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[RP] Ma pauvre muse, hélas ! qu'as-tu donc ce matin ?

Lanceline
    Ma pauvre muse, hélas ! qu'as-tu donc ce matin ?
    Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes,
    Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint
    La folie et l'horreur, froides et taciturnes.

    Baudelaire, VII - La muse malade in Spleen et Idéal, Les Fleurs du mal.

    [Et sinon, comme titre, on avait aussi : « La bouche ventrale est garnie de dents qui ont la même structure et la même formation que les écailles placoïdes. » - Manuel de biologie animale, Anne-Marie Bautz et Alain Bautz, Éd. Dunod. - (Cace-dédi à JD Arnaut.)]

Le soleil brillait. Il faisait beau. Trop, peut-être. Mais la Balafrée était contente. Elle aimait et était aimée en retour. Vivre d'amour et d'eau fraîche ? Oui, on pouvait dire que ça lui convenait. Plus ou moins, en fait : à ne vivre que de ça on finissait toujours par crever -enfin, vous allez me dire que de toute façon, on en crève toujours de vivre-.
Mais ne parlons pas de cela : elle était heureuse. Elle aurait été une enfant qu'elle irait sautillant dans les rues d'Agen. Rues qui étaient d'ailleurs plus ou moins désertes.

Elle s'arrêta devant l'auberge où elle savait qu'Arnaut logeait. Attendit. Longtemps. Elle faisait les cent pas devant quand elle se décida à pousser la porte.

Elle se dirigea vers le comptoir avec un grand sourire, s'y accouda et regarda l'aubergiste, battant des cils :


- Bonjorn. Un dénommé Arnaut logerait-il chez vous ? C'était une question rhétorique hein, elle savait qu'il créchait là. Est-il descendu ?
Oui Damoiselle. Il est parti, tôt, ce matin. Il me semble même qu'il avait repris ses affaires. D'ailleurs, il a payé sa chambre.

Elle fronça les sourcils.

- Il a... payé sa chambre, dites-vous ? Et... Il n'a rien laissé ? Rien dit ?
Non.
- Ah...
... Eh bien... au revoir. Et mercé.


Elle fit demi-tour. Il y avait une explication. Sûrement qu'il y en avait une. Peut-être qu'il l'attendait au coin d'une rue, un grand sourire aux lèvres, s'écriant « Surpriiiiiiiise ! ». Ou pas.
Il était parti. Et il n'avait rien dit.

Une raison. Il avait une très bonne raison. Qu'il n'avait pu lui révéler pour cause, disons, secrète. Mais oui. Elle y croyait vachement, la Balafrée.
Elle referma la porte derrière elle, se trouvant à nouveau dehors elle bifurqua sur la gauche. L'endroit ne lui plaisait pas. Le lit était trop dur. La chambre trop sale. Le bain pas assez chaud. Il avait préféré changer d'établissement sans le signifier au propriétaire. -Depuis quand son fiancé faisait-il montre de compassion ? Ah oui, depuis qu'il la connaissait, il changeait (un peu).-

C'était donc cela. Elle allait le retrouver. Forte de cette résolution, son pas se ragaillardit et, décidée, elle entra dans toutes les autres tavernes de la ville. Demanda si son cher fiancé de Bazaumont couchait désormais là. La même réponse tomba à chaque fois.

Non.

Et il n'y avait pas beaucoup d'autres endroits où dormir.
Peut-être était-il entré dans une maison, comme cela ? Pour... heu... voir. Mais oui, Line, bien sûûûr.

Alors elle déambula sans but dans Agen, espérant lui tomber dessus au coin d'une rue.

Et après ?

« Tudieu ! Vous ne pourriez pas faire attention ?  »

_________________
Lanceline
~ Jour deux. ~

    Illa primum quemque extrahit diem, illa eripit praesentia dum ulteriora promittit. Maximum vivendi impedimentum est exspectatio, quaependet ex crastino.
    Tout délai commence par nous dérober le jour actuel, il nous enlève le présent en nous promettant l'avenir.
    Ce qui nous empêche le plus de vivre, c'est l'attente qui se fie au lendemain.

    Sénèque, chapitre 9, De brevitate vitae - La Brièveté de la vie.

Il reviendrait. C'est ce que se répétait la Valdesti. Il allait revenir. Il ne pouvait en être autrement.
Elle refaisait le tour des tavernes, espérant le trouver. Après tout, il avait coutume de les fréquenter. Ou alors, il était malade. Le tavernier s'était trompé, Arnaut n'était pas parti et était alité, incapable de remuer le petit doigt car trop faible.

Elle avait entendu des choses. En le cherchant, quelques-uns lui avaient dit qu'il était peut-être parti parce qu'il ne l'aimait pas. « Ce n'est pas comme si je souhaitais profiter de vous telle une catin. ». Non, bien sûr. Il avait eu peur et était parti. Il ne voulait pas assumer.
À moins qu'il ne fut allé voir une vraie professionnelle de la vente de son corps. Cela aussi, on lui avait dit. Une blonde, en taverne : « Il est peut être pris sous les cuisses d'une catin plus douée que les autres. »
[1]

Arthur lui avait appris qu'une fois, il l'avait vu traîner près de la « tanière ». Cet endroit où les Lycans se rassemblaient. « Pour voir Jeni. Juste elle. », ou quelque chose dans le genre. Il avait émis l'hypothèse qu'Arnaut y était retourné. Peut-être, oui.
Mais si tel était le cas, elle ne se laisserait pas faire. La « douce et gentille » Lanceline laisserait place à la tornade blonde. « L'amour est haine ». Assurément il le deviendrait. Elle les retrouverait, et elle laisserait libre cours à sa fureur.

Ou alors il avait effectivement quelque chose de très secret et urgent à faire. Mais même cette explication ne la satisfaisait pas. Quelle confiance pouvait-il y avoir entre deux fiancés futurs mariés qui ne se disaient pas tout ? Enfin, « tout » était une utopie. Mais partir, sans rien dire... ?

Ou bien il était mort. Elle l'avait décrit, à plusieurs reprises, et on lui avait soufflé cette idée. Il était mort à cause de tout ce qui faisait de lui ce qu'il était
[2] -un être haïssable au plus au point (sauf pour elle)-. Sinon il aurait donné des nouvelles. Un geste, un mot griffonné sur un bout de parchemin ou glissé à l'oreille du propriétaire. Et les affaires ? Pourquoi aurait-il pris ses affaires ?

- Arnaut, je vous jure. Vous avez intérêt à être mort. Pour votre propre intérêt.

Il n'y avait pas de bordel « officiel » dans cette ville. Mais après, rien n'empêchait...

Oh, et puis, il y avait la rousse. Non. Cela c'était impensable. Déjà parce qu'ils se détestaient mutuellement, ensuite parce que... bah... c'était son amie, quoi. Mais Queen avait-elle réellement des scrupules ? La Blonde commençait à en douter sérieusement.

… Il ne pouvait pas être parti comme cela. Ils s'aimaient. Il s'était évanoui dans la nature, elle devait maintenant en convenir puisqu'il n'y avait plus aucune taverne non visitée. Et la noble n'allait certainement pas faire du porte-à-porte pour le trouver lui, ou son éventuelle putain. Dégradant et déshonorant.

Elle l'avait dit. La malédiction. Encore et toujours.

Elle ne pouvait pas rester comme cela. Il fallait qu'elle fasse quelque chose. L'illumination. « Évanoui dans la nature... »
Alors elle irait le retrouver. Elle savait que l'attente était venue et qu'elle perdait son temps à tergiverser. Autant le gâcher le moins possible. « Surtout pour lui », aurait ajouté Queen.

Plus tard, on la vit sortir de la ville sur Feu de Neige. Elle galopa sur les sentiers, s'arrêtant de temps à autres pour demander aux âmes qu'elle croisait si elles n'avaient pas vu Lamorteau.

Malgré tout ce qu'elle avait pu entendre, elle ne se décourageait pas.

« Omnia vincit Amor. »
[1] Ou pas.

[1] Béatriz de Sars.
[2] Vladel.
[3] « L'amour vainc tout », Virgile, églogue X, Bucoliques.

_________________
Queen
      « Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n’y est pas…
      Parce que s’il y était, il nous mangerait !
      »
        Comptine pour enfant.


    Elle n’était pas là tout à fait par hasard. Comme une vipère prête à attaquer sa proie, elle marchait sans bruit entre les broussailles et les buissons. Elle LE cherchait. Elle n’avait pas réussi à LA convaincre. Alors, comme on dit, aux grands mots les grands remèdes. Elle n’avait pas vraiment dans ses projets de lui faire la peau. Mais du moins, de le mettre hors d’était de « nuire ». Elle avait pensé à lui couper un membre –Quel qu’il soit – puis c’était dit que ça ne générai pas Line, si vraiment elle était « amoureuse ». Elle avait donc songé à le défigurer. Mais encore une fois, l’amour n’a point de limite. Alors…Elle allait tout faire pour que cette union n’est pas lieue. Ouais, elle voulait lui couper les doigts.
    Bonne solution hein ? Elle n’est pas si bête la rouquine –Bah ouais, elle est pas blonde déjà. –
    Elle marchait donc, à sa recherche. Elle savait qu’il n’était plus son logement, y étant passé tôt dans la matinée. Elle avait donné comme excuse au portier qu’elle allait voir Line, lui glissant au passage quelques écus dans la poche.
    Elle avait conclu qu’il était sorti. Queen avait d’abord pensé qu’un type de son… Genre serai allé dans un bordel. Malheureusement, aucun bordel à signaler sur Agen. Le soleil n’était pas encore levé, on se les caillait. La Peste avait sillonnée la ville, pas de trace du limaçon.

    Elle avait donc conclu qu’il était sorti. Ptère qu’il voulait prendre l’air, ptètre qu’il était à la chasse, ptètre qu’il s’entretenait ou entretenait une relation à l’écart des regards. Queen n’en savait fichtrement rien. Mais elle se disait qu’il fallait chercher. Pour le bien de Line.

    Line qui… Ne tarda pas à apparaître, un sal minois de futur veuve s’affichant sur sa tronche. Queen alla a sa rencontre, ne prit pas le temps de s’incommoder des commodités. En arrivant à sa hauteur, elle lâcha :

      -Tu fiches quoi mis à part rater ta vie ? Tu veux vivre et fonder une famille avec ce ... Ce ... CE TRUC ? Mais ressaisie-toi ma vieille, t'as un vaisseau sanguin pété ? Un boulon qui c'est barré en t'cognant la tête ? Parce qu'à mon avis ça n’va pas aller en s'arrangeant vu comme tu fonces -et en courant-dans un mur ! Parait qu'il faut trancher les espèces selon les articulations naturelles*. Avec lui, même si je le hachais menu-menu, personne n'en voudrait ! C'est ni vivable, ni appréciable, ni comestible. J'le classerai dans la catégorie "Moins utile qu'un caillou". Moi j'suis sûre que c'est lui qui te bourre la cervelle d'un tas de connerie pour que tu deviennes une telle loque à sa botte. Ah, ça c'est sûr... En écoutant toujours que des imbécilités et des mensonges tu distingues plus le vrai du faux.


    Elle reprit sa respiration, marqua une pause, et poursuivit.

      Tu m'envoie balader à chaque fois que je te le dis. C'est bien la preuve que tu ne vois même plus qui sont tes réels amis ! Tu vois, Arnaut, c'est pas pour rien que ça rime avec salaud. Tu te fais berner, j'te reconnais plus j'vois plus la Line plein de vie, et ouverte à tous d'antan. Il t'a changé et rien qu'pour ça t'fais une erreur de rester avec lui et encore plus de le chercher. Tu sais quoi ? J'pense qu’il n’est pas si stupide, ouaip, j'pense que c'est un très bon manipulateur. M'enfin ouvre les yeux ! Je te comprends plus moi. Soit tu recueilles les âmes perdues et dont personne ne veut, soit t'es une Valdesti et t'arrête de faire chier ton monde avec ton amourette qui n'aboutira jamais à rien de sincère ! J’en avais discuté avec ta sœur, et on est d’accord sur ce point qu’tu vaux mieux qu’ça.
      Puis en plus, tu nous emmerdes à le pleurer à coup de fausses larmes, mais voit ! Il t’a A-B-A-N-D-O-N-N-E-E !

    Elle croisa les bras.

*C’est Platon qui l’a dit !
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Popsas.


    ~ Jour du départ ~


Que pouvait il bien se passer dans la tête d'Arnaut à ce moment précis ? Il avait pris un sacré coup dans le moral , un mal de tête profond. Ajoutez à ça un bon coup de poignard dans une bout de coeur et vous avez un gars qui souffre. Mais , c'était étrange , au delà de ces douleurs il avait cette étrange impression de l'avoir pris dans le c*l -le poignard bandedevilainspasbeaux-.

L'histoire n'allait pas être refaite , mais il s'était senti abusé. Et bien que connaissant le danger , il ne pensait pas qu'elle céderait le rendant vulnérable. Il avait donc décidé. Il pensait au pire , si elle avait cédé une fois , pourquoi pas deux ? Et là , la deuxième fois serait une mort inévitable. Non merci !

C'est alors dans une grande discrétion qu'il avait préparé le départ d'Agen. Il avait d'abord pensé que cette idée allait plaire à sa fiancée , quitter un mouroir pour aller voyager , un peu , le temps que tout cela se tasse. Il comptait le lui dire , il l'avait d'ailleurs attendu en taverne sa chope d'alcool toujours à la main. Mais finalement , après avoir vu les heures défiler à la vue de sa belle il refusa de lui dire quoi que ce soit.

Du moins il n'avait pas tenu bien longtemps , il essayait de partager avec elle ses sentiments , chose rare et complexe. Et c'est pour cette raison qu'il lui avait rapidement fait part de son désarroi. Il lui avait fait comprendre que la rencontre prévue n'allait finalement pas se faire et lui a parlé de cette histoire de ce qu'il pensait être une trahison. Pauvre chou. Pour le reste , il avait fait comme si de rien n'était. Il ne lui parla d'aucun départ. Il avait pesé le pour et le contre et finalement il y avait un contre qui le dérangeait. Il se savait menacé , lui uniquement. Partir avec elle c'était prendre le risque qu'elle se fasse attaquer , qu'elle se fasse tuer. C'est beau l'amour , n'est ce pas.

La décision était donc prise et n'allait pas revenir dessus. Il avait faire quelques pas avec elle ce soir là. Elle voulait marcher , alors lui aussi avait envie de marcher. Ils s'étaient ensuite séparés : elle dans son auberge et lui , dans une autre , la sienne à lui , loin de Lanceline. Deux auberges différentes , éloignées , vous voyez ? Pas de risque de voir les deux tourtereaux "jouer aux osselets" , le mariage...toussa.

Ca l'arrangeait bien , il allait pouvoir descendre ses affaires de sa chambre et les confier à sa cousine qui allait l'attendre à la sortie de la ville , dans un coin , loin des regards indiscrets.


Aubergiste. Une bourse remplie d'une petite dizaine d'écus vint s'étaler sur le comptoir au moment où le logeur relevait la tête à l'appel du Bazaumont. Voilà de quoi régler mes nuits passées ici.

Il avait décidé de se rendre en taverne une dernière fois , boire un petit coup pour se donner du courage et ne pas faire demi tour après quelque trots. Mais voilà , il a fallu qu'elle , sa blonde , se trouve dans cette même taverne , s'adonnant à son occupation habituelle , le dessin. Elle ne l'avait ni entendu , ni vu entrer. Alors il avait hésité "Vais-je la voir ? Vais-je lui dire au revoir ? Où dois-je partir maintenant avant quelle ne me voit?" Il allait repartir. Le grommellement de la balafrée lui fit changer d'avis ou point d'annoncer sa présence par une boutade de fort mauvais goût. Le principal était là , il avait décidé de la voir une dernière fois avant le départ. Il allait s'en suivre un léger regret au fur et à mesure de leur discussion , elle voulait le dessiner "demain" qu'elle disait. "Mais douce fiancée , demain je ne serai pas là." Il aurait voulu le lui dire , mais non , il chercha à trouver une excuse , certes vraie ; il ne pouvait pas tenir très longtemps sans vouloir l'embrasser , ou simplement la toucher , la sentir blottie contre lui ; mais une excuse tout de même.
Et puis vint le moment où le corps signalait la réserve , elle allait se coucher. "A demain". "Mais douce fiancée , demain je ne serai pas là." Il le lui aurai répété une seconde fois , mais il préféra lui répondre un "Au revoir" avant de lui dire qu'il l'aimait. Puis il avait fini par aller l'accompagner de nouveau jusqu'à son auberge , où il lui avait de nouveau répété qu'il l'aimait. Il souhaitait qu'elle garde ces derniers mots avant qu'il parte , la promesse d'un retour lorsqu'elle découvrira son départ. Ou tout simplement lorsqu'il le lui annoncera par un courrier quand il sera assez loin pour s'assurer qu'elle ne le suivra pas.

Les deux compagnons de voyage rejoints à plusieurs mètres en dehors de la ville , le fiancé s'en allait.


To be continued... demandez pas ce que ça veut dire , je ne le sais pas , c'est de l'anglais.
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Mais si. Ça veut dire "À suivre."
Lanceline
~ Jour trois. ~

Elle rentrait d'avoir passé la journée à cheval. Son visage s'était considérablement allongé au fil des heures qui s’égrenaient lentement. Et Queen arriva -avec ses gros sabots-. La Valdesti poussa un soupir et arrêta Feu de Neige.
Et écouta sa diatribe sans broncher. De prime abord.
La regardant de haut, elle finit par ouvrir la bouche.


- C'est bon, tu as fini ? « Même si tu le hachais menu-menu », comme tu dis, moi j'en voudrais encore. Je l'aime, figure-toi. Oh, mais je conçois tout à fait que cela soit dur à intégrer pour quelqu'un qui n'en est nullement capable, qui n'a rien à la place du cœur.
Oui, bien sûr, des mensonges et des imbécillités. C'est drôle parce que je viens d'en entendre tout un tas il y a moins de deux minutes, par une rousse juste en face de moi.
Et je ne t'envoie pas balader. Si tu savais le nombre de fois où Arnaut t'a insultée. J'ai toujours pris ta défense. Toujours.
Je suis toujours pleine de vie. Enfin, plus là maintenant, je te l'accorde, mais c'est parce que comme tu l'as si bien dit, il n'est pas là. Je suis toujours ouverte, oui. Mais cela tu n'es pas là pour le voir. Tu reviens, quoi, toutes les dix lunes, et pour quoi ? Je vous entends vous lancer des horreurs, mon fiancé et toi. Tu crois que cela me plaît ?
Peut-être que c'est un manipulateur. Peut-être. Mais alors il a réussi son coup. Parce que je l'aime.
Si, si. Et je ne le pleure pas. Si tu regardes bien -oh pardon, j'oubliais que tu es aveuglée par ta rancœur et ta jalousie- tu ne verras aucune larme poindre. Il a choisi de partir ? Grand bien lui fasse.

Et cela ne m'étonne pas de Shanessa. Elle ne l'aime pas non plus. Mais c'est mon choix. Je suis heureuse avec lui. Et je le serai toujours, une fois mariée.
Y'en a qui ne doutent de rien. Beaucoup semblent penser le contraire. C'est qu'ils ne souhaitent pas mon bonheur et ne sont pas vraiment ce qu'ils disent être : des amis. Maintenant je suis ravie de constater que nombre de gens parlent dans mon dos. Toujours très agréable.
Tu regrettes le passé ? Eh bien, « c'était toujours mieux avant », comme on dit. En effet : tu étais plus agréable.

Maintenant. Si, comme tu le dis, je « fais chier mon monde », alors cela signifie que c'est valable pour toi aussi.
Alors tu dois être sacrément masochiste pour encore me courir après.

Sur ce. La bonne fin de journée.


Elle talonna sa monture pour la faire avancer à nouveau.
Oh, ne soyez pas étonnés : elles se balançaient toujours des amabilités à la tête. Mais là, c'était pas forcément le moment de venir faire chier la Blonde. Surtout pour lui dire « je te l'avais bien dit ». Parce qu'elle se le répétait suffisamment comme cela.

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Popsas, incarné par Lanceline


~ À Ville-Franche faut montrer patte blanche ~
                  ...Et à Montauban ?



Il était lancé et rien , ou presque , ne pouvait l'arrêter. Mais à part quelques regards en arrière , dans l'espoir de la voir , il ne perdait pas de vue sa route , celle qui allait l'emmener en dehors des frontières guyennoises.

Le Rouergue.
Deux journées ont suffis pour qu'il rejoigne ce comté qu'il n'appréciait guère , mais une étape nécessaire , ou même obligatoire à sa survie , ou pas en fait.
Arrivé près de la ville il avait aperçu quelques hommes dont les couleurs de leurs vêtements rappelaient cette armoiries , qui dans ces circonstances étaient ennemies. Il pensait bien que son voyage allait s'arrêter là , il se sentait pris au piège. Retourner en Guyenne ou bien tenter de contourner la ville ? La chevauchée l'avait épuisé , il pensera à cela plus tard , le temps de se reposer et de remettre ses idées au clair.

C'est donc quelques heures plus tard , dans la forêt rouergate que le brun , réveillé après un court sommeil sous l'oeil attentif de ses compagnons de voyage -peuvent pas dormir eux ils auront la mort pour se reposer , niark niark- qu'il eu l'idée d'écrire à sa fiancée qui doit quand même s'inquiéter , au moins un peu , pendant quelques heures peut être , le temps d'un cours instant au moins.


Citation:

À vous , Lanceline de Valdesti , douce gardienne de mon coeur et de mon âme.
De nous , Arnaut de Bazaumont Noldor , votre unique fiancé.


    Mon aimée.

    Je ne sais comment débuter cette lettre après un départ de manière si subreptice. Mais je crois que la meilleure des façons et d'abord de s'excuser.

    Je m'excuse.

    J'imagine avec douleur la découverte de mon départ , mais il était nécessaire. Je souhaitais vous prendre avec moi pour que nous ne soyons pas séparés mais je ne pouvais vous faire prendre un tel risque. Pardonnez ma raison qui n'a pu cette fois écouter mon coeur. Je vous préfère en vie que morte ma tendre aimée , je ne vous ai point quitté si cette pensée vous a traversé l'esprit. Mais je doute que vous ayez pu penser cela , vous savez combien je vous aime.

    Je me suis arrêté à Ville Franche pour me reposer et j'ai aperçu tous ces étendards qui aux dernières nouvelles étaient la pour servir le fol. J'ai à ce moment pensé que je ne pourrai pas traverser la ville que c'était un signe du Très Haut pour que je vous revienne et que j'affronte l'ennemi qui viendrait m'occire. Mais comment pourrai je prendre le risque que vous soyez blessée ? Ou pire encore.

    Vous souvenez vous de ce que je vous ai dit ? Lorsque vous êtes loin de moi mon coeur saigne. Et aujourd'hui il saigne à cause de la raison. C'est là la preuve que mon coeur vous appartient à vous et à vous seule.

    Je suis pris d'une douce folie. Je ne cesse d'entendre votre voix me parler. Le soir venu , je crois voir votre silhouette sur le chemin et en me tournant pour voir cette silhouette dépassée par la cadence galopante de mon destrier j'aperçoie les étoiles briller. Du moins c'est ce que tout homme devrait voir. Moi , je vois vos yeux mon aimée , vos yeux souriants et si aimants. Que dois-je en déduire ? Et que dire du fermail ? Lorsque je pose mes doigts dessus je ressens votre tendresse et il y a ce délicat parfum de fleur qui vient m'enivrer. Votre parfum mon amour.

    Tous mes sens sont en émoi pour vous , ma friandise.

    Je vous prie de ne pas m'oublier. Pensez à cette promesse de mariage. Passez un instant vos délicats doigts sur vos lèvres et vous verrez qu'ils se rappellent de ces baisers échangés. Des baisers si sincères. Et puis , pensez à cette dernière chose , n'est ce pas la promesse d'un retour ?

    Je vous aime,

    Votre fiancé

    Arnaut.


Après une réflexion prématurée , il paya un jeune homme pour qu'il fasse le coursier avant de se décider à continuer son chemin après que la ville fut endormie. Le voilà qu'il s'éloigne un peu plus de sa fiancée à aller on ne sait où.

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Lanceline
~ Jour quatre. ~
    « Les voyages forment la jeunesse. Et fortifient la vieillesse. Je n'atteindrai pas mon but et je reviendrai bredouille. Mais, au moins, je ne serais pas restée là à me tourner les pouces. J'ai la conscience tranquille. »
    Lanceline.

Nouvelle journée de cavalcade, au corps à corps avec son cheval pommelé. Elle n'avait pas pris le temps de manger sur le temps de midi. Seul importait de le retrouver. Seul importait de se persuader qu'elle était capable d'être aimée. Que ce n'était pas si difficile que ça pour un homme de l'entourer de son amour. La nuit tombait. Elle arrêta sa monture et leva la tête vers les étoiles, en soupirant. Où pouvait-il bien être, maintenant ?

- Allez, Feu de Neige. On rentre.

Demain, elle passerait la journée avec Spirit. La Balafrée se sentait un peu coupable de la laisser seule à Agen. Et puis elle lui proposerait une sortie à cheval. Se changer les idées. Juste une promenade. Oublier son fiancé l'espace de quelques instants. Oublier sa douleur et sa colère. Oublier l'absence.

Elle fit donc demi-tour, rentrant au petit trot vers la ville. L'oiseau avait pris son envol et s'était volatilisé. Avec qui ? Pourquoi ? Mystère. Mais l'Arnaut semblait en être un tout entier. Il avait décidé, il faisait. Et il suivait son cours. -241 kilomètres tout de même !-.

Elle arriva juste au moment où ils fermaient les portes. Un homme se détacha du mur quand il la vit. Il l'attendait, manifestement. Elle arrêta son cheval.


- Damoiselle de Valdesti ?
- Tout dépend de ce que vous lui voulez.
- J'ai un pli pour elle. De la part du senher de Bazaumont.


Sans sourciller, elle tendit une main, attendant qu'il la lui remette. Puis elle s'éloigna, contemplant le vélin, se demandant ce qu'il contenait comme mots. La tentation fut grande de l'envoyer valser ou de le brûler sans même l'ouvrir. Elle dirigea la bête vers la taverne municipale, où elle logeait, et l'attacha, avant d'entrer. Spirit finit par la rejoindre et la Valdesti se décida, enfin, à lire la lettre, qu'elle était restée jusque-là à contempler silencieusement.
Elle serra les dents. Quelques mots lui sautèrent au visage. Il ne lui accordait pas sa confiance. Il lui répétait combien il l'aimait -des mots, encore et toujours- mais restait très évasif.

Elle allait lui répondre. Mais pas de suite. Non.

Pour le moment, étaient la tresse des cheveux de Spirit, les souvenirs de l'une et l'autre, sa fuite des bras de la Balafrée ; la chanson fredonnée tout bas, la somnolence de l'enfant. Pour le moment, étaient les sentiments envers lui mis de côté, la dispute entre Vladel et Lana et leur réconciliation -c'était beau à voir-, Spirit qui quittait le sommeil et revenait à elle tandis que la regardait, attendrie, la Blonde, voyant déjà ses futurs enfants faire de même.

_________________
Lanceline
~ Jour cinq. ~
    Écrire à quelqu'un est la seule manière de l'attendre sans se faire de mal.
    Alessandro Baricco, Océan Mer
    Encore faut-il ne pas être blessant dans les mots couchés sur le papier.


    « Faut juste lui dire que tu lui en veux parce qui te fait pas confiance, que c'est pas gentil de partir sans rien te dire, que tu t'es inquiétée mais que tu l'aimes quand même. »
    Spirit Von Zweischneidig Kenway.

Elle pliait et dépliait les doigts de sa dextre, relisant encore et encore la lettre reçue la veille.
Elle allait lui répondre.
Mais le Très-Haut seul savait ce que cela donnerait au final.
Ce que n'ignorait pas la Balafrée, c'est qu'elle regretterait bien vite les mots qu'elle écrirait.


Citation:
De moi, Lanceline de Valdesti,
À vous, Arnaut de Bazaumont Noldor.


    Je suis ravie de constater que vous n'avez pas confiance en moi. Vous ne m'avez nullement parlé de votre départ, à aucun moment ; même quand j'ai évoqué mon souhait de vous peindre... le lendemain. Vous vous êtes contenté de trouver d'autres excuses mais de ne pas me dire votre gêne véritable. Il me semblait bien en avoir vu une dans vos yeux. Toutefois, l'amour ayant ses moments d'aveuglements, j'avais préféré clore mes paupières.

    Vous ne me dites pas non plus où vous vous rendez, ni la raison de votre voyage. « Nécessaire », dites-vous. Ainsi donc, votre silence l'était aussi. Je trouve que c'est là une bien belle définition du couple que vous avez. Chacun pour soi, on se débrouille dans son coin pour mettre l'autre devant le fait accompli. Alors, ne vous étonnez pas qu'à l'avenir je fasse de même.

    « Je souhaitais vous prendre avec moi », écrivez-vous. Non seulement vous doutez de moi et de ma discrétion, mais de surcroît vous me considérez comme une chose dont vous pourriez disposer à l'envi. Si vous ne souhaitiez pas que je vienne, il suffisait de me le dire. Je me serais pliée de bonne grâce à votre demande. Au lieu de quoi, vous m'abandonnez iceluec -cet endroit où j'étais venue, encore une fois, parce que je vous aime !-.

    Vous m'aviez répété, dans cette taverne où je me trouve en ce moment même, que vous feriez tout pour passer chaque instant de votre vie à mes côtés. Alors c'est que votre raison est plus forte que votre cœur et que vous ne m'aimez pas assez.
    J'avais évoqué également mon envie de voyager. Oh, je ne voulais pas aller bien loin, non. Lectoure, ou Auch. Vous souvenez-vous de ce que vous avez dit ? Vous avez mis en doute mon amour pour vous. Pourtant, je n'aurais été qu'à quelques heures de distance de vous. Alors que dois-je penser de vous qui êtes à Villefranche ? Et qui, manifestement, vous éloignez plus encore de moi ?

    Quatre jours. Quatre jours à remuer ciel et terre, espérant un signe de vous. Quatre jours à chercher après vous, à soulever chaque pierre en espérant vous y trouver. Quatre jours et enfin vient le soulagement de vous lire.

    J'entends presque votre voix me susurrer à l'oreille les mots que vous m'avez écrit. Je vous vois m'adresser un sourire se voulant rassurant. Dites-moi que vous allez bien.

    Vous me manquez.

    Lanceline.


Elle hésita un instant, relisant les mots qu'elle venait d'écrire.
Elle se leva, scella le parchemin et sortit pour trouver le coursier afin de lui remettre la missive. Jacta alea est.
[1]

[1] « Le dé a été jeté », César.

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Queen_




    Elle est là, elle écoute. Elle se tait. Elle sait et elle comprend. Elle hoche la tête de temps en temps. Elle sait que c’est beau mensonge. Mais qui ment le plus dans l’histoire ? A force, chacun croit à son mensonge. Autant Queen, qui se sent porteuse de la soution, qui croit avoir raison, et que leur union n’est qu’un… Qu’un merdier. Mais Line et Arnaut ne sont pas mieux. L’un part, sans un mot, l’autre reste. La tristesse, le désarroi. C’est leurs lots. Ils ne s’entendent pas. Mais pourtant… Ils s’aiment.
    Queen déteste ça.
    La jalousie.

    Mais pour cette fois, elle se tait. Elle pensait juste. « Si quelqu’un veut s’opposer à ce mariage qu’il se prononce ou se taisent à jamais ». Et voilà. Elle n’en parlerait plus. Elle le détestera. Et quand il fera du mal à Line, elle ne sera pas là. Elle ne sera plus là.
    Si la blonde s’en va, Queen s’en ira aussi de son côté.
    Oh, si, elles resteront amie. Mais de ces amies sur qui on ne comptera pas. –Enfin, ça c’est si il se passe une connerie entre Arnaut et Line, hein –
    La rousse tourna les talons. Elle n’avait rien rajouté. Il n’y avait rien à rajouté. Tout était clair.

    Qu’est-ce qu’il se passerait maintenant ?
    Elle allait filer dans une taverne, s’enfumer et se bourrer.
    Elle n’était pas triste, elle était vexée.

    Enfin, après tout, y’avait pas de raison que ça se passe mal…


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Image : © 2006 Will Murai
Popsas.


    ~ Une recherche de bas en mont ~



De retour dans les alentours de Villefranche le jeune apprentie coursier apportait la réponse de la vieille Valdesti , la blonde et balafrée. Une réponse qui allait annoncer le début d'un échange d'épices taulière ou bien le début d'une rupture.

C'est bien beau tout ça mais en attendant faut le trouver le Nord qui dort. Et ça , ça n'allait pas être une tâche facile. Mais soucieux de mener à bien sa mission et dans l'espoir de recevoir un denier supplémentaire pour l'effort considérable qu'il a du faire pour apporter la réponse de la fiancée aussi vite. Déjà , il faut dire qu'il ne connaissait pas l'homme pour qui il travaillait le temps d'un échange , sinon il n'aurait pas un espoir aussi stupide.

Mais le jeune homme courageux , ne trouvant plus le Bazaumont dans les alentours de Villefranche , il pris la décision d'entrer en ville et de questionner les villageois. Un premier vent , un second , un troisième , un quatrième et puis un cinquième. Et puis un si...suffis ! Les villageois n'en avaient cure -pour pas dire s'en foutent complètement- du Bazaumont , homme qu'ils ne connaissaient pas. On se décourage pas , s'il lui raconte l'histoire de la recherche , il espérait pouvoir espérer deux deniers de plus. Si seulement il savait qu'il allait crever avant d'avoir revu les yeux ébène du dandy guyennois.
On se décourage pas. Une taverne qui semble bien remplie , un bel endroit pour trouver l'information qui l'aiderait à trouver la personne qu'il recherche. Rien de bien glorieux , un tavernier , des royalistes qui se saoulent , des villageois qui viennent profiter des tournées offertes et puis un homme avec une capuche dans le coin de la taverne. L'est mystérieux l'homme à capuche hein. D'ailleurs il releva la tête lorsqu'il entendit le nom d'Arnaut , la conversation que faisait le coursier qui continuait à se faire remballer , semblait l'intéresser , au point de quitter la taverne à sa suite , cherchant à en savoir plus.

Puisque personne ne semblait pouvoir et même vouloir lui répondre , il devait se mettre à sa recherche par d'autres moyens. Où est ce qu'il avait bien pu aller ? Vers l'Ouest ? Non , sinon il l'aurait croisé. Le Nord ? Au vu de ce que le Bazaumont trimbalait comme affaires et l’inexistence de chemin assez praticable , non. Le Sud , avec les champs de batailles qu'il y a , certainement pas. Il reste l'Est de la ville en direction de la capitale. Fier d'une déduction qu'il croit -et qui est- la bonne , il se remis rapidement en route sans savoir qu'il était suivi.

Arrivé à Rodez , il procéda de la même manière , questionnant des villageois qui n'avaient jamais vu ni entendu parler du Bazaumont , jusqu'à aujourd'hui. C'est au moment où il commençait à perdre espoir qu'un vagabond du coin lui donna l'information dont il avait besoin : un groupe de trois individus était passé par là et semblait camper près du feu de camp à l'Est de la ville. Des personnes racontent qu'ils l'ont vu se diriger vers le lieu indiqué en sautillant de joie tel un enfant qu'il était. Mais , ils ne l'ont plus jamais revu depuis ce soir là , sans doute une mauvaise rencontre avec des brigands.

Mais l'histoire est tout autre , une fois parti dans la direction indiquée..


Qu'est ce tu veux au Bazaumont??!!
Un homme sortant de nul part venait de poser une dague sous la gorge et pour simple présentation , la question qui vient de précéder.
Aaaaaah !
Il était courageux mais aussi très froussard. Et puis qui ne pousserait pas un cri de frayeur après s'être fait surprendre par une lame au milieu de nul part en pleine nuit?
Chhuuut. L'autre main posée sur la bouche du coursier pour atténuer son braillement , le reste du corps est venu se poser face au jeune homme pour se faire plus menaçant. Si tu l'ouvres encore j'te plante. Les yeux de l'homme , exhibant maintes cicatrices sur le visage , il venait de s'assurer de la bonne coopération du coursier. Pourquoi tu cherches le Bazaumont ?
A deux doigts de se pisser dessus , il savait qu'il n'avait pas d'autre choix que de répondre à la question si poliment posée.Je..j'ai.. Déglutit pour essayer de reprendre ses esprits , tant bien que mal.J'ai..une lettre importante à lui remettre.
Voyez vous ça. Une légère pression sur la lame puis lui faire comprendre qu'il ne le croyait pas.
Je..regardez dans ma besace , elle..aarghh..elle y est. A la senestre de l'agresseur de se faufiler habilement dans la dite besace pour y retirer la dite lettre. Une fois la lettre zyeuté , il la vole avec autant d'habiliter en la calant dans un pli entre son bas ventre et ses braies.
Hey , non ! Rendez la m..aaaaaarrrrghhh L'homme ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase qu'il l'égorgea en le faisant pivoter dans le sens inverse du mouvement de la lame pour éviter de voir le sang lui gicler dessus.

Le corps du pauvre jeune homme était traîné dans un coin de la forêt qui ne semblait pas visité depuis de nombreuses années aux vu du bon état de la végétation du coin. Plus loin , la lueur d'une flamme attira l'attention de l'assassin qui s'était remis en marche en s'enfonçant dans les bois.


Qui va là ?! Un craquement de branche fit sursauter le Bazaumont qui tentait de se reposer sur une souche d'arbre peu confortable. Qui va là ?! Debout , l'épée à la main , il était prêt à en découdre avec la personne ou la chose qui venait de faire craquer la branche.

Maître ? C'est vous maître ? L'assassin semblait reconnaître la voix de son maître à défaut de reconnaître son visage dans l'obscurité. Facto ? C'est toi ? Et au maître de reconnaître la voix de son serviteur.

Oui c'est moi maître. Au dit Facto de s'approcher lentement du brun toujours sur ses gardes. Maître , je vous trouve enfin.

Le Bazaumont lâcha un long soupire de soulagement à la vue de Factotum , son homme de confiance. Il ne s'étonna guère de le voir dans ce bout de Rouergue alors qu'il lui avait confié une mission de haute importance. Du moins , elle n'avait d'importance que pour lui. Il s'approcha d'un pas assuré , et près de -l'inconnu connu- , l'épée pointant vers le sol , il passa sa main par dessus son épaule gauche et lui tapota fermement le dos pour le salua avant de refaire un pas en arrière.

Maître. Factotum prenait un air bien grave , un air de ceux qu'on prend habituellement pour annoncer une mauvaise nouvelle. Maître , votre soeur.
Sans prenant en considération le changement de comportement de son serviteur , il entrepris de remettre l'épée dans son fourreau tout en lui répliquant , sèchement. Quoi ma soeur.

Factotum , par mesure de précaution décida de faire trois pas en arrière et sur le coté. J'ai perdu la trace de votre soeur. Et comme s'il voulait se débarrasser de quelque chose qui le pesait , il débita la suite sans se laisser interrompre. J'ai perdu sa trace dans le dauphiné. Et j'ai entendu dire qu'une jeune femme à été recueillie inconsciente et dans un état grave après une attaque de brigands. Il s'apprêtait à présent à recevoir quelques coups de la part du Bazaumont , prêt à le laisser se défouler sur lui sans brancher. Mais à sa grande surprise , seuls les doigts de la dextre du brun se sont pliés dans la paume de sa main pour former un poing. Quelle ville ? Le visage était tout aussi serré , les yeux noirs au reflet effrayant ne quittaient pas Factotum attendant la réponse de ce dernier. Mont..Montélimar maître.

Le maître , dans un mouvement brusque se décida de sortir de son immobilité. Nous partons pour Montélimar , tout de suite. Alors qu'il s'apprêtait à ramasser ses affaires et le lever le camp , il fut interrompu par l'homme à tout faire qui sort de sa cachette la lettre dont il avait délesté feu le jeune coursier il y a peu encore.

J'ai interceptait un homme qui était à votre recherche et qui avait cette lettre pour vous. Importante selon ses dires.

Un mouvement de tête vers la lettre tendue à la manière d'un suricate , et un sourire indétectable se dessina sur ses lèvres : Mon aimée. Factotum la lui tendit non sans déglutir , priant pour que ce ne soit pas une autre mauvaise nouvelle. Et à Arnaut de s'isoler en caressant la lettre tel un objet d'une grande valeur tout en s'approchant des flammes afin de pouvoir lire les mots de son aimée. Alors qu'il avait mis de coté la nouvelle concernant sa soeur , cette lettre n'allait pas vraiment le réjouir , bien au contraire et c'est avec un léger pincement au coeur qu'il se tourna vers son serviteur pour lui mander son nécessaire d'écriture portable en le lui indiquant de l'index avant de lâcher "Nous partirons demain , ce soir nous restons ici. Montes la garde.". Puis il se mis au travail , la rédaction de sa lettre ne pouvait pas attendre.


Citation:

À vous , Lanceline de Valdesti.
De nous , Arnaut de Bazaumont Noldor.




    Non je ne vais pas bien.

    Comment voulez vous que je me porte bien en étant loin de vous. Et comment voulez que mon coeur s'apaise en lisant que vous doutez de l'amour que je vous porte. « Vous ne m'aimez pas assez ». Je ne saurai décrire le coup que je viens de recevoir en lisant cela. Je suis parti pour vous. Rien que pour vous. Pour votre sécurité. Si je ne vous ai pas prévenu pour ce départ c'est uniquement par amour pour vous. Vous savez bien que je n'aurai pas eu la force de vous demander de rester à Agen à m'attendre. Je n'aurai pas pu vous faire une telle demande.

    Je crains fort de devoir m'éloigner encore de vous en me rendant à Montélimar. Un homme à ma botte m'a informé de l'état critique de ma soeur qui aurait été recueillie en province dauphinoise inconsciente et ensanglantée. Je marche donc loin de vous pour retrouver une soeur qui sera sans doute morte à mon arrivée. Et si le Très Haut venait à la rappeler auprès de lui , que me restera-t-il ?

    Vous ? Mais ne suis-je pas en train de vous perdre ? Je me surprend à penser , à craindre une telle éventualité en vous lisant. Comptez vous donc me quitter pour que je ne doive pas m'étonner de vous voir partir à l'avenir ? Je ne me suis pas éloigné de vous par envie. J'en souffre. Comprenez cela.

    Je vous aime toujours ,

    Votre fiancé

    Arnaut.



Peu fier de lui , à deux doigts de déballer des sentiments plus profonds qui lui auraient fissuré sa carapace , seule une poignée de terre effritée au dessus du papier vint le sauver en séchant l'encre. La lettre écrite , posée près de lui dans l'étroite étreinte de ses doigts , il se laissa aller dans un sommeil tourmenté.

Facto , prends ça et va la donner à Lanceline de Valdesti. Et en main propre. Le premier ordre donné dès le réveil allait envoyer Factotum dans une longue chevauchée à travers le Rouergue et la Guyenne. Arnaut , quant à lui , le fessier posé sur son cheval il était parti pour le Languedoc , pays de l'Arbeles.
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Lanceline
~ Jour six. ~
    Il y a mourir dans « je t'aime »
    Il y a « je ne vois plus que toi » […]
    Il y a une question dans « je t'aime »
    Qui demande « et m'aimes-tu, toi ? »
    Alors sache que je
    Sache-le
    Sache que je

    J-J Goldman, « Sache que je ».

L'homme avait fait irruption en taverne, alors qu'elle était occupée à regarder la porte, espérant la voir s'ouvrir sur sa silhouette. Ombre parmi les ombres, il s'était approchée d'elle et lui avait tendu la lettre. Hésitante, la Balafrée s'en était emparée avant de s'assurer qu'il attendrait la réponse avant de repartir. Elle n'avait rien demandé au sujet d'Arnaut. La lettre le lui apprendrait de toutes façons bien.

Oui mais voilà. Elle la tint dans ses mains, précieusement, avant de la poser sur la table. Et de rester là à la regarder. Hésitante. Trop. Se demandant quels mots elle renfermait.
Et puis Lana entra en taverne, alors la Blonde se décida et lut, soutenue par la main de la brune.

Et elle l'avait lu de nombreuses fois. Pour preuve, elle n'avait pas même pas entendu la porte s'ouvrir à nouveau. Et si elle avait reconnu la voix, elle n'avait pas bronché, se contentant de cligner des yeux. Et de la relire une dernière fois.

Perplexe. Troublée.

Et puis arriva l'évêque d'Agen. Tout en tressant les cheveux de Spirit sagement installée sur ses genoux, elle eut une discussion fort intéressante avec lui. À propos de l'amour, du mariage, des enfants, toussa... En une après-midi ils avaient couvert beaucoup de sujet, passant des fautes de l'Homme au baptême d'une enfant en passant par la signification du successeur des Apôtres -et ce, sur fond de « vous pouvez toujours être diacre si vous le souhaitez »-.


Citation:
De moi, Lanceline de Valdesti,
À vous, Arnaut de Bazaumont.


    Je vous rappelle que chacun doute à son heure. Vous, c'était avant, à Auch. Moi, c'est maintenant.
    Vous me rendez perplexe.
    Vous dites être parti pour moi. Je n'ai jamais rien demandé de tel, et vous le savez. Pour ma sécurité, dites-vous. Mais sans vous, sans vos bras rassurants, n'importe qui peut m'attaquer. Je suis à la merci de tous, et plus encore de ceux qui ne sont pas persuadés de la véracité de notre amour ; ceux-ci rôdent autour de moi comme des charognards autour d'un cadavre.

    Il vous suffisait de me dire que c'était pour votre sòr, et j'aurais compris. Je vous aurais laissé partir, à regret, je le concède. Mais je l'aurais accepté puisqu'il le fallait.

    Je vais prier pour votre sòr. Le Très-Haut la sauvera, j'en suis certaine. Il n'est pas injuste et doit bien voir à quel point vous souffrez.

    Spirit m'a demandé d'être sa marraine. J'ai accepté. Cela me permet de la garder un peu plus auprès de moi et d'avoir de la compagnie, en attendant votre retour.

    Parce que je sais que vous me reviendrez, et j'attends ce jour avec impatience.

    Lanceline.


Elle ne relut pas la lettre parce qu'elle savait qu'elle la ferait brûler immédiatement.

Dans le silence de la taverne elle acheva sa tisane. Puis se leva pour sortir dans les rues de la ville. Le tonnerre grondait au loin, l'atmosphère était lourde. Très lourde. La Valdesti eut un léger soupir. Que l'eau crève le ciel une bonne fois pour toutes et l'on n'en parlerait plus, sauf les paysans demain, heureux de ne pas voir leurs récoltes se déssécher.
Elle se dirigea sans se presser vers la porte d'Agen, ayant demandé à l'homme de l'y attendre. Il était là. Elle lui tendit sans mot dire la lettre, lui adressant seulement un léger sourire de ses lèvres un peu crispées.

Et puis, elle retourna s'asseoir en taverne. Et elle tira de sa besace l'hagiographie de l'archange Galadrielle. L'archange de l'humilité.

Ben oui, tant qu'à faire de devoir faire l'enseignement religieux d'une « orpheline », autant commencer de suite.
Enfin, ça, c'était surtout pour sa curiosité. Et pour passer le temps. Et aussi trouver un nom pour la future chapelle nobiliaire.

Sa lecture fut interrompue par un pigeon.


Citation:
Ma trafiquante adorée et adorable,

Je prends ma plume , pour te tenir compagnie et te dire " quel gougnafier que ton Arnaut".

J'avais bien senti qu'avec lui, tu ne connaîtrais pas les prémices d'une vie éclairée. En somme , je dis que c'est point une lumière , ton Arnaut, alors t'étonnes pas s'il t'a oublié au bord du chemin.

D'ici quelques jours, il aura un éclair d'intelligence, un très bref instant et verra qu'il lui manque quelque chose.

Mais crois bien que je compatis à ton chagrin, pis j'avoue que je trouvais que vous formiez un si beau couple. Toi, brillante , intelligente , magnifique, irradiant de beauté et lui , ben , le reste, c'est à dire pas grand chose. Mais attention , juste le pas grand chose qu'il te manque pour atteindre la perfection.

Gardes espoir et le rouleau à pâtisserie à portée de main, car je suis sure qu'il va revenir.

J'en ai parlé à personne sauf à ma sainte qui répétera pas , sois en sure. Si elle répétait , je lui ai dit que tu lui casserais tous les doigts de pieds et même que tu récupérerais une ou deux dents pour moi. J'aurai une préférence pour le chiffre deux, je précise au cas où.

Sinon , pour la chemise, ne t'en inquiètes plus. J'en ai trouvée une à Muret, faite sur mesures par le curé Lanceloup.

Si Agen est trop ch...( rature) ennuyeux,, reviens parmi nous à Auch. Pas à Lectoure, il parait qu'ils sont envahis de fientes de pigeons. Je suppose que nos pigeons n'ont pas fait que roucouler.

Sinon pour ma part , je voyage. Je suis allée à Muret pour escorter Val, puis je suis revenue à Auch en escortant Kauka, puis je suis retournée à Muret pour escorter Kauka et je reviens cette nuit à Auch et personne pour m'escorter, ni à escorter.
Je crois que j'ai une vie trépidante , là.

Sinon , les choses stagnent avec les royaux. On en voit pas la queue d'un. C'est à se demander s'ils sont pas rentré au Louvre.

Bon , l'heure est venue pour moi de poser la plume et de te souhaiter bon courage.

Reviens nous vite.

Bavouille tout plein.

Ton oie sive.


Elle eut un sourire un peu triste, touchée. Elle lui répondrait. Demain.
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Lanceline
~ Jour sept. ~
    Empty spaces – what are we living for ?
    Abandoned places – I guess we know the score
    On and on
    Does anybody know what we are looking for ?

    Espaces vides – Pour quoi vivons nous ?
    Endroits abandonnés – Je pense que nous connaissons le résultat
    Sans cesse
    Est-ce que quelqu'un sait ce que nous cherchons ?

    Queen, The Show must go on

Ne pas perdre espoir. Attendre. La Balafrée tournait et retournait la plume bleue – cadeau d'Ixia – entre ses doigts, cherchant des mots qui ne venaient pas.
Rageusement, elle se leva, reculant sa chaise avec violence, et se dirigea vers la fenêtre. Ses noisettes fouillèrent la rue à sa recherche. Il n'était pas là. Il n'était pas là.

Évidemment qu'il n'était pas là. Il était avec sa sœur. Elle songea un instant qu'aujourd'hui elle commencerait à expliquer la vie religieuse à Spirit, eut un sourire amusé mais non moins crispé. Elle n'aimait plus sourire puisqu'il n'était pas là pour les récolter à peine surgi sur ses lèvres. Ses yeux quittèrent la terre pour s'élever vers le ciel, cherchant une réponse à sa question muette.

Lentement elle desserra sa dextre qui s'était repliée sur elle-même par réflexe. Et puis elle retourna s'asseoir.


Citation:
À ma trop belle oie-sive.

    Je prends avec volontiers ta compagnie. Agen est mort. Vraiment. Encore que, une fillette m'a demandé de devenir sa marraine.
    Et j'ai eu une discussion très instructive avec l'évêque du coin, qui déplore l'absence de fidèles. M'enfin il n'avait qu'à pas choisir iceluec, aussi.

    Pour la chemise, c'est bête parce que je viens de l'avoir. Eh bien ! Je la garderai pour moi, alors.

    Je crois que je vais revenir vers vous. Déjà parce qu'iceluec, il n'y a rien -je me répète mais c'est la vieillesse, tu me pardonneras- et puis ma sòr était mal en point, j'aimerais savoir ce qu'il en est maintenant. Tu vas voir qu'elle va me reprocher de n'être pas venue avant. Le plus drôle c'est qu'elle-même m'a fortement déconseillé de le faire. Enfin. Je m'en fiche ! J'ai mes raisons.

    Tu es à Auch, là, du coup ? Ou pas ? Parce que ce serait bête que j'arrive et que tu n'y sois pas... Ou Cerise... Elle va bien, elle ?

    Les royalistes sont des lâches, il ne fallait pas t'attendre à mieux de leur part. Ils ont même abandonné une fillette sur les routes. Ladite fillette qui sera ma filleule. Et avec qui je m'entends bien.

    Je reviendrai. Je te le promets, ma belle.

    Je t'embrasse, ainsi que tes oies.
    Puis Cerise aussi. Et Hire s'il est dans le coin.

    Lanceline.


Elle reposa la plume, pas mécontente d'elle.
Elle se rendit compte qu'elle n'avait pas parlé d'Arnaut. Bah. Peut-être était-ce mieux ainsi.

Elle envoya la lettre, puis partit à la recherche de la blondinette.

Mais un nouveau pigeon l'intercepta. Curieuse, elle déplia rapidement la missive, se demandant qui lui écrivait, tout en étant contente de recevoir du courrier. Après tout... C'était toujours cela de pris pour éviter de tourner en rond.


Citation:
Bonjour ma soeur 

Comment vas tu ? Comment est la vie en armagnac ? et avec ton promis comment ca va ?

j'espere que tout va bien ma belle !

tu me manque ! 

Amicalement 
Shuya


Elle eut un large sourire. Plus tard, elle lui répondrait ceci :

Citation:
Bonjorn, mon hrair.

    Je vais bien, je te remercie. Je ne suis plus en Armanhac actuellement mais à Agen. Tout se passe bien avec Arnaut. La ville est un peu morte cependant.
    Je pense revenir sur Auch. Mon fiancé est d'accord.

    Tout se passe bien. Et pour toi ? Avec ta fiancée ? Mimizan ?

    Toi aussi tu me manques.

    Je t'embrasse bien fort.

    Lanceline.


Mais pas maintenant. Non, maintenant, Spirit était la priorité.

Pourquoi allait-elle mentir à son frère, à son sang ? Parce que les « je te l'avais bien dit » ne la tentaient pas plus que cela. Et elle ne voulait pas qu'on la plaigne. Quoi qu'avec Arnaut, c'était justifié.
Après tout, c'est lui qui l'avait abandonné là sans...



« Quoi ? » … Oui Line. Va chercher Spirit et ne pense plus à ce goujat que tu aimes du plus profond de ton être.

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Lanceline
~ Jour huit. ~
    Ma chère Spirit je pars,
    Je t'aime mais je pars
    Tu n'auras plus de Line
    Ce soir.

    Inspiré de Sardou -sic-, Je vole.

Le cheval était prêt. Suzane aussi.

- Il faudra aussi veiller à ce que Spirit soit prête.
Bien Mam'zelle.


Oui, la Valdesti s'en allait. Elle se disait qu'elle allait faire ce qu'elle comptait faire quand Arnaut lui avait dit qu'il comptait monter une armée. Finalement, c'était son cheval qui avait tout pris. (Mais pas dans ce sens-là bande de pervers.)

La Balafrée, afin de trouver Spirit, descendit de sa chambre, tout simplement. Et attendit dans l'auberge, se demandant quand la blondinette reviendrait de sa virée en ville avec Espérance.

Sauf que ce ne fut pas elle qui poussa la porte en premier. Mais une brune. Que Lanceline reconnut pour être la tante de la fillette. Elle ne manqua pas lancer quelques piques, prête à tout pour défendre sa protégée.

Mais elle savait que c'était trop tard. Que l'enfant resterait là tandis qu'elle-même partirait à son tour. Seule. Dans le fond, c'était mieux ainsi. Qu'elle retrouve son père, sa famille. Parce que la Valdesti serait peut-être sa marraine, mais rien de plus.

Plus tard avait eu lieu la confrontation entre Spirit, son père, Atropine et elle. La Valdesti l'avait plutôt passée à tenir Spirit sur ses genoux, les laissant parler, intervenant seulement quand Atropine avait lâché qu'Arnaut n'était qu'un con. Là elle ne permettait pas. Parce qu'il restait son fiancé, absent ou non. -Même si les absents ont toujours tort-.

Finalement, l'orage passa et la Blonde poussa Spirit dans les bras de son père.

Elle se sentait un peu plus à l'aise. Tout s'arrangeait pour le mieux. Un instant elle avait pensé à écrire à Azraël pour lui demander de venir avec elle mais elle ne voulait pas le déranger.


Mais vous ne me dérangez pas, Dame, aurait-il dit. Et elle ne l'aurait pas repris comme elle le faisait pour tous les autres « Damoiselle ». Parce que venant de lui...
… Il avait cette façon particulière de prononcer ce « dame ». Un peu comme une caresse sur sa peau. Un peu comme un baiser papillon sur la joue. Le tissu frôlant l'épiderme. Une plume poussée par un léger souffle sur une table. Des mots d'amour écrit sur un papier.
Cette manière-là la laissait toujours un peu rêveuse bien qu'elle ne le montrât pas. Jamais. Enfin, il savait très bien ce qu'elle pensait. Sûrement qu'il était au courant de cela aussi. Mais il ne l'avait jamais évoqué.

Elle partirait donc, seule.

Petite pensée pour Arnaut avant le départ.

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Lanceline.

~ Jour dix. ~
    « Toujours autant de monde, iceluec. »
    Lanceline, taverne « Au havre de paix », Agen.

Feu de Neige était au repos dans une écurie. Et elle, assise en hauteur sur le comptoir de sa taverne à Auch. Elle passait ses doigts sur le bois rayé, pensive. Personne. Il n'y avait vraiment personne. Elle aurait pu faire n'importe quoi, nul n'en aurait jamais rien su. Amusant, quand elle y pensait.

La route qu'elle craignait le plus -Agen/Lectoure pour raison de cicatrice et autres brigandages cro chouettes- n'avait, pour une fois, pas posé de problème particulier.
Instinctivement, elle avait ralenti à la hauteur de l'endroit où l'Italienne l'avait abordée et porta sa dextre à son cou, recouvert d'une guimpe en guingan. Pas folle, la Valdesti. Cela recouvrait sa gorge et par conséquent le collier qui y était toujours niché. Mieux valait éviter les mauvaises rencontres.

Mais rien ni personne de croisé. Pas un chat. À croire que la route -celle-ci précisément !- apeurait tout le monde.

À Lectoure elle s'était simplement arrêtée pour se reposer quelques heures et se restaurer et permettre à son cheval de reprendre des forces.
S'efforçant de ne pas se dire qu'elle s'était retrouvée là, seule avec Arnaut.
Et puis elle était repartie, pensant toujours à lui. Était-il seul ? Avait-il vu sa sœur ? Et elle, comment allait-elle ? « Dans un état critique », paraissait-il. Mais peut-être que cela s'était arrangé. La Valdesti l'espérait parce qu'elle savait qu'elle n'aurait pas la conviction d'aider Arnaut à se relever. Il était des deuils à faire, seul.
Elle avait entendu parler des brigandages qui avaient lieu dans la région. Elle se méfiait. Seule, elle était une proie facile pour brigands de tous poils. Mais la Bazadaise n'était pas loin, accrochée à la selle de sa monture. Elle leva les yeux, scrutant les nuages. Il faisait beau. Tant mieux, le voyage n'en serait que plus agréable.

Elle passait les portes de la capitale armagnacaise alors qu'un pigeon venait se poser sur son épaule. Elle sursauta. Comment ces oiseaux pouvaient-ils retrouver à chaque coup -ou presque- les destinataires des lettres dont ils étaient les coursiers ?

Son destrier se fraya un chemin parmi la foule, habitué, tandis qu'elle lisait la missive. Amusant. Sa gardienne d'oies qui lui écrivait... Pour lui dire qu'elle n'était pas à Auch.


Citation:
Ma trafiquante , si jolie et fringante,


Je suis bien heureuse d'avoir de tes nouvelles. Je m'inquiète de te savoir seule et l'autre qui revient pas aussi vite qu'on aurait pu espérer.

Sinon, toutes condoléances pour Agen, je le connaissait pas , je suis sure qu'il devait être quelqu'un de bien puisque tu en parles.

Par contre , évites de parler aux curés et évêques. Ce sont des hommes dangereux. Ils se font plaindre , attirent la pitié des braves femmes comme toi, abusent de leurs faiblesses et les kidnappent dans leur confessionnal.
La prochaine fois, casses lui une bouteille de gnôle de poire sur la tête et jette une torche dessus. Allumée la torche, hein ?
Y a que ça pour conjurer le sort. Parait que quand tu en attires un, tous te poursuivre ensuite.

Sinon , j'suis pas à Auch ainsi que le lapin et ma sainte. Par contre , aussi bizarre que cela te paraisse, ma nouvelle chemise voyage sans moi. Elle est allée à Toulouse et en est revenue et doit , si mes informations sont justes à Muret.
J'aurai jamais du confier la confection de ma chemise à un curé en passe de devenir chamoine.
Il me l'aura ensorcelé, pour sur.

Les royalistes sont des lâches , je le sais. J'ai encore le souvenir du nuage de poussière qu'ils soulevaient le jour où ils ont fui Auch.
Mais ce sont aussi des rusés. Ils nous collent leur orphelins dans les pattes. Méfies toi aussi de cette petite.
Je serai toi, je l'enverrai tester la profondeur des fossés, ni vu ni connu.

Si tu reviens par chez nous, fais moi le dire avant. Là, il est vrai que je courre après ma chemise mais j'ai espoir de la rattraper vite.

Bon sur cela, je vais te laisser avec regrets .

Bavouilles sur tes deux joues.

Ton Oie sive.

PS: tu bises plus mes oies aussi, si tu crois que je te vois pas venir avec tes petits sabots . Pas touche à mes oies.


... Quelle idée de venir en voulant crier « Surprise ! », aussi. Enfin.
Elle eut un sourire amusé. Elle répondrait. Plus tard.

Arrivée dans sa taverne -
Au havre de paix, donc- elle se hissa sur le comptoir et regarda la porte. Longtemps. Bien entendu qu'il ne serait pas là. Qu'il ne pousserait pas le panneau en bois et lui adresserait un sourire éclatant. Mais comme elle l'avait dit à Ernst, l'espoir faisait vivre. D'ailleurs, parlant de lui...

Citation:
À vous, Ernst au-nom-imprononçable,
De moi, Lanceline de Valdesti,


    Changez de nom. Parce que s'il est imprononçable à la voix, je ne puis infliger une si grande torture de l'écrire à ma plume et encore moins au parchemin.
    Et dire que je vais être marraine de votre fille.

    Je vais bien. Le voyage se passe sans encombres, pour le moment. Je suis à Auch et demain, si le Très-Haut le veut, au chevet de ma sòr. Auch est, je dirai, au même niveau qu'Agen, pour le passage des gens. Encore que, vous avez la chance d'avoir votre fille. N'y voyez aucune jalousie, c'est là dans l'ordre des choses et c'est bien là votre place de père.

    Je pense rester jusque jeudi auprès d'elle, après quoi je remonterai vers Agen. Vers ma filleule. Si vous êtes encore là, bien sûr.

    De votre côté, avez-vous eu pu côtoyer des agenais ou la ville semble-t-elle toujours aussi dépeuplée ?

    Embrassez Spirit de ma part.

    Lanceline.


La lettre partit immédiatement. Et la Blonde de sourire, avant de reposer sa plume bleue -cadeau d'Ixia-.

Que serait demain ?

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Popsas.




Là. Une salle perdue et obscure. Rien , pas le moindre bruit. Ça fout les j'tons. Qu'est ce que ? Attendez , une lumière apparaît.
Là. Une sphère lumineuse au milieu de la pièce , deux personnes apparaissent. Un homme , une femme. L'homme jeune et la femme vieille. Quand je dis vieille , c'est vraiment vieille
, très vieille , on peut juste apercevoir dans tout le charpie , un semblant de balafre sur la joue gauche.

La vieille tenait la main droite du jeune et bel homme entre ses deux mains ridées et semblait presque le supplier du regard


Je vous aime beaucoup , vous êtes vraiment quelqu'un de merveilleux , vous êtes l'homme qu'il me faut.

L'homme quant à lui semblait très mal à l'aise et "Heutait" un peu , très touché , ou apeuré on ne sait pas trop , en tout cas il essayait de reprendre possession de sa main.

Heu , oui vous aussi , je heu..je vous apprécie beaucoup et heu..vous êtes aussi merveilleuse..

Oh nom de... la vieille souriait -et c'était pas beau à boire- aux paroles du jeune homme qui cherchait toujours à libérer sa main discrètement.

Vous êtes si beau , si grand , si fort.
Heu , oui mercé , je suis touché.
Embrassez moi , je vous aime.
Oui , mais là non.. je ne suis pas si beau que ça , vous voyez mal On ne juge pas , il essaie de s'en sortir comme il le peut.
Mais l'amour est aveugle ! Et voilà l'autre qui approche ses lèvres.
Oui , mais non , j'ai encore mes deux yeux..
Laissez vous aller mon petit.

Il ne pouvait plus bouger sa tête et les méduses servants de lèvres approchaient dangereusement des siennes...il commençait à trembler

AAAAAAHhh ! Tout va bien , il vient de se réveiller. Il s'était brusquement redressé sur son fauteuil , ses doigts étaient crispés et tenaient fermement le bout des accoudoirs , et quelques gouttes de sueurs contournaient les racines de ses cheveux pour coulait discrètement sur son front. Son coeur qui , au réveil battait la chamade , se calmait peu à peu en reprenant ses esprits. Il n'avait plus à s'inquiéter , ce n'était qu'un vilain cauchemar , sans doute porteur d'un message : Il faut rebrousser chemin avant que le temps se mette à défiler et la vieillesse gagner. Mouais , ou alors c'est jusqu'il n'avait pas bu depuis un moment et qu'il commençait à avoir des hallucinations.

Il se décrispe , et pose ses yeux sur une boite en bois qui était restée ouverte devant lui. Un l'intérieur se trouvait un bout de tissu propre et blanc qui recouvrait une vingtaine de biscuits qui lui avaient été offert quelques heures auparavant par Absynthe. Il en avait mangé un pour ne pas paraître trop impoli mais il avait un tout autre dessein pour le reste. Et à coté de cette même boite , il avait inscrit du papier ,


Citation:
Pour vous ma tendre aimée.

Je sais combien les friandises peuvent me voler toute votre attention , alors recevez ces Croquants de Mende. Ce ne sont certes pas des macarons mais j'espère que cela vous fera oublier mon absence et atténuer votre peine.

A.


Ses yeux étaient maintenant posés sur la bouteille de liqueur , d'abricot. Il n'avait pas bu une seule gorgée , la liqueur n'était pas son fort mais il la gardait pour sa fiancée qui , elle , semblait aimer ces choses étranges. Bien qu'il ne l'enverra pas avec les biscuits aux amandes. Non elle ne boira certainement pas sans qu'il soit présent , manquerait plus qu'elle se saoule et se mette à faire n'importe quoi. Elle risquerait de beaucoup lui manquer , au début.

Après cette arrêt à Mende il se remis rapidement en route avec ces nouvelles découvertes locales et une rencontre à ne pas regretter et arriva à Alais , la deuxième Agen. Comprendra qui pourra.

Là , il recevra la réponse de sa fiancée. Une réponse qui n'allait pas le satisfaire bien qu'elle soulevait avec pertinence la stupidité de son départ. Il se mis rapidement à son aise dans une taverne vide de toute âme -oui oui même la sienne- et sorti le nécessaire d'écriture pour répondre à sa dona de Bazdesti-je récidive , je sais-. Une bonne occasion de lui faire part d'un terrible cauchemar qu'il fait.


Citation:

À vous , Lanceline de Valdesti.
De nous , Arnaut de Bazaumont Noldor.




    Vous doutez , est ce pour m'inquiéter ?

    Si c'est pour cela c'est une réussite. Mais vous n'aviez nul besoin de me lancer cela à la figure vos mots laissés sur votre dernière lettre m'ont assez blessé. J'en ai fait un cauchemar pour la première fois. Lorsque vous apparaissiez dans mon sommeil c'était pour m'apaiser. Ce n'est plus le cas depuis. La peur de vous perdre est bien trop grande et vos mots

    Je garde tout de même bon espoir quant à l'amour que vous me portez , parce que celui que je vous porte est resté intact et sincère.

    Vous avez ravivé en moi une flamme qui me dévore corps et âme. Une flamme éternelle avivée par votre amour. Je prie aujourd'hui pour que vous ne l'éteignez pas , auquel cas je m'éteindrai avec elle.

    Je vous aime pour toujours ,

    Votre fiancé

    Arnaut.


Va. Donnes lui cette lettre et cette boite. Tu lui diras que je serais à Montélimar dans deux journées.

Il venait de donner ses ordres à Factotum et se remis rapidement en chemin. Chaque instant de repos était un instant qui repoussait son retour près de sa douce , il le savait bien.

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