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[RP] Fallait pas.

Elwenn

[Jour 1]

Fin de soirée.



A cette heure tardive l'obscurité est quasi totale, seule quelques lanternes brillent encore dans la rue principale, la ville est endormie enfin presque.
D'une ruelle, résonne une voix grave.




J'te r'trouverai sale garce!


Combien de fois lui a t on fait cette promesse?
A vrai dire elle a arrêté de les compter, c'est la raison pour laquelle ce genre de menace ne l'effraye plus.
Mais à ces mots, la rouquine se retourne avant de disparaitre dans la nuit noire et pose une dernière fois ses noisettes sur ce pauvre homme qu'elle vient de dépouiller.
Elle hausse les épaules tandis qu'un fin sourire étire ses lèvres puis son index droit se pose sur celles ci, intimant le silence à sa victime.
Tous les mêmes, les hommes.
Champions des paroles en l'air.
Et si hargneux lorsqu'ils sont touchés dans leur fierté.

La Corleone tourne les talons en soupesant la bourse plutôt bien remplie qu'elle tient dans sa main gauche sans plus se soucier de celui qu'elle laisse derrière elle.
Ce fut lui tout comme ça aurait pu être un autre.
Il est simplement passé au mauvais endroit, au mauvais moment.
Pour Elwenn, elle a obtenu ce qu'elle voulait et c'est tout ce qui lui importe!



Ce matin là

Cela fait une dizaine de jours que la rousette est dans cette ville grouillante que le fleuve traverse en son centre.
Logée dans une auberge bon marché, choisie selon son emplacement et sa tranquillité, aux abords de la cité, tout simplement parfait.

Comme chaque matin la Corleone traine du côté du marché, cherchant à dénicher les bonnes affaires et à passer le temps.
Il y regorge d'étals en tous genres, quotidiennement approvisionné de denrées venant des quatre coins du royaume, fromage de brebis, huile d'olive, tonnelets de vin de Bourgogne, poissons provenant directement du cours d'eau ainsi que des bestiaux, des outils, des armes et vêtements ...
Et c'est justement devant le stand d'une tisserande que la rouquine se plante, presque hypnotisée sur ce que ses mirettes viennent de se poser.
La jeune roussette ne se soucie guère de la créatrice en herbe pour le moment, à un point que sa main glisse dans le tissu sans en demander la permission.
Sa douceur, sa couleur, sa coupe, même son odeur, Elwenn tourne et retourne, renifle, caresse la houppelande qu'elle tient entre ses mains.
C'est que ça fait longtemps qu'elle en cherche une et elle est difficile niveau vestimentaire.
Elle en a arpenté des marchés dans l'espoir d'en trouver une qui lui plairait et jamais elle n'avait trouvé satisfaction, jusqu'à aujourd'hui!


S'il vous plait.


Sa propriétaire la sort subitement de son inspection.
Mais elle ne lâche pas pour autant l'objet de sa convoitise, au contraire ses poings se referment un peu plus autour.
Elle daigne tout de même plonger ses noisettes dans son regard interrogateur.


Combien en demandez vous?

Le loyer de la chambre est déjà payé et elle fait en sorte de toujours avoir de quoi se nourrir pour une quinzaine d'avance, les écus qui lui restent en poche sont donc pour son loisir et ses envies.

Comme vous pouvez le constater, elle comporte quelques broderies

Bien sur qu'elle l'a vu, si elle lui plait c'est justement pour son originalité!
Elwenn grimace, le prix sera en conséquence ...


J'apporte ma touche personnelle à chacune de mes créations, vous n'en trouverez pas deux pareilles je puis vous l'assurer.
Pour celle ci le prix est de 270 écus.


Les calculs fusent dans le crâne de la flamboyante, il doit tout juste lui restait 200 écus peut être moins, ça fait une sacrée différence, même en travaillant honnêtement, ce qui lui arrive de temps à autre, elle ne gagnera jamais la somme qui lui manque avant que Sa houppelande trouve acquéreur.
Un soupir s'échappe d'entre ses lèvres tandis qu'elle plie soigneusement le vêtement.
La rouquine acquiesse et ne cherche pas à négocier, elle vaut largement son prix puis elle n'est pas en position de force vue ce qu'elle va lui demander alors elle la repose délicatement sur le côté de l'étal.


Très bien, je suis preneuse!
Pouvez vous me la garder jusqu'à demain matin?


La femme semble réfléchir un bref instant en récupérant son bien.
La Corleone comprend que la tisserande accepte lorsqu'elle la voit retirer son ouvrage de la table.


Avant les douze coups de la mi journée je vous prie après elle sera de nouveau sur l'étal.

Le ton est sec mais c'est son gagne pain après tout.


Dans la soirée.

Les écus ne tombent pas du ciel, la tachetée en est parfaitement consciente.
Travailler pourquoi pas mais encore lui aurait il fallu trouver un noble offrant un salaire avoisinant les 100 pièces et ça c'était totalement improbable si ce n'est pour accomplir un sale boulot, là en l'occurrence ce n'était pas le cas, elle aurait aussi pu embobiner un vieux bourgeois comme savait si bien le faire sa jeune cousine Enaell mais la séduction était un art qu'elle ne maitrisait absolument pas.

N'ayant pas vraiment le choix, pour une fois, la Corleone habituée au détroussage se poste à l'angle d'une ruelle, bâton à la main.
Les minutes passent, les heures, sans que personne ne passe à cet endroit.
Elle commence à s'impatienter, elle bouillonne l'italienne.
Et enfin des bruits de pas dans sa direction se font entendre.
Une longue inspiration s'engouffre dans ses poumons, c'est sur les chemins qu'elle frappe habituellement pas en ville et si quelqu'un venait à la surprendre, et si la garde passait par là, et si ...
Mille questions tournent dans sa caboche lorsqu'un homme plutôt bien bâti entre dans son champs de vision.
C'est maintenant!
Dans un bruit sourd le gourdin s'écrase sur la tête du malheureux, rapidement Elwenn traine difficilement la dépouille par les pieds vers un coin plus sombre, c'est qu'il pèse un âne mort le bougre!
Assise à ses côtés elle reprend son souffle tout en surveillant la ruelle, elle n'a pas pour habitude de s'attaquer à aussi balaise mais quand on improvise il faut faire avec les surprises.
Ses forces lui reviennent doucement alors elle se traine au dessus de l'homme pour l'empêcher de se faire la malle s'il venait à revenir à lui.
Elle y met tout son poids et se met a fouiller ses poches, inconsciemment ses doigts agrippent tout ce qui est de forme ronde et plate et en sort une bonne poignée d'écus.
La commissure de ses lèvres s'étirent et plus encore lorsqu'elle tatillonne sur son flanc une bourse conséquente.
Mais l'homme revient soudainement à lui, assez vigilante la Corleone l'assène aussi tôt d'une droite bien élancée.
Une fourmi contre colosse ...
Il grogne en secouant sa tête.
Au bout de trois baignes elle se rabat sur ses bijoux de famille, la rouquine les sert si fort qu'il en tourne presque de l’œil.
Courte marge de manœuvre qui lui permet tout de même de s'éloigner suffisamment de sa victime en emportant son butin.

Avant qu'elle ne regagne la grande rue l'homme parvient in extremis à exprimer sa fureur ...


J'te r'trouverai sale garce!

Que de belles promesses ...




Remis après être parti au délestage.

_________________
--Guigone




Il est grand mais sans trop.
Brun, les cheveux courts.
Le regard sombre et fatigué.
Il n'est pas aussi musclé que le sont les soldats où les guerriers mais le travail quotidien à la mine l'a plutôt bien sculpté au fil du temps.
Le rendant fort et solide.
Malgré son apparence trompeuse de jeune homme, Guigone est plus proche de la trentaine que de la vingtaine, cela ne l'inquiète pas vraiment si ce n'est qu'il n'a toujours pas trouvé de femme et qu'il est à un âge où il devrait avoir fondé une famille afin d'avoir des enfants qui veilleront sur lui lors de ses vieux jours tout comme lui l'a fait pour ses parents.

Ses journées se déroulent toutes de la même manière hormis le Dimanche où le repos est de mise afin de rempiler le lendemain.
Réveil à l'aube, un bol de lait chaud et une tartine de miel sont engloutis avant de se rendre sur son lieu de travail, la mine, jusqu'au couché du soleil.
Casser des cailloux, voilà ce qu'il fait, c'est ingrat mais il le fait sans rechigner.
Lorsqu'enfin le contre maitre sonne la fin de leurs besognes, il s'empresse comme tant d'autres de ramasser sa paye et de rentrer rapidement chez lui.
Grâce à son héritage il possède une petite maison au fin fond d'une ruelle désertée.
Il se nettoie et se restaure copieusement.
Une fois repue il s'accorde toujours le plaisir d'aller boire une pinte à la taverne du coin.
Il aime se caler dans un coin et reluquer les belles femmes lorsqu'il y en a, parfois il tente sa chance en leur offrant à boire espérant que sa bonne étoile fasse pencher la balance en sa faveur.

Mais cette journée là …
Jamais il n'aurait cru qu'elle se termine ainsi.


[Jour 1]

La soirée touchait à sa fin, la plupart des clients avaient déjà regagné leurs chaumières, lui était encore là devant son gobelet désespérément vide.
L'homme venait de terminer sa troisième mousse.
De sa dextre il empoigna sa bourse pour en commander une de plus puis finalement se ravisa préférant garder ses écus durement gagnés pour des dépenses plus utiles.
Il allait imiter ses compagnons de beuverie.
Salutations faites au tavernier, il quitta le bouge.
Il n'avait vraiment pas prêté attention à l'heure qu'il pouvait être mais la plupart des lanternes longeant la rue étant éteintes lui firent comprendre qu'il devait être très tard.
Trop tard ...
Il n'eut le temps que de percevoir un sifflement avant de perdre connaissance un court instant, assommé par un coup reçu derrière la tête.
Guigone papillonna des paupières sans trop comprendre ce qu'il lui arrivait, des caresses au niveau de ses hanches lui arrachèrent un râle grave.
Se pensait t il dans ses rêves bien au chaud dans sa couche?
A peine quelques secondes car une gifle vint l'ébranler.
Ce léger picotement le fit revenir à lui, pupilles plantées sur le visage d'une rousse à cheval sur son abdomen, dans la pénombre d'un recoin.
S'en suivirent deux taloches de plus et un broyage insoutenable de ses attributs masculins.
Quand la douleur fut supportable il héla la bougresse qui en avait profité pour détaler avec son pécule!


J'te r'trouverai sale garce!

Tel un ultime affront la pillarde se retourna avant de s'évanouir dans l'obscurité, lui permettant de graver à jamais son visage dans son esprit .
Le brun s'en rentra chez lui, trainant la patte en rageant tout du long.
Lorsque sa colère fut légèrement apaisée par la fatigue et qu'il se décida à aller se coucher, avant de sombrer dans un profond sommeil il fit le serment que cette offense ne resterait pas impunie.
Fallait pas ...
Elwenn
[Jour 1]

Tout effort mérite repos.


Direction l'auberge et au pas de course.
La roussette fait des détours, un coup à gauche, un autre à droite.
Simple précaution.

Repère en vue.

L'entrée est fermée, elle s'en doutait, à partir d'une certaine heure la tenancière tourne la clé afin d'éviter d'être dérangée par l'arrivée de voyageurs tardifs.
Le jeune Angelo, avec qui elle s'est liée d'amitié, lui avait glissé qu'au niveau de l'arrière-cour une porte restait ouverte à l'intention des clients noctambules.
Alors la rouquine contourne la bâtisse, passe devant l'abri à chevaux et se faufile sur la pointe des pieds à l'intérieur du bâtiment.
Elle grimpe les marches deux par deux pour atteindre l'étage, sur le seuil de la chambre du gosse, bien qu'ils n'aient pas une très grande différence d'âge, elle s'arrête afin de s'assurer qu'il dort, chose faite, elle regagne la sienne.

Une bougie vacille dans la petite pièce, délicate attention du môme qui commence à bien la connaitre, elle le remerciera demain matin comme toujours.
Sourire aux lèvres, la Corleone pose les deux bourses, la sienne et celle qu'elle vient de dérober, sur la table de chevet et s'écroule de tout son poids sur sa couche.
Les bottes tombent au sol et sa tenue virevolte dans les airs avant de rejoindre sa paire de bottillons.
La voilà qui feignasse.
Allongée, elle tend le bras, empoigne les écus et en fait des petits tas.
Le compte y est.
Un large rictus étire son visage fatigué.
Précieusement, les pièces sont glissées une à une dans Sa bourse qu'elle fourre sous le coussin qui rehausse sa caboche.
Dans un dernier effort, elle se tourne et d'un souffle, éteint la mèche pour sombrer rapidement dans un sommeil mérité.
Cette nuit elle ne rêvera pas du pauvre homme qu'elle a délesté, non, elle l'a déjà oublié.
C'est de la houppelande qu'elle a réservé et qui lui appartiendra dans quelques heures dont elle va rêver.
Bonne nuit!

_________________
_angello


[Jour 2]

Repos oui mais pas hibernation!




Lasciatemi cantare
Perche' ne sono fiero
Sono un italiano
Un italiano vero*


chantonnait le jeune italien en passant le balai comme chaque jour.
L'entretien de l'auberge c'était son lot quotidien.
Sous les ordres de la grosse Marta qui ne cessait de lui brailler après, le pauvre cherchait à s'évader de son calvaire, ne serait ce qu'avec une chanson qui lui rappelait l'époque où ses parents étaient encore en vie et qu'il n'avait pas à faire le larbin pour être à l'abri .


La serpillière, elle va se passer toute seule peut être?
Et la poussière tu crois qu'elle va s'envoler?

Bouges toi donc le derrière sale vaurien où je te jette dehors!


Menaces, hurlements et ordres en tout genre lui sifflaient dans les oreilles du matin au soir mais Angelo gardait espoir qu'un jour il puisse mettre les voiles, en attendant il obéissait.

L'étage venait d'être nettoyé de fond en comble, enfin presque, seule une chambre n'avait pu être faite car elle n'avait pas encore été libérée.
Le jeunot haussa les épaules devant la porte, en quasiment deux semaines il ne l'avait jamais trouvé fermée à cette heure ci.
Son occupante qui était devenue son amie, était plutôt du genre matinal, elle avait même pour habitude de quitter les lieux avant le chant du coq.
La faim se mit à lui tirailler l'estomac, le faisant gargouiller, ce qui le ramena à son triste sort, pas de gamelle si le boulot n'était pas fini correctement.
Le premier des douze coup venait de sonner.
Angelo tira une grimace pensant que si elle dormait encore c'est qu'elle devait avoir besoin de sommeil et il ne voulait pas l'embêter mais là il y était obligé.
La cloche sonna une seconde fois.
A contre coeur il se mit à toquer à la porte jusqu'à entendre du bruit de l'autre côté, ce qui ne tarda pas.

La voix fâchée de la Corleone se mit à retentir jusque dans le couloir alors qu'elle était encore à l'intérieur de sa piaule.
L'adolescent anticipa sa sortie et judicieusement s'écarta du passage.
Au cinquième coup de carillon la porte s'entrouvrit et une furie s'en échappa, dévalant les marches à toute allure.
Le gamin ne pu retenir un rire en la voyant pour la première fois dans cet état.
Quand il eut terminé de se bidonner il entreprit de nettoyer l'antre de la rousse afin d'aller vite se remplir la panse.





*chanson L'Italiano de Toto Cutugno
traduction: Laissez-moi chanter
Parce que j'en suis fier
Je suis un italien
Un italien, un vrai
Elwenn
[Jour 2]

Rien ne sert de courir, il faut partir à point.*
Encore faut il se réveiller ...




En cette matinée un épais brouillard s'est abattu sur le village, assombrissant le ciel.
Les pupilles de la rouquine s'éveillent difficilement dans l'obscurité ambiante de sa chambrée.
Quelle heure peut il bien être?
Tôt ... trop tôt vu le peu de luminosité.
Les paupières se referment doucement, la roussette se rendort certaine qu'elle dispose largement d'assez de temps pour dormir encore un peu et arriver bien avant l'heure au stand de la tisserande.


Toc, toc, toc, toc, toc, toc, toc ....

Bruit de fond agaçant.
Elwenn se tourne et se retourne en grognant puis finalement se relève brusquement.
Elle tend l'oreille, son cerveau s'active.
Les cloches sonnent et si c'est Angelo qui frappe à la porte c'est qu'il est tard!
La couverture valse de l'autre côté du lit tandis qu'elle enfile sa tenue, du moins qu'elle essaye car ses vêtements sont éparpillés un peu partout, un bas par là, l'autre à l'opposé de celui ci.
Et elle râle en entendant les carillons continuaient de tinter!
La bourse est soigneusement fourrée dans sa besace avant de sortir rapidement de la chambre, porte ouverte avec fracas, la tignasse en pétard.
L'escalier est dévalé, direction le marché au pas de course.
Elle remerciera le gamin plus tard, encore une fois, fichtre c'est qu'elle commençait à lui devoir beaucoup à ce mioche.

Malgré le temps pourri, la Corleone doit se frayer un chemin et même en annonçant son passage elle doit bousculer les gens qui lui barrent la route.


Scusatemi!!! Scusatemi!!!**


Tic, un coup d'épaule à l'un, tac, un coup de cul à l'autre.
Enfin elle arrive devant l'étal de la couturière, celle ci l'attendant, elle lui adresse un sourire courtois.

La femme l'invite à passer la houppelande après avoir été payée, ce qu'Elwenn accepte, pressée de la porter.
Fière de sa nouvelle tenue, c'est en affichant une mine réjouie qu'elle s'installe dans un coin du fond de la taverne municipale.

Une corbeille de fruits confits ainsi qu'une chope commandées à son entrée lui sont servies.
C'est bien tranquillement que la rousse passe ses doigts dans sa chevelure pour enfin la démêler tout en se délectant d'une gorgée de bière ...




*de Jean de La Fontaine
**Excusez moi.

_________________
--Frido


[La Taverne Municipale]

La masse est la composante de l'insatisfaction. Ou celle d'une diversité unifiée qui se perd dans les méandres d'un mouvement perpétuel. Elle tient en son sein des membres entourés au mérite tout relatif, expansifs et en quête d'une aspiration futile. Ou bien des individus qui ne sont que des spectres, des ombres soumises se noyant parmi les vagues sans provoquer une once de remous. La rouquine était le centre d'un Univers où gravite mille et un corps qui espèrent défier la flamboyance des cascades que forment sa chevelure. Elle tournoie dans l'inaction, rayonnante pour une journée qui tient toute ses promesses. Celles d'avoir le ventre bien rempli, une choppe servie, une houppelande neuve fleurit de bon goût. Elwenn atteint les vertes prairies de la Félicité. Mais comme le printemps, les roses éclosent, resplendissent puis se fanent...

A l'écart du troupeau, près du comptoir, voici son autre saison. Hivernale sans aucun doute. Cherchant la proie de son jour affamé. Son physique est à l'instar de son existence, peu reluisant. Une masse imposante non pas de par sa musculature, ni sa taille en somme toute commune. Mais par les amas graisseux qui s'accrochent à ses flancs. Sa démarche est nonchalante accompagnée de saccades boiteuses initiées par une jambe exténuée de supporter chaque jour ce poids, que dis-je ce fardeau. Les traits de son visage sont autant d'harmonie qu'une cacophonie est à la musique une symphonie. Un nez émettant un son profond, maître d'orchestre d'une respiration bruyante et difficile. Son regard s'il n'inspire pas la confiance et l'essence même de la méfiance. Un léger strabisme, une coquetterie qui pour certaines peut enjôler un ensemble, à la fâcheuse tendance à lui offrir un air de simple d'esprit. Sa dentition est un collège de vide et un échantillon probant d'une mauvaise santé manifeste. Quoiqu'il en soit, après bien des verres, il hoquette sans discrétion aucune. Se tenant au comptoir comme une poutre soutien une masure. Il a repéré depuis un moment la jeune femme à la flore capillaire rouge. S'enquillant une énième chopine afin de s'accorder un semblant de contenance. Le courage de passer à l'acte, celui d'aborder la donzelle aux appas si tentants, aux dessins, aux courbures quasi parfaits.

Il s'approche lentement. Son coeur battant la chamade contrastant avec la cadence de ses pas. Le parcours entre les tablées parsemées d'ivrognes pourtant si bref, a des allures d'éternité. De quoi remettre en cause la raison même de son entreprise. Pensant au pour et au contre jusqu'à ce qu'il se trouve à sa hauteur. Alors figé par sa beauté comme un héros antique face à la méduse. Les prunelles de la Corleone le transforme en statue de sel alors qu'en réalité, elle le toise involontairement. Comme si sa présence était la définition même de la désuétude, une forme d'invisibilité. Pour pallier à ceci, il a l'audace de provoquer un timide raclement de gorge suivi d'un bien plus puissant. Sans attendre la moindre réaction, il abat ses cartes.


B'njour joliette... Comment qu't'es en beauté !

Ne sachant plus ce qui le motive, si ce sont ses pensées ou ses pulsions. Il s'empresse de déposer ses mains meurtries et graisseuses sur la croupe ravageuse de l'Italienne. Comme un conquérant plante un drapeau pour établir son camp.


Joliette, t'veux batifoler 'vec moi dans la paille de m'grange...?

La dernière de ses convives qui a eu le malheur d'accepter a achevé son oeuvre en nourrissant les cochons de Frido. Parce qu'en dehors d'être hideux et maladroit.

Monsieur est un meurtrier...
Guillelme



[Jour 2]

Il était midi.
Le bellâtre était sorti de son domaine afin de s'aérer l'esprit.
Tandis que certains regagnaient leurs chaumières pour casser la croûte, lui, préférait se rendre dans un lieu public, pour avoir un semblant de compagnie, las de se retrouvait seul à sa grande table matin, midi et soir dans son immense demeure qui ne renfermait que tristesse et solitude.
Pour traverser la place principale du village, un petit bain de foule allait être nécessaire car c'était là que se trouvait le marché.
Et malgré un temps couvert, la populace grouillait au milieu des étals.
L'homme avançait paisiblement parmi ses semblables, l'esprit rêveur et les yeux dans le vague quand il fut frôlé par une drôle de jeune femme à la chevelure rousse et au langage étrange, sans nul doute pressée.
Intrigué par le dialecte dans lequel elle semblait s'exprimer et par son apparence douteuse, il l'a suivit du regard un instant, s'interrogeant sur la raison qui pouvait bien l'animer.
L'idée première fut que ce soit une voleuse.
Mais aucune plaintes, cris, hurlement n'y laisser penser, aussi en tournant la tête afin de s'en assurer il la perdit de vue.
N'étant pas là pour faire la police, l'homme continua son avancée sans plus se soucier de ce qu'il venait de lui arriver.
Sa promenade s'arrêta au « fût sans fond » qui n'était autre que la taverne municipale où lorsque le cafard le prenait il aimait s'y réfugier.
Accoudé au comptoir devant un verre de vin rouge le brave homme discutait futilités avec le tavernier lorsque la porte s'entrouvrit et fit entrer de nouveau dans son collimateur cette fameuse rousse croisée peu de temps auparavant.
Il l'écouta discrètement demander ce qu'elle désirait et comprit alors à son « buongiorno » qu'elle ne baragouinait pas n'importe quoi au marché mais seulement qu'elle devait être Italienne.
Ce détail éveilla sa curiosité plus qu'elle ne l'était déjà.
De par dessus son épaule, il observa attentivement la jeune femme qui s'était installé à l'écart des tables occupées parfois dérangé dans sa contemplation par un hoquet émis par un poivrot non loin de lui.
Lui, cet ivrogne aux manières grossières justement, lui coupa l'herbe sous le pied.
Non pas qu'il y avait un concours dont le trophée était un tête à tête avec l'italienne mais c'est qu'il s'était enfin décidé à aller à sa rencontre et trop lent à la détente, il venait simplement de se faire souffler la place.
Le bourgeois venant de perdre le peu d'espoir qu'il avait d'égayer sa journée par le biais de cette « rencontre » pensait noyer sa frustration dans son Bourgogne jusqu'à ce qu'il l'enivre mais portant une dernière fois son attention sur la rousse il vit le corniaud se comporter de façon désobligeante.
Il échangea un regard avec le tavernier, pas besoin de discours, ils s'étaient compris et se dirigea dans leurs direction.
Le visage fermé il se planta devant eux ou plutôt lui.


Dis donc l'affreux t'es pas au bordel ici.

Il le détailla sans retenue.
Cet énergumène n'avait pas ou plus, vu son état d'ivresse avancé, sa place dans l'établissement et encore moins aux côtés de cette femme.
Il l'empoigna par le col, l'écarta de la rouquine et d'une voix sèche lui conseilla la sortie.
Si il ne suivait pas ses recommandations, aussi stupide soit il, le videur se chargerait de le mettre dehors comme un mal propre.
Sa journée ne serait peut être pas aussi morose que ça finalement.
--Frido



Dis donc l'affreux t'es pas au bordel ici.

Des paroles agressives instigatrices d'une suite déplaisante y faisant écho. Frido se fait alors des plus maladroit affichant un sourire bête le long de ses lippes épaisses. Une forme de faiblesse face à la vigueur et la posture de son vis à vis. Il n'ose émettre un soupçon de grognement ou de désaccord. Sa seule réponse est la soumission, l'écart forcé est tenu. Il fait un pas en arrière débutant alors une danse misérable. Celle d'un ivrogne boiteux. Sa volonté a défailli et son courage ne fut qu'une éphémère. Sur l'antre de la valse, lui, le monstre s'éloigne en baissant la tête mort de honte. Jetant à la dérobée un léger regard vers la belle rouquine. Ses pulsions sont encore présentes mais elles doivent se taire. Il se frappe le crâne au milieu de l'assemblée jurant contre lui même : Méchant Frido !

Puis d'un pas lourd, il se dirige vers la sortie en titubant. Il fut à l'image de son existence; pâle. Un fugace instant prenant la mesure de ce qui sommeille en lui, cette lueur que tout un chacun possède, qui jaillit comme un éclair au crépuscule. Puis termine dans une palette jaune orangée. L'éclat d'une minute devient le souvenir d'une seconde. On l'oublie et le relègue au rang des choses que ne sont pas arrivées. Comme si Frido n'avait jamais existé, comme s'il ne l'avait jamais touché. Comme si cet homme ne l'avait saisi par le col pour le faire déguerpir. En somme comme si la scène n'avait pas été jouée ou qu'elle avait été omise par les spectateurs dans ce théâtre étrange où les pièces se succèdent avec de temps à autre un mystère digne de ce nom et aux acteurs de renom.

Il s'éloigne. Elle l'oublie sans doute déjà. Alors que lui, franchissant la porte et s'engouffrant dans la ruelle à midi, pensera à cette croupe incendiaire, à ses cheveux étincelants, à son odeur... La furie devient un songe, ses pulsions des souffrances. Il abreuvera alors ses remords en se noyant dans leurs flots.

Ainsi naquit une ombre dans la nuit. Ainsi s'étiole le destin d'une vie...
Elwenn
[Au " fût sans fond "]



Femme seule ne le reste jamais longtemps.
La dextre s'active à dénouer ses mèches rousses tandis que ses noisettes furètent la pièce sans grande attention.
Les personnes présentes sont toutes à leurs occupations, devant une chope ou à discuter.
Parfois certains se mouvent et la rouquine de son coin pénard les observe en continuant de triturer sa tignasse.
Occupée à suivre l'un d'entre eux elle ne voit pas venir celui qui va perturber sa tranquillité.
Et il se campe devant elle.
Il pue l'alcool et elle n'a pas envie d'être dérangée par un soulot alors elle fait comme ci il n'était pas là.
Elle l'ignore comme elle sait si bien le faire.
Mais l'asticot est rapide dans son genre, à peine ouvre t il la bouche pour en sortir des balivernes qu'elle sent ses paluches la tripoter sans vergogne.
Par la force des choses, elle pose son regard dessus, la mâchoire serrée.
Elle en a déjà vu des pas beaux mais celui là a vraiment une sale gueule.
Ses sourcils se froncent.
Elle hésite entre lui coller sa pinte dans la tronche ou lui dire simplement de dégager mais finalement elle n'a pas à choisir.
On le fait pour elle.
Et ça l'arrange, elle n'a pas envie de se faire remarquer.
Elle a su rester discrète dans cette ville jusqu'à présent et voir ses efforts réduits à néant en l'espace de quelques secondes la contrarierait.
Le chien est tiré par son collier et renvoyé à son panier.
Son maître quant à lui reste.
Elwenn soupire et lâche mollement un
"grazie"*.
C'est un parasite pour en remplacer un autre.
Il ne se contentera pas d'un simple remerciement sinon il aurait déjà regagné le comptoir alors elle le toise froidement en signe d'indifférence espérant qu'éventuellement cela le fasse renoncer.



*Merci.
_________________
Guillelme




Bien gentiment le vilain s’exécuta et le brun le suivit du regard jusqu'à la sortie.
La porte se referma sur l'étrange silhouette du trublion.
Il n'était pas chevalier dans l'âme mais il ne pouvait tolérer que l'on se comporte de la sorte avec la gente féminine.
Il avait dorénavant champs libre pour aborder la jeune femme.
Son corps gracile pivota légèrement.
Il lui adressa un sourire et bien qu' il eut remarqué un certain désintéressement de sa part, il tira tout de même une chaise et s'installa en face d'elle.


Permettez?

Pas de réponse.
Qui ne dit mot consent et puis il était déjà installé.



Je me nomme Guillelme.
Mais tout le monde m'appelle Guy.



Le brun s'évertua à faire la conversation, posant tout un tas de questions banales, allant même jusqu'à parler de la pluie et du beau temps ...
Parfois il eut droit à une réponse mais aucune n’excédant plus de trois mots ce qui était toujours mieux que rien.
Lorsque la rouquine eut terminé d'engloutir sa corbeille de fruits, elle procéda à un léchage scandaleux de ses doigts.
Cette manœuvre l'hypnotisa.
Il secoua vivement la tête pour enfin parvenir à détacher ses prunelles fixées sur les lèvres de l'italienne et lui proposa par politesse un mouchoir brodé à ses initiales.
Ce simple geste sembla enfin attirer un minimum son attention, il eut même droit à ce qu'il n'espérait plus, un sourire de sa part.
Était ce vraiment pour le geste?
Ou était ce parce qu'elle avait remarqué la gêne que son comportement venait d'occasionner?
Les joues creuses de l'homme s'empourprèrent.
Son regard fuyant, cherchant quelque chose à contempler autre qu'elle, du moins le temps que le trouble en lui s'estompe.
Ainsi il se rendit compte que la journée avait filé, la lueur à l'extérieur se faisait opacité.
Malheureusement le bourgeois se devait de retourner à ses obligations.
Il se leva, la mine assombrie.
Un dernier sourire en la toisant tandis qu'elle lui tendait le tissu prêté un peu plus tôt.
En bon gentilhomme, il lui pria de garder son mouchoir certain de la revoir dans les jours à venir.
Elwenn

Malgré une mine réticente clairement affichée le bougre la gratifie d'un large rictus tout en s'incrustant à sa table.
Le pauvre n'a pas conscience de ce qu'il l'attend.
Elwenn n'est pas d'un naturel sociable, c'est une jeune femme au caractère sauvage que l'on apprivoise difficilement.
Il a à peine ouvert la bouche que déjà il l'agace alors elle soupire pour le lui faire ressentir et cela fait aussi office de réponse.
Qu'elle dise oui ou non cela ne changera pas grand chose, l'inconscient s'est empressé de s'installer avant même d'en demander la permission.


Je me nomme Guillelme.
Mais tout le monde m'appelle Guy.


Elle lève les yeux au ciel, Guy, il a un nom à coucher dehors et à vrai dire elle s'en contrefout littéralement peu importe qu'il s'appelle Jean ou Albert.
Évidemment il continue de passer outre son apathie, s'en suit un véritable interrogatoire.


Et vous c'est quoi votre petit nom?

Noisettes plantées dans ses azurs.
Elle hésite à lui répondre une absurdité telle que Cunégonde mais fichtre qu'il a de beaux yeux.
Elle se ravise, son jugement vient légèrement de changer à son égard.
Après tout il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis hein.
Puis il est élégant, a de bonnes manières et surtout un regard à faire fondre la glace!


Hmm Elwenn ...
C'est très joli et peu commun.


Ah ben si en plus il lui fait des compliments ce n'est pas que la glace qui va fondre mais elle aussi.
Comme quoi il suffit d'un rien parfois.
Mais elle reste néanmoins sur ses gardes.
Hors de question de succomber à son charme, dans le rayon zigotos allumés du ciboulot elle à déjà donné et cette fois elle se fera pas avoir!


Grazie c'est de l'italien si je ne me trompe pas.

Haussement de sourcil Corleonien.
Perspicace en plus de ça.
Elle acquiesce tout simplement.


Les italiennes sont de très belles femmes.

Elle n'a qu'une envie ... qu'il se taise.
A ce train là elle va finir par craquer et devenir aimable, elle le sent.
Alors la rousse se fourre un fruit confit dans la bouche histoire de calmer ses ardeurs et de continuer de feinter l'indifférence.


Où est ce que vous logez? Si ce n'est pas trop indiscret.
C'est que je connais de bonnes auberges alors si je peux vous aider à en trouver une de plus confortable j'en serais ravi.


Pourquoi pas. Seulement elle a la bouche pleine et il lui faut répondre.
Avec empressement elle mâche, mâche, mâche tout en évitant de s'étouffer.


Chez Marta.

Très bon choix.


Et la conversation continue ainsi sans plus vraiment déranger la rouquine qui entre deux questions avale le contenu du panier qui fait office de déjeuner.
L'après midi touche à sa fin, le temps a défilé sans qu'aucun des deux ne s'en rende compte.
Il est l'heure pour le brun de partir.
Ils en resteront là et c'est très bien, bien qu'être en possession de son mouchoir signifie qu'il espère la revoir mais la rousse n'y pense pas pour l'instant.
Chaque chose en son temps.
Elwenn termine sa chope et fait de même, en traversant la taverne le visage d'un homme l'interpelle, il lui semble familier et pourtant elle n'arrive pas à savoir d'où elle peut bien le connaitre.
Elle continue son chemin sans s'attarder et rentre à l'auberge.
Le jeune Angelo l'attend bien sagement sur la dernière marche de l'escalier semblant s'ennuyer.
Un franc sourire aux lèvres la rouquine s'assied à ses côtés tout en lui ébouriffant sa toison blonde.


Hé merci pour ce matin ... et pour le reste aussi.

Elle sort de sa besace un petit paquet de caramels mous qu'elle a acheté en cours de route et le lui tend en le fixant d'un regard bienveillant.

Ça te dit qu'on aille se promener tout les deux demain?
Quand t'auras terminé tes corvées évidemment ...


Elle est bien consciente que sa situation est compliquée et ne veut pas qu'il ai d'ennuis à cause d'elle cependant elle voudrait lui changer les idées.
Le sortir de son quotidien monotone pour une fois.
La proposition semble le réjouir, elle est donc acceptée.
Ensemble ils dévorent les friandises tout en planifiant leur escapade dans la joie et la bonne humeur.

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_angello




[Jour 3]

Je ne suis pour toi qu'un infime grain de sable dans un désert ...




Début de journée ordinaire ... corvées, ordres, hurlements, soumission en quelque sorte mais le blondinet en était réduit à cela en attendant de gagner sa liberté un jour.
Viendrait l'âge où il pourrait voler de ses propres ailes, où le pain quotidien serait gagné autrement qu'en obéissant à une vieille mégère, peu importe les moyens, ce jour arriverait, il le savait, il l'attendait.

Cette journée était différente et pourtant elle aurait pu être comme toutes les autres.
Le temps était tout aussi maussade que la veille, si ce n'est plus.
Les vieux prédisaient l'arrivée de la neige.
Grand changement météorologique, eux qui étaient habitués à la pluie ...
Il était toujours au service de la grosse Marta, à devoir faire le sale boulot sans piper mot. D'ailleurs il s'activait drôlement à la tâche.
Une fois son travail terminé il serait libre, libre d'aller avec Elle.
C'est ce en quoi cette journée serait différente des autres, passer une après midi avec la rousse flamboyante, rien de bien exceptionnel mais pour lui ça l'était.
Il combattait le temps, virant les poussières à grand tour de bras tandis que de l'autre main il remuait le balai.
La clochette de l'accueil tinta. Évidemment sa patronne ne lèverai pas le petit doigt, c'était à lui d'y aller.
L'adolescent avait immédiatement rangé tout son matériel dans un coin prévu à cet effet, décrétant que l'étage était bien assez propre et qu'il n'allait certainement pas s'amuser à faire des aller-retour dans l'escalier qui seraient plus une perte de temps qu'autre chose et ça c'était hors de question.
Il serait prêt quand Elwenn viendrait le chercher!
Un grand brun l'attendait en bas, les poings fermés sur le comptoir entre lesquels était posé un morceau de papier chiffonné.
Angelo fit un simple hochement de tête pour l'inviter à formuler sa demande, il avait déjà croisé cet homme à plusieurs reprises dans le village et il ne lui inspirait pas confiance.


C'est bien ici que loge ... Elwenn?
Je m'appelle Guy ... donne lui ceci de ma part.


L'échange avait été des plus brefs, le gamin avait hérité d'une mission des plus faciles, payée d'une jolie pièce.
Il transmettrait le message si il n'oubliait pas que celui se trouvait à présent dans le fond de sa poche.
Le blondinet profita de cette accalmie pour se faufiler dans la caverne d'Marta sans avoir à prononcer de formule magique pour que celle ci s'ouvre, il y déroba deux flasques d'eau de vie, lui de son jeune âge qui ne buvait pas c'était énorme mais rien n'était trop beau pour elle et puis il ferait le grand, goûterait pour se donner bonne allure, l'accompagnerait.
Il les rangeait discrètement dans sa sacoche quand l'italienne couverte de flocons fit son entrée.
Nul besoin de se faire prier, le petit italien était à sa botte, sourire fendant un visage triste un instant avant.

L'après midi passa entrecoupée de batailles de boules de neige, de ricochets sur le fleuve en se gavant de marrons chauds et d'échanges plus où moins pertinents.
Elle s'était intéressée à lui, l'interrogeant sur son passé, la raison de sa présence à l'auberge ... il n'avait pu que lui répondre la triste vérité, son avenir s'était tracé lors de la mort de ses parents, Marta avait été la seule à vouloir de lui, travailler pour elle n'était rien comparé à errer dans les rues à quémander, sans toit assuré la nuit venue, son destin s'était tracé tel un malicieux jeté de dés.
Assis sur une souche au bord de l'eau, lui s'était risqué à comprendre pourquoi son vécu était gravé dans ses chairs.
Visage marqué par des rencontres lui avait elle dit ... Tout comme le flanc de son cou ... Une sorte de mise à l'épreuve, tels avaient été ses mots.
Suite à cela il n'avait eut de cesse de porter son regard à ces endroits, haïssant du plus profond de lui même ceux qu'elle avait rencontré qui, habitaient par des intentions impures, avaient pu abimer sa peau à l'apparence si délicate.
La nuit était venue interrompre ce petit bonheur hors du temps et raisonnables ils s'étaient mis en route vers l'auberge pour se rentrer bien au chaud avant que l'obscurité noircisse entièrement le village.
Sur le chemin du retour, mains dans les poches pour éviter les engelures Angelo s'était souvenu qu'un billet croupissant au fin fond de celles ci était destiné à la Rousse, il lui avait donné bien qu'il fut dans un état pitoyable après une journée à crapahuter.

Le silence avait suivi après la lecture des quelques mots à la lueur d'une bougie ornant une des rues principales.
Soucieux du froid qui s'était installé entre eux, à quelques pas de leur confort, le blond s’évertua a briser cette glace déplaisante.



Des ennuis?
Non, du tout!


Le petit rire de la Corleone tinta entre les murs des chaumières éteintes jonchant leur chemin.

Une histoire de chiffon ...
J'ai en ma possession malgré moi, le mouchoir d'un petit bourgeois et il a l'air d'y tenir plus que je ne le pensais, je dois lui rendre ... ce soir.


Si elle semblait prendre cela à la légère, lui, ayant entraperçu l'homme en question n'en restait pas moins sur ses réserves.
L'auberge se dressa devant leur yeux, mettant un terme à cet aparté.
Contournant la bâtisse pour entrer en douce, la rousse s'arrêta, bottes ancrées dans la neige, un doigt désignant l'abri à chevaux où une silhouette immobile était clairement discernable.
Nul besoin de discours, il venait de comprendre.
Bref regard vers cette ombre mauvaise qui lui intima de prendre Elwenn par la main et la forcer à renter à l'intérieur seulement ...


Méfies toi Elwenn...

Elle avait bu plus que de raison et cela était de sa faute, deux flasques, il n'avait bu que trois pauvres gorgées qui avaient embrasé sa gorge pour se donner un certain genre et elle, elle avait avalé le reste.
Maudit soit il.
Il la regarda s'éloigner, laissant la trace de ses pas dans la poudre blanche alors que lui rentrait déjà sur la pointe des pieds dans l'auberge un mauvais pressentiment lui rongeant les entrailles.
Guigone



[Jour 2]

Il s'était juré de la retrouver et c'était chose faite.

Quelle n'avait pas été sa surprise quand il l'avait vu entrer dans la taverne municipale alors qu'il était simplement venu se mettre un morceau sous la dent comme à peu près chaque jour.
Il n'avait plus à la chercher, elle était là, tout près, des frissons lui en parcouraient le corps.
Patience à rude épreuve, patience mise à profit.
Il ne ferait pas d'esclandre en public.
L'oreille tendue, il avait écouté la conversation avec attention et en avait tiré les informations nécessaires.
L'auberge citée, il connaissait, que ce crétin d'embourgeoisé de Guy ai discuté avec elle était une réelle aubaine.
Dans sa tête, il imbriquait chaque pièce du puzzle qu'allait être son piège.
Elle allait payer l'affront qu'elle avait eu l'erreur de commettre.
Bientôt, demain!


[Jour 3]

À la première lueur du jour, il s'était mis au boulot, tissant sa toile d'un naturel déconcertant.
Dénichant un vieux bout de vélin trainant dans un coin, il se mit à rédiger d'une écriture soignée quelques mots, qui auraient tout aussi pu être celui d'un autre.
Il ne laissa rien au hasard, il avait eu la nuit pour réfléchir au moindre détail, de ce fait, il ne signa pas vraiment et ne s'étala pas sur le lieu de rencontre, elle était obligée de passer devant.



Citation:
Vous êtes détentrice d'un bien qui m'appartient et que je désires avoir à nouveau en ma possession.
Je vous attendrai sous l’appentis, ce soir.

G.



Il n'avait plus qu'à faire passer le message.
En fin de matinée, il s'était rendu à l'auberge, où soit disant elle louait sa chambre, dans l'entrée, les mains posées sur le billet, il attendit qu'on vienne confirmer qu'elle se planquait bel et bien ici.
Il confia au gosse le soin de lui transmettre son vélin, joint d'un écu pour qu'il accomplisse sa tache, en n'omettant pas le fait de se présenter sous un nom, qui ci il le lui était rapporté, la mettrait en confiance ...
Bien que jusqu'ici tout ne fut que vérité; elle lui avait volé son argent et il souhaitait le récupérer, il s'appelait bien Guy, bon ok Guigone mais Guy laissait suggérer que ce serait l'autre andouille de Guillelme, puis il ne mentait pas vraiment au fond, à lui aussi il arrivait qu'on l'appelle ainsi.
Il était obligé d'avoir recours à ce stratagème, parce que franchement une brigande qui accepte de revoir celui qu'elle a dépouillé pour lui rendre son fric restait tout de même rare ...

Au bon endroit, à la bonne heure, à moins qu'il soit arrivé en avance ou était ce elle qui était en retard?
Non, il n'y avait tout simplement pas d'heure précise ...
La neige avait effacé la trace de ses pas tant cela faisait longtemps qu'il attendait, le froid lui piquait la peau, l'air lui brûlait les poumons et l'agacement s'accroissait avec le temps qui s'égrainait.
Il n'y avait pas un chat à l'horizon mais il restait persuadé qu'elle viendrait ou passerait au moins par là.
Dans la faible lueur que diffusaient les derniers lampions de la rue, il l'aperçut au loin, flanquée du gamin, se diriger mollement vers l'établissement.
Il ne bougea pas d'un cil, elle ne le démasquerait pas avant d'être à un pas de lui, cela lui laisserait suffisamment de temps pour réclamer ce qu'elle lui avait pris.
La rousse s'avança d'une allure légèrement ballante dans sa direction sans paraitre se douter de la supercherie tandis que le môme se rentrant au chaud, fermait la porte derrière lui.
Les poignes crispaient il suivait sa progression.
Qu'allait il dire? Ça il n'y avait pas pensé ... Il avait rudement réfléchit au plan pour l'amener jusqu'ici, il ne pouvait pas penser à tout.
La taloche, avant ou après? Peut être les deux.
Presque à portée de souffle, il observa la grimace s'afficher sur la gueule de la rousse qui n'avait pas l'air bien fraîche.
Surprise!
Lui, étira ses lippes en la voyant se décomposer.


Je t'avais bien dit que je te retrouverais.



Un pas de plus, cette fois c'est lui qui menait la danse.
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