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Info:
Ou pourquoi Guillaume de Jeneffe est porté disparu (mais où est Braddock?) depuis le début du mois de novembre

On the highway to hell

Guillaume_de_Jeneffe
La route était longue et sombre en ce retour vers la maintenant vicomté de Marchiennes. Depuis son retour de Bretagne, Guillaume avait été appelé par le Conseil pour un accueil, des fêtes, des manoeuvres, des fêtes, j'en passe et pas forcément des meilleurs. Tant et si bien qu'il avait à peine su voir sa fille, et jouir de la présence de son épouse revenue du sud lointain. Aussi, sur de pouvoir enfin passer plus de 24 heures en son castel, il revenait, en petite escorte. La compagnie principale avait fait la route, par les chemins du nord, plus longs mais plus planes, en carosses. Le chevalier, sa filleule et son frère, et quelques autres avaient pris les chemins plus rapides, mais plus difficiles, du sud. Volonté de se retrouver, de s'offrir une ultime chevauchée avant le banquet du soir, le premier en tant que réel vicomte sur ses terres.

Le soir tombait presque, le soleil jouait à se cacher derrière de gris nuages, annonce d'une pluie qui défoncerait les sentiers, martèlerait les toits et erffraierait les enfants. Mais pour l'instant, seul un petit vent frais se faisait sentir sous la légère armure de plattes portée par le Flamand. Lance et pennon à la main droite, rênes à la gauche, écu sur le flanc de son noir Frison, miséricorde liée au plastron, et épée cellée derrière l'écu aux armes de Jeneffe, Guillaume avait depuis quelques minutes prit la tête du convoi, au pas. Après les premières courses, les cavaliers avaient ralenti la cadence, au point de presque flâner sous les arbres du bois qu'ils traversaient pour l'instant.

Petit regard dans son dos, bien plus facile depuis qu'il avait décidé d'ôter son bassinet et de le confier à son épouse, Zalina est là, non loin de Totox. Sourire flamand, qui s'élargit en voyant l'escorte toujours présente. Quoique, niveau utilité, une escorte en retrait... Enfin, au moins ne seraient-ils pas pris en revers...

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Aélys O'Domnhail
Qu’elles furent longues les discussions, qu’elles furent longues et mouvementées. Et il avait fallu que leur résultat n’aille pas en son sens, à son grand dam. Si le plan était ingénieux, la pratique l’était beaucoup moins, du moins, à son avis à elle. Si la perspective de jouer les fausses victimes ne lui avait pas déplu, il n’en avait pas été le cas à propos de l’agresseur imaginaire. Elle aimait les hommes, mais dans la limite du raisonnable. Si elle aimait la chair, elle ne laissait toutefois pas n’importe qui se glisser entre ses cuisses brûlantes. Mais il avait été convaincant. Il avait usé d’arguments persuasifs. Mais elle lui en ferait baver en guise de vengeance, quand bien même son sacrifice fut pour la bonne cause. Restait juste à espérer que l’autre pervers imbécile ne fiche pas tout en l’air. C’était des fois, à se demander s’il n’avait pas l’intelligence d’un bulot en lieu et place de l’esprit humain. Pourtant, étonnement, il pensait ; mais pas avec l’organe qu’il fallait. Et c’était avec ledit organe qu’il utilisait qu’elle allait devoir faire sous peu. Cette idée lui arracha nombre de nausées, qu’elle combattit avec quelques lampées de ce whisky ramené d’Irlande et dont il lui restait quelques bouteilles. L’alcool donne du courage dit on, et là elle en avait bien besoin. Même s’envoyer un bataillon de pitoyables Bretons lui aurait été moins douloureux.

Les heures tournèrent, mais elle n’en prit pas moins son temps, digne capricieuse qu’elle fut. Il fallait que tout soit parfait, que rien n’arrive trop tard, tout comme rien ne soit enclenché trop tôt. Dans le premier cas, ils risquaient de louper leur cible ; dans le second, elle risquait de commettre un meurtre pour pelotage un peu trop intensif et donc de nuire à leur mission. Et quelle mission ; d’une licorne il était question, et l’animal était d’or ; de quoi rapporter nombres d’écus sonnants et trébuchants. Cette fois serait la bonne. Si l’air breton n’avait pas été des plus propices, l’atmosphère flamande ne pourrait être que meilleure à la réalisation de leurs sombres desseins. C’était à le souhaiter. Elle n’avait nulle intention de passer sa vie aux côtés de l’autre gros lourdaud d’incapable.


- C’est quand tu veux, ma Belle… traversa la voix de Konrad à travers la porte refermée de la chambre miteuse. Elle n’y répondit pas, occupée qu’elle fut à regarder dans le miroir brisé. Une silhouette s’y reflétait mais qui n’était pas sienne, une silhouette d’empreint, temporaire, qui disparaîtrait quand tout serait terminé. Les cuirs noirs qui enroulaient le corps aérien de l’Irlandaise avaient été remplacés par des lins marron clair. Ses cheveux corbeau avaient été tressés avec des rubans légers. A ses pieds avaient été passés de petites poulaines blanches. Il était évident qu’elle ne fut pas d’ici, mais à regarder son visage d’ange innocent paré de ses grands yeux bleus enfantins, d’aucun ne pourrait se douter de la noirceur de son âme. De nombreuses secondes s’écoulèrent quand elle se décida enfin à paraître dans l’encadrement de la porte. Elle resta là, sans un mot à regarder le Germain qui se mit à siffler et lui posa une main sur ses fesses alors qu’il s’approcha.
- Tu es… excitante beauté, dit il avec un sourire empreint d’ironie, sans doute s’imaginant déjà la demoiselle et les effets très probables qu’elle aurait sur l’autre. Le temps ne nous presserait pas, je t’aurais bien fait ta fête… ajouta-t-il en passant une langue avide sur ses lèvres, mais sous le regard impassible de la brune.
– Crois tu qu’il nous presse tant que cela.. ? Elle se colla à lui, son bassin frôlant le sien expressif,et plia sa jambe pour poser avec provocation son genou sur la hanche de son partenaire, son jupon judicieusement remonté sur une cuisse au blanc laiteux.
- Finalement… Peut-être pas… reprit l’autre en laissant traîner une main baladeuse. Mais l’Irlandaise le repoussa aussi brutalement qu’elle l’avait aguicheusement approché et s’engouffra dans les escaliers en criant.
- C’est quand tu veux, on a pas que ça a faire !
Kadoc
Il avait eu raison de la brune… Bien la première fois d’ailleurs qu’il avait gagner sur quelqu’un par la simple force des mots… Et cela le réjouissait encore plus quand il s’imaginait ce qu’il avait à faire…Le pur bonheur comme jamais il n’avait imaginé l’avoir à portée de main… Depuis qu’il l’avais vu la première fois il c’était imaginé cette scène… Des centaines de fois même… Une fois seul, dans l’endroit qui lui servait de chambre à l’étage… Enfin chambre, était un bien grand mot… Sans fenêtre et avec pour tout lit, un peu de paille sur le sol ; cela ressemblait plutôt à un débarras, mais bon, c’était tout de même mieux que de dormir sous les barques près des côtes bretonnes… Donc seul dans sa chambre il avait pu jubiler de sa victoire battant l’une de ses mains devant son ventre, l’autre sur la coté, comme si il tenait un manche verticalement… Tout en secouant la tête en prononçant des mots incompréhensible dans une langue que lui-même ne maîtrisait d’ailleurs pas du tout, dans une mélodie à la fois continu et alternative… D’ailleurs à cause de cet état de « transe », quand il était jeune les enfants de son village l’avaient surnommé « Angus »… Allez savoir pourquoi… Donc il était dans son état de transe quand la beauté hurle à son attention au bas de l’escalier… Il se fixe… puis un sourire benêt se fixe sur ses lèvres… Un petit crachat sur les mains, puis on les passe dans les cheveux pour se recoiffer un peu…

J’arrive…C’est bon… M’excite pas encore plus que j’le suis… Sinon j’vais pas attendre d’être arrivé pour t’faire ta fête !

Dernier regard sur la pièce cherchant si il n’avait rien oublié, mais nan… Sa lame était sur lui… Et il n’avait rien emmené d’autre… Ce qui lui servait de veston était en bas…Il prend donc la direction de la pièce commune, où se trouvent tout les protagoniste… Son sourire toujours sur les lèvres il les regarde… Puis déclare…

Bon, quand c’est qu’on s’met en route ? J’pense pas que not’ cible attende bien longtemps… Et puis bien qu’tâter de près la brunette là m’tente vâchement, j’suis quand même pas venu qu’pour ça… B’soin d’argent aussi…

Haussement de sourcil…regard interrogateur… Attendre que les autres répondent ou y aller de suite et espérer que ces derniers le suivraient… ?

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Il faut pas respirer d'la compote, ça fait tousser.
Aélys O'Domnhail
Un sifflement s'éleva derrière la jeune femme lorsqu'elle descendit nonchalament les marches grisées d'une épaisse poussière. Elle avait beau avoir les nerfs plus qu'à fleur de peau, elle n'avait toutefois pas perdu sa félinité bien au contraire. Elle roula judicieusement des hanches pour lui faire regretter que ce fut l'autre qui allait la tripoter. Toutefois, elle ne pousserait pas le vice a en rajouter à l'étreinte écoeurante qui l'attendait. Arrivée au bas des escaliers, elle se offrit un décolleté plongeant au Germain, l'Irlandaise ayant pris le soin de ne pas trop fermer la petite chemise de paysane qu'elle avait revetue. Elle lui adressa un regard de braise comme elle savait si bien les faire, attisant par la même une virilité qui finirait tot ou tard par s'échapper de son carcan. Mais elle savait pertinament que son compagnon devait dompter ses ardeurs car le temps n'était pas vraiment le leur sur l'instant.

Bave pas trop le gros...et t'as pas intéret d'en profiter sinon je te les coupe! Excitante menace que celle sortant de la bouche accentueuse d'une brune brulante d'énervement. Et dans le bruit du lourd tissus de son jupon miteux, elle s'en alla quand une tempete au dehors.

Je vous signale qu'on vous attend! Et sur ces mots elle commenca a emprunter le fameux chemin.
Zalina
Routes, chemins, routes…
Chevauchés, nuits à la belle étoile ou dans quelques auberges de passage, puis encore chevauchés…
Quotidien qui tirait de plus en plus des soupires à la Petite Peste devenue Peste mi mai, avant de virer Peste Noire mi juillet. Pourquoi ? Peu le savait. Peu s’en souciait à vrai dire. Et cela convenait parfaitement à la Tigresse sauvage. Aucune question, aucune réponse à donner. Pas un mot à prononcer. Elle pouvait garder les lèvres serrées. Lèvres qui ne se desserraient que le soleil couché pour engloutir tout ce qui ressemblait de près ou de loin à de l’alcool. Poire, Prune, Mirabelle, Génépi, Calva, bière, Flamande bien sure,… qu’importe tant que cela réchauffait un peu son cœur mort, l’espace de quelques heures.

Zalina avait décidé de voyager léger. Dès son arrivé en Flandres, l’armure de guerre avait été expédiée à Marchiennes. Elle avait dit qu’elle accompagnerait le Grand Maistre jusque chez lui et c’est ce qu’elle ferait. Mais sans cette carapace étouffante.
Les gros nuages s’annonçant la confortaient dans sa décision qu’une simple chemise et une paire de braies étaient bien plus confortables et pratiques. Non seulement elle se sentait plus libre mais en plus elle n’aurait pas à lutter contre la rouille de son armure trempée.
Certes, la chemise était moins protectrice qu’une armure. Bien que l’armure ne lui avait pas épargnée une nouvelle plaie entre les deux seins lors des dernières joutes. Puis, la protection, elle n’en voulait pas. Il ne manquerait plus qu’elle rate une nouvelle occasion de se faire tuer. Elle se contenterait de son épée et des deux dagues qui ne la quittaient jamais, elles.

En attendant le jour où son chemin s’arrêterait enfin, elle continuait sa route, veillant sur son Maistre autant qu’il lui en laissait l’occasion. Un arrêt pour les festivités et le Flamant avait prit la route du sud vers sa nouvelle Vicomté. Alors direction le Sud.
Encore des chevauchés, encore des routes, et rien à se mettre sous la dent depuis des semaines. Pas une mauvaise rencontre, pas une petite bataille pour se passer les nerfs. Rien du tout. Dieu que cette route était longue pour la Peste impatiente de rejoindre la cave de Marchiennes.
Longue et trop calme. Elle n’avait rien à faire autre que cogiter en comptant les pas de sa monture. Et elle n’aimait pas ce qui lui tournait en tête.

Le soleil se couchait tranquillement derrière les arbres.
Bientôt Guillaume serait avec sa famille, heureux et en sécurité.
Bientôt elle pourrait disparaitre à nouveau sur les routes, seule, à la recherche de sa mort.
Il semblait toujours si heureux en approchant de ses terres que la Peste l’avait laissé prendre de l’avance. Son humeur collait d’avantage avec la couleur de son Frison qu’avec le sourire Flamand qu’il leur adressait. Zalina lui répondit par une risette puis replongea dans ses pensées, oubliant presque la présence de Totox à ses cotés.
Elle repartit quelques semaines en arrière, à la cérémonie pour la mort de Rory, puis la lettre en provenance de Mauléon. La vue du sceau lui avait rendu le sourire une seconde, enfin des nouvelles du Tonton Poutous. Mais quelles nouvelles… Simplement la retranscription d’un discours de son oncle de cœur qu’elle avait rapidement rangée dans une sacoche de sa selle.
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Citation:
Mes chers Thouarsais,

Vous qui m'avez fait confiance par le passé et peut être encore aujourd'hui,
Vous qui m'avez permis d'accomplir de grandes choses au cours de ma vie,
Vous qui m'avez vu grandir au sein de notre village,
Vous qui avez été de fidèles amis, des frères, et parfois même des pères pour moi,
En ce jour je viens vous annoncer une bien triste nouvelle.

Ces dernières semaines m'ont fait prendre conscience de mon âge avancé, mes plus vieilles connaissances s'éteignent tour à tour autours de moi. Je ne sais combien de temps Aristote me prestera vie, mais je sens qu'il est temps pour moi d'entamer une longue retraite auprès des moines. Je dois me recueillir, penser à tout ses amis perdus, à cette vie passée...
Je viens donc vous annoncer mon retrait prochain de la vie active pendant au moins 8 long mois.


Mais avant de vous quitter, je tiens à faire encore un geste pour ce village et ses villageois qui m'ont tant apporté. Il y a dans ma taverne 42 miches de pains et 10 sacs de Mais réparti en un menu avec du pain et un menu avec deux sacs de mais. Ces deux menus seront proposé au prix minimum - c'est à dire 5 écus - jusqu'à la fermeture de ma Taverne "L'Auberge Mauléonnaise", ce lundi.

Concernant mon armée, si ses membres décident de rester unis malgré mon absence, je veux qu'ils sachent qu'ils auront mon soutien dans leurs actions tant que ces dernières respecteront les principes et les valeurs que j'ai taché de leur inculquer. Je compte sur eux pour agir avec la sagesse nécessaire à tous bons guerriers : Je ne crois pas que tous combats soient bons, mais il est bon de combattre pour ce que l'on croit. J'ai confiance en vous, soldats de Mauléon pour ne pas laisser Thouars ou le Poitou sombrer en mon absence.
Le Sénéchal Passy aura tout droit dans la Caserne de Mauléon ainsi que mon escuyer si celui ci revient parmi nous.


Je ne sais ce que prévoit Aristote à mon sujet, je n'ai pas eu la chance de trouver femme qui me convienne et d'assurer ma descendance. Aussi, si malheur venait à m'arriver, il est certain que mes titres n'auront pas de porteur issue de mon sang, les choses sont ainsi faite et la nature en aura voulu ainsi.
Toutefois, je dispose de biens qui me sont propres et dont je suis le seul à décider vers qui ils iront. Aussi je tiens ce que ceci soit établit dès aujourd'hui.

Voici le détail de la répartition de mes biens à ma mort :
  • 10 000 écus iront à ma nièce de coeur : Dame Zalina. Cet or ma petite Zaza, considère le comme ta dote ou toute autre chose que tu désirera en faire. Il ne remplacera pas l'immense peine qu'à causé la disparition d'Aragos, mais il t'aidera je l'espère à vivre des jours meilleurs.
  • 2 500 écus iront dans les caisses de l'armée de Messire Cyclope. Je sais qu'il saura faire bon usage de cet or pour défendre le Poitou et Thouars.
  • 2 500 écus iront à notre homme de police de Thouars : Sieur Chuichian. Dans cette somme, au moins 1 500 écus devront être utilisé pour son mandat de Police. Ceci afin que Thouars soit bien surveillée ainsi que son marché.
  • 2 500 écus iront à Messire Elra. Pour qui j'ai toujours eu un grand respect et dont je n'ai pas oublié l'acte commit dans ma jeunesse où se dernier vendait à perte du bois au Thouarsais pendant une pénurie qui touchait le village.
  • 2 500 écus iront à ma marraine, Dame Lady. Ceci afin qu'elle rachète tout les jupons perdu par le passé... et non pour enrichir son mari, tout Comte soit-il.
  • Mes réserves en nourriture et matière première seront, si celui ci l'accepte, sous mandat Comtal à disposition de la Mairie de Thouars. Ceci dans l'unique but que les thouarsais disposent d'une réserve pour ce nourrir en cas de pénurie, tout en limitant le risque de pillage des biens Thouarsais.
    Cet inventaire de denrées est composé d'environ :
    - 655 Miches de Pains
    - 200 Sacs de Maïs
  • Tout mon arsenal ira à mes soldats. Soit 12 épées, 8 manches et 6 boucliers qu'ils décideront de vendre et de partager la somme entre eux ou de conserver ses armes.
  • Mes derniers 1 000 écus sont encore à l'étude pour savoir ce que j'en ferai
  • J'offrirai au Comté tout les matériaux non cité ci dessus qu'il me reste et me restera. Soit du bois, du fer, du pain, du blé, du mais et quelques écus.


Voila braves villageois, le jour où je disparaitrai je ne partirai pas sans vous offrir un dernier cadeau. Je n'aurai plus qu'à espérer que vous ferez bon usage de cette fortune que j'ai mis tant de temps à obtenir.


Je regrette de ne point pouvoir être des vostre ce soir, participer à cette reprise de Mairie risquerait sans doute de m'y faire rester jusqu'à ce que de nouvelles élections arrivent...

Voila que mon discours s'achève enfin, je n'aurai qu'une chose à vous dire Thouarsais : restez fier en toutes circonstances, et ne vous laissez pas ensorceler par quelque tour de passe passe de nos voisins du nord. Soyez méfiant, il y a des traitres de partout !

VIVE THOUARS ! VIVE LE POITOU !

Comme si 10 000 écus pouvaient acheter son pardon. Encore un qui n’a pas compris qu’elle n’attachait aucune importance à l’argent. Encore un qui ne la connaissait pas du tout et s'apprétait à l'abandonner. Mais un qui lui donnait, s’il mourait, de quoi s’offrir les services d’un bon tueur. Merci Tonton Poutous.

Le regard de plus en plus noir, la jeune femme fixait le Grand Maistre, seul objectif, seul but pour l’heure actuelle. Elle devait oublier tout le reste. Reste qu’y n’avait… aucune importance. Il ne s’agissait que des lambeaux d’une vie sur laquelle elle avait tiré un trait depuis le milieu de l’été.
Guillaume_de_Jeneffe
Depuis des heures maintenant la compagnie était plongée dans le silence. Chasun semblait pris dans ses pensées, submergé d'on ne sait quoi. Curieuse ambiance, presque mortuaire alors que tous revenaient de joyeux événements. Mais la brume qui doucement prenait possession des environs y avait bien contribué, visiblement. Pour Guillaume, les pensées étaient simples. Elles tournaient autour de quatre pôles, comme souvent. La Licorne, qui souffrait de voir ses membres arrachés par les outrages du temps, et qui ne courraient plus comme avant. L'Ost de Flandres, la caserne de Tournai, qu'il avait cru voir se réveiller alors que c'était son aide que l'on semblait attendre. Mons-en-Pevèle, achevée depuis des mois et des mois, mais qu'il n'a encore pu visiter. Et le dernier, son astre à lui, son épouse. Quittée pour mieux la retrouver, la chérir, l'embrasser, rire dans ses bras et dans leur couche, l'aimer sans obstacle. Avant une nouvelle séparation, prévisible de par leurs charges. Des inquiétudes donc barraient le front du Flamand.

Comme une clairière barrait la route. Petite source, quelques bouquets d'arbres de taille moyenne, l'endroit idyllique tel que chanté par Béroul. Mais hélas pour le poète, ici, les ébats n'auraient point lieu et nul roi Marc ne viendrait les troubler. Non, un groupe de chevaliers et sa suite s'y reposerait, quelques chevaux s'y raffrachiraient, et l'aventure se poursuivrait.

Reforgeant un sourire sur son visage marqué par les guerres et les missions. A peine plus de trente ans, peut-être trente-cinq, comment aurait-il pu le savoir?, et déjà se sentir vieux, vétéran, aîné de tous, ou presque. Et savoir que malgré cela, malgré les peines, les sangs et les coups, l'énergie reste là et le mènera encore longtemps sur les routes de France et d'Europe, à défendre jusqu'à son dernier souffle les enseignements séculaires reçus à Ryes et ailleurs.

Dextre qui se lève, signale la halte, et chevalier qui se glisse à bas de sa monture, pour lier ses rênes à un hêtre, non loin du point d'eau, avant de se retourner et d'inviter ses compagnons de route à faire de même.

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Zalina
A l’avant, le Vicomte mit pieds à terre.
La Peste regarde autour d’elle. Pas de Marchiennes en vu. Pas de cave non plus.
Il aurait pu choisir un endroit plus alcoolisé pour passer la nuit. Les réserves de la jeune femme s’amenuisaient et sans rien pour les remettre à niveau, c’est son humeur qui risquait d’en pâtir. Mais ordres du Grand Maistre, on s’arrête là. Il faudra faire avec, ou plutôt sans.
La pensée pour tous ces tonneaux de bière flamande qui devaient l’attendre en la cave de la Vicomté lui arracha un nouveau soupire. Puis elle finit par arrêter sa monture elle aussi. Au moins passerait elle quelques heures de plus avec la Licorne d’Or.
Elle s’efforça de s’accrocher à cette idée pour rester positive. Ou du moins, en avoir l’air, un minimum.

Profitant de son perchoir, Zalina observa les alentours avant de descendre.
Une jolie clairière pour la nuit. La brume du début de soirée ne lui permit pas de distinguer grand-chose. Il fallait faire confiance au Maistre sur le choix du coin. Elle n’avait de toute façon pas mieux à proposer, à part filer tout droit sans s’arrêter jusqu’à la cave de Marchiennes.
Notre Peste ferait elle une fixation sur les réserves du Vicomte ? Pensez vous. Une cave flamande remplie par les soins d’un connaisseur en bière. A quoi rêver de mieux pour une Peste alcoolique qui commence à être en manque ?
Sa jument avait tranquillement reprit le chemin du point d’eau sans demander l’autorisation à sa cavalière. Perdue dans ses pensées, cette dernière ne dit mot et attendit que l’équidé s’arrête de nouveau, les naseaux dans l’eau, pour sauter à terre.
Une seule question lui vient à l’esprit.


Grand Maistre, combien nous reste-t-il d’heures de voyage pour d’arriver à Marchiennes ?
Guillaume_de_Jeneffe
La Poitevine avait sauté bas de sa monture et déjà exigeait ses réponses, ou plus exactement sa réponse. Comme si elle était encore plus impatiente que lui de rejoindre le castel. Cela semblait cacher quelque chose... mais quoi? La volonté de disparaître dans sa chambre? Se tenir éloignée de tous et de toutes. Être là mais sans rencontrer personne, comme elle l'avait fait au cours de cette calme chevauchée.

Aussi, le sourire reprend place sur son visage, tentant de rassurer et de réconforter une dame qui a passé bien des épreuves, cotoyé bien des morts, traversé bien des guerres.


- Ma foi, je ne sais exactement, une ou deux certainement, pas beaucoup plus. Mais les montures semblaient fatiguer, et je ne désire point que nous les crevions sous nous. D'autant que nous ne sommes guère pressés. Le soir n'est pas encore tombé, la tablée ne doit pas encore avoir été dressée et nous ne devons pas encore être attendus. Pourquoi ne pas en profiter pour souffler quelque peu... ou pour parler. Car cela fait bien longtemps que nous n'avons réellement discuté.

Le mouvement était lancé, et avec lui les conséquences qu'on ne pouvait encore prévoir. Mais, cela était clair dans son esprit, Guillaume ne voulait pas lacher sa pupille avant que de savoir ce qui causait son empressement. Rassuré, il ne le serait surement pas, mais au moins il serait parvenu à s'assurer de ce qui se passait dans la petite tête qui lui faisait maintenant face, avant que de se pencher sur le cas d'un Totox bien muet lui aussi...

Silence qui enveloppe deux de ses plus proches frères. L'un examiné depuis son arrivée comme homme d'armes, passé sous les ordres de Shanamir qui lui avait concédé fief, et qui avait, à la force du poignet, gravi les échelons, patiemment, avec détermination, pour aujourd'hui porter les caducées avant, peut-être, les gantelets... L'autre lui avait été confiée, il y a de cela bien des années, encore presque enfant. Il l'avait éduquée, ou tout au moins essayer, n'étant pas véritablement un expert dans le domaine, la conduisant sur le chemin qu'elle avait aujourd'hui emprunté. Et qui semblait en avoir fait une femme triste, usée, et découragée par les vices humains. En somme, il lui avait fait suivre ses pas, sans comprendre qu'elle n'avait pas en elles les remparts nécessaires à sa survie. Et aujourd'hui, cavalière noire, elle ne cherchait plus l'amour et la joie mais s'était résolue à ne suivre que sa mission, jusqu'au terme qu'Aristote voudrait bien lui donner... C'est certainement de cela, en y repensant, que le Flamand était le moins fier. Il avait fait d'elle le prototype même du chevalier, mais ne l'avait pas adoubée, ne lui avait pas offert une vie telle qu'elle l'eût mérité, tout cela car il avait été aveugle, une fois de plus... Peste soit de lui, bien indigne parrain. Seul, il se serait martelé le front, se serait usé sur un mannequin de toile... Mais ici, il n'avait rien à faire d'autre que répondre, tenter de garder contenance, devant elle, devant lui, devant eux... Et attendre sa réponse, tenter d'y deviner sa peine, ses doutes, qu'elle cachait presque aussi bien que lui, car cela aussi elle l'avait appris...

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Zalina
Pour souffler quelque peu.
Voilà une bonne nouvelle. Ils ne passeraient pas la nuit dans ce bois comme la Peste l’avait cru. La cave n’était donc pas si loin qu’elle le pensait et elle n’aurait pas à attendre l’aube pour rendre visite aux réserves de la Vicomté.
La bière flamande serait goûtée pour le dîner.

Ou pour parler.
Là, c’est une moins bonne nouvelle…
Zalina fit un pas en arrière. Un vieux réflexe. Mais se retrouva le dos contre sa monture. Retraite coupée par son canasson.
Parler, elle n’en avait plus envie depuis des mois. Alors avec un Flamand qui a le don de lire une partie de ses pensées mieux que personne encore vivant. Non, çà ne l’emballait pas des masses.

Pourtant, elles lui manquaient leurs conversations sur la pluie et le beau temps, la Licorne et le Royaume, tout et n’importe quoi. Combien de fois avait elle été trouver son Maistre lorsque cela n’allait pas ? Sans jamais lui donner les vraies raisons de sa venue, bien sure.
Juste pour passer une minutes ou deux en sa compagnie, se plonger dans ce calme émanant de Guillaume et qui vous tranquillise par sa simple présence. Minutes qui se transformaient bien souvent en plusieurs heures, sans jamais lui dire ce qu’elle avait réellement à dire.
Petit jeu qui était devenu une habitude, un automatisme. La fuite avait toujours été plus facile que la vérité. Puis le Grand Maistre a déjà assez de soucis à gérer au quotidien sans qu’elle y rajoute les siens.

Mais ce soir, la jeune femme est fatiguée et n’a plus la force de fuir. Fatiguée de mentir aussi.
Si la Licorne d’Or voulait parler, soit. Mais pour une réelle discussion.
Zalina leva les yeux pour croiser ceux de son parrain. Est-ce qu’il avait déjà un sujet de discussion en tête ou avait il dit cela dans le seul but de passer le temps ?


Il est vrai qu’il y a longtemps que nous n’avons eu l’occasion de discuter, Grand Maistre.
Il faut croire que nous avons tous deux trop de responsabilités pour en avoir encore le temps.


Responsabilités dans lesquelles la Peste faisait le ménage. Toutes ces charges l’éloignaient de la Licorne et elle voulait s’y consacrer pleinement. Trop de choses y étaient en attente, à commencer par le Haras de Rassaln. Tant pis pour les jolies colliers et gentils collègues d’à coté. La Licorne en priorité. Elle le devait au moins à l’ancien Maistre d’armes et à tout ceux qui avaient fait son éducation à Ryes.
Sans parler des tonneaux de Génépi qui devaient encore se cacher dans le bureau du Prévôt depuis la mort de Bralic… Il était plus que temps qu’elle trouve un moyen d’aller y fourrer son nez à la recherche de ces merveilles.


Y a-t-il un sujet particulier que vous désiriez aborder ?
Pas de mode j’espère ? Votre Dame serait plus apte à vous conseiller que moi.


Le temps d’un sourire et une idée traversa l’esprit de la jeune femme. Un éclair de malice passa dans son regard qui fixait toujours celui de Guillaume.
Peu après son arrivé à Ryes, il lui avait lancé un défi lors d’une course équestre. Lui prendre son couvre chef. Merveilleuse journée d’une douce enfance qui l’avait vu récompensée d’une dague.
Et si cette fois c’était elle qui lui lançait un défi ?
Un coup d’œil à Totox pour voir s’il voudrait participer ou pas et elle replongea dans les prunelles de son parrain.


Si vous voulez « réellement discuter », alors discutons… réellement pour une fois.
Que des questions directes et précises pour des réponses claires et honnêtes. Aucun mensonge, ni cachotterie, pas de semblant, que des réponses franches.
Cela vous convient il ?


Défi qu’elle pourrait bien regretter avoir lancé, cachant autant de choses que le flamand. Mais n’avait elle pas essayé d’obtenir son premier baiser en défiant l’homme qu’elle aimait ? Le pari avait été perdu et c’est un autre qui lui avait volé son premier baiser, sur un mensonge.
La vie réservait parfois de drôles de surprises. Mais adviendra ce qu’il pourra…
Aélys O'Domnhail
Quelle plus désagréable sensation que celle de sentir le goût de la bile, venue caresser à sa façon les papilles gourmandes ? Profondes sont les nausées qui viennent la troubler alors que son regard se porte sur son futur partenaire de jeux interdits, partenaire dont elle se serait bien passée. Il est là, grassouillet et gauche, quasiment la bave aux lèvres, un sourire d’une béatitude stupide sur le visage. Elle rumine, peste, jure tel un charretier dans un vocable qu’elle seule connaît : il est en effet bien peu probable que le pervers répugnant puisse connaître autre chose que son incompréhensible dialecte, exception faite du vice de beuverie et de chair tendre. Il ne perd rien pour attendre, surtout s’il ose laisser traîner ses mains grasses sur son corps délicat. Maudit soit ce Germain !

Elle aurait pu se rendre grandement utile cette petite fermière flamande stupide, si elle n’avait pas été renvoyée au risque pour elle d’ouvrir sa bouche quand il ne le fallait pas. Elle avait une langue bien pendue et une grande bouche souvent ouverte, mais malheureusement pas pour satisfaire uniquement des besoins primaires purement masculins. Contre quelques piécettes ou la menace de se retrouver les entrailles à l’air libre, elle se serait très certainement pelotée par l’autre nigaud ! Konrad ! Un jour tu en paieras le prix…



Ayant jeté un dernier regard au breton répugnant, et ayant décidé de ne pas attendre une réponse positive qui aurait attisé le feu de ses nerfs déjà bien brûlant, elle tourne les talons et prend la direction du chemin convenu un peu plus tôt et indiqué par les éclaireurs puants l’alcool à dix lieues à la ronde, comme étant celui où le groupe visé est censé arriver. Trois, ça ne devrait pas être trop difficile, en espérant qu’ils ne se soient pas trompés dans le comptage ces imbéciles ! Trois, même si ça reste de vulgaires chevaliers de la licorne, ils ne restent tout de même que trois, face à une quinzaine d’individus. Du moins, un peu moins, parce qu’on ne peut jamais compter sur personne, seulement sur soi-même, surtout lorsqu’il est question d’argent. Et la cible vaut un certain pesant d’or… Si l’autre ne fait pas de gaffe, ça devrait être facile pour la détourner. De penser à la manière dont elle s’y prendra, lui arrache un sourire envieux. Mais ce n’est pas tout. Ils ont encore du chemin !



Ah ! Et ce fichu panier contenant quelques pommes rouge et jaunes, il ne faut pas l’oublier. Il faut qu’elle paraisse une vraie petite paysanne. Déjà, la tenue va aider un peu. Bon, il est certain qu’elle ne passera pas pour une gamine du coin avec ses cheveux noirs, sa peau blanche et son accent étranger, mais une excuse pourra facilement être trouvée si on lui pose une question. Par contre, la démarche… Et roule des hanches comme un vent fort agiterait une mer déchaînée en vagues roulantes et rugissantes. De toute façon, elle ne va pas marcher beaucoup. Alors que le Germain finit d’aboyer les ordres, la brune brûlante, suivie de prêt du Breton, se rend à destination.



En silence ils s’approchent. Que Kadoc fasse du bruit et c’est un homme mort, quoiqu’il en soit. Les autres attendront un peu plus loin.


- N’en profite pas ! Ou je te tue, murmure Aelys a son « adorable » compagnon. Suis moi.

- T’n’inquiète pas ma belle… Tu seras ça déçue…

And it is time to go.

Elle voit son regard lubrique et prend une grande respiration. Courage, courage… Ce n’est qu’un mauvais moment à passer.
Zalina
Le Flamand réfléchissait à l’ampleur du défi lancé. Pas facile et risqué. Peut être trop pour ne rien y gagner.
Pour la jeune femme, c’était surtout la parfaite occasion de lui poser une question qui tournait et retournait dans sa tête depuis mai mais qu’elle n’arrivait pas à lui poser. Elle avait bien trop peur de la réponse qu’il pourrait lui donner. Mais au fond d’elle, elle connaîssait déjà cette réponse. Alors finalement, pourquoi attendre, espérer presque, qu’il le dise ?
Ce qu’elle représentait pour lui ? Rien du tout.
Ni famille, ni amie ou confidente, ni fille... Rien d’autre qu’un boulet que le Haut Conseil de la Licorne lui avait attaché à la cheville il y a presque neuf années et qu’il ne pouvait que supporter, faute d’avoir découvert comment s’en débarrasser. C’est qu’elle avait les dents longues la Peste. La Panthère en avait fait les frais. Une fois qu’elle tient quelqu’un, elle ne lâche plus.
Mais cette fois ci, il fallait arrêter. Et cette envie de discussion réelle en était l’occasion rêvée depuis bien trop longtemps déjà. Comme on dit, c’est maintenant ou jamais.
Inconsciente de ce qui se préparait à quelques pas, Zalina prit une profonde inspiration et tenta de calmer les battements de son cœur, déjà en mille morceaux, avant qu’il n’explose.

La jeune femme sortit de son fourreau la dague au filament d’or incrusté dans la lame que Guillaume avait réalisé de ses mains. Une lame sur laquelle elle avait veillé jalousement et protégé contre toutes éraflures ou gouttes de sang, jusqu’à une certaine soirée au monument aux morts de Ryes du moins. Son trésor.
Elle en admira encore une fois les moindres détails.
La plus belle récompense et marque de confiance que lui avait donnée Guillaume. C’était, des dires du flamand, la preuve de sa confiance en sa force, ses valeurs, son courage, sa détermination, sa patience et tout ce qui faisait d’elle une personne digne de faire partie de la Licorne. Un témoin de l’attachement du Maistre à sa pupille.
Mais aujourd’hui, est ce qu’il l’estimait encore digue de cette dague ?
Elle en doutait. Elle n’avait pas su le protéger. Pire, elle n’avait fait que le décevoir. La jeune femme avait même réussi à le faire rouspéter par ses décisions qu’il ne comprenait pas.
Au fond, la connaissait il ? Il avait donné cette dague à une petite fille qui s’accrochait à lui comme une puce affamée à un chien. Au fond de lui, avait il un jour eu réellement confiance en elle ? Non. Il refusait juste de l’admettre.
Elle le ferait pour lui. Une fois pour toute.

Les doigts de la licorneuse caressèrent une dernière fois les contours de la dague puis elle la tendit à Guillaume, pommeau vers lui. Elle prit une profonde inspiration et se lança.


Vous souvenez vous de cette dague et du jour où vous me l’avez offerte, Grand Maistre ?
Moi je ne l’ai pas oublié. Jamais.
Cette dague m’a bien protégée toutes ces années… peut être trop bien même…
Mais aujourd’hui, je n’ai plus de patience et encore moins de force. Vous ne m’estimez plus digne de la Licorne... et... n’avez aucun attachement pour moi.
Dire le contraire serait simplement se mentir. Vous le savez au fond de vous. Vous le savez très bien, mais vous refuser de voir la vérité.
Alors cette dague, je vous la rends. Je ne la mérite plus, si tenté que je l’ai mérité un jour…


Zalina replongea son regard au sol et serra les dents en se mordant l’intérieur de la joue pour tenter, tant bien que mal, de retenir ses larmes. L’arme toujours tendue vers le Mentor, elle ajouta une dernière phrase, presque murmurée, avant d’attendre, en silence, qu’il la reprenne.

Offrez la à quelqu’un en qui vous avez réellement confiance…
Guillaume_de_Jeneffe
Les questions étaient arrivées, proposant une joyeuse perspective. Sonder une nouvelle fois la Poitevine, de façon plus ouverte qu'avant, lorsqu'il apprenait d'elle par ses frères, par le Conseil, par les valets de Ryes, et d'ailleurs lorsque ceux-ci se découvraient un don certain pour la discussion une fois promise une ration de vraie bière... Mais si subite était l'offre, si étonnante aussi, peut-être, que pour une fois le chevalier se retrouva sans voix... Peu de temps certes, mais juste assez pour laisser sa filleule lui brûler la politesse due aux aînés.

Mais là, tout retombait. La bonne humeur disparaissait. Le soleil s'éteignait. Le vent frais devenait glacé et il lui semblait que tout l'univers ne se résume qu'à deux êtres, Zalina et Guillaume, le maître et son élève.

Son visage se referme légèrement, son regard se fait plus dur, ses machoires se serrent, et ses yeux cherchent ceux que cachent souvent les noires cheveux de celle qui lui fait face.


- Damoiselle, en d'autres jours, j'aurais rit de vos paroles, j'en aurais plaisanté avec vous, et tout cela autour de quelques tonneaux que nos offices nous permettent de collecter. Mais je crois qu'il n'est plus l'heure d'agir de la sorte. Il est l'heure de vous livrer mon coeur tel qu'il est, pour une fois qui peut-être sera la seule.

Court silence.

"Ma confiance, vous ne l'avez jamais perdue. Je ne vous connais que trop, presque comme le fils que je n'ai jamais eu. Je vous ai aimé, vous ai enseigné, vous ai appris le travail, la peine, et le mérite. Je vous ai vu quitter l'enfance pour l'âge adulte. Je vous ai vu accepter et défendre nombre de charges qui vous ont été remises, toutes par des personnes de valeur. Je vous ai vu devenir la pierre la plus solide de Ryes, celle sur laquelle, sans le dire, tous nous nous sommes reposés un jour, une semaine, voire plus encore..."

Nouveau silence.

"Cette confiance que vous refusez, cette dague que vous voulez voir portée par d'autres, si un jour, un seul, j'avais pensé que vous n'en étiez pas digne, vous l'auriez su car je vous l'aurais dit. Vous m'auriez rejoint dans ma chambre, et les murs de Ryes auraient tremblés de ma colère. Mais aujourd'hui, notre forteresse est toujours debout, et vous vous êtes toujours cavalière alors que..."

Visage qui se ferme, machoires qui se crispent pour de bon et phrase qui reste en suspens.

_________________
Zalina
Ne surtout pas relever les yeux. Ne pas croiser son regard.
La jeune femme ne se sent pas la force d’y détecter la moindre preuve de satisfaction d’être enfin débarrassé de son boulet.
Attendre que le Maistre reprenne sa dague et se moque d’elle.
Attendre que la petite plaisanterie s’arrête enfin. Peut être un remerciement pour avoir enfin compris et…
Et rien.

Le Flamand reprend la parole aussi calmement qu’à son habitude, peut être même plus calmement qu’à son habitude, de sa voie solennelle. La Peste relève le nez un peu, surprise par une réaction à laquelle elle ne s’attendait pas, persuadée d’être arrivée à une conclusion qui ne pouvait être autre.
Plaisanter ? Elle n’en avait nullement envie, même devant plusieurs tonneaux.
Liver son cœur ? Là, elle relève les yeux pour les plonger dans les prunelles Comtales.
Elle allait connaître la vérité ? Ce que cachait le Flamand au fond de lui ? Sans mensonge ou cachotterie qui la rongeait de l’intérieur ?

Premier silence.
Le cœur poitevin s’arrête comme pour mieux entendre cette vérité qu’elle désire tant connaître, quelqu'en soit les conséquences.
Le nez repique au sol dès les premiers mots alors qu’elle s’appuie contre sa monture dans l’espoir de la faire partir et pouvoir reculer de plusieurs pas. Mais l’équidé est tranquillement installé et ne compte pas bouger, ne s’occupant pas plus de ce qui se passait entre les deux bipèdes à ces cotés que de ceux en peu plus loin préparant Aristote seul savait quoi.
S’éloigner de ce Maistre qui fait repartir son cœur éteint si douloureusement.
Fuir cette lueur au bout du tunnel et rester dans le noir devenu son seul ami. Ne plus souffrir.
Ne plus écouter des paroles qu’elle était persuadée de ne plus jamais entendre. S’accrocher à la vie sombre pour laquelle la Peste Noire s’était fait une raison.
Et pourtant, elle ouvre grand les oreilles, attentive à cette faille que Guillaume est en train de creuser et qui lui permettra peut être d'enfin sortir du puit sans fond dans lequel elle avait été précipitée.

Second silence.
Les yeux rivés sur ses pieds laissent ruisselés quelques larmes silencieuses.
Aurait elle put se tromper à ce point ? Il a encore confiance en elle… son Maistre, son Père de cœur.
Un dernier regard brouillé par l’humidité sur la dague, dont elle ne sait plus trop quoi faire du coup, et la voie du Comte s’arrête. Zalina remonte aussitôt le nez et rive ses billes émeraudes sur celles de son Parrain. Il avait dit qu’il lui livrait son cœur, alors pourquoi s’arrêter ? Il y a encore quelque chose qu’il ne dit pas. Quelque chose qui le tourmente au point de ne pas le dévoiler et de crisper ses mâchoires à le faire taire.


Alors que… ?

Curiosité mal placée, elle le sait.
Elle ne devrait pas poser la question et respecter le souhait de son Maistre de ne pas en dire d'avantage.
Mais trop de non dits se sont glissés entre eux au cours des années. Ces non dits qui l’avaient mise dans l’erreur, poison la tuant à petit feu.
Une fois dit, on se sent mieux. Et elle est bien décidée à aider celui qui venait de rallumer les cendres de son cœur à abandonner ce visage fermé dont il n’est pas coutumier. Une bonne saignée, certes un peu douloureuse sur le coup, mais seul remède, parfois.
Kadoc
Le regard de Kadoc suit le mouvement de hanche chaloupé de la brune plus qu’il ne la suit elle-même. On dirait un gros papillon de nuit collé à une luciole mouvante. Et encore c’est pas gentil pour les papillons.
Droite…
Ses lèvres gercées s’entrouvrent…
Gauche…
La salive a failli sortir de sa bouche crasseuse…
Droite…
Mais qu’elle est bonne…
Gauche…
Créfieu, elle veut qu’il commence maintenant ou quoi ?

C’est qu’il saura pas se retenir plus longtemps là, le Kadoc… c’est pire qu’une envie de pisser après avoir bu dix litres de mauvaise bière….
Elle perd rien pour attendre la brune…

Putain c’est encore loin ?
Ah elle s’arrête… sourire béat… on va pouvoir commencer… Kadoc se tapote le ventre de bonheur tiens… elle est trop bonne quand elle est en colère… ça l’excite encore plus le Bretonant…


Aller allonge toi ma belle… j’en peux plus moi… c’est mon heure.

Mâchoire crispée de la brune qui s’allonge…

Rappelle toi… je te tue…

Sourire béat de Kadoc.

Mais oui…

Et il s’allonge sur la brune sans ménagement… Rha putain, l’prêtre de son patelin il savait pas bien ce que c’était le paradis…
Il enserre les poignets de la brune avec sa grosse main et les maintient au dessus de sa tête. Sa tambourine dans sa tête au breton, comme autant de coups qui commencent à pleuvoir sur sa pauvre tronche.


Et oh l’anguille tu te calmes !

Sa deuxième main commence à passer sous la jupe de la pseudo paysanne… il pensait qu’il l’aimerait mieux avec ses robes de coureuse de rempart mais en prude il aime finalement. Ses doigts passe sur ses chausses attachées sagement au dessus des genoux par des rubans et écarte violemment ses jambes… dont un genou lui atteint le pif…

Le sang commence à couler sur ses lèvres.


Créfieu sale garce ! Plus t’vas bouger, plus t’vas m’exciter !

Le sang continue à battre les tempes de Kadoc qui continue à écarter les jambes de la brune… son pantalon est sérieusement trop serré…
Putain faites qu’ils se pressent pas les encornés… vraiment, l’prêtre de son patelin il savait pas bien ce que c’était le paradis…

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Il faut pas respirer d'la compote, ça fait tousser.
Guillaume_de_Jeneffe
Paroles qui ne veulent pas s'échapper. Derniers mots qui devraient tout dire, briser les dernières barrières dressées entre eux, éliminer les non-dits, les refus, les erreurs, et enfin unir le parrain et la filleule dans une même joie, dans un même accomplissement. Mais cette vérité se refuse à fuser de dehors ses lèvres. Elle doit venir, elle doit être dite, mais le Flamand ne peut. Il ne sait dépasser, admettre cette erreur, peut-être la pire de toutes, celle de l'aveuglement, et du retard. Les larmes sont au bord de ses yeux, les machoires se rouvrent, mais c'est le silence qui se fait entendre. Il souffle, il souffre, mais rien n'y fait, le Flamand reste, peut-être pour la première fois de son existence, muet. Elle est là, devant lui, à l'attendre, à le fixer, de ses deux prunelles perçantes. Il se sent mis à nu, exploré, vulnérable face à elle. Elle voit ses erreurs, il ne peut en être autrement, elle ne peut que le haïr, lui misérable ignorant...

"Alors que..." paroles qui se répètent, mais qui ne livrent nulle autre syllabe. Pourquoi ne sait-il pas dire plus? Pourquoi ne sait-il pas lui dire? Lui expliquer son, ses erreurs, se soumettre à son jugement, quitter la Licorne d'Or pour ne devenir qu'un écuyer face à elle, et qu'enfin cessent ces silences.

Silence qui se brise. Cris, jurons de charretiers, bruits du métal, du tissu qu'on froisse sans y prendre attention, gros rires gras et porcins. Seuls, ils ne le sont plus. Non loin d'eux, on vit, mais pas selon les préceptes d'Aristote. Quelque chose d'anormal se passe. Quelque chose qui brise la soudaine communion du chevalier et de la cavalière. Quelque chose qui pousse Guillaume à faire signe de se taire, à porter la main à son baudrier, à en saisir l'épée, nue désormais, et à se traîner ventre contre terre quelques mètres plus loin, à profiter d'une bosse pour se dérober au regard d'éventuelles sentinelles.

Devant lui à cent mètres, le spectacle est effrayant. Une femme, une jeune fille peut-être, est couverte par une masse informe que ses paroles indentifient comme un homme. Autour d'eux, les regards d'une douzaine d'hommes d'armes, habillés de cuir, de métal, armés de faux, d'épées, d'épieux. Hommes de guerre, guerriers de métiers, routiers désoeuvrés qui troussent la gueuse à défaut de détrousser le curé. Ils sont seuls, se croient seuls, rient, moquent la pauvrette, la pointent du doigt, se tappent sur le ventre. Perdue, elle est perdue.

Guillaume ferme les yeux, inspire. Le choix, il ne l'a guère. « Que de par mon bras je défendrai veuve, orphelin, innocent, simple d'esprit, opprimé, éclopé, ou simple paysan, comme n'importe quelle autre personne de ce royaume ». Ces paroles résonnent en son esprit. Ce serment, il l'a fait il y a si longtemps, il l'a observé depuis tant de lunes, pendant tant de guerres, de chevauchées, qu'il ne peut plus l'oublier. Sa voie est tracée, il se l'est tracée depuis cette première lettre envoyée au chevalier Hubert, elle le mènera droit sur ces hommes, quoi qu'il doive lui en coûter. Quoi qu'il doive lui en coûter. Un visage recouvre ses yeux. Doux, fin, cerclé de cheveux noirs comme le lion de Calmont. Une douceur infinie, le sourire d'une mère pour son enfant, la tendresse que le chevalier ne trouve que chez la dame aimée. Cette tendresse qu'ils ont partagé sous les murs du castel comtal, après son allégeance. Cette tendresse vers laquelle il avançait gaiement, il y a encore une heure de cela... Cet amour, pur, infini, que jamais il n'avait, il le sait maintenant, éprouvé pour nulle femme qu'il tint entre ses bras. Ni pour Laurianne, courtisée, chérie entre ce Noël joyeux et le jour où l'Inquisition l'avait reconnue sorcière. Ni pour Karlee, coeur brisé comme le sien, mais que l'absence avait peu à peu éloigné de lui, lui qui s'était perdu dans les bras d'une autre, entre deux tours de guet sur les murs mainois. Cet amour qu'il voulait donner à sa fille, héritière de Marchiennes et Wavrin, joyeuse enfant souriant toujours. Enfant que peut-être il n'élèvera jamais, que peut-être il n'enseignera pas selon ses valeurs, selon celles que lui offrit la Licorne dont il porte le collier. La Licorne, les hauts murs de Ryes, l'air normand, les longues veillées au Conseil, les discussions acharnées, les combats menés hors et en les murs de leur forteresse, de leur mère nourricière à tous, qui sait s'il la reverrait encore, s'il aurait encore le temps de transmettre ce qu'il savait, d'adouber le futur du fier animal...

Ce futur, il ne peut aujourd'hui plus le retarder. Il est temps, aujourd'hui, Guillaume, de faire ce qui depuis longtemps eut du être fait. Le regard se tourne vers Zalina, dur, ne souffrant aucun refus, ce regard qu'il a avant la guerre, celui qui doit leur insuffler confiance en lui et empêcher de reculer, le regard d'un chef aurait dit un trouvère en manque d'inspiration.


- À genoux, cavalier. Aujourd'hui, nous allons au-devant de ce qui sera peut-être notre mort, peut-être notre gloire. Mais aujourd'hui, surtout, je sais que je n'ai que trop tarder. Toi, Zalina, alors que tu m'as toujours suivi sans renâcler, sans refuser les sacrifices que je t'imposais, toi qui t'es montrée la meilleure d'entre nous, celle qui a appris près des plus grands ce qui fait la chevalerie, et qui l'a transmis sans attendre l'adoubement, alors que peut-être je te conduis à cette mort que tu cherches mais qui n'est pas digne de toi, moi, Guillaume de Jeneffe, Grand Maistre de l'Ordre royal de la Licorne et Vicomte de Marchiennes, devant Totoxlezerox, Chevalier-Héraut, témoin pour les siècles à venir, te fais, en ce jour où nos lames vont répandre le sang, chevalier de l'Ordre royal de la Licorne et dame de Haisnes. En ce jour, tu deviens ma pair et ma vassale.

Les mots étaient tombés, d'une voix calme et posée. L'épée, toujours nue, se pose sur les épaules et la tête de la Poitevine. Le serment des chevaliers, que de coutume il fait jurer, aujourd'hui, il le tait. Si elle le désire, elle le fera. Mais aujourd'hui, Guillaume a quitté la cérémonie. Il est dans l'action. Dans celle qui crée et autorise à enfreindre la coutume. Dans celle pour laquelle il a vécu, dans celle où il ne veut plus mener sa filleule que comme chevalier, que comme vassale. Zalina ne peut plus exister que comme telle à ses yeux, c'est ainsi qu'il veut s'en souvenir, et qu'il veut qu'elle soit chantée si c'est à la mort qu'il la conduit.

Son regard se mue, plein de tendresse, d'amitié, d'amour pour celle qui lui fut confiée si jeune, et qui est maintenant telle Enox, deuxième dame chevalier de la Licorne. Ses paupières se baissent tout doucement alors qu'il la relève, et qu'il la presse contre lui. Le temps se suspend. Pour un instant, il n'y a plus de dame violentée, de héraut, de routiers, de chevaux. Il n'y a plus... qu'un père et sa fille. Mais doucement, il la repousse. Son regard a changé, mélancolique, il s'est chargé de détermination. Nul besoin de parole. Ils vont au combat. Le chevalier reprend sa monture, se projette sur sa selle, empoigne sa lance, assure son écu. Le combat est là, qui l'appelle, comme à Compiègne, comme à Angers, comme à Fougères, comme à Rennes, comme partout, toujours...

Les éperons écorchent le poitrail chevalin. Le Frison hennit, puis s'arrache. En deux foulées, il est au galop. La lance reste haute, elle ne s'abaissera qu'au dernier moment. Les brigands se rapprochent, mètre par mètre. Il distingue leurs chemises, leurs armes, leurs targes. Les bougres sont armés, et pas qu'un peu. La mort se fait de plus en plus claire. Des visages se collent sur ces hommes qu'il ne connaît pas. De cheveux bruns, courts, une chemise de fer, son capitaine de Tournai-l'Artésienne, le chevalier F'Tarkin de Kronenbourg. Lui qui l'a amené à l'armée, lui qui lui a enseigné tant de choses et dont il poursuit l'exemple à Tournai-la-Flamande; un visage de gentilhomme, les cheveux blonds en bataille, le vicomte de Montgommery, Will Blackney, le chevalier normand, son ami et partenaire économique dans l'échange calva-bière, source de tant de négociations acharnées; une silhouette massive, ramassée, un visage carré mais séduisant pour qui l'apercevait sans son heaume, le Destructeur, Bralic, nouvel ami, nouveau modèle, la détermination et la fidélité incarnée; puis un homme grand, élancé malgré son âge presque canonique, au doux accent occidental, celui qui eut d'Achille la destinée et de Job la longue vie, Erwyn, qu'il avait suivi et aurait suivi partout, en Comté pour venger son épouse comme ailleurs et enfin la crinière noire, le bouc taillé, l'armure brillante et le marteau saillant, Rassaln qui n'avait jamais cessé de le secouer, de l'aider à devenir ce qu'il était aujourd'hui. À droite en était d'autres, nouveaux visages qui se confondaient avec d'autres, déjà recouverts par la terre. Cheveux paille, courts, caducées devenus armes sous ses mains, le chevalier de Vergy, le compagnon de soirées arrosées et sérieuses, l'homme dont il aimait autant l'humour que les conseils ; et l'ami de Raphaël, son second presque, Alerik, revenu tant de fois d'un au-delà que finalement il retrouva ; puis Enox à qui il vient de donner une successeur, amie malgré sa fidélité au Champenois d'Italie, compagne d'une si épique chevauchée à la recherche du père de l'Ordre, que jamais ils ne trouvèrent. D'autres encore, trop nombreux, Tatoulet, Kremroat, Carlo, amis de boisson, de vie quotidienne. La mort est là, sans place pour les vivants. Eux sont loin de son esprit. Il ne voit que le noir, le noir de la nuit qui tombe peu à peu, le noir de l'absence d'espoir, le noir où il plonge sans reculer.

Le premier corps est devant lui, au bout de sa lance. Il le perce, le renverse, le long fut de bois coincé dans les côtes ennemies. Il en lâche la poignée, va pour prendre son épée. Mais sa monture se cabre. Un bruit, un cri, nul ne sait. Un instant, il reste en équilibre, sur sa selle. Puis le ciel défile devant ses yeux, ses pieds vident les étriers, il sent l'air qui rentre sous son armure, de plus en plus vite. Et c'est l'impact, douloureux, sur le dos. Un instant, sa respiration se coupe. Vite, se remettre sur pied retrouver ses armes, et lutter. Mais l'épée est toujours sur la selle. Il ne lui reste que la miséricorde. Soit. Advienne que pourra.

Face à lui, les brigands se regroupent. Il a chargé le premier, il est la cible, c'est sur lui qu'ils se concentrent. Leur regard trahit leur cupidité. Ce n'est pas un chevalier qu'ils voient, c'est un sac d'écus empli jusqu'à la gueule. Pas question de le tuer qu'on leur a dit. Mais s'il faut le blesser, qu'on avait demandé. Pas d'importance, qu'on leur avait répondu. Alors, vous pensez bien qu'on allait pas se priver. Il allait saigner, le pourceau, et crier merci. Et on s'en battrait le fondement. Et il morflerait pour les autres. La bave leur coule déjà des lèvres, alors qu'ils oublient l'escorte du Flamand. Encore un peu, et tout en serait fini.

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