Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Retrouvailles entre un père et son fils.

[RP] Une brise impériale souffle sur la Bourgogne

Leandre
Cet après-midi en taverne avait été rude. Leandre s'en souvenait comme si cela s'était passé il y a quelques heures à peine. Pourtant une poignée de jours s'étaient déjà écoulées depuis sa rencontre avec Marie Alice Alterac. La mère de Maeve n'avait pas été des plus tendre avec eux. Enfin c'est ce qu'il en avait conclu, après que la mère eut giflé sa fille afin de faire cesser ses jérémiades. Le jeune Valfrey s'était pourtant juré de protéger sa princesse, investit qu'il était dans son rôle de chevalier servant, mais il n'avait pu qu'assister à la scène, impuissant face à une vicomtesse ayant tout droit pour se prononcer sur le comportement de Maeve.

Leandre avait beau eu expliquer son geste en Normandie, rien n'y avait fait, et il s'était bien rendu compte qu'il avait parfois frôlé l'impertinence dans ses propos et sa répartie. Alors il s'était tu, tout simplement. Non sans mal, certes, puisqu'il supportait difficilement le fait qu'il puisse avoir tort, et encore plus de devoir l'admettre. La tête baissée, les mains jointes entre-elles, il avait écouté le sermon de Marie Alice Alterac. Avait-elle raison ? Avait-il tort ? Toute sorte d'interrogation lui avait trotté dans la tête tandis qu'il avait écouté les reproches faits à son encontre. Et puis leur cheval avait été confisqué par la vicomtesse. Et ça, c'était un nouveau coup de poignard qui s'enfonçait dans le coeur du jeune garçon. Leur monture, ce cher Anthèlme, qui leur avait été si fidèle et si courageux, les deux enfants ne le verraient plus. Ils apprendraient un peu plus tard que le destrier serait pourtant non loin, puisque Marie Alice tenait bien trop à ces animaux pour les abandonner. Et puis le regard suppliant de sa fille, humide jusqu'au moindre recoin de ses yeux, avait sans doute grandement contribué à ce que la vicomtesse garde Anthèlme avec eux.

Depuis, la petite famille était repartie, non loin de Sémur, puisque Leandre avait cru comprendre que l'amant de Marie Alice possédait un domaine dans les environs. L'enfant n'avait pas voulu s'imposer parmi eux, surtout que moult enfants étaient déjà présents. Alors il passait ces dernières nuits dans une auberge, où le gérant avait aimablement toléré sa présence en l'échange de quoi il effectuait quelques menus travaux à l'intérieur de la taverne.

Ce jour, il avait reçu une missive. Le tenancier lui avait fait part de la lettre qu'un homme avait apporté à son intention. Le gamin s'était empressé de quitter la taverne, lettre dans la main, dès qu'il eut l'autorisation de flâner dans les rues sémuroises, direction les bords de l'Armançon. Il aimait s'y installer pour ne rien faire ou lorsqu'il avait besoin d'être seul. Souvent, ses pensées se tournaient vers ses parents, qui devaient le retrouver sous peu, et Dieppe et ses habitants : Mabelle, Pitt, Alizarine, Grankhan, Antiloque, parmi tant d'autres, mais surtout Louve, sa première véritable amie. Cette dernière lui manquait terriblement, et la missive qu'il s'apprêtait à ouvrir n'allait pas arranger les choses.

Une fois assis en tailleur, face à la rivière, il déplia le parchemin d'un geste assuré, puis commença la lecture, son index guidant ses yeux parmi l'enchaînement de mots couchés sur le papier.



Citation:
Mon cher Léandre,

Je suis étonnée mais, cette fois, je ne suis plus inquiète, de ne pas avoir reçu une missive de ta part ou un message.
Je suis à Cosne et tu y étais aussi mais je ne t'ai pas trouvé au village. Je t'ai cherché partout...Seules Maeve et sa maman m'ont rencontrée. Aujourd'hui, vous êtes tous partis et je suis là seule avec Brenn et mes pensées...
Je te sais en sécurité et entre de bonnes mains, je voulais continuer mon voyage vers toi puis je suis restée à Cosne où j'ai beaucoup réfléchit.
Au delà de la rencontre d'un homme merveilleux qui semble avoir le pouvoir de faire tomber les portes enchaînées qui entouraient mon coeur, j'ai décidé d'arrêter là ma courses effrénée.
Je te sais bien en sécurité, bien entouré, quand Louve, ta grande amie, elle, n'a personne et m'inquiète de par sa santé après ce drame qu'elle a vécu.

Je reprends bientôt la route pour Dieppe et peut être reviendrais-je pour te voir un jour.

Saches que Louve ne verra peut être jamais de gros codiles...


Affectueusement,

Mabelle



Il replia ensuite la lettre, un air inexpressif sur le visage. Ainsi, elle était partie... sans qu'ils n'aient le temps de se voir. Mabelle, celle qui avait été pour lui comme une seconde mère à Dieppe, celle qui lui avait appris des tas de trucs et qui l'avait toujours soutenu, quelque soit la situation. Maintenant elle était sans doute repartie auprès de Louve. Leandre n'avait pas vraiment saisi ses propos concernant la jeune blondinette. De quel drame avait-elle été victime ? Et pourquoi pourrait-elle ne jamais voir de gros codile ? Perplexe, le Valfrey se releva sans grand enthousiasme. Il lui fallait maintenant répondre à Mabelle, et pour cela il était nécessaire d'avoir à disposition parchemin, encrier et plume. Alors le retour à l'auberge semblait inévitable.

Trainer des pieds, ça il sait faire. Et bien en plus. Le retour dura le double de l'aller, et la ruelle où se trouvait l'entrée de la taverne était déjà en vue. A cet endroit, une scène étrange se jouait : deux hommes entièrement vêtus de gueules repoussaient de manière plus que brutale un homme à l'allure débraillée. Leandre s'approcha, curieux, dans leur direction. De toute façon, il lui fallait bien passer par ici. Quelques mètres le séparaient des trois hommes lorsqu'un de ceux habillé tout en rouge leva la main sur le gueux. Sans hésiter une seconde, Leandre cria en leur direction :


Arrêtez !

Les deux hommes détournèrent leur attention pour regarder l'impertinent qui les avait interrompu, et le troisième en profita pour échapper à ses bourreaux.

Ecoute petit... tu vas gentiment retourner voir ta mère, tu n'as pas le droit d'être ici. Elle doit t'attendre pour changer tes langes.


Le jeune garçon ignora les paroles de celui qui le provoquait ouvertement pour se concentrer sur les raisons de la maltraitance du pauvre gueux.

Pourquoi vous avez voulu frapper cet homme, alors qu'il était seul contre vous deux ?!

Cette fois, ce fut le second homme qui prit la parole. Il semblait un peu moins borné que son camarade.

On a des ordres nous. L'comte a dit que personne ne devait entrer sans son autorisation. Donc on applique. C'est qu'il est pas commode l'comte de Beaufort lorsqu'on fait pas ce qu'il d...

Avant qu'il n'eut le temps de finir sa phrase, Leandre s'était déjà précipité à l'intérieur de la taverne, se faufilant rapidement entre les deux gardes comtaux. Il était plutôt vif, et eux lourdauds, alors forcément... Ainsi, son père était enfin arrivé, après tant de temps à l'attendre ! Sur le coup, il n'avait nullement réfléchi au fait que son père était sans aucun doute très en colère contre lui. Il salua rapidement le tavernier avant de grimper quatre à quatre les marches de l'escalier qui menait aux chambres, sans même prêter attention à l'homme qui allait dans le sens inverse en boitant. Etant donné qu'il s'occupait des chambres lorsque le tavernier lui demandait, Leandre savait quelles pièces étaient occupées. Et forcément, puisqu'il y en avait qu'une seule dont il ne s'était occupé depuis ces quelques jours, son père se trouvait forcément dans celle-ci, avec sa mère, espérait-il. En quelques secondes il se retrouva nez à nez avec la porte concernée. Et là, la main fermée de l'enfant s'arrêta à quelques centimètres du traditionnel "toc-toc".

Effectivement, tout lui revenait en mémoire. La formidable escapade avec Maeve n'avait pas vraiment enchanté le comte de Beaufort... Surtout lorsque c'est la Première Secrétaire d'Etat de France qui la lui apprend. Un sourire espiègle se forma sur le visage du garçon. Après tout, son père serait heureux de le revoir en vie et il ne lui en voudrait peut être pas autant qu'il l'avait laissé croire dans sa lettre... C'est avec cette utopique idée en tête que Leandre se décida finalement à frapper à la porte, accompagnant son geste par un seul mot, où la crainte se cachait parmi l'excitation.


Père ?
_________________
Leandre Lazare de Valfrey
Chevalier servant de sa p'tite princesse
Jontas
Toc toc toc... Le bruit qui précédait chaque personne voulant voir le Comte depuis qu'il était dans cette misérable bâtisse semblait détruire petit à petit le peu de patience que pouvait avoir l'impérial. Voilà plusieurs semaines qu'il souhaitait retrouver son fils fuyard, réfléchissant aux diverses façons de pouvoir lui faire apprendre comment se tenir, comment se battre. Pire que l'attente, ce petit voyage depuis les terres comtoises de Beaufort avait donné une étrange maladie à sa fiancée, la future Comtesse de Beaufort, Dame de Sapois.

Bizarrement, la rudesse de caractère du Comte s'évanouissait quand il était aux côtés de sa fiancée et le fait qu'elle ait du être envoyée dans un monastère, dans le Sud de l'Empire, rendait le comtois particulièrement irritable. C'est donc de très mauvaise humeur que le Comte répondit.


Entrez ! Si vous êtes capable de supporter les supplices infinis qu'il pourrait vous en coûter de me déranger pour des futilités de gueusailles !

Après un instant d'hésitation, la personne qui avait frappé à la porte ouvrit lentement cette dernière. Il se trouva que c'était un des serviteurs du Comte, qui avait fait le voyage avec lui depuis Beaufort et qui permettait au Comte d'avoir un semblant de richesse dans les différents coins pauvres qu'ils croisaient.

Sans dire un mot, le Comte regarda son servant d'un oeil mauvais, toute personne ne méritant pas son attention devrait mourir plutôt que d'infester son espace vital selon lui.


Votre grandeur, pardonnez-moi de vous déranger dans vos occupations extrêmement importantes, mais, l'aubergiste voudrait savoir si les gardes vont avoir besoin d'une chambrée car il n'a plus de place actuell...

CRRRRRRRRRRRRAAAAAAAAAAAAAAC

Le sang du Comte n'avait fait qu'un tour alors que son poing s'était abattu sur la frêle table qui ornementait la pièce, la détruisant tout simplement.

Misérable cloporte ! Comment oses-tu me déranger pour de si abjectes raisons ? Mais toute la gueusaille du monde restera en dehors de cette affreuse grange qui peut servir de bicoque à quelques pouilleux des environs tant que je serai ici !!! N'espères pas, petit vermisseau une seule place au sein de cet abris ! Tu dormiras, toi et les gardes, dehors, avec les porcs !!!

Alors que le visage du Comte virait au rouge, ce fut le visage du serviteur qui servit de défouloir, à défaut d'une table digne de ce nom. Et c'est d'un dernier coup de pied dans le séant que le Comte fit sortir l'objet de son ire la plus violente depuis quelques semaines.

Refermant la porte violemment, le Comte se replongea dans ses pensées, rageant à l'idée d'être dans un endroit si peu adapté à sa Grandeur. Mais il n'eut pas le temps de se calmer qu'un autre bruit vint de la porte sa rage l'empêchant d'entendre le mot de son fils l'appelant.


Qui ose encore me déranger ? Vais-je devoir égorger tous les gueux qui viennent me déranger ?!
_________________
Leandre
Stupeur de l'autre côté de la porte. Son père était-il devenu sénile pour oser demander qui pouvait bien l'importuner en le nommant "père" ? Assurément non. Alors avait-il un second enfant dont il aurait caché l'existence à Leandre ? Il l'aurait tout de même prévenu... enfin il pensait. La réponse vint à son esprit comme un éclair fulgurant : le comte de Beaufort écoutait peu ou pas ce qu'on lui disait. Trop habitué à ignorer la gueusaille et à la réprimander dès que l'occasion se présentait. C'est vrai, à quoi bon écouter ce qu'ils avaient à dire, si ce n'est pour perdre du temps ? Leandre, lui, ne partageait pas vraiment cette vision des choses. A Dieppe il avait eu l'occasion de côtoyer nombre de roturiers, et il n'étaient pas aussi idiots que son père l'avait laissé entendre. Enfin, pas tous.

L'enfant avala sa salive et prit son courage à deux mains, priant de toutes ses forces pour que son père ne lui balance pas un quelconque objet à la figure lorsqu'il poussera la porte. Afin de s'en assurer, il déclina son identité, s'assurant cette fois qu'il serait entendu par Jontas.


C'est... c'est moi, Leandre. Votre fils.

La dernière précision était importante, dans le cas où le comte de Belfort connaîtrait d'autres personnes portant ce prénom - ne sait-on jamais. Cette fois il avait parlé plus fort, et un silence pesant s'était soudainement installé. Pour sur, son père avait parfaitement entendu et compris. Leandre poussa alors la porte, avec toute l'assurance dont il était capable de faire preuve dans pareil moment.

Et il le vit.

Etrange moment que d'avoir de nouveau en face de soi son paternel, après tant de temps sans l'avoir vu. La ressemblance entre le père et son fils n'était pas frappante : le plus vieux avait des cheveux d'un blond chatoyant et des yeux clairs, tandis que le plus jeune avait des cheveux noirs et des yeux tout aussi sombres. Le plus stupéfiant, c'était que sa mère n'avait, elle non plus, absolument pas les même caractéristiques que le visage de son fils (oui, les joies de la génétique c'est pas pour tout de suite). D'ailleurs, sa mère n'était pas présente dans la pièce. Instinctivement, Leandre plongea de nouveau ses yeux dans ceux de son père, y cherchant un semblant de réponse à la question qui le tiraillait : mais où était-elle ?

Se retenant de le demander à voix haute, il se rendit soudain compte qu'il n'avait salué Jontas. Il ne s'était seulement passé que quelques dizaines de secondes depuis qu'il avait franchi le seuil de la porte mais déjà, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, le silence de son père en disait long. Le jeune garçon s'empressa alors d'incliner poliment le buste, dans une courbette toute simple, bienséance oblige.


Le bonjour, père.

Le jeune Valfrey avait parfaitement compris qu'il était inutile de lui demander comment il allait, puisque la réponse semblait évidente. Il se contenta de placer ses mains jointes derrière son propre dos, immobile. Il ne se risqua même pas à contempler la pièce où le comte avait décidé de poser ses affaires, il se serait sinon étonné que son père puisse supporter une chambre aussi petite et rudimentaire, lui qui aimait la grandeur et l'opulence.
_________________
Leandre Lazare de Valfrey
Chevalier servant de sa p'tite princesse
Jontas
Leandre ?

L'air presque étonné du Comte aurait pu paraître ironique s'il ne se serait agi de son propre fils. Néanmoins, il ne présenta aucun signe d'émotion particulière, le Comte était très pointilleux sur le paraître et d'autant plus avec son propre fils.

Mon bâtard de fils, tiens donc. Tu te montres enfin saligaud ?

La phrase était partie telle une flêche d'un arc anglois et le Comte resta de marbre devant l'éventuelle réaction de son fils. Il était temps de lui apprendre la vie tel un de Valfrey.

Tiens toi droit, fait honneur à ton sang, même si tu es bâtard, tu as de mon sang ! Il est temps que tu apprennes à vivre comme un de Valfrey, ce serait dommage que notre sang finisse par engendrer des misérables folles grecques !

Pourquoi as-tu fuis ?


La question était venue aussi soudainement que les premières insultes avaient fusées, l'autorité du Comte n'était néanmoins pas dénuée d'un soupçon de paternité naturelle. Ce qui l'obligeait à poser certaines questions.

_________________
Leandre
Ne surtout pas paraître insolent, rester calme et impassible. Plus facile à penser qu'à faire. Le garçon serra tout de même les dents, enfonçant ses incisives dans l'extrémité de sa langue, pour ne pas rétorquer à la première interrogation de son père, qui était plutôt un reproche à proprement parler qu'une réelle question. La question oratoire en devenait presque un art dans la bouche du comte, surtout lorsqu'il l'alimentait par des insultes aussi subtiles.

Immédiatement, la seconde salve fut tirée. Même pas un "bonjour" de rigueur, ou tout autre salutation d'usage, rien. Il en venait même à critiquer le fait que Leandre l'ait salué comme un fils se devait de le faire à son père. Nouvelles insultes qui fusèrent de la bouche comtale, sans même avoir été déguisées auparavant. Il est vrai que l'on comprenait bien mieux lorsqu'on n'usait pas de détours. Même si pour le coup, Leandre n'avait jamais été en Grèce et qu'il ne voyait pas vraiment le rapport avec son sang. Bref, le pire vint juste après. Fuir ? Il n'était pas le lâche que certaines mauvaises langues avaient essayé de faire croire. D'ailleurs, il se rappela de devoir parler du comte Max et de ses paroles irrévérencieuses à son père, une fois qu'ils auront fini de fêter leurs retrouvailles, bien entendu.

Avalant sa salive, et une fois qu'il se fut assuré que son père avait fini de l'insult... de parler, Leandre entreprit de répondre, aussi honnêtement et franchement qu'il le pouvait. Ses mains toujours dans son dos, droit et immobile comme il l'était depuis qu'il était entré dans la pièce.


Je n'ai pas fui.

Evidemment que cette simple affirmation ne suffirait pas à attiser la colère latente de son père.

J'ai simplement fait ce qu'il me semblait le mieux à faire. Maeve était loin de sa mère... j'ai donc pris la responsabilité de l'accompagner jusqu'en Bourgogne, là où cette dernière a pu retrouver sa fille saine et sauve. J'ai agi comme j'ai pensé que vous l'auriez fait, père... avec courage et considération pour une personne appréciée. Les vertus même de la noblesse, celles des Valfrey en somme. Et puis vous verrez par vous-même, Maeve est quelqu'un de très gentil !

Si par "fui", vous entendez que j'ai délibérément quitté les rangs de l'armée normande...
Leandre eut un faible sourire en repensant à ce que lui avait appris ce passage dans le campement de la Bande de Normandie. Et bien, vous vous trompez : je n'ai pas fui. Fuir c'est pour les lâches et je n'en suis pas un. Simplement qu'ils ne m'auraient laissé partir... C'est que j'avais l'air important pour eux, vu comment le Duc le chat a remué ciel et terre pour m'attraper. Et comme vous pouvez le voir, je suis vivant et devant vous maintenant.

L'enfant terminait ses explications sans détacher son regard de son père.

Mais je compte bien expliquer mon acte aux normands, et aux dieppois plus particulièrement, un jour. Parce que s'il y a bien une chose que je regrette, c'est d'avoir abandonné des personnes que j'estimais beaucoup, sans même les prévenir.
_________________
Leandre Lazare de Valfrey
Chevalier servant de sa p'tite princesse
Jontas
Le Comte restait immobile, regardant son bâtard, car même si c'était un bâtard, c'était le sien et il devait bien s'en occuper. Une fois que Leandre fini son semblant d'explication, la bouche du Comte se tordit en ce qui aurait pu ressembler à un demi-sourire si cela n'avait pas été Jontas. Mais bon, c'était lui, donc on ne saura dire si c'était un sourire ou autre chose de semblable.

Hum... Il y a peut être quelque chose à faire de ce corps minable.

S'approchant de son fils, le Comte se saisit du col du petit Valfrey et le tira vers lui, mais étrangement, ce geste n'était pas brusque, le Comte ne voulait pas blesser un petit homme tout de même.

Combien de fois t'ai-je dit de ne pas donner d'explication de tes actions ? Tant que tu ne défends pas la cause des gueux ou de mes ennemis, tes actions n'ont pas à être expliquées.

Tout en disant ceci, le visage du Comte s'était rapproché de celui de son fils et son regard profond n'inspirait que la crainte malgré le ton calme de ses paroles. Soudainement, Jontas lâcha Leandre et se retourna, préférant regarder par la fenêtre de sa chambrée tout en continuant de parler.

Ces gueux, misérables déjections de la race humaine, tu ne dois jamais te comporter comme eux. A ce propos, pourquoi est-ce toi qui a frappé à la porte ? Ne touches jamais ce que des gueux touchent.

Le Comte sourit à cette dernière phrase et à l'idée que cela impliquait qu'il s'empressa de partager avec son fils.


Sauf si cela concerne le peu d'argent qu'ils ont.

Quoiqu'il en soit, il en est fini de ton amusement, les choses sérieuses vont commencer.

_________________
Leandre
Un corps minable, s'il le disait, mais dont la faute n'aurait pu que lui être imputée, dans ce cas. Pourtant Jontas était relativement grand, et fort - normal c'était son père à lui - et lui deviendrait pareil. Il espérait du moins, car sa mère n'était pas très grande, ni bien lotie en terme de musculature. Pas le temps de réfléchir plus longtemps sur son corps que le comte de Beaufort s'était approché de lui pour le saisir par la chemise. Heureusement, il n'avait pas l'intention de le tirer plus que ça vers lui, sinon sa chemise toute neuve en aurait sérieusement pâti, et ça Leandre n'aurait pas du tout apprécié. Oh bien sur il l'aurait gardé pour lui, comme toujours face à son père.

Ce dernier s'était contenté de lui adresser la parole, lui expliquant qu'il ne fallait jamais rendre de compte, à personne. Inutile de préciser que ce genre de propos n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd, et Leandre s'en souviendrait assurément lorsqu'il commettra des bêtises. Un sourire espiègle vint fendre son visage et Jontas aurait pu croire que son fils ne cherchait qu'à le provoquer, une fois de plus. Mais il n'en était rien, l'enfant s'amusait seulement de l'interprétation qu'il était possible de faire à partie de phrases toutes simples. Sans sourciller, le jeune héritier soutint le regard de son père tandis que ce dernier était au plus près de son visage. Puis le plus vieux des deux Valfrey se détourna, laissant le second à ses réflexions.

Réflexions de courte durée, puisque le comte lâcha un nouveau flot d'insultes alors qu'il regardait à l'extérieur de la pièce, comme si cela l'avait inspiré. A croire qu'effectivement Jontas avait une vision bien particulière du monde extérieur au sien. Puis nouvelle question rhétorique, que Leandre trouva idiote, mais cela il se le gardait bien évidemment de le dire. Lui avait toujours eu l'habitude de frapper à la porte et même de les ouvrir en personne. Il ne put se retenir de s'exprimer enfin lorsque son père aborda le sujet de l'argent de la roture. Ses sourcils se courbèrent de façon bizarre, exprimant à la fois son étonnement et son incompréhension.


Mais père, vous me conseillez donc de voler les écus des personnes de roture ? Ne serait-ce pas s'abaisser au niveau des pires de ces gens, à savoir les marauds et autres pendards ?

Leandre réprima un frisson à l'idée de finir un jour sur la potence, comme le plus vil des vauriens. Et le jour où cela arriverait, il aurait l'air bien bête à expliquer au bourreau que c'était son père qui lui avait dit de le faire. Immédiatement après, le Valfrey réagit aux dernières paroles de son père.

Qu'entendez-vous par là ?

C'est vrai quoi, les choses sérieuses avaient déjà commencées du point de vue de Leandre. Comme s'il passait son temps à s'amuser. Pfff décidément, les parents ne comprenaient pas grand chose, du moins pas comme il le faudrait
_________________
Leandre Lazare de Valfrey
Chevalier servant de sa p'tite princesse
Jontas
Le Comte se retourna, son air précédemment calme avait disparu au profit d'un regard sombre, les mâchoires serrées il regarda son fils, sentant une envie de le frapper qui devrait bientôt être assouvie si il ne comprenait rien à ce qu'il disait.

Si tu n'étais pas de mon sang, tu verserais déjà le tien sur le sol !

Je ne t'ai pas dit de voler les pouilleux, ce n'est pas voler que de prendre ce qui te reviens de droit, ces gueux, ces putréfactions ambulantes ne savent pas se servir de l'argent, pourquoi donc gâcher ce dont de la vie qui est fait à notre grande noblesse dans des mains si impures ?

Mais assez de parlotte !


Il accompagna ses mots d'un geste de la main, semblant chasser une mouche qui aurait pu le déranger si le Comte attirait seulement les mouches hein, c'est qu'il est propre notre nobliaux.

Vas préparer tes affaires, nous partons pour l'aube dans ce lieu d'infamie qu'est devenu la Franche Comté, repère de brigands qui n'ont eu leurs titres qu'avec l'action du Sans Nom ! Il faudra d'ailleurs tenter de ne pas les croiser, cela risquerait de t'être fatal, toi si faible.

Nous devons rencontrer le frère d'un de mes défunts amis, mort à cause de ces démons qui peuplent ces terres sauvages. Puis après, je t'apprendrai les rudiments de l'art de la guerre.

_________________
Leandre
Enfin, son père daigna se retourner pour lui adresser la parole. Pas que l'enfant y voyait là un manque de respect... enfin si, un peu... De toute façon, les paroles qui suivirent n'étaient pas ce que l'on pouvait qualifier de respectueuses. Incorrectes, pas complètement envers lui, mais contre la roture qu'il descendait en flèche à chacune de ses interventions, ou presque. Peut être était-ce mérité ? Leandre ignorait bien ce qu'il pouvait se passer au quotidien sur les terres de Beaufort, mais sans doute le comte avait-il eu à faire face à deux ou trois jacqueries, ce qui pouvait en conséquent expliquer son comportement subversif envers les êtres dépourvus du fameux sang bleu.

De toute façon, Jontas ne semblait pas avoir particulièrement apprécié la dernière réplique de son fils. Et cette histoire de sang... Pourquoi Leandre l'aurait-il versé sur le sol s'il n'aurait eu le même que son père ? Moult interrogations qui germaient dans la tête d'un garçon qui ne comprenait pas vraiment la façon de faire de son géniteur. Lui aussi devrait-il devenir ainsi plus tard ? Et puis où était sa mère, qui était l'exact opposé de Jontas ? Du discours de ce dernier, le futur chevalier put retenir que les écus de la gueusaille lui appartenaient de droit. C'est Maeve qui serait heureuse d'apprendre cela, les deux enfants pourraient ainsi ordonner au tavernier de leur servir tout ce qu'ils souhaitaient, et ce sans ouvrir leur propre bourse : des litres de lait pour l'Alterac et des cruches d'eau entières pour le Valfrey. Ainsi c'était cela que d'être noble... Certaines perspectives paraissaient effectivement intéressantes alors. Leandre hocha la tête pour signaler à son père qu'il avait parfaitement saisi le sens de ce qu'il avait voulu lui faire comprendre.


Je tâcherai de m'en souvenir, père.

Puis ce fut la stupeur. Partir. Qui plus est dès que possible. A destination de ce comté sans cesse décrié par l'impérial, qui en fut le régnant. La première réaction de Leandre fut de secouer la tête, comme pour se réveiller et quitter ce mauvais rêve. Mais à part paraître ridicule aux yeux de son père, cela ne changea rien. Non, il était impossible de quitter Sémur, mais surtout Maeve... S'il avait effectué tout ce chemin avec elle, ce n'était pas pour l'abandonner par la suite. Enfin c'est ce qu'il avait imaginé, et elle aussi, pensait-il. Le visage de l'enfant resta tout de même impassible, il ne fallait pas donner l'impression d'être faible, lui avait répété le comte. Aujourd'hui, il appliquait ce conseil à la lettre, muet et stoïque malgré ses entrailles qui se nouèrent jusqu'à atteindre une sensation de malaise. Tristesse, colère et incompréhension se mêlaient dans une synchronisation parfaite.
Pourquoi se rendre en Franche-Comté alors qu'elle était devenue un repère de brigands ? Sans doute pour l'effrayer, en guise de punition suite à son escapade, leur escapade avec Maeve. Sans même la connaître, Leandre détestait déjà cette province qui lui ferait renoncer à servir sa princesse, comme il l'avait promis, même si elle n'avait sans doute plus autant besoin de lui maintenant qu'elle se trouvait auprès de ses proches.
Croiser les franc-comtois pouvait donc lui être fatal... Ainsi ils étaient des monstres. Des bêtes sans âme qui avaient occis un ami de son père. Mais lui s'en fichait ! Il n'avait qu'à pas rester sur ces terres si elles étaient aussi diaboliques que Jontas le laissait entendre. Ce fut un Leandre complètement déstabilisé et perdu qui serra les poings machinalement avant de lâcher un unique et simple :
Non.

Mais il se rattrapa rapidement devant le regard assassin que lui adressa le comte de Beaufort. Comme si le jeune garçon avait son mot à dire dans les décisions des grands, surtout lorsqu'elles viennent de son propre paternel.

Je veux dire... j'y vais de suite.

Trois secondes plus tard, la porte claqua - volontairement, connaissant le caractère de Leandre - et ce dernier descendit les marches quatre à quatre, avec l'entreprise de réunir son stock de miches de pain, son bouclier et son épée en bois, le plus vite possible afin d'être prêt sans que son père puisse y trouver à redire. De cette façon, il était surtout assuré de voir Maeve avant, de la prévenir, de se plaindre et de finalement l'enlever avec lui. C'est comme ça qu'ils font les chevaliers avec les princesses pour échapper au dragon dans le donjon. Mais là il en était autrement... Avec Marie Alice dans le rôle du dragon, cela sentirait obligatoirement le roussi pour le jeune garçon. Constatant qu'il était parfois bête, Leandre secoua la tête et pénétra dans la réserve de l'auberge, cherchant dans la demi-obscurité les sacs contenant les quarante-deux miches de pain qui étaient siennes. En sortant, il ne prit même pas la peine d'essuyer les larmes qui perlaient dans le coin de ses yeux et évita tout de même soigneusement le regard du tavernier qui semblait vouloir s'enquérir de la situation. Ce que ça pouvait être odieux un père mécontent...
_________________
Leandre Lazare de Valfrey
Chevalier servant de sa p'tite princesse
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)