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[RP] L'empire séleucide contre-attaque (Boulga, épisode II)

Boulga
ndlr : et voilà, c'est parti pour la suite des aventures, toujours ouvert pour de l'interaction improvisée, avec PJ ou PS. Si vous avez un doute, envoyez-moi un mp. Si j'ai un doute, c'est moi qui en enverrai.
Le principe sera de rester aussi cohérent avec l'ig : toutes les actions de Boulga - sauf ses pensées et motivations, bien sûr - seront un récit/développement d'événements ig, rp taverne, courrier ig, toussa toussa.
Et comme le fil conducteur sera une quête aux allures de chasse au trésor, afin de corser un peu le jeu, il se peut que je sème quelques informations erronées, qu'il faudra donc vérifier de façon ig/rp. Vous voilà prévenus, les loulous :wink:




[Du côté obscur de la Boulga]


Le retour en Lengadoc avait été bien tranquiet : retrouvailles avec les anciens, nouvelles connaissances, une Mende bien vivante où elle avait trouvé un accueil bien chaleureux. Depuis, ses affaires prospéraient. Elle creusait aux alentours de la lice et avait déjà trouvé quelques vieilles curiosités comme une cuirasse absolument immettable, une épée courte rouillée et un truc qui ressemblait à un casque mais qu'elle n'oserait jamais porter de peur de s'arracher les cheveux avec.
Elle amassait lentement mais sûrement bois et laine pour aider Don Querques, le chef de sa compagnie, à faire construire le bateau commandé quelques mois plus tôt au comté du Lengadoc.

Seule ombre au tableau, et de taille : l'absence de son cher double baron, le bel&blond Salvaire d'Irissarri. Même son extra avec le peu recommandable Verrazzano n'avait pas vraiment servi comme elle l'avait espéré. Verrazzano... qui s'était vanté auprès des Mendois d'avoir couché avec elle, et plan segur, aucun Mendois ne l'avait cru, même si dona Absynthe avait cherché à savoir le fin mot de l'histoire auprès de l'intéressée. Et Boulga avait menti au moins par omission et sans vergogne aucune.
A coup sûr un de ces tours dont le Très Haut seul avait le secret.
De plus, au moment où la question se posa de poursuivre ses études de médecine, elle se rappela ce qui avait réveillé sa vocation : lors de leur première visite du castel de Randon, comme ils venaient d'arriver en Lengadoc - le double baron, Boulie, elle et le petit prince Franc de Castelmaure-Frayner - le bel&blond Salvaire avait donné de la tête contre une poutre et elle l'avait soigné de façon rudimentaire... mais avec beaucoup de conviction et d'empressement. Et la révélation avait eu lieu.


Té ! A quoi tient une vocation !

Elle soupira, alors qu'elle profitait de la belle journée d'un été fort avancé déjà pour jardiner dans la cour du castel. Sans son senher à soigner, à quoi bon devenir médecin ?
Quelques jours plus tôt, d'ailleurs, elle s'était rendue à l'université pleine de zèle, pour suivre son premier cours d'astrologie. Eh bien elle n'y avait rien compris et ses études ce jour-là étaient demeurées hautement improductives.
Nouveau soupir à l'arrachage d'une mauvaise herbe.


C'est le Très Haut qui veut éprouver ma constance. Sûrement pour cette raison que le cours était donné par l'Inquisitrice.

La mauvaise herbe, là, lui donnait du mal, tant elle semblait bien enracinée et étendue.

Pardine ! J'ai été absente trop longtemps ! et tout va à vau-l'eau !

Elle avait pourtant essayé de prévoir les choses, et même de distraire son senher en fermant les yeux de loin sur sa relation avec une italienne, une blonde. Qu'était-elle devenue, celle-ci ? Retournée en Bourgogne, puisqu'il paraissait qu'elle avait des terres là-bas ? Elle aurait bien aimé la croiser, juste pour voir à quoi elle ressemblait, pour l'entendre parler, pour connaître ce qui avait plu au bel&blond. Mestre Lahire, le peintre de la mesnie, n'avait pas eu l'occasion de faire son portrait.
D'un autre côté, Boulga ne savait pas trop si elle le regrettait. Elle était jalouse dans son genre, et moins il y avait de souvenirs de la concurrence, mieux elle se portait.


Elle aurait pu empêcher l'acédie de mon senher, celle-citte ! tsss... si on peut plus compter sur ces poseuses d'Italiennes !

Que lui restait-il donc ? Servir le comté ?

AÏÏÏÏÏE

Boulga regarda les paumes de ses mains ensanglantées. Elle y était allée de toutes ses forces pour arracher cette putain d'herbe, qui venait de le lui rendre en l'entaillant profondément.
Le service du comté, c'était du vent pour Boulga, des mots qu'on agitait à chaque élection inlassablement mais auxquels elle n'arrivait plus à donner un sens. Son univers à elle était ou trop petit - résumé à son senher et ses baronnies à administrer, et ses amis - ou trop grand - c'est-à-dire recouvrant le vaste monde jusqu'à ses confins connus. Tous les hommes étant frères selon Aristote, aucun duché, comté, royaume que ce soit n'avait plus de légitimité qu'un autre à recevoir son aide. Et puis même si elle en avait été éloignée de corps, la crise civile était passée par là. A la menterie et la jalousie s'ajoutait une bouderie à l'arrière-goût de rancune un rien tenace.
Néanmoins, son credo restait : bien faire ce qu'on a à faire.


Et tant qu'on parle du loup, des nouvelles du vaste monde, justement, elle en reçut en cette fin d'après-midi : deux lettres que lui porta le vieux Kassimir. Une de Montpellier, l'autre de Grèce.

Té ! On dirait que les affaires reprennent.
_________________
Boulga
[Ce n'est qu'un au revoir]


Boulga se redressa, essuya ses mains pleines de terre à son tablier, remercia Kassimir et lui prit les lettres des mains. Celle qui venait de Grèce portait les marques d'un long trajet et comme à l'ordinaire, c'était miracle qu'elle eût traversé mers et terres sur des milliers de lieues pour trouver sa destination.
La jeune fille l'ouvrit avec précaution. C'était dona Notoria qui lui écrivait : elle était en empire Ottoman. Avec les armées grecques, ils avaient décidé de se venger de l'attaque du printemps dernier menée par la compagnie de routier Altinordu, et il avaient pris deux sancagis. Celui d'Edirne et celui de Karesi. Ils avaient installé à leur tête leurs propres conseils.
Bien que Boulga se réjouît de la nouvelle, elle n'était pas si sotte : Altinordu chercherait à son tour à se venger, d'une manière ou d'une autre, et les campagnes de guerre succèderaient aux campagnes de guerre.

La seconde lettre lui venait d'une fidèle amis montpellièraine qui l'informait qu'un morceau de carte avait été retrouvé par un ami à elle. Les amis des amis des amis des amis se trouvaient à plusieurs jours de marche du Lengadoc, mais tout de même beaucoup moins que d'aller en Grèce, et décidément, le Très Haut arrangeait fameusement les choses car la Bourgogne où Boulga comptait se rendre était sur le chemin.


Mon bon Kassimir, je vois bien que je vais devoir repartir, et plus tôt que je ne le prévoyais.

Plusieurs pigeons partirent, dont l'un informait Don Querques, le chef de sa compagnie, de son départ en vue de quelques recherches.
Quant à elle, avant que de quitter une nouvelle fois Mende et Randon, elle avait une autre mission à mener à bien : trouver son senher.
De fait, après plusieurs jours de recherche, elle y réussit. Mais elle y laissa une partie d'elle et beaucoup de certitudes.


Allons, en route ! Mon bon Kassimir, les mules sont-elles prêtes ?
_________________
Boulga
[Un départ peut en cacher d'autres]


Un départ, ce n'est jamais ce qu'on croit. Le Très Haut se permet toujours d'intervenir au dernier instant pour le retarder.
Cette fois, Il fit son apparition sous la forme du mestre pintor-nain Lahire, que certes Boulga ne s'attendait pas du tout à voir, mais elle en fut comblée d'aise.
La rencontre avec son senher retiré en ermite l'avait toute chamboulée, mais celle avec leur ami Lahire la rasséréna bellement car il avait disparu depuis plusieurs mois.
Il confia à l'intendante l'épée d'apparat qu'il avait spécialement forgée à l'automne dernier pour le senher Salvaire : elle n'était pas tout à fait achevée lorsqu'il l'avait offerte pour son anniversaire, et le bel&blond baron était d'un naturel plus pacifique qu'il y paraissait au premier abord. Aussi l'épée était-elle restée à la forge. Boulga la prit avec autant de précautions que s'il s'agissait du Testament d'Aristote : en effet, la découverte de ce Testament était l'autre grand événement de sa vie, avec la rencontre de son senher. Et un cadeau fait à son senher par un ami cher à son coeur valait tous les écrits d'Aristote.


Je vous remercie, mestre Lahire, nous allons la conserver à Randon, dans le coffre du senher Salvaire...

Elle suspendit sa phrase, car à bien y réfléchir, elle était incapable de dire si son senher en aurait un jour l'usage et reviendrait à la vie noble. Il fallut prendre une décision.

Ecoutez, mestre Lahire, je vous ai raconté comment je l'ai trouvé vivant dans la forêt, à cultiver une clairière, pas du tout disposé à faire allégeance au coms ou à la comtessa du Lengadoc... Tout cela est contraire aux lois de la noblesse et l'hérauderie serait fondée à le destituer si elle venait à l'apprendre.
Je ne désespère pas de le ramener à la raison et en son castel pour y accomplir ses devoirs, mais en attendant que cela soit, nous devons absolument nous taire, moi sur ce que j'ai vu, et vous sur ce que je vous ai raconté. Je vais m'arranger avec nos paysans, qu'ils le protègent.
Officiellement, il est retiré en un monastère et tente dans le calme de la méditation d'échapper à l'Acédie qui l'a frappé.


Elle y voulait vraiment y croire, la Boulga, que son Salvaire reviendrait un jour, l'accent chantant, le port plein de noblesse, la mèche d'or au vent et rayonnante.
Elle poursuivit :


Je vais en Bourgogne aussi pour retrouver l'italienne qui a été sa bonne amie lorsque j'étais à Alexandrie. Il parait qu'elle avait des domaines là-bas. M'aiderez-vous à la chercher ? J'ai oublié comment elle s'appelait, un nom de fleur, je crois.

Cela était un mensonge. Boulie dans ses lettres avait évoqué une Iris de Vérone et Boulga n'aurait jamais oublié le nom d'une conquête de son senher, a fortiori une conquête qui avait compté au moins un peu.

Pour ne rien laisser au hasard, Boulga fit donner des ordres à fin d'ouvrir le castel de Randon et son cellier aux voyageurs qui viendraient chercher là nourriture et abri. Les belles chambrées pour les hôtes de marque, et les communs pour... le commun. La route était assez peu empruntée, mais là n'était pas l'important. Tous les hommes étaient frères disait Aristote et devaient s'aimer les uns les autres. Ou à défaut de s'aimer, au moins partager.

Comme les paroles du Prophète lui revenaient, elle se demanda où en était l'Eglise Romaine de ses discussions, conciles, et autres. Si - à présent que les cardinaux qui s'étaient rendus en Grèce pour voir le Testament, et qui avaient eu tout le loisir de l'examiner, comme dona Notoria le lui avait raconté dans une de ses lettre - cela discutait encore de son authenticité ou pas. Si ça resterait définitivement lettre morte. Et enfin, ce qu'elle comptait faire concrètement pour ramener les fidèles sur le chemin de l'aristotélisme.
Elle prit donc le temps de consulter les dernières annonces. Elle apprit ainsi la démission de l'archevêque de Narbonne, visiblement épuisé par la maladie et peut-être aussi par ce qui ressemblait bien à un isolement au sein de l'Eglise romaine. Pourtant, il semblait bien authentique homme de paix. Bien plus que le cardinal Tibère de Plantagenet, dont le discours publié un mois plus tôt, mais dont elle n'avait pas encore pris connaissance, révolta Boulga.
Boulga n'était pas théologienne, mais elle connaissait le sens des mots, et avant même de regarder qui avait prononcé et écrit ce discours, elle en sentit tout l'Orgueil, toute la volonté de faire croire qu'on est vainqueur et d'humilier ceux qu'on croit vaincus, tout en jouant le magnanime qui appelle à la paix, plan segur ! Tous les mensonges, aussi. Les mots du camerlingue transpiraient le mensonge et la calomnie. C'était faux, archi faux de prétendre que tous, même à l'étranger, avaient soutenu la Croisade : pas moins de quatre églises aristotéliciennes avaient définitivement rompu avec Rome durant cette période.
Et puis il y avait les silences. Silence sur le Testament, en particulier.

Consternée de voir le Très Haut si mal servi par Son Eglise, ou du moins celle qui se prétendait unique et légitime héritière de Christos, elle porta la main à son vélin des Vertus et respira pour calmer la colère qui montait en elle.

Le lendemain, alors qu'ils venaient de quitter Mende en remontant sur une partie du trajet le cours du Lot, Boulga s'arrêta. Elle sortit de sa besace un parchemin, son acte de baptême, le déchira en petits morceaux et le jeta à la rivière. Sa médaille de baptême suivit le même chemin.

Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyre pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut.

Je crois en l'Action Divine;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Éternelle.

Mais je ne crois pas en la Sainte Église Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible.
Je ne crois pas que des hommes soient assez sages et vertueux pour s'arroger la Parole de Deos et prétendre être seuls et uniques guides de leurs frères.
Je crois Rome nouvelle Oanylone.
Que le Très Haut ait pitié de ses fidèles et de ses ministres.

Amen


La rupture était consommée. Elle s'en remettait officiellement aux mains du Très Haut, comme c'était en fait le cas depuis si longtemps.
Qu'on la traite de renégate ou d'hérétique, c'était le benjamin de ses soucis.



nb :
- rencontre avec Lahire jouée en taverne.
- la Table de Randon : taverne ig ouverte à un noeud de distance de Mende. :wink:

_________________
Lahire


[Aller et retour en Languedoc]


correspondance du 31 aoust 1461

Citation:
Dame ma mère,

Un retour n'est pas toujours ce que l'on croit!

Comme nous nous en étions convenu, je suis de retour à Mende pour y quérir mes affaires abandonnées il y a quelques mois.

Mende ne semble point avoir changé et je ne trouve toujours pas la raison de mon installation de l'époque.
Si, a bien y penser, c'est la présence de Senher Salvaire, le mécène dont je vous ai tant parlé, le très beau baron à la blonde chevelure (le bel dont le tableau vous plaisait tant sur lequel vous me questionniez sur sa fortune) et la Dona Boulga, sa ravissante intendante, qui m'ont fait y rester un temps avant que vous ne réapparaissiez...

Et bien que la fortune est capricieuse car c'est sur cette même Dona BOulga que je suis tombé en arrivant. Faut il y voir un signe ?
Elle fut ravi de me revoir, moi qui croyait que l'on m'avait oublié et haït pour ma fuite.
Et bien, je suis si heureux de la revoir que je la suis dans son périple.
Je ne retourne plus en Rouergue mais monte en Bourgogne en son agréable compagnie ou j’espère revoir une amie très chère...

Ne soyez pas contrarié, je vais toutefois vous faire envoyer argent et biens que vous puissiez emménager là ou il étais convenu. J'ai prévenu qui de droit, les papiers sont signés et je ferais un saut vous voir de temps à autres.

J'espère aussi retrouver emploi et mécènes rapidement pour que notre projet aboutisse. Pensez donc, j'ai même osé écrire au roi, j'étais de ces connaissance dans un temps ou il ne l'était pas encore... et me targue de ne point lui avoir déplu !!!

Me revoilà donc sur les chemins, en quête de muses et d'inspirations.

Je vous embrasse très chère mère.

Votre dévoué fils.

L.

_________________
Boulga_
[B.A. tu dors, ta Moulins va trop fort !]

Attablée à l'auberge "Les Ailes dans le Vent", en la bonne ville de Moulins, Boulga attendait sagement en bavardant et en prenant des nouvelles du reste du monde que l'orage en ait terminé de gronder.
Heureusement qu'elle et son compagnon avaient des mules vaillantes au pied solide qui ne craindraient pas de poursuivre la route sur un sol détrempé après ces longues journées passées à cheminer sur les pentes des puys auvergnats. Curieux pays, l'Auvergne. Ils avaient commencé par franchir les contreforts des Cévennes jusqu'aux ruines du Puy sans y croiser âme qui vive. L'antique cité n'était pas hantée, comme Boulga l'avait d'abord craint, mais ses ruines rendaient d'autant plus triste qu'elle était idéalement placée, sur un sommet, et que la vue s'étendait alors sur tout le pays. Un pays fait d'autres puys à perte de vue. Vraiment curieux. Pas aussi haut et escarpé que les monts des Alpes, dont les murs bouchaient souvent la vue, mais plus pentu qu'un pays de collines, un pays qui ne correspondait encore à rien de ce qu'avait déjà vu Boulga, et elle en avait vu !


Pardine ! Le Très Haut a si bien réussi Sa Création qu'on ne peut pas se lasser de sa vue, même avec la plus mauvaise volonté du monde !

On y trouvait aussi des castels presque sur chaque éminence. C'est que la noblesse du duché de Bourbonnais-Auvergne comptait de nombreux membres, si nombreux que le Lengadoc faisait pâle figure.
Les autochtones, en revanche, semblaient déjà nettement moins nombreux que leurs senhores. Boulga et son compagnon avaient rejoint la Loire vers Montbrisson, presque à ses sources, et en suivaient le cours en descendant vers la plaine. Et de fait, la plaine vit fleurir quelques gensses : un tribun de Thiers d'une grande courtoisie qui les fit parler pendant toute une soirée. Boulga apprit plus tard qu'il était un diplomate. Certo, son office n'était pas volé, il était fait pour cela !
ll y eut aussi la rencontre avec une baronne et son époux, aimables, mais qui visiblement aimaient s'asseoir l'un sur l'autre en taverne publique et se livraient aux mêmes baisements que filles avec leurs clients au bordeau du coin. Boulga n'aurait pas repris un noble sur ce genre de comportement, elle ne se serait pas permis, mais tout de même, elle le trouvait déshonnête. Bon, pas qu'elle fût absolument irréprochable dans sa propre conduite, mais au moinsse, quand elle avait été mestressa, jamais jamais jamais elle n'aurait osé le moindre baisement en public. Et son senher préférait épancher son affection dans l'intimité du déduis.
Brefle.

C'est à Moulins, donc, en compagnie d'un membre du conseil comtal, que les bavardages allèrent bon train et que Boulga apprit des choses. Par exemple, que mestre Cornazzano, le pilleur de Montpellier, avait été nommé Vice-Ambassadeur royal.


Ha ! ha ! ha ! Vice-Ambassadeur royal ! Pardine, voilà un titre joliment trouvé !

Et la jeune fille se demanda comment les Languedociens prendraient la chose, de voir la fulgurante ascension de leur escroc préféré, bombardé à cette place par le roi qu'ils avaient soutenu à cor et à cri. Et encore ! Ce n'était pas le plus beau : toute la Cour semblait tellement au courant du pillage de Montpellier par mestre Cornazzano, qu'il avait fallu l'intervention du Grand Prévôt pour qu'il ne reçoive pas une charge encore plus prestigieuse. Voilà qui persuadait encore plus la jeune fille que Sa Majesté Nicolas ne s'occupait des Languedociens que par les voix qu'ils lui avaient apportées aux élections. S'en trouverait-il au moins un pour oser protester ?

Lorsque mestre Lahire fit son entrée, le Conseiller comtal la mit en garde sur le fait qu'un nain du Lengadoc était persona non grata dans leur duché


Mestre Lahire ? Oh ! Comment est-ce possible ? Il n'a jamais bougé de Mende jusqu'à aujourd'hui et il ne ferait pas de mal à une mouche !

Mais ce n'était pas de mestre Lahire qu'il s'agissait. Il s'agissait d'un certain DBruno. Mais oc, pardine ! Boulga l'avait déjà croisé en Lengadoc, sans plus pouvoir dire si c'était à Mende, Uzès ou ailleurs. Elle le croyait d'ailleurs au service d'une grande mesnie languedocienne. Toujours est-il que les autorités du Bourbonnais avaient avertis les marchands languedociens qui traversaient son territoire - et avec lesquels il semblait voyager - qu'ils risquaient mauvaise rencontre avec leur Ost. De quels méfaits mestre Dbruno s'était-il rendu coupable ? Le Conseiller n'en dit pas davantage. Boulga savait seulement que la ville de Murat était tombée au mains du clan Corleone une semaine plus tôt, mais était-ce lié ? Cela lui semblait vraiment trop proche pour être le cas. Peut-être irait-elle consulter les archives judiciaires du duché, si elle en avait le temps.

Elle apprit aussi que la Compagnie des chercheurs de Trésor qui avait l'agrément du Duché était en Castille. Du moins pour une partie de ses membres. Castille ? C'était sur la route du Portugal, cela. En outre, ils n'auraient aucun scrupule à se livrer à des actes de brigandage pour récupérer un morceau de carte. Il faudrait qu'elle écrive un mot à ce sujet à Don Querques, pour l'en informer.
D'ailleurs, elle avait d'autres choses à lui dire. D'abord qu'en négociant l'achat d'un bateau elle avait apprit que le possesseur d'un autre morceau de carte allait descendre à Montpellier pour des affaires commerciales. Allait-il aussi rencontrer des gens, là-bas, et négocier son morceau de carte ? Boulga soupçonnait une rencontre incognito avec un cardinal romain, mais elle faisait peut-être fausse route.
Autre nouvelle encore : la jeune fille était parvenue à joindre un Italien possédant lui aussi un morceau de carte. Mais la rumeur avait couru beaucoup plus vite qu'elle et une transaction était déjà en cours.


un_Italien_anonyme a écrit:
Salve Madama,
rispondo in ordine alle domande:

1- il pezzo di mappa è stato trovato a padova ma non sono stato io a trovarlo, io l'ho acquistato dalla persona che lo ha trovato

2- si, è ancora in mio possesso

3- quando si tenta di usarlo no succede nulla, si vede solamente l'immagine della mappa grande. non ci sono conoscenze o niente di simile.

4- ho gia un accordo con una persona che mi ha offerto 6500 ducati e sto ricevendo altre offerte tutti i giorni

spero di aver risposto a tutte le vostre domande
a presto *


A six mille cinq cents écus ! Une misère ! Boulga ne désespérait pas d'obtenir le nom de l'acheteur une fois la vente faite.
Et puis, un quatrième morceau se baladait en Italie.

Quatre morceaux disjoints.
L'Italien que Boulga avait joint lui avait aimablement répondu qu'on ne voyait absolument rien sur le morceau de carte et qu'aucune connaissance ne lui était associé. Ce qui signifiait une chose : seule la réunion de différents morceaux, et donc leur partage avec d'autres gensses, pourrait permettre d'en savoir davantage.


Rejoignant mestre Lahire un peu plus tard :

Dites-moi, mestre Lahire ? Que diriez-vous de profiter de notre séjour en Bourgogne pour visiter en ses terres dona Jehanne Elissa de Volpilhat ? C'est une noble Lengadocienne, qui a aussi fiefs en Bourgogne et qui est une amie du senher Salvaire.

Elle ajouta sur le ton du secret :

je l'ai connue quand le senher Salvaire inaugurait sa taverne. Elle a vidé tant de chopes ce soir-là qu''elle n'a pas désaoûlé de plusieurs jorns !
Elle raffole des lapins. Si nous pouvons en trouver un... vivant.. je veux dire... je suis sûre qu'elle sera ravie.


Elle n'ajouta pas que peut-être, peut-être, elle arriverait à persuader la dona de l'aider à faire recouvrer la raison à son cher senher Salvaire.


* traduction :
Salut Dona,
Je réponds dans l'ordre à vos questions :
1. le morceau de carte a été trouvé à Padoue, mais ce n'est pas moi qui l'ai trouvé, je l'ai acquis du découvreur.
2. l est toujours en ma possession
3.quand on essaye de s'en servir, il ne se passe rien. On le voit seulement en plus grand. Il n'apporte aucune connaissance ni rien de similaire.
4. J'i déjà un accord avec une personne qui m'a offert 6500 ducats et je reçois des demandes tous les jours

J'espère avoir répondu à toutes vos questions
A bientôt

_________________
Boulga_
[Sept d'un coup]

Lorsque Boulga et mestre Lahire arrivèrent en Bourgogne, le duché état en état de guerre. Les armées campaient à Nevers et Cosnes, dans l'attente d'incursions venant du Berry voisin. Il fut facile à Boulga de se renseigner sur la raison des hostilités : le bailli du Berry s'était enfui avec les coffres dont il avait la charge et les Berrichons pensaient qu'il s'était réfugié en Bourgogne, chez des amis. Et en Bourgogne, on était en pleine campagne électorale. De quoi alimenter les querelles déjà anciennes entre plusieurs clans.
Où se situait la vérité, Boulga n'en savait strictement rien et elle n'était pas là pour ça. Elle était là pour deux choses essentielles : rendre visite à son amie Isora et retrouver la dona Iris de Vérone qui réussirait peut-être - elle - à rendre la raison à son senher.

Mais comme il arrivait systématiquement, le Très Haut dérangea totalement les plans pourtant bien arrangés. A peine arrivée à Tonnerre, Boulga reçut un petit paquet, un petit rouleau de cuir à l'intérieur duquel elle trouva la copie d'un morceau de carte. C'était un cadeau de messer Starkel, une véritable surprise car sa précédente lettre était resté longtemps sans réponse. Sans doute venait-il en remerciement suite à l'achat d'un bateau négocié par elle pour sa fidèle capitaine.
Brèfle, le petit morceau de carte dispenserait Boulga de se rendre en Franche-Comté comme elle en avait eu d'abord l'intention.
Mieux encore, il lui servit de paiement à un Diseur de Bonne Aventure rencontré un peu plus tard dans la journée, sur une route de Bourgogne.


En vérité je te le dis ... Un noble qui a failli à ses devoirs est-il encore noble ?

Cette phrase resterait long de temps à tourner dans l'esprit de Boulga.
L'homme disait vrai : au regard du vivre noblement, la nouvelle vie d'ermite de son senher, ce n'était pas ça. D'ailleurs, fallait bien se rendre à l'évidence : si ça l'avait été, Boulga ne se serait pas donné tout ce mal pour retrouver une bonne amie, une blonde, une italienne, une...


Pardine !

Donner un morceau de carte au trésor à un vil manant pour une réponse évidente... c'était elle la folle, à coup sûr. Mais Boulga ne regardait à rien s'agissant de son senher. Elle était prête à tout.

Enfin... presqu'à tout.
Dès le soir, la nouvelle d'autres morceaux de carte trouvés lui parvint. C'était en Orléanais.
La Véronaise et son senher furent oubliés un instant, le temps pour elle d'envoyer missive et de reprendre la route. L'Orléanais était à deux journées.


Chère Isora, nous repartons, pas pour longtemps car nous allons chez vos voisins et nous reviendrons aussitôt. Je vous achèterai votre petite voile à ce moment-là.

Las !
Le Très Haut, encore et totjorn. Il était écrit que Boulga n'irait pas à Dijon, ne trouverait pas la Véronaise et ne la ramènerait pas à Mende pour son senher. En traversant la Champagne, d'autres nouvelles parvinrent : c'était le Berry, le Limousin, l'Italie, le Würtemberg, l'Irlande, l'Espagne, on en était à sept. Elle n'était pas prête de retourner en Bourgogne.
Nouvelles missives, nouveaux pigeons express, elle trouva le moyen de négocier son fragment à un Italien, de tendre ses filets pour un second, et d'engager une correspondance suivie et très fructueuse avec un troisième personnage, qui lui offrit des copies inattendues mais lui dit que le fragment en sa possession était aussi réclamé par un ami personnel de Sa Majesté Nicolas 1er et que ... premier arrivé, premier servi !
Voilà qu'avant même d'avoir posé le pied en Orléans, la demoiselle se retrouvait riche d'informations pour sa Compagnie.


Mestre Lahire, nous allons rencontrer un de vos mécènes dans le sud !

Pourtant, il ne faut pas croire que le succès était au rendez-vous : elle reçut bien moins de réponses qu'elle n'avait envoyé de courriers.
Orléanais. Un découvreur introuvable et muet. Obtenir ce fragment-là relèverait de la gageure et elle n'avait que quelques heures devant elle avant de poursuivre sa route. Elle croisa quelques voyageurs qui le connaissaient et dans le lot se trouvait la bonne amie de l'homme invisible. D'abord méfiante sous des dehors aimables, la donasela ne lâcha rien. Mais le soir, comme Boulga revenait dire qu'elle quittait la région et emportait avec elle des copies de fragments encore inconnus, la donasela se décida et proposa un échange.
Et voilà, un de plus !


En Italie, un de ses compagnons ouvrait sa bourse pour acquérir un fragment à prix d'or. Elle se demanda à quoi il pouvait bien ressembler et duquel il s'agissait.
Et puis, un cardinal romain faisait exposer en place publique le fragment Pi trouvé dans la lice de Piacenza.


Dans sa chambre d'auberge, alors qu'elle avait proposé un petit plan pour la suite à mestre Lahire, elle priait et s'attendait à de nouvelles rudes négociations, dans lesquelles rien ne serait joué à l'avance.
_________________
Boulga_
[Tribulations en Norfandie*]

Le Berry et les Berrichons...
Pendant le trajet qui les menèrent où son compagnon de voyage avait à faire pour quelques jours, Boulga ressassait les mêmes pensées qui l'obsédait depuis quelques temps.
Quand Don Querques lui avait proposé de poursuivre l'aventure et de se lancer dans la nouvelle Quête, après la découverte du Testament d'Aristote, elle avait dit oui tout de suite, sans réfléchir, alors qu'elle n'était même pas encore rentrée en Lengadoc. Elle n'avait pas encore revu son senher, auquel ses pensées la ramenaient tous les jours, mais elle savait déjà qu'il lui faudrait le quitter à nouveau. Ou bien, elle avait nourri le secret espoir de l'entraîner dans l'aventure.
Elle était repartie et elle rêvait de Lui. Qu'il la retenait, l'embrassait et qu'ils ne faisaient plus qu'un. Un rêve inaccessible, bien sûr. Les paroles du Diseur de Bonne aventure la travaillaient :


Donc, ton homme est devenu fol, selon toi ?... A ce qu'il me semble, quitter son castel pour aller vivre dans la forêt et cultiver son jardinet, comme tu me l'as décrit, n'a rien d'un comportement de fou ... Sage serait plutôt ton seigneur, s'il a fait cela ...

Et folle serais-tu toi de vouloir le détourner de cette activité ... Crois-moi poupée ... Le monde a plus besoin de jardiniers que d'enfermés dans un château ...


Il avait terminé par une question :

Pose-toi simplement la bonne question ... Vaut-il mieux qu'il soit "utile" ou qu'il soit ... heureux ?...

De fait.
Quelques jours plus, comme elle venait d'arriver en Berry, elle reçut une réponse de dona Esther Adélie, une amie de longue date du senher Natale et de Don Querques qui faisait partie de la même Compagnie qu'elle et qu'elle invitait à se joindre à elle dans son périple. Elle finissait sa lettre par ces mots :




Vous allez sans doute me trouver un brin mystique mais j'ai toujours la certitude qu'un dessein qui serait bien au delà de la possession d'un trésor nous rassemble autour du Marquis de Granvela, dessein que nous finirons par entrevoir et, qui sait ? quand ce sera fait nous contemplerons peut être enfin la carcasse des idéologies féodales.


Boulga avait l'esprit concret. Elle ne comprenait pas toujours exactement les mots, mais dans ceux-ci, elle saisit l'allusion à la fin des senhores et des fiefs. La fin des vassalités et suzerainetés. Pardine ! N'était-ce pas déjà la voie sur laquelle son propre senher s'était engagé ? N'était-ce pas non plus des signes du Très Haut de l'avoir poussée dans la voie qu'elle suivait ?
Pour Boulga, Salvaire d'Irissarri était et resterait son senher, mais sur quelle base ? Parce qu'il était fieffé ? Non point. C'était l'Amour que le Très Haut avait enseigné aux hommes qui motivait sa fidélité. Elle ne lui avait jamais dit "je vous aime", car Il le lui avait interdit. Alors elle s'était imaginé un lien de vassalité : s'il restait baron et qu'elle devenait sa vassale, elle pourrait lui dire "je vous jure fidélité jusqu'à ma mort" sans en passer par les liens du mariage. Sans aller contre la morale et la bienséance.
Las ! De vassalité, il n'y aurait probablement jamais. Le Très Haut ne semblait pas vouloir que cela soit.


Elle revint à son compagnon :

Mestre Lahire, nous voici arrivés. Nous nous retrouverons dans quelques jorns, je vous attendrai à Castelroux. Ne vous étonnez pas si vous ne me retrouvez pas de suite, je vais m'y montrer en homme... hum... en jeune homme

Oc, ce serait plus sage, Boulga n'ayant vraiment pas un air viril avec sa petite taille et son côté grassouillet.

Avec l'aide du Très Haut, la supercherie ne sera pas éventée avant que nous ayons quitté le Berry.
Plan segur, je vous accompagne en Limousin où Sa majesté vous convie. C'était de toutes façons notre prochaine étape. Dona Esther Adélie, qui est de ma Compagnie, nous rejoindra sûrement.
Adissiatz, donc et portez-vous bien.


Le Berry et les Berrichons...
C'est donc tout un monde que découvrit Boulga.
En premier lieu, une sombre affaire avait failli déclencher une guerre entre le duché et celui de Bourgogne voisin : le bailli du Berry s'était enfui avec les caisses, et le Duc accusait la Bourgogne de lui avoir donné refuge. Ou plutôt une armée bourguignonne d'avoir donné refuge au bailli et au contenu des caisses. Et bien sûr, les Bourguignons étaient divisés sur la question. La soeur du Duc Alleaume, prétendante au trône de Bourgogne, accusait ses ennemis politiques et en premier lieu le fils de la duchesse Angelyque de complicité. Les partisans de la Duchesse criaient à la diffamation et à la manoeuvre politique.
Boulga avait quelques raisons de soupçonner l'honnêteté du duc du Berry dans l'affaire. En premier lieu parce que c'était tout de même lui qui avait nommé le bailli et lui avait accordé sa confiance, et que crier au scandale et au coup monté était peut-être le meilleur moyen de cacher la honte de mal choisir ses conseillers.


L'autre raison n'avait rien à voir avec la politique. Elle était toute personnelle et ne révélait que la rancune de Boulga de ne pas avoir encore réussi à obtenir ce qu'elle cherchait : le duc Alleaume, dont la rumeur disait qu'il avait trouvé un fragment de carte, n'avait encore pas daigné lui répondre ni la recevoir, malgré des propositions fort honnêtes de sa part. Et Boulga le prenait pour un affront personnel.

Pardine ! Je lui ferai voir du pays à celui-citte ! Il ne l'aura pas vu venir !

D'autant plus qu'elle apprit au détour d'une conversation avec un castelroussin que le morceau de carte avait été vendu. Et que tous les membres de la Compagnie berrichonne étaient de Castelroux et des amis personnels du Duc.

Té ! Au fond, il se moque bien du Berry et des Berrichons.


*ndlr : la "Norfandie" désigne ici le Berry. les Berrichons étant connus pour leur "norf" qu'ils mettent à beaucoup de sauces dans leur parler. :wink:

_________________
Boulga_
[Rien de sert de courir...]

...il faut partir à point.
C'est donc ce que Boulga expérimentait depuis un mois déjà, sur les routes du royaume de France et celles de duchés indépendants. Septembre touchait à sa fin. Elle s'était en fermée dans sa chambre d'auberge, les copies de fragments déjà réunies devant elle, recopiant soigneusement des dessins qu'elle y voyait tracés, certains si effacés qu'ils pouvaient tout aussi bien constituer des taches de terre ou d'humidité.


Si elle écrivait à son senher, avait-il une chance de la lire ? Elle en doutait, mais elle écrirait tout de même, en fidèle servante, et parce que ça l'aiderait sans doute à faire un petit point.




De Boulga, de la mesnie Irissarri
à son Très Aimé Senher Salvaire, au castel de Randon
le XXXe jorn de septembre de l'An 1461

Bien Aimé senher,
nous voici donc à Limoges avec mestre Lahire, dont vous savez qu'il a ouvert à Paris un lieu pour y vendre et exposer ses oeuvres, et qu'il a baptisé ce lieu "Galerie Salvaire" en votre honneur. Il est aussi devenu depuis peu le mestre Pintor officiel du Roy et reçoit de nouvelles commandes des Grands de ce monde partout où nous passons. Chacun veut immortaliser son portrait sous son pinceau.
Quant à moi, je poursuis ma collecte des fragments de l'antique carte du roi Séleucos, et je crois que le Très Haut guide mes pas à sa façon, et me fait trouver les bons coins comme pour la chasse aux cagaroulettes. Je conviens cependant que le succès n'est pas totjorn au rendez-vous, ni que les fragments se trouvent là où on les attend.
Par exemple, l'un m'est venu d'Ecosse, d'une dona qui m'appelait "Lass", de la même manière qu'avait notre ami au loup, Fervantskate. Cela m'a fait souvenir de l'ancien temps et de notre arrivée à Mende, d'une soirée où nous avions parlé de l'Océan et où Fervantskate m'avait offert sa précieuse perle. Et justement, mes pas en ce moment me mènent lentement mais sûrement vers l'Océan. N'est-ce pas là un vrai signe du Très Haut, qui me montre la route ?
Un autre exemple encore, et celui-ci concerne mon séjour en Berry, durant lequel rien ne s'est passé comme attendu. Vous devez savoir que le Duc Alleaume avait trouvé un vieux fragment de carte à Châteauroux, mais aucune de mes tentatives pour en apprendre plus ou pour échanger n'a trouver de réponse, qu'elle soit positive ou négative. Je me suis heurtée au silence.
En revanche, j'ai fait la connaissance des deux filles du Duc, deux charmantes donas qui viennent du Lengadoc. L'une s'appelle dona Ariane et est diaconesse à Narbonne, et l'autre s'appelle dona Susi. Elles ne se ressemblent pas du tout mais leur amabilité, leur facilité et leur enjouement me faisait peiner à les croire filles du Duc.
A dona Ariane, j'ai donné le Testament d'Aristote, en grec, et la traduction que j'en ai faite; car figurez-vous que l'Eglise romaine le cache si soigneusement, ce texte, que même ses Ministres n'en ont pas connaissance. Là-dessus, un autre Berrichon qui fait partie d'une autre grande famille, celle des Noldor, a voulu l'avoir et le lire aussi. J'ai donc passé une nuit à le recopier.
Puis j'ai quitté le Berry sans avoir davantage de nouvelles du fragment que j'étais venue chercher.
Mais je crois que les prières de dona Ariane à Sainte Raphaelle Archange ont prouvé leur efficacité : pas plus tard qu'hier, une dona a voulu prendre langue avec moi pour me proposer d'échanger un fragment qu'elle possédait, portant un signe qui ne me rappelait rien du tout de la façon dont elle le décrivait, contre des copies des miens. A la fin de l'échange, je lui ai demandé d'où venait son fragment et elle m'a répondu que c'était celui découvert en Berry, qu'elle avait acheté.
Ainsi, le Duc Alleaume a vendu son fragment, pour un prix que j'ignore, mais il m'est finalement revenu.
Savez-vous ce que j'en ai fait ? Dans une inspiration soudaine, je l'ai offert à une Compagnie de Bourgogne, puis j'ai informé l'autre Compagnie du Berry, celle qui n'appartient pas au duc Alleaume, de ce qui venait d'arriver. Je leur ai offert à eux un autre fragment, à fin qu'ils procèdent à un échange avec les Bourguignons et que les ennemis d'hier aient là une occasion de paix et de travail commun. Seul le Très Haut sait s'ils seront assez sages pour la saisir, car ce n'est plus entre mes mains.

Je vous joins des petits dessins qu'on trouve sur les fragments.



Vous devinerez un lion, une chouette, une bête étrange avec des ailes - est-ce un démon ? - un croissant de lune, une croix que j'ai déjà vue en Egypte, un soleil...
La chouette me rappelle la Grèce et le Croissant le blason des Ottomans. J'ai pensé de suite que ces symboles représentaient des pays et avaient donc une chance d'indiquer la place du fragment dans la carte générale, mais votre Boulga n'est pas assez savante pour voir plus avant. Et hormis le dessin du Nil qu'on voit parfaitement bien à côté de la croix d'Egypte, je n'ai rien pu reconnaître dans le tracé des terres et des mers.
Je crois que ce n'est pas à moi que le Très Haut réserve la résolution de l'énigme. Il a sûrement dû m'assigner à la collecte... comme Il m'avait assignée à la collecte des cagaroulettes il y a un an de cela.

Qu'Il vous garde et vous éclaire
Votre fidèle Boulga



Vélin roulé, soigneusement rangé dans un étui de cuir, puis Boulga se mit en quête d'une personne qui pourrait se charger de le porter au castel de Randon.
_________________
Boulga_
[De Limousines en Bordelaises, en passant par le Pays Gourd]

Et l'aventure continuait.
C'est sur la route entre Rochechouart et Angoulême que Boulga et ses compagnons avaient rencontré leurs premiers maladrins, de vils brigands qui les avaient délestés de leur chargement.
Il y avaient même mis tant de violence qu'ils avaient arraché un bout de carte à Boulga, une des copies qu'elle conservait soigneusement. La jeune fille remercia cependant le Très Haut de ne pas avoir porté sur elle de fragment original, comme cela aurait dû être le cas si elle n'avait pas cédé la politesse à un senher Duc quelques jours plus tôt. En effet, elle avait convenu avec mestre Anthy, bourgmestre de Guéret, de lui acheter son fragment, mais il l'avait averti plus tard qu'un Duc souhaitait aussi l'acquérir. Boulga avait donc laissé partir le fragment, se contentant de la copie. Elle avait ses raisons pour cela : elle escomptait bien retirer un profit de son geste plus tard, quand le moment en serait venu.
Si elle l'avait gardé pour elle, il serait à l'heure qu'il était aux mains de brigands et par conséquent totalement perdu. Au lieu que là, elle le savait parfaitement à l'abri.

Elle remercia le Très Haut, persuadée qu'Il continuait de l'accompagner sur son chemin tortueux, semé d'embuches et où chaque journée recelait son petit évènement, bon ou mauvais.

Le Périgord leur permit de reprendre quelques forces et à Boulga deux choses : poser quelques jalons pour la suite, mais aussi progresser dans son apprentissage de l'astronomie, ce qui n'était pas mince affaire. Elle en savait à présent suffisamment pour voir que la carte du Roi Séleucos, une fois reconstituée en entier, aurait la forme d'un cercle, que les Etoiles du Zodiaque l'entoureraient et que le soleil qui paraissait sur un des fragments indiquait fort probablement le Sud.
Suppositions qui trouvèrent confirmation dans les travaux de leur nouvelle compagne, dona Esther, qui les avaient rejoints alors qu'ils étaient en Limousin.
Il n'y eut rien d'autre, avant que Boulga ne décide brusquement de pousser jusqu'à Bordeaux. Pourquoi Bordeaux ? L'occasion de s'approcher de l'Océan ? Ou l'attrait de la cité qui avait été le point de départ de la Première Quête ?
C'était une sorte de petit pèlerinage pour Boulga.
Et c'est au commencement d'une soirée fraîche mais claire - alors qu'elle regardait les étoiles se lever une à une et qu'elle repensait à sa rencontre avec Ariane de Niraco, la diaconnesse à laquelle elle avait offert le Testament d'Aristote et qui lui avait parlé de l'Archange Raphaëlle, et qu'elle se demandait également si son Senher était accompagné du Très Haut - qu'elle reçut trois paquets.

Le premier était du senher Enzo, avec qui elle avait entamé une correspondance qui la dépassait de plus en plus. La lettre contenait de fort tristes nouvelles. Le senher Enzo lui faisait part d'une terrible infirmité qui venait de le frapper dans son combat contre les Brigands de Genève. Elle roula le vélin, horrifiée et révoltée. La réponse serait pour plus tard, quand elle aurait reprit ses esprits.

Les deux autres paquets, elle fut la première surprise de les découvrir, car elle ne l'attendait plus pour l'un et n'en espérait pas tant et si vite pour l'autre. Le Très Haut était toujours avec elle ! Elle les déplia soigneusement et resta un moment à les contempler, un peu éberluée.






Pardine ! C'est la dona Esther qui va être contente !
_________________
--Euphrasie


Euphrasie ! Mais voila un nom qui lui était tout indiqué ! Euphrasie qui en ancien grec signifiait tout simplement joie, gaieté. Et puis avec la mission qu'on venait de lui confier, c'était un pseudonyme parfait !

Euphrasie ! Rien que pour le plaisir de l'entendre, la jeune femme se le répétait constamment. Euphrasie ma jolie, Euphrasie viens ici ! Euphrasie fais ton lit, Euphrasie sois polie !

Et merd... ! Son bol de lait matinal venait de se répandre sur la table de la taverne. Le regard océan glissa en même temps que le liquide, longea la rainure du bois, et ... elle écarta juste ses genoux pour ne pas se salir.
Bon, en même temps : Aux Arènes Animées ! Mouarff !!! Laissez moi rire ! Y avait plus d'animation dans le cimetière de Nîmes, pour sur !

Euphrasie (ah ben oui, vous allez le lire souvent) récupéra ses affaires, c'est à dire sa besace pleine de ses secrets récupérés au gré de sa route, et son tout nouveau vieux bouclier Séleucide.
L'air était frais mais le soleil languedocien semblait vouloir faire acte de présence quelques heures, une bénédiction pour la jeune femme qui prit la direction de Montpellier.

A peine avait-elle perdu de vue les mornes arènes, en leur tournant le dos c'était d'autant plus facile, qu'une attaque sournoise et perfide arrêta sa marche. Un pigeon en vol plongeant se jetait sur elle, apparemment sans raison, ou connue de lui seul, et ne voulait plus la lâcher.
Euphrasie tenta bien de se protéger de son bouclier, espérant que l'affreux volatile n'irait pas faire ses besoins dessus, mais les attaques ne cessèrent pas pour autant.


Mais vas tu arrêter à la fin !!! Barre toi ou j'te bouffe !!

Attrapant le bouclier à deux mains, le coups atteignit son objectif. Et paf ! Un pigeon de dégommé ! Une bonne chose de faite ! Non mais ! Il n'était pas né le pigeon qui viendrait à bout d'Euphrasie ! Le pigeon ... Euphrasie ... Le pigeon ... Message ...

La jeune femme remit son vieux bouclier tout neuf sur son dos et se dirigea en sifflotant vers ce qu'il restait du pigeon qui venait d'achever sa course contre un tronc. Elle retira, non sans une grimace de dégoût, le message incrusté dans les restes "sanguino-plumeux" de l'animal.




Expéditeur : Axxxx
Date d'envoi : 15/10/1461 - 13:06:25
Titre : où es-tu?


Hum ... Mais qui c'est celui là ? Pis je suis ... Ben, je suis là où je suis !



Mxxx! ma princesse


Un sourcil relevé, Euphrasie semblait soucieuse et surtout plongée dans une profonde incompréhension.



J'ai espoir encore que ce maudit pigeon puisse te trouver.


Ah ben ca ... Pour me trouver, il m'a trouvé ... Paix à son âme.



Où es-tu?
Pourquoi es-tu partie?
Comment vas-tu?


Mais il est de la maréchaussée celui là ou quoi ?



Tu me laisses seul, à errer tel un pauvre vagabond, avec notre avenir perdu en point de mire...

Une rupture, une lassitude, une peur, tu aurais pu me l'exprimer.

Je n'ose imaginer le pire, tu es en vie!


Oui, je suis en vie ! Si c'est le pire que tu puisses imaginer, qui que tu sois, je vais t'éviter autant que faire ce peut ! Tu dois te tromper de fille hein !



Je viens de croiser une jeune fille qui te connait, qui t'a rencontrée, accompagnée d'un sire dont tu paraissais éprise. Belle nouvelle que j'ai appris là.


Et comme les bonnes nouvelles ne viennent jamais seules, les mauvaises les accompagnent toujours ...



Voilà 6 mois, voire plus, que tu as disparu.

Dis moi adieu, et je cesserai de parcourir le royaumes à ta recherche.

Axxxxx


Heu ... Oui ... C'est cela ! Adieu A ! Non mais stop là ! Qui c'est ce A ?? Et qui c'est cette fille qui me connait ?

Soudain c'est un peu la panique. Rapport ou pas avec la mission en cours ? Dans quel engrenage a-t-elle mis le doigt ? Et puis tous ces gens qu'elle est censée croiser mais qu'elle n'a jamais vu, ces messages qu'elle reçoit et qui jusque là paraissaient justifiés, et même plein d'intérêt, mais là ...

Euphrasie n'y comprend pas grand chose. Il faut qu'elle continue la route, qu'elle arrive à Montpellier, qu'elle exécute le plan qu'on lui a confié dans une missive précédente et qu'elle trouve quelqu'un de confiance. Quelqu'un qui saura éclaircir les choses, de préférence.
Boulga_
[Des Nouvelles du Monde]

... et leurs conséquences !

C'est que les rumeurs allaient décidément bon train, tant et si bien que Boulga, qui les écoutait en prenant son repas à l'auberge bordelaise où elle avait élu domicile, dut changer ses plans.
Un pigeon, un pigeon, un pigeon... la petite jeune fille en tenait un élevage à présent, avec de gras et dodus qui attiraient beaucoup de convoitises. Elle avait poussé le vice jusqu'à en déguiser certains de plumages colorés à fin qu'ils ne passent pas inaperçus.
M'enfin, celui qui fut choisi cette fois était plutôt maigrelet et se fondrait dans la masse. Elle aurait en outre l'assurance qu'il lui reviendrait au lieu d'être mangé.



Citation:
Adissiatz dona Euphrasie,

Dans mon précédent ordre de mission secrète, je vous avais prévenue qu'avec moi les plans pouvaient changer du jour au lendemain. C'est donc chose faite, ils changent. Non pas sur le fond de l'affaire, mais sur la route à suivre qui devrait vous mener dans la direction tout à fait opposée à celle initialement prévue.

Que le Très Haut vous garde
Boulga

_________________
Boulga_
[Dansent les heures]

La minuit, heure propice pour observer les étoiles et la lune se refléter dans la mer, depuis la fenêtre de sa chambre d'auberge. L'air paraissait si calme et si doux, et pourtant Boulga savait à quel point les troubles civils des derniers mois étaient loin d'être éteints. Que les rancoeurs et désirs de vengeances étaient toujours tenace derrière la paix du roy affichée partout en devanture.
Elle-même n'hésitait pas à jouer de cette corde-là pour obtenir ce qu'elle voulait et elle avait déjà obtenu un fragment original de cette façon. Le Très Haut le lui ferait-il payer ?
Elle avait un petit paquet à envoyer au Lengadoc mais retenait son geste depuis quelques heures.

Voici l'affaire :
Plusieurs jours auparavant, elle avait reçu un avis du senher Duc de Mussidan :


Citation:
Dona,

ne vous déplacez point du côté de Marmande, je vous en prie.

Conservez cette information confidentielle à vous et aux personnes qui vous sont chères.


Qu'Aristote veille sur vous,
Enguerrand Mirandole.


Deux jours plus tard, elle apprenait la prise de Bergerac, toute proche, et où elle et ses compagnons étaient passés peu avant.
Pourquoi donc le duc faisait-il cela en plein temps de paix ? Qu'allait dire et faire le Périgord ? Et la Guyenne, que l'armée du duc, battant pavillon d'Armagnac, venait de traverser plus ou moins clandestinement ? Et le Roy ? Qu'allait dire et faire le Roy ? Trop occupé à bouter les brigands de Normandie ?
Un rien pouvait rallumer les troubles dans le sud, la jeune fille le sentait. Si elle éprouvait une sorte de reconnaissance que le Duc ait assez de confiance en elle pour l'aviser des dangers de la route, elle demeurait fâchée qu'il l'eût mise dans la position de choisir entre la loyauté momentanée à son égard et la loyauté à la Guyenne. Et ce grief s'ajoutait aux autres : elle lui en voulait qu'il la place en position de complice malgré elle.
Malgré elle ? Vraiment ? C'était pourtant elle qui la première était allée le voir en son castel de Mussidan*.

Boulga ne parvenait pas à dormir et quel que soit le sens dans lequel elle retournait le problème, sa conscience n'était pas si propre ni nette qu'elle l'aurait souhaité.

Il y avait autre chose, aussi. Depuis deux jours, sur la place publique de Guyenne, était exposée une liste de personnes faisant partie de l'armée du Duc qui avait pris Bergerac**. Et parmi les noms, elle en avait reconnu qui lui étaient plus que familiers. Des souvenirs de la Quête au Testament d'Aristote. Mais aussi des noms de personnes faisant partie de la Compagnie officielle du Lengadoc.
Un peu plus tôt dans la journée, Boulga avait croisé dans une taverne un homme, un dénommé Serregil ainsi qu'il s'était présenté, qui avait tout l'air d'un déserteur ou d'un éclaireur de cette armée-là, et elle avait essayé d'en tirer des renseignements, sans succès***.

Il ne lui restait qu'une solution : demander directement au duc de Mussidan ce qu'il en était. mais le bruit de sa mort courait et lui répondre serait peut-être le cadet de ses soucis. Ou alors, écrire à la maréchale périgourdine avec laquelle elle s'était liée, et qui elle, avait sûrement beaucoup plus d'informations. Ou encore, demander aux deux, faire les recoupements et aviser ensuite : apporterait-elle à nouveau sa petite aide en sous-main ou laisserait-elle la compagnie languedocienne se débrouiller par ses propres moyens ?



*rp en cours en forum 2, duché souverain du Mussidanais
**rp en gargote guyennoise
*** rp improvisé en taverne

_________________
Boulga_
[Mais qu'allait-elle faire dans cette galère !]

Il y a des jours où il aurait mieux valu rester couché en attendant que la tempête passe, car c'en était bien une que Boulga traversait : une petite leçon d'humilité envoyée par le Très Haut tout exprès.

Alors ? Lui avait-il dit, tu te prends pour une redresseuse de torts ? Soit, je vais t'en envoyer, du tort à redresser, et tellement qu'il te faudra toute ta foi pour savoir de quel côté se trouve la Justice.

Enfin, ce n'était pas directement le Très Haut qui avait parlé, plutôt sa conscience, ce qui dans l'esprit de Boulga revenait au même.

Adoncques, tout s'enchaîna alors qu'elle longeait la Garonne avec ses compagnons pour rejoindre Tolosa. Il y eut d'abord cette invitation à une cérémonie officielle du duc de Mussidan, après la scélérate prise de Bergerac, que la jeune fille se résolut finalement à accepter pour les besoins de la Quête. Elle reçut en même temps avis des maréchaux de Périgord que des membres de la Compagnie languedocienne s'étaient trouvés en compagnie de l'armée du duc Flex, ce qui restait sujet à interprétation, en fait : ils pouvaient tout aussi bien s'être trouvés là au mauvais moment.
En tous les cas, ils ne parurent pas à la célébration à laquelle assista Boulga. Certo, elle était déjà largement moins bien placée pour donner des leçons, mais elle préférait largement cela.

Le pire coup vint après la fête à Mussidan : à son arrivée à Tolosa l'attendait la missive d'un des membres de sa propre Compagnie. Un qui avait plus ou moins disparu de la circulation depuis des semaines... et pour cause :


Citation:

Expéditeur : X.
Date d'envoi : 29/10/1461 - 17:39:58
Titre : voyage
bonsoir Dame Boulga

vous allez bien?

vous pouvez parler avec xxxx pour faire le voyage ensamble?

je suis a Fecamp, en Normandie et lui est à Tréguier

moi j'ai une armée, peut etre utile pour la suite de la quete.

je peux embarquer avec l'armée

X.


Fécamp. Normandie. Armée.
Boulga faillit s'étrangler de colère. Ainsi, l'infâme gredin faisait silence depuis tout ce temps car il préparait et participait aux exactions de Fatum en Normandie, et maintenant que les membres de la Compagnie avaient bien avancé, il voulait les rejoindre et demandait de l'aide ! Il osait même faire croire qu'une armée serait utile pour la suite.
Le fourbe !
Elle s'en était toujours méfié, mais là c'était le pompon ! La Koinè serait bientôt associée aux bandes de routiers et aux preneurs de la Normandie. Le nom de leur compagnon devait déjà figurer sur toutes les listes noires du royaume et elle avait bien envie de le laisser planté à Fécamp et qu'il se débrouille seul.

Cependant, la Koinè pouvait encore avoir besoin de lui. Non pas pour son armée - Boulga tenait cela pour la fausse bonne idée - mais pour sa présence, qui s'avérerait peut-être obligatoire pour accéder au Trésor des Séleucides. Si le Très Haut ne les maudissait pas avant.
Etouffant sa Colère pour le moment, elle prépara en hâte son paquet et dit à ses compagnons :


Je vous quitte quelques temps. Je dois trouver le Roy. Une grâce à demander.

Avant de partir, elle fit un autre paquet garni qu'elle expédia à la Comtessa du Lengadoc.
_________________
Boulga_
["La vie, c'est comme un cassoulet..."]



Après Tolosa et la Guyenne, c'est en Lengadoc que l'affiche partit. Boulga espérait en sa large diffusion. Quant aux réponses, cela, elle ne pouvait ni ne voulait en préjuger.


Citation:
    "La vie, c'est comme un cassoulet, moins y a de fayots, plus t'es riche !"


"J'ai travaillé dur pour amasser tout ça et personne d'autre que moi n'en profitera !"

Livre des Vertus, Vie de Belzébuth, Démon d'Avarice.



Oyez, Oyez, bonnes gens ! C'est par ces paroles tirées des Saintes Ecritures, et à diffuser partout où ce sera possible, que nous souhaitons ici publiquement nous écarter de la voie d'Avarice en faisant un don à tous ceux qui souhaitent s'engager dans la Recherche de l'Abaque de l'Antique Roy Séleucos.
Il s'agit de partager ce qui jusqu'à maintenant a été soigneusement tenu caché, ou révélé aux seuls initiés : la liste complète de tous les fragments de la Carte des Taureaux de Séleucos.
Nous espérons ainsi apporter un peu de clarté à celui qui cherche sans savoir quoi et sans croiser personne pour le lui dire.
Sachez que cette liste a été trouvée à Rome, dans une salle inaccessible au profane, mais où heureusement un des Compagnons de la Koinè a ses entrées.
Sachez enfin qu'il n'est pas trop tard pour se lancer.



    1 Fragments de carte Delta
    2 Fragments de carte anodins
    3 Fragments de carte inconnus
    4 Fragments de carte Alpha  
    5 Fragments de carte obscurs
    6 Fragments de carte abîmés
    7 Fragments de carte Epsilon
    8 Fragments de carte étranges
    9 Fragments de carte énigmatiques
    10 Fragments de carte mystérieux
    11 Fragments de carte inestimables
    12 Fragments de carte rigides
    13 Fragments de carte humides
    14 Fragments de carte laminés
    15 Fragments de carte terreux
    16 Fragments de carte identifiables
    17 Fragments de carte intéressants
    18 Fragments de carte découpés
    19 Fragments de carte déchirés
    20 Fragments de carte peints
    21 Fragments de carte mous
    22 Fragments de carte endommagés
    23 Fragments de carte Pi
    24 Fragments de carte délavés
    25 Fragments de carte usés



Ces fragments, au nombre de vingt-cinq, permettent de reconstituer une carte entière une fois assemblés. Les découvertes effectuées jusqu'à présent montrent que chaque fragment existe au moins en trois exemplaires, peut-être davantage car tous n'ont pas encore été retrouvés.
La carte est de forme ronde, entourée des signes du Zodiaque, et comme dernier don, en voici le fragment central, celui appelé DELTA :




Vous avez l'âme aventureuse ? Vous ne craignez pas de laisser à d'autres le soin des affaires publiques ? Vous ne craignez pas de renoncer aux ors, aux honneurs, à la richesse, à l'Orgueil d'une haute position ? Vous êtes prêts à partir au loin pendant plusieurs mois, à donner votre vie et vos écus sans compter ? Vous êtes prêts à l'Amitié et au Don de vous-même ? Vous croyez à la Victoire mais vous ne craignez pas de perdre ?
Alors Boulga se propose de vous emmener dans l'aventure.

Que les Archanges, Aristote et le Très Haut accompagnent chacun de nous sur les voies que nous aurons choisies.


Remercions mestre Lahire pour sa participation





edit pour ajout de l'image de Lahire

_________________
Boulga_
[Auprès de Son Blond...]

... elle n'eut pas loisir de dormir, hélas !
Si Boulga n'était pas loin du Lengadoc et était même revenue à Mende le temps d'une journée, en esprit, elle était à des milliers et des milliers de lieues des préoccupations politiques de ses concitoyens. D'ailleurs, il était plus juste de dire de ses voisins et amis languedociens plutôt que concitoyens.
Lors de son bref passage à Mende, dona Absynthe lui avait bien demandé son avis pour la cité et les futures élections du Bourgmestre, mais elle avait décliné : depuis un an qu'elle avait pris la route pour ses Quêtes, elle avait passé un seul mois en Lengadoc : comment dès lors prétendre proposer voire imposer des idées aux autres ? Et puis c'eût été un beau mensonge, car Boulga ne s'intéressait plus du tout à la politique. La recherche du Trésor de Séleucos était son unique préoccupation. Celle qui la distrayait de son autre préoccupation : son bel&blond senher.

Justement, elle avait profité de son incursion pour le retrouver dans son ermitage, mais à son grand regret, elle ne L'avait pas vu. Elle Lui avait porté bonne couverture de laine contre la froidure, des provisions dont Il ferait ce qu'il voudrait, du bon bois pour entretenir le feu. Elle L'avait un peu attendu, mais ne pouvant s'attarder de trop pour n'éveiller aucun soupçon, elle avait rebroussé chemin, non sans Lui avoir laissé un petit Livre des Vertus en langue latine, ainsi qu'une lettre et une copie de la carte de Séleucos entièrement reconstituée.




De Boulga, de la mesnie Irissarri
à Salvaire, Très Aimé senher per totjorn,
ce 15e jorn de novembre de l'An mil quatre cent soixante et un

Si cher senher,
je suis passée ce jorn pour vous voir et ne vous y ai point trouvé. Peut-être était-ce la Volonté du Très Haut que je ne vous y trouve pas, car il devait sentir que j'aurais été capable de laisser en plan tous mes autres engagements pour demeurer près de vous.
Votre anniversaire étant passé de très peu, je vous ai amené un petit présent et quelques autres attentions dont vous pourrez tirer bon profit.
La Quête que je poursuis progresse à petits pas, mais je crois qu'ils sont bons et solides. Je crois aussi que vous seriez fier de voir ce que j'ai réalisé ces derniers mois et l'assurance que j'y ai pris. Je traite directement avec des Roys, à présent.
Votre ami le senher Natale m'a ouvert quelques portes avec beaucoup de discrétion et de délicatesse. Il se porte comme un charme et la perte de ses fiefs toulousains ne l'a finalement pas affecté autant qu'on aurait pu croire, le coup le plus rude venant de ceux dont il avait épousé la cause.
Vous ne serez pas surpris d'apprendre que l'aide qu'on reçoit à ce genre d'entreprise ne vient pas totjorn de là où elle est attendue.
Je retournerai très sans doute à Alexandrie dans les semaines à venir, et j'ai proposé à quelques Mendois qui veulent découvrir la cité de les y emmener. J'ai cependant quelques scrupules à cause des risques encourus, d'autant que pour ces Mendois, il ne s'agit pas de prendre une part active à la Quête, mais de voyager et accomplir ce qu'ils ont manqué l'année passée.

Il est arrivé aussi une chose qui ne laisse pas de me troubler. Mes pas m'ont conduite en la cité de Castelnou d'Arri, où je me souviens que vous aviez passé plusieurs années avant de venir en Lengadoc. J'y ai passé quelques jorns, ai rencontré quelques habitants dont le Padre Saino qui vous appelle encore "Sa Blondeur". C'est une petite ville tranquiette, assez peu active, mais je ne sais par quelle magie, je me suis sentie comme chez moi, ce qui ne m'est arrivé nulle part ailleurs encore - si on excepte Mende. Peut-être était-ce que vous y aviez vécu ! Je ne saurais dire. L'impression est demeurée si fort que je songe à m'y installer quand ma quête sera achevée. J'aime mes amis Mendois, mais je dois reconnaître que la seule chose qui me retient à Mende aujourd'hui, c'est Apcher&Randon et vos, plan segur.

Je termine sans oublier le plus important : mestre Lahire m'accompagne totjorn et se montre le plus agréable et complaisant du monde. Il a aussi beaucoup de succès, et comme il ne fait pas de politique, tous les grands et moins grands de ce monde le réclament pour l'avoir sous leur protection.
C'est un fidèle ami que nous avons trouvé là. Petit par la taille, mais certe grand par le Coeur.

Le Très Haut Vous garde
Votre Boulga

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