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[RP ouvert] Jardin des morts et bancs en pierre tombale

Ellya
Le jour venait à peine de se lever quand la religieuse sortit de l'hôtel miteux dans lequel on l'avait forcée à s'installer. Un écu par soir pour une paillasse pleine d'insectes et une bougie à moitié fondue! Elle enrageait. Puis priait. Si les biens matériels n'avaient aucune valeur pour elle, du moins appréciait-elle le confort. Dormir dans une grange, à l'heure actuelle, aurait été un luxe.

Vous êtes sûr que les autres bâtiments sont pris?
Oui-da ma p'tit' dam'.
Soeur. Pas dame. Soeur. Et aucune villageois ne louerait une chambre par hasard?
Bin ça faut aller leur d'mander, ma p'tit' dam'.
... Et à qui puis-je demander, particulièrement?
Bin ça faut aller...
Très bien, j'ai compris. Je prends la chambre, alors.

Tout ça pour Théo. M'enfin, elle n'allait pas se plaindre, elle l'avait voulu. Et de fil en aiguille, elle en était venue à rencontrer sa promise et, chemin faisant, à proposer la pastorale. Forfait luxe, je vous prie! L'argent irait tout droit dans la reconstruction du Prieuré. Elle en était très fière. Aussi fière que le croque-mort qui creuse sa propre tombe.

Elles avaient convenu de se retrouver dans le cimetière bordelais, afin d'ajouter du cérémonieux à l'affaire. Et quoi de mieux qu'un cimetière? Ce sont des endroits paisibles, souvent charmants, mi-ombre mi-soleil et où il y a peu de passage.

La nonnette, pieds nus comme l'exigeait la tradition Illindaine, déposa tout son fardeau près d'une des tombes, légèrement à l'écart.


Ci-git Lainus, fidèle mouton à la laine soyeuse. Nous te regretterons.

Parfait. Voilà l'endroit idéal!
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Richard_watelse
Sitôt revenu dans son expédition Chypriote, le Connétable Richard Watelse s'était empressé de revenir sur Bordeaux... où rien ne l'attendait mis à part ses champs. La virevoltante Karalynn, le drôle Ambroise, la boulote Ursula de ozta, tout s'en était allé, et replongeait l'esprit du sombre Watelse dans la mélancolie. L'homme s'ébouriffa les cheveux, qu'il avait désormais longs, toujours aussi noirs et mal entretenus, comme il le faisait à chaque fois qu'il tentait de se rafraichir les idées. Il priait Aristote et tous les Saints qu'il connaissait alors pour l'aider à remettre les deux pieds sur terre. La culpabilité toujours se faisait ressentir, puis la colère, la haine et toutes ces démoniaques passions qui faisait de lui un animal sans aucune clairvoyance.

Où irait une âme paumée? Où le guideraient Christos et Aristote pour lui insuffler un peu de sérénité?

Une colombine nonne. Voilà le messager que les divins lui envoyèrent. Dans un cimetière. Un lieu pertinent pour enterrer ses démons. Une envoyée providentielle pour le purger de ses maux. Ô Christos, que veux tu de moi? Entre ses lèvres sèches d'avoir trop prié, Richard Watelse psalmodiait les anges de l'emmener, de l'alléger du poids de ses fautes afin qu'il les rejoigne dans le firmament.


Car malgré toutes ses résolutions, le militaire avait replongé dans son ambition irraisonnée de puissance et de guerre, cueillant au passage l'innocence et la vie d'une jeune femme qu'il condamnait à la triste destinée de sosie de reine, sans passé et sans avenir : il la condamnait à l'inexistence.
Comme il aurait aimé ne pas exister, lui-même... Quitter la vie... Comme ces petits moutons qu'un berger avait enterrés au fil des ans : Bouclette avait eu droit à l'ombre du chêne, alors que Cache-mir se dorait la carcasse sous le soleil, à côté d'un autre laineux. Il ne lut pas son nom à celui-ci, trop étonné de voir un autre être que lui deviser avec le Très-Haut au sujet de ces sujets laineux à quatre pattes. Le berger serait il bergère finalement?

Pas plus envie que ça d'engager une discussion, il préféra entamer une prière à voix basse, à deux pas de la jeune gardienne de moutons :


Je te salue, Christos, ô messager du Très Haut et grand contemplateur des gilets en grosse mailles et écharpes à larges franges. Nous adorons ton style et ton absence de faute de goût. Tu as le sens de la Beauté, et ta vision a transformé notre monde avec la finesse d'une tisseuse de bas de laine....
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Ellya
... tisseuse de bas de laine....

Tirée de ses pensées par la voix grave et étouffée, la Duranxie détourna le regard des livres qu'elle venait d'étaler sur la tombe de Lainus pour les poser sur l'homme qui se tenait non loin d'elle.
Elle faillit sursauter tant l'aura qu'il répandait jurait avec la prière prononcée. Mais restant aussi immobile que le cadavre du mouton qui devait séjourner sous ses pieds, elle contempla le mâle regard empli d'une fureur qu'elle n'aurait su expliquer. Bien que cela la fit frémir jusqu'à la racine des cheveux, elle ne pouvait s'en détacher, victime d'une impression singulière: le déjà vu. Elle les connaissait, ces iris enragées. Pis, elle savait qu'ils avaient déjà frôlé son corps.

Impossible...

L'effet ne fut que momentané, mais suffisamment long pour en être troublant. Désirant chasser ce mauvais démon, insufflé probablement par le Sans Nom, elle s'approcha de l'étranger en secouant la tête comme si elle venait de le prendre en flagrant délit d'une quelconque bêtise.

Non, non, non, non, non!
On ne prie pas comme cela, voyons. D'abord il faut vous agenouiller. D'une parce que c'est humble, de deux parce que cela vous évitera de vous fatiguer.


Et appuyant d'une main ferme sur son épaule, elle le fit adopter la posture adéquate.

Vos mains ensuite! On croirait deux bâtons qui ne savent comment s'enlacer.
Et puis la voix, par tous les Saints. Elle doit vibrer! Vibrer!


La religieuse pouvait bien se permettre de donner quelques leçons en attendant sa véritable élève...
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Richard_watelse
Les genoux s'affaissèrent sur le sol en toute humilité tandis que la jeune et pieuse compagne de cimetière lui enjoignait de suivre ses conseils. Les mains de celle-ci s'apposèrent sur les siennes comme une caresse, une intention de faire le bien jusqu'au bout des gestes. Il n'osa pas lui répondre que de trop de prières, ses genoux étaient meurtris et cela depuis des années. Ni que ses mains jointes normalement ne se déliaient que pour faire claquer le fouet de la miséricorde sur son dos de pénitent. Ses omoplates gardaient les traces de son éternelle culpabilité en cicatrices toujours rouge de ne s'être jamais complètement refermées.

Quant à la voix qui vibre... Ah! La voix!
Son timbre invoquait Aristote et les Saints initialement avec la ferveur d'un homme tourmenté par ses vices et le pêché de sa famille. Puis, au fur et à mesure des années, la gorge s'était nouée par l'aigreur, la lassitude et la colère. Comme crispée. Anéanti de ne pas se sentir entendu de Dieu, de se croire rejeté par lui. Aucune émotion ne filtrait plus par sa bouche, juste un souffle sec et un semblant de rage par la crispation de sa bouche.

Les paroles de la jeune personne étaient, elles, si emportées, si inspirées qu'il croyait voir en elle tout l'Amour du Tout-Puissant. Elle avait ce visage qu'il aurait bien assimilé à Saint-Illinda. Une douce puissance. Pourtant, quelque chose dans sa présence annonçait un événement moins serein : en bas de la nuque du Connétable, un muscle se crispa, comme à chaque fois que son instinct lui demandait de rester sur ses gardes.

Il était maintenant à genoux, mains jointes, la main de la jolie repliée sur les siennes, face à la pierre tombale d'un mouton. Et sa voix vibra, oui, mais d'une émotion, d'une crainte:


Ô Aristote, prenez soin des saintes mains qui prennent celle d'un Watelse - âme damnée entre toutes - et les dresse vers ton Amour, car elle porte en son geste le fardeau de l'homme et l'allège pour l'en libérer enfin, peut-être . Fils de Dieu, messager des Saintes paroles, priez pour elle ...

Et comme souvent lorsqu'il ressentait un malaise, le pêcheur Richard Watelse faisait appel à une sombre ironie :

... et pour ses moutons, car eux, plus encore qu'un Watelse, méritent ta divine attention. Aristote montre par cet exemple qu'il y à plus stupidement bestial que les laineux en Son monde: il y aura toujours en dessous d'eux, proche du Sans Nom que tu as rejeté, un autre rejet de ton Amour : Richard Watelse.

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Ellya
Si elle avait su, elle serait restée à trier ses livres et à sélectionner soigneusement les pages qu'elle aurait lu à la compagne de Théo. Elle serait allée chercher de l'eau fraîche au puits avant de revenir et de sortir sa brosse à poils d'âne dont elle se servait pour laver les pieds de ceux qui avaient choisi le modèle De Luxe. Elle aurait ensuite entonné quelques chants et...

P... Pardon?


Le visage de marbre, les mains de la religieuse, toujours posées sur celles, calleuses, de l'agenouillé, avaient viré du tiède chaleureux au glacial menaçant. Il n'avait suffit que d'un foutu mot, que d'un satané nom, pour que son cœur, si paisible quelques instants auparavant, accélère le rythme de ses battements en distillant le venin des syllabes prononcées dans ses veines.

Est-ce une vulgaire plaisanterie?

Elle retira aussitôt ses membres glacés des phalanges croisées de l'homme. Ainsi, le vieillard avait récidivé et lâché la bride à sa jalousie. Que croyait-il?


Allez sur l'Astre Lunaire, étranger. Et, par tous les Saints, dîtes-lui de cesser de m'espionner ou il lui en repentira, je le jure sur son f... sur sa fille!

Il n'était tout de même pas question pour la blonde Duranxie de poser l'épée de Damoclès sur les fins cheveux de son enfant.
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Richard_watelse
Dite-lui de cesser de m'espionner ou il lui en repentira, je le jure sur son f... sur sa fille!

Le connétable Richard Watelse s'y connaissait fort peu en personnalité féminine. Pour lui n'existait que des anges et des démons, et ces petits êtres peignaient nos âmes - de femmes ou d'hommes - en mille nuances de grisailles et de pluies. Il entendait fort bien pourtant les paroles de la dame, et pourtant pas idiot du tout, cette force sombre qu'était Richard Watelse ne comprenait pas un traitre mot des allégations de la bergère aux blanches mains. Son regard tempêtait, ses dents crissait de hargne, et ses mains avait laissait sur ses doigts à lui la douleur de l'absence.

Qu'avait-il pu dire pour s'attirer autant de colère? Il se remémorait ses propres paroles sans y trouver la moindre maladresse. Il avait parler de mouton, de Saintes paroles et d'âme damnée... Sa fille était-elle damnée elle aussi? Ou alors... Ou alors! Elle devait parler de l'enfant qu'il avait mis dans le ventre de la pucelle Ursula de Ozta, hors mariage. Euh... Non, c'était trop tiré par les cheveux...

Le regard gris froid se plongea dans celui de la dame pour y trouver un indice de ce qui avait déclenché ce vent glacé. Il agrippa le poignet de la bergère non sans une légère pression qui pouvait être douloureuse , et prononça d'une voix contenue :


Si je vous ai heurté, Dame, vous trouverez dans mes paroles mes plus humbles excuses. Je n'avais pas pour dessin d'agresser une personne qui a l'apparence d'un ange et qui en a sans nul doute le pur comportement.


Sans desserré sa prise, le Connétable de Chypre et Jérusalem se remit sur ses deux pieds et porta la main de la jeune dame à ses lèvres pour les frôler des siennes.

Je me nomme Richard Watelse, connétable de Chypre et de Jérusalem. Vous êtes .... la bergère de ses moutons, n'est-ce pas? Paix à leur âme.... Est-ce un bélier qui vous espionne? Ou sa brebis de fille? Qui que soit la personne qui brouille votre bonne humeur, je suis votre humble serviteur pour lui régler son compte. J'aurais l'impression ainsi de protéger la plus délicate création d'Aristote et cette bonne action serait le Graal de toute une vie à mes yeux.


Le pauvre homme, bien embêté devant une de ces créatures de femme qu'il ne comprenait pas, tentait d'engager une conversation sur un terrain neutre, avec toujours cette pointe de fantaisie absurde pour cacher son embarras.

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Ellya
Grimaçant sous l'effet des doigts enfoncés dans son poignet trop frêle, heurtant sa peau trop fragile, la religieuse accueillit la présentation de l'espion avec une indifférence non feinte. L'orfèvre avait trouvé bien pire pour la déstabiliser et, une fois son armure de glace autour de son cœur malingre, elle pouvait bien résister à ses attaques perverses. Le principal était de ne pas lutter et de devenir chiffon: ainsi faisait-elle lors des coïts hebdomadaires, énumérant au rythme des va-et-vient haletant de son époux les noms des Saints.
Ainsi se laissa-t-elle faire, attendant la fin de la diatribe pour baisser le regard sur ses pieds nus. Ces combats mesquins chargés d'arrogance et de jalousie la laissaient souvent épuisée. Et l'enveloppaient d'un chagrin qu'elle ne s'expliquait plus, quand ce n'était pas d'une rage inépuisable.


Combien vous a-t-il payé, pour de si belles paroles? Et comment? En promesses? En bijoux rutilants?

La Duranxie releva ses yeux nuageux avant de les poser avec mépris sur ceux de son interlocuteur.

Cela brûle-t-il vos lèvres de prononcer de si pieux mots? Je féliciterai mon époux, n'ayez crainte. Utiliser tant de détails... Jérusalem, Aristote, les anges et les moutons. Je croyais qu'il avait oublié. C'est bien pire alors, puisque ce n'est pas le cas.
Que cherchait-il, en vous employant?


Son débit s'accélérait. Colère revenait.

Vous pouvez le rassurer! Je reviendrai à Paris, réchauffer sa couche et ranger ses cadavres. Ne suis-je pas l'ange dont il rêvait? Oh, oui, Georges Léonard Watelse aura son dû.

Son regard brillait à présent d'une flamme malsaine. Elle se garda bien de révéler ce qu'elle présageait à son ivrogne de mari. La déchéance. La fin d'un nom d'hérétique. Et si tous les moyens n'étaient pas envisageables, il en restait du moins suffisamment.
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Richard_watelse
Les tombes étaient habituellement des compagnes apaisantes aux pérégrinations de Richard Watelse. Cette journée démontra au Connétable que si les pierres restaient de marbre devant sa sombre attitude, il n'en était pas de même des êtres vivants. L'ingénue pastorale persifflait maintenant, et chaque parole que Richard avançait pour calmer le courroux féminin semblait propulser la révoltée dans une profonde défiance envers lui.
Mea culpa*, noble dame - car elle semblait bien avoir l'éducation des femmes sang bleu - mea culpa si j'ai provoqué votre fureur, tenta le Connétable une première fois.
Sa tentative échoua devant la trombe de reproches sifflants entre les dents de la demoiselle aux cheveux clairs qui lâcha, comme pour asséner un dernier coup de poignard le nom maudit : Georges Léonard Watelse.

Comment diable, dans un cadre aussi reculé du monde, aussi calme et proche du divin, un tel nom venait assombrir une rencontre et crisper la mâchoire du connétable pour ne pas laisser échapper un juron.
Lui qui pensait avoir pardonné son aîné, devait faire le constat du contraire car dans sa posture, ses nerfs, le chamboulement de son esprit, tout laissait à penser que Richard n'avait pas donné le pardon à Georges pour tous les malheurs qu'il avait engendrés sur la famille Watelse. Le connétable tourna le dos à la bergère furieuse, comme pour fuir un désagréable événement, puis refit face, geste du bras trop éloquemment nerveux, puis demi-tour à nouveau - les réalités sont dures à affronter - et un aveux qu'il lâcha au large, à la bergère, aux pierres tombales et à Christos :



Si vous le haïssez, je l'abhorre doublement. La crasse noircit son âme et tout son entourage pourrit de ses vices. Qu'il nourrisse l'enfer et les vers grouillant le fion du Sans-Nom!


De rage, il balança son épée contre l'épitaphe d'un laineux, le fer raisonnant comme la faucille d'un démon sorti tout droit de terre. Et l'homme tomba à genoux, le front s'apposa à la boue tout juste humide, et tambourina le sol inlassablement. Le murmure tantôt faible, tantôt plus décidé, venait implorer Aristote de lui apporter la paix, par le pardon sinon par la mort. Les doigts tiraient la chevelure sombre et quelques touffes finissaient leur vie entre des ongles agacés raclant le crâne pénitent.



Le front laissa un instant le sol pour se fracasser contre le granit de la tombe, et le sang coula sur la tempe, puis s'étala une fois, deux fois, trois fois,… sur la pierre.

Aristote, prends en pitié tes fils …


Le sang. La chair à vif suintait, mais le Connétable gardait son regard fixé sur une croix sculptée, l'esprit accaparé par les images de violences vécues ces vingt dernières années. Des têtes tranchées d'infidèles combattus en ces lointaines contrées de Jérusalem. Des vies ôtées pour un Dieu dont il recherchait l'attention et le pardon.



Accorde moi le pardon et je te servirai bien…

Le Connétable dévot, le regard fou, tira de sous sa cuirasse un poignard, et commença à se ciseler l'avant bras. Tout autour de lui n'était plus rien. La bergère s'était effacée de son esprit. Deux, trois, quatre coupures… Le regard opaque se voilait d'un certain soulagement, mais ses pensées restaient accrochées à sa défunte sœur, à ses larmes, ses cris, à ses appels à l'aide tandis qu'on la violait, viol commandité par son propre frère, Georges Watelse. Il pensait avoir accordé le pardon à celui-ci, avoir tourné la page, mais, s'il pouvait montrer miséricorde envers autrui, il était plus malaisé de s'accorder à soi-même le pardon. Aussi se prenait-il toujours pour un rejeté de Dieu. "Tu n'as pas aidé ta sœur, Dieu ne t'aidera pas.".


* Ma faute
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Ellya
Here I go again - the blame
The guilt, the pain, the hurt, the shame
The founding fathers of our plane
That's stuck in heavy clouds of rain *



La naïve religieuse s'attendait à un rire gras ou, à défaut, à un regard méprisant de la part de celui qu'elle prenait pour un beau parleur. Elle n'aurait pas été surprise non plus s'il lui avait déboîté la mâchoire d'une gifle trop rude ou s'il l'avait poussée en arrière pour que son corps aille embrasser dans un bruit sourd la pierre mortuaire. En une fraction de seconde, elle réalisa brutalement qu'elle n'en espérait d'ailleurs pas moins, comme si cela seul pouvait conclure une telle conversation.
La douleur & l'humiliation.
Tout ce qui tournait autour du vieillard finissait inexorablement par l'un ou l'autre, quand ce n'était pas les deux.

Mais non. Il fallait que l'autre Watelse -s'il en était vraiment un- aide son cœur à aller se perdre dans l'incompréhension. Et dans le remord. Oh, s'il savait, le brun musculeux dont les yeux lançaient à présent deux éclairs, comme ses paroles étaient pleines de bon sens.


"La crasse noircit son âme et tout son entourage pourrit de ses vices".
Son poignet, qu'il avait à présent lâché, se prit de tremblements, regrettant presque l'étreinte féroce des doigts mâles. La blonde Duranxie observa, consternée et fascinée à la fois, effrayée tout autant, la crise de démence de son interlocuteur. Ses oreilles la brûlèrent quand le fer vint flatter les derniers mots du mouton. Son cœur se serra lorsqu'elle vit les mains avides de rédemption se saisir de la chevelure boueuse en psalmodiant des prières déchirantes.

"... tout son entourage pourrit de ses vices".
Jamais elle n'avait vu telle ferveur dans un lieu sacré, jamais des gestes ne lui avaient paru aussi désespérés. Ses membres à elle ne cessaient de trembler, partagés entre divers sentiments qui ne pouvaient cohabiter en une même âme. Les propres larmes de la pieuse épouse se répandaient sur ses joues pâles faisant écho au sang qui dégoulinait du front de Richard, puis de son bras.

"... tout son entourage pourrit..."


Comme si l'état second du Connétable l'avait submergée, aucun "pourquoi?" ne vint réveiller sa conscience.

"... pourrit..."


Lentement, elle lui tourna le dos. Et s'éloigna.
D'un pas.
Puis de deux.
Aucun Watelse ne méritait plus son amour. Ni même sa pitié.


Ce mouton ne méritait pas d'être ainsi souillé de votre sang.

La voix qui s'échappa de sa bouche était si paisible qu'elle faillit sursauter de surprise. Cela suffit à suspendre son pas.



* @Reckoning song - Asaf Avidan
Et revoilà - le blâme
La culpabilité, la douleur, la douleur, la honte
Les pères fondateurs de notre avion
Qui s'est coincé dans de lourds nuages de pluie

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Richard_watelse
Il fallait plus qu'un appel d'Aristote pour tirer Richard de l'emprise de la folie. Il fallait l'appel d'un ange peut être. La bergère s'équipait d'ailes invisibles et l'état d'esprit du connétable se troublait d'illusion devant cette figure qui restait si impassible. A son reproche sage, il répondit, les yeux froids fixés sur l'épitaphe rougie :

Tout mouton est un agneau que l'on sacrifie : sa trop grande docilité l'entraine irrémédiablement vers les abattoirs du Sans-Nom. Il faut de la force, du courage et de l’entêtement pour gagner sa place au Royaume Solaire... Votre mouton cuit en Enfer comme tout être irréfléchi qui n'a vécu qu'en se laissant tenter par ses envies primaires: la faim et la reproduction. MOn sang est une offrande à un être qui en est à jamais dépourvu.

Le sombre militaire porta une main à sa tempe et étala du bout des doigts le sang jusqu'à son front.

Aristoto, súrgere qui cúrat pópulo * susurra le pieux Watelse.

L'homme se releva, négligeant les blessures qu'il s'était infligées et se signa trois fois de suite. Puis, il dévisagea un instant la bergère évangélique : les cheveux d'un blond vénitien, presque aubrun, elle avait la posture raide, mais sa taille - assez limitée même pour une dame - ne la rendait pas pour autant guindée. Des lèvres fines et sèches, un regard qui ne faiblissait pas face à ses propres yeux qui la dévisageaient. A côté de cet obscure géant, la miniature paraissait encore plus frêle et angélique à la fois.
Bref, il était temps de prendre congés : cette promenade ne lui avait pas apporté la paix escomptée, bien au contraire.

Réajustant sa cape, il passa à côté d'elle, si bien que, sans volonté réelle, sa main frôla un doigt de la créature céleste aux allures de Jugement dernier. Un coup d’électricité (certainement statique, mais il ne pouvait pas connaitre cette science à l'époque), un éclair violent frappant le bout de ses doigt, et finissant en picotti presque agréable, et Richard Watelse interpréta cette réaction charnelle pour un signe divin : la demoiselle était dotée de pouvoirs surnaturels. Il s'arrêta net, à son niveau, la dépassant de bien deux têtes, les membres paralysés par La réponse d'Aristote à ses prières. Un souffle :


Vous êtes ma rédemption...

Et il tomba à genoux, la tête enfouie dans le tissu du vêtement de la damoiselle. L'odeur qui se dégageait du lin de la robe n'avait rien d'ordinaire à ses narines : un mélange de sainteté avec la légèreté d'un nuage, et le fumet limpide d'une eau bénite. Il saisit ses mains et les apposa de force sur son front à lui, à même le sang.

Bénissez moi, accordez moi le pardon, car j'ai pêché.... flagélez moi, pendez moi à la corde jusqu'à étouffer les vices de mon sang de Watelse, écartelez moi pour m'essorer de la plus infime étincelle diabolique..... Noyez moi dans la Garonne, et avec moi, mes démons...




* Aristote, cours à l'aide du peuple qui prend soin de se relever.
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Ellya
Ellya sentit également l'éclair sauvage qui avait fui l’œil du Watelse pour se trouver un nouvel hôte en sa main, qu'elle dégagea aussitôt. Elle n'avait jamais réussi à interpréter les signes, quand bien même elle eut lu des centaines d'ouvrage à ce propos. Toujours les textes se contredisaient et embrouillaient son esprit.
Alors?
Signe divin?
Signe malin?
Elle ne sut trancher et, perplexe, posa un regard curieux sur l'agenouillé qui s'était de nouveau approprié ses mains pour les poser sur le visage souillé de folie. L'acier de ses prunelles déshabilla son âme meurtrie et, une fraction de seconde, l'image de l'orfèvre parisien se superposa au pénitent.



Des années plus tard.


Comment avez-vous pu croire une telle chose à ce moment?
Je l'ignore. La fatigue et la faim. Les larmes qui brouillaient mon jugement. Il y avait eu cette étincelle aussi qui...
Foutaises!
Peut-être. Je me suis laissée abîmer par la haine.
Voilà qui est mieux.
Je l'ai laissée m'envahir et me consumer. Elle a embrassé ma chair et mes yeux. Elle s'est nourrie de mes vains espoirs pour s'endurcir et elle a fait de moi ce qu'il désirait. Une épouse digne de lui. Et j'ai chu.

La Duranxie s'effondra en sanglots intarissables.


Ce jour.


Son instinct lui dicta la meilleure conduite à adopter. Et elle ne résista pas.

Je ne peux vous accorder le pardon. Mais je laverai votre sang de sa perfidie et soignerai votre âme de ses vices. Si vous êtes vraiment un Watelse. Oui, si vous l'êtes, je me tuerai à cette tâche s'il le faut mais je l'accomplirai.

Sans le réaliser, elle venait de reformuler sa promesse au vieil homme: grandir son nom et le dorer d'une foi que nul n'aurait pu contredire. Prise à sa propre candeur, à sa sotte ignorance, elle venait d'offrir son âme à l'impossible. Et en oublia sa seule raison de vivre.
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Richard_watelse

Si je suis un Watelse?


Richard Watelse n'aurait rien souhaité de mieux que de porter un autre nom. Mais il ne répliqua pas à la damoiselle, lui demandant simplement de la revoir, souvent. En ce lieu fait pour la méditation. Tous les mercredi après la messe? Bien.

Et aussi impatient qu'un chient à qui on a promis une caresse longuement attendue, Richard comptait les jours, les heures, et guettait les sons de cloches qui annonçait leur rencontre. Il scrutait son ombre qui avançait dans l'allée, légèrement en retrait du clocher. Il réajustait aussi un peu sa chevelure désordonnée, se surprenant d'une envie de coquetterie qu'il n'avait jamais connue. Il se voulait aussi propre que possible devant l'envoyée d'Aristote, qu'il avait tant attendue. Elle avait la démarche tantôt hésitante, tantôt rigide, souvent délicieuse. Et sa parole? Il se sentait souvent agacé par son ton sévère qui révélait le peu d'enthousiasme qu'elle éprouvait à leur rendez vous.

Aujourd'hui se trouvait être la quatrième fois qu'il renouvelait leurs échanges. Échanges brefs, où il écoutait plutôt qu'il ne parlait, et souvent, les deux se complaisaient dans un silence contemplatif.
Une douleur brouilla le sourire qu'il lui offrait en guise de salut. Une douleur dans le dos, à l'endroit où le cuir de son fouet avait flirté trop longtemps la veille. Il avait passé la soirée en prières, et auto-flagellation.

Damoiselle, dont je ne sais toujours pas le nom, j'ai fait ainsi que vous me l'aviez demandé la semaine dernière : j'ai récité mes prières et donné la preuve visible de mon dévouement à Aristote.

Il enleva alors sa chemise, colosse musculeux de guerrier, et lui montra son dos puissant. A chaque pater, un claquement de cuir, à chaque parole de contrition, une nouvelle éraflure rougeoyante.

Au soleil, instrument divin, j'ai cicatrisé... Damoiselle, Aristote enfin me répond, grâce à votre enseignement.

Alors, comme à chaque fois, il s’aplatit au sol pour lui baiser les pieds. Cette fois, par contre, son geste continua jusqu'à lui enlever le soulier, dénudant cinq orteil et une peau blanche sur laquelle il apposa ses lèvres à maintes reprises. Quel spectacle étrange que celui là : un homme de haute taille torse-nu, poitrail musclé à l'air, et dos esquinté, baisant avec une ferveur dévote les pieds d'une minuscule nonnette dans un cimetière.

Les cloches cessèrent de claironner la gloire du Seigneur, et l'empreinte de Christos s'attachaient désormais aux seuls petons d'une inconnue mystique.

Le pêcheur que je suis ne peut rien vous demander, dame, mais si vos mains pouvaient un jour expier mes fautes par l'abattement du fouet sur mon âme, .....

Il laissa sa requête en suspend, le souffle court de celui qui attend la délivrance d'une réponse, mais se faisant il lui avait mis en main le fouet de miséricorde.

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Ellya
... cela suffirait-il à la purger, seulement?

D'un geste sec, elle dégagea son pied nu dont les baisers avaient chatouillé la plante jusqu'à couvrir de rouge ses joues creuses. Elle détestait quand Richard se prenait à cet élan d'humilité, et le lui avait fait savoir la première fois. Il n'avait rien entendu, continuant ses sottes dévotions. Le deuxième mercredi, quand elle l'avait vu s'aplatir et attraper sa cheville, elle l'avait violemment repoussé d'un coup du talon qu'il tenait délicatement, ému par sa fragilité, et en avait heurté le visage du repenti. Sa lèvre inférieure avait explosé sous le choc, et il avait souri. Souri! La nonnette, elle, s'en était atrocement voulue, n'ayant jamais désiré le blesser physiquement, mais n'en avait rien dit. Le soir venu, par contre, elle s'était agenouillée dans sa chambre d'hôtel miteuse et avait prié jusqu'à ce que son dos se raidisse et que le froid infiltre sa chainse. Depuis, elle le laissait faire, sans un mot.

Reprenant la poulaine qui avait échoué près d'une tombe à l'épitaphe effacé, elle s'en chaussa avant de reporter son attention sur le dos zébré du soldat. Depuis leur dernier rendez-vous, elle se doutait qu'il s’infligeât de pareilles sanctions. En effet, tandis qu'il baisait son pied aussi cérémonieusement qu'elle enlaçait la Statue, elle avait remarqué de fines striures de sang sur sa chemise. La suite, nul besoin de l'imaginer, ayant elle-même courbé l'échine sous les caresses du fouet. Contre son gré.


Mes mains ne se saliront pas à une tâche aussi cruelle.

Depuis toujours, la religieuse abhorrait la violence. Depuis son mariage, elle la craignait. Et pourtant, elle n'arrivait pas à détacher son regard des lacérations. Revint en sa mémoire la douleur que provoquait une seule de ces traces. Brûlure. Cri sans fin. Oubli.
Était-ce qu'il cherchait, ce Watelse?
Elle était captivée, oui, par ce parent dont elle n'avait jamais questionné la place dans l'arbre généalogique, de crainte de trop en savoir. De même, elle ne lui avait jamais donné son nom, le laissant à sa guise l'appeler dame ou damoiselle. Qu'il l'appelle Soleil ou Branche l'aurait tout aussi peu émue.

Malgré ses paroles, elle se pencha et effleura une cicatrice encore rouge et gonflée d'un doigt curieux, n'ignorant pas le mal qu'elle devait procurer par ce simple geste. Elle en suivit la trace avant de se relever et de fouiller dans ses affaires avant d'en sortir un bouteille emplie d'un liquide douteux.


Buvez. L'âme se doit d'être également lavée de l'intérieur.

Elle imagina un instant une goutte de la puissante eau-de-vie se perdre dans les blessures du pécheur. Quand son œil se troublait ainsi, et que l'ombre palpitait en son bas ventre -ombre qu'elle appelait sa "mission", Richard devenait Georges, Juste disparaissait dans les tréfonds de l'oubli et seule restait la vengeance. Mais sa "mission" était pieuse, assurément.
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Richard_watelse
De l'eau de vie s'écoula lentement dans la gorge sous les yeux sans passion de la dame. Elle n'avait toujours pas dit son nom, malgré la perche qu'il lui avait tendue. Néanmoins, voulait-il vraiment connaitre son nom et ainsi reconnaitre sa mortalité? Pour lui, elle représentait le divin, dans toute son immensité, sans emprise par le Temps. S'il lui coupait un bras, il s'attendrait plus à voir couler des fontaines de diamants plutôt que l'abondance du sang.

L'effleurement de son doigts sur son dos meurtri était une caresse, plus jouissive encore que toutes les cajoleries que lui prodiguaient chaque soir les catins du port. Le doigt de la nonne l'avait plongé dans un état d'extase, et il fallut toute l'intensité de l'alcool pour l'en sortir. Le regard un peu rougit, quelques clignotements d'yeux pour se ressaisir, et le voilà prêt à entendre l'enseignement de la jeune déesse.
Plus les jours passaient et moins Richard Watelse faisait de différence entre Aristote et Sa créature. Elle avait tout de la déesse insaisissable, et glorieuse, il ne manquait qu'un halo lumineux pour parfaire le portrait de la "Sainte".

Par ailleurs, il était de plus en plus habitué à ses rabrouements et s'efforçait d'en trouver toujours une justification. Aussi le refus de la femme de le fouetter ne l'ébranla pas plus que ça. Il était déçu bien sûr, et le prenait comme un autre rejet d'Arsitote, mais il arriverait à gagner son affection. A Elle. Et à Aristote.


Cette eau est comme le sang du Seigneur, pure et vivifiant... Je devrais peut être en boire plusieurs bouteilles pour chasser le Néant de mes tripes. Elle serait ma seule ressource, ma seule nourriture, tant spirituelle que physique...

Il regarda la fiole comme le Saint Graal, et porta de nouveau le contenu à ses lèvres. Enivré, Richard Watelse n'avait jamais rien fait de bon. Dernièrement, il avait pris la vertus d'une nobliotte peu farouche... Quelle idiotie, qu'il se refuserait de commettre à nouveau envers une si pure Créature.


Ou bien devrais-je vomir tout ce qui est à l'intérieur de moi, et jeûner ensuite pour éliminer ce qu'il reste d'impureté en moi?

Déraison, déraison, raisonnement à voix haute d'un déchue de la vie.

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Ellya
Saisissant sans prévenir le menton du repenti, encore agenouillé, elle y enfonça ses ongles tout en courbant sa tête vers l'arrière. Sifflant entre ses dents, elle lui cracha toute sa hargne.

Osez seulement rejeter ce qui baigne dans vos intestins sur le sol divin du Seigneur et je vous jure que, d'une manière ou d'une autre, je vous ferai tout ravaler.

Elle se détourna aussitôt, masquant ainsi le remord qu'elle avait d'avoir adopté un ton si peu aristotélicien. Mais qu'est-ce qu'il avait aussi, à lui rappeler constamment l'Infâme auquel elle était mariée! Comme s'il connaissait toute sa vie et se plaisait à troubler la quiétude qu'elle trouvait loin de Paris.
La Duranxie savait pourtant que ce n'était pas le cas: il ignorait tout. Ou le feintait mieux que personne. Pourquoi alors l'acier de son oeil était-il si semblable à celui du Spinoziste? Pourquoi proposait-il de s'adonner à l'acte répugnant de régurgiter ses repas, comme le faisait Georges un soir sur deux après avoir bu plus de gnôles que les ivrognes du coin?


Le chemin est long encore avant votre rédemption.

Le plus drôle, dans cette histoire, étant qu'elle n'avait rien à lui reprocher, sinon cette ressemblance fortuite. Et lui n'avait aucune raison particulière à honorer chacun de leur rendez-vous.


Alors pour quelles raisons en étaient-ils arrivés là, me direz-vous?
Là était le mystère. Mais lorsqu'ils étaient ensemble, de réflexion il n'y avait plus. Tout se passait dans un brouillard aussi épais que les manigances du Sans Nom. Et celui qui contrôlait l'âme de la religieuse n'avait, au fond, rien de saint. Mais elle l'ignorait et se débattait. A sa façon. En restant bien accrochée à ce nouveau Watelse qui venait perturber sa vie.


Ce matin est le dernier, Richard. Et vous n'avez rien appris.

Et paf que je te fais culpabiliser!
La voix se voulait douce, mais elle n'était que douleur.
La nuit passée, la nonnette y avait longuement réfléchi. Quitter le Connétable revenait à passer à côté d'un chemin empli de cailloux et d'ombres mais un chemin vital. Toutefois, il était hors de question pour elle de l'inclure volontairement dans un tel projet.
S'il voulait la suivre, elle n'en serait pas responsable.


Je pars mardi prochain. J'ai une affaire à mener. Une affaire qui me prendra un certain temps. Pour la gloire du Très-Haut, pour le pardon et la paix, pour la Lumière et la Vérité.

Et surtout pour brûler un contrat qui l'empêchait de mener à bien sa fameuse "mission".
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