georgette les quelques entremets que j'ai pu sortir du manoir. Ou alors, c'était un château. Toujours est il que la nonnette ne se fait pas prier et vu son air honteux quand elle enfourne les bouchées, je devine ce qu'elle ira confesser dimanche matin après la messe. Et vu sa gourmandise, elle ira plusieurs dimanche de suite !

    "Oh... Hum..."

    Bon. Je continue hein !

    Et il y avait à boire ! C'était bon ! Mais bon ! Mais j'ai tout sifflé sur la route en rentrant... d'façon, t'aimes pas !

    "Scruntch... groumpf..."

    Goinfre ! Tu finiras en Enfer !

    "..."

    Et puis... il y a eu cette... pas une femme non... une apparition. Une douceur de satin dans un masque doré. Un canard magnifique...

    Je suis le seul à comprendre mais au moins, la Georgette met son plaisir coupable de côté pour m'écouter à nouveau.

    "Et ? Vous avez dansé ? La valse ?"

    Hochement de tête, agrémenté d'un très large sourire.


    "Tu lui as dit de jolies choses ?"

    Ah... Tiens... Perspicace la nonnette. Et vu son air enjoué, elle est aussi contente que moi de la tournure qu'avait pu prendre la soirée.

    "Han ! Vous vous êtes... embrassés ?"

    Et ben bizarrement, elle trépigne la Georgette, je la soupçonne de vouloir des détails mais je continue mes hochements de tête.

    "Vous... T'es amoureux !!??"

    Je ne me suis pas posé la question, mais mon haussement d'épaules a trahit mon... ouais, vous avez compris, au bal, j'ai flanché grave !


    "Mets ton manteau, on s'en va !"*

    Et ouais ! On est parti que le lendemain matin, mais on est parti !

    * "Les trois frères". Ça vous change de Shakespeare, Baudelaire et Oscar Wilde hein ?

Kleze
    ["Comme ça, on se complète."]

    Vous savez, avec Georgette, on a pas vraiment des tonnes d'affaires. Des piécettes - un petit paquet quand même -; des fringues - surtout depuis la frénésie vestimentaire pour le bal-; des livres - uniquement ceux de la nonnette -; et... et puis c'est tout. Quelques bouts de pain, de la viande séchée - qui ne remplacera jamais un bon bout de barbak crue finement hachée - et nous voilà fin prêts.

    "On va où ?"

    Ouais. J'ai oublié de vous dire la dernière fois. Je n'ai ni le nom ni l'adresse de la donzelle que j'ai rencontré au bal. C'est ballot hein ? Je n'ai pas osé le dire à Georgette sur le coup, elle m'aurait traité de crétin - ne le faites pas à sa place ! -; du coup je tente de broder. Après tout, brodeur, c'est un beau métier. Nan, je déconne.

    Euh... Dans le centre !

    Note pour plus tard. Ne pas être aussi vague et éviter le "Euh". Ça met la puce à l'oreille.

    "Le centre ? Tu n'as pas plus... vague ? Pourquoi ne pas dire 'On va en France' tant que tu y es. Et puis, comment elle s'appelle ta danseuse, on peut peut être la retrouver en contactant les douanes."

    C'est qu'elle est pas con la Georgette. Mais bon, vous le savez, j'ai encore moins son nom que son adresse.

    Euh... Dans le centre !

    Oui je sais. Je me suis répété. Faire genre "je suis resté bloqué à la question d'avant", parfois, ça fonctionne; mais pas avec la nonnette. Elle me connait trop bien la greluche et elle a vite deviné que je ne savais pas grand chose et que je l'emmenais à l'aventure. Et c'est là qu'entre en jeu mon regard de chien battu ou de chat à la recherche de câlins. Non, parce que dans les préceptes religieux, il y a la compassion - qui devrait être un précepte de vie d'ailleurs - et avec Georgette, c'est le bonheur pour lui faire accepter mes idées un peu farfelues.

    "On prend le bateau."

    Hiha ! T'es la meilleure !

    "Comme ça, on se complète."

    Et pan, dans mes dents. J'aurais même préféré un "Abruti" ou un "Crétin" mais la nonnette affiche son sourire genre "heureusement que j'suis là" ou alors c'est celui du "je sais pas dans quoi tu m'embarques, mais tant pis".

    Et on monte sur le rafiot. Direction La Rochelle !


Kleze
    ["C'est quoi ?"]

    Ah la mer !
    C'est grand, c'est large, on en voit pas le bout - un vantard dans la salle ? - ça fait splatch quand une vague vient jouer sur le rafiot; ça fait splatch quand une mouette largue une chiasse aux couleurs incertaines...


    Georgeeeetttte !? C'est quelle couleur ?

    "Ah ! T'es dég' !"

    Héhé. Incertaines voilà.
    La mer et Georgette qui nourrit les poissons. Au début elle a eu le mal de mer, du coup les poissons bouffaient un peu liquide avec des morceaux et moi j'étais sympa, j'en ai même pas profité. Je lui tenais même ses cheveux quand elle se penchait pour dégobiller. Bon ok, j'avoue. Quand la houle a propulsé une énorme giclée jusque sur le pont, j'aurais pu épargner la Georgette. Mais bon. Je ne l'avais pas vu ! Ou pas. Ouais. Ou pas. M'enfin après ça, la nonnette s'est habituée et plouf le mal de mer. Par contre elle a continué de refiler de la bouffe aux poiscailles.


    "Mais... Ils doivent avoir faim ! Et ce sont des êtres vivants, des enfants du Très Haut !"

    Et tu fais un élevage de morpions là dessous pour en sauver et en nourrir quelques uns ?

    Ah la Georgette. Elle est mignonne mais sa bonté lui amène souvent des idées à la con. D'ailleurs j'sais pas pour vous. Mais rien que de parler morpions, ça grattouille un peu.
    Enfin bref. Ça ne l'a pas arrêté de toute façon et puis... J'ai même compris que grâce à elle. J'arrivais à chopper ! Chopper des poissons. Peut être qu'une petite colonie assez con avait fini par suivre le bateau en voyant Georgette en mère nourricière. M'enfin moi, entre un poisson et un poisson con. Niveau goût, ça doit être pareil non ?


    "Hum... c'est bon. C'est quoi ?"

    Ma petite nonne. Si tu savais ! C'est un des trucs visqueux que tu as nourris, que j'ai pêché, couiqué, vidé - j'ai donné les viscères à manger à sa famille, parce que quand même, j'ai une part de bonté en moi -, lavé, cuisiné...
    Pire encore, Georgette, je l'ai fait flambé dans de la gnôle, comme ça si j'te dis la vérité, tu te rendras compte que t'as cramé deux de tes principes !


    C'est du poulet à la Rochelloise !

    "Hum..."

    T'oubliera pas de donner les restes aux poissons, hein ?

    Hein ? Hinhinhin ! Je suis vilain. Et vivement La Rochelle, parait qu'il y a des sirènes là bas.

Kleze
    ["Bulot"]


    "Terre ! Terre ! Terre !"

    Oui Georgette. Oui. C'est que la nonnette, sur la fin du voyage maritime, elle s'est prise pour un pirate. Bon, sur le coup je me suis dit qu'elle avait du être piqué par une bestiole étrange ou qu'elle avait choppé une maladie à la con. Mais moi, à part quand je faisais semblant de jouer au médecin avec les filles du quartier pas trop farouches pour découvrir certaines choses, niveau maladie et compagnie, j'suis aussi calé qu'un lépreux en crème hydratante. Vous avez saisi. J'y connais rien. Du coup je me suis dit que c'était normal. Après tout, pour être nonne, faut pas avoir toute sa tête, non ?

    "Ohé ! Hissez le drapeau ! A bâbord toute !"

    Elle est mignonne hein ?

    Mais a bien écouter. Elle vise juste la Georgette. Peut être qu'elle était juste pirate dans une vie d'avant et qu'elle a juste un relent. Comme quand on se prend une cuite à la bière, on a des petits relents de mousse avant le grand déballage.
    Ou alors... Ou alors...
    Ouais non. Y'a certaines choses que je préfère ne pas comprendre. Comme les femmes - ah ouais les mecs ? - ou la soule - ah ouais les donz's ? . *cette dernière phrase vous a été offerte par "la minute machiste."*
    M'enfin j'ai bien retenu l'histoire des sirènes de La Rochelle que Georgette m'a raconté.
    Les sirènes d'ici sont - dixit la nonne - un mélange de femme et d'huîtres. Oui, oui. Je vous vois venir, les perles, tout ça, tout ça. C'est trop rare, tout ça, tout ça. Mais les sirènes, c'est juste un coquillage avec un corps de femme qui en sort. Voilà. Ça fait un peu bulot.


    "Hiha à l'abordage !!"

    Hum... Hum...
    Au moins on est arrivé... Bon je vais m'occuper de la nonnette, c'est qu'elle risquerait de faire une connerie si je la laisse toute seule... Puis avant de prendre la direction de Limoges, faut que je me renseigne sur cette histoire de bulot.


Kleze
    ["Ave Georgette"]

    La Rochelle. Saintes. Saintes. Saintes...
    Non pas qu'être dans un patelin si bien nommé pour Georgette me dérange. Non, hein. Pas vraiment. Surtout que c'est plutôt jolie. La ville aussi. Mais entre ma recherche sur les sirènes, qui ne donne pas grand chose; la nonnette qui se remet à peine de son délire maritimo-religieux - ça fait peur hein ? - , les guerres en tout genre et les brigands...
    Du coup on est reparti assez vite, de toute façon les brigands, moi j'suis équipé de la nonne de combat niveau 3. Quand les mécréants se prennent son discours sur le bien, le mal et tout le tralala; limite ils me regardent plein de compassion et tournent les talons pour échapper au flot de mots. La force des mots quoi... Une immolation verbale. Voilà, c'est ça.

    Tout ça pour dire qu'on rebrousse chemin et qu'on passe par en haut. D'ailleurs en repassant par La Rochelle, on m'a raconté que les sirènes étaient toutes mortes suite au passage d'un volatile. J'imagine bien un goéland un peu bourré se tromper entre les moitiés de donzelles et un merlan. Reste à savoir quelle moitié il a pu confondre le bougre. Non parce que certaines femmes hein...


    "Tiens, ça sent les vaches."

    Normal, on arrive dans le Limousin !

    Et attends deux minutes ma Georgette, que je te fasse voir ma découverte. Vous connaissez les toges des romains ? Le grand drap qu'ils s'enroulaient. Et bien j'ai découvert comment le faire tenir. Alors à la sortie de mon bain dans un ruisseau bien frais. De cette fraîcheur qui rétrécit certaines choses et qui en raidit d'autres.Mais c'est pas ça qui m'arrête hein. Le drap bien calé entre les fesses, un p'tit repli pour le ramener par devant, deux enroulades. Et hop. Bon, ok, on voyait mon cul mais l'imitation tenait super bien la route.

    Ave Georgette ! C'ui qui va mourir te salue !

    "T'es trop nul ! Nul !"

    J'vous le mets dans le mille. Elle a tendu le poing, pouce sur le côté et a pointé le sol. Et ouais. La Mort. Du coup j'ai fait le mort jusqu'à ce qu'elle vienne pleurer mon corps. Ou alors elle m'a jeté de la flotte. La bien fraiche, celle qui... vous savez.

Kleze
    [Souvenirs.]

    Le Limousin...
    C'est tout, tout près du Berry vous savez ? Genre, j'étais à deux jours à pieds de la masquée, ou peut être un peu plus. D'ailleurs je ne me souviens plus très bien si nous étions à Guéret ou Bourganeuf.

    Les tavernes...
    Georgette me pousse toujours à y aller. Elle me dit tout le temps.


    "Faut se sociabiliser !"

    Hey. J'suis pas con hein ! Elle adore quand je rentre un peu plein et que je raconte mes conner... aventures. Elle aime moins quand mon estomac ne supporte pas le "manger-liquide" ou le "manger-égyptien", toutankanon qu'ils appellent ça.
    Je la soupçonne aussi de profiter de mon absence pour faire je ne sais quoi. Non parce qu'une nonnette. Elle doit pas être toute blanche. Enfin j'crois...
    Du coup, la taverne... bah j'y suis allé ! Faut pas déconner quand même.

    J'avoue, je suis rentré totalement au hasard. D'ailleurs je suis tombé en plein dans une réunion d'un groupe de brigands. Mais ça, je ne le savais pas hein.
    Hop présentation. Hop, tournées payées. Rien de mieux pour une entrée réussie. Ça faisait un peu "j'vous achète à coup de choppes", mais ça marche.
    Bon les brigands... Je devrais plutôt dire les brigandes. Z'allez voir. Revu des troupes !
    Il y avait une petite chose boiteuse. Et comme je n'ai pas réussi à imprimer son prénom, je l'ai appelé petite princesse. Et malgré sa jambe de bois, elle était pleine de vie. Genre, première à faire une bêtise.
    D'ailleurs, j'ai pris sa défense alors que sa maman lui expliquait que "c'est pas bien !". Bah ouais, la pauvre. Ne rien pouvoir faire avec deux jambes, c'est déjà chiant. Alors si on ne peut plus s'amuser quant on en a qu'une seule... Bon, je vous avoue, je n'ai pas retenu son prénom non plus. Mais elle était brune ! Elle doit toujours l'être d'ailleurs.
    Ensuite... Une rousse. Plutôt discrète. Encore que, ça devait moins l'être sous la table. Et oui ! Je ne suis pas un lapin de deux semaines, j'ai bien vu qu'y avait baleine sous grain de sable avec son voisin.
    Son voisin, un blond. Genre mystérieux. Je ne me souviens que d'une chose. Il m'avait promis de m'envoyer un pigeon. Bon, vous savez ce que c'est les promesses. Je ne l'ai jamais reçu. Ou alors il n'a jamais été envoyé.

    Et puis y'avait la Colombe comme elle s'est présentée. Je vous fais grâce des titres qui suivent son nom. C'est à coucher dehors. A coucher dehors dans la boue même. Du coup j'ai remplacé tout ça par "perfektchieune".
    Bon, j'avais bu trop, mais trop. Et la soirée s'est déroulée en plusieurs temps.
    - la découverte de la cause de la disparition des sirènes. Elles sont toutes mortes devant la beauté de la colombe. Remarque, entre une femme mi-bulot et une colombe. Je comprends qu'elles aient eu honte.
    - Un concours de rôts. C'est ultra classe. Et j'ai perdu... Même en trichant, genre je lâche une caisse en même temps pour augmenter le volume et la résonance.
    - Une épilation. Bah oui. Plein comme une barrique, on ne dit pas non à une jolie fille. Même si c'est pour une idée saugrenue d'épilation de barbe. J'ai eu mal. J'ai envoyé des "Aîe", des "haaa". Et elle avait un petit air sadique. Ouais, sadique. C'est le mot.

    J'ai eu la gueule rouge pendant quelques jours. Mais "la dépileuse" avait eu le tact de partir en m'laissant une bise sur le menton. Genre, ça allait me faire oublier la torture.
    Plus tard, elle m'a écrit, une fois. Plus tard, j'ai répondu, une fois aussi, parce que sinon ce n'est plus une réponse. Et puis plus rien.
    Ça doit être ça la vie. Les gens passent, on se marre - ou on pleure, ça dépend - ; on partage et puis ils repartent comme ils sont arrivés. On garde les souvenirs et parfois, on oublie. Mais le chemin est long !


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