[RP] Chez Kem, à la sortie de la ville, près de la forêt

Kem avait souri ce matin là, à son réveil. Des gestes tendres, et l'impression de redevenir une personne normale, humaine. Et elle n'avait même pas bu ce soir là...
Comme chaque jour, elle partait en forêt taquiner les chênes. Le petit sourire ne la quitta pas. Et Yūki gambadait à ses côtés, ravie de voir sa maîtresse reprendre goût à la vie, peu à peu... Elle cheminait le pas léger, souple et délié, sa longue tresse se balançant dans le dos, habillée cette fois d'une tenue plus légère, adaptée à l'exercice. Le chemisier noué laissait apercevoir les cicatrices de son dos et mais elle n'en avait cure.
Avant de taquiner un chêne, elle souhaitait s'entraîner à faire quelques enchaînements de kihon et de kata, que lui avait apprit Akira. Il s'agissait de techniques d'un art martial...
Elle trouva une clairière ensoleillée et commença ses enchaînements.

Le sourire avait été de courte durée... L'après midi en taverne avait suffit à l'effacer. Idiote... Elle se retrouve dans la forêt, et s'assied en tailleur pour câliner son louveteau. Elle s’imprégna de la chaleur de l'animal, la tête enfouie dans son pelage, se refusant à libérer les larmes qu'elle avait gardé depuis ce soir de Janvier, à St Pol de Léon...
Idiote... Tu croyais quoi?
Aussi, avait-elle décidé de ne plus aller en taverne, de sortir le moins possible. Trop fragile, trop naïve. Il lu fallait s'accrocher aux vraies choses qui comptaient dans sa vie. Qui comptaient encore. Akira et son louveteau. Idiote... Mensonges, tout est mensonge.
Elle passa l'après midi avec son louveteau dans les bras, avec le secret espoir de s'endormir à tout jamais...

Akira découvrir Kem prostrée avec Yūki dans les bras, complètement abattue... Il soupira, la prit dans ses bras. Il se doutait de ce qui se passait... Le contrecoup, évidemment. Elle était sortie souvent en taverne ces derniers soirs, avait parfois découché. Il avait espéré qu'elle trouve ce qu'elle cherche. A voir les gestes tendres, il l'avait pensé. Et avait même envisagé de la laisser vivre sa vie ici... Mais visiblement, la déconvenue était grande.
Il cheminait vers la cabane, tandis qu'elle s'accrochait à lui...
Sans mot dire, il l'installa sur le lit et soupira, en lui caressant les cheveux...

Repose toi, Kem. Quand tu iras mieux, si tu veux, nous partirons.
Je t'interdis de renoncer.

Kem alla ouvrir, mine défaite, uniquement vêtue de la longue chemise blanche, des mèches s'échappant de sa tresse d'habitude parfaite. Ambroisine se tenait devant elle, elle attendait sa visite.

Entre, je t'en prie...

Elle la dit pénétrer dans la cabane au décors spartiate. Une chaise fracassé par Exael devenu fou trônait dans un coin, elle n'avait pas eu le courage de ramasser. Elle n'avait plus honte à ce stade. Elle désigna la table et les deux chaises.

Installe toi, il doit me rester un peu de chouchen. Sage, Yūki!

Kem gronda la petite louve, qui était toujours très joueuse et pouvait faire peur aux gens. Avisant le triste spectacle qu'elle devait donner, elle se retourna et caressa la joue d'Ambroisine, avec un sourire presque maternel.

Tu ne devrais pas rester ici. Va profiter de la soirée, et s'il te fait du mal, il m'entendra crois moi! Tu n'es plus une enfant, ne laisse personne te le faire croire.Mais avant, jure moi d'être sûre de ne pas gâcher ton innocence pour rien. Si tu es sûre de toi, je te laisserai partir sereine, mon amie. Oublie ce que je t'ai confié cet après midi.

Akira entra dans la cabane sans frapper. Inutile, il savait dans quel état il trouverait sa protégée... Il déposa la part de lapin qu'il avait cuisine sur la table de la cuisine. Et entreprit de nettoyer le chantier laissé par Exael. Rien de moins sain pour son aura que de vivre dans une pièce dévastée par celui qui avait été le seul pilier de sa vie. Il ramassa des bouteilles vides, des restes de repas non consommés, également ses vêtements, qui jonchaient le sol, à part son kimono de soie, qui lui était accroché à un cintre avec déférence. Yûki geignait, à la porte de la chambre, et sauta gentiment sur le maître d'arme, qui lui flatta la tête. Il lui ouvrit la porte de la cabane, qu'elle puisse sortir.
Il vit un pigeon posé sur le bord de la fenêtre, qui attendait avec un pli. Il libéra l'oiseau, et emporta la missive.

Puis il entra dans la chambre, plongée dans la pénombre. Il ouvrit la fenêtre en grand pour laisser passer le soleil. Et s'assied sur le bord du lit, et déposa la missive près d'elle.

Lèves toi, maintenant. Libère tes larmes une bonne fois pour toutes, fait ton deuil lumière de mes nuits, mon élève. Puis tu manges, tu t'habilles, et je veux te voir dans la clairière pour méditer ensemble. Je te donne deux heures... Mais avant, lis la lettre que tu as reçu. Ça ne vient pas de ce monstre, mais de ton ami.

Kem attendit qu'il parte, et resta un moment dans son lit, les yeux vides. Puis elle se souvint de la lettre. Elle ouvrit la courte missive et fronça les sourcils. Qu'est ce qu'elle avait bien pu écrire la veille, berdol? Le néant. Une vague de honte la submergea. Quelle bêtise avait donc pu t-elle faire encore? Voilà ce qui se passe à force de boire comme un trou...
Elle froissa le pli et se leva, se débarbouilla le visage, peigna ses cheveux. Cette fois, ils resteraient libres, ondulant jusqu'au niveau des reins. Puis elle s'habilla, de cette tenue légère propre à l'exercice. Elle n'allait pas désobéir à Akira, certes non. Il devait avoir deviné, comme d'habitude.

Elle entra dans la pièce principale, nettoyée de fond en comble. Plus aucune trace de la furie d'Exael. Comme s'il n'avait jamais existé... Elle se retint de pleurer, et s'attabla, pour grignoter le délicieux plat du bout des lèvres, sans grande conviction. Une virée en forêt, éviter les tavernes, voilà qui achèverait de lui remettre les idées en place. Et peut être partir faire un tour, visiter Vannes pourquoi pas. Tout devenait compliqué, un peu d'air lui ferait du bien. A force de dire et d'écrire des bêtises, elle perdrait les deux seuls amis qu'elle avait eu jusque là, à part ... Elle inspira avec difficultés. Il fallait l'oublier, faire son deuil à tout prix. Un gémissement étouffé sortit de ses lèvres. Et elle éclata en sanglots, enfin. L'abandon était tout ce qui la répugnait, et voilà son pire cauchemar devenu réalité. Sans lui elle n'était rien, il l'avait reconstruite avec des paroles fallacieuses et l'avait détruite.

Il fallait écrire à Gypsi, la brebis. Son ex. Qu'elle sache. Et répondre au chasseur. Mais avant, un peu d'entrainement au coeur de la forêt lui ferait du bien... Elle attrapa son katana qu'elle attacha à la ceinture, son arc et son carquois et sortit rejoindre Akira. Elle se trouva nez à nez avec Ambroisine. Elle leva un sourcil, surprise.

Amb' ... Mais que viens tu faire ici? Tu ne devrais pas je ne suis pas d'humeur complaisante. Je vais encore te faire du mal sinon. Je souffre encore à cause d'Exael, et je fais des betises. Je ferai mieux de m'éloigner un moment.

Puis elle sourit, radoucie.

Je vais m'entrainer en forêt. Rejoins nous en fin d'après midi si tu veux, ce n'est pas loin, c'est la clairière de la source d'argent...

Akira attendait son élève assit en tailleur. Il n'ouvrit même pas les yeux.
Tu es en retard, mais tu es venue. Installe toi face à moi.

Elle s'installa face à lui, le visage empreint d'une aura de douce tristesse, cheveux noirs de nuit détachés, tenue légère pour l'exercice, les bras encore marqués d'hématomes qui commençaient à peine à s'effacer.
Il lui prit les mains et imprima le rythme de la respiration, murmurant dans leur langue maternelle des mots qui signifiaient "souffles partagés, esprits joints".
Il le sentit se détendre peu à peu et s'abandonner dans un état hypnotique... Il pénétra son esprit, sous la forme d'un faucon pèlerin, traversa des paysages désolés, reflétant son état d'esprit. Et il la trouve, la biche, qui semblait chercher un renard...

Laisse le partir, mon amie. Libère toi. Libère le.

Il sentit son aura guérir peu à peu. Il faudrait du temps... Et des amis...

Il la laissa dans cet état hypnotique et ouvrit les yeux. Il s'installa derrière elle, la prit dans ses bras et posa ses mains de chaque côté des tempes. Cela aiderai à guérir de son mal être...

Kem se réveilla d'un coup, au cœur de la forêt. Elle avait l'impression de respirer enfin, Akira avait disparu. Ambroisine n'était pas là, elle avait dit qu'elle allait la rejoindre. Elle se relava souplement, malgré l'ankylose qui avait gagné ses jambes. Ce qu'Akira avait fait? Il l'avait apaisée. Elle se tressa rapidement les cheveux, et se dépêcha d'aller rejoindre Ambroisine. Son instinct l'y poussait ...

Kem se réveilla , désorientée. Rêve? Hallucination? Chouchen? Quelle journée, vraiment...

Elle tenta de renouer le fil de la journée... Dérpime, Akira, méditation... Elle se sentait mieux après la méditation. Elle acceptait enfin le destin qui avait amené son couple avec Exael à trouver une fin. Triste. Puis, elle était allée réconforter Ambroisine, sans succès. Elle lui faisait ressembler à ... Elle, si elle n'avait pas eu toutes ses aventures... Elle soupira.
La suite par contre ... était encore plus ... incroyable, étrange. Là où avait commencé le rêve? Discussion avec Mo, Steph, Barelius et des visiteuses bourguignonnes. Un moment agréable, ponctué de tournées générales... Puis, elle s'était installée dans la taverne de Moa, avec le secret espoir qu'Ambroisine vienne, ainsi que Sub. C'est un beau blond, charmant et gentil, qui est venu la voir. Il avait été intéressé par le cours que Kyûdô qu'elle avait dit vouloir donner, si des gens avaient envie. Il lui avait montré un bel arc, qu'elle trouva bien proportionné et équilibré... La conversation s'était engagée, sur ses origines, son passé, et sa violente rupture avec Exael devenu amnésique et dangereux... Quand il avait déclaré une phrase... comment peut-on frapper une si belle femme? Et Kem s'était empourprée. Elle avait sourit, flattée. C'était agréable d'entendre dire cela...Après ces histoires aussi tortueuses avec Exa, Gypsi et compagnie .. les disputes, la jalousie, son ignoble père... Elle avait perdu confiance en elle. Elle fut charmée par son regard franc et son sourire chaleureux.

Et d'autres les rejoignirent... Elle sentit soudain une main effleurer la sienne. Elle sentit son cœur battre très fort... Erreur? Elle croisa son regard aussi discrètement que possible et perçut une lueur... et sa main se glisser franchement dans la sienne, un sourire désarmant, auquel elle ne put que répondre... Puis ses lèvres se posèrent sur les siennes, tendrement. Folie causée par le chouchen, par deux personnes au cœur durement éprouvé? Parfois, il n'y avait rien à comprendre. Et le rêve continua, lorsque Minou entra en scène. Ils se tenaient toujours discrètement la main, quelques murmures tendres à l'oreille, totalement subjugués l'un par l'autre... lorsqu'il l'embrassa devant tout le monde. Et se déclara aussitôt amoureux. Un fort joli rêve... Étrange ... étrange sensation d'évoluer dans un monde totalement différent, proche mais à peine effleuré... Et le rêve continua. Elle parla à Sub avant de regagner sa cabane. Il avait peur pour elle, lui qui l'avait soutenue alors qu'elle était plus bas que terre. Elle se sentit même coupable, mais elle n'avait pu lui en parler avant... car c'était à proprement parler un coup de foudre...

Elle soupira, incapable de retrouver le sommeil. Elle pensa à de nombreux détails qu'elle n'avait pu inventer. La douceur de ses lèvres, les caresses de leurs mains sous la table, sa voix qui vibrait à ses oreilles, et les détails de sa vie... Son cœur battait à nouveau. Akira l'avait guérie lors de la méditation, elle avait rêvé ensuite, elle se sentait comme transformée, transcendée... Fini les questions, la souffrance, les regrets, les atermoiements. Non, ce ne pouvait être qu'un rêve... Quoique ... Si elle revoyait Barelius, elle saurait. Elle rirait avec lui de ce rêve étrange quand elle lui en parlerait.

Fiévreuse, fébrile, elle se leva et s'habilla chaudement, peigna ses cheveux, et s'installa sur son porche avec Yûki, son petit louveteau blanc, qui dormait sur ses genoux, et observa le ciel et les étoiles ...