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[RP] La loyauté est un cheval de bataille.

Judas
    " Puisque vous avez cinq jours de retard, vous passerez cinq jours... Avec moi. "
    - Judas Gabryel Von Frayner à Giulia -


Il avait dit 10eme jour du mois, dernier délais. Quelque part au fond de lui l'homme savait que son injonction ne serait pas respectée. La nourrice avait prétexté des affaires à rapporter sous bonne escortes pour aboutir son installation au manoir Bourguignon, chez les Von Frayner. Rosalinde l'avait couverte, discutablement. Judas n'avait pas bronché. Soit ... Rien ne servait de se presser à la répression. Elle avait eu cinq jours de retard, cinq jours où l'enfant avait été privé de sa nourrice pour des raisons qu'il devinait. Autant de nuit de trop pour un seigneur exigeant une présence continue et irréprochable auprès de son fils. Bien sûr il avait pallié, bien sûr ... Mais sa main mise toute puissante sur les gens de sa maison avait de tout temps montré son étroitesse d'esprit quant aux manquements d'autrui et une rancune tenace bien que souvent sourde. Ayoub avait perdu sa tête pour cela. Rose avait été battue pour cela. Nyam avait été viol-entée pour cela.

Judas détestait par dessus tout les femmes qui prenaient des droits d'hommes. Judas détestait Baile. Baile couchait avec Giulia, il en était convaincu. Malgré son avertissement explicite auprès de Giulia quant à sa désapprobation vis à vis de cette relation interdite, ses cinq jours de retards avaient sonnés comme une preuve de la désinvolture de la part de la Nourrice. Les faits étaient là... Baile de Kestel, chevalier femme avait escorté la nubienne tout au long de son voyage. Judas n'avait pas besoin de plus de détail pour en tirer les conclusions qui s'imposaient. La Nubienne partageait le temps dû à sa progéniture avec l'Autre. Cette femme qui baisait des femmes, ses femmes, lui inspirait une profonde aversion. Il était question de possessivité à laquelle Giulia n'échapperait pas, comme toutes les femmes de sa maison... Après l'avertissement, Judas avait décidé d'instaurer le retour de ses sempiternels châtiments.

Frayner avait mandé à la Nourrice de l'accompagner à l'extrême nord de la Bourgogne, à la frontière champenoise. Cette fois il n'était pas question de priver Amadeus de son garde-lait, la subordonnée était sommée de garder avec elle durant ce voyage le sacro-saint enfant. Une voiture attendait devant le manoir, Judas attendait devant cette voiture. Bras croisés, épaule contre la carcasse du coche l'homme était mutique. Ses cheveux bruns avaient poussés depuis la Bretagne, avaient-il déjà été aussi longs? Probablement pas. Quelques mèches s'échappaient de son catogan pour lui rappeler qu'il était temps d'écourter un peu l'ensemble. Il le ferait sans doute avant leur retour.

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Absent jusqu'en aout!
Sathi
    " Cinq jours ? Je vous dois bien ça. Et en quoi pourrai-je vous être utile ? "
    " Oh ça ! Vous verrez bien... "

    - Bribes de conversation Giulia/Judas-


Il avait dit 10ème jour du mois.
Quand ?
Et surtout à qui ?
A Giulia, principale intéressée par la sommation qui consistait à ce qu'elle rapplique à brides abattues sur les terres de Courceriers ?
Évidemment non !
Le seigneur s'en était abstenu, passant par l'intermédiaire de Rosalinde. Une perte de temps lorsqu'on savait que cette dernière n'avait su transmettre l'information que bien des jours plus tard. Et pour mal faire, le voyage entreprit direction la Bourgogne avait connu quelques tribulations auxquelles il leur avait fallu faire face. Entre retours en arrières pour aller récupérer ceux qui avaient omis de prendre le départ, le brusque décès de Gautier qui les accompagnait et à qui ils durent aller faire leurs adieux, sa dépouille conduite jusqu'en Orléannais, sans compter les quelques détours inopinés... Un tout venu rallonger le périple de plusieurs jours.
Incapable donc de prévoir ce que serait demain, la nubienne n'aurait pu assurer une arrivée pour la date prévue.


Conséquence : elle avait cumulée cinq jours de retard sur le délai qu'il lui incombait de respecter et d'excuses s'il lui était donné d'en faire, elle ne manquerait pas de rappeler qu'elle ne saurait être maître du temps, ni du lots de surprises que réservait la vie au fur et à mesure qu'elle était vécue.
Les explications seraient données, lui narrant les faits du voyages, mais la croirait-il seulement ? Lui, l'homme empreint de ce doute, sérieux, qui pouvait tant se lire dans ses yeux, que sur les traits que venait marquer la suspicion dès lors qu'il posait regard sur elle et qu'au cours de la conversation était évoquée la personne de Baile de Kestel.
Baile : la Bête Noire. Sujet de controverse.
Giulia y est attachée. Judas semble la détester.
Ca, elle l'a comprit ce jour de mai ou faisant duo avec ce dernier, il lui aura fait part de son dégoût pour ce qu'une femme peut en aimer une autre.

L'homme dans son imaginaire se laisse emporter, croyant dur comme fer à ce qu'il lui suggère. Il voit ou croit voir, entend ou sous-entend... Double perception qui amène à l'hypothétique synthèse qu'elle entretienne une relation saphique avec le Chevalier.
Relation qui n'en est pas pour la Nubienne même si les sentiments éprouvés peuvent parfois être plus intenses que lors de simples amitiés.
Oui ! Elle avait succombé à la tentation, mais à ce jour, sa raison l'invitant à se tenir loin des bras féminins, elle y parvenait. Mais serait ce toujours le cas ?
En attendant, chose était certaine, que de les tenir éloignées l'une de l'autre ne pouvait qu'empêcher d'éventuels nouveaux rapprochements et Judas avait misé sur un retour sans attendre vers la Bourgogne.

A ce moment, fut remis sur le tapis l'histoire de ces cinq jours à passer avec lui, annonce d'un nouveau voyage, puisque Giulia, Amadeus dans les bras qu'elle s'était juré ne plus quitter, était présentement sommée de rejoindre le seigneur à l'extérieur, où coche les attendait. Ce qu'elle ne tarda pas à faire, se glissant sitôt dans l'espace confiné que leur offrait la voiture, et si elle n'avait pas daigné sur le coup porter regard sur Judas, son attention étant avant tout vouée à Amadeus le temps de l'installer confortablement contre elle, elle eut fini par relever ses tourmalines sur lui, qui bientôt, à son tour, viendrait prendre place face à elle.
Un regard empreint d'une seule question :
" Que me réservez-vous donc de surprises Judas pour ces cinq jours à venir ? "


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A chaque vie son début et sa fin.
" Mon agonie sera sans doute très longue, peut-être sans fin. Mais qui sait où le soleil se cache, la nuit ? Qui peut dire où les hommes se rendent lors de leur dernier voyage ?"
Judas
Si les lèvres restent souvent closes à l'approche de Giulia, les yeux le sont plus encore. Aussi aucune réponse n'émane d'eux à leur vis à vis interrogateur. Judas laisse monter la jeune femme en tenant de senestre la petite porte ajourée, il attend de voir l'enfant installé et la maternelle substitution prendre de l'aise avant que de monter enfin, cherchant en miroir sa place dans l'exigu coche. La voiture finit par s'ébranler à la vue d'un gant qui fait signe par le fenestron, chaste luxe sans autre apparat qu'un écu attestant de l'appartenance VF à son coté. La voiture, dernière et toute nouvelle acquisition du seigneur pour assurer les voyages de sa femme et surtout de son fils, futilité qui ne verrait pas bien souvent son acquéreur s'y ramollir. Le paysage se met à défiler de façon régulière, la route est bonne et devrait en théorie l'être jusqu'à bon port, Judas ayant convenu avec le cocher de n'emprunter que de grands axes marchands. Il ne serait pas bien prudent de tenter les coupe gorges escarpés pour aller plus vite... Même un impatient de premier ordre tel que lui l'accorde.

Le périple durera deux jours. Deux longs jours de route fastidieuse où l'homme aura le temps d'avoir le cul aplatit et la bouche sèche de la garder fermée. Un jour sur place, deux jours pour revenir au Manoir: le compte sera bon. Cinq journées en tête à tête. Au sol, dans le petit rectangle pingrement alloué à leurs pieds repose un panier. D'un geste le désignant le brun se contente simplement de prévenir son utilité pour sa voisine, qui aura tôt fait de l'ouvrir au vu de l'éternité de leur progression.


Il y a là dedans des vivres et quelques nécessaires d'usage pour Amadeus.

Traduisez du Judéen en Français par: Une flasque de vin, trois flasques d'eau, du pain de seigle, de la viande de porc séchée, des fruits, des oeufs de caille, de la mélasse de saison, un couteau, six langes, une fiole d'huile d'amande et une petite courtepointe. Le tout parfaitement ordonné par les bons soins d'une servante pour pallier à deux jours cahin-caha à se regarder dans le blanc des yeux ou dans le vert des prés défilants. Réjouis-toi...
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Absent jusqu'en aout!
Sathi
Elle a beau chercher, pour ce que l'interrogation est tût, aucune réponse ne saurait être trouvée, et si l'on dit souvent que le regard interprète ce que le coeur ne dit pas, les fenêtres de l'âme Judéenne restent insondables.
Aussi aurait-elle pu se risquer à la poser de vive voix, mais surement n'aurait-elle eu droit qu'à réponse détournée de la part d'un Judas qui se contentait souvent de ne jamais en dire plus qu'il n'en faudrait.
L'homme est mystère et la nubienne ne cherchera pas à percer ce dernier.
A l'image du seigneur, le minois féminin préfère afficher ce même air détaché, masque parfaitement hermétique dont l'homologue s'est paré.

Ainsi donc l'attention se porte ailleurs. Sur Amadeus pour commencer, le temps qu'une main attentive repousse légèrement, non plus ce bout d'étoffe rose mis hors de portée après qu'on le lui ait demandé de s'en débarrasser, mais un bout du pan de la pelisse qu'elle porte et dont la petite poigne s'est emparée, cherchant sans doute à compenser le manque.
Mais le paternel avait ordonné et la nourrice, pour bien faire, avait obéit.

A demi dissimulé sous le noir tissu, la main qui le repousse dévoile à la vue un visage enfantin reposé. Endormi le bambin. Et si on y regardait bien, on ne manquait pas de voir le sourire s’étirer à la commissure de ses lèvres, là d'illuminer ses traits. De cette image, Giulia ne se lassait jamais pour ce qu'elle lui faisait repenser ceux de son fils, quand bien calé au creux de ses bras, après qu'il eut tété, il la récompensait de cet éclat.

Amadeus, petit être qui par sa seule présence donnait à Giulia l'impression de voir s'envoler la neurasthénie qui pesait lourd sur sa vie. Petit homme qui, tout du long de ces cinq jours, viendrait égayer son voyage.
La compagnie du fils est bien plus appréciable que celle du père que la nubienne, le temps passant, jugeait comme étant un être froid.
L'enfant sourit, babille.
Le père reste impassible, silencieux.

Le véhicule file, tout comme le temps et seuls quelques mots se sont fait entendre depuis leur départ, mais pas de quoi faire rétorquer Giulia qui se contentera d'acquiescer d'un mouvement de tête avant qu'une main, le regard curieux de découvrir le contenu du panier qui se trouve à leurs pieds, ne vienne soulever les linges qui le couvre.


Deux jours, cantonnée dans cette voiture, plongée dans ce climat glacial qui peinerait probablement à se réchauffer.
L'ambiance est lourde à l'intérieur, qui oppresse. Besoin d'air, la main nourricière entrouvre alors le fenestron, tout juste de quoi laisser s'infiltrer une brise légère que le soleil a rendu agréablement douce. Soupir lié au bien-être un instant retrouvé mais qui se voit bien vite perturbé. Les paupières closent s'ouvrent lorsque sous le corsage se font sentir chaleur et tension relatives à la montée de lait.
La synchronisation est de mise entre la nourrice et l'enfançon. Le voilà, ce dernier qui commence à gesticuler, cherchant à enfouir son visage contre la poitrine gorgée.
Giulia comprend regard rivé sur l' "affamé" avant qu'elle ne le relève sur Judas et que par l'usage de quelque mots elle vienne briser le silence :



- Je crois que votre progéniture à faim. Peut-être serait-il bon de nous arrêter un peu, le temps que je me charge de le nourrir. Après quoi nous pourrions en faire autant en nous rassasiant... * désignant le panier logé à terre*... de quelques unes de ces victuailles. Qu'en dites-vous ?

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A chaque vie son début et sa fin.
" Mon agonie sera sans doute très longue, peut-être sans fin. Mais qui sait où le soleil se cache, la nuit ? Qui peut dire où les hommes se rendent lors de leur dernier voyage ?"
Judas
Il entendit la requête vraisemblablement sans véritablement l'écouter.

Navré. Je crains que ce soit impossible... Nourrissez-le, faites comme si je n'étais pas là. Quant à votre appétit servez-vous, pour ma part je n'ai pas faim. Notre temps est compté...

Oui, terminer sur ce genre de mot était de mauvais goût. Et s'il y avait une chose qu'on ne pouvait remettre en question concernant Judas c'était ses goûts. Un ange passa, pas trop près de l'homme d'ailleurs. Il détourna son regard de la passagère comme pour la laisser allaiter en paix. Ce genre de chose n'était pas proprement dérangeant, quand on repensait à ce que Judas s'amusait à faire aux poitrines nourricières. On peut être froid en public et au demeurant fort oisif dans l'intimité. Cette dernière d'ailleurs ne pesait pas plus que cela sur le seigneur malgré l'ambiance lourde qui s'était abattue dans le coche... Obnubilé par ce qui les attendait à la frontière, Judas pouvait bien supporter les conversations et les silences de Giulia. Une vengeance était toujours une jouissance en compte à rebours... Bien que oui, il était de mauvais goût de l'avancer de cette manière. Il planta une seconde son regard dans l'autre, comme un effort d'usage, une précision gracieuse.

J'ai promis à ma Dame d'être de retour sous cinq jours.

Et s'il avait un étrange principe contre toute attente c'était celui de tenir les promesses faites à son épouse. Sauf celles contractées lors de son mariage, évidement. Pour tout le reste... Il y avait le retard, la flemme, mais les promesses étaient tenues. Menues. Isaure pouvait être ce qu'elle était, elle avait le mérite de se laisser tromper sans rien remarquer, et sans faire d'esclandre pour la peine. De quoi rendre supportable la vie de tout époux mal marié. Ce voyage était en principe pour elle, pour une de ces nombreuses promesses dont nous parlions plus haut. Mais cette fois, Isaure avait aussi le mérite de faire tenir à Judas une promesse qui lui permettait d'assouvir une petite revanche. Retour à son défilé monotone là dehors.

Le voyage pouvait continuer jusqu'à bon port, qui ne tarderait pas.

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Absent jusqu'en aout!
Sathi
La réponse qu'elle obtenue fut sans surprise. Sa main au feu elle aurait pu mettre, son esprit ayant deviné les dires de son interlocuteur. Prévisible Judas ? Lui comme bien des autres d'ailleurs. C'est que la nubienne disposait d'une sagacité particulière, un sens aigüe de la perspicacité.


- Soit !


Puisqu'elle n'avait pas d'autre choix que celui là, elle nourrirait l'enfant sous les yeux de son père. Peu lui importait en fait ! Le moment de partage entre elle et Amadeus ne demandait pas nécessairement d'intimité et faire comme si Judas n'était pas là n'avait rien de difficile en somme tant l'homme était empreint de cet air absent. Et puisqu'il fallait, en plus, ne pas perdre de temps...

Giulia acquiesça donc sur un signe de tête tout en s'affairant à donner position confortable à l'enfant, ne portant pas pour l'heure d'intérêts au panier empli de vivres. Priorité à Amadeus pour qui la pelisse s'entrouvrit, découvrant la partie haute du buste féminin couvert d'une chemise bouffante par dessus laquelle un corset de cuir brun était passé.
Les gestes s'opérèrent donc avec aisance, sénestre soutenant la tête du petit tandis que la dextre, elle, saisissait l'un des lacets qui tenait chemise fermée. Cordon tiré, la peau mordorée se découvrit doucement avant que la rondeur d'un sein ne soit dévoilé en son entier.


Oublié Judas... Le temps tout du moins que son regard se focalise sur le tout jeune Von Frayner. Avec attention, la nourrice procéda à l'approche, offrant à la bouche gourmande le bout d'un sein sur lequel perlaient déjà les premières gouttes de lait, et après s'être assurée de la bonne prise effectuée, elle releva les yeux sur le paternel, une question lui brûlant le bout de la langue.
Elle savait qu'ils avaient à se rendre au nord de la Bourgogne, et ce pour un temps bien défini. Mais qu'y aurait-il à faire une fois sur place ?
Une première fois la question avait été posée avec pour retour une réponse sans fond ni forme. Un simple " vous verrez" avait clos la discussion avant que le seigneur n'échappe à la curiosité naissante de la nubienne. Mais qu'en serait-il cette fois, alors qu'ils étaient là, enfermés dans ce qu'on pouvait comparer à une cage mobile ? Cette fois, point d'échappatoire...


Une seconde fois, elle se risqua à en savoir plus sur le pourquoi de ce voyage espérant bien obtenir une réponse plus développée que la précédente :


- Et à présent, puis-je connaître les raisons d'un tel voyage ? J'imagine aisément que je vous serais utile, autrement pourquoi vous encombrer de ma présence... Sans compter que pour Amadeus, il aurait été plus confortable de rester au Clos Saint Hermine plutôt que d'avoir à être bringuebalé en tous sens dans un espace aussi peu vivable que celui dans lequel nous nous trouvons.


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A chaque vie son début et sa fin.
" Mon agonie sera sans doute très longue, peut-être sans fin. Mais qui sait où le soleil se cache, la nuit ? Qui peut dire où les hommes se rendent lors de leur dernier voyage ?"
Judas
Frayner désigna le sein découvert du menton.

Il n'y aura jamais rien de plus invivable que d'éloigner cette bouche de ce sein, j'en gage. Ce n'est que pour cette raison que j'ai désiré que vous preniez l'enfant avec vous, il a manqué de ce qui constitue il faut l'avouer son essentiel confort. Je refuse que cet enfant manque de quoi que ce soit de nouveau...


Car là était encore une promesse qu'il avait fait, et si ce n'était pas à son épouse, c'était à la véritable mère d'Amadeus lorsqu'il l'emportait loin d'Anjou. Anaon. L'Anaon. Celle pour qui tenir une promesse prévalait de garder un indicible secret. Celle pour qui tenir une promesse n'exigeait pas de contrat. Parfois il était difficile de savoir si Judas prenait soin de son fils pour tenir une promesse ou par véritable amour de celui-ci. Par principe ou par nature? Par instinct ou par obligation morale? Par défaut de n'avoir su prendre soin de la mère? Par regret? Que faisait-elle à cet instant l'Anaon, pendant qu'il observait défiler le paysage comme si c'était une ribambelle de néant? Lui en voulait-elle toujours d'avoir manqué de son dernier fils? Lui en voudrait-elle à jamais? La pensée l'irrita. Frayner détestait que par des moyens bien qu'indépendants de la volonté d'autrui l'on le ramène à ce qu'il gardait six pieds sous tête. Comment la regarder sans avoir toujours cet air de reproches, de colère. Il s'y essaya, rauque calme et ponctué.


Nous allons acheter un cheval dans un haras pour Isaure. C'est un présent que je devais lui faire voilà longtemps et qui , la guerre aidant, est tombé en désuétude. Aujourd'hui elle réclame son dû, vous serez la part féminine du choix de l'animal... Cela m'évitera d'avoir à le vendre sous prétexte qu'il ne lui convienne pas.

Il rehaussa un sourcil comme pour s'assurer que sa curiosité fut définitivement apaisée avant de revenir au sein nourricier. Ha, tu n'as pas idée. Oui Giulia, tu seras la pièce maitresse de mon choix. Il jeta un coup d'oeil circulaire à l'intérieur du coche, dernière lubie d'icelle. La voiture cahota dans un nid de poule.


Ma Dame a des gouts souvent si... Particuliers.

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Absent jusqu'en aout!
Sathi
Main mise sur l'arrière de la tête d'Amadeus pour plus de soutien, elle replaça mieux l'enfant contre son sein s'assurant régulièrement de son confort, ce dernier étant pour l'heure considérablement restreint. Et si Judas souhaitait pour "l'enfant Roi" qu'il ne manqua de rien, Giulia en souhaitait tout autant, faisant de son giron endroit le plus douillet qui soit. D'ailleurs, depuis qu'elle avait reprit son rôle à ses côtés, après s'en être éloignée le temps de son déménagement, elle était devenue plus attentionnée encore, veillant sur Amadeus comme on veillait le lait sur le feu, lui apportant les soins comme elle l'aurait fait avec son propre fils si l'occasion lui en avait été donné. Un report d'amour qui lui faisait grand bien et qui l'aidait assurément à tenir le coup.

Regard détaché de l'enfant, elle en revint au père.

- Un cheval pour votre Dame... Une promesse à honorer donc...

Ainsi le Von Frayner était homme à honorer ses engagements et ses promesses. Aussi n'en avait-elle jamais vraiment douté. L'homme dit ! L'homme fait ! Peu importe la manière et le temps que cela lui prendrait, ni même si les dites promesses, à défaut d'être belles, pouvaient très certainement dissimuler la plus infâme des tromperies.

- Très bien ! Si je puis vous aider à choisir, mais je trouve fort dommage qu'elle ne puisse le faire elle-même. Après tout, c'est elle qui devra le monter. Et pour ce qui est de ses goûts, je n'ai aucune idée de ceux qu'ils peuvent être...

Les goûts d'Isaure... Quels pouvaient-ils bien être ? Giulia avait beau eu, et ce à plusieurs reprises, se trouver en présence de cette dernière, elle ne la connaissait pas pour autant. Pas assez pour juger que tel cheval ou tel autre ferait pour elle parfaite monture.
Tourmalines se détournant du satrape pour venir se poser sur le paysage bourguignon qui allait se succédant régulièrement et sans interruption, elle se taira dans le silence, se laissant aller à de vagabondes pensées.
Ainsi se poursuivit la suite de leur périple, monotone et silencieux. Parfois quelques paroles sans grand intérêt s'échappaient, les mains étaient mises au panier pour s'alimenter de quelques vivres...

Deux jours à n'en plus finir durant lesquels elle eut largement le temps de découvrir les plateaux bourguignons, ses plates-formes rocailleuses où s'établissaient à perte de vue les vignes, le véhicule longeant ensuite les plaines sédimentaires couvertes de grasses prairies et de champs agricoles.


Deux jours au bout desquels l'allé prit fin ! Arrivés , le coche cessa sa course, s'immobilisant. Une main nubienne écarta légèrement le rideau intérieur tiré sur le fenestron curieuse d'avoir un premier aperçu de l'endroit et ce avant que le trio ne soit convié à quitter l'habitacle. La porte du véhicule s'était ouverte sur la mine épuisée et poussiéreuse du conducteur, le marche pied déplié.

    * A qui l'honneur ?
    Vous ou moi Judas ?
    Montrez-moi, sous cet air détaché, un peu de cette bienséance dont vous ne sauriez manquer... *


La nourrice ne bougera pas, attendant de voir la silhouette Judéenne mettre pieds à terre, avec déjà l'intention de confier à ses bras l'enfant pour qu'à son tour elle puisse descendre.


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A chaque vie son début et sa fin.
" Mon agonie sera sans doute très longue, peut-être sans fin. Mais qui sait où le soleil se cache, la nuit ? Qui peut dire où les hommes se rendent lors de leur dernier voyage ?"
Judas
Il sortit en premier. Tenant la petite portière en s'appuyant dessus, tendant un bras à son fils. Lorsque l'enfant se fut logé au creux de celui ci il tendit sa senestre libre à la Nourrice afin de l'aider à descendre. C'est ainsi que l'on fait lorsque l'on a quelques notions de bonnes manières...

Parfait.

Etrange mot dans sa bouche, étrange déclaration. Judas observa Giulia avant d'observer les environs. Un domaine leur ouvrait ses portes, à non loin quelques chevaux paissaient derrière des clôtures proprettes. Le Haras semblait être l'endroit le plus cossu à la ronde, pourtant ses pierres sans âge et ses enclos de bois n'avaient rien de plus que d'autres, ailleurs. L'atmosphère émanait simplement des bestes, puissantes et libres derrière leurs entraves humaines. Animaux nobles d'hommes de terre, saint graal des conquêtes armées. Nul ne soulève une légion sans une bonne monture... Judas en avait l'intime conviction, c'était un fait. Celles ci étaient chères, convoitées, l'endroit recevait des acheteurs de toutes fortunes mais pas de toutes conditions... L'élevage en France est florissant en raison d'une part, des encouragements royaux à l'importation de reproducteurs allemands hollandais et danois et d'autre part, à un solide élevage privé, la plupart des seigneurs ayant à cœur de développer dans son fief un élevage à des fins militaires. Les croisades sont également une occasion de rapporter du sang étranger l'élevage français, il n'est jamais bon de laisser se reproduire des sangs similaires parait-il... Pour l'heure, les motifs de la visite et ses desseins ont des enjeux bien moindres.. Enfin, selon les points de vue.

Un homme les observait au loin, le Frayner l'avait déjà repéré. Il prit congé, fils au bras, le temps d'un échange bref et bien inaudible du coche à cette distance. De la voiture l'on pouvait voir un homme détendu échanger à propos de quelque chose qu'il semblait connaitre. Tout est nuance... En vérité Judas connait peu le Haras, ses chevaux, ses codes. Seigneur solitaire aux rapports équins strictement nécessaires, il n'avait jamais apprécié l'animal que pour se déplacer vite et bien, sans plus d'affect, à contrario de ses chiens. Judas échangea quelque chose avec l'homme de sa senestre gantée, de l'argent peut-être. Il revint enfin, le pas lent, comme on bercerait l'enfant silencieux qui se tient menu dans ses bras. Léger signe à Giulia.


Venez, nous allons voir un peu ce que l'élevage propose pour un bon prix.

Il se dirigea vers les écuries, suivant l'odeur significative du rempaillage. Là sous leurs yeux s'étendirent des stèles à perte de vue. Et tout autant de potentiel élu pour sa jeune femme... Le choix pourrait s'avérer difficile.. Ou pas.

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Absent jusqu'en aout!
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