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[RP] Un Eriksen paie toujours ses dettes

Soren
Résumé des épisodes précédents :

Épisode 1 : "Prendre le noir"
Épisode 2 : "Le noir te va si mal"
Épisode 3 : "Un Eriksen paie toujours ses dettes"


[Saison 2 - Épisode 4 : "La nuit est sombre et pleine de terreurs.*"]

Ce fut une drôle de journée. La nuit passé, j'ai arpenté sans relâche les rues de ce que les autres nomment "Bergerac". Dans quel but? J'avoue que je n'en sais trop rien. Peut-être espérai-je changer cette chemise ocre trop grande pour moi contre une mieux ajustée? Peut-être avais-je envie de me défaire de cette odeur de sanglier qui venait avec? Peut-être aussi espérais-je trouver une réponse à ces trous qui parsemaient ma mémoire. Je savais que je venais du Danemark. J'y avais été élevé. J'avais gardé en moi les souvenirs des folies réalisées avec les amis qui m'entouraient. Aalborg, Horsens, Jutland... Ces noms-là me parlaient. "Bergerac" et "Montauban" ne me disent rien. Pourtant, j'ai appris que je vivais ici depuis plusieurs moi. Étrange... Oui! Se sentir étranger dans le village où l'on habite soi-disant, c'est particulier. Tous ces bâtiments, toutes ces rues devraient me sembler familière et pourtant elles ne réveillent aucun souvenir en moi, aucune expérience passée bonne ou mauvaise. Ai-je déjà mis les pieds dans cette taverne? Y ai-je bu plus que de raison? Ce boulanger, me connait-il? Lui ai-je déjà acheté du pain?

Dans la rue, certaines personnes m'ont arrêté. Ils m'ont tapé sur l'épaule en me disant qu'ils me reconnaissaient bien là, à défier ainsi le premier venu. Défier? J'ai défié quelqu'un moi? Il semblerait que oui. Manu Harjent de Clisson! Tel serait le nom de celui que je dois affronter en lice! Mais pourquoi diable l'ai-je défié? Ça, on dirait que personne ne le sait réellement. Certains ont dit que c'est suite à une discussion mouvementée à la Boulasse de "Bergerac". D'autres prétendent qu'il aurait insulté ma soeur. Ah tiens! J'ai une soeur? Vraiment? Un troisième individu a prétendu qu'il aurait mis en doute mes qualités de maréchal. Qui croire? Comment se fier à quelqu'un quand on ne se rappelle plus rien de son passé proche? Des évènements dont ils parlent? A l'heure dite, je me suis présenté aux lices de ce village... "Bergerac"...Décidément, je ne m'y ferais pas... Et je n'ai croisé personne. Billevesées que tout ceci! Je suis trop crédule.


- Il n'a pas relevé le défi...Pour des raisons que lui seul connait.

Je ne connaissais pas l'homme qui m'a parlé. Son visage m'est inconnu.

- Moi?!?!?!? Je devais combattre quelqu'un et il s'est esquivé? Moi?

J'avais envie de crier mon nom haut et fort, comme si j'étais outré que quelqu'un refuse de se battre avec moi, comme si c'était l'offense la plus grâve qu'il pouvait me faire...Mais ma tête s'y refusait. Un petit groupe de personne avait commencé à se rassembler ici. Sans doute étaient-ils venu pour voir le combat. J'ai détesté les regards qu'ils ont posé sur moi. J'avais l'impression d'être le responsable, celui à cause de qui le spectacle n'aurait pas lieu. Responsable? Responsable de quoi?!?!? J'ai traversé les groupes de badauds, j'ai soutenu leur regard hautain et dédaigneux. Je les ai toisé avec autant de respect qu'eux m'en portaient.

- Moi, je suis là! Je n'ai pas eu peur de me battre! Si l'un de vous croise ce Manu Harjent de Clisson, dites-lui que je l'attendrai ici, demain, à la même heure qu'aujourd'hui! Oui! Dites-le lui!

Je ne savais même pas pourquoi j'ai crié ça. Je ne savais même pas pourquoi je devais me mesurer à ce Manu. Eux, tous ceux qui me regardaient, ils me défiaient! Ils se moquaient de moi, souriaient dans leur cape, pouffaient de rire entre eux. Eh bien, ils verraient demain si je suis homme à plaisanter! Et ce manu sera la victime expiatoire de tous ces quolibets que je dois souffrir ici!

Oui, ça, ce fut ma journée. Foutu journée. Je ne sais pourquoi mais j'ai ressenti le besoin de monter aux remparts de cette ville nommée "Bergerac". Il n'y a rien sur les remparts, rien excepté le vent qui vous mord le visage même en plein été. Je me suis emmitoufflé dans ma cape, et je me suis adossé au mur. Qui suis-je? Quel est mon nom? Et qu'est-ce que je fais ici car visiblement "Bergerac" est bien loin de Aalborg? La lumière de la lune se reflète sur la lame de mon épée que j'astique avec précaution avec un morceau de toile épaisse.Je ne me rappelle pas ce que je fais ici, je ne me rappelle même pas de mon nom. Mais je sais une chose : Erik Larsen doit mourir pour ce crime qu'il a commandité. et il mourra de ma main! Par cette même épée! "Père", elle n'avait commis aucun crime, et moi non plus! Tu n'avais pas le droit de la tuer. Les jointures de mes articulations blanchissent sous la pression de ma main qui se resserre sur la lame, entaillant la peau au passage. Le sang macule le chiffon de toile mais je n'y prêt guère attention. Mon esprit est ailleurs. Quelque part du côté d'Aalborg, dans un buisson où git le corps inerte d'une jeune fille. Ses vêtements ont été déchirés. Sa tenue est à la limite de la décence, laissant le haut de sa poitrine et de ses jambes offert aux regards des passants. Ses membres font des angles bizarres avc le reste de son corps. Une tâche rouge noir s'étale sur sa poitrine, au niveau de son coeur. La garde d'un poignard est la seule partie visible. La lame, elle, disparait dans son corps. Une trainée de sang a coulé de la commissure de ses lèvres jusque dans son cou. Ses yeux sont grands ouverts. Ses blonds cheveux ont été taillé, coupé au couteau, en mèches irrégulières, dévoilant même à certains endroits la peau de son crâne. Erik Larsen, pour ce crime, tu paieras de ta vie. Et dès ce soir! Tu n'aurais jamais du mettre les pieds à "Bergerac". Ce soir, je serais ton bourreau. Ce soir, tu vas payer ta dette!

* Mélisandre - Le trône de fer - G.R.R Martin
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Soren
[Saison 2 Episode 5 : " Tous ceux qui ne sont pas nous sont nos ennemis*"]

Les ruelles de "Bergerac" sont désertes… ou presque. L'épée à la main, je cherche ma proie, sans aucune discrétion ni subtilité. Son image est gravée dans mon esprit. Grand, un regard froid, les muscles du visage toujours tendus, la mâchoire toujours serrée… Il porte une moustache et une barbe légère. Il est blond évidemment. Le temps commence à laisser ses marques sur sa chevelure. Elle était plus fournie quand j'étais jeune. Se sera t-il empâté sous le poids des victuailles qui s'amoncellent sur sa table à Aalborg? Ou aura t-il garde sa silhouette mince et élancée? Sa fine corpulence? Bien plus fine que moi d'ailleurs… Qu'importe! Erik Larsen, je te reconnaitrais toujours. Quel que soit les ravages du temps sur toi, je saurais te trouver… pour te tuer! Et quand bien même tu me ferais crever un œil par tes sbires, voire même les deux, je serais toujours sur ta trace. Tu pues la haine et la folie! Tout autour de toi n'est que tristesse et désolation! Rien ne vit! Tu te complais dans la pourriture et dans la mort. Alors sois heureux, c'est exactement ce que je vais te donner… dans l'ordre inverse : d'abord la mort par le fil de cette épée qui déchirera lentement tes entrailles. Et seulement par la suite viendra la pourriture.

J'ai l'habitude de porter à un flanc une épée longue et fine, une lame mince qui transperce aisément les cottes de mailles sans même avoir besoin de posséder une force phénoménale. C'est l'arme des danseurs d'eau, celle de ceux qui privilégient en combat la dextérité et l'esquive à la force brute. Mais ce soir, je n'ai pas du tout envie de danser. Ce soir, j'ai besoin de faire sortir ma haine, de frapper encore et encore, de toutes de mes forces. Toute cette puissance accumulée en moi doit sortir d'une façon ou d'une autre. Autant que ce soit sur celui avec qui je dois régler mes comptes… plutôt que sur moi. Ce soir, j’ai une épée large, moins longue, plus robuste. De celles qui tranchent, qui coupent des jambes, des bras, des têtes…

La ville est calme, beaucoup trop calme pour quelqu’un qui bout intérieurement. J’ai besoin de frapper. Sur le sol, sur un mur, sur Erik Larsen, sur n’importe quoi mais il faut que je frappe pour que la pression que l’Autre me met en tirant sur ses chaînes s’évacue d’une façon ou d’une autre. Un grincement attire mon attention. On dirait une vieille meule qui tourne. Non. Ce n’est pas une vieille meule, c’est… le bruit d’une roue sur le sol pavé de la route! Par où for fanden? D’où vient ce bruit? Qui se promène ainsi en charriote dans les rues de la ville après la tombée de la nuit? Dans la nuit périgourdine, une ombre orageuse se faufile de ruelles en ruelles jusqu’à ce bruit qui a attiré son attention.

Accroupi à un angle de rue, je regarde passer l’attelage. Ce n’est pas une charriote. C’est un carrosse! Comme ceux dans lesquels les nobles de haut lignage aiment à se pavaner. Il est là. Je le sais. Je le sens. Derrière lui, deux gardes. Sans doute est-ce là sa garde rapprochée. Il a toujours aimé en avoir une. Il a toujours aimé l’idée que quelqu’un puisse mourir pour lui. Il n’a aucune considération pour la vie humaine, la sienne exceptée. Tout lui est dû. Du calme Seurn, du calme. Laisse tranquillement l’attelage passer. Attends le bon moment pour passer à l’attaque. Ne gâche pas cette occasion, tu n’en n’auras peut-être plus. Voilà…encore un tout petit instant et…Courbé dans l’ombre, je me faufile jusqu’au carrosse. Celui-ci fait bien plus de bruit que moi. Le longer juste ce qu’il faut et… Sauter dessus, sortir le poignard danois qui pend à mon côté! Étreindre Erik! Lui interdire tout mouvement des bras d’abord! Je n’ai pas envie de me prendre son épée au travers du corps et je le sais habile dans ce genre d’exercice! C’est presque inespéré! Tout se déroule de manière idéale! Il n’y a plus qu’à planter le poignard dans la gorge…ou dans le cœur! A son choix! Dépendamment de ce qu’il me présente le mieux! Mais avant, je veux qu’il souffre, qu’il ait conscience qu’il va mourir! Je veux lui pourrir ses derniers instants! Derrière, les deux gardes braillent et peinent à sortir leurs armes pour défendre leurs maîtres? Parfait! Qu’ils continuent à crier! Moi, ça ne me dérange pas! Ce qui me dérange plus, ce sont les cris qui enflent et qui viennent des quartiers voisins. Oh Oh! On dirait que les renforts arrivent! For fanden! Il faut toujours qu’il y ait quelqu’un pour gâcher ma joie!


- Tu as de la chance, tyran! Beaucoup de chance!
D’un geste brutal qui ne souffre aucune contestation, je le fais descendre du carrosse, le tire avec moi jusqu’à la maison la plus proche. Qu’elle soit déserte ou pas, je m’en fous! Un coup de pied violent suffit à ouvrir la porte qui gémit lourdement sous l’impact.

- Vous!

D’un geste péremptoire, je désigne les deux gardes toujours empêtrés dans leurs affaires.

- Suivez-nous! Vous êtes mes otages!

Mais pourquoi ce fou d’Eriksen s’est-il entouré de ces deux empotés? D’habitude, il aime la compétence et la loyauté sans faille de soldats lobotomisés. Ceux-là… sont bien loin de ses critères de sélection habituels! Il vieillit le fol! Il vieillit! Mais plus très longtemps! Je vais m’occuper de ça! Les tirant et les poussant par l’échine, j’arrive enfin à entrer tout ce petit monde dans la monde. Je n’ai toujours pas desserré l’étreinte autour du tyran! Oui, c’est sûr, il manque d’exercice ! Il s’est ramolli! Je le déleste de toutes ses armes et le repousse violemment au fond de la pièce!

- Si tu bouges d’un pouce, un seul pouce, tu auras mon poignard planté dans ton sale corps!

La porte se referme juste à temps. Dehors, les bruits se font plus précis, plus présents! Il me faut maintenant bloquer la porte avec cette lourde armoire! C’est fou ce qu’on est capable de faire en situation de combat!



* Cersei Lannister - G.R.R Martin - Le trône de fer
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Edouardo


*La Lune s'était levée sur une nuit chaude mais dont le vent mordait la peau de ses bras musclés dénudés et lui donnait envie de gratter sa barbe touffue, cachant probablement un menton aussi rougi que ses joues rebondies.

Le vieux bûcheron n'avait pas eu à supporter longtemps la solitude après la mort de son épouse et cette étrange petite boule d'énergie qui était entrée dans sa vie avait su lui remettre du baume au coeur et du soleil dans sa vie. C'est en repensant à leur rencontre qu'il se promenait dans les rues de Bergerac avec les jeunes jumeaux de la donzelle dans sa carriole, revenant de Sarlat où il avait passé quelques jours seul avec les deux enfants pour laisser toute latitude à la gamine qui lui avait dit devoir s'occuper d'un ami. Elle devait beaucoup tenir à lui pour laisser ses enfants plus que quelques heures avec lui. Il en souriait dans sa barbe oui décidément leur rencontre avait été profitable.

Lui qui n'avait jamais eu d'enfant avait un peu l'impression d'être son père et leur grand-père et ça le ravissait. Il se tourna un instant pour voir ce que faisaient les deux petits monstres à l'arrière et sourit en les voyant s'amuser avec une petite carriole en bois qu'il leur avait fabriquée à ses heures perdues.

Le calme et la solitude l'envahissaient, comme une vieille amie qu'il côtoyait depuis si longtemps qu'elle en était devenue plus proche de lui que quiconque. Les rues étaient désertes et le vieux canasson qui tirait la charrette allait d'un pas lent, la tête haute, ne se préoccupant de rien ni personne.

Alors qu'il arrivait en vue de la taverne, il sentit quelqu'un qui tentait de le maitriser, de lui bloquer les bras. L'homme vieillit mais reste robuste et tente de se dégager en essayant de faire passer son assaillant par-dessus son épaule, mais rien n'y fait. Les jumeaux braillent à l'arrière, terrorisés par cette attaque soudaine. S'ils pouvaient parler, ils diraient bien des choses à leur bon vieil ami Edouardo, mais ils ne peuvent pas encore, et pourtant, cet homme ils le connaissent. Leur mère l'apprécie même beaucoup à ce qu'ils ont pu voir.

Le bûcheron se sent tirer hors de sa carriole et poussé sans ménagement vers une maison. Il n'a même pas le temps de voir son assaillant que celui-ci ramène les deux pauvres gamins hurlant de douleur en les tenant par le col.*



Mais vous êtes fou ma parole ! Laissez donc ces enfants et le vieil homme que je suis !


*Sa grosse voix semble emplie de terreur et ses yeux hagard voltigent des deux enfants à l'homme blond qui les maintient. Celui-ci semble complètement fou et ses yeux appellent au meurtre comme ceux de certains hommes qu'Edouardo avait pu croiser dans sa longue vie.*
Poissac, incarné par Soren
Il aurait dû s'en douter. Le blond maréchal n'avait pas pris sa garde ce soir! Personne ne surveillait les remparts de Bergerac au nom de la maréchaussée du Périgord-Angoumois. Seule la milice municipale effectuait sa ronde. Pourquoi s'était-il résigné, lui qui était de repos ce soir, à aller faire son tour? Appelez ça de l'intuition...ou le destin, comme vous voulez! Finalement, ça n'avait pas été aussi difficile que ça en a l'air de retrouver la trace du MacFadyen. C'est qu'il est loin d'être discret le maréchal. Dans un Bergerac où la population ne sort presque plus, même le jour, vous imaginez bien que des cris qui fusent dans la nuit, c'est assez facile à suivre.

Tout s'est cependant rapidement enchaîné à partir du moment où Poissac a trouvé le carriole vide de tout occupant. L'homme fit le tour de l'attelage. Il n'y avait aux alentours aucune trace de sang. L'engin avait été abandonné sur place sans qu'aucune trace de lutte ne puisse y être discernée. Et le bruit qui l'avait mené jusqu'ici s'était tu. Poissac jeta un regard circulaire aux alentours. Où ceux qui se trouvaient dans cette charriote avaient-ils bien pu tous passer ? L'homme contourna le véhicule et grimpa à bord. Il y trouva deux poupées de chiffons, l'une représentant une fillette aux cheveux bruns, et l'autre un garçon aux cheveux blonds. Cela le rendit perplexe. Des poupées...Qu'est-ce que des poupées faisaient à cet endroit. Son regard fut alors attiré par la porte d'une bâtisse. Celle-ci semblait mal fermée. Lachant les jouets, L'homme sauta au bas du véhicule et dégaina son épée.Le bruit strident du métal contre le métal fendit le silence de la nuit. Au fur et à mesure qu'il s'approchait, il discernait la réalité des choses. La porte n'était pas mal fermée, elle avait été défoncée.


- Maréchaussée du Périgord-Angoumois! Y'a quelqu'un par là?

Poissac essaya de repousser la porte à moitié sortie de ses gonds. En vain. Quelque chose la bloquait de l'intérieur, d'où d'ailleurs il crut discerner des pleurs d'enfants.

- Au nom de la comtesse Keyfeya, ouvrez cette porte ! C'est un ordre!

L'homme donna quelques coups d'épaules pour tenter d'ouvrir un passage, mais visiblement ce quelque chose qui l'en empechait était solide. L'ajout de coups de pieds n'eut pas d'effet supplémentaire. Dans la maison, des sons murmurés se firent entendre. Nul besoin d'aller chercher plus loin les occupants de la charriote, Poissac savait déjà où ils se trouvaient. Et la présence des poupées prenait du même coup toute sa signification.

- Ouvrez cette porte! Sinon, il vous en cuira!

Et pour toute réponse, il eut, d'une voix lugubre...

- Ça... j'en doute!
Soren
Un garde de la maréchaussée! Ça, ça n'était pas une bonne nouvelle. Mais si tu crois, raclure, que tu vas t'en sortir parce qu'un garde vient troubler mon plan, tu te fourres le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate! Il n'y a plus un instant à perdre. Pendant la petite tournée d'inspection de l'impétrant, j'ai trouvé et allumé une lampe à huile qui trainait sur la table. J'ai besoin de voir ce que je vais faire. Je veux voir la terreur sur son visage...pour toute la terreur qu'il a inspiré à tous ces dernières années. Les gardes n'ont pas bougé de leur coin. Ils tremblent de terreur dans les bras l'un de l'autre. Pfff...Vous appelez ça des gardes vous! Tu deviens vieux Erik Larsen : quand j'étais à ta cour, jamais tu n'aurais pris de telles personnes dans ta garde personnelle, jamais! Tu faisais preuve de plus de prudence et de discernement dans tes choix. Regarde-toi! Aujourd'hui, tu n'es plus qu'une loque tremblant dans ton coin, attendant la mort comme la vache devant le boucher. Tu es un homme fini Erik Larsen. Et ça, quelque part, ça m'ôte une partie du plaisir que j'ai de te trucider.

Dehors, le garde a déjà entreprit de défoncer la porte. Combien de temps celle-ci tiendra t-elle? Bah! Sans doute, suffisamment pour me laisser le temps de faire ce que j'ai à faire. Allez ! Vas-y! Mais vas-y donc! Pour cette pauvre paysanne qu'il a fait tuer parce que tu avais simplement couché avec elle...parce qu'elle avait osé se laisser trousser par un noble du royaume! Les doigts de ma main sont crispées sur le poignard danois, serrés tellement fort que j'ai du mal à bouger de là. Mon regard se pose sur celle-ci. Mon esprit est totalement accaparée par cette main qui n'obéit pas. Desserre un peu...mais desserre-donc un peu. Tu es crispé, ce n'est pas bon pour frapper! Avez-vous déjà ressenti cette angoissante impression? Celle de donner un ordre à l'un de vos membres...alors que celui-ci se refuse de l'exécuter. Ça vous fait mal! Ça vous vrille l'esprit tellement la volonté que vous mettez dans cet ordre peut être puissante. Mais bien que puissante, vous vous rendez compte qu'en face, votre membre est encore plus puissant que votre volonté! Ça doit être la tension du moment présent. Oui...Ça doit être ça. Tant pis. Ma main gauche, plus obéissante elle s'empare de la lampe à huile. D'aucun porté sur la foi vous diraient que la main droite qui résiste est le discours porté par Aristote, alors que la main gauche qui s'exécute pour frapper est inspirée par les paroles du Sans-Nom. Et alors? Mais je m'en fous de toutes leurs explications de théologie moi! Vous croyez que c'est la théologie qui peut sauver Erik Larsen? Pfff... Il n'a jamais été très porté sur la religion lui. Il était un fervent aristotélicien...seulement quand cela pouvait lui apporter quelque chose.

La patte droite, elle aussi, se met à résister. Elle a, semble t-il perdu de sa souplesse et de sa force. Je dois presque la trainer pour avancer vers Erik Larsen. La main droite est levée au dessus de ma tête. Il n'est plus qu'à quelques pas.


- As-tu déjà tenté d'imaginer le visage de la mort din torsk*? Regarde-là! Regarde-là en face! Elle n'est plus qu'à quelques pieds de toi! Et elle va frapper! Inexorablement! Plus rien ne peut l'arrêter! Tu as à peine quelques instants à vivre pour te repentir de toutes les exactions que tu as commises au cours de ta trop longue vie!

La jambe trainante s'accroche dans le pied de la table. Je me rattrape au dernier moment pour ne pas trébucher. Se faisant, la lampe à huile se fracasse contre l'une des poteaux porteurs de la maison, embrasant immédiatement celui-ci. Je lâche les restes de la lampes et j'attrape le duc du Jutland par le col. Au dessus de ma tête, les reflets des flammes qui comment à dévorer la maison dansent sur la lame du poignard danois purificateur.

- Et maintenant.... Meurs! MEURS! MEURS!

* "Votre Morue?" en danois
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Poissac, incarné par Soren
Le volet vola en éclats sous les coups de butoir du garde de la maréchaussée. Des esquilles de bois et de vitre, toutes plus acérées les unes que les autres, traversèrent la salle et jonchèrent le sol. Il fallait faire vite. A l'intérieur, les cris de terreur se succédaient les uns aux autres. Des bruits de chaises et de tables renversées se faisaient entendre. Des pleurs, des gémissements... et une odeur de brulé commençait à se faire sentir. Poissac avait dû renoncer à défoncer la porte. Cela prendrait bien trop de temps. Et du temps, il n'en n'avait pas. S'il tardait trop, il y aurait d'autres dossiers de meurtres à ouvrir à la maréchaussée de Bergerac.

Le destin avait eu pitié du pauvre garde. En faisant le tour de charriote, il découvrit, allongée sous le siège du conducteur, une hache de bucheron. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. La maison devenait, à chaque instant qui passe, un brasier des plus ardent. Les flammes léchaient déjà la charpente du bâtiment. Une épaisse fumée noire se dégageait par tous les orifices et le feu menaçait de s'étendre aux maisons voisines. A l'intérieur les cris avaient redoublé d'intensité. Ils étaient emprunt d'un immense frayeur. Et comme s'il cherchait à couvrir le tout, un dément débitait un discours totalement incompréhensible pour le bergeracois.

Les bords tranchants de la fenêtre laissèrent de profond sillons dans le bras de Poissac lorsque celui-ci pénétra à l'intérieur par la brèche qu'il venait de réaliser. La fumée le prit immédiatement à la gorge. Les yeux lui piquaient. L'air lui manquait. Il avait du mal à distinguer quoi que ce soit dans cet esquisse d'enfer. Instinctivement il se protégea le visage de la chaleur des flammes en mettant les pans de sa cape en opposition. Il n'avait plus de temps à perdre. Il progressa à tâtons dans la pièce. Dans le fond, terrorisés, deux mioches pleuraient. C'est alors qu'ils les aperçut. Adossés à une énorme armoire normande, un homme, tout aussi costaud que la-dite armoire, tentait de réfréner comme il le pouvait les attaques bestiales de son assaillant. Au dessus de sa gorge, brillait une lame qui n'avait visiblement d'autre envie que de s'enfoncer au plus profond de sa chair. Il y avait de la terreur dans ses yeux. Malgré sa carrure digne d'un montagne, il avait du mal à contenir son agresseur et la lame, demi-pouce après demi-pouce, s'approchait dangereusement de son cou. L'assaillant lui tournant le dos, Poissac ne pouvait percevoir son visage. En revanche, sa chevelure ne laissa aucun doute dans son esprit.


- Ça alors, le maréchal MacFad...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'une poutre déjà largement consumée s'abattit sur le couple en plein ébats, frappant durement l'échine du blondinet et la tête de sa victime. Les deux hommes perdirent l'équilibre. Le poignard vola dans les airs et vint se ficher profondément dans la cuisse du danois. Dans sa chute, sa tête heurta durement le sol et son corps inerte s'allongea de tout son long.

Il ne fallut pas longtemps à Poissac pour sortir toutes les personnes qu'il avait repéré de ce brasier incontrôlable qu'était devenu cette maison. L'étage avait déjà totalement disparu. Le plancher s'était écroulé dans le rez-de-chaussée et le toit menaçait d'en faire de même. Dans la rue, des villageois affolés commençaient à s'amasser. Une chaîne de volontaires s'était formée pour transporter des seaux d'eau et tenter de contrôler le feu. Déjà les maisons avoisinantes subissaient les assauts des flammes.

Accroupis contre le mur d'en-face, hagard, le regard perdu dans le vague, le garde de la maréchaussée tentait de comprendre ce qu'il avait vu. Un instant, il croyait qu'il se trouvait dans un cauchemar, qu'il lui suffisait de se réveiller pour que tout cela cesse. Et pourtant, il avait beau essayer frénétiquement de se pincer, les restes de la maison en flammes persistaient à le narguer. Les enfants avaient été emportés au loin par une bergeracoise pour en prendre soin et surtout les éloigner de toute cette horreur. Poissac ne saurait dire ni qui ni où. Il ne contrôlait plus rien. Il tentait juste de ne pas se laisser submerger par les évènements, et ça lui occupait déjà l'esprit plus qu'à plein temps. Edouardo le bucheron était soigné par un médicastre de passage à Bergerac à ce qu'on disait. Il avait la tête bandée et devait souffrir d'un mal de tête phénoménal. La montagne avait vacillé mais visiblement elle n'avait pas rendu les armes. Elle s'en sortait bien. Dans la charriote qui avait attiré l'attention du garde de la maréchaussée, un homme était allongé. Il avait les cheveux blonds. Ses vêtements étaient en lambeaux. Le feu avait fait des ravages. Pas un mouvement. Pas un battement de cil. Les lèvres étaient entr'ouvertes et on aurait dit que sa poitrine ne se soulevait même pas au rythme de sa respiration. Les tâches de suie faisaient concurrence aux tâches de sang pour savoir quelles seraient celles qui occuperaient la plus grand superficie. Le poignard avait été retiré de sa cuisse et un habitant avait enfoncé son poing dans la blessure pour stopper l'hémorragie. C'est à ce moment-là que Poissac remarqua que les cloches de l'église sonnaient à tout rompre. Cela faisait longtemps qu'elles n'avaient pas sonnées, Bergerac étant délaissé par l'église de Rome. Il a fallu qu'un feu se déclare pour qu'elles se remettent à tinter. Et dire qu'en se levant ce matin, Poissac pensait que sa journée serait difficile parce qu'il lui faudrait prendre le tour de garde du maréchal MacFadyen. S'il avait seulement pu imaginer tout ça...

Cette nuit-là, le garde ne ferma pas l'oeil. Les images de la scène apocalyptique revenaient sans cesse à son esprit, comme les fantômes de son passé. Cette nuit allait-elle le hanter toute sa vie, comme la nuit où il avait vécu l'horreur étant gamin? Et puis, il y avait ce cas de conscience qui commençait à lui triturer l'esprit : avait-il bien vu ce qui s'était passé à l'intérieur. Était-ce la réalité ou les divagations de son esprit en proie à une terreur irrépressible? Le maréchal MacFadyen avait-il vraiment tenté d'assassiner le bucheron? Et si oui, comment devait-il se comporter, lui, Poissac? Devait-il parler... ou se taire?
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