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[RP Juin –Fermé-]Soirée privée, cartons d’invitations exigés

Alphonse_tabouret
Juin avait jeté ses soirées claires sur la capitale et si désormais les ruelles restaient plus longtemps animées de leur brouhaha journalier, il ne flottait pas moins dans cette atmosphère bouillonnante, une flagrance aux accents estivaux qui n’échappait à personne.

Vérifiant d’un dernier coup d’œil l’ensemble des lieux, Alphonse s’approcha du comptoir, venant humer, par reflexe, les carafes où les vins avaient été mis à décanter, faisant doucement tourner les précieux breuvages pour libérer quelques saveurs et s’assurer de leurs senteurs. Une fois rassuré quant à la qualité des crus choisis, il avança d’un pas silencieux vers la porte d’entrée où trônait le butoir en forme de tête de lion, sachant que ce soir, il ne toquerait pas à tout va.
L’Aphrodite avait été réservé. Ses murs, son personnel, avaient mis au service d’une commande qui avait été orchestrée dans la plus grande confidentialité. Depuis le matin même, le personnel avait briqué la Maison Haute plus encore que de coutume, aérant au profit d’une journée ensoleillée, chaque chambre et chaque lit avant de les revêtir des draps propres et frais aux parfums doucement entêtants. L’encens, d’habitude choisi par l’herboriste pour agrémenter de son humeur et de ses talents, les salons calfeutrés du bordel, avait été remplacé par d’élégants bouquets printaniers et des bougies aux notes florales aiguisaient les sens en colorant le bordel d’un air doucement faune : par-là, l’odeur fraiche de l’herbe, par ici, celle délicate du jasmin, là encore, la rose discrète alors que par ici flottait l’ombre d’un muguet… Pour une soirée, l’Aphrodite s’était grimé, des pieds à la tête et savamment, redessiné sur commande, pour une nuit au gout de pomme croquée.

Le jeune homme observa brièvement son reflet tandis qu’il avançait dans le couloir, jaugeant les cernes légers qu’il accusait à ses yeux sombres. Fatigué, certes, mais quoi de plus normal dans un lieu où la fête est de rigueur, où l’on dispose selon ses envies, de la gaité que l’on s’estime due ? Son jeune âge lui permettait le rythme effréné que lui imposaient l’Aphrodite et ses obligations mais il ne doutait pas que ce métier l’userait d’ici quelques années. Les nuits étaient courtes, les comptes fastidieux, et cet embryon de vie qui avait hurlé en lui sur les toits de Notre Dame avait tendance à le tenir éveillé jusqu’au petit matin… Mais lui aussi était grimé, tout entier dédié à ce paraitre qu’on avait toujours exigé de lui : Un sourire doucement étiré, un air avenant, et cette pointe d’assurance qui indique que l’on est celui qui accueille et non celui qui sert.
La porte ouverte, il avisa la petite cours pavée, premier cloitre des visiteurs, tandis que le soleil finissait de descendre, allumant l’horizon et les toits de Paris d’ombres nouvelles et de reflets épars.
Ce soir, nulle lumière rouge sur les murs de l’Aphrodite, la Maison Haute n’ouvrirait ses portes qu’à quelques invités dont on n’attendait plus que l’arrivée.

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Lug
Descendant du coche il s'étira de tout ses membres, faisant jouer ses muscles meurtris par les secousses. Non, décidément plus jamais de calèche bien trop inconfortable et de plus les voiles sur les fenêtres pour garder l'effet de surprise, il avait failli vomir tellement le manque d'air se faisait ressentir, maudit Renard de l'avoir forcer à monter dedans, maudit Lucky d'avoir aidé le maudit Renard à l'y faire monter et maudit... maudit... maudit manque d'inspiration... Enfin il avait bien fait d'attacher son alezan derrière le coche. Il pourrait au moins repartir décemment. Allant le flatter tout en cherchant un page pour le reprendre et l'amener dans une écurie il regardait autour de lui tandis qu'un air de surprise, puis de franc amusement emplissait ses trais c'était donc ça la surprise? Rien de trop étrange pour l'instant...

Il laissa ses pensées vagabonder comme à son habitude alors qu'il inspirait l'air de la fin du jour. Une maison comme ça ne pouvait pas être la surprise de Sabaude, il s'attendait à un goupilodrome, à un banquet gargantuesque, à beaucoup de choses en fait, à tout sauf... à une maison, certes somptueuse mais... enfin, peut être que la surprise était davantage ce qu'il y avait à l'intérieur.

Lissant machinalement ses vêtements, il se tourna vers Lucky qui descendait à son tour de la calèche et, faisant un sourire légèrement forcé lui dit:

Impressionnante bâtisse... Je suis curieux de savoir pourquoi nous avons été déposé ici... Nous rentrons? Je suis curieux de voir ce qui ce cache à l'intérieur...

Sur ces paroles, il s'avança et s'approcha d'un jeune homme impeccablement vêtu et semblant légèrement fatigué. Un peu gauche il s'avança et le salua, tendant son carton dans un geste qu'il espérait adapté...
Alphonse_tabouret
[A la porte de l'Aphrodite, sur le perron]



Le coche s’arrêta dans la rue attenante au bordel, et Alphonse, alerté par le bruit, se redressa légèrement, époussetant, par réflexe, les manches de sa veste en attendant que les premiers convives ne se montrent.
Les silhouettes de deux hommes apparurent dans la cour pavée et le comptable leur opposa un sourire affable lorsqu’ils se présentèrent à lui, tendant dans un geste où se teintait une vague hésitation, le carton rouge distribué par leur commanditaire.


-Messires, bienvenue à l’Aphrodite, les salua-t-il en s’inclinant doucement, courtoisement. Alphonse Tabouret, votre hôte pour ce soir. Il laissa glisser ses yeux sur le carton tandis qu’il s’en saisissait, lisant rapidement les noms inscrits dessus. Les consignes étaient simples, la surprise valait jusqu’aux portes intérieures de l’Aphrodite. Arrivé un moment, il fallait bien que ses invités la consomment à sa juste mesure, aussi, délayant partiellement quelques informations, il poursuivit, indiquant du bras le couloir menant au ventre du bordel et la jeune femme qui venait vers eux, ayant entendu son nom et répondant à la demande sous entendue du Maitre de Maison: Une salle et la compagnie qui va avec a été réservée pour vous par les bons soins de Messire Sabaude. Keyliah va vous y mener de suite.



(Aux JD invités: Merci d’attendre que la courtisane indiquée vienne vous chercher pour avancer plus avant dans la surprise de JD Sabaude )

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L_aconit
    " Tu es responsable de ce que tu as apprivoisé. "
    - Du Renard au Petit Prince. St Exupéry. -


Le carton pourpre éventait le visage aux traits austères du seigneur. Courceriers s'était laissé entrainer dans les petits jeux dont Sabaude avait le secret, cela avait commencé par une servante, puis par une partie de chasse singulière, voilà que désormais le Duc s'essayait au jeu de piste. Entrainer était un bien grand mot pour désigner un Judas qui admirait les ressources de cet ami fraichement désigné tout en les pratiquant naturellement . Fort de cette entente tacite, le volage avait été séduit. Dans la voiture les cheveux noirs continuèrent de frémir par à coup sous l'impulsion de leur brise improvisée, le coche semblait ralentir.

Quelle chaleur...


Un index ganté vint étirer l'étoffe qui cachait aux yeux noirs leur vis à vis avec l'extérieur. Il avait compris depuis longtemps qu'il se dirigeait vers Paris. Paris la Grande, où il avait été longtemps spectre à la Rose Noire... Paris la belle et sa rue Sainte Opportune où dormait sa garçonnière, dont la clef s'était égarée au cou d'une certaine Charlyelle. Paris et ses troquets où il avait tant de fois cherché les déboires de l'Anaon. Frayner poussa un soupir. Le décor était familier, et sans douter que Sabaude savait le surprendre il espéra ne plus tarder à arriver. Magie de l'impatience, il ne fallut pas longtemps pour l'exaucer...

Posant un pied à terre, le seigneur se déploya à l'extérieur du coche avec un entrain dissimulé, dans l'expectative. La porte qui lui faisait face s'ouvrait sur trois hommes, dont il reconnu pour deux d'entre eux l'invitation similairement carmine. Pupille qui se dilate.
Grands dieux.

    C'est un bordel.


Il y avait deux types d'établissement qui lui étaient aussi familier que le fond de sa couche. Les tripots, et les bordels. Pour les premiers, c'était en Anjou qu'il les ratissait, plumant ducs et archiducs et baguant ses doigts de l'or récolté. Pour les seconds... C'était Paris, l'Evidente qui lui faisait ôter ses anneaux dans les froufrous des ribaudes à commencer par le plus significatif, là, à son annulaire gauche. Pas de doute sur la nature de l'endroit ce soir... Il émanait toujours de telles maisons l'inexplicable excitation contagieuse; l'appel muet qui faisait graviter à leurs alentours tous les hommes comme des papillons nocturnes attirés par un halo lumineux. L'expérience du trentenaire ne trompait pas. Judas observa mutique le cerbère Courtois de cette Maison là. Bien mis, bien jeune. Parfait dans son rôle sans doute, tant que ne pointait pas les ennuis. Il dissimula un sourire de renard, précieuse dédicace à celui qui s'était laissé passer la corde au col en tendant à son tour le sésame.

Bonsoir. J'imagine que je suis au bon endroit.
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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Keyliah
    [L’Aphrodite – Sur le perron en compagnie du patron et des trois premiers arrivés]

Il y avait comme une pointe de fébrilité qui flottait dans l’air. Une soirée que l’on attendait avec une telle impatience mettait toute raison en berne.
Voilà deux fois en peu de temps que Keyliah venait se perdre à l’Aphrodite. C’était une façon de décompresser, d’oublier qu’ailleurs il y avait des contraintes, des devoirs. Dans ce lieu des plaisirs c’était autre chose. Une libération même si certaines exigences devaient être comblées. Mais chacun y trouvait son compte, c’était ça l’important.

Sa longue tresse foncée portée sur l’épaule avait été pour l’occasion agrémentée de perles.
La soirée ne s’annonçait pas comme les autres, et les courtisanes se devaient d’être plus belles que jamais.
Fière d’avoir fait disparaitre les dernières rondeurs qui, de son avis personnel, enlaidissaient son corps, la donzelle pouvait se présenter aux invités avec une élégance fraichement retrouvée.
Ravissante et sûre d’elle, peut-être deviendrait-elle le porte bonheur des deux hommes qu’on lui confiait pour ce moment privilégié.

Ces derniers, Lug et Lucky, arrivaient à l’Aphrodite et en parfaite hôtesse, lorsqu’elle entendit son prénom, Keyliah se pressa vers ces sieurs en arborant un sourire franc
. Soyez les bienvenus à l’Aphrodite. Leur adressant une légère révérence, elle se redressa. Je suis Keyliah, pour vous servir. Si vous voulez bien me suivre, nous allons passer à la Joueuse.
Alphonse_tabouret
[A la porte, sur le perron d'entrée]



Les pas de courtisane s’éloignaient dans le couloir, suivi de près par ceux des invités quand un nouvel arrivant fit irruption dans la petite cour. Un coup d’œil sur cette silhouette qui témoignait d’une vie sans doute réussie à en juger l’apparat et Alphonse, le temps d’un salut courtois en attrapant le carton que le sieur lui donnait, n’agrémenta nullement son sourire du savoir qu’il possédait.
Si les deux précédents convives étaient partis avec Keylah à la Joueuse , cela laissait peu de choix quant au sort qui attendait celui-ci.


-Bonsoir Messire, vous êtes en effet au bon endroit. Bienvenue à l’Aphrodite. Il se redressa sans se départir d’un sourire léger où l’habituelle pointe insolence restait soigneusement tapie, à fleur de lèvres, car s'il n’était pas question de se dénaturer au profit de la recette à venir, jusqu’à ce que l’alcool et les plaisirs aient parsemés les tempes des uns et des autres avant de fleurir dans les pièces de la maison, rien ne valait une distante courtoisie. C'était là une leçon qu'il avait eu tout le temps d'apprendre auprès de son père lors de transactions marchandes. Qui savait après tout, si Sabaude avait l'art des surprises? Alphonse Tabouret, votre hôte pour ce soir, se présenta-t-il en s’effaçant d’un pas pour laisser la perspective du salon se dessiner aux yeux du Von Frayner. Une salle et la compagnie qui va avec a été réservée pour vous par les bons soins de Messire SabaudeLa phrase, rituel bien huilé pour les convives éphémères de l’Aphrodite, serait répétée à chacun et chacune qui passerait cette porte, mettant immédiatement les courtisanes citées à se présenter à leurs clients. Eve et Marie Onelia vont vous y mener de suite.
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Rosalinde
Un mois, c'est long. Un mois, et ne même pas pouvoir s'embrasser au moment de se revoir, pour cause de cérémonie de mariage, c'est pire. Pendant toute la cérémonie, elle avait bouilli. Mais elle s'était contenue. C'était le jour de Brune et Sabaude, pas de Rose et Nicolas. Autant vous dire qu'une fois dans le coche, une fois qu'ils avaient enfin pu s'exprimer, ils s'en étaient donné à cœur joie, foire aux baisers et tendres effusions. Pas plus, c'est comme une sorte d'accord tacite. Pas comme ça, pas maintenant.

Le trajet s'étire en longueur, et l'impatience de la rousse est mise à rude épreuve. Que préparait-il donc, ce sacré Renard ? Et où les emmenait-il ? Plus le temps passait, et plus elle se disait que ce serait quelque chose d'exceptionnel, pour qu'il les mène aussi loin. Mais finalement, la fatigue du voyage avait pris le pas sur son empressement, et petit à petit le flot de la conversation s'était tari, et la belle avait fini par s'endormir sur l'épaule du Florentin, là où elle était si bien, bercée par le bruit régulier des sabots des chevaux, et les cahots de la route.

Ce ne fut que lorsque ces deux derniers cessèrent qu'elle se réveilla. Ils étaient arrivés. Enfin. Aussitôt l'impatience la regagne, ainsi que, cette fois, une pointe d'anxiété. Il avait dit qu'elle le détesterait d'abord... Alors quand la porte du coche s'ouvre, elle se précipite à l'extérieur. Et s'arrête, aussi sec. En un regard, elle a repéré deux éléments perturbants. La lanterne, certes éteinte, mais caractéristique des maisons de plaisir, et Judas. Oui, évidemment, s'il était là à la cérémonie, sans doute serait-il là aussi durant les réjouissances qui devaient suivre, mais l'association von Frayner + bordel avait de quoi la perturber un tantinet.

Se retournant vers Nicolas, elle lui annonça, le plus sérieusement du monde :


- Je vais tuer Sabaude, et je donnerai ses tripes à manger à son chien.

Et ses roubignoles, aussi, mais enfin ça elle s'abstint de le dire à voix haute. Se pendant au bras du Borgne, qu'elle maintenait bien arrimé contre elle, elle avança en direction de Judas, et de son interlocuteur. Les joues écarlates. Elle n'aimait pas les bordels, parce que dans les bordels, il y avait des catins. Rose avait une sainte horreur des catins, même si couplée à une relative admiration. C'est que, certains hommes... Il fallait se les fader. Mais enfin, elle n'envisageait pas de considérer d'un bon oeil ces femmes qui vendaient leur corps, alors qu'elle, elle trouvait cela tout à fait normal de se donner gratuitement, tant que le partenaire lui plaisait. Enfin, ça, c'était avant les serments de fidélité.

Ils s'approchent. A Judas, un :


- Comme on se retrouve...

A Alphonse, froidement :

- Bonsoir.

Et un rien d'agacé dans les yeux de la Rousse, qui détestait ne pas savoir à quelle sauce elle allait être mangée.
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Pour de vrai !
Eve_desvilles
Il n'avait pas dit. Il n'avait certainement pas dit. Eve avait oublié. Eve n'avait jamais entendu. Il n'avait certainement jamais dit. Eve était partie. Elle n'avait pas écouté. Ce n'était pas vrai qu'elle se souvenait. Il s'était passé autre chose. Elle avait été distraite, elle avait confondu. Il avait parlé à quelqu'un d'autre. Eve était partie. Elle avait refermé la porte. Elle n'était sûrement pas en train d'y penser encore. Il n'avait rien dit.

Les bruits de l'Aphrodite s'animèrent, les invités d'exception de cette nuit arrivaient. Eve observa une dernière fois la personne qui lui faisait face dans le miroir. Chevelure tirée en arrière, attachée haut, retombant jusqu'à ses épaules dans le chaos sophistiqué d'une sombre et flamboyante cascade, deux anglaises serpentant le long de ses joues. Son visage allait bientôt changer. Elle dénuda ses épaules puis quitta la pièce pour s'avancer à travers le salon jusqu'à l'entrée.

Corolle bleue mouvante à peine éclose dans les eaux parfumées de la maison close comme une fleur dérivant doucement au fil d'un courant secret.
Elle le vit. Il était là. Celui qui n'avait rien dit, jamais. Elle s'approcha, de sa démarche alentie, délicatement enchaloupée qui donnait à croire qu'une vague propice venait gracieusement en faire l'offrande aux berges de l'Aphrodite, que le battement du monde était réglé sur le balancier de ses hanches, si bien prises sous l'étoffe que le regard se perdait à en parcourir les courbes quand le souffle finissait par manquer d'en goûter vers la gorge ou vers les cuisses le dessin que promettait tout en dissimulant le mouvement du tissu paré des lumières dorées du salon.

A côté de lui, elle vit une silhouette. Haute, dense où rien ne lui apparut d'abord qu'une présence. Une présence ample, calme d'être naturelle dans sa puissance. Une présence comme elle en avait peu rencontré. Peut-être jamais. Eve se fit Mauve. La tendresse de son visage s'illumina d'un sourire de fraîcheur adolescente fait de pudeur et de complicités interdites. Ses yeux gravirent la silhouette jusqu'à trouver son visage, ses yeux, où le bleu des siens offrit un instant la promesse d'océans purs appelant à plonger pour en troubler l'onde des manières les plus vives. Immensités qui disparurent sous le battement de paupières, alors qu'elle effectuait une révérence délicatement maladroite, sous l'emprise d'un léger feu qui lui empourpra les joues.

Elle se redressa, plongea plus intensément son regard dans le sien en se rapprochant jusqu'à le côtoyer. Elle lui dit


Messire, je suis Eve, je viens vous enlever pour vous mener jusqu'à mon amie. Elle se garde comme surprise dans la pièce qu'on vous a réservée.

Mauve marqua un temps pour ajouter, faussement grondeuse

Je vous préviens que si vous la regardez plus que moi, je serais jalouse.

Puis s'apprêtant à prendre le chemin elle lui glissa d'un ton plus complice :

Laissez moi m'emparer de votre bras. Je vous le rendrai peut-être si vous me confiez tout de suite : avez-vous été bien sage aujourd'hui ?

Et d'un air mutin qui faisait danser l'innocence et l'appel au crime, elle lui fit don d'un sourire boudeur en attente du privilège réclamé, en marquant un premier pas en direction de l’enfumée..
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Alphonse_tabouret

Le bruit des roues retentit à nouveau dans la rue adjacente au bordel, et quelques secondes plus tard dans son champ de vision, Alphonse vit une jeune femme rentrer dans la petite cour et s’arrêter en contemplant la façade de l’Aphrodite.
Aucun doute possible quant à ce que celle-ci pensait du lieu tandis que la rejoignait son cavalier, le visage peint d’une moue particulièrement réprobatrice qu’on ne pouvait que lire à la perfection tant elle ne cherchait pas à se dissimuler. Sans porter directement le regard sur eux, toujours au service du visiteur précédant jusqu’à ce que les filles ne viennent le chercher, il n’eut aucun mal à les identifier. Il n’y avait qu’un seul couple de prévu ce soir-là, balloté dans les diverses surprises prévues par le commanditaire, et c’était donc, selon les instructions de Sabaude, Rosalinde et Nicolas.

Sur le perron, la rousse, les pommettes grimées d’un rose vif doucement outragé, absolument charmant, de cette teinte délicieuse que l’on aime arracher aux femmes quelles que soient les circonstances, son compagnon fermement arrimé au bras, les avait rejoints, adressant un mot au convive avant de froidement le saluer.
La voix de Eve, enjouée, teintée d’une candeur presque aphrodisiaque, les cueillit et tandis que la jeune femme le déchargeait de ses obligations par sa présence et son invitation au Von Frayner, il se tourna dès lors entièrement vers les deux nouveaux invités.


-Dame, Messire, bonsoir et bienvenue à l’Aphrodite. La pantomime, impeccable, se poursuivait selon les désirs de l'instigateur de la soirée. Elle pouvait bien darder son plus mauvais regard sur lui, la rousse car s’en serait-il soucié qu’au mieux cela lui aurait plu, toujours satisfait de trouver dans la prunelle des autres l’expression de leurs plus justes impressions quand lui, dissimulait soigneusement les siennes sous les diverses facettes qu'on exigeait perpétuellement de lui. Le sourire ne changea pas d’un millimètre, toujours avenant, encore dessiné par cette servilité relative du maitre de Maison. Il inclina doucement son buste pour les saluer tous deux, courtois, il le fallait bien, retenant la taquinerie spontanée qui lui venait aux lèvres, avant de se présenter. Alphonse tabouret, votre hôte pour la soirée. Auriez-vous s’il vous plait, l’amabilité de me remettre votre invitation ?

Formalité inutile, mais le geste se devait d’être accompli, immuable, rite renforçant l’impression du secret, de la discrétion qu’offraient les murs du bordel dans le sous-entendu tacite de la mise en scène : montre-moi patte blanche et tu auras ta surprise.
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Rosalinde
Ah oui. Voilà aussi pourquoi elle détestait les catins : Elles avaient toujours l'air ravi de se faire troncher par le chaland, aussi répugnant soit-il. Du moins, jusqu'à ce qu'il ait craché ses écus. Et manifestement, ces manières là déteignaient aussi sur les maquereaux, puisque celui-ci conservait son sourire commercial malgré la tronche qu'elle devait tirer. Du coup, un petit sourire se forme, et elle l'observe plus en détail, prenant bien son temps avant de répondre à sa question.

Bon, vu sa mise, et vu la dégaine de la courtisane qui venait d'embarquer Judas, le Renard avait du voir les choses en grand. N'empêche. Elle allait - contre son gré - offrir sa clientèle à un concurrent d'Edmond. Même si le Wolback se défendait bien de toucher un pourcentage sur les revenus de ses chères petites... La cousine n'était pas dupe. Et puis après tout, que lui importait la façon dont son parent bâtissait sa fortune ? Le vin était, pour l'homme, sans doute aussi nocif que les femmes, et pourtant personne ne la blâmait de produire et vendre son vin.

Toujours un peu désappointée, elle tâte les plis de sa robe à la recherche d'une hypothétique poche ou bourse, avant de se rappeler qu'elle n'en avait guère, et que le carton avait été glissé entre le cuir suédé de son corsage et sa robe. Bon. Le geste n'est pas spécialement élégant en soi, mais il a du en voir d'autres, Alphonse Tabouret. Drôle de nom, d'ailleurs, pour ne pas dire autre chose. Il avait du en voir de toutes les couleurs avec un patronyme pareil.

Extirpé de sa cachette, le carton est tendu.


- Je l'avais oublié, celui-là... Le voici.

Et maintenant, Alphonse... Crache le morceau ! Elle n'en pouvait plus, il fallait qu'elle sache ce qu'ils leur réservaient.
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Pour de vrai !
Alphonse_tabouret
Alphonse, lui, les aimait, les habitants des maisons closes, jugeant qu’il fallait bien du courage pour chaque soir chiffrer le plaisir de parfaits inconnus, pour briller d’une humanité folle en sachant encore aimer avec passion malgré le commerce de la chair et de l’oubli, pour n’avoir eu d’autre choix que de vendre le corps, rarement par goût, toujours pour que sonnent les écus nourriciers. Qu’avaient elles de si différent d’avec les poupées glorieuses de la noblesse poudrée et bien mises du royaume, mariées ci et là au profit d’un empire , d’un nom, d’une lignée ? Les putains au moins, savaient ce qu’elles étaient, bien au-delà des apparences simples qu’on leur donnait, et savoir que celles de l’Aphrodite étaient maitres de leurs cuisses et de leurs négoces, lui arrachait une satisfaction immense. Ou du moins si, il existait bien une différence et grâce à elle, qu’importaient les mauvais regards portés sur elles, sur lui, sur le bordel dans son intégralité… les courtisanes de la maison étaient plus libres que la plus part de ces poupées bien nées et mariées à l’aube de leur adolescence… cela suffisait à laisser son sourire flotter à ses lèvres quand celui de Rosalinde dessinait à sa bouche moelleuse une moue dont il n’aurait su définir si elle était moqueuse ou bien corrosive.
La main de la jeune femme disparut à la recherche du carton dans un endroit auquel il n’aurait pas pensé, et si ses prunelles sombres suivirent le mouvement, elles ne s’attardèrent pas dans la fouille peu orthodoxe que livrait la jeune femme sur le perron d’entrée, Alphonse estimant inutile de s'attarder sur la femme d’un autre sous son nez lorsque l’on n’aura pas le loisir de s’y émouvoir correctement... Il se contenta de reporter son attention sur l’homme qui l’accompagnait jusqu’à ce que le carton rouge n’apparaisse enfin et qu’il s’en saisisse, l’examinant sans en avoir besoin, prenant le temps de flâner sur l’écriture, espérant au vu de la nervosité de l’invitée, que cela finirait de l’agacer un peu plus.
Aussi, lentement, faisant jouer du carton entre ses doigts, il remonta le regard vers eux, le sourire de façade toujours joliment étiré à ses lèvres avant d’attiser le supplice de la curiosité qui allait si bien aux femmes :

-Une salle, et la compagnie qui va avec, a été réservée pour vous par les bons soins de Messire Sabaude. Angella va vous y conduire.

Son sourire s’étira un peu plus, l’insolence flirtant tendrement avec l’apparence polie qu’il distillait, tandis que les pas menus d’Angella retentissaient dans le couloir. La soubrette non plus ne livrerait pas le secret de la surprise… le regard courroucé de Rosalinde n’avait pas fini de poinçonner chacun d’eux au fur et à mesure de sa visite en ces murs, pire encore quand elle tomberait sur le commanditaire de cette soirée privée, et cela avait de quoi laisser ronronner le fauve muselé pour le moment.
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Brunehautdartois
L'après cérémonie lui sembla bien courte, trop même au vu du temps passé avec son dorénavant époux, oui c'est bien ainsi maintenant qu'elle peut le nommer et non plus son compagnon.
La faire grimper dans le coche sans une explication précise ne fut pas une mince affaire, elle qui l'imaginait l'enlevant pour une chevauchée fantastique en tête à tête, elle s'était retrouvée contrainte et forcée dans un coche carton rouge en main sans en connaitre la destination avec pour seul consolation un "ne t'inquiète pas ma douce je vous suis à cheval tu sais comme les coches me rendent malade, je serais là à ton arrivée...."
Pas vraiment convaincue, elle s'était cloîtrée dans le silence toute la durée du voyage, malgré la compagnie d'Alyra qui faisait les frais de sa mauvaise humeur, on en serait à moins lorsqu'à peine mariée, rêvant d'une nuit de noces inoubliable on se retrouve non pas en compagnie du fraîchement épousé mais d'une jeune femme, certes agréable, mais qui n'avait les attraits de son beau Renard.
Lorsque le coche s'arrête enfin et qu'elle pose le pied sur le pavé, elle découvre la fameuse surprise qu'il réservait à ses invités, elle n'était pas née de la dernière pluie et même si elle n'avait visité les bas fonds de la capitale elle savait reconnaître un lupanar lorsqu'elle se retrouvait devant l'un de ces établissements.
Son regard se perd autour d'eux, nulle trace de son nouvel époux, il allait l'entendre celui là quand elle mettrait la main autour de son cou, après lui avoir passé la corde se sont ses doigts qui l'étrangleraient en le lui tordant.
Comment pouvait il connaitre un tel endroit, elle commençait à comprendre pourquoi ses escapades parisiennes il souhaitait toujours les faire sans elle.


Vil renard! Caches toi bien avant que mon courroux ne te tombe dessus.

Relevant jupons et fatras de tissus qui l'encombraient, d'un pas décidé elle se dirige malgré tout vers vers l'entrée, invitation en main.
_________________
--Angella



Tant de préparations pour cette nuit qui s’annonçait … et bien sans doute distrayante, du moins pour les invités, bien qu’elle puisse l’être tout autant pour les courtisans … et la brune comptait bien profiter de cette occasion pour se montrer indispensable.
Caché presque par les ténèbres du couloirs, elle entendais des voix, celles des charmeuses, celles des charmé … des pas aussi, l’Aphrodite s’éveillait doucement sous le signe des plaisirs et du secret, si cher aux clients, si cher a tout ceux qui y trainaient leurs envies … leur fantasmes … certain de trouver en ces lieux une oreille attentive à leurs besoins, quelqu’un qui les comblerais au-delà de leur espérances … pour peu que leur bourse soit généreuse.

Son nom prononcé, la petite brune sortit de sa rêverie, d’un geste distrait, elle lissa ses cheveux lâché et sa robe longue, tira quelque peu sur les manches et le col raz de cou, et s’avança dans le couloir, le pas menu, son masque de servante en place.
La Soubrette apparut alors dans la pénombre de la cour, la noirceur de sa robe a peine atténué par quelques léger froufrou blanc a son jupon, ainsi que le tablier, blanc lui aussi, mieux valait être facilement différenciable des courtisanes, loin d’elle l’idée qu’un client la prenne pour … elle en grimaça.

Face à elle, ses clients pour la soirée, une jeune rousse et son compagnon, la jeune soubrette s’inclina légèrement, esquissa son sourire polie, qui une fois n’était pas coutume, était totalement dénué de toute insolence, a se sentir complice de ce monde de secrets, la brune s’amusait en vérité, et la pièce qui les attendaient aiguillait plus encore son envie de « jouer le jeu ».

S’adressant a eu le ton posé, et quelque peu feutré, mystère oblige.
—Monsieur, Madame, bienvenu a L’Aphrodite, je suis Angella, a votre service pour la soirée, veuillez me suivre je vous prie, La Mystique vous attend.



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Alyra
La route était longue, et non point vraiment facile. Certes, elle avait l'immense honneur d'être en la splendeur compagnie de la jeune mariée, mais celle-ci semblait bien en proie à l'agacement, et à l'anxiété. Malgré la compréhension de l'androgyne face au comportement nerveux de Brune, elle ne savait pas vraiment que dire, et comment agir. Elle imaginait assurément bien qu'elle aurait préféré son tout frais mari à ses côtés... Mais non. Ce dernier avait eu une idée très précise en ce qui concernait la suite de la cérémonie. Et pour le moment, cela ne plaisait point vraiment à l'épousée, qui aurait aimé quelque chose de plus... intime, dirons-nous. Au presque-terme du trajet, la langueur d'Alyra -qui n'avaient aucune nouvelle de son brun depuis la fin de la cérémonie, se mêlait à la tension palpable au sein du fiacre. Il était temps qu'elles sortent, toutes les deux. Leurs humeurs n'allaient pas pouvoir cohabiter encore longtemps dans une exiguïté pareille.

Un soupir.
Un soupir incontrôlé sortit des lèvres pourpres de la jeune Italienne lorsque le coche s'arrêta brusquement. Enfin! Elle ne supporterait pas un instant de plus les heurts de la route qui n'avaient pas rendu le trajet des plus agréables. Alors qu'elle allait ouvrir la bouche pour tenter de rassurer Brune, cette dernière se précipita en dehors. Alyra la suivit de près. Elle observa une poignet de seconde les alentours, se demandant bien ce que leur avait réservé Sabaude. À la vue de Rosalinde et Nicolas rentrant, les deux femmes surent où se diriger. Léger regard à Brune, qui sortait au même moment son petit carton rouge... Oh fichtre ! Diantre ! Où avait-elle mis le sien ? Douée comme elle l'est, elle aurait pu être capable de l'oublier à Moulicent. Et là, impossible de faire un allé-retour express. Mais après quelques secondes d'extrême angoisse lui ayant procurée des palpitations, elle le retrouva.

Un nouveau soupir.
De soulagement derechef. Mais de grande joie également. Elle pouvait alors désormais s'avancer au pas de la porte. Elle suivit alors son amie, d'un pas décidé également. Bien curieuse de savoir ce que serait la suite du programme. Carton entre l'index, et le majeur, Alyra essayait tant bien que mal de contenir son impatience. Une fois à la hauteur de ce qui semblait être le maître des lieux, elle releva ses ébènes vers lui, plantant alors son regard dans le sien.
Alphonse_tabouret
Angella était arrivée, délicate souris de l’Aphrodite et pendant qu’elle menait le couple aux affres de la surprise imaginé par leur ami, une nouvelle voiture venait déposer les dernières convives de la soirée. Décidément, les femmes ne réagissaient jamais comme les hommes, pensa-t-il en observant les deux convives dont l’exaspération se lisait chez l’une, et la perplexité chez l’autre. Quand elles ne venaient pas chercher elles-mêmes le plaisir dans les bras d’un courtisan, l’approche même d’un bordel les offusquaient là où les hommes, eux, n’y voyaient qu’une halte, de quelque sorte qu’elle soit. Les convives en chassaient peut être d’autres, mais le maitre de maison restait le même, droit, courtois, son sourire poli sur ses lèvres fines, sachant que dans l’œil des dames, la lueur risquait d’être plus froide.
La première se lança à l’assaut du perron, les jupons empoignés dans ses mains, la mine boudeuse jusqu’au bout du rose de ses lèvres, son carton à la main, n’esquissant pas l’ombre d’un bonjour pour le saluer. Visiblement mécontente, méfiante, bousculée, la mariée se présenta devant lui, suivit de peu par une jeune femme aux contours plus discrets, au visage plus doux, moins marqué par les affres de la colère qu’il sentait poindre chez sa compagne de route.


-Mesdames, Bienvenue à L’Aphrodite… Alphonse Tabouret, se présenta-t-il en s’inclinant, comme le voulait les us et coutumes. Le carton de Brune fut saisi, habilement, dans un mouvement de doigts lents, prompts à exaspérer les caractères les plus écorchés, les moins patients, et, se prêtant au jeu de l’hôte impartial, en examina le tracé sur sa surface avec attention. Étirant les secondes comme une sorte de fil reliant l’hôte et la maison, laissant le jeu de Sabaude prendre sur ce perron toute l’ampleur qu’il leur avait demandé, Alphonse se délectait du silence quasi ostentatoire que la vue du couloir et la proximité de la délivrance faisaient naitre chez ces clients innocents. Sans rajouter quoique ce soit, il se tourna vers la seconde jeune femme dont la fouille fébrile à la recherche de son invitation avait laissé sur son visage le dessin d’une expression presque touchante de soulagement et attrapa à son tour, l’objet de cette fraiche inquiétude qui l’avait traversée. Enfin, relevant vers elles un regard avenant où perlait indubitablement une lueur amusée, il enchaina : Une salle et la compagnie qui va avec a été réservée pour vous par les bons soins de Messire Sabaude. Dacien va vous y conduire. Passez une excellente soirée parmi nous.

Quand celles-ci auraient disparu, il ne resterait plus qu’un seul hôte à recevoir, le commanditaire, l’auteur de cette empoigne aux mystères, l’instigateur de chacune des pièces allouées dans la Maison Haute… s’il croyait échapper aux secrets que l’Aphrodite avait tissé ce soir sur sa demande, il se trompait néanmoins, le Renard…
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