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[RP] Les derniers jours d'une condamnée

Arnan
Le géant ferma les yeux lorsque la main froide de la matriarche se posa sur sa joue. Prenant cette dernière, y posa un baiser dans sa paume, avant de la fermer et de la lui rendre. Na, y l'avalait de travers celle là.

S'relevant, y salua brièvement, et avec du retard, joy qui faisait son entré, se pieutant sur la table la plus proche pour teté sa bouteille de rhum.


Aller, buvons avant qu'on n'puisse plus. C'va aller, c'pas la fin du monde non plus.

Haussant un sourcil, le gaillard tourna la tête vers la blonde. Ou le semblant de blonde.

Z'allez bien vous occuper de la Famiglia, hein ? Que j'parte rassurée au moins et que j'puisse profiter d'mes derniers jours... Parce que là y a des p'tits nouveaux à mater. Faut qu'ils soient forts pour la suite... Va falloir s'y mettre à plusieurs.

Le deuxieme sourcil se haussa. Ouais, elle causait surement à Joy, y était pas même foutu de prendre soin de lui même, alors d'quelqu'un d'autre, bouah, l'horreur.

Y avait jamais été Corleone. Y avait que suivit la troupe du temps où elle était encore potable. Pour ce qui en pensait, ça avait reviré aussi pire que les Lycans du temps où Kachi était cheftaine. Boff, y voulait pas en parler, pas écouter.

Jetant un coup d'oeil à l'italienne, y resta silencieux. C'tait peu dire, y était venu ici en un coup de vent et se retrouvait maintenant avec une amie quasi morte dans les bras, et une ambiance lugubre, de quoi avoir envie de foutre le camp. Mouais... Y aurait bien envie d'foutre le camp.

Se relevant, y commanda une autre bouteille pour la route à la tavernière qui le regardait avec encore ce mauvais oeil. Hé! y était pas si moche. Vrai? ou.. faudrait un miroir. Faudrait un miroir, en bref, pouilleux, mais tout aussi affreux.

Lui jetant quelques écus, y se tourna vers les deux buveuses silencieuses, s'approchant de la blonde en quelques gestes lourds, pour lui murmurer, ce qu'elle seule entendit...


Questa sera, si trovano, si dormirà e che sogni, ma solo se posso avere la vostra fiducia.
[Ce soir, tu te coucheras, tu dormiras, et tu rêveras, mais seulement si j'ai ta confiance.]

Sur ce, y glissa un baiser sur le front de Rod, salua d'un geste Joy, et sorti, se petant toutefois la tête au rebord du cadrage de porte, ce qui lui arracha un grondement irrité. Bof, y avait des trucs qui changerait jamais.
Jenifaelr
[Languedoc - Boissières plaine Vaunagienne]

Dans le petit bureau de la Vitalis, Rosalie fit son apparition :

"- Signorina Jenifael? "
"- Oui Rosa? "
"- Una lettra della signora Rodrielle Corleone "


La Rose ouvrit la lettre, se précipitant.La lu.



Jenifael,
Mia cugina, Mia bella

Voilà une lettre peu commune et qui pourtant est envoyé à beaucoup d’entre vous, ma famille, mes amis. Une lettre de mauvaise augure, comme tu peux le comprendre à l’instabilité de mon écriture. Et encore, je m’estime heureuse de pouvoir l’écrire. Donc je vais faire court.

Ma santé se dégrade. Amalio m’aide à tenir le coup avec ses remèdes de sorcier, mais je n’en ai plus pour longtemps. Je garde ça pour moi depuis trop longtemps. J’aimerai vous revoir une dernière fois, toi, le reste de la Famiglia, et quelques unes de mes vieilles connaissances… Histoire de ne pas vraiment partir comme une voleuse. Je n’aime pas faire dans les sentiments, mais cette fois-ci j’y suis contrainte. Alors je mets ma fierté de côté pour quelques temps.

Ne t’inquiète pas pour autant. J’tiens le coup, encore.
Prends soin de toi.

Ciao.
Rod.


La Rose sentie dans sa poitrine son coeur se serrer, comme si quelqu'un s'amuser à le serrer dans le creux de ses mains avec force. Elle grogna. Se leva brusquement et laissa Rosa s'occuper de sa folle de soeur, de ses filles. Ouvrant toutes ses malles, elle en sortie une tenue de voyage, braies et chemise masculine, sombre, bottes, armes, s'attacha les cheveux en une tresse épis de blé et partie trouver sa cousine. Trouver une équipe de mercenaire se nommant fièrement Corleone, c'était vite fait. Une bourse remplit pour se payer de la nourriture, c'est tout ce qu'elle avait pris. Les brigands n'avaient pas le temps de l'arrêter, elle leurs fila entre les pattes à toute allure, ce qu'ils virent seulement c'était une robe sombre galopant, une masse blonde vénitienne au vent et une traîné rouge sang, sa cape.

[Chinon]

Elle espérée ne pas arriver trop tard, ne pas avoir traîné. Qu'importe si les cheveux n'étaient pas aussi beaux que d'habitude, si le visage semblait un peu fatigué ou si son ventre gronder, du temps gagné par la blonde en refusant de manger autant que les désirs de son corps. Elle chercha les Corleone, dans les tavernes, réclamant celle où se trouver une blonde tatoué et à l'air surement pâlot, là où se trouver un brun, fumeur de pipe. Rodrielle avait parlé d'Amalio dans sa lettre, il devait donc être près d'elle, enfin elle trouva et s'engouffra.

Entrant, elle réclama au tavernier :


"- Y'à pas des italiens dans l'coin? Une blonde, un tatouage à l'oeil, malade. "

Elle cherche. La famille c'est sacré, on se tuerait pour elle, on se jetterait d'une falaise, on réclamerait toutes les italiennes malade, tatoué et blonde du coin.


Signorina = Demoiselle
Une lettra della signora Rodrielle Corleone = Une lettre de la dame Rodrielle Corleone
Famiglia = Famille
Ciao = Bonjour/salut

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Elwenn
[Ma vie, mon sang, ma force, être Corleone ça ne se décide pas c'est dans les veines.]

Les corps s'attirent et s'apprivoisent.
Les corps s'attirent et s'aiment.
Mais il se peut que les corps s'attirent et se rejettent.

Dernière option.
Telle avait été sa toute première rencontre avec Rodrielle, la matriarche au jour d'aujourd'hui.
A l'époque elles n'étaient que simples inconnues.
L'une vivant à l'image du clan, sur les routes a dépouiller ceux qui avaient les poches trop pleines.
L'autre, Elwenn, voguant à travers le royaume, tout juste échappée de chez ses parents en compagnie de sa cousine Laell qu'elle venait de récupérer dans une bourgade sans âme qui vive.
Et chacune s'était défendue, bec et ongles, allant jusqu'au coup de jambon qui lui était tombé sous la main.
Rod' pour le contenu de la charrette et surement la fierté de ne pas échouer, elles pour ne pas finir dépouillées.
Pour se retrouver peu de temps plus tard dans un espace restreint ensemble autour d'une même raison, le décès de Sad.
Bien sur qu'elle lui en avait voulu, longtemps, très longtemps, trop peut être.
Elle était sa tante, la Rodrielle et ni l'une ni l'autre ne l'avait su jusqu'à ce fameux jour morbide où chacune venait voir comment les choses allaient se passer mais cet affront lui était resté en travers de la gorge.
Et elle était devenue la matriarche depuis.
La rousse avait beau être têtue, stupide aux yeux de certains, folle pour sûr mais elle avait opiné.
Les jours, les mois suivants lui avaient permis de lâcher du lest, d'oublier cette rencontre qui finalement avait renforcé son caractère sûrement trop faible à l'époque, elle avait appris a l'apprécier et aussi a l'aimer.

[Chinon]

Amalio s'était confié.
La matriarche était condamnée et c'était à lui de mettre fin à ses jours.
La nouvelle ne serait certainement pas digérée mais la rouquine ne comptait pas les laisser faire, ni lui, ni elle.
Il ne l'achèverait pas de si tôt, tant qu'elle respirerait, qu'elle tiendrait sur ses deux pieds et elle, ne crèverait pas aussi vite!
Oui Elwenn avait l'art de renier la réalité, Rod' n'avait pas le droit de mourir!

C'est dans cet état d'esprit que la rouquine, sur les nerfs de par son état et tout ses inconvénients avait pris la direction d'une taverne de ce foutu patelin où ils faisaient halte depuis quelques jours.
Envoyant bouler les recommandations c'est à la quête d'une pinte fraîchement servie qu'elle traversa la distance qui séparait le campement du cœur du village, à l’insu du géniteur évidemment.
Amalio était bien trop occupé à surveiller l'état de santé de la blonde de toute façon pour soupçonner quoi que ce soit, la rousse avait quasiment quartier libre chaque jour hormis quand ils se retrouvaient nez à nez par pur hasard en taverne ... et c'est dans ces moments là que le brun se rendait certainement compte à quel point Elwenn était irresponsable, prenant de pleine face les conséquences de son absence.
Et à petit pas, se retournant de temps à autre elle avait réussi a rejoindre la première taverne, frôlant sur son passage un pouilleux qui fut un temps avait été un homme magnifique, râleur, bougon, grand et fort qui l'avait touché sans même s'en rendre compte.
Trop réservée et trop frigide pour lui , elle était devenue tout l'inverse à ses yeux aux derniers mots qu'ils s'étaient échangés.
Pourtant elle était toujours la même, seul un Corleone avait réussi a l'amadouer ... il était l'unique, l’exception.
Une ombre en frôlant une autre ne pouvant se rencontrer, la rousse continua son chemin jusqu'au seuil d'où très certainement sa jumelle sortait.
A défaut d'être désert le bouge était devenu le lieu de fraîcheur des Corleone.
De quoi boire, de l'ombre, de la ... tranquillité, Rodrielle était là malgré son état cadavérique, Joy étonnamment aussi alors qu'on le la voyait plus depuis plusieurs jours, leurs présences l'invita plus a entrer que a faire demi tour, ce qui au quotidien tombant sur des inconnus était le cas.
Un séant Corleonien qui s'ajoute sur un fauteuil non loin des autres et des noisettes inquisitrices qui passent de l'une à l'autre.
Rod' est là mais où est Ama?
Joy est là!
Quoi c'est bientôt l'heure du bilan , l'est pas au courant comme d'hab ...
T'façon l'a pas dit son dernier mot la rouquine!



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Lililith
- Viens Thothor, on va voir Mamma.

Voilà ce que Lili avait dit au barbu, après plusieurs jours passés au Mans. Elle commençait à tourner en rond et puis Pandou avait fait le tour de toutes les ruelles - elle aussi d'ailleurs.
Oui, elle l'appelait 'Thothor. Enfin elle l'appelait comme ça tant que personne d'autre du clan n'était là. Parce que 'Thothor, excusez du peu... Cela ne faisait pas très viril. Alors la Minusculissime s'était promis de ne pas le lâcher devant les autres. Mais devant lui et lui seul... L'enfant le voyait plutôt comme un gros nounours très câlineux. (Oui d'accord ça n'existe pas mais vous avez compris ce que je voulais dire.)

Et donc les deux - enfin trois, oui oui Erwe avait été mise au courant par Lili qu'ils allaient voir Rodri' (allez savoir ce qu'Arthor avait pu lui dire) - ils partirent.
L'enfant, serrant son chat contre elle, n'avait cessé de babiller tout le long du voyage. Elle avait bien senti, pas bête l'Étoile Corleone, que quelque chose clochait. Mais elle préférait ne pas s'en occuper. Après tout, c'étaient des histoires de Grands tout ça. Et s'ils étaient assez idiots pour ne pas lui dire, elle ne réagirait pas. Elle s'était confié à Pandou, un soir, en pleurant, avant de prendre cette décision. Les Grands avaient leurs secrets, eh bien, qu'ils les gardent pour eux !

Finalement ils arrivèrent à Chinon. Peu à peu la blondinette s'était calmée et finalement le silence avait pris la place de ses mots qui, dans le fond, n'étaient là que pour le combler. Elle n'aimait pas vraiment le silence. Parce que quand le silence était là, la Forme avait tendance à se montrer. Et l'enfant n'aimait pas non plus la Forme-qui-ne-parlait-pas.
Elle avait mis une tenue rouge sombre, sa couleur préférée. Ouaip. Pour voir la Mamma il fallait au moins ça (parce qu'il lui semblait que c'était aussi sa couleur préférée, à elle). Aussi pour être raccord avec son chat rouge. -Ahum-.


- Moi j'dis qu'elle est soit au camp'ment, soit qu'elle est en taverne passaque c'est là qu'elle va tout l'temps quand elle est pas au camp'ment. D'abord.

L'avis d'une enfant qui réfléchissait plus ou moins. Elle se mit au milieu des deux Grands, leur prit la main et se mit à trottiner, les menant plus qu'elle ne suivait dans les ruelles de Chinon, le chat à quelques pas derrière.

Ils allaient la trouver en pleine forme, la Minusculissime était confiante !

... Ou pas.

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Amalio

    L'italien revenait de l'échoppe de l'herboriste, où il avait négocié à prix d'or des plantes rares qu'il n'avait pas trouvé lui-même lors de ses cueillettes. Il poussa de l'épaule la porte de la taverne, les mains plongées dans sa grosse besace pour trier ses pots et flacons minuscules qui contenaient les essences et les potions les plus nécessaires. Un brouhaha de voix connues lui fit relever la tête en même temps qu'il entrait, il y avait là plusieurs membres de son clan qui s'étaient groupés autour de Rodrielle. Un instant, il s'inquiéta : avait-elle basculé dans la phase d'agonie décisive, les quelques heures de son absence ? Heureusement il aperçut la tête blonde aux cheveux ternis, toujours sur les épaules d'un corps bien assis. Bon.

    Elwenn était là également, avec son ventre qui n'était pas assez gros, avec ses hanches qui n'avaient pas épaissi depuis les premiers mois de sa grossesse, avec ses airs de défi et ses piques dont il ne savait jamais vraiment si c'était du lard ou du cochon. Il lui avait déjà dit mille fois qu'il voulait qu'elle soit sérieuse, qu'elle se nourrisse correctement, qu'il ne pouvait pas s'occuper d'elle comme il le faudrait - enfin, disons plutôt, qu'il n'avait pas le temps d'être sur son dos toute la journée pour la forcer à bouffer davantage que des radis - et qu'il était trop préoccupé par l'état de Rodrielle pour être vraiment disponible. Et cela l'inquiétait et l'agaçait tout à la fois. Il avait le sentiment de devoir être un père pour Elwenn également. Mais il ne pouvait pas se couper en deux et l'état de Rodrielle était bien plus grave qu'une grossesse qui pour le moment semblait se dérouler correctement.

    Il avança vers le petit groupe, les yeux s'habituant à la pénombre subtile de la taverne, et s'inséra dans le cercle près de sa belle Elwenn, jetant un oeil inquisiteur aux personnes présentes, tandis que sa main se posait avec une certaine douceur sur la nuque de sa compagne pour caresser l'orée de sa chevelure. Oui, il l'aimait, même si elle était chiante, même si elle le faisait tourner en bourrique... Et ces gestes d'affections, publics, affirmaient sa parole autant que ses sentiments. Un Corleone avec des sentiments, peuh ! Et bien si, finalement. Mais après tout, Elwenn était aussi une Corleone. Sa cousine à vrai dire. Sans doute pour ça qu'il pouvait l'aimer, elle. Et dans le ventre féminin grandissait un bébé "pur jus Corleone". Voilà donc Amalio tiraillé entre la nécessité de gérer une mort et celle de préparer une vie...

    Il était moins patient, ces derniers temps. Plus irritable, plus fatigué, plus inquiet. Plus brutal parfois. Plus grinçant aussi. Mais il se pliait en quatre pour faire en sorte que la situation actuelle, propice à l'effondrement du groupe étant donné la mort prochaine de sa cheffe, ne tourne pas au pugilat ou au règlement de comptes, et pour que chacun fasse son travail au sein du clan comme il se devait. Un nouveau pillage se préparait et il fallait absolument que tout fonctionne, malgré les circonstances. Il savait aussi que Rodrielle ne voudrait pas qu'ils attendent qu'elle meure pour continuer leurs activités de toujours. Le pillage, le vol, le meurtre.

    Et il fallait qu'il la tue, Elle, par-dessus le marché !

    Les femmes Corleone savaient le tourmenter.

    Aussi cruelles que dures.
    Aussi dangereuses que tendres.

    Comme lui.
    Comme eux.
    Comme tous les Corleone.

    Finalement, chacun dans ses propres proportions, à sa propre manière. Des individus uniques, distincts, au sein d'une famille, d'un clan, qui les rassemblait sous la bannière du sang et de la loyauté.


    - T'es bien bavarde, pour un cadavre ! Moi qui apportais de quoi t'embaumer...

    L'humour noir.
    Plutôt crever que de s'échanger des gentillesses.

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Jenifaelr
La Rose prend toute la réalité des choses en voyant la tatouée, affaiblit, amaigrit. Amalio ne la sauvera pas, c'est trop tard. L'esprit de la jeune femme bouillonne, que vont devenir les Corleone? Auras-t-elle toujours sa place au sein de la famille de son père? Continuons-t-ils leurs parcours?
Elle à quelques réponses, surtout pour la dernière en faite, chaque année, Laell avait dit, qu'un pillage dans les règles Corleonnienne serait fait à Mende, elle espéra que cela serait vrai ... Au moins pourrait-elle les revoir un peu, parfois. Un regard de nouveau sur la cousine. Elle va partir, sans lui avoir raconté sa vie, pour qu'elle puisse l'écrire et ne jamais l'oublier, un jour même la raconter à ses filles, qu'elles puissent savoir qui était Rodrielle la tatouée. Qui était cette femme qui avait sauvé la vie de leurs mère et d'où venait la force du clan dont parler tout le royaume depuis si longtemps.

Rodrielle aller mourir et des questions se poseraient, des réponses seraient apporter.

Elle reste silencieuse, comme un ombre, préférant ne pas se mettre au devant de tout pour une fois, étrange non? Elle sait que sa place au sein du clan ne tien qu'a Rodrielle, car elle ne participe pas aux actions, mais ils ne pourrons pas retirer le sang de son père, la blondeur de celui-ci et les traits de caractères qu'il lui à transmis.
Si elle avait choisit une carrière sombre, si Lisbeth n'était pas débile au point de vouloir lui légué son prénom, elle s'appellerais simplement Jenifael Corleone.

Et si pour une fois elle agissait en Jenifael Corleone?


"- J'ai apporté du vin et de l'eau pétillante "

La seule chose qu'elle est caché sur elle durant son voyage, une bonne bouteille de vin et une d'eau pétillante. La chose était rare en France, mais pas en Italie où l'eau rafraîchissante étaient souvent consommé en raison de son abondance de sources .
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Sarah_callahan
Trahie par l’homme qu’elle aime, violée par un homme qu’elle hait. Elle ne va pas bien. Malgré tout ce qu’elle peut dire aux siens pour les rassurer, tous ces sourires qu’elle fait sans en avoir envie, elle va mal. Elle le sait. Elle n’en parlera pas. Personne ne doit savoir qu’un minable a réussi à la détruire à ce point. Seul Lui le sait. Son Blondinet, le seul homme qui se soit assez approché de son cœur pour avoir une telle emprise sur elle. Une emprise assez forte pour pouvoir la détruire. Trahie, trompée, humiliée, blessé, elle n’est plus que l’ombre de cette fière Ecossaise qu’elle était jadis. Il faut qu’elle sauve les apparences, qu’elle tienne jusqu’à l’accouchement. Dans quelques mois, elle ne sera responsable que de sa propre vie, plus de celle de l’enfant. Celui-ci sera élevé par la cheffe du Clan MacDouggal, la seule femme à qui elle pourra confier l’enfant. La rousse a une vie bien rangée, un mari, des enfants, elle est forte, généreuse et aimante. Elle fera une bonne mère.

Se mordant la lèvre inférieure au risque de l’entailler un peu plus, la sauvageonne hésite à passer la porte de la taverne. Arrivera-t-elle à donner le change devant les Corleone ? Oui, il le faut. Si elle est revenue à Chinon c’est pour Rodrielle. Elle respecte bien trop cette femme pour repartir sans l’avoir vue. Alors oui, elle fera à nouveau comme si tout allait bien. Comme si elle était heureuse. Comme si elle n’allait pas partir pour ne plus jamais revenir d’ici quelques mois. Inspirant un grand coup, elle remonte le col de sa chemise afin de cacher la morsure et les suçons et tire sur les manches de sa chemise pour dissimuler les entailles. Pour avoir déjà fait l’essai, elle sait que l’excuse de la chute bête et méchante ne marche pas. Alors il faut cacher. Surtout devant le doc Corleone.

La lourde est passée, le premier pas franchi.

Consciente de ne pas être vraiment à sa place dans ce rassemblement familial, elle décide d’observer les différentes personnes présentes avant de faire quoi que ce soit. Rodrielle, affaiblie. Trop pour que le doute soit permis quant à l’issue de la maladie. Amalio, sa main posée sur la nuque d’Elwenn. La piqure de la jalousie est surprenante et arrache une grimace à la brune. La rousse a réussi à pardonner, ce qu’elle est incapable de faire. Ils sont heureux. Avec surprise, elle découvre Enjoy mais aussi Arnan, géant croisé trop brièvement à son goût et qui se casse avant même qu’elle n’ait pu lui causer. Hum. C’est sa venue qui fait ça ? Et il y a aussi une inconnue. Une donzelle qui dit avoir apporté du vin et de l’eau pétillante. Vraiment ? Il lui faut un truc plus fort. S’approchant du comptoir, elle réquisitionne une bouteille de whisky après avoir balancé quelques écus. Elle a été droguée une fois, maintenant elle surveille ce qu’elle picole, délaissant les chopes sauf quand celles-ci sont servies devant elle. Une bouteille c’est plus prudent.

Sans faire de bruit, elle rejoint le petit cercle après avoir ingurgité quelques gorgées du précieux liquide. Prunelles rivées sur les Corleone, elle se décide à briser le silence.

Alors ? Parliez d’quoi ? Embaumement ?

Hors de question qu’elle tombe dans la sensiblerie. La tatouée n’en a certainement pas envie et elle non plus.
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Fleur_des_pois
And here’s to you, Mrs. Corleone
Jesus loves you more than you will know
God bless you please, Mrs. Corleone
Heaven holds a place for those who pray


Ses activités illicites lui avaient appris à être discrète. Se fondre dans la masse. Si possible ne pas s'attirer d'ennui. Du moins, pas trop. Et se promener avec un écriteau indiquant à la fois son nom et ce qu'elle faisait dans la vie n'était pas ce que l'on qualifiait de discret.
Aussi, puisqu'éloignée de sa famille, Fleur se faisait passer pour une gentille troubadour itinérante. Et si le côté gentil méritait encore des efforts... la profession pouvait passer pour vraie. Toujours une rime dans son sac. Son luth perpétuellement dans les mains. La Fée mentait assez habilement pour que les résidents puissent y croire.

Mais malgré les voyages, le manque des siens se faisait sentir. Gaia s'était découvert une famille. Ce n'était pas pour la fuir ! Et même si ce n'était qu'en coup de vent, Fleur aspirait à les retrouver. Et c'était le hasard qui l'avait conduit jusqu'à Saint-Aignan. Où là, dans un soupir murmuré, elle avait appris la triste nouvelle. Par qui ? Le Lutin ne s'en souvenait pas. La chose l'avait tant choqué qu'elle n'avait plus le moindre souvenir du reste de la soirée. Était-ce de la tristesse, qui noyait le cœur de l'Italienne ? Peut-être, mais jamais Gaia n'aurait accepté de le reconnaître.

Délaissant ses projets actuels, l'Ortie s'était mise en marche. Direction Chinon. Sacoche à l'épaule. Instrument à l'épaule. Cheminant en chantant, parce que c'était plus gai.
Jusqu'à son arrivée, trois jours plus tard. Où se trouvaient-ils, tous ? Naturellement, ses pas la menèrent aux abords d'une taverne. Et là, à quelques pas, surprise ! Sarah ! Nul doute n'était permis. C'était bien là.
L'Ecossaise ne l'avait pas vu. Ce qui donna à la Fée l'occasion de la contempler tout à loisir. La brune savait-elle ? Tynop le lui avait-il dit ? Cette pensée lui arracha un sourire. Ce n'était pas que cela la réjouissait particulièrement. Fleur trouvait la situation assez comique pour en rire.

Secouant la tête, le Lutin s'engagea à la suite de la Sauvageonne. La taverne accueillait un certain nombre de Corleone. Rodrielle n'était pas celle qu'elle connaissait le plus. Mais comptait parmi celle qu'elle admirait. Et les dieux savaient que ce nombre de personne était limité.
La Tatouée était si mal que cela transparaissait dans chacun de ses traits. L'aiguillon mal connu de la tristesse piqua le cœur de la Fée. Mourir. Avait-on idée. Mais l'on ne pouvait pas toujours choisir.
Enjoy était là. Amalio, Elwenn... Ils étaient tous au chevet de la mourante. Le spectacle de la mort réunissait. C'était ainsi. On affrontait mieux l'impensable ensemble. Et que dire, dans ces cas-là ? Certainement pas des banalités.


T'as été voir le cureton, j'espère ? Tu gagneras jamais ton billet pour le Paradis, sinon.



Citation : libre adaptation de Mrs Robinson, de Simon & Garfunkel
Et à votre santé, Mme Corleone
Jesus vous aime plus que ce que vous croyez
Que Dieu vous bénisse, Mme Corleone
Le Ciel garde un place pour ceux qui prient
Arthor
Les Corleone se cachent pour mourir.


Arthor, ou thothor, c’est selon, avait endossé la lourde charge de secrétaire privé de dame Lili. Il lui lisait et rédigeait ses courriers, lui préparait ses rendez-vous, et faisait même ses courses. Non décidemment notre barbu s’était adoucit depuis la triste nouvelle, et il fallait qu’il y remédie. Il avait ainsi lâché un « d’accord » cinglant et tranchant à la jeune Corleone quand celle-ci avait voulu prévenir tata lynette de leur départ. Et paf, prend toi ça dans les dents. Le monstre des Alpes était de retour.

Le montagnard avait donc prévenu tata lynette, qui avait même voulu se joindre à la troupe, mais aussi Rodrielle de leur prochaine arrivée. Tout le clan se réunissait à Chinon, dans une taverne en ville, il fallait donc en être. Certes le voyage serait probablement long, d’autant qu’Arthor serait devenu le larbin non plus d’une Corleone, mais de deux, dont une gentille. Diable, quelle horreur… Il ne fallait donc pas s’étonner à voir le barbu bougon, et constamment à l’écart, sourcils froncés à longueur de voyage. Et le voyage fut long du Mans jusqu’au petit bourg tourangeau, surtout avec une fillette constamment de bonne humeur, c’était bien le pire.

Heureusement, ils finirent par arriver. Il ne manquait plus qu’à trouver l’endroit exact. Les trois Corleone, le méchant, la gentille et l’enfant, avançaient dans les ruelles de la citée. Une vraie petite famille comme on les aime. Il y avait même le chat qui les suivait, histoire d’en remettre une couche. La réflexion de Lili vint pourtant briser ce portrait radieux, car il ne fallait pas oublier l’objet de leur venue : une mourante. Le barbu haussa alors un sourcil, mais sans prononcer le moindre mot. Il hâta juste le pas afin de montrer le chemin. Les consignes de Rodrielle avaient été suffisamment claires d’ailleurs. Pour le reste passons, on n’est pas là pour faire du tourisme. Le barbu était d’ailleurs bien trop occupé à réfléchir à son avenir, et à l’avenir de la famille pour profiter du paysage.

Arthor toujours devant, menait les trois Corleone au but. Son pas lourd et sourd, accentué par ses bottes, se faisait de plus en plus intense au fur et à mesure qu’ils approchaient du but, quand ils arrivèrent enfin devant la fameuse porte. Cette dernière ne resta pas longtemps en place. Elle s’ouvrit avec fracas, ce qui surprit même le montagnard - qui ne devait plus sentir sa force - et qui se retrouva alors devant la petite assemblée. Diable il avait été une vraie chochotte pendant plusieurs jours, c’était maintenant terminé.


Addieussiatz.
[Bonjour]

Une voix forte, un accent unique, une barbe luisante au soleil et des muscles rutilants, oui, le blond était de retour.

Y a de la picole par ici ?

C’était bien les rares mots d'Oil qu’il avait appris durant son séjour au Mans, et il ne voyait pas par quels autres commencer. Après tout, dans les moments de doute, on se raccroche toujours aux fondamentaux.




Titre largement inspiré de « Les oiseaux se cachent pour mourir »

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Rodrielle
    « Mourir ce n'est rien, commence donc par vivre, c'est moins drôle, et c'est plus long »
    J.Anouilh


Voilà qu’il s’agissait d’une magnifique veillée funèbre avant l’heure. Il n’y avait bien que les Corleone pour se regrouper dans une taverne, autour de bière, vin, whisky et rhum, alors que l’un d’eux est – presque – prêt à mourir. Peu commun. Mais la Famiglia était elle-même unique. Regroupement hétéroclite de chieurs qui s’aimaient tous s’en se l’avouer. Qui se respectaient, au moins. La Tatouée en était presque émue.

Arnan était déjà parti, après quelques mots mystérieux. Même pas le temps de lui dire au revoir, à ce grand gaillard solitaire ! C’en était honteux… Elle le laissa l’embrasser sur le front, tel un complice aimant, puis le regarda partir en soupirant. Mais elle n’eut pas le temps de se pencher sur la question « le reverra-t-elle avant que ? » puisqu’Elwenn arrivait déjà, faisant une belle brochette Corléonnienne au comptoir, avec Joy et elle. L’italienne lui tendit la bouteille de vin en lui lançant un regard.

Tiens. C’va pas l’tuer.

Combien de litre de vin avait-elle bu, elle, alors qu’elle était enceinte de Maledic ? Et voyez le résultat aujourd’hui : un enfant tout à fait normal, rentrant parfaitement dans la case « Corleone ». Comme quoi l’alcool ne faisait pas trop de ravage… Juste une future addiction pour le bambin. Enfin ! La rousse n’avait pas réellement eu le temps de boire un coup que son cher et tendre arrivait déjà. L’italienne le salua d’un signe de tête et le regarda avoir son geste tendre envers la rouquine. Oui, ils s’aimaient ces deux là, c’était indéniable. Rodrielle se pencha vers Enjoy avec un sourire mesquin pour le couple.

Va falloir faire gaffe, ils se radoucissent ces deux là… Trop d’amour tue l’amour.

Et elle était bien placée pour le savoir, n’est-ce pas ? Enfin, elle n’eut pas le temps de développer qu’Amalio lançait déjà son premier trait d’humour. « T'es bien bavarde, pour un cadavre ! Moi qui apportais de quoi t'embaumer... »

Apporte d’abord la dague que j’t’ai prêté, ce sera plus pratique pour l’heure. Et j’suis pas encore morte, mio caro.
(mon chéri)

Nouvelle ouverture de porte, nouvelle entrée, nouvelle Corleone. La douce et belle Jenifael. Une blonde qu’elle avait appris à connaître et qu’elle appréciait beaucoup. Elle se souviendra toujours de leur cuite mémorable dans les caves de leur maison ! « - J'ai apporté du vin et de l'eau pétillante »

Tu peux ranger ton eau pétillante. On n’tient pas souffrir.

Quelle idée ! Avaient-ils des têtes à boire de l’eau ? Certainement pas en ce moment. Etre le moins sobre possible pour oublier son état, c’était ce que l’italienne s’était décidée de faire. Elle ne serait « clean » que le jour fatidique, celui où Amalio lui enfoncerait sa dague dans le cœur.

Ouverture de porte ! L’italienne n’y croyait presque pas. Pourquoi ils venaient tous, comme ça ? Ah oui… Rodrielle poussa un soupire, inaudible. Au moins, son départ aurait un point positif ; cela permettait à tout le monde de se regrouper. Elle pourra au moins être fière de ça. Ils seront tous ensemble…

« Alors ? Parliez d’quoi ? Embaumement ? »
Précisément. Amalio compte faire ça avant d’me tuer. Histoire de pimenter un peu l’attraction.

Quand il n’y en a plus, il y en a encore. Gaia entre à son tour. Paroles beaucoup plus angéliques qui font tirer une grimace à l’italienne. Cureton et Paradis dans la même phrase, c’était presque trop. Alors, après un léger grognement et après avoir terminé son premier verre (c’te bonne blague), l’italienne lui répondit ;

Faudrait au moins que j’y passe trois jours et que je prie pendant une semaine pour y rentrer. Nan, j’préfère la chaleur d’en dessous. J’suis sure qu’il sera plus aimable. Je ne tiens pas à parler chiffon avec mes victimes, ça ferait négligée. Et puis, j’vais réserver vos places aussi.

Oui, elle aurait son honneur de Corleone même après la Mort. Non, elle ne se voyait pas vraiment finir au Paradis – si tant est que cet endroit existe. Elle le vérifierait bientôt, de toute façon.

« Addieussiatz. » Le frère arriva à son tour. Etrangement, c’était le tavernier qui s’était éloigné… Pourquoi un tel regroupement lui faisait si peur ? Incompréhensible. Pourtant, on allait bientôt avoir besoin de lui… « Y a de la picole par ici ? ».

Qu’elle aimait cette famille, toujours des paroles tendres, douces, amoureuses, les uns pour les autres. Mais, sérieusement, oui, elle les aimait. Comme elle, aucun ne rentrait dans les méandres des sentiments, ne laissaient jouer des émotions trop tristes, trop personnelles. Ils respectaient son choix de rester eux-mêmes et elle les remerciait pour cela.

Aubergiste, tournée générale per favore !
(S’il vous plait)

Elle tapa dans ses mains tremblantes, salua Erwe avant que ses yeux ne se posent sur Lili. Sa gorge se noua. Comment lui dire ? Lui expliquer. D’instinct, elle tourna son regard vers Amalio. Personne n’avait appris aux enfants ce qu’il allait lui arriver… Ca allait être le moment. Ca allait être le moment de tout préparer. Même s’il manquait beaucoup de monde encore…

Buongiorno mia stella
(Bonjour mon étoile)

L’italienne se pencha pour l’embrasser, mais fut incapable de la soulever pour la prendre sur ses genoux. Trop faible, quoiqu’elle veuille montrer ce jour-là. Elle se redressa alors, cachant sa déception de ne pas pouvoir serrer ses petits, puis regarda tout le monde tour à tour. L’émotion la gagnait. Non non non. Ce n’était ni le moment, ni aucunement possible. Rodrielle restait encore la Matriarche du clan et devait encore se montrer forte, au moins quelques temps. Pour tous. L’italienne déglutit, cacha son coup de blues dans son verre de vin, puis leur sourit enfin.

En fait, z’êtes venu savoir ce que je vous léguerai, c’est ça ?

Elle rit doucement, contente de les avoir auprès d’elle pour ses derniers jours.
Son regard se porta sur la fenêtre… Même les Ombres n’osaient pas entrer devant ce rassemblement. Son esprit ne lui jouerait pas des tours avant un bon bout de temps. Elle était sereine, prête à bientôt affronter son Destin.
--Aevil


    Sur la route – Un jour de juillet


La route avait été longue et difficile. Très compliquée. La frontière avait été passée en peu de jours. Maintenant, il fallait trouver son chemin jusque Chinon. Le plus compliqué pour lui. Voyageant seul, Aevil avait pu éviter les longues pauses sur le chemin. Il se nourrissait rapidement, dormait peu, préférant utiliser la moindre source d’énergie qu’il avait pour aller la retrouver rapidement. Avant que le pire n’arrive.

Sur le chemin, il avait également peaufiné son français. Lui qui vivait à présent depuis plusieurs années en Italie en avait presque oublié sa seconde langue natale. Il avait ses notes, prises au fil des années, et côtoyait les gardes des villages où il passait pour réapprendre ce langage. Bonjour, merci, au revoir. Bientôt ce qu’il jugeait compliqué fut retrouvé et il n’avait finalement pas perdu ses connaissances. Il pourrait parler correctement devant tout le monde.

D’ailleurs, l’idée de rencontrer toute la famille Corleone, ou ne serait-ce qu’une majeure partie, l’inquiétait. Il savait que Rodrielle parlait souvent de lui, qu’elle devait faire un portrait plutôt intéressant de sa personne. Mais était-elle réellement objective ? N’allait-il pas décevoir ceux qu’il rencontrerait d’ici quelques jours ? Ne serait-ce que son propre enfant ? L’idée de rencontrer Amalio ne lui faisait pas peur, mais ce n’était pas forcément les meilleures circonstances pour faire connaissance. Il allait arriver comme un cheveu sur la soupe, dans une famille unie autour de sa « petite » sœur. Lui n’était qu’un inconnu. Mais il l’entendait, l’italienne tatouée, il l’entendait lui dire de ne pas s’inquiéter, qu’il serait accepté sans aucun soucis par tous les membres de la Famiglia, et que de toute façon, avec le charisme qu’il avait, ils seraient tous obligés de l’apprécier. Oh oui, elle lui dirait ça…

Cette pensée le fit sourire et lui redonna le courage pour affronter le reste de la route. Bientôt, oui bientôt, il serait avec elle.


_________

    Chinon – plusieurs jours plus tard, celui du rassemblement.


L’étalon réduisit son allure, laissant tout le loisir à Aevil d’observer le village dans lequel Rodrielle et les Corleone avaient décidé de s’arrêter. Chinon. Ce n’était pas si moche que cela, assez bucolique s’il pouvait dire. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à trouver les Corleone. Ce qui fut, comme pour les autres, très peu difficile. Un passant lui avait expliqué qu’il était passé à la taverne municipale et que beaucoup des italiens qui avaient un campement au village était regroupé là-bas. « Bien moins joyeux que d’habitude, d’ailleurs » lui avait-il dit avant de repartir à son champ.

Etait-ce donc trop tard ? Il ne pouvait y croire. Le Blanc déposa son cheval à l’écurie et se rendit à pied jusqu’à la dénommée taverne. Le pas hésitant, la boule au ventre, il avait peur de voir tout le monde, sauf la Raison de sa présence. Il en oubliait son fils, ses soi-disant petits enfants, et ne pensait qu’à sa petite sœur qu’il voulait voir vivante.

Après avoir poussé un long et profond soupir, le Blanc poussa la porte de la taverne et y entra. Lentement. Il lui fallut quelques instants pour que ses yeux s’habituent à la pénombre de l’endroit, qui constituait un léger choc après avoir passé plusieurs jours à la lumière extérieure. Mais une fois qu’il se remit de cette nouveauté, Aevil regarda les personnes présentes… Beaucoup de monde. Trop peut-être. Une troupe installée autour d’une seule personne :


Rodrielle.

Il s’approcha à pas lents, se laissant le temps d’observer sa sœur. Et il eu mal au cœur. La dernière fois qu’ils s’étaient vu, le charme de la Tatouée transperçait la vue, elle était pleine d’entrain avec son air hautain et sure d’elle… Elle était vivante. La personne qu’il voyait à présent n’était plus que l’ombre de ce qu’elle était. Mais elle était vivante. C’était tout ce qui comptait.

Ecartant d’un coup d’épaule poli les personnes devant lui, Aevil ne cherchait pas à saluer ni à dire bonjour à qui que ce soit. Non, il s’avança encore un peu et fit ce qu’il avait envie de faire depuis des mois, des années… Il la prit dans ses bras. Une étreinte forte, longue, amoureuse. Les yeux fermés, il passa son visage dans les cheveux blonds de la Tatouée, passa sa main dans son dos. Elle était là. Il était là.


Mia sorella, la mia Ombra... Perdona me.

Front contre front, l’italien répétait cela plusieurs fois dans un murmure. Rien ne l’excuserait. Il s’en voulait. Pourquoi avait-il été aussi stupide ? Pourquoi ne l’avait-il pas gardé auprès de lui, n’était-il pas resté ? Elle ne serait pas dans cet état… Il retint une larme, pour garder contenance, et finit par se reculer de quelques centimètres pour regarder le visage de sa sœur. Et lui sourire.

Alors, tu mé présentes ?

Son français était encore difficile, mais il s'en sortait.
Il l’embrassa sur la joue avec une tendresse fraternelle, et regarda les autres personnes présentes. A présent remis de ses émotions, il pouvait redevenir poli.


Buongiorno tutti.

Il se racla la gorge et les regarda avec un peu plus d’attention, cherchant le deuxième sujet de sa venue. Deux autres hommes étaient présents… Et il n’eut pas de mal à reconnaître le fruit de ses entrailles.



Mia sorella, la mia Ombra... Perdona me. : Ma soeur, mon Ombre, pardonne-moi.
Buongiorno tutti : Bonjour tout le monde.




Rodrielle
"Rodrielle"

Choc.
C'était Lui. Il est là. Le timbre de voix ne la trompe pas, elle le reconnaît... Cette voix grave, ténébreuse, qui amène le soleil d'Italie à l'intérieur de la taverne. Son simple prénom prononcé la fait frémir. Des frissons la parcourent et ses mains tremblent à nouveau. De bonheur. Enfin, elle tourne ses yeux vers Lui. Il est baigné dans un halo de lumière, éclairant ses cheveux longs et blonds, presque blancs, et ses yeux d'un vert si clair qu'ils tirent presque au jaune. Sa beauté lui coupe le souffle à chaque fois. Elle l'observe, l'admire. Elle le désirerait presque si seulement leur lien de sang n'était pas aussi fort.

Sans parler, elle le regarde avancer, solennel, ses pas raisonnant dans la taverne presque silencieuse depuis son entrée. Et lorsqu'il lui fait face, leurs bras s'ouvrent pour l'étreinte attendue depuis des années. Ils se serrent l'un contre l'autre, et l'italienne laissa une larme perler sur sa joue. Unique moment où les sentiments sont plus forts. Son frère était arrivé, bien avant qu'elle ne meurt. Ils allaient pouvoir profiter une dernière fois l'un de l'autre, et se dire au revoir au moment voulu. Son frère, Aevil, le seul Homme qui aura eu son Amour Infini, le seul homme pour qui elle tuerait, pour qui elle mourrait.

Aevil, son Frère, son Autre.

Mi hai mancato
(tu m'as manqué)

Son front posé contre celui d'Aevil, elle sourit. Heureuse. Il n'avait pas à s'excuser, le passé était le passé. Evidemment, leur séparation était un regret, pour chacun d'eux, mais jamais ils ne s'étaient oubliés. Et aujourd'hui, il était là, pour elle, pour eux. Ils devaient profiter de chaque minute passée ensemble, pour ne plus rien regretter. Sa main passa sur la joue balafrée de son Frère, délicate, tendre, comme une preuve qu'il était bien là, qu'il ne s'agissait pas d'une autre hallucination.

Ils se séparèrent enfin. "Alors, tu mé présentes ?". L'idée la fit sourire une nouvelle fois. Avait-elle réellement besoin de le présenter, lui ? Cela l'étonnerait. Mais, pour la politesse, elle le fit. Se tournant vers la Famiglia, elle montra le blond.

Ragazzi, voici Aevil, mon frère aîné.
(les enfants)

Sa voix étaient plus aiguë, par l'émotion, le bonheur. Elle sourit à nouveau et jeta un regard appuyé à Amalio. Aevil, son père.

Ae', voici les Corleone. Enjoy, Jenifael, Elwenn, Arthor, Lili, Erwelyn, Sarah, Gaia et Amalio.

Elle avait cité tout le monde en les montrant d'un signe de main, finissant évidemment par Amalio qui était "spécial", pour Aevil. Elle soupira alors de ravissement et laissa tout le monde reprendre les conversations pour repartir dans des discussions plus simples.
Erwelyn
Des matriarches, la Corleone en avait connu deux. Et la première avait été plus importante que n'importe quelle autre. Sadnezz avait été sa tante, la sœur de sa mère et c'était elle qui lui avait appris d'où elle venait. Car Floraine n'avait eu de cesse de protéger sa fille de l'extérieur, et jamais la daronne n'avait prononcé le nom de Corleone devant Erwelyn.
Rodrielle, elle ne l'avait que peu connu, mais elle sentait bien qu'elle avait de l'aura, la prestance pour tenir les Corleone, pour pérenniser le nom.
Quant à elle, Erwelyn restait à ce jour la plus vieille de la famille ; avec Rodrielle peut-être, elle n'était pas sûre que celle qui avait succédé à tata Sad était plus vieille qu'elle ; mais celle aussi qui s'en détachait le plus. Le hasard avait fait qu'elle avait pris un autre chemin... le hasard ou sa mère, car finalement, c'était bien elle qui l'avait éloignée de tout cela.

Ce genre de réflexions ne pouvait que tourner dans sa caboche à chaque fois qu'elle se décidait à rencontrer que le côté obscur de la famille. Quand Lili lui avait fait part de son départ, elle avait hésité à venir, ne sachant pas trop ce qu'elle irait faire en Touraine. Mais c'est une discussion avec Arthor au sujet de Rodrielle qui l'avait décidée à les suivre. Et puis, la duchesse s'était promis de veiller sur Lili, d'enfin la prendre sous son aile. Aujourd'hui, Lynette combattait la peur toujours latente de voir ses enfants adoptifs rendre l'âme avant elle. La gamine était de toute façon fort attachante. Le problème restait son incapacité à savoir comment se comporter avec les enfants. Tout leur passer ou les élever correctement ? La Corleone n'arrivait pas à trouver le juste milieu et c'était quelquefois difficile avec Lili.

En ce jour, donc, en Touraine, voilà que la duchesse marchait dans les ruelles, habillée seulement d'une chemise sombre, d'une paire de braie et de bottes de voyage. Main dans celle de Lili, elle ne pipait mot alors que les deux adultes se laissaient entrainer vers elle ne savait où. Parfois, un regard se tournait vers Arthor, lui faisant comprendre que quoi qu'il arrive, elle serait là aussi pour la gamine. Lynette avait bien capté son air ronchon, voire glacial à son égard, mais il fallait bien faire avec. Elle sentit que l'homme, dont elle n'avait pas encore bien compris le lien familial, savait où les amener. Se laissant entrainer à nouveau, son cœur se mit à battre un peu plus fort en songeant que là où ils se rendaient tous trois, se tiendrait une grande partie de la famille. Famille qui, elle le sentait bien également, ne la portait pas en son cœur. C'était tout le problème d'avoir pris un chemin différent...

Lorsqu'enfin la porte fut atteinte, Arthor l'ouvrit d'un grand geste et sans lâcher la main de Lili, la Corleone lui emboita le pas pour entrer dans la taverne. Un simple « bonjour » sortit de ses lèvres, un regard beaucoup plus appuyé à Rodrielle fut lancé, avant de laisser Lili aller dire bonjour à la compagnie.
Au regard de Rodrielle envers Lili, à sa façon difficile de se mouvoir, Erwelyn sentit que le moment serait douloureux à vivre pour l'enfant. Aussi, à partir de ce moment, elle ne la quitta plus des yeux.

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Fralis
Le brun chevauchait en silence. Des mois de solitude lui avaient appris à tenir sa langue. Il n'était plus le même homme, depuis longtemps. Il n'était plus ce chevelu qui était tombé amoureux d'une tatouée.

Il l'aimait toujours, et bien plus que tout. Bien plus qu'elle ne pourrait jamais l'aimer. Elle l'aimait aussi, du plus qu'elle pouvait aimer quelqu'un qui n'était pas un Corleone. Ca ne le dérangeait pas. C'était Rodrielle, et il ne pouvait que vivre ce qu'il ressentait, sans pouvoir en changer grand chose.

Leur dernière étreinte leur avait donné un fils. La dernière fois qu'ils avaient pu se retrouver seul à seule. C'était peut être dans une autre vie. Il n'aurait jamais su dire comment ils en étaient arrivés là où ils en étaient. Mais les choses se déroulent souvent de manière inexplicable.

Ses absences avaient tout détruit, petit à petit, entre eux. Comment aurait il pu en vouloir à quelqu'un d'autre que lui même. Il ne connaissait rien de son fils. Il l'avait vu, croisé. Mais il grandissait, et grandirait mieux au sein de sa famiglia. Lui qui pensait avoir la fibre paternelle. C'était sans compter sur ses propres soucis.

Il était sur les routes, sans bien savoir où il allait, et encore moins d'où il venait quand il reçu un courrier de la blonde Corleone. Un mot pressant, lourd. Presque un adieu, si tant est qu'elle puisse faire montre d'autant de sentiments.

Il avait fui, aussi lache que ça semble être. Et il n'en était pas fier, mais il était incapable de faire autrement. Comment avouer une faiblesse à un chef de famille comme elle ? Il n'aurait pas pu. Elle mourrait peut être avant lui, mais il ne tarderait pas à la suivre. Et là encore il ne s'inquiétait pas pour l'avenir de ses enfants. Ils faisaient partie de la famiglia. Pas lui.

Il avait bien été le chef consort passé un temps. Si court ce temps fut il. Mais il n'était bel et bien qu'une pièce ajoutée. Amoureux de la reine.

Son problème demeurais pourtant. Le dilemme qui l'animait était la seule chose qui le maintenait en vie, et sachant qu'il se devait de la rejoindre, il savait qu'il allait avoir droit à des questions. Pourquoi. Où. Comment. Autant de questions qu'il préférerait éviter parce qu'il n'était pas sur de pouvoir y répondre. Comment lui dire qu'il lui arrivait de se réveiller en pleine nuit dans des ruelles qu'il ne connaissait pas. Comment dire qu'il ne se souvenait parfois plus de son nom, au point d'errer comme un fou pendant des heures. Comment dire qu'il perdait sa force, et n'arrivait plus à brandir son couteau.

Il était perdu, et même le savoir des meilleurs n'auraient rien pu pour lui. Il avait hésité à mettre fin à ses jours, simplement, mais il n'en avait pas eu la force. Il n'avait pas le caractère de la Tatouée pour ce genre de choses. Il était bien loin d'elle. Aussi il errait ; sans but, sans envie. Sans savoir où il allait, se battant contre tous ceux qui se mettaient sur son chemin. Des combats perdus, à répétition. C'était sa fin, mais il ne partirait pas avant elle.

Fralis avait bien sur répondu au courrier de la blonde. Il ne savait pas où aller pour la revoir, au moins une dernière fois. Elle disait le vouloir près d'elle, et ces quelques mots suffisaient à refaire battre son coeur mort. Mais il ne se faisait pas d'illusions, sachant pertinemment que sa famille était plus importante pour elle. Qu'à cela ne tienne, il parcourait le royaume entier, et l'Italie de surcroit, juste pour la voir.


Une dernière fois.



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Rodrielle
    « Adieu l'espoir, adieu les roses, adieu la nature et le vent ; tout cela n'est plus à moi.
    [...] Mon coeur saigne toute ma rage... »*



Voilà plusieurs jours qu'elle ne quittait plus son lit. Pourtant, elle avait tenu, le maximum. Avait envoyé ses derniers courriers d’adieu. Avait puisé ses dernières forces, toute son énergie pour survivre, pour voler encore plusieurs jours à la Faucheuse qui se rapprochait petit à petit. Aujourd'hui, elle était à ses côtés, ne se cachait même plus dans l'ombre... Elle était là, sournoise, affamée, jouissant de récupérer la Matriarche Corleone. Oh ! Elle fêterait ça, avec Satan en personne. Allait Lui apporter cette âme impure sur un plateau d'argent, fière de l'avoir enfin. Elle attendait juste que l'italienne se décide, lui laissait cette dernière volonté : qu'elle choisisse le moment où elle donnera son dernier soupire. C'était aujourd'hui. Faucheuse jubilait.

*Oui, je t'ai affaiblie, détruite de l'extérieure. Tu as si bien fait le travail toute seule, à l'intérieur. Ton âme est sale, moche, pitoyable... Regrettes-tu, maintenant ? Regrettes-tu de devoir partir sans dire un dernier Aurevoir à tes deux fils ? Regrettes-tu de ne pas avoir su leur dire que tu les aimais ? Bien sur, tu leur as dit, une fois, peut-être deux. Mais n'était-ce simplement pas pour les rassurer ? L'as-tu une seule fois pensé, pour quiconque ?

Regrettes-tu, Rodrielle ?*

Non, elle ne regrettait rien. Et pourtant, elle voyait son avenir défiler devant ses yeux voilés...





    Son enfance. Sa famille. Parents, frère, sœur, l’Italie. Une vie banale, qu’elle n’eut pas connu pendant longtemps… Le décès de ses parents, la première douleur que l’Amour lui a infligée, première déception, premier échec. Première armure. Le départ pour le Royaume de France, Joinville… L’enlèvement de Sharra… Puis l’apprentissage que lui fournit Aevil, son seul pilier, son seul réel Amour. L’assassinat, le mercenariat… Le premier meurtre, 14 ans. Première sensation de plaisir, le cœur qui s’emballe, les mains qui tremblent… L’Envie. Encore, encore de ce sang qui coule, de cette âme qui s’échappe sous ses doigts. La Faim. Le départ d’Aevil, seconde blessure, seconde déception, seconde armure. Elle comprend petit à petit que s’attacher ne sert à rien. A quoi bon ? La Mort et la Fatalité passe toujours dessus, ça fait toujours mal.

    Ses 15 ans. La rencontre de Jacknight. Le coup de foudre. Une nouvelle vie, son mariage… Elle comprend que c’est à son tour d’être heureuse, d’avoir une vie comme les autres, que c’est à elle de construire sa propre famille, avec Lui. Et elle y arrive, que c’est Beau, que c’est bon ! Etre épouse, être femme. La féminité lui sied à merveille, la maternité aussi… Azurine et Aldaric, Leurs enfants, leurs jumeaux, leur Trésor. Rodrielle est heureuse, simplement.

    La Chute. La séparation d’un époux trop préoccupé par la vie politique du Duché, l’éloignement. Troisième blessure que l’italienne surmonte grâce à ses enfants. Elle s’endurcie, veut être forte pour ses enfants. Mais le sort a décidé de s’acharner sur sa famille et elle… C’était un soir de mai, alors qu’elle revenait d’une journée de travail à la boulangerie, ravie de retrouver ses jeunes adolescents à la maison. Mais ce jour devait être Fatidique, la fin de tout… Ses pas l’amènent jusqu’à chez elle plus rapidement qu’à l’habitude, son cœur s’affole déjà au mauvais pressentiment qu’elle ressent. Quelque chose ne va pas. Stop. La porte de sa demeure est entrouverte… Elle court, jusqu’à chez elle, les larmes aux yeux. Ses enfants, ses trésors… Allongés dans le salon, sans vie. Une seule lettre, une seule phrase : « les crimes ne restent jamais impunis ». La Chute est douloureuse, insurmontable. Rodrielle est morte, ce soir de mai. Une première fois. Elle laisse naître en elle ce monstre, assoiffé de Vengeance, de sang. Plus rien ne compte que prendre la vie de celui qui a commis ce crime. Alors elle prend les armes, quitte tout, puisqu’elle n’a plus rien, et part à la recherche de ses enfants. Elle n’a qu’une vingtaine d’années et sait que sa vie ne sera plus jamais la même. Elle n’a pas perdu que ses enfants, ce jour-là, elle a perdu son âme.

    Ses 25 ans. Elle retrouve celui qui a détruit sa vie, le Serpent. Mais elle échoue. C’est ce jour-là qu’il décide de lui tatouer le visage, de lui laisser une marque de son existence, de sa victoire… Un tatouage pour le souvenir de sa vie détruite, à jamais. On ne fait jamais confiance à quelqu’un marqué comme elle. On ne fait que se cacher dans l’ombre. « N’était-ce pas ce que te disait ton frère ? N’es-tu pas l’Ombre, Rodrielle ? ». Révélation. Oui, elle est l’Ombre… Insaisissable et Mortelle. Aevil lui a dit, lui a répété. Elle se souvient alors, décide de suivre le chemin de son frère ainé, décide de ne pas laisser ses efforts impayés. Elle ne vivrait plus que pour cela : la Mort. Celle qu’elle infligera à tous ceux qui se mettront sur son chemin… Le Serpent en premier. Second meurtre, celui qui sera Révélateur de sa nouvelle vie.

    Décadence, violence… La Tatouée ne vit que pour le pêché, décide d’être crainte, respectée. C’est à ce moment là qu’elle rencontra la Zoko. Eikorc… Celui qui lui a donné une seconde chance, celui qui l’aura aidé à renaître, à maîtriser bien plus ce qu’Aevil lui avait appris. Une nouvelle famille. Maleus, Felina, Jules, Brigide… Elle les aura appréciés, sans jamais leur dire. Ils l’auront aidé à s’endurcir encore plus, à éliminer tout sentiment, toute émotion, tout amour en elle. La Zoko, Ad Vitam Eternam. Jusqu’à la séparation… Elle repart, seule, sans jamais les oublier. La bague offerte par le Colosse restera toujours autour de son cou, en souvenir. Mais elle ne sera pas seule longtemps…

    Sadnezz. La rencontre la plus importante de sa vie. Sadnezz Corleone, son modèle, l’être qu’elle respectera jusqu’à la Mort, sa cousine. La Belladone qui lui apprendra que rien n’importe, sauf la Famiglia. La Belladone qui lui rendra une âme, qui lui apprendra l’Unité, la Fierté, l’Honneur des Corleone. Sad lui aura tout appris, surtout à revivre. Puis les autres rencontres, l’amitié, les aventures d’une nuit, d’une semaine… Elle repense à chacun, finalement nombreux. Tant de gens à qui elle n’aura pas dit un seul mot de tendresse, à qui elle n’aura jamais avoué ses sentiments, toujours persuadée que l’Amour ne sert à rien, que l’Amour n’est qu’une perte de temps et qu’un sentiment qui affaiblit. Et Rodrielle Corleone n’est pas faible.

    La suite, vous la connaissez autant qu’elle. Le décès de Sadnezz, son nouveau rôle de Matriarche. Le pilier qu’elle devient pour une nouvelle génération qui doit avoir un meneur, une image à suivre. Elle devient plus forte encore, se fait respecter. Puis l’adoption d’Elouan, la rencontre de Fralis, la naissance de Maledic… Une nouvelle chance d’avoir une vie normale qu’elle n’attrapera pas. Elle n’a pas le droit, l’armure qu’elle s’est forgée est trop épaisse, trop solide pour qu’une seule faille s’y glisse. Elle ne dit rien, mais veille, sur ses trois hommes, sur le reste des Corleone. Ils la pensent absente, mais elle est bien là, dans l’Ombre, les observe, les guides jusqu’à ce qu’ils comprennent que les Corleone ne sont pas qu’une simple famille, qu’ils doivent être unis quelques soient les conflits, les désaccords. On ne laisse pas un Corleone seul. Et elle a réussi.


Elle n’aura jamais rien avoué mais ils le savent, tous, qu’elle les aime, ils le ressentent… C’est la Famiglia. Sa Famille.



Sa main se referme sur le drap. « Non, je ne regrette rien. Tu peux venir, à présent, viens me chercher, j’ai joué mon rôle, c’est au jeune de prendre la relève à présent. Laisse moi encore quelques heures, donne moi encore un peu de force pour partir comme il se doit, pour partir en Corleone ». Rodrielle se redresse, attrape la main de son frère qui ne l’a pas quittée. Elle se lève, rejoint la pièce principale où tout le monde l’attend. Son teint est pâle, ses mains tremblent, ses joues se sont creusées… Elle tient à peine debout mais Aevil l’aide à se tenir droite, comme elle le souhaite. Les émeraudes plongent alors dans chaque regard tourné vers elle. Ils comprennent…

C’est l’heure.

Une larme coule sur sa joue creuse, alors qu'elle regarde une dernière fois tous ses "petits". Ceux qu'elle aura aimé dans l'Ombre.






*Le dernier jour d'un condamné, V.Hugo
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