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[RP] Pour les yeux d'un enfant, sans oreilles de préférence.

Judas
[ RP ouvert]


Le bruit de botte est régulier sur les fins carreaux de terre cuite de l'église. L'endroit est peu fréquenté à cette heure, les petites gens sont au labeur, les nobles font leur gras. Ce dernier fait un peu défaut au Frayner, cela vaut aussi pour le labeur, d'ailleurs. L'homme aux cheveux longs et noirs s'incline devant l'autel, vu d'ici il a la mise propre et belle, ses talons laissent le sillon d'un écho léger dans le silence de l'endroit. Révérence faite il contourne la nef, chemine près des pries dieu et des rangées de cierges qui finissent de soupirer leurs secrets en coulées de cires interminables.

C'est jour de confesse. Il faut en passer par là avant de se présenter la bouche en coeur au baptême de votre progéniture. Il faut se laver des inavouables à l'oreille profane, plutôt que de se confier à l'archevêque qui vous a baptisé, marié, et qui consent à réitérer pour ce que vous avez semble-t-il fait de meilleur. C'est que l'homme d'église ne vous trouve déja pas franc du collier, n'allez pas lui donner matière à le confirmer. Judas Gabryel Von Frayner donc, est bien décidé à vider son sac ici et maintenant pour se présenter blanc comme neige devant Fitz, d'ici quelques jours. Si la moyenne annuelle de ses péchés se tient, il pourra tenir jusqu'à la prochaine confession sans nouvelle ardoise.

Tout en s'approchant du confessionnal le seigneur entame de profondes réflexions, décrivant à elles seules la ferveur de sa démarche. Comment Rose a-t-elle pu nommer son gniard Léonard? Le pauvre enfant, si jeune et déjà décrédibilisé. Le Ried va-t-il respecter sa parole à propos de leur partie de chasse entre mâles, où feindra-t-il une amnésie passagère lorsqu'il s'invitera chez lui, à l'improviste d'ici quelques temps? Si Cassian était plongé dans un baquet d'eau, fuyant à hauteur de deux gouttes par minutes et qu'il décidait de pisser par dessus, pourrait-il viser plus fort et loin que lui? Et de quelle couleur sont les bas de Chimera et ceux d'Anaon ce jour...?

Tant de questions capitales et si peu de certitudes. Judas entre dans la niche de bois et s'enferme, le visage concentré. La porte voisine étant fermée, le satrape en conclue entre deux intenses palpitations spirituelles que son confesseur est là et s'assoit en se signant. Enfin, après tout, il n'était peut être pas le seul à venir chercher la rédemption. Et puis porte ouverte, porte fermée, une porte n'est jamais aussi ressemblante qu'à une autre porte. Parait-il que l'air d'avril est propice à donner envie de se laver de moults péchés... Une sorte de grand ménage de printemps...

Non?
Ulrika.von.stern
Si. Bien sûr que si.

L'air d'avril avait porté ce vent de renouveau jusqu'au coeur d'une petite bourgeoise encore anonyme. Lena était partie avec son beau Conan, conquise par les mots exquis qu'il lui avait écrit et ses manières à la fois humbles, mais assurées. Et elle, Ulrika, les avait laissé filer en toute connaissance de fait. Elle avait aimé aussi, à l'âge de sa soeur, mais l'histoire avait tourné au drame. Heinrich s'était fait exécrable dès qu'ils avaient prononcé leurs voeux. La Von Stern avait dû ravalé encore et encore les humiliations, les coups et même les viols. Il avait réduit son âme à l'état de lambeaux, saccagé son coeur, sans parler de ce que son corps avait subi comme supplice. Tout cela était bien loin derrière elle. Ulrika y songeait presque avec fierté. Sous sa voilure de veuve, elle avait jeté un regard glacial sur son mari parfaitement immobile, son regard fixant les Abysses qui l'avaient engloutis pour de bon. Quels avaient été ses derniers mots? Peu importait, en fait. Plus rien n'avait compté à partir du moment où elle avait assaisonné pour la première fois son vin. Celui qu'elle avait aimé au point qu'elle en était parvenue à une haine parfaite était mort. Elle avait quinze ans à l'époque.

Après trois ans, personne n'était parvenue à la faire chavirer. Elle avait traversé les jours, les mois, les ans sans broncher, rejetant avec dégoût le moindre homme qui osait la regarder avec trop d'insistance. Ulrika s'était méfiée, souvent à raison. Personne n'avait percé sa carapace de plus en plus épaisse. Personne jusqu'à ce qu'elle aperçoive cet individu, un beau jour, au hasard des entrées et sorties des tavernes poussiéreuses de Chambéry. Ce Messire bien mis, si poli, si charmant... tout de l'image parfaite de ce vaillant combattant rude et tendre à la fois. La jeune femme avait tout de suite voulu savoir qui il était, ce qui le passionnait, qu'est-ce qui le faisait sourire. Soudainement, elle retombait dans ces souliers inconfortables du romantisme. C'était le genre de sentiment qu'elle tentait de fuir... C'était ce genre de chose qui vous engluait sur place, qui faisait naître des soupires inopinés et incessants. C'était parfaitement énervant et pourtant si séduisant. Or, ce Messire chevalier en armure brillante avait un défaut qu'elle ne pouvait pardonner ; il était marié. Pis que cela! Marié, heureux et fidèle! La Von Stern accusa le coup, serrant les dents et les poings pour ne pas appliquer malicieusement sa médecine pour obtenir l'objet de son désir. Il était parti. C'était tant mieux. Cela avait sauvé bien des tergiversations à la jeune femme.

Ce jour d'hui, Ulrika avait laissé ses pas la mener jusqu'à une église. Elle y était entrée sans trop savoir pourquoi. L'endroit était presque oppressant. La jeune femme remonta l'allée, laissant le céladon de son regard se promener sur les détails. Ses longs cheveux blonds étaient noués d'un ruban. Son teint pâle devenait blafard dans la luminosité défaillante des lieux. Il n'y avait personne. La jeune femme prit place sur un banc, n'attendant rien en particulier. Et pourtant, tous ses sens étaient en alerte. Il y avait un bruit. Quelque chose lui disait que quelqu'un d'autre se trouvait là. Ulrika ignora cette présence étrangère et joignit, à genoux, les mains. Elle tenta une prière, puis une autre ou peut-être celle-ci? Aucune ne parvenait à lui soutirer ce sentiment de grâce que doit encourir la prière habituellement. La blonde poussa un soupire teintée d'impatience, le genre que pousse les petites filles gâtées qui n'ont pas ce qu'elles veulent. Elle se releva, avisant le confessionnal. Peut-être était-ce l'homme de foi en fonction qu'elle avait entendu. Se confesser? Diantre, elle ne l'avait pas fait depuis bien longtemps. Ulrika hésita un moment puis se déplaça vers la porte qui gardait jalousement les secrets les plus honteux et noirs de ceux qui y entrait. Sa main blanche s'avança vers le bois qu'elle caressa du bout des doigts. Non. Elle ne pourrait s'y résoudre. Avouer ses faiblesses à quelqu'un qu'elle ne pouvait qu'entre apercevoir était au-dessus de ses forces. Son attention se fixa donc sur l'autre côté.


« Monseigneur, y êtes-vous? »

Sa voix était un peu chantante. Le silence lui répondit, quoiqu'elle n'attendit pas vraiment longtemps. Ulrika tourna les talons, résignée à ne rien avoir trouvé finalement. Ses yeux fixaient l'autel comme si elle en avait peur. C'était peut-être le cas, en fait.
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Judas
Judas tiqua un peu à l'approche annoncée de son officiant. Hum. Une femme. Une diaconesse sans doute. Vaille! ce serait toujours l'oreille de dieu et son oeuvre resterait utile. Très utile même. Lorsque ses besoins étaient impliqués le satrape savait fort bien mettre de coté ses élans misogynes. "Mon seigneur". Il répugna l'idée que la femme, toute de dieu soit elle, l'ai vu entrer sans que lui ne l'aperçoive. Sa tenue - à lui - ne laissait pas de doute à sa condition, bien que plutôt simple. Il ne se douta pas une seconde que la pauvresse s'adressait à un évêque fictif et non à lui, petit seigneur de campagne. Judas passa une main lasse dans ses cheveux, prenant appui du coude contre la paroi de bois, paresseux. De toute façon une fois la porte fermée, plus d'yeux ne pouvaient condamner sa nonchalante tenue.

J'y suis, j'y suis...

Rapprochant ses lèvres de l'interstice de la porte il murmura un "Je vous attendais." encourageant la grenouille de bénitier à hâter sa besogne. C'est qu'il est des tâches plus ingrates que d'autres, et celles de se mettre tout nu derrière une paroi de bois ajourée ne lui inspirait guère plus d'entrain qu'une semaine d'abstinence. Autant abréger les souffrances de tout le monde!

Frayner se racla la gorge, rassemblant un discours des plus efficaces. Une pensée positive vient égayer son effort surhumain. Le fait que son confesseur soit du sexe faible s'avérait être une bonne chose. Il ne connaissait aucune diaconesse. Ses aveux resteraient forcément anonymes et les oreilles de "l'archevêque familial" resteraient préservées.
Ulrika.von.stern
La bourgeoise n'était pas à trois pas qu'une voix lui répondit. Son corps tressailli, tandis qu'une exclamation mourrait dans sa gorge qui s'était soudainement trop serrée pour lui permettre d'émettre un son. Son coeur avait fait un bon sans qu'elle puisse le maîtriser. Si elle voulait éviter la confession, c'était maintenant obligatoire d'y passer. C'était simplement étrange... La réponse lui semblait être venu de la porte du pécheur, pas du confesseur. La Von Stern revint sur ses pas, fronçant les sourcils. Plus aucun mot ne voulait franchir ses lèvres. Ulrika tendit la main pour ouvrir la porte, mais des murmurent suspendirent son geste. Son regard croisa un petit groupe de frères qui discutait à voix basse et qui disparu derrière une porte sans même réaliser qu'il y avait quelqu'un ici.

Ses prunelles bleu-vert avisèrent les deux portes, indécise puis décida de se lancer. Advienne que pourra. Après tout, les traditions n'étaient pas partout pareilles. La jeune femme entra donc dans l'autre porte, s'installant dans l'espace exigu. Il faisait si sombre à l'intérieur. Il fallait presque s'approcher à l'espace d'un souffle pour percevoir quoique ce soit. La Von Stern s'approcha un peu du grillage qui séparait les deux cabines. Après trois longues secondes, sa voix un peu tremblante déclama dans un murmure :

« Cela fait si longtemps que je n'ai pas fait ça. Et il me semble que ce n'est pas... Ce n'est pas comme dans mon souvenir. Ne serait-il pas plus naturel, Monseigneur, que vous soyez ici et moi à votre place? »

Ulrika se mordit la lèvre inférieure. Les places étaient inversées? La jeune femme ne pouvait dire si c'était quelque chose que l'Église avait changé depuis peu, ou si c'était une excentricité de cette église en particulier puisqu'elle n'avait pas pu mettre les pieds dans un de ces lieux sacrés depuis belle lurette. Toujours était-il que cela la rendait très mal à l'aise. Elle tordait machinalement ses doigts pâles. Par où commencer sa confession? Son corps était engourdi, son esprit aussi. L'obscurité l'écrasait. C'était sans doute une technique de l'Église pour pousser les ouailles à avouer tout pour se débarrasser le plus possible du poids qui ne pesait sur leurs épaules que dans leur imaginaire au final. La Von Stern n'avait pas versé de larmes depuis longtemps, mais cette atmosphère étrange provoquait en elle des émois inopinés. Elle ne s'en rendit compte que lorsqu'un chatouillis lui fit effleurer sa joue. Pas de sanglots, pas de secousses dramatique... Juste de l'eau salée qui glissait en silence sur sa peau.
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Judas
Judas se pencha pour apercevoir le faciès de la diaconesse, curieux qu'il était dès qu'il s'agissait de femme. Evidemment il n'y vit goutte, les contours de son visage étant occultés par la paroi ajourée. Se reprenant il s'imagina qu'elle était fort laide, comme toute femme ayant préféré se faire aimer de Dieu plutôt que des hommes. Ainsi la confession en serait plus aisée sans être parasitée par d'indicibles pensées. Il capta l'inquiétude dans sa voix, s'en étonna un peu.

Ha vraiment? J'imagine que novice ou pas, l'office sera tout aussi recevable. Et non mafoy je ne crois pas m'être trompé d'endroit...


En lui même il ne put que constater qu'en effet, elle avait un peu pris la poussière... Le sybarite espéra qu'elle n'avait au moins pas perdu la main. Peu patient, il l'invita à se ressaisir à sa manière, c'est à dire sans lui en laisser le choix.


Commençons voulez-vous? C'est que je suis navré, j'ai peu de temps pour cette confesse, alors autant en finir efficacement.

Sur ce, il se racla la gorge comme si cela pouvait l'aider à trouver par quoi commencer. Les coucheries intra-muros? Son bastard transformé en fils légitime? Ses maitresses et ses projets de remariage après la mort précipitée d'une Isaure encore en pleine forme? Tant de choses, sinon plus! Le choix s'avérait difficile, un silence s'installa.
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Je surkiffe la bannière de la Chim, même que, oui oui.
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