Aurel
Y sont pointés lundi, j'jouais encore dans mon lit,
Et j'avais du fer sous les ongles. Y m'disent :
T'as été jugé, et t'as gagné mon grand dadais,
Et puis c'est tout, un jour en taule pour t'curer l'nez !
J'leur dis : faut pas pousser, vous rigolez,
Non sérieusement, vous déconnez !
Ça s'fait pas comme ça, de débarquer
Chez les gens en train d'pioncer !
Pourriez dire au moins d'quoi j'suis accusé.
Ils répondent qu'on s'en fout, t'as été jugé.
J'dis bien, mais j'aimerais savoir d'quoi,
Ça m'fera une pensée quand j'me cur'rai l'nez.
Les mecs tombent le mot : esclavagisme !
Moi j'veux bien, mais quand et qui ?
Une histoire de champ, t'as pas voulu débourser !
Faut s'renseigner péquenaud, avant d'embaucher !
C'est du joli je pense, mais on aurait pu en parler !
Y m'répondent qu'il y a eu procès, et que j'me suis pas pointé.
C'est p't'être vrai. Mais quand même, je gueule,
Pour la forme et pour le fond, reste que j'ai l'impression,
D'être pris pour un con. On peut pas reporter ?
La taule tombe mal, j'ai des affaires,
Ou prison ouverte, j'resterai à demeure,
Promis craché, sur mon honneur !
Pas moyen, y m'disent, tu t'tais et tu viens !
Même pas, je peux dire au revoir à ma mère ?
Ça prendra rien de temps, elle est au cim'tière.
Arrête ton char, tu déblatères ! Allez,
Lâche les draps et avale ton salaire.
Je râle encore, mais j'ai pas l'choix,
Mais avouez quand même les gars,
Faudrait voir l'art et la manière,
On est plus au Moyen-Âge, hein mes compères !
Lâchez-moi l'bras, je viens, je viens !
C'est quoi ces cordes ? Y a pas besoin,
J'esclavage juste, j'suis pas sainguin.
Résultat, deux jours d'enclave,
Du pain, de l'eau, j'me suis pas plaint.
Ils ont rouvert ma piaule quand je dormais,
Et ces affreux même pas qu'ils m'ont alerté !
Un jour de rêves, en liberté,
Entre des murs, emprisonné.
Des fois je me d'mande, quand j'me pieute,
Si j'aurais pas dû y rester,
Voire même emménager,
Avec mes faffiots et mon bordel,
J'rai été sage comme une image,
Et au moins, j'aurais plus vu l'soleil.
_________________
...
Et j'avais du fer sous les ongles. Y m'disent :
T'as été jugé, et t'as gagné mon grand dadais,
Et puis c'est tout, un jour en taule pour t'curer l'nez !
J'leur dis : faut pas pousser, vous rigolez,
Non sérieusement, vous déconnez !
Ça s'fait pas comme ça, de débarquer
Chez les gens en train d'pioncer !
Pourriez dire au moins d'quoi j'suis accusé.
Ils répondent qu'on s'en fout, t'as été jugé.
J'dis bien, mais j'aimerais savoir d'quoi,
Ça m'fera une pensée quand j'me cur'rai l'nez.
Les mecs tombent le mot : esclavagisme !
Moi j'veux bien, mais quand et qui ?
Une histoire de champ, t'as pas voulu débourser !
Faut s'renseigner péquenaud, avant d'embaucher !
C'est du joli je pense, mais on aurait pu en parler !
Y m'répondent qu'il y a eu procès, et que j'me suis pas pointé.
C'est p't'être vrai. Mais quand même, je gueule,
Pour la forme et pour le fond, reste que j'ai l'impression,
D'être pris pour un con. On peut pas reporter ?
La taule tombe mal, j'ai des affaires,
Ou prison ouverte, j'resterai à demeure,
Promis craché, sur mon honneur !
Pas moyen, y m'disent, tu t'tais et tu viens !
Même pas, je peux dire au revoir à ma mère ?
Ça prendra rien de temps, elle est au cim'tière.
Arrête ton char, tu déblatères ! Allez,
Lâche les draps et avale ton salaire.
Je râle encore, mais j'ai pas l'choix,
Mais avouez quand même les gars,
Faudrait voir l'art et la manière,
On est plus au Moyen-Âge, hein mes compères !
Lâchez-moi l'bras, je viens, je viens !
C'est quoi ces cordes ? Y a pas besoin,
J'esclavage juste, j'suis pas sainguin.
Résultat, deux jours d'enclave,
Du pain, de l'eau, j'me suis pas plaint.
Ils ont rouvert ma piaule quand je dormais,
Et ces affreux même pas qu'ils m'ont alerté !
Un jour de rêves, en liberté,
Entre des murs, emprisonné.
Des fois je me d'mande, quand j'me pieute,
Si j'aurais pas dû y rester,
Voire même emménager,
Avec mes faffiots et mon bordel,
J'rai été sage comme une image,
Et au moins, j'aurais plus vu l'soleil.
_________________
...