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[RP] Pieds dans l'eau, tête dans les étoiles... peut-être !

Marival
Caressant la tête de son chien jaune, Marival réfléchit... Eh oui, ça arrive qu'une femme réfléchisse, surtout quand elle est brune. Non pas que les blondes ne réfléchissent pas, mais... on sait quel esprit on leur prête ! Donc la jeune fille songe, appréciant le contact des poils de son compagnon d'infortune ou de fortune, ça dépend des jours. La brave bête dort, mais elle sait qu'il ne roupille que d'un oeil, car il prend son rôle de défenseur de sa petite maîtresse très au sérieux.

Les pieds dans l'eau des bords de la Dordogne et le nez au ciel, en regardant toutes ces étoiles qui brillent au firmament, Marival se repasse toute sa jeune vie, en se demandant ce qu'elle fait sur cette bonne vieille Terre. Résultat d'un coït dans les bas-fonds d'une ville dont elle ignore tout, elle est née il y a une quinzaine d'années - à peu près ! -. Une femme de petite vertu et un soldat en campagne, lui ont, parait-il, servis de géniteurs. De sa mère, elle ne se souvient point. Elle a été élevée par une vieille femme, qui aurait pu être sa grand-mère légitime, une maquerelle de sa mère ou autre inconnue, elle n'en sait rien. Éduquée chichement, mais sans mourir de faim toujours, petite, vive, intelligente, sensuelle et jolie comme un cœur, elle aurait pu faire la "putain" comme sa mère. Mais non, cela lui a été épargné ! D'ailleurs, elle a souvenance d'un homme sale et puant, à qui elle a écrasé d'un bon coup de genoux bien placé les attributs masculins avant de prendre ses jambes à son cou, accompagnée du chien jaune de la maison. C'était le soir où la vieille a été assassinée, par quelques malotrus. Elle devait avoir une dizaine d'années à l'époque.

Depuis, elle se débrouille, chapardant quand elle n'a pas le choix, vendant ses bras à défaut de sa vertu, elle a toujours réussi à s'en sortir.

Cependant, ce soir, elle ressent une profonde solitude. Le manque de "famille" sans doute, qui doit lui peser. Elle a bien fait quelques tentatives, pour être acceptée, ici ou là ! Mais trop franche et directe, elle a toujours fini par se faire mal voir, mal comprendre, mal aimer. A l'âge où les filles de bonne famille sont quasiment toutes mariées ou fiancées, elle se sent désespérément seule parfois, sans jamais le montrer. Il n'y a guère que des nuits comme celle-ci, face à un paysage d'une grande sérénité, que l'angoisse et le chagrin risquent de l'étreindre.

Malgré sa peine qui s'exprime par deux larmes qui coulent le long de ses joues, discrètement, presque honteusement, car elle s'empresse de les essuyer d'un revers de main rageur, elle reste sur ses gardes. Elle sait que c'est dans ces moments-là qu'elle est le plus fragile, face aux possibles attaques sur sa personne ou sur ses maigres biens. Sa fine dague n'est jamais loin de sa main. Plus exactement, c'est la paume de sa main droite qui prend souvent ses quartiers sur le pommeau de celle-là !

Justement, elle entend un craquement de brindilles non loin d'elle. "Chienjaune"se redresse doucement, les oreilles aux aguets, et tournant la tête vers le bruit, il retrousse ses babines et est prêt à bondir, à la moindre attaque, ou au moindre geste ou sifflement de sa maîtresse. Plissant les yeux, comme si cela lui permettait de mieux entendre, elle tourne très légèrement la tête vers sa gauche. Il lui semble que le bruit vient de là. Animal ou humain, elle guette le plus petit signe d'une approche à pas feutrés. Un pas.... un second. Cela s'arrête. Quelques minutes plus tard, cela reprend : un craquement, un froissement d'herbe jaunie par le soleil... un troisième bruit, dont elle ne sait si c'est un feulement ou un glissement. Pas de doute, quelqu'un ou quelque chose s'approche. "Chienjaune" se plante sur ses pattes, et émet un grognement sourd...

Elle sort nonchalamment ses pieds de l'eau fraîche, et change de position, se mettant à genoux, prête à bondir dans le sens opposé d'où vient le bruit...

La main se referme sur le cuir et l'acier du manche, les mâchoires se crispent, les narines se dilatent, et le battement de son coeur s'accélère...

Mentalement elle dit à l’intrus : " Approche, approche ! Chienjaune et moi, on t'attend... "
Polelejeune

Les nuits sont étouffantes en ce début de juillet de l’an 1461. Pour trouver un peu de fraicheur, quoi de mieux que les abords d’un long fleuve moins tranquille qu’il n’en paraît.
Pole est preneur.

Malgré ses quinze ans, Pole a déjà une vie bien lourde. Son enfance chaotique, comme il aime s'entendre dire.
Il ressasse ses antécédents mouvementés. Pole hausse légèrement les épaules, mais n’était ce pas le lot en ce monde impitoyable pour tous les jeunes gueux de son âge ?
Bref, il s’en pose des questions, encore des questions et comme la plupart du temps, il n’avait pas, à son grand malheur, les réponses satisfaisantes, et par habitudes, il en haussait à nouveau les épaules.
Néanmoins, quelques brides de bons souvenirs refont surface...
Pole le Jeune en sourit, comme sa rencontre avec le vieil homme, celui qu’il nommait affectueusement le vieux…
Le rouquin ne devait pas avoir plus de 5 ans et déjà, une certaine maturité, celle du ventre, la seule qui ordonne en certaines situations. Pole s’en souvient comme si cette rencontre était de la veille. Il en voit les moindres détails, la nuit noire, un arbre dont les branches voutaient un chemin creux, le saut de l’ange, son cri de gamin : La bouze de ta vie... Et le choc avec le casque du titan, son créditeur pour les années à venir. Aujourd’hui, il en sourit encore, mais il en aurait fallu de peu, pour qu’il tombe sur une âme sans scrupule qui l’aurait certainement laissé sans vie. L’ancien, lui, en avait hurlé…de rire.
Comme Pole n’avait pas de nom, il lui avait donné le sien, Pole et avait ajouté Le Jeune, pour ne pas les confondre.

En cette soirée, Pole trouve une occupation sur les berges de la rivière.
La terre étant plus grasse en ce coin, il trace des traits et des courbes avec un petit bout de bois. Il aime faire évoluer le néant par une action personnelle. La détente physique et parfois morale, est palpable, ça l’apaise, le Pole.

POLE XV ANS
MERE DECEDE
ANCIEN DECEDE
PERE INCONNU …EN VIE…

Son avenir familial, étaient plus ou moins tracé, c’était son dernier secret.
Le dernier qu’il venait d’apprendre. Celui qui devait changer la vie de ce présent. En était il assez fort ?
Était-il assez construit pour cette nouvelle épreuve ?
Le jeune rouquin balaye de traits saccadés ses écritures sur le sable, cela est une autre histoire.
D’un geste rageur la plume improvisée va rejoindre le ballet d’objets flottants non désirés.
Elle prend position, puis en bon sens, se laisse emporter sans aucune résistance, certainement trop heureuse de connaitre d’autres rivages.
Le jeune Pole se redresse vivement, l‘objet vient de disparaitre mais ses jeunes pensées sont à nouveau malmenées. .
Connaitre d’autres rivages…C’est une évidence…Mais comment s’y prendre ? Il se doit d’en apporter réponses et pour se faire, quoi de plus aisé qu’un vieux parchemin, une plume et de l’encre. Il a tout cela dans sa masure.
Il remonte d’un pas forcé, les berges. Mais un regroupement de ronces lui en barrent l’ascension.

Triple andouille, tu t’es gouré…C’est pas par là...
Il gravite un peu plus loin, le résultat est pire.
Par là...comme pour se convaincre que ce n’est pas une fin en soi, va bien réussir à trouver son passage. A quelques encablures aussi délicates, les unes que les autres, il trouve une ouverture en forme de souterrain. Certainement un passage de sanglier ou de chevrette. L’eau attire, faudrait pas faire une mauvaise rencontre. Pole serre son bâton un peu plus fort. Mais il ne peut le trainer que derrière lui, la hauteur du passage ne pouvant faire autrement. Il avance lentement et trouve enfin une sortie, il aperçoit en contre bas...Encore cette foutue berge.
Mais enfin...Pas possible, tu vas dormir sur place…
Il se pose, l'analyse de telle situation en sera plus juste, scrute la nuit et se fige quelques instants.
Là aux abords du flux sombre, deux ombres se détachent. Une rencontre amoureuse, sans aucun doute. Le môme de quinze ans, ne voudraient pas interrompre l’idylle. Il avance à pas feutrés.

Morte bistouille, mais pas possible, les fourrés sont encore plus épais par ici.
Ces vêtements s’accrochent aux lianes subtiles, collantes et dont certaines ont eu bonne idée de naitre avec des rejets bien coupants.
Il lance son regard vers la sombre berge, ces foutues ronces aimantes ne lui laissent pas le choix. Il doit passer par là. Il tient son bâton un peu plus fermement, la nuit, les rencontres ne sont pas toujours les plus souhaitées et Le Pole n’est pas du genre très costaud.
Il essaye de se dégager de ses maudites broussailles, il se doit marquer présence, ça évite les hostilités à venir, quoique...

Morte couille, mais tu vas me lâcher ! Sa rage d'échapper à ces mains langoureuses, décuple son geste.
Et d’un coup sec, enfin, il retrouve sa liberté. Mais que nenni, les aimantes sont du genre à vous libérer quand l’envie leur prend, les garces.
Le Pole entend un craquement, comme une déchirure.
Surpris il se retourne brusquement.
NNOOON... pas mes braies. Mais avant de mesurer tel délit impensable, une main invisible le libère dans un craquement sec, ses pieds ne touchent plus le sol, son corps est projeté jusqu’au chemin de trait, en contre bas, une interminable chute.
HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

Enfin, il s’écrase lourdement aux pieds des ombres, la face pleine de limon.
P¨peuh...PPPeuh...
N'y voyant pas grand chose, il ose un :
Choirée belle…Pouchles amouchleux…Ne fais que pacher…Moich pas dérancher …
Chienjaune
L'animal s'est retourné au grand fracas de branchage, il montre les crocs et grogne... gentiment.

- Gggggggggggrrrrrrrrrrrrrr rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr !

Il n'a pas trop le temps de réagir qu'il se retrouve nez à truffe avec un lourdaud... maigrelet, et débraillé, qui vient de dévaler la pente...

- Choirée belle…Pouchles amouchleux…Ne fais que pacher…Moich pas dérancher …

"Ouaf ?" Se dit le chien... "Il aime la boue, comme moi !"

L'étranger, qu'il renifle consciencieusement, lui semble plus sympathique et surtout moins dangereux que de prime abord... Et comme sa maîtresse éclate de rire, il suppose que l'autre veut jouer, et lui lichouille la face avec application, goûtant la vase qu'il avait sur le visage...
C'est certainement mieux, pour un humain, d'avoir la figure pleine de salive de chien que de vase nauséabonde ! Non ???
Marival
Marival, le sourcil froncé, a bondi au premier bruit, et la main sur la dague a fait aussitôt volte-face, pour voir dégringoler un homme ou plutôt un homme jeune, vue sa stature... jusqu'à ses pieds. Chienjaune qui avait commencé par grogner, se met à lui lécher le visage avec passion : il adore le goût de la vase ! Plus ça pue, mieux il aime !

- Choirée belle…Pouchles amouchleux…Ne fais que pacher…Moich pas dérancher …

- Eh bien l'ami, te voilà débarbouillé ! Chienjaune s'en est chargé... Mais tes braies sont restées là-haut ! Te voilà cul nul..
.

Elle n'en peut plus de rire, écroulée qu'elle est, tant l'image est drôle. Le cul du jeune homme, fort blanc, fait la nique à la lune qui le regarde. Un peu plus, et elle se demanderait qui, de la lune ou du fondement du jeune homme est le plus blanc. Elle rit tellement qu'elle en bascule en arrière et se retrouve à barboter dans la Dordogne, à quelques brasses de la rive. Et même dans l'eau, elle rigole encore ! Elle parvient, toutefois, à se rapprocher de la berge et à remonter dessus... Trempée, mais hilare, elle attrape sa cape qu'elle avait posé près d'elle, et la lance à l'inconnu.

- Tiens ! Couvre-toi ! Que mon chien ne prenne pas ton appendice pour une saucisse... Manquerait plus que ça !

Tout en parlant, elle ramasse quelques brindilles, des branches mortes un peu plus loin, et se dépêche de tenter d'allumer un feu. Lui à demi nu et elle mouillée comme une guenille pour laver par terre, il ne faudrait pas qu'ils prennent froid ! En quelques minutes, un joli petit feu.

- Faut que je me change...

Elle fouille dans son baluchon, et en sort une tenue sèche...

- Si tu as besoin d'aide pour aller chercher tes braies là-haut, je demanderai à Chienjaune. Il te les ramènera, pour sûr ! Je ne sais pas dans quel état, mais toute façon, ça doit être déjà bien déchiré !

Ce disant, elle se dévêt prestement, offrant son jeune corps de toute jeune femme à la clarté de la lune, et au regard du jeune homme... mais bon, à la guerre comme à la guerre, faut c'qui faut hein ! Va pas attraper la mort pour préserver la pudeur du garçon !
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