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[RP] Avec perte et fracas

Elwenn
L'amour.
L'amour est un pouvoir qui à lui seul pourrait renverser le monde.
Il est la cause de beaucoup de maux.
Désespoir.
Tristesse.
Jalousie.
Rancune.
Meurtre.

Mutilations ...

La femme est dotée d'un sixième sens, les hommes d'un cerveau guidé par ce qu'ils ont entre les jambes. Ainsi tourne le monde.
Les femmes sont trompées, les hommes sont satisfaits.

Elwenn est une de ces femmes trompées, son Autre, Amalio est un homme qui satisfait ses besoins sans se soucier que ceux ci ne soient assouvis avec elle.
Ainsi tourne leur .. couple.

Mais depuis quelques temps, le ciel est gris au dessus de la tête rousse.
Dans le monde d'Elwenn, n'a d'importance que son clan, sa famille et ceux qui tournent autour.
Les derniers, ceux qui tournent autour justement, sont pour elle bien trop du sexe féminin.
En somme c'est un potentiel danger. Elles tomberont comme des mouches aux pieds d'Amalio, son Amalio, son Autre, son amant, son Amour, le seul et l'unique. Elle en est consciente.
Mais comme toujours, puisqu'elle n'a pas le droit d'être jalouse elle ferme les yeux.
Oh elle ne manque pas pour autant de balancer une pique ci et là lorsqu'elle le peut et la première à en faire les frais est une belle rousse.
Carensa.
Elle l'aurait bouffé comme les vulgaires pigeons qui lui servaient de repas ...

Le temps est assassin.

Les jours passent.
Lassée de voir ce petit manège se jouer sous son nez, la Corleone s'isole.
Pourquoi s'infliger une telle douleur quand on peut l'éviter? Suffit de ne pas voir. Elle sait faire, fermer les yeux et lui laisser sa liberté, par amour.
L'amour ça fait mal.
Elle le savait alors qu'elle ne l'avait jamais vécu. Elle avait vu tout ces idiots faire des choses bizarres et il était hors de question qu'elle se prenne au jeu.
Jamais.
C'était sans compter croiser la route de ce crétin de Cupidon, pleutre parmi les pleutres, qui, malhabile décochait des flèches dans tout les sens se foutant bien du résultat!
Et la rousse était amoureuse depuis.

Le temps est assassin, oui.

Parce qu'elle évite les tavernes pour ne pas voir. Parce qu'elle le laisse tout simplement.
Délaissé? Pauvre homme!
Et même si elle ne voit pas, elle sait.
Pire elle pressent d'autres choses car il ne s'arrêtera pas là.
Et si la première chose fait mal, la seconde est pire, elle ronge.
Et ce temps d'isolation, la rouquine a trouvé de quoi le mettre à profit.
On combat le mal par le mal chez elle, c'est ce que sa mère lui a inculqué.
Le marché de la ville est bien fourni et les forgerons ne manquent pas, ainsi elle acquière une magnifique dague, courte, suffisante pour être portée à la ceinture et faire son office.
Lame tranchante, parfaite pour ce qu'elle compte en faire.

La nuit venue, quand il est n'est pas là, qu'il l'abandonne pour passer du bon temps avec Elles, l'achat récent trouve tout son sens.
Sous la tente de fortune, à la lueur d'une lanterne, la paume de la tachetée est grande ouverte.
Le sang s'en extirpe à grosse gouttes, il est salvateur à ses yeux.
Les noisettes sont noyées par de grosses larmes qui sont ravalées.
Ça fait mal mais c'est elle qui se l'inflige, elle le contrôle.
Où, quand et comment.
Une douleur pour en camoufler une autre.
D'autres suivront ... car il s'en va.
Il part et il n'est pas seul. C'est pour retrouver sa .. fille.
Elle comprend même si les enfants pour elle représentent une étape de sa vie sanguinolente, cruelle et assassine qu'elle tente d'oublier.
D'enfant elle ne voudra pour rien au monde. Plutôt mourir ...
L'absence, le silence.
L'imagination est débordante et le doute s'installe de plus en plus profondément.

Sarlat.
Une ville, une mairie, un pillage en règle Corleonienne, attendu depuis si longtemps mais le cœur n'y est pas. L'esprit est ailleurs, le palpitant est serré.
Plus tard, après que chacun est reçu sa part, que l'endroit est bien envahie par le clan Corleone, les Spiritu Sanguis et les MacDouggal, elle retrouve son amant.
Ce n'est pas elle qui le cherche, c'est lui qui la trouve et elle l'attendait, il est fautif, il est parti ... à lui de venir.
Retrouvaille = nouvelle entaille.
La paume droite subira une fois encore sa colère, parce qu'à défaut de la tourner contre Amalio, elle l'abat sur elle même.

Le temps est assassin ... Toujours.

Sarlat est rendue, la lassitude a fait son œuvre.
Bonjour Cahors!
Elwenn mène l'enquête, besoin de preuve, de témoignage.
La rouquine se pointe en taverne pour poser des questions l'air de rien sans savoir quelles conséquences engendreront les réponses.

_________________
Amalio

    Personne ne savait ce qui s'était passé cette-nuit là, entre lui et Elle. Amalio avait les joues creuses et le visage pâle, le teint terne, des cernes qui lui mangeaient le visage... Le tremblement de ses mains n'était apaisé que par un effort volontaire de sa part... Mais personne ne savait, et ne saurait jamais, la raison de son état. À part Elle. Elwenn. Celle pour qui il pouvait se donner la mort.


      Le poison dans ses veines.
      L'amour dans son coeur.
      Les gifles de ses mots.
      La honte de ses actes.

        Le tourment.



    Sa position au sein du clan interdisait toute explication sur la raison de son état de santé ce matin-là. Il laissait se répandre une rumeur moqueuse de gueule de bois et d'abus d'herbe à pipe, répondant aux salutations goguenardes des jeunes du clan par les grognements d'usage de celui qui ne veut pas qu'on l'emmerde. Ils ignoraient la douleur de la nuit, l'odeur de la mort sur lui. Ils ignoraient tout. Mais lui, il avait encore en tête le coup métallique du sang, le relent des vomissures, le froid insidieux du poison. Il avait encore en tête les bras mutilés d'Elwenn, le fluide épais qui en coulait en une rivière carmin, la douleur acide de l'acier tranchant la paume de sa main lorsqu'il avait écarté la dague. Il avait encore en tête le goût du poison, les battements sourds de son coeur étouffé, la brûlure dans ses veines, et cette sensation terrible mais si libératrice de ses souffles qui s'échappaient sans revenir...

      Elwenn.

        La seule pour qui il pouvait se mettre à genoux.
        La seule pour qui il pouvait se tuer.
        La seule pour qui il était différent.


    Deux coeurs de pierre, deux corps brûlants. Deux tueurs. Deux âmes, finalement. Qui se griffaient et s'enlaçaient, s'aimaient puis se giflaient. Qui se blessaient mutuellement avant d'avouer ne trouver le repos que dans les bras l'un de l'autre.

    Et cette fois, c'était allé très loin. Trop loin. Jusqu'à cette mort volontaire. Cet aveu de désespoir, de violence, d'un amour trop dur. Le poison dans les veines du médecin. Elle. La seule pour qui... la seule. Tout. Et quand il avait repris conscience, sur le sol de terre sale, entouré de vomissures provoquées par la rousse qui n'avait pas daigné le laisser se tuer en paix, il l'avait trouvée, elle, étendue contre lui, dague à la main, du sang plein la chemise, qui ruisselait de son avant-bras dont elle avait tranché la chair pour atteindre les veines... Déterminée. À la fois folle et consciente de ses actes. Se penchant pour embrasser Amalio inerte, lui murmurant à l'oreille l'aveu de cet amour trop violent qu'ils partageaient. Ses lèvres chaudes sur sa joue, sur son cou. Une vie. Qui s'écoulait de la blessure provoquée par cette main féminine sans pardon. Il avait lutté, pour reprendre conscience, pour parvenir à retrouver son corps, pour respirer à nouveau malgré le poids d'un coeur de pierre prêt à s'arrêter de battre... Il avait écarté la dague, d'un geste hasardeux, maladroit, mais si plein d'horreur. La lame avait entaillé sa main. Il avait serré le poignet d'Elwenn, le sang coulant entre ses doigts, pour arrêter la mort... Elle s'était laissée faire. Il pleurait, comme un con, étendu sur le sol, la belle italienne avachie contre lui, leur mort dans sa main... Il pleurait. Et rien au monde n'aurait pu l'empêcher de sauver Elwenn, d'arrêter le sang. De se sauver pour elle. Pour l'empêcher de mourir.


      "Ensemble, mio amore..."


    Il avait lutté. Lutté pour l'empêcher de se dégager de sa poigne. Lutté contre le poison froid qui l'attirait vers l'abîme. Lutté contre le sang rouge, chaud, qui coulait sur leur peau. Il avait enserré le bras pour suturer la plaie. Des points forts, trop serrés sans doute, mal faits certainement... mais suffisants pour repousser la mort et ses doigts insidieux.


      "Si nous passons l'aube..."



    Ils étaient restés là, tous les deux, abandonnés sur le sol de terre. Il avait bu l'antidote puis avait suturé, tant bien que mal, la blessure du bras de la rousse. Étendue contre lui sur le flanc, pâle et froide, Elwenn avait laissé s'envoler sa conscience; et il avait passé son bras autour d'elle pour l'attirer contre son corps. Avant de se perdre à son tour dans un abîme sans fond.



      L'aube avait passé.



    "Ensemble, à jamais."
    "Je t'aime, sombre idiot."

_________________
Elwenn
Avec perte

C'est un couperet qui s'abat sur la trogne Corleonienne, bien qu'elle le savait suspendu au dessus de sa tête depuis un petit moment elle ne s'attendait pas à ce qu'il tombe avec une telle force et fasse si mal mais il tombe de tout son poids lorsqu'on lui souffle les mots, qu'elle prend conscience de la vérité.
Ce qu'on lui dit de lui est amer, difficile a avaler surtout sortant de la bouche de sa fille, la progéniture du brun, la douce colombe.
Avec Amalio elles y passent toutes.
Cette révélation a du mal a passer, sa langue se noue, elle s'étrangle sans que quiconque ne le remarque.
La rousse suffoque, cet air infecte qui s'engouffre dans ses poumons lui compresse la poitrine, fissurant dangereusement son point vital. Et l'amour qu'elle lui porte se transforme sitôt en haine.
Elle se noie, plongeant telle une ancre jetée sans délicatesse par dessus bord,dans les abîmes d'une colère sans limite.
Elle se perd dans le labyrinthe des pensées assassines qui défilent devant ses yeux à une vitesse grandiose.
A chercher des vérités on finit par tomber sur de noirs secrets qu'on aurait préféré ignorer, et là, notre rouquine perd la raison parce qu'elle ne fermera plus les yeux.
Trahie.
Blessée.
A cet instant ne gonfle que la colère d'une femme trompée.
S'en est trop.
A son petit bonheur Yanael est là. Il fait d'originales créations, des colliers et il a promis de lui en donner un dès qu'il en aurait confectionné de nouveau, seulement la demande change.
Ses créations sont spécifiques, mettant en avant les parties génitales des hommes et Elwenn s'estimant dans son droit réclame celles d'Amalio.
Demande acceptée avec un certain enthousiasme, c'est que le petit brun à un différent avec son amant, détail qui joue en sa faveur.
Ce soir là, elle ne le croisera pas, Lui, mais elle se rapprochera de Carensa, celle qu'elle aurait jeté en pâture aux lions si elle en avait eu l'occasion alors qu'il en était tout autre.
C'était la seule à avoir respecté le fait qu'ils soient en couple, la seule à ne pas avoir succombé aux charmes de l'italien par principe, la seule qui pouvait la comprendre ...
De retour sous sa tente, la frustration se libère d'une main de fer, taillant sur son passage encore une fois la chair tout juste refermée de la veille.
Ça fait mal, bien sur, mais pas autant que cette douleur qui résonne dans tout son être et qui se devine à travers ses paroles et ses gestes.
Son corps devient au fil des jours un aveu à lui seul, parsemé de cicatrices, toutes par des hommes, sa joue par l'un, son cou par l'autre, on lui a volé la seule chose qu'elle avait a offrir.
Mais les dernières en dates sont plus nombreuses que toutes les autres réunies et ce pour le seul et même homme et quand elle se regarde, qu'elle suit du regard les tracés rosés parfois les effleurant du bout des doigts elle trouve ça beau. Un livre ouvert, triste vie gravée à même la peau en guise de souvenir.
Le sommeil ne l'emporte que dans des rêves de vengeance qui seront pour le lendemain.



Et fracas.

La confrontation est imminente.
L'inspiration est profonde pour éviter d'aller à sa rencontre les larmes aux yeux, la colère inscrite sur son visage et la réplique acérée.
Ne pas se trahir.
La comédie ne dure pas longtemps, il connait trop bien la rousse pour tomber dans la mascarade et tout bascule quand elle laisse déverser sa rancœur d'entre ses lèvres.
Puis elle claque la porte dans un simple "Ciao" .
Qu'il aille au diable après tout, elle même vit dorénavant un enfer! Même séparés ils ne seront pas si loin de l'autre.

Poinpoinpoinnnnnnnnn quelques heures plus tard ...

Nous retrouvons nos deux loustics dans une taverne tout aussi pourrie que les autres, plaidant chacun en sa faveur.
Si Elwenn a appris quelque chose ce soir là c'est de dire Non.
Elle a du le dire ... plus de fois qu'elle ne l'avait jamais dit dans sa vie jusqu'ici.
Non ce n'est pas de ma faute.
Non je ne t'ai pas abandonné.
Non, non et non.
Toujours est il que l'amour prenant le dessus, la colère s'atténue. Et c'est sur des phrases très profondes que la rouquine laisse le brun à sa réflexion en le ponctuant de, "'un jour il n'y aura plus rien a sauver" en parlant de leur couple.
Vrai qu'a force de se bouffer il ne restera plus que les os.
Et de "il y a toujours une fin, aussi tragique soit elle, il y en a toujours une".
Et là, sans même le savoir elle venait de prédire leur avenir!


Rousse vs Brun 2d round.

Ce n'est pas sur les mots hautement perchés de la rouquine que les choses allaient se tasser, loin de là.
Elwenn , le retour, sur les cuisses de son ainé bien sagement aux yeux de tous, lui défoncé, elle attendant de pouvoir le bouffer à point.
Fou comme les gens ont tendance à fuir lorsqu'il y a un couple dans les parages et là, seuls à nouveau, tout dérape.
Si elle s'est résignée à n'être qu'au second plan à l'avenir il n'en reste pas moins qu'elle le lui balancera à la face autant que faire se peut, non, elle ne décolère pas, même si elle l'aime et qu'elle le lui dit plus qu'elle ne le lui montre.
N'est pas Corleone qui veut, dans la famille on use de ruse et on sait y faire.
Lui visiblement savait retourner la situation.
Il a beau dire, et rabâcher qu'il l'aime, qu'elle est la seule, l'unique, elle n'y croit plus alors le bougre avale un poison.
Voir celui qu'on aime mourir à petit feu malgré la souffrance que celui ci a pu vous infliger est tout simplement insupportable même si l'on a souhaité sa mort à un moment ou l'autre.
Alors les doigts enfoncés au fond de sa gorge elle le fait recracher cette saloperie, maigre tentative qui ne rime à rien. La toxine s'est déjà répandue dans son corps. Amalio s'éloigne peu à peu.
Assise sur le sol contre le lui, son seul échappatoire reste son amie, sa dague.
Puisqu'il meurt pourquoi rester en vie?
Presqu'avec un sourire au coin des lèvres, elle retrousse sa manche et s'entaille l'avant bras, regardant le sang couler comme ci il était son sauveur alors que chaque goutte qui s'échappait de la blessure, amenuisait ses forces, sa conscience ...
Une main qui agrippe une fiole bleue en guise de happy end c'est tout ce qu'il reste dans ses souvenirs de la fin de cette nuit.
Au petit matin alors qu'ils devaient avoir quitté la ville, les deux amants à moitié conscients se remettaient difficilement de leurs frasques.



"Ensemble, à jamais."
"Je t'aime, sombre idiot."

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Amalio

    L'un pour l'autre, ils s'étaient sauvés.

    Une vie chacun. Sans doute celle de l'autre, la plus importante. Il n'avait pas été capable d'encaisser les mots d'Elwenn : "Ne fais pas de promesses que tu ne sais pas tenir".

      Si, il savait. Il saurait.


    À vrai dire, malgré ses grands airs et les rumeurs qui couraient allègrement dans le clan, Amalio n'avait couché qu'avec Aslynn. Il n'avait pas touché à Lix, qui était trop jeune et trop fragile pour supporter ce genre de comportement, et qu'il avait préféré confier à ladite Aslynn après quelques patients rapprochements. Il n'avait pas non plus touché à Carensa, qui n'était pas du genre à se laisser faire et qui de toute façon ne l'attirait guère. Non, il n'avait pas couru la fille... Seule la brune Aslynn avait partagé sa couche une dizaine de jours. Bien sûr, c'était trop... Une seule fois avait déjà été de trop.

    Mais pour Amalio, l'éloignement d'Elwenn, son absence, avait été vécus comme des aveux de désintérêt. Il la voyait peu, rarement même, alors qu'il passait ses journées au campement ou en taverne, tuant le temps en fumant sa pipe ou en enquiquinant Carensa. Il l'attendait. Il l'espérait. Et elle ne venait pas. Alors, pour l'italien, était apparue une humeur désinvolte qui cachait la sourde tristesse qui le rendait parfois si peu patient avec les plus jeunes.... Elwenn ne venait pas. Elle ne l'aimait plus. C'était ce qu'il pensait. Et lui, lui qui n'avait jamais ressenti le moindre sentiment de manque, la moindre envie de rester avec une fille, lui, Amalio Corleone, avait connu la cruelle douleur de l'absence.

    Un grand homme maigre, aux muscles fermes, aux yeux d'un vert prompt à s'assombrir et au visage finement dessiné... Voilà comment était l'italien. Un charmeur. Un voleur. Qui avait toujours charmé les filles et couru la gueuse ou la comtesse avec la même spontanéité joyeuse. Et Elwenn... avait étrangement mis une claque à tout ceci. Oui, il avait couché avec Aslynn. Mais c'était parce qu'Elle ne voulait plus de lui...

      N'est-ce pas ?


    Elle lui avait, ce soir-là, asséné le reproche qui avait ouvert en grand la brèche d'un coeur blessé : "Tu n'en seras pas capable". Et mon dieu, comme il était conscient qu'elle ne pouvait que penser ainsi ! Et comme elle le torturait en lui répétant ces mêmes mots, deux fois, trois fois, douze fois... à chaque fois qu'il voulait lui dire qu'il changerait pour elle.

    Elle n'avait plus confiance en lui.

    Et elle avait de bonnes raisons pour cela. Oui, il l'avait trahie, en couchant avec une autre, quelque soit la légitimité discutable de ses convictions à propos de leur couple à ce moment... Elle ne pouvait que le rejeter. Et pour la première fois de sa vie, Amalio était détruit par les paroles d'une femme...

    Elle.


    "J'veux pas être ton ramasse-miettes."

    Il voulait qu'elle soit Elle. Son unique.

    "Fais pas d'promesses que t'es pas capable de tenir."

    Il voulait lui prouver qu'il le ferait. Qu'il tiendrait cette promesse, tant qu'elle voulait de lui.

    "Non, Amalio."

    L'abîme.




    Et au matin, cette horrible sensation d'un feu glacé dans ses veines, du poison qui brûle les organes depuis la nuit, du souffle rauque qui arrache l'intérieur des poumons... Cette odeur de vomi, de sang, de mort.

    Et au matin... cette douce sensation d'un poids familier sur son torse, d'une petite tête dont les cheveux roux s'étalaient emmêlées sur le tissu de sa chemise, ce souffle délicat, régulier et faible, qu'expirait la bouche entrouverte malgré les traces de sang séché au coin du visage...

    Il avait lentement levé un bras pour le reposer sur ce corps mince, sa main retrouvant la courbe de l'épaule, ses doigts effleurant d'une caresse la joue tiède, avant que des larmes sans témoin ne tracent sur les joues creuses des sillons de douleur.

    Elle.

_________________
Elwenn
    "L'obscurité ne peut chassez l'obscurité;
    seule la lumière le peut.
    La haine ne peut chasser la haine;
    seul l'amour le peut." *




Là en bas, au fond, tout au fond, au fond du trou comme on dit, là où on ne peut pas tomber plus bas, oui ce petit reflet roux tout juste éclairé par un faible rayon de lumière, c'est Elwenn.
Gisant à même le sol, entourée par l'obscurité ambiante ...
L'aube s'est levée oui, mais elle est si loin qu'elle lui parvient à peine.
A même le sol, dur et froid, tout comme son amant contre lequel elle gît, et dont seuls sa chaleur et les battements de son cœur la maintiennent encore en ce monde.
Parce que son enveloppe charnelle a beau être là, son esprit est ailleurs, loin, bien loin, trop loin.
Tout comme le décor planté pour nos deux Corleone, l'âme de l'italienne n'est guidée que par une faible lumière au milieu de la pénombre oppressante dans laquelle elle s'est perdue.
Ce n'est pas une source de lumière c'est une forme, qui se mouve dans l'obscurité et qui s'approche, vite, trop vite, pour s'arrêter à une distance d'un pas devant elle.
Alors un sourire mutuel est échangé.


Alors tu n'es pas capable de finir ce que tu as a commencé? Décidément c'est récurrent chez toi.
A force de m'appeler pour rien, je vais finir par ne plus venir tu sais ...


Une corde dégringole d'en haut et se tend, devant ses prunelles.
A provoquer la mort au quotidien en lui offrant son sang, on sait qu'un jour elle ne viendra plus pour rien, elle finira bien par se lasser de ce petit jeu et qu'elle se décidera à réclamer son dû.
Une corde, la rousse hésite.
Que devait elle faire vraiment?
L'attraper et se pendre avec , histoire d'en finir pour de bon ...
Prendre son courage à deux mains et s'y hisser pour rejoindre la clarté qu'elle percevait en haut, tout en haut ...
L'attraper et attendre que quelqu'un ou quelque chose la tire ...
Une caresse contre sa joue, Sa main, la douceur de Sa peau, guida la rouquine dans sa décision.
Le choix était évident,bien qu'elle s'était mise en danger pour Lui, puisqu'il était en vie, mourir n'avait plus de sens.
Comment vivre dans un monde où il ne serait pas.
Comment se passer de Lui?
Sans pouvoir le toucher, ni Sa peau, ni Sa crinière brune, ni Ses lèvres, ne plus jamais entendre Sa voix rassurante, ne plus pouvoir s'endormir au creux de Ses bras sécurisants!
Ce n'était pas pour maintenant, pas encore.
La corde fut saisie.


Pas aujourd'hui et ne t'approches pas d'Amalio avant qu'il n'ai les cheveux gris, qu'il ne marche courbé et avec l'aide d'une canne.



Fut sa réponse.
Elle qui avait l'habitude de tailler une bavette avec, pouvait bien lui demander cette petite faveur.



On se reverra tu sais.



Et elle se hissa hors du trou noir pour rejoindre la lumière, la vie, Lui.
Les paupières lourdes peinent à s'ouvrir.
L'aube s'est levée mais sortir de l'obscurité est difficile, la fatigue est pesante.
Une étrange fatigue.
D'une pâleur cadavérique la Corleone, même dans ses mauvais jours elle n'a jamais arboré une telle mine effrayante.
Elle cligne des yeux et avec une force dont seul l'amour est capable a l'aider a effectuer ce geste, elle lève son bras indemne et recouvre celui de Sa moitié.



"Ensemble, à jamais."
"Je t'aime, sombre idiot."


Oui.
Pour sur qu'elle l'aime et même si ... elle l'aime.
Sauf que l'aube s'est effectivement levée, que sa clarté en fait mal aux yeux et que malgré cette folie, passagère, ils doivent rattraper leur connerie et mener leur groupe hors de cette ville une fois la nuit tombée.

Amore ...

Soufflé si faiblement qu'elle ne sait si il est entendu.
Ils ne doivent pas rester là.
Ici c'est l'horreur, si le sol est recouvert de sang et de vomissures, sans oublier l'alcool renversé, eux aussi sont dans un piteux état, autant d'apparence qu'ils le sont physiquement.
Ils n'ont pas vraiment dormi puisqu'ils se sont déchirés jusqu'au petit matin, ils ont juste perdu connaissance par leurs méfaits durant un laps de temps trop court ...
Rien ne sera oublié, juste remis à plus tard.
Pour le moment il fallait juste reprendre des forces.






* Martin Luther King Jr

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