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[RP ouvert] Aux pieds des remparts : l'orée du bois

Faustine_
La neige avait beaucoup fondu au cours des jours passés, les remparts de Bourganeuf retrouvaient leur peau de pierre et quelques oiseaux peu frileux commençaient à faire entendre leurs chants. Faustine marchait tranquillement ce jour-là, profitant du congé accordé par sa dame pour se promener autour de la ville. Le ciel d'un gris clair se reflétait dans le petit ruisseau qui s'écartait du rempart sud pour s'enfoncer dans le bois proche, le long de la route vers Limoges. Sans avoir de but précis, Faustine quitta le chemin qu'elle avait emprunté jusqu'alors pour passer les portes de la ville, et elle se dirigea vers le bord du ruisseau.

Pensivement, elle foula l'herbe humide, ses pas la menant vers l'orée du petit bois. La solitude de sa promenade ne dépareillait pas de ses habitudes. Si la vicomtesse Sofja, dont elle était la demoiselle de compagnie, appréciait les voyages et l'air frais, l'accompagner lors de ses journées de travail ne donnait pas la même sensation de liberté que cette marche silencieuse et solitaire. La jeune fille enviait un peu sa maîtresse... Sofja, riche, belle et reconnue, avait la chance d'être aimée de son époux, d'un amour réciproque qui alternait tendresse et complicité. Faustine qui vivait auprès d'eux depuis plusieurs mois déjà, appréciait leur fréquentation... mais parfois, un sentiment diffus de tristesse l'envahissait lorsqu'elle voyait le bonheur conjugal qui était le leur, et qu'elle n'avait jamais connu.

Faustine n'avait jamais eu de compagnon, ni n'avait été courtisée. Elle avait grandi au couvent entre ses sept ans et ses neuf ans, et n'en était sortie que pour vivre auprès de sa grand-mère récemment décédée. Séparée de sa jumelle Elisabeth et du reste de sa famille, Faustine n'avait plus de lien direct avec eux, et espérait secrètement des retrouvailles. De plus, elle ne connaissait que très peu de monde à Bourganeuf, car elle ne quittait qu'une ou deux fois par semaine la maisonnée de la vicomtesse de Bellegarde. Avec la fonte des neige, l'espoir de rencontrer de nouvelles personnes refit surface...

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Sofja
« Chacun recèle en lui une forêt vierge, une étendue de neige où nul oiseau n'a laissé son empreinte. »
de Virginia Woolf

Faustine avait pris sa journée pour s'échapper du domaine. Elle était jeune, il était normal qu'elle ait envie de créer sa vie, de voir du monde, de quitter cette maison tranquille. Faut dire qu'avec l'arrivée de l'enfant, la maîtresse de maison évitait tout excès. Mais rester à la maison n'était pas son plaisir et elle aimait l'hiver et encore plus la neige.

Alors avant qu'elle ne fonde de trop, elle décida de partir en ballade dans la forêt de Chabrières avec ses chiens. Eux aussi adoraient courir dedans, la happer de tous leur crocs, la sentir fondre sur leur langue. C'est donc une belle partie de boule de neige qu'elle partagea avec eux durant de longues minutes. Heureusement qu'elle portait des gants sinon ces doigts tomberaient l'un après l'autre par le froid.

Un garde de Bellegarde la suivait quelques pas derrière elle. Il n'était pas sage de sortir seule, surtout dans sa situation. Si un accident devait se produire, au moins, elle n'était pas seule. Ils étaient silencieux, Sofja préférait profiter du silence de la forêt et la joie de ses chiens qui aboyaient de temps en autre.

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Faustine_
Chez les Jagellon, dans sa chambre à l'étage, Faustine était pensivement appuyée à la fenêtre, les yeux dans le vague. Elle était bouleversée par ce qui s'était passé avec Flimar et elle voulait à présent le fuir, persuadée qu'il était l'instrument du Sans-Nom et qu'il allait encore tenter de la séduire et de la pousser à faire ce qu'elle ne désirait pas. Angoissée depuis plusieurs jours, elle avait mal dormi.

Mais heureusement, elle avait lié connaissance avec Eleane... Eleane, jolie rousse à l'air si triste depuis un moment ! Elles avaient discuté. Faustine avait appris qu'elle attendait le retour de dame Merwyn, qui n'était jamais là, et qu'elle désespérait de la revoir. Elle comprit alors que ces deux femmes formaient un couple... La surprise passée, elle ressentit de la compassion pour la pauvre Eleane qui se tourmentait de ne plus voir son amie. Et au fil des mots, elles s'étaient proposé de partir ensemble en voyage, toutes les deux, loin de leurs tracas de Bourganeuf. Chercher un peu de vie ailleurs. Restait cependant à pouvoir s'éloigner... Et pour Faustine, ça serait peut-être impossible, avec la grossesse de Sofja. Il était temps de lui en parler... et de partir assez vite pour être de retour avant l'accouchement.

La jeune fille se décida. Elle se changea, couvrit des cheveux d'un capuchon et enfila un mantel pour se tenir chaud, puis sortit. Un garde lui indiqua que la vicomtesse était sortie marcher aux abords de la ville. Il ne fallut pas très longtemps à Faustine pour la retrouver... Sofja se promenait près des remparts. La jeune fille s'approcha d'elle pour faire une révérence, puis timidement, elle joignit les mains sur le devant de sa robe et parla.


Ma dame ? Puis-je vous entretenir quelques instants d'un projet personnel, s'il vous plaît ?
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Sofja
C'était l'esprit libre, le corps rassasié par cette promenade qu'elle faisait demi tour pour retrouver son doux feu de cheminée. Les chiens ronfleraient à faire vibrer les épais murs de domaine. Elle était certaine d'avoir la paix pour l'après midi pour le coup.
Ce qui la fit avancer était d'imaginée une tisane bien chaude pour se réchauffer ainsi que quelques douces sucreries que Firmin aurait confectionné pour le gouter. Elle adorait satisfaire ses papilles pour les petits creux de la journée.
Alors qu'elle rêvassait, une petite voix se fit entendre, c'était sa damoiselle de compagnie.


Faustine, mais bien sur. Il n'y a que les oreilles des chiens qui nous entendront.
Que t'arrive t'il ?

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Faustine_
La jeune fille calqua son pas sur celui de la maîtresse pour ne pas interrompre sa promenade. Avec hésitation, toujours aussi timide malgré les mois passés auprès des Jagellon, elle expliqua :

Je voudrais, madame, savoir si vous m'autorisiez à prendre congé pour environ trois semaines. Je sais que c'est un peu long, mais je désire voyager avec une amie d'ici, Eleane, et aller à La Rochelle pour retourner voir la mer.

Elle jeta un regard à la dérobée vers le ventre rond de la vicomtesse. L'autoriserait-elle à la quitter avant la naissance ? Avait-elle seulement prévu de recruter des nourrices pour l'aider ?
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Sofja
La nouvelle tomba sans grande surprise. Dès que Faustine lui avait raconté son histoire lors de leur rencontre en taverne, Sofja s'était préparée mentalement à son départ un jour ou l'autre. Quoi de plus normal, sa demoiselle de compagnie était jeune, elle recherchait activement les membres de sa famille, elle tomberait un jour amoureuse.

Mais la nouvelle était plutôt bonne puisqu'elle ne partait pas définitivement, juste trois semaines. Elle ne la perdait pas encore, elle entendrait encore sa douce voix lorsqu'elle chante, mesme le bébé bougeait quant il l'entendait.

Elle avait d'autres personnes pour s'occuper d'elle et puis avec son travail, elle n'était pas très présente non plus au domaine.


Cela ne me dérange point Faustine. Tu dois bien t'ennuyer quant je suis au Tribunal et j'y passe le plus clair de mon temps.
Tu verras la Rochelle est un très joli coin et l'océan y est très plaisant. Par contre si vous partez que toutes les deux, soyez prudentes.
Souhaites tu que je vous mette à disposition des montures ? Vous n'allez point partir à pied quant même !

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Faustine_
Quelle surprise pour Faustine ! Sofja était déjà toute prête à accepter son congé, et elle n'avait pas fait la moindre difficulté à le lui accorder. Ho, bien sûr, la vicomtesse avait toujours été d'une très grande gentillesse avec sa demoiselle de compagnie, mais celle-ci n'avait jamais osé lui demander ce genre de chose.

Ho ma dame, je vous remercie ! Ce n'est pas que je m'ennuie, chez vous, mais... enfin, en vérité, je ne me sens utile que quand je puis m'occuper de vous.

Faustine rougit un peu, se rendant compte que ce n'était pas très poli.

Mais je reviendrai bientôt, comme ça je serai là pour assister à la naissance du bébé, et aussi pour en prendre soin avec vous quand il sera né !

Un sourire sincère reparut sur ses traits. Faustine aimait sincèrement sa maîtresse.

Et... il est vrai que je n'ai pas de quoi louer un cheval... une monture pour Eleane et moi serait un véritable confort...

Elle n'en revenait pas de tant de bonté ! Elle qui s'était presque attendue à se voir refuser sa demander, la croyant déplacée en ce moment.
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Sofja
Sofja avait aperçut que la jeune fille s'était totalement détendue au fur et à mesure de ses paroles. Mesme si elles n'avaient que quatre ans de différence, elle l'avait prise sous son aile telle qu'elle l'avait fait pour ses frères et soeurs.

Faustine, je t'ai toujours dis que tu étais libre comme l'air. Je ne peux t'empêcher de partir, je ne suis pas la Reyne, voyons !

La blonde se mit à rire.

Je ne connais pas très bien cette femme, Eleane, j'espère qu'elle est digne de ta confiance. Fais bien attention surtout, tu es si jeune et si gentille.
Tu sais que je suis là si tu as besoin de parler.


La Vicomtesse attrapa le bras de la jeune fille. Ces derniers jours, mesme si elle était fort occupée, elle avait trouvé la mine de sa demoiselle compagnie bien triste. Elle n'avait pas osé l'interpeller, si elle souhaitait se confier, elle le ferait elle mesme.
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Faustine_castelnau
Faustine eut un doux sourire pour sa maîtresse qui lui prit le bras. Elle posa la main sur celle de Sofja et lui répondit avec amitié :

- Je vous écrirai dès que j'aurai quelque chose de nouveau à vous apprendre. Nous partirons à quatre : Eleane et moi, et Lorick et Clairvie, qui voyagent déjà tous les deux et que nous rejoindrons à la sortie de la ville. Ainsi nous serons mieux protégés... Nous irons d'abord à Limoges puis à Rochechouart, et ensuite nous verrons si nous restons un peu ou non dans chaque ville.

Il était encore trop tôt pour confier à Sofja les tourments de sa jeunesse. Elle voulait laisser le temps au temps de mieux lui faire comprendre les choses qu'elle découvrait.
Sofja
Sofja avait été une été un jeune fille, seule à découvrir la vie également. Ses parents étaient mort, ses frères et soeurs éparpillés dans tous les coins du Royaume. Elle avait donc eu ses propres expériences, dont une qu'elle n'avait confié qu'à son époux, bien honteuse. Elle comprenait donc qu'on puisse garder ses propres secrets pour soit, elle n'insista donc pas.

Ahh cela me rassure que vous partiez plus nombreux. Tu demanderas au palefrenier deux chevaux en pleine santé

La clôture en pierre du domaine était à quelques pas d'elles. Le domaine était caché par la végétation mais les chiens se mirent à courir comme des fous vers l'entrée principale.


Je ne serais pas tranquille tant que tu ne seras pas rentrée mais profites bien de ce voyage, je t'envie. Nostre voyage à l'océan fut bien trop court et il tarde qu'une chose, accoucher pour en faire un autre.
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