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Info:
Quand un maréchal essaie de connaître les raisons de la mort d'une de ses amies suicidaire...

[RP] L'affaire Alise de Warenghien

Soren
C'était ce matin. Pourtant, j'ai l'impression qu'une éternité a eu le temps de s'écouler entre deux, et qu'une deuxième pointe le bout de son nez…

    Il était entré dans le bureau de la maréchaussée à Bergerac, le pas lourd, la mine basse. Il avait la tête des mauvais jours, oscillant entre celle de l'homme perturbée et celle du sous-officier las. Il est allé directement vers la vieil armoire de chêne, là où sont stockés à l'abri du regard des visiteurs, bière, alcool fort et autres joyeusetés de ce genre. Il a descendu son godet bruyamment, a poussé un soupir et a enfin rompu le silence.

    - Faut prév'nir l'maréchal-chef et l'prévôt mon mar'chal! Y'a du pas biau dans l'coin!

    Du pas beau, il y en avait régulièrement. Sans doute même plus souvent qu'on le croyait. Les voyageurs hésitaient souvent à venir déclarer la présence des brigands qu'ils croisaient. La plupart du temps, ils estimaient que c'était inutile. L'était-ce vraiment? Bah! Si c'est pour espérer reprendre les biens volés..oui! Ils avaient raison. Mais si c'est pour dissuader les brigands, alors je crois qu'ils ont tort. Ne rien faire, c'est leur donner caution pour agir à l'identique dans le futur. Et pour faire quelque chose, encore faut-il avoir l'information qu'il s'est passé quelque chose. Les patrouilles que l'on avait mis en place récemment étaient nécessaires… mais insuffisantes.

    - Encore des plaintes Poissac?

    - Non chef! C'te fois-ci, c'te d'la viande froide.

    De la viande froide dans la jargon de la maréchaussée, c'est un cadavre. Nous voilà donc avec une histoire de brigandage qui a mal tourné sur les bras. Poissac avait raison. Il valait mieux alerter Mano et Plume.

    - Combien de victimes?

    - Une seule. Une dame. A première vue, c't'une noble sieur. Elle m'semb' ben ben habillée.

    D'un geste, il m'a désigna la charriote stationnée dans la cour de devant. Il n'avait visiblement pas envie d'en dire plus. Il avait besoin de se resservir un autre godet de vin. On a beau faire partie de la maréchaussée, avoir pour la plupart combattu sur des champs de bataille. La mort, on devrait y être habitué. Mais il n'y a que les fols qui s'habituent à la côtoyer. Que des fols comme moi! Eh bien malgré tout, la vision qui s’offrit à moi sous l’épaisse toile de jute dans cette charriote me glaça d’effroi. Une tâche sombre macabre ornait la poitrine de la victime, à hauteur du palpitant. Visiblement un coup. Un seul. Mais placé pour tuer. Ce n’était ni cette tâche, ni le visage bleui, ni les traits tirés par la mort qui me firent frissonner. Je connaissais la victime. Je l’avais rencontré un soir à Sarlat alors qu’elle cherchait à s’enfermer dans une chambre aux amazones et que cet abruti de Will voulait l’en extraire manu militari. Alise de Warenghien. Alise… morte! On a beau être fol, il y a des occasions où la mort est plus forte que vous. Combien de temps suis-je resté là à essayer de comprendre ce que mes yeux transmettaient à mon esprit? A espérer me retrouver dans un rêve? Enfin…dans un cauchemar? C’est une chose de vivre la mort d’inconnus, c’en est une autre de voir la vie de ceux qu’on a connu et apprécié fauchée ainsi aussi violemment. J’ai rabattu la toile de jute sur son visage et j’ai rejoint moi Poissac. Il ne fait pas bon boire seul en cette occasion.


… La nuit est tombée désormais. A la lumière d’une chandelle vacillante, je rédige un court message. J’ai trouvé son nom dans ses effets…une fois que j’eus le courage de faire mon travail, et j’en ai eu des haut-le-cœur. Même morte, chercher des indices dans ses effets personnels, c’est un peu comme si je violais son intimité.

Citation:

De Soren MacFadyen Eriksen, maréchal de Bergerac
Au sieur Jule

Il faut que vous passiez à la maréchaussée de Bergerac, dans le Périgord. Je dois m’entretenir avec vous de choses importantes. Très importantes. J’ai des nouvelles à vous apprendre. Venez prestement.

Soren.


Pas le gout de m’étendre. L’essentiel, rien que l’essentiel.
_________________




Vahanian_dit_jule
[Angoulême]

Le brun est en taverne, pour changer. Il a picolé joyeusement avec Hénora et Haëlig plus tôt, mais là il se retrouve seul. Il faut dire qu'à Angoulême il ne faut pas trop compter avec la population locale... Plutôt que de plonger à pieds joints dans l'ennui il décide de mettre à jour sa correspondance. Il a écrit à plusieurs personnes déjà, mais n'a pas eu de réponse. Notamment d'Alise et de Lonie. Il a cependant d'autres courriers à écrire. Et surtout, trois courriers à lire, d'écriture inconnue.

Le premier vélin qu'il ouvre est humide. Le contenu est littéralement illisible, tant pis.
Le deuxième quant à lui est rapidement chiffonné. Il fera une bonne flambée. Les douanes, il y répond extrêmement rarement. Surtout quand ça fait plusieurs jours qu'il est là et qu'on le contacte dix plombes après.
Le troisième l'interpelle à la seconde ligne...


Il ignore tout à fait qui est Soren, même si le nom lui dit vaguement quelque chose. Mais il ne se rappelle pas spécialement être ami avec un maréchal de Bergerac. La première idée qui lui traverse l'esprit c'est qu'il va être mis en procès pour cette histoire stupide de taverne à Montauban. Mais lorsqu'il lit "sieur Jule", les sourcils se froncent et l'esprit de Vahanian bouillonne. Son nom il ne le donne jamais - à deux exceptions près à ce jour. Ainsi tout le monde y va de son petit surnom. Mais "Jule" est un surnom particulier. Ce n'est pas comme "le moche" ou "le grincheux" qui lui sont régulièrement donnés par des tas de personnes insignifiantes qu'il ne retient même pas. Non. C'est un surnom qu'une seule personne lui donne, depuis longtemps. Alise.
Alors pourquoi un maréchal de Bergerac l'appelle-t-il ainsi ? La suite du message le laisse tout aussi perplexe. Passer à Bergerac ? D'importantes nouvelles ? Mais qui est donc ce type ?

Ne comptant pas répondre présent ainsi à une convocation si peu explicite d'un illustre inconnu qui fait bien des mystères et qui use d'un surnom qui ne lui appartient pas, le brun riposte par missive. Se déplacer pour les beaux yeux d'un type ? Qui si ça se trouve est blond... Et puis quoi encore ? Il a un programme chargé, des choses à faire.
La plume coule sur le vélin et les pattes de mouche du brun prennent rapidement forme au dos du message de Soren.




Messire,

Je ne vous connais pas...
Qui êtes vous et de quoi donc voudriez vous m'entretenir de si "important" ?
Pourquoi m'appelez vous Jule ? Seriez-vous une connaissance d'Alise ?
Dans tous les cas appelez moi autrement.
Et comprenez bien que j'ai des affaires à mener en dehors du Périgord et que je compte justement en sortir d'ici deux jours. Je ne vais donc pas perdre du temps en allant ainsi à Bergerac sans savoir un minimum de quoi il en retourne juste parce qu'un inconnu prétend avoir d'importantes nouvelles à m'annoncer.
Soyez clair et concis, je doute que vos "nouvelles importantes" soient de l'ordre du secret qui nécessite de ne pas en parler par courrier. Je n'ai rien à cacher.

Cordialement,

Un brun.

Quelques instants plus tard, le piaf s'envole vers son propriétaire. En espérant qu'il n'ait pas à trop attendre pour la réponse. Car si les "nouvelles" méritent vraiment déplacement, elles n'ont pas intérêt à arriver dans trop longtemps dans la correspondance du Berrichon.
Soren
L’affaire n’avait pas progressé d’un poil de castor. Il faut dire qu’une victime de brigands, ça n’intéresse personne. C’est trop…banal! Et puis ça ne peut pas venir se plaindre, dire que la maréchaussée ne fait pas son travail ou que les routes ne sont pas assez surveillées. Sauf que là, la victime, c’est Alise et que je ne peux me résoudre à laisser ce crime se perdre tranquillement dans l’oubli. Je n’ai toujours pas eu de nouvelle de ce Jules qui devait occuper les pensées de la poitevine. Ami? Amant? Amoureux? Meurtrier? Oui… meurtrier. Et pourquoi pas? Ne jamais écarté de piste sans raison. Après tout, c’est assez fréquent que meurtrier et victime se connaissent non?

Avec Poissac, nous sommes retournés sur les lieux du crime. Enfin… à l’endroit où Alise a été retrouvée. L’alerte avait été donnée par des gamins qui jouaient dans le coin. Le corps gisait là, sous un arbre. Elle y était adossée. On aurait dit qu’elle dormait…n’eut été la tâche noirâtre qui maculait son chemisier clair. Il y avait peu de sang au sol. Visiblement, elle n’avait pas été tuée sur place. Quelqu’un… Le meurtrier? Un complice? Un passant? Un détrousseur de cadavre? … l’avait posé contre ce tronc. Pourquoi faire? Aucune idée! Le tueur n’avait même pas pris la peine d’enterrer le corps. Non. Il voulait qu’elle soit retrouvée. Pourquoi? Quel intérêt? Se fout-il tout simplement de ce qui peut arriver maintenant? Quel risque encourt-il? Pourquoi s’embêter? Soit…mais pourquoi aussi la mettre aussi en évidence? Pourquoi tout simplement ne pas l’avoir laissé là où elle a été frappée?

Poissac avait aussi procédé à la fouille du cadavre. J’avoue que cela m’avait arrangé. Oh, je n’ai aucune appréhension particulière envers les cadavres. Ils sont en général moins dangereux que les êtres vivants. Mais là, c’était Alise…une personne que je connaissais…une amie. Enfin…je ne pouvais pas. Non! Cette fouille n’avait pas donné grand-chose. Plus d’argent, plus d’objet de valeur. Quelques babioles dans son sac et les lettres de ce fameux Jules… Maudite affaire! Il y a des jours où je déteste mon travail de maréchal!

En rentrant à la caserne, ce soir-là, j’ai la mine des mauvais jours. Je suis fatigué. Cela fait plusieurs jours que je n’arrive pas à dormir après ma garde et j’ai encore des rondes à faire ce soir sur les remparts. Sur mon bureau, trône un message. Jules…Enfin…un brun! Il veut des nouvelles? Il va en avoir!


Citation:
De Soren MacFadyen Eriksen, maréchal de Bergerac
Au brun Jules, connaissance d’Alise de Warenghien

Sieur,
Effectivement, je connais Alise. J’ai réussi, un soir à Sarlat, à la faire sortir d’une chambre dans laquelle elle voulait s’enfermer et qu’un crétin s’obstinait à vouloir ouvrir. Alise a été retrouvée morte sur la route de Sarlat, non loin de Bergerac. Sur elle, peu d’effets personnels. Peut-être a-t-elle été victime d’un simple brigand. Peut-être que cette affaire cache autre chose. Votre nom a été retrouvé dans plusieurs lettres qu’elle avait encore sur elle. Voilà pourquoi j’aimerai que vous passiez à Bergerac
Cordialement,
Soren MacFadyen Eriksen


Cordialement? Oui…Tant que je n’ai pas de preuve que ce Jules a trempé dans le meurtre d’Alise…
_________________
Alise
Morte... assassinée. Elle n'avait pas mérité ça. Mais on ne choisit pas quand on nait, quand on meurt, quand on tombe en amour, quand on perd ceux qu'on aime... Poissac l'avait trouvée. L'avait portée. Avait annoncé une mort au maréchal. À Seurn.

Non Seurn, ne me regarde pas ! Je suis morte...! Elle aurait voulu lui dire, lui éviter cette vision d'horreur, mais avec le mort vient le grand silence. Et Seurn l'a vue. Morte. Et elle a sentit son chagrin, sa colère. Que faire ? Elle ne peut parler, elle ne peut toucher. Il ne sait même pas qu'elle est là ! Elle essaie de faire bouger un objet, de lui toucher, il ne se passe rien. Incapable de faire quoique ce soit. Il ne saura jamais qu'elle est juste à côté de lui.

Seurn et Poissac avaient fouillé sa besace. Trouvé les missives de Jule. Surement celles de Mendoza aussi... Mendoza. Quelqu'un l'avisera-t-il de sa mort ? Sans doute ne se souvient-il même pas d'elle... Écrire à Jule. Prévenir Jule. Comment prendra-t-il la nouvelle ? Ce qu'elle serait prête à faire pour éviter ça à son ami. Sans doute le meilleur qu'elle ait eu... mais elle ne pourra jamais lui dire. Parce qu'avec la mort vient le grand silence...

Quand Seurn lu la missive de Jule, dans laquelle ce dernier refuse de venir sans une excellente raison, elle fut soulagée et déçue à la fois. Jule ne la verra pas si laide, si sale, si horrible... Poissac l'avait fouillée. Si elle avait pu le giffler, elle l'aurait fait ! Avec la mort, le corps devient un objet et la pudeur et le respect disparaissent. De toute façon, il n'appartient plus à personne. Encore, elle essaie de toucher, d'attirer l'attention ailleurs. Rien... il fait son travail et ne sait pas qu'elle est là.

Alors que Seurn laissait partir le pigeon avec la missive pour Jule, un souffle froid dans son cou lui glaça très momentanément le sang dans les veines. Puis l'air redevint ce qu'il était, tiède et humide soir d'été.

Non Seurn... non... Jule ne me fera jamais de mal, jamais !

Elle aurait voulu lui dire, mais avec le mort vient le grand silence.
Vahanian_dit_jule
[Limousin, quelques temps plus tard]
 
Si le brun n’était pas mort, il avait connu forme plus éclatante. Il s’était mangé une armée. Une armée complète qui avait déferlé sur son petit groupe de voyage. Une marée humaine qui, sans déclaration, sans préavis, sans explication, les avait blessés. Tous les trois. Plus ou moins profondément. Vahanian était celui qui s’en était le mieux sorti. Hénora le moins. Haëlig était mal en point et sa plaie sur le flanc était inquiétante. Mais elle vivrait. Tout cela s’était passé très vite et avait accaparé son attention. Il ne s’était préoccupé de rien d’autre. Juste des deux H. et de lui. Il avait reçu la nouvelle lettre de Soren le jour de leur attaque mais il n’avait pas eu le temps de la lire. A vrai dire, il avait même complètement oublié qu’il l’avait reçu. C’est seulement après 5 jours, alors qu’il se remettait juste, alors qu’Hénora semblait aller un peu mieux et tandis qu’Haëlig prenait soin d’elle auprès des sœurs du couvent de Rochechouart qu’il se souvint de cette lettre. Il avait délaissé sa correspondance. Réservant ses seules missives au Bigorneau. Il était peut-être temps de se rouvrir au reste du Royaume. De se mettre à jour. C’est un mot de la Pâquerette qui le décida.
 
Après avoir envoyé un pigeon à Lonie, l’informant des derniers évènements et de sa présence à un nœud d’elle, il répondit à Marguerite. Puis il commença de lire la fameuse missive du maréchal de Bergerac.
 
Alise de Warenghien, ah oui, c’est vrai. Il en avait presque oublié ce nom. Pour lui c’était Alise, tout simplement. Pas Lise, pas Dame, pas Alise de Warenghien. Juste Alise. Il poursuivit sa lecture. Il ne voyait pas trop l’intérêt de l’anecdote sur sa rencontre avec la brune, mais soit. La troisième phrase le choqua par contre. Il la relut plusieurs fois, interdit. Alise, morte ? Non. Il refusa d’emblée la nouvelle. Il n’était pas triste. Juste interloqué. Il n’y croyait pas. Et tant qu’il n’aurait pas eu de preuve, il n’y croirait pas. Il l’avait vue il y avait quoi… Un mois tout au plus ? Elle n’avait pas répondu à sa lettre, il avait supposé qu’elle était fâchée. Ou vexée. Non, assurément c’était là une ruse. L’objectif de celle-ci ne lui apparaissait pas. Mais en l’état il refusait d’accepter cette perte supplémentaire. L’œil sec, il finit de parcourir la missive.
 
Il resta un moment pensif. Une main sur sa cote blessée. Autre chose qu’un brigandage ? Morte ? Non. Il prit la plume et répondit au dos du vélin de Soren.

 


Messire,
 
Je ne vous crois pas. Il est peu aimable de vous adonner à telle plaisanterie. Je ne sais pas ce que vous cherchez. Mais soyez assuré que je viendrais moi-même à Bergerac dès que mon état me le permettra. Et j’exigerai des preuves de ce que vous m’avancez. Si Alise était morte, que je sois là ou non ne changerait rien à l’affaire. Je ne l’ai pas vue depuis des semaines. Qu’espérez-vous ? Me confondre pour meurtre ? Pour vol ? Et j’aurais laissé stupidement des lettres derrière moi. C’est absurde. Cette histoire de mort est absurde. Je serai à Bergerac dans dix jours.
 
Le Brun.

 
A peine l’encre était-elle sèche qu’il envoya le pigeon et saisit un nouveau vélin pour un nouveau pigeon.
 


Alise,
J’ignore où vous êtes mais j’escompte bien que vous répondiez à cette missive ! Un de vos amis me convoque à Bergerac sous prétexte ridicule de votre mort. Pour une fois dans ma vie je vous demande quelque chose : répondez à cette lettre. Ne serait-ce qu’un mot si vous ne voulez pas me parler. Cela sera suffisant.
 
« Jule ».

 
Le piaf fut expédié. Il resta seul avec sa perplexité. Balayant l’onde d’inquiétude qui menaçait de le balayer, il poursuivit la mise à jour de sa correspondance. De toute manière ses décisions étaient prises. Et il ne pouvait rien faire ni dire de plus pour maintenant. Dans dix jours, le sieur Soren aurait à répondre. D’ici dix jours, il aurait réponse d’Alise. Si elle ne boudait pas. Si elle n’essayait pas de tirer un trait sur lui. Il reprit la plume dans un geste trop vif, déclenchant une douleur dans son épaule blessée. Il grimaçât. La guérison était longue.
Soren
[Bergerac - Maison d'Alise]

Un frisson me parcourt l'échine. J'ai froid soudain, froid comme si l'hiver s'était installé dès que j'ai franchis la porte de sa demeure. La bâtisse est plongée dans la pénombre. Les volets sont clos. On dirait qu'ici le temps s'est arrêté. Même ce quignon de pain sur la table semblait figé pour l'éternité. Ill est aussi dur que peut l'être un morceau de silex de Bergerac. Vient-il de ma boulangerie? Qu'importe… Ça n'a vraiment aucune importance! Mon esprit chercher sans cesse une échappatoire vers la futilité. Il n'arrive pas à se focaliser sur la tâche pour laquelle je suis venu : trouver un indice, une information.

La porte de l'armoire grince, rompant le silence d'une manière lugubre. A l'intérieur, des jupes, des robes, des chemises, un foulard. Des vêtements. Ses vêtements. Dans la dernière étagère en bas, soigneusement alignés, s'étalent ses chausses, ses chaussons, ses bottes et un sac de voyage élimé. usé sur les routes du royaume. Elle ne tenait pas en place. Elle aimait voyager…et elle en est morte. Visiblement, elle n'avait pas l'intention de déménager. Ou du moins… pas lors de ce voyage qu'elle n'a jamais terminé. Dans la rue, passe une charrette. Des sabots martèlent le pavé de la rue. Un éclat de rire tonitruant se fait entendre. Le soleil doit maintenant avoir fait son apparition. Bergerac se réveille.

J'ai l'impression de visiter une tombe. Sa tombe… mais une tombe pleine. J'aurais préféré trouver une maison vide. J'aurais préféré qu'elle eut l'intention de déménager… et qu'elle y soit parvenue. Je sais qu'elle ne peut m'en vouloir. Elle est morte. Elle n'existe plus… à part peut-être… qu'elle est quelque part là-haut au paradis solaire? Et si c'est le cas, peut-elle m'observer de là-bas? Que pense t-elle du fait que je fouille ses effets personnels? Que j'entre ainsi dans son intimité sans avoir aucune autorisation de le faire? Qu'en toute impunité je fouille et mets sens dessus dessous sa vie personnelle? Son jardin secret? Elle aurait raison! Car c'est effectivement ce que je fais. Quand on n'est mort, on n'a plus aucune liberté. Plus de pouvoir sur rien…même sur ce qu'on avait de plus personnel. Maintenant, elle ne peut plus rien me cacher. Je connais tout d'elle! Tout ce que cette maison est capable de me révéler. Je me sens comme ces pilleurs qui hantent les champs de bataille une fois que le bruit des armes s'est tu. Ils prennent en toute impunité vos armes, vos bottes, votre argent! Ils s'approprient votre chemise si elle peut encore servir. Ils s'emparent de cette bague qu'une gente dame vous a offert. Et moi ici ce sont ses souvenirs, ses habitudes, sa façon de vivre que je viole. Dans quel but? Celui de faire la lumière sur sa vie? Trouver la vérité? Mais quelle vérité? Alise est morte dans un brigandage Seurn! Ne cherche pas plus loin! Un brigandage qui a mal tourné! Pourquoi refuses-tu donc l'évidence? Pourquoi! La moitié du pain totalement rassis qui trônait sur la table vient s'écraser contre la cheminée...Un simple revers de la main. Un geste rageur! Des sentiments que j'ai du mal à contrôler et la chaise qui, il y a quelques instants encore pouvait encore espérer accueillir un séant, est là pour en témoigner. Je n'ai rien à faire ici! Rien! Je ne suis pas un pilleur de vie… Un brigand de souvenirs… Un violeur d'intimité. Non! Je n'aurais pas du venir ici. Je devrais classer cette affaire, renvoyer ce Jule chez lui et oublier. Tout oublier!

Alise for fanden! Pourquoi êtes-vous donc aller vous jeter en travers du chemin de ces malandrins?

_________________
Alise
[Maréchaussée de Bergerac]

À quelle vitesse s'écoulent les jours, les heures, les minutes et les secondes, quand on n'est plus ? Quand on n'a plus faim, quand on n'a plus sommeil ? Quand on n'a plus mal, quand on ne rit plus ? Pour Alise, le temps s'est arrêté ce soir-là, tout près de Bergerac, alors qu'elle rentrait de son voyage à Mimizan. Elle était partie sans prévenir personne, avec son ami Jule, et Haelig, une demoiselle qui aurait pu devenir son amie, si elles avaient pris le temps d'apprendre à se connaitre. Ce voyage à Mimizan avait été une erreur, Alise l'avait compris le jour où Jule et Haelig sont partis, sans même la prévenir. Une missive seulement, pour lui dire au revoir, et lui dire qu'un jour Jule reviendrait la visiter. Il ne voulait plus d'elle dans son quotidien, dans ses voyages. Elle avait un sale caractère, elle était triste et elle prenait tout négativement ces derniers mois. Et cela avait finit par ronger leur amitié. Et Jule en avait eu marre.

À quoi bon rester à Mimizan, ville déserte ces derniers temps, à ruminer ? Alise avait décidé de rentrer seule, encore une fois, sans prévenir personne. Jule lui avait pourtant recommandé d'être prudente, de se faire accompagner, de ne pas se croire plus forte qu'un groupe de brigands. Mais elle avait une tête de mûle... et ce fut sa dernière bêtise.

Son corps gisait toujours à la maréchaussée. Elle voyait dans toute l'attitude de Seurn que sa mort l'ébranlait. Le chagrinait. Le bouleversait. Elle n'y pouvait plus rien. Elle surveillait ses allées et venues. Elle ne voulait pas s'éloigner de son corps, et ne suivait donc pas son ami lorsqu'il quittait la maréchaussée. Mais chaque fois qu'il revenait, elle tentait de lui toucher, de lui souffler dans l'oreille, de lui faire comprendre qu'elle était là. Sans succès. Et Jule qui ne venait pas... Un petit oiseau s'approcha de son corps, un jour. Depuis combien de temps était-elle étendue sur cette table ? 1 jour ? 5 jours ? 10 jours ? Elle n'en savait rien... cet oiseau l'avait trouvée. Il se posa sur son ventre, et se mit a piailler. Il avait une missive à la patte. Pour Alise ? Qui écrirait donc à Alise ? Qui voudrait écrire à une morte ? Alise tendit sa main pour prendre la missive... et passa au travers. Elle grimace. Elle essaie encore et encore. L'oiseau s'énerve, piaille plus fort. On dirait qu'il la voit...

Dis-moi qui m'écrit ! Que m'écrit-on ? Pigeon, parle-moi !

Incapable de prendre la missive, ses mots ne sont pas audibles, ni d'un humain ni d'un oiseau, Alise voudrait hurler, mais cela ne changerait rien.

Parce qu'avec la mort, vient le grand silence.
Soren
[Saison 2 - Episode 3 - "Un Eriksen paie toujours ses dettes*"]

- Qu'est-ce que tu faisais là? Où sont tes complices? Je veux avoir la liste des groupes qui se trouvent aux alentours de Bergerac.

Le ton est froid, presque inhumain. Il n'exprime aucun sentiments. Seule la détermination transparait. Assis sur une chaise non loin de l'homme ligoté qui subit mon interrogatoire, je triture un morceau de bois avec mon poignard danois. Sur les genoux tombent quelques copeaux que je balaie négligemment du revers. Debout près de la porte d'entrée, adossé au mur, Poissac observe la situation, les bras croisés sur la poitrine. Il a la mine des mauvais jours. Il s'abstient de regarde à la fois dans ma direction et dans celle du prisonnier. Regrette t-il? C'est lui qui l'a trouvé. C'est lui qui l'a amené ici. C'est lui qui m'a fait appelé pour savoir ce qu'on devait faire de ce maraud.

- M'as-tu bien entendu? J'aurais ces informations... d'une façon ou d'une autre...

Le brigand a la tête pendante. Il est visiblement fatigué. L'interrogatoire dure depuis quelque temps maintenant. Sa lèvre est fendue. Un filet de sang s'écoule de la commissure de ses lèvres et de son nez, et la pommette de sa joue est contusionnée. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas vraiment l'air en grand forme l'ami! Par deux fois, il m'a demandé à boire. Par deux fois, j'ai du lui refusé. La manque de coopération de sa part ne favorise pas les bonnes relations entre nous, c'est le moins que l'on puisse dire. Je crois qu'il a besoin que je lui explique d'une autre façon ce que je veux. De la main gauche, j'attrape une mèche de cheveux située sur le haut de son crâne, et tire sa tête en arrière.

- Écoute-moi... L'un de tes amis a tué une de mes amie. Ça, tu le comprends? Je veux savoir qui a fait le coup... et tu vas m'y aider.

D'un geste du pouce, j'ajuste au mieux la position de la bague qui orne mon auriculaire droit et le revers de la main vient heurter brutalement sa joue gauche. Sa tête bascule sur le côté sous l'impact. Un cri de douleur retentit dans la pièce. Poissac, lui, crispe la mâchoire. Il doit se sentir mal à l'aise.

- Tu crois que je vais te donner à la justice? Que tu vas t'en sortir avec une amende et quelques jours de prison?

Se relever. Le dominer de toute ma hauteur.

- Tu te trompes... Je n'ai déposé aucune plainte... Et je n'ai pas l'intention de le faire. A part celui qui t'a amené ici, personne ne sait que tu es ici. Je peux aussi bien te laisser crever ici. Ça ne me gênerait pas. Mais avant, je viendrais chaque jour te harceler pour obtenir ce que je désire. Tu comprends? Je ne te libérerai que quand j'aurais l'information...et je te le répète : je suis prêt à tout pour ça.

En regagnant ma place, ma botte vient fortuitement écraser le bout de ses orteils. Hou que je suis maladroit. C'est une honte! Je me verse une chope de bière et la déguste lentement. L'atmosphère dans la pièce est lourde. Poissac ne dit pas un mot. Ici, il n'y a que moi qui parle, l'autre ne fait que gémir de temps à autre et articuler des syllabes - Est-ce vraiment des mots? Des phrases? - qui n'ont aucun intérêt. Seul compte la réponse aux questions que je lui pose!

- J'ai l'impression que tu ne m'as pas bien compris! Patiente un instant tu veux? Oh...Et tu peux t'assurer que Poissac ne boit pas dans ma chope? C'est assez personnel une chope de bière tu sais?

Lorsque je reviens dans la pièce quelques instants plus tard, un rat que je tiens par la queue se tortille au bout de ma main. Je le lève assez haut pour que le "timide" aperçoit bien son museau rose et se pelage gris-noir.

- Désolé, il ne s'est pas présenté. Je ne peux donc faire les présentations. Par contre, je crois que vous devriez tous les deux faire plus ample connaissance. Quelqu'un m'a dit que vos destins étaient liés... Hum...

Mon regard passe alternativement du rat à l'homme que j'interroge.

- C'est vrai que vous êtes plutôt bien assorti vous deux...

Non loin de la cheminée, traine un seau de métal. Je m'en empare, ainsi que d'une torche accrochée au mur. Je m'approche de l'individu, plonge le rat dans le seau et colle cette "cage" contre l'abdomen de mon petit ami. Je place la torche sous le seau.**

- Pour lui, comme pour toi, il n'y qu'une issue de sortie. Lui, il est intelligent. Il va vite la trouver...et il sait où est son intérêt. Toi...

Un sourire mauvais illumine mon visage.

- A toi de voir...

Effectivement, l'animal lui a vite compris! La chair abdominale, même celle du brute habituée a bourlinguer sur les grands chemins, est tendre. Alors que visiblement, le travail de forage a débuté, un nom est hurlé au travers des cris de douleur qui retentissent dans le bureau de la maréchaussée transformée en salle d'interrogatoire.

- Mendozaaaaa! Il s'appelle Mendozaaa!

Tiens donc? Est-il plus loquace désormais? Mes sourcils se froncent en même temps que mes mâchoires se crispent. Les mirettes grises-bleues scrutent les siennes. Me ment-il? Essaie t-il juste de s'en sortir? Par n'importe quel moyen?

- Mendoza? Qui est Mendoza?

* Inspiré de la devise des Lannister - Le trône de fer - G.R.R martin
** Inspiré des techniques du titilleur à Harrenhal - Le trône de fer - G.R.R martin

_________________
Mendoza
Le blond toujours sous sa cape et la capuche lui recouvrant le visage entra en taverne pour s’asseoir dans un coin , jetant un regard autour de lui ..

Juste derrière lui , il remarqua que quelqu'un l'avait suivi depuis la maréchaussée, il restait donc sur ses gardes ..

Il écoutait a son habitude sous le regard de tous car sa capuche offrait toujours la crainte de tous a celui qui la portait.

Il entendait quelques murmures s’échappaient de la ou la..

Il commanda une miche de pain et une bière pour se restaurer ...

L'odeur de mort était toujours présente , mais il y avait cette légère odeur de quelques chose ou quelqu'un qu'i semblait connaitre .

Il n'arrivait pas a se souvenir mais savait....

il mangeait son pain , en levant le bras sa manche se souleva, faisant apparaître le manche d'une de ses lames brillantes ...
Poissac, incarné par Soren
Poissac s'était approché du tavernier. Il lui avait commandé deux chopes de bière. De la blonde, c'était sa préférée. Quelle meilleure façon de faire parler les hommes que devant une bonne bière? Il s'approchait de la table lorsqu'un éclat lumineux attira son attention. Ainsi donc l'homme était armé? Bien plus que le vulgaire boucher du coin! Il s'agissait de faire preuve de vigilance! Décidément, il méritait bien plus qu'un salaire de cinq écus par jour.

Le garde s'approcha de l'inconnu. Dans son dos, il toussota pour attirer l'attention.


- Hum! Vous devriez changer de bière! Celle-ci est de meilleure qualité!

Joignant le geste à la parole, Poissac déposa ses chopes sur la table et vint prendre place devant l'individu.

- Je n'ai pas bien entendu votre nom au bureau de la maréchaussée. Votre nom, c'est quoi? Et vous êtes ici pour faire des affaires? Pour rendre visite à de la famille? Si vous avez besoin d'un guide dans la ville, je peux vous en trouver un à bon prix vous savez!
Mendoza
Le blond regarda le messire prendre les bières....

Il regardait le messire s’asseoir et lui offrir la bière .

Il fit un geste de tète pour le remercier...

Il écouta ses questions..

Merci pour la bière tout d'abord...

Je ne vous ai pas indiqué mon nom, donc vous n'avez pu l'entendre en effet....

Je suis un voyageur qui reste a rester discret, j'ai besoin de repos , et je souhaite rester quelques jours parmi vous.

je suis escorteur de bien ou de personne donc ne vous inquiétez pas pour moi j’arriverai a me guider tout seul...

On me nomme Mendoza , Il est possible que vous ayez entendu parler de moi, mais rien n'est moins sur ...


Le bond fixe le messire qui change de couleur en entendant le nom....

Il se dit que vu cela , on a u lui parler de lui et il aurait ineret a etre sur ses gardes..

Ile blond gliise ses mains dans ses manches pour attrapper ses deux dagues , tout en gardant son regard sur le messire...

Tout va bien essire?????
Poissac, incarné par Soren
Mendoza? Pas possible! Mendoza... Le nom cité lors de l'interrogatoire du brigand par le maréchal MacFadyen. Mendoza... que le même maréchal considérait comme le suspect numéro un dans le meurtre d'Alise de Warenghien. En entendant ce nom, sous l'effet de surprise, Poissac recracha sa bière. Celle-ci se répandit sur la table, sur le sol, sur ses vêtements.

- Désolé l'ami... Je...Euh... Enfin... J'venions d'découvrir qu'y avait une mouche dans ma bière et j'avions ben failli l'avaler!

Surtout reprendre le contrôle de soi rapidement, mettre de l'ordre dans ses idées et ne pas céder à la panique. Trier et mettre à gauche les idées du genre : fuis le plus rapidement possible, renverse la table sur lui, appelle à l'aide dans la taverne, dis-lui que tu es responsable de quatre enfants en bas âge. Embrasse-le sur les lèvres, il ne s'en remettra pas! Mets à droite les idées suivantes : Mendoza? Et alors! Moi c'est Poissac! Je suis de la maréchaussée et la taverne est encerclée pour tous les gardes de la ville. En plus, j'en ai une plus grosse que toi de dague! ... Et au final, choisis les idées qui ne sont pas aux extrêmes...

- Dites, vous n'connaitriez pas une dame du nom d'Alise de Warenghien? J'vous dis ça parce qu'y semb' m'rappeler qu'on a une enquête en cours la concernant... et qu'vot nom y s'rait rattaché. Attendez que j'm'en souvienne... Ouais... Vous lui auriez pas écrit des lettres d'amour à Alise?

Des lettres d'amour? Mais où avait-il pêché ça? Hum...Pensait-il que cela servirait sa cause ce genre d'affirmation gratuite?

- ... parce que si c'te ça, faut que j'vous dise qu'la Alise, elle est morte assassinée!!!! Ouais... plantée ben raide! Aussi raide qu'un billot d'bois!

Il était content de lui le Poissac! Il avait l'air de l'homme qui venait d'inventer l'eau chaude. Avec ça, il espérait bien tâter le terrain et voir comment l'autre réagirait. Il aurait été fier de lui le maréchal s'il avait pu le voir manoeuvrer ainsi! Ouais! Nul doute que s'il dénouait à lui seul l'affaire Alise de Warenghien, son avancement au sein de la maréchaussée de Bergerac était assuré!

- Hum...J'pourrions vous poser kek questions sur la donzelle?

Il s'enhardissait le Poissac! Dans sa tête, il était déjà prévôt et prenait des informations sur la procédure à suivre pour devenir Grand Prévôt de France. Dans sa précipitation, il n'avait même pas remarqué les dagues du voyageur.
Mendoza
Alise , tu as bien dis Alise.....

Regarde le messire fixement..

Il ne l'avait pas vu depuis bien longtemps mais il repensa a tous les bons moment passé a ses cotés...

Le messire articule peu , bafouille de peur...

Et tu pense que j'ai tué Alise, vous n'etas donc pas que stupide ici , vous êtes également fou...

La taverne entendant ses paroles se levent fixant le Blond sous sa capuche..

Le blond regarda ce qui se passa ...

Calmons nous , je ne parlai pas pour vous mais juste pour le messire , calmons nous et buvez une biere a ma santé....

Le blond offrant la tournée le calme reveint dans la taverne..

Allez je vais te suivre si tu le veux que tu me pose tes questions sur Alise..

Le blond fixa le messire puis se dit que l'odeur de mort etait mélanger a celle d'Alise et du coup se precipita vers le bureau de la marechaussé comprenant que c'etait elle qui était la bas..

Arrivant devant le cadavre puant , il regarda la belle et deposa ses levres sur son front..

Tu aurais du me suivre , tu vois je suis toujours en vie et toi tu n'es plus ...

Il se retourna voyant le messire arriver essouflé..

Alors tes questions??????
Poissac, incarné par Soren
Pfioooouuuu! Il y a parfois des mots qui sont de véritables déclencheurs de tempête. Il a suffit que Poissac prononce le nom de la défunte pour que ça mette son interlocuteur sens dessus dessous, croyant même qu'on l'accuse du meurtre de l'angevine qui a fini par émigrer dans le Périgord-Angoumois. Tout ça dépasse complètement le garde la maréchaussée. Il le regarde s'agiter dans tous les sens, se demandant soudain comment tout cela va finir. C'est qu'il n'y a pas que des enfants de choeur ici! D'ailleurs, des enfants de choeur, il ne doit plus y en avoir tellement la ville est laissée pour compte par l'église de Rome...ou de France d'ailleurs! Poissac était bien loin de connaître les dernières nouvelles tournant autour de la religion dans le royaume. Eglise Aristotélicienne de Rome, Eglise Aristotélicienne de France...Pour tout ça, il n'y a bien qu'un Dieu non? Bon...Il faut bien avouer que le maréchal MacFadyen a fait de Mendoza son premier suspect. L'homme a semble t-il un lourd passé de brigandage et aux dires de certains prévôts, il n'est pas forcément un tendre avec ses victimes. C'est dans ces moments que Poissac regrette particulièrement l'absence du maréchal! Oh, pas qu'il croit le maréchal plus apte à régler l'affaire. Non. Mais au moins, cela aurait été lui qui aurait pris l'affaire en main. Il aurait choisi l'approche qu'il voulait avec Mendoza...Que cela mène quelque part ou pas, Poissac s'en foutait royalement!

Une bière est arrivée devant le bergeracois sans même qu'il s'en rende compte. Elle fait visiblement partie d'une tournée générale et Poissac n'est pas du genre à cracher dans la bibine. A peine a t-il le temps de se demander si c'est une pinte ou une demi-pinte qu'on vient de lui servir que l'homme file dehors. Direction.... Les bureaux de la maréchaussée! Eh bien! Si Mendoza est vraiment un brigand, c'est bien la première fois que Poissac observe un tel individu courir aussi vite pour entrer à la maréchaussée. D'habitude, ils battent effectivement des records de vitesse...mais pour en sortir!

Quoi qu'il en soit, il n'y a pas à dire : l'homme connait Alise. Ont-ils été amis? C'est la moindre des choses visiblement. Amants? Aucune idée. Une idée traverse alors la tête plutôt légère du garde de Bergerac : et si l'homme lui jouait une sorte de comédie. S'installant confortablement dans une chaise, les pieds croisés sur la table, Poissac observe la scène avec sérieux jusqu'à ce que l'autre l'interpelle.


- Vous connaissiez Alise de Warenghien? Avait-elle l'habitude de voyager seule? Connaissiez-vous les motifs de ses voyages? Vous a t-elle contacté récemment? On la disait suicidaire, c'est vrai? L'était-elle ces derniers temps? Savez-vous si elle avait des projets? Avait-elle des ennemis? Des hommes qui pourraient lui en vouloir au point de la tuer? ... ou une femme jalouse d'elle? Genre une femme qui aurait perdu son amant au profit d'Alise?
Alise
Alise s'obstinait toujours avec le pigeon posé sur son ventre, à la maréchaussée. Le pauvre oiseau voulait lui remettre un parchemin, mais la pauvre Alise est morte. Inerte. Froide. Immobile. Et silencieuse. Qu'elle essaie de chasser l'oiseau ou de l'attraper, il ne se passe rien. Elle a beau remuer autant qu'elle peut ses bras invisibles, hurler de sa voix inaudible, l'oiseau reste sur son ventre, attendant que quelqu'un prenne le parchemin.

Tout à coups, un homme entre et se précipite vers Alise, dont l'odeur de mort est de plus en plus forte. Il lui embrasse le front, malgré son état de décomposition déjà avancé. Elle le regarde, n'osant y croire. Le blond. Son blond. Mendoza ? Ici ? Mais pourquoi ? Il n'avait rien à voir avec sa mort, ils ne s'étaient plus vus depuis des lustres...

Tu aurais du me suivre , tu vois je suis toujours en vie et toi tu n'es plus ... lui murmura-t-il.

Le suivre... suivre Mendoza. C'était tout un projet. Elle avait voulu le suivre, mais elle avait eu peur. Elle avait peur de voyager, peur d'être brigandée, peur d'être abandonnée. Voilà que sa peur de se faire tuer sur la route s'était avérée justifiée. Elle n'est plus. D'abord surprise de voir Mendoza, elle l'observe, lui qui n'a pas vraiment changé. Sa capuche sur la tête, il cache son visage pourtant agréable à l'oeil. Un air de costaud, de bagarreur, de fouteur de trouble, qui dissimule si bien son coeur doux et aimant. Sa surprise devient une émotion trouble, qui emmène sur ses lèvres un sourire et des larmes dans ses yeux. Personne ne peut voir ce sourire, personne ne peut essuyer ces larmes...

Sans y penser, elle l'enlace... et trébuche et se retrouve au sol. Mendoza n'a rien senti, sauf peut-être un petit courant d'air froid frôler la peau de sa joue droite. Elle se relève, en criant "MENDOZA !" mais, avec la mort, vient le grand silence...

Elle regarde Poissac, Mendoza, et ne sait pas quoi faire. Il va l'accuser de l'avoir tuée ?

"Non, ce n'est pas lui !! C'est un homme que je ne connais pas qui m'a tuée !"

Personne ne l'entend... parce qu'avec la mort, vient le grand silence. Fâchée, elle donne un coup de pied dans une chaise... qui se déplace d'une quinzaine de centimètres, accompagnée d'un bruit de glissement au plancher.
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