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Info:
RP Flashback concernant la traversée périlleuse de l'Anjou.

[RP] À la claire fontaine, m'en allant ramper...

Astana
    - Ou l'art de la rétrospective champêtre Angevine -


[Prologue]

C'est à La Flèche que tout commence. Que les premiers doutes s'insinuent lentement dans les crânes encore douloureux de la veille. Et s'ils avaient émis un avis de recherche les concernant pour quelques malheureuses paroles ? Pour des avis qui divergent ? L'Archiduché, ce pays devenu si laxiste et si intransigeant à la fois ; où la liberté n'existe que tant qu'on ne pose pas de questions. Et si... leur première mission se soldait par un échec cuisant ? Avec un lit en guise de taule. Bordel. Le doute envahit tout. Il change même le goût du vin. Digère et recrache.


[Jour 1]

Sise dans son pieu, Blondeur cogite. Sa menteuse claque à intervalles réguliers, les grisâtres rivées sur le plafond. L'autre flemmard d'Irlandais pionce toujours, du sommeil du juste. Et elle se prend le chou. Parce que la menace ne s'est pas envolée au beau milieu de la nuit. Et que cette dernière n'a pas porté conseil non plus. L'animal blond n'a pas l'intention de finir cloué à terre par l'Angevin enragé. La question d'un séjour prolongé en terres hostiles ne se pose même pas. Y'a pas moyen. Alors quoi ? On se bouge.

Dans un soupir blasé à souhait, Astana s'assied en tailleur et s'empare d'une carte posée non loin de la couche.
Deux armées à Angers, le grand flou en Maine... contourner ? faire un détour ? prolonger le séj... On a dit non.


Elle oblique un regard dépité sur son compagnon. Hé garçon, le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt.
Et vas-y qu'elle le secoue sans ménagement comme on pousserait un mendiant endormi sur le pas de sa porte.

- « Hé, réveillez-vous ! »

Ça y est, t'as les yeux ouverts ?

- « On passe par où ? »

Qu'elle demande, le nez déjà replongé sur la carte.

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Finn
- « Mmh... »

La carne tangue sous l'assaut, essaie de s'en tirer en basculant sur le flanc. L'Irlandais a le sommeil fragile, un œil toujours ouvert et l'esprit régulièrement envahi de mauvais rêves. Exceptée cette nuit. Déployé à côté de la bonne personne, dilué dans une couche rembourrée de paille fraîche, il dort à poings fermés. Soporifique Archiduché sur lequel il préfère encore fermer les yeux...

Une main se dresse mollement comme un drapeau blanc pour faire cesser le chahut.
Repoussée avant d'avoir pu amadouer la responsable de tout ce bordel.


- «  Hmm..grmpfff... Pas maintenant... »

Des grognements contre les draps précèdent le corps qui se recroqueville. Soudain, le vide, le vieux frisé manque de se viander en voulant lui échapper. La pléiade d'armes tranchantes qui environnent le pageot valsent alors qu'il se retient de justesse au cadre de bois. Le réveil est pénible, mais plus encore le sont les bribes se répercutant contre son unique tympan. Sans réfléchir, le paranoïaque récupère la « main-gauche » effilée qu'il planque sous son oreiller.

Et d'un bond, le buste se redresse, dague en main.
Paré à toute éventualité, le mal luné.

Une paire d'yeux plissés se dirigent lentement vers la source du raffut
.

- « … Quoi ? »

Voix d'outre-tombe qu'il éclaircit en tentant d'émerger.
Mais c'est pas l'heure, il fait tout noir. Qu'est-ce que tu fabriques ?

L'Irlandais fronce le sourcil sur la feuille bariolée de formes floues avant de comprendre.


- « Ça peut pas attendre que l'jour se lève ? »

Désespérant de lui faire entendre raison, il retombe à l'horizontale, sans néanmoins réussir à retrouver le sommeil.

- « Maine. »

Qu'il balance, les yeux maintenant grand ouverts .
C'est malin...

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Astana
Elle l'observe se viander distraitement. Sans y porter plus d'attention que ça. Les chutes sont monnaie courante chez le vieux briscard, pour peu qu'il soit allongé sur son mauvais profil. Et aujourd'hui ne fait pas exception. La seule chose dont il faut se méfier, c'est de l'arsenal conservé dans leur piaule... et leur pieu. Aussi recule-t-elle la trogne lorsqu'il dégaine sa lame, histoire de préserver au moins un oeil sur deux. Ça grogne un peu pour la forme.

- « Non, ça peut pas attendre. Et puis dans deux heures, le soleil est levé. »

Tu m'excuseras d'être insomniaque.

Le minois à nouveau baissé sur les signes dessinés, elle se retient de gueuler lorsqu'il évoque le Maine. C'est sale là-bas. Non sérieux, ils me font peur les gens. C'est pas parce que j'ai une collection de dents qui leur appartient que je les aime, tu sais. Alors on passera là-bas quand on sera morts, oké ? Ou pourchassés par des blaireaux de Bassauges, et le fantôme de Finn Junior. Enfin dans tes rêves quoi. Et plutôt que de relever, Sa Blondeur fait mine d'être absorbée par sa lecture, opinant simplement du chef.


- « Mmh... On est bien d'accord. Contourner Angers est la meilleure solution. »

Têtue.
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Finn
Puisqu'on lui refuse un peu de sommeil, il tend l'écoutille le Gaélique. Surpris de la voir si bien renseignée.
Dis-donc, t'es réglée comme un pendule toi. Deux heures tout pile ?

Il ne lui reste plus que deux heures et pour ça elle est maudite. Deux petites heures qu'il devrait tuer en concertations topographiques qui plus est. Le pied. Ainsi s'apprête-t-il à ranger son arme à sa place pour se consacrer à cette enthousiasmante activité qu'elle fait claquer quelques mots à la sonorité curieuse. Sourcil arqué plus pour la forme car il devine bien qu'elle n'est pas devenue sourde dans la nuit, Finn corrige.


- « … Contourner Angers par le Maine, oui. »

On se rebelle ? Mais ça va pas se passer comme ça, hein.
Bâillant à tout va, l'ensommeillé repasse les faux plis de son pan de couverture avant de se le réapproprier tout bonnement.


- « On ne va pas s'jeter dans la gueule du loup non plus. Essayez plutôt d'dormir. »

En voilà une idée qu'elle est bonne. Non, tu trouves pas ?
Regarde, suffit de fermer les yeux. Tu veux vraiment pas ?

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Astana
Les sourcils se froncent au-dessus de la grisaille.
Et la voilà qui passe une main sur sa trogne pleine de mauvais rêves.


- « J'ai bien assez dormi. »

Reprenant la carte, la blonde plaide sa cause d'un ton ferme et convaincu.

- « Contourner Angers nous fera gagner une journée. »

Alleeeeeeeez. Tu sais que j'ai raison.

- « On ne sait pas ce qu'on trouvera en Maine. »

Et j'y vais pas à l'aveugle moi. Hors de question.


- « Alors que si on passe par-là, dans les sentiers battus... »

L'index suit une ligne imaginaire sur la feuille bariolée, contournant la capitale.

- « On aura dépassé Angers sans qu'ils nous repèrent. »

Le doigt s'arrête et dessine un cercle autour d'une petite région sur la carte.
Le fait est que le geste est effectué plus pour la rassurer qu'autre chose.

On atterrira là. En vie normalement.


- « ... En admettant qu'ils nous recherchent vraiment. »

S'il est vrai que l'entreprise reste périlleuse, la Réformée estime néanmoins qu'elle vaut le coup d'être tentée.
Bah quoi ? On n'a rien sans rien.

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Finn
Les rideaux tirés, il compte les minutes qui s'égrainent. Le sablier se vide à mesure qu'elle énumère ses arguments. Le vieux prudent, lui, rêve déjà de cohortes se déplaçant pour mieux gâcher les prévisions de la compagne. Pas besoin de jeter un œil à son fatras de courbes frontalières et autres tracés baptisés par l'Angevin pour visualiser la route que la Scandinave désigne.

- « On sait ce qu'on ne trouvera pas. »

Bordel, on est pas pressés.
Soupir.


- « Oh et puis comme vous voulez. »

T'as l'air bien sûre de ton coup et j'ai pas plus envie que ça de faire connaissance avec le Mainois.
Tant que je peux ronquer le temps qu'il me reste.


- « Vous m'réveillerez quand on sera morts. »

Là.


[Jour 2]

Départ par la porte Ouest, dès l'aurore. Le soleil matinal qui lui caresse la nuque indique qu'ils chevauchent à bon train dans la direction prévue. Perché sur son Napolitain léger, l'itinéraire en mémoire, l'Irlandais somnole à moitié. Les clapotis du Loir ajoutés aux cliquetis de ses plates cintrées pour berceuse.

Le caisson éreinté de la veille qui pivote vers l'insomniaque trottant à ses côtés. Il a bien fait ses devoirs l'Irlandais, c'est pourquoi son accent grésille des fruits de son étude de la région aux oreilles de sa comparse.


- « On suit la rivière. Lorsqu'elle s'écartera, Seiches ne sera plus très loin. Une fois là-bas, voiles au Sud jusqu'à Corné. Là on traverse l'Authion, pas besoin de pont, et on s'engouffre dans les bois. Ça nous fera déboucher sur Saint-Mathurin, petit bled non sans charme bordant la Loire où il serait de bon aloi d'établir le bivouac... »

Il inspire, le méticuleux, pour ne pas s'étouffer dans ses détails.
L'air angevin est décidément irrespirable, c'en serait presque à regretter le Mainois.

- « On aura bien mérité notre potée. »

Le faciès émacié dodeline de fatigue avant de s'ébrouer brutalement, s'évitant par la même de dégringoler de sa selle. On a rien vu, dignité de façade.

- « Des questions ? »

Et d'en trouver justement une lorsqu'il daigne étendre son attention sur le reste de la petite équipée.

- « … Mais où est Miramont ?! »
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Astana
Juchée sur son coursier, blondeur se laisse porter en profitant du calme mis à disposition. Ces dernières semaines, le sommeil s'était fait des plus rares, et la tranquilité elle... quasi inexistante. L'on rattrape le temps perdu comme on peut. Or le petit havre de paix ne dure pas, hélas. Puisque déjà, l'Irlandais perturbe son emploi du temps pour étaler sa science. Bien qu'agacée au premier abord, la mercenaire n'en montre pas un signe. Elle oblique un regard sur son vieux compagnon tout en laissant transparaître un léger sourire.

- « Vous avez fait vos devoirs à ce que je vois. »

Mais la route je la connais tu sais... je l'ai pratiquée souvent. Nul besoin de me péter les esgourdes à raconter tout ça. Garde ta salive, va.
Autant de choses qu'elle ne lui jettera pas à la tronche pour éviter tout scandale. Qu'il continue à croire qu'il est à l'origine de l'itinéraire prévu.

Ménager l'égo Gaélique ne veut pas dire pour autant se laisser diriger. Que l'on soit bien clairs. Et d'une pression des mollets sur les flancs de l'animal, la Danoise reprend un peu d'avance sur le cortège. De pas grand chose. Juste d'une tête. Histoire de remettre les choses à leur place.


- « … Mais où est Miramont ?! »
- « Comment ça, où elle est ?! »

Le faciès est tourné, et le regard se porte par dessus l'épaule pour envisager toute la troupe rassemblée. Et elle compte. Un, deux, trois... Bientôt les yeux écarquillés vrillent tout aux alentours. Non pas pour débusquer l'Isaure sauvage, mais plutôt pour vérifier qu'aucun ennemi n'est dans les parages. Parce que généralement quand on cherche Miramont, on se fait taper sur la gueule. Mais il n'y a personne. Ont-ils seulement passé les portes de la ville avec la femme de Judas ? ...

Après la réflexion survient le claquement de langue résigné.


- « Elle nous rejoindra plus tard. »

Et la blonde d'accélérer la cadence.


- « On se magne. Je veux être là-bas avant la nuit. »

Et non, il n'y a pas de "j'aimerai". Ici, c'est je veux et j'exige.
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Finn
Nulle trace de l'épouse Von Frayner, nul souvenir non plus de l'avoir entendu chougner en passant la herse. Ce qui n'est pas plus mal. Comme l'autre dit si bien : On se magne. Pas de temps à perdre en poids mort. Il y a déjà fort à faire avec le tyran en puissance.

Le grisonnant suit l'avance prise l'air de rien par la Scandinave.
C'est ça, fais ton petit chefaillon. Mais note qu'à peine commencé, tu perds des morceaux.
Gaffe à tes membres, l'Écrin.

Lâchant un peu de leste sur les flancs de sa monture, l'Irlandais maintient l'allure lui permettant d'admirer la chute de reins engoncée sur la selle de devant. Un sourire tranquille se peignant sur sa trombine.


- « Espérons ne pas être les seuls à respecter vos délais. »

Car il faut voir l'équipe. Pas besoin de se retourner pour imaginer la rouquine se casser la croupe sur celle de son cheval. La même qui la veille, lui avait avoué s'être esquinté une jambe contre un ivrogne. Ou son page manchot tentant de tirer le meilleur parti de son capricieux baudet. Autant dire qu'on est pas rendus, ma vieille.

Aussi le seigneur de Cazayous verse-t-il une pincée d'ironie dans le potage frelaté, élargissant son brin de sourire jusqu'aux canines. Prêt à mordre.


- « On vous a déjà dit que vous avez l'fessier aussi rond qu'un bel oignon ? Ça m'donne envie d'chialer. »

Vivement qu'on épluche ça au clair.
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Astana
- « Hahaha. »

Elle rigole pas.

- « Et vous, on vous a déjà dit que vos phrases d'accroche étaient à mourir de rire ? »

Elle tire la gueule.

Un constat plus tard concernant les deux traînards à l'arrière, et c'est une mine fermée qu'elle arbore. Les sourcils froncés. Un jour il faudra sérieusement envisager de filer un cheval à Gaetan, ou un poney. Tout, mais pas un stupide baudet du Poitou aussi rapide qu'un escargot asthmatique. Si les provisions venaient à manquer, au moins elle sait où taper. Dès ce soir même. Demain le manchot voyagera avec l'autre cramée du bulbe sur son canasson. C'est décidé. Et l'Irlandais n'y trouvera très certainement rien à redire.

D'ailleurs en parlant de "ça"... Elle tourne la tête vers lui puis ricane subitement.


- « Pour les délais je n'en sais rien. Toujours est-il que si nous arrivons sans encombre, cela prouvera que je suis une bien meilleure meneuse que vous, ce dont je ne doute pas. Puisque vous portez la poisse quand vous ouvrez la marche. »

Ça raille, et ça raille sévère.

Personne ne peut le nier. Combien déjà ? Ah oui. Deux poutrages grâce à ta grande gueule, mon gars.

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Finn
Le sourcil se fronce tout juste par ricochet avec la mauvaise humeur voisine.
À quoi tu joues, ma vieille ?

Les railleries coulent comme l'eau sous les ponts. Pas de quoi l'atteindre.
D'abord dubitatif, l'Irlandais réplique sans s'offusquer.

- « J'vous trouve bien portante pour quelqu'un qui a marché dans l'ombre de 'ma' poisse. En tout cas, davantage que lorsque j'vous ai trouvée baignant dans votre sang au détour d'un buisson. Et que j'ai dû vous recoudre de pied en cap. Mais... »

La barbe qui lui ronge le faciès est grattée, un détail lui échappe cependant.

- « … Je n'saurais dire si c'était vous ou Assay qui menait ce jour-là. Hum... »

Détail finalement balayé d'un revers de main, le vieux briscard pose un regard bienveillant sur la meneuse du jour. Combien de routes sûres a-t-il tracées en comparaison des deux incidents ? Elle ne l'a pas attendu pour se familiariser avec les aléas malheureux du déplacement de troupes, le devançant même largement en la matière. Tandis que lui...

- « Avant de vous rencontrer, je n'avais jamais eu ce genre d'ennuis. »

Ce qu'il confie d'un ton manquant de mordant, à titre informatif, les conclusions s'opérant seules.
Pour finalement se redresser, gagner de la hauteur sur sa selle malgré la fatigue, et mettre fin au concours de basse volée.


- « Mais vous n'avez rien à m'prouver, sans quoi je ne vous filerais pas l'train. »

Pas plus qu'il n'a à démontrer quoi que ce soit, à quiconque. Trop vieux pour ne pas connaître sa propre valeur et surtout trop pour jouer à son petit jeu, le Gaélique au visage à présent fermé lui cède une avance supplémentaire, tirant sur ses rênes pour s'écarter et poursuivre sa route en meilleure compagnie.

Le chef est toujours seul, tu verras.
En particulier s'il est du genre grande gueule.

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Astana
[En début de soirée, alentours d'une clairière]

Le reste du voyage s'était déroulé comme prévu. À ceci près que la Danoise avait fait cavalier seul durant la longe d'heures qui avait suivi la remise en place plus ou moins habile de l'Irlandais. Fait qu'elle avait accueilli avec plus d'entrain qu'on ne pourrait le penser. L'occasion d'être isolée se présentait enfin. À force d'être systématiquement entassés les uns sur les autres, il y avait de quoi devenir barge. Sans regrets, elle avait laissé le Gaélique embarquer sa fierté d'homme pour aller retrouver leurs compagnons, se contentant de hausser les épaules. L'occasion de se retrouver était saisie et appréciée.

- « On s'arrête ici. »

Avait-elle simplement lâché lorsqu'ils avaient déboulé dans la clairière.

Une fois le pied mis à terre et son coursier attaché, blondeur était partie établir un périmètre, sans un mot.
À son retour, la bestiole était toujours aussi taiseuse. Avec ce drôle d'air sur la gueule qui n'incitait pas à la conversation.

Le programme de la soirée était clairement établi : becter et veiller pendant que les autres récupéraient.

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Finn
Dans le camp de fortune, les tentes se dressent avant que la nuit ne les plonge dans l'obscurité. Il met la main à la patte, prend le temps d'échanger quelques plaisanteries de comptoir avec les autres. Charriant la nouvelle de la bande sur ses maux de croupe tandis qu'il délègue la surveillance de la tambouille qui crépite au jeune garçon lui servant de page depuis presque toujours. Force est de constater que la routine s'est installée et l'on pourrait oublier l'épée de Damoclès qui pend au-dessus de leurs têtes.

Le trajet s'est déroulé sans accroc, alors pourquoi s'en faire ?

Une paume travaillée au burin s'écrase sur la chevelure du page, distrayant son attention avec ce soupçon d'affection trop rare pour ne pas surprendre, le temps pour l'Insulaire de piocher dans la soupe du jour. Un bol, puis deux lorsqu'il voit réapparaître la taiseuse. Délaissant les camarades, il approche la bête. D'un coup d'œil il la devine peu encline à transiger sur ses habitudes. Rétablir le contact avec ce genre d'être là n'a rien d'une sinécure, il en fait régulièrement l'expérience. Alors sans s'imposer plus que de raison, le bol qui lui est destiné est posé sur un rondin de bois à proximité. Lui trouve assise sur son voisin pour une entrevue à l'écart des autres, ils n'ont pas besoin de savoir.

Penché sur sa bouillie, l'Irlandais s'empresse de se rassasier avant d'avoir à manger froid.


- « J'ai parlé avec un autochtone en chemin. On a de la compagnie devant. »

Peut-être le sait-elle déjà, peut-être pas. L'information a son importance, encore que.
Elle travestit surtout une manœuvre visant à briser la glace scandinave.

Ce serait con de crever fâchés.

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Astana
Elle l'observe approcher, tâter le terrain, le visage inexpressif au possible.
Les nouvelles sont mauvaises, et de toute évidence elle ne veut pas en causer.

Néanmoins, l'Écrin danois consent à s'installer à même le sol suite à l'invitation silencieuse. Un regard est jeté sur la tambouille dans une gamelle, à laquelle elle ne touchera pas. Manger froid est une habitude qui a la vie dure. A la place, elle observe l'Irlandais se rassasier à toute vitesse, pressentant qu'il a quelque chose à dire. Crache le morceau qu'on en finisse. Chose faite dans les secondes qui suivent, laissant la nordique de marbre, tandis qu'elle enfouit la dextre dans sa poche pour en ressortir un vélin chiffonné. Feuillet balancé entre eux deux d'un geste dédaigneux.


- « Je sais. »

Elle pince légèrement les lèvres en regardant les deux roux près du feu.

- « En partant de la Flèche j'ai récupéré un tas de missives qui m'étaient adressées. Dedans, il y avait ceci. »

Le machin roulé en boule est désigné d'un geste mécanique du menton.
Voilà ce qui me tracasse. Une armée de plus au compteur.


- « Il va encore falloir contourner. On ne peut pas se permettre de rebrousser chemin. »

C'est pas une légende, que les armées Ang'vines poussent comme des pâquerettes.
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Finn
Le potage ne fait pas long feu entre les mains de l'Irlandais. Il a le goût d'un dernier repas, autrement dit meilleur qu'il ne l'est réellement.

Alors que la gamelle bascule à ses lèvres, épuisant ses dernière gouttes épaisses dans le gosier du vétéran, les charbonneuses obliquent vers le billet jeté. Au fait de ce que contiennent ses lignes, il n'y accorde pas plus d'importance et abandonne son bol vide à ses pieds. Il lève au contraire ses yeux au ciel en dénouant sa nuque, comme pour trouver une solution dans la grisaille. Elle est pourtant toute trouvée, juste là, dans la bouche d'une Danoise. Contourner, encore.

Les craintes qu'ils pouvaient entretenir en optant pour cet itinéraire se confirment et la seule issue respectable est à 50/50.


- « Ça passe ou ça casse. »

Commente-t-il en torchant sa barbe des restes de son dîner.
Car non, ils ne peuvent pas reculer. Pas ces deux-là.

Coincés entre deux feux qu'ils sont, comme une gorge prise en étau par une paire de pognes méchamment armées de doigts.

Le vieux pivote doucement et avise la gueule qu'elle tire. Pas d'annonce, encore moins de mots pour imposer sa candidature au programme. Une dernière partie de jambes en l'air avant l'inévitable ? Hélas non, c'est une carte qu'il déballe à la vue de sa voisine. On est dans le même bateau, tu connais la chanson. Que les autres profitent de la nuit, qu'ils dorment sur leurs deux oreilles. Papa et Maman veillent, tracent et retracent une route qu'ils connaissent déjà...

- Traverser la Loire ici plutôt qu'à Saumur pour échouer à Saint-Rémy, suivre le fleuve avant de contourner l'obstacle, puis enfin longer la Vienne et voir Montsoreau si leurs gorges ne sourient pas aux lames adverses. -

… Plus pour se rassurer qu'autre chose.

Temps bien employé disperse les doutes, foi de Condamné.

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Astana
[Jour 3]

Nuit en pointillés. Une de plus.

Rare moment où les deux comparses s'autorisaient des élans complices, une fois le reste du monde endormi. Passées les discussions lourdes étaient nés les rires maigres et fatigués. À moitié souillés par leurs esgourdes toujours aux aguets. Et les blagues foireuses de faire leur entrée, partagées autour d'une bouteille de malt. Une nuit ordinaire au pays des fous.

Au petit matin, le braises fument et blondeur s'autorise quelques secondes de repos tout en obliquant un regard sur l'Irlandais endormi depuis vingt bonnes minutes. Il faut ce qu'il faut. Pour sûr qu'il beuglera une fois réveillé, mais si c'est le prix à payer pour qu'il ait les yeux ouverts par la suite...

Un sur deux. 50/50.
C'est pas si mal, déjà.

Elle quitte ses côtés pour aller appareiller leurs montures - non sans jeter un triste regard à cette plaie de baudet - et réveiller le reste de la troupe. Le plus silencieusement possible. Or les choses ne se passent jamais comme prévu... Et le raffut en provenance de la forêt lui rappelle subitement qu'ils sont recherchés. Triste constat.

L'arme au poing, la Danoise disparaît dans les bois.
Sans avertir qui que ce soit. Puisque tous pioncent.

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