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Lorsqu'une bayle a quelques ennuis...

[RP] "Les corbeaux ont-ils une cervelle d'oiseau ?"*

Anne.so
"Les corbeaux ont-ils une cervelle d'oiseau ?"*


La blonde d'Evrecy s'épuisait les yeux à la lueur faible d'une bougie, la plume glissait sur le vélin, encore quelques missives à rédiger et elle irait prendre quelques heures de repos sur le divan de son bureau. Bureau qu'elle ne quittait plus depuis quelques jours. Son esprit s'évada vers Bergerac, vers Seurn, sa dernière soirée au bord de Dordogne avec lui. Cela lui parassait si loin maintenant, depuis combien de jours n'avait elle pas eu le temps de rentrer,de penser à elle, à eux.
Un pli barra son front car habituellement, elle recevait de ses nouvelles mais ces derniers jours, aucun message. Si elle avait ce matin, décidé que ce soir elle prendrait la route, la nouvelle de la perte du triple A+, lui avait fait abandonner l'idée.

Elle sursauta quand elle entendit un bruit émanant du couloir, à ces heures habituellement vide. Son oreille se tendit et elle perçut un bruit de papier qui glisse sur le bois, qui la fit regarder en direction de la porte et vit apparaître un pli. Surprise elle se leva d'un bond, bruissement de soie du tissu de sa robe légère, elle ouvrit la porte, pour n’apercevoir
qu'une ombre se dérobant au détour d'un couloir.
Ramassant le mot, intriguée, elle l'ouvrit et le parcouru, une première lecture, une seconde. Son visage devint un masque tant ses traits exsangues semblaient sculptés dans la neige.

Aucune signature, mais les menaces étaient là, elle savait que cela ne pouvait émaner de cet un animal extrêmement venimeux, capable d'empoisonner semble t'il les eaux des puits et les fruits des arbres par sa seule présence, chose dont elle doutait pas vraiment.
Prévenir ses frères, cela avait toujours été son instinct dans les moments difficiles de sa vie.



Citation:
Mon cher Renlie, mon cher Baptiste,

Je ne voudrais pas vous inquietez pour sans doute rien, mais on vient de me transmettre une lettre non signée, menaçant ma sécurité. Je pense que vous aussi vous vous doutez d'ou elle vient. Je vais prévenir Key pour qu'elle puisse mettre un garde en faction devant mon bureau, mais j'ai une fâcheuse tendance en ce moment à rester sur place au Castel et nos hommes la nuit son moindre en nombre.
Je ne pense pas que je risque beaucoup, ils ne me font pas peur, mais je tenais à vous avertir tout de même cette histoire commence vraiment à prendre des proportions incongrues mais venant d'eux cela ne m'étonne pas.

J'essaye de vous tenir au courant de la suite, si suite il y a.

je vous embrasse.

Anne Sophie.



Elle disait qu'elle n'avait pas peur, mais ce n'était pas vraiment le cas tout au fond d'elle, elle sentait une angoisse poindre, et dire qu'elle n'avait pas encore eu le temps de prendre ses cours avec Optat, pour sur dés qu'elle rentrerait, elle lui enverrait une missive pour enfin apprendre à se servir de "Fine fleur".
Deuxième courrier mais là, elle ne voulait parler de la lettre du Corbeau sans cervelle, elle lui dirait de visu.


Citation:
A toi mon fol amant,

Une lettre senteur violette, pour te dire qu'hélas je ne rentrerais pas encore ce soir, le travail au conseil est
toujours aussi difficile et cela ne va s'arranger, nous avons perdu en prestige et demain je vais devoir partir à la
recherche d'Erudits. Sais tu que tu me manques ? et que même si je ferme les yeux et que je te vois, cela n'est à ce
jour plus suffisant,
Je me dis que tu dois être fortement occupé de ton côté, je n'ai eu de tes nouvelles, donne moi vite signe de toi,
tes mots me manquent.

Amoureusement vous.

AS



* Titre d'une émission diffusée sur Arte
_________________
Poissac, incarné par Soren
Encore une fois, pourquoi fallait-il que ça tombe sur lui? Avait-il une tête de nourrice? Ou de précepteur? Son père avait été boucher. Il abattait les porcs, les volailles et les bœufs. Ce qu'il avait transmis à son fils, c'était cette connaissance, et rien d'autre. Cela lui avait permis de trouver un emploi stable dans la maréchaussée du comté. Certes, il n'était pas devenu prévôt ou maréchal, mais il pouvait se targuer d'avoir un emploi bien plus stable que celui de prévôt. Cela faisait des années qu'il officiait à Bergerac. Des années où il avait réussi à garder une tranquillité relative… jusqu'à ce que le blondinet débarque à l'automne 1460. Ah ça, il l'avait tout de suite repéré le danois! Il savait qu'il lui apporterait des problèmes. :Le Seurn comme il voulait qu’on l’appelle était maréchal. Il devrait donc lui obéir. Rien que ça, ça n'était pas un gage de tranquillité.

Poissac savait lire et écrire. Il avait dû apprendre avant d'entrer à la maréchaussée. " A cause de ces foutus laissez-passer!" lui avait-on dit. Comment pouvait-il surveiller les entrées de la ville s'il ne savait pas lire un laissez-passer en période de loy martiale? Alors il avait appris. Auprès de la Sarfati. Son salaire était certes cher, mais donner de son corps lui coutait moins que donner quelques écus qu'à l'époque il n'avait pas. Elle l'avait prévenu : "Tu n'deviendras jamais un lettré d'grand r'nom. Tu n'en n'as point les aptitudes!" et elle avait raison. Mais ça n'était pas l'objectif recherché. Les cours avaient eu lieu. Leçon, paiement. Leçon, paiement. C'était devenu une sorte de routine. Poissac n'y pris plaisir ni dans les leçons, ni dans les paiements. C'était juste un passage obligé. Il faut croire qu’il n’avait pas non plus de grande aptitude en tant qu’amant car la Sarfati ne l’avait jamais rappelé une fois les cours terminés.

Alors qu'il avait la lettre de la bayle du comté devant lui , Ce sont les souvenirs de cette période qui remontaient à la surface de son esprit. Tout ça…Tout ça pour en arriver à jouer les nourrices pour un blondinet qui n'était pas capable de se prendre en mains! L'homme lui serait-il redevable un jour de ce qu'il faisait pour lui?


Citation:

De Poissac, garde à la maréchaussée du comté
A la dame belle du comté

Dame Belle,

Je n'sais pourquoi mais l'message qu'vous destiniez au maréchal Mac Fadine m'est r'tombé entre les mains à la maréchaussée d'Bergerac. Voilà, vous excus’rez la piètre qualité d’mon françoys, l’important c’est qu’vous m’compreniez. J’travaille avec l’maréchal pour 5 écus la nuit d’garde. J’connaissions bien l’blond. J’pensions qu’l’maréchal MacFadine n’répondra pas à vot’missive. L’mieux est qu’vous rappliquiez dès que possib à Bergerac. Vous comprendrez tout j’pense.

Avec mes toutes mes salutations,
Poissac



Voilà! Et comme ceux qui ont toujours dû se battre pour gagner leur pitance, Poissac n’avait pas oublié qu’il s’adressait à la Bayle du comté… et que c’était là l’occasion de revendiquer un meilleur salaire pour ceux qui mettent leur vie au service du comté sans être payé 16 écus la nuit de garde.
Anne.so
“Can we go back, this is the moment
Tonight is the night, we’ll fight till it’s over
So we put our hands up like the ceiling can’t hold us
like the ceiling can’t hold us”*




Anne Sophie avait passé la nuit, comme les dernières, allongée sur le divan, le dos collé contre le dossier en tissu de velours. Son petit minois reposait sur un coussin, et ses genoux étaient repliés, une paire d’escarpins traînait au sol. Le froid sournois de cette fin d’été l’avait empêché de dormir, les nuits avaient fraîchis, mais cela était la raison qu’elle voulait se donner.

Réveiller aux premières lueurs de l’aube, elle demanda une cuvette d’eau pour se rafraîchir et fit une toilette sommaire, après avoir fouillée dans son sac à la recherche d’un change correct. S’installant sans se décourager derrière la grande table en chêne blond, son regard se déposa sur la lettre du Corbeau, qu’elle avait reçu la nuit dernière. Son esprit était divisé, elle ne voulait pas en tenir compte et essaye de l’occulter, se disant que tout ceci n’était qu’une façon de vouloir lui faire peur. Que cette histoire n’irait pas plus loin, elle s’employait à se rassurer, même si son instinct lui dictait au fond d’elle-même qu’il fallait se méfier, ils étaient capable de tout.
L’huissier du matin arriva croulant sous les courriers, les épaules de la blonde Bayle s’affaissèrent, la journée allait être longue, très longue. Elle en commença la lecture et entre des correspondances toutes liées à sa charge, elle trouva une lettre privée, mais pas celle escomptée. Elle prit quelques secondes, la relisant par deux fois, et avalant sa salive par deux ou trois fois, sentant qu’elle passait mal, bloquant sur une seule phrase.
« J’pensions qu’l’maréchal MacFadine n’répondra pas à vot’missive. L’mieux est qu’vous rappliquiez dès que possib à Bergerac. Vous comprendrez tout j’pense. »

La lettre fut lâchée comme si elle lui brûlait les mains, les mots couchés sur le vélin, raisonnaient dans son esprit, « Pourquoi ? Il ne pouvait répondre. Que se passait-il ? » Elle se leva brutalement de son fauteuil, fit quelque pas hésitant, allant vers son sac, puis revenant vers le fauteuil, elle griffonna avec hâte une réponse.


Citation:
Garde Poissac,

J’ai eu votre mot, je pars immédiatement de Périgueux, je vous retrouverais au poste de Garde. Et j’espère que ceci n’est pas une blague de mauvais gout.

Anne Sophie d’Evrecy.


Elle fit envoyer le pli, tout en souhaitant que ceci était véritablement un farce, tandis qu’elle prenait son sac et partit en faisant claquer la porte du bureau, laissant tout en plan. Une monture rapide, elle se rendit aux écuries Comtales et se lança avec fébrilité sur la route de Bergerac traversant la capitale à vive allure avant de sortir de la ville.


* http://www.youtube.com/watch?v=2zNSgSzhBfM
MACKLEMORE & RYAN LEWIS - CAN'T HOLD US FEAT. RAY DALTON

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Poissac, incarné par Soren
Citation:
Garde Poissac,

J’ai eu votre mot, je pars immédiatement de Périgueux, je vous retrouverais au poste de Garde. Et j’espère que ceci n’est pas une blague de mauvais gout.

Anne Sophie d’Evrecy.


"Je vous retrouverai au poste de garde". For fanden comme dirait le blond maréchal! Voilà ce qui arrive quand on se mêle d'affaires qui ne nous regardent pas! Il suffit qu'on rende service un tantinet pour paraitre aimable et voilà qu'on se trouve embringuer dans une situation inextricable. Mais comment va t-il lui annoncer tout ça à la Bayle hein? Il n'a pas l'habitude de discutailler beaucoup avec la crème de la crème de la société du royaume... surtout quand cette crème est normande! Ah ça le maréchal, il va en entendre parler de sa petite crisette qui fait tâche d'huile partout où il a passé précédemment!

Ces derniers jours, Poissac avait du mal à tout gérer. Trop! Il y en avait tout simplement trop dans sa petite tête. Les gardes, les rapports, l'affaire Alise de Warenghien, les relations avec la blonde du blond... Sans compte qu'il fallait cacher tout ça au prévôt pour éviter les questions embarrassantes. Ça, il faut bien avouer qu'en ce jour, Poissac avait longtemps hésité à demander sa mutation à la caserne de Sarlat. Là au moins, il n'y avait pas de blond danois à gérer. La seule chose qui ait retenu sa main, ce sont les rumeurs insistantes et nauséabondes qui proviennent de la ville du Périgord oriental : il parait que là-bas, on n'a pas le droit de boire la moindre chope quand on est de garde. C'est dur, c'est atroce, c'est inhumain. Et puis... Poissac n'avait pas encore perdu l'espoir que son amour de jeunesse lui revienne. Et son amour de jeunesse habitait... Bergerac! Quoi? Mais non, ce n'est pas une salamandre! Il n'y a pas que des salamandres à Bergerac! Il y a aussi de jolies donzelles, jeunes ou... moins jeunes.

Ce soir-là, comme les derniers soirs, il était monté aux remparts. La tournée avait été morne. Rien à signaler. Rien de rien! Pas même un chat qui passait sans déclarer son identité, pas même un rat qui râlait parce qu'il ne se faisait pas courser par un chat. Lorsqu'il donna l'ordre d'ouvrir les portes (car oui, ce soir-là, il se paya le luxe de donner un ordre!), une certaine anxiété enveloppait son esprit. Dans le flot de voyageurs, il espérait juste ne pas croiser une tête blonde de normandie qui fait sonner les écus de sa bourse en marchant. Une journée de répit... c'est tout ce qu'il demandait. Une journée de répit ! Demain, ce serait Vallyn qui se serait de garde, ce serait elle qui ouvrirait les portes de Bergerac... et ce serait elle qui se ferait harceler de questions embarrassantes!
Anne.so
* Le vent nous portera*"


Le palefrenier avait vu juste, avait-il sentit qu’il fallait lui donner la monture la plus rapide dans le ton qu’elle avait employé - celui d’une femme aux abois - ou bien s’était-il dit qu’il fallait mieux être toujours « Pote » avec le bailli. Les pieds bien assurés dans les étriers, tenant fermement les rênes, à s’en faire blanchir la jointure de ses fines phalanges, exerçant de ses genoux une pression sans cesse renouveler, elle franchissait les lieux. Le poitrail de la bête fendant la bise, lancer au galop le cheval était fougueux et rapide. Il était aussi gris que les mers du Nord l’hiver, et le crin voltigeait semblable à des vapeurs d’argent.
Elle coupa à travers les champs, quand elle discerna une haie se profilant, coupant deux parcelles. Elle lâcha bride à la bête, et celle-ci s’envola comme munie d’ailes par-dessus l’obstacle. Un fin sourire s’afficha sur le visage de la d’Evrecy, cette monture elle la voulait. Elle irait voir Key et donnerait le prix qu’il fallait pour. La distance entre Périgueux et Bergerac ne fut jamais aussi vite franchit, et pourtant le temps lui paraissait plus long, tant son inquiétude était grande.

Les murailles de la ville se profilèrent enfin à sa vue, elle n’était plus qu’à quelques coudées. Les coteaux chargés de vignes furent vite dépassés, elle ralenti un peu son train, en franchissant le guet, au trot et de se stopper devant le poste de garde. Elle sauta lestement au bas de l’animal, et plongea ses doigts dans sa fabuleuse crinière, lui flattant ensuite l’encolure. Avisant un jeune garçon, elle lui confia les rênes lui donnant quelques piécettes pour qu’il aille lui donner avoine et sa ration d’eau, elle l’avait bien méritée.


Prends en soin ! C’est une belle bête, laisse la dans les écuries de la Boulasse et dit bien que c’est la monture de la Bayle.


Elle s’engouffra ensuite dans le poste de garde, son fin chemisier épousant ses courbes de femme, n’était plus ce qu’il était, recouvert de fines poussières de la route et de la sueur de la course. Ses cheveux étaient en bataille, les épis blonds étaient dans tout sens comme après les grands vents pouvant souffler avant la venue des orages. Elle se redressa, ses yeux firent un rapide tour des lieux, avisant un homme, elle l’interpella.

Je chercher le Garde Poissac, c’est vous ? Je suis Anne Sophie d’Evrecy.
Au visage qu'il fit, elle vu qu'elle avait vu juste.

J'ai eu votre courrier, ou se trouve le maréchal Seurn MacFadyen Eriksen, pourquoi ne peut il répondre ?
Il est ou ?
Il lui est arrivé quelque chose ?


Pour la première fois de sa vie, elle avait envie de prendre quelqu'un par le col, comme le fond certaine personnes, pour le faire répondre plus vite. Mais elle se retint.



* Noir Desir - Le Vent Nous Portera
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Poissac, incarné par Soren
Ça, quand le destin s'acharne contre une simple personne, que voulez-vous qu'il arrive? Immanquablement, elle était là et immanquablement, Poissac se demandait comment il allait devoir présenter la "chose". Car inexorablement, elle y arriverait. Il avait un instant imaginé noyer le poisson. Après tout, s'il devait avoir une seule qualité, cela devait bien être celle-là… Avec le nom qu'il portait, nul doute que ses ancêtres devaient être habiles à ce petit jeu. Mais non. Il ne le ferait pas. Il y avait renoncé. Ça n'aurait fait que le torturer plus longtemps encore. Mieux vaut se débarrasser de l'affaire et du poids mort le plus rapidement possible après tout.

- Un instant voulez-vous? Vous z'êtes Anne-Sophie d'Evrecy? Bayle du comté? C'te vous qui décidez des soldes des gars d'la maré? Et vous habitez Bergerac? Laissez-moi vous r'garder s'iouplait? Dites… vous pouvez vous pousser sur l'côté? Duch'min va s'occuper des aut' personnes qui veulent entrer dans la ville. Faudrait tout d'même pas qu'la maré cause un encombrement aux portes d'la ville! D'jà qu'on n'est point aimé par les voyageurs! Et puis, j'avions pas trop envie d'entendre braire les gamins pasqu'y z'ont b'soin d'se soulager l'sac à pisse!

Parler. C'était sa façon à lui d'évacuer la pression qu'il ressentait. C'est d'ailleurs le maréchal MacFadyen qui lui avait donné ce truc. Et c'est vrai que cela fonctionnait parce que quand l'esprit est occupé à parler, il n'est pas occupé à cogiter. Un homme, ça ne sait faire qu'une chose à la fois. Et le maréchal, s'il avait été là, il aurait ajouté : "Oui, mais ça le fait bien!".

- N'vous impatientez pas bayle! J'vous ai ben r'connu, vous allez pouvoir entrer dans la ville pour aller voir l'maréchal. Mais euh….

Poissac se gratta l'occiput. Le moment crucial était venu. Il fallait qu'il se jette à l'eau. C'est étrange l'instinct de conservation chez l'être humain, ne trouvez-vous pas? Imaginez… Vous êtes devant la Dordogne. Vous avez sur vous un simple haillon qui cache votre masculinité. Rien n'entrave vos mouvements. Vous vous sentez léger. Votre père a passé des heures et des heures à vous apprendre à nager. Et là, c'est la première fois que vous devez plonger seul. Vous hésitez. Vous voulez y aller… et votre esprit s'y refuse. Vous basculez légèrement vers l'avant…et ce dernier donne l'ordre à vos jambes de vous ramener vers l'arrière. Vous luttez intérieurement contre cette barrière qui vous empêche d'agir. Vos doigts de pieds se crispent et la tension intérieure se fait vivace, puissante. La plupart du temps, si vous continuez à penser, c'est cet instinct de conservation qui l'emporte. Pour sauter, il vous faut mettre votre esprit au repos et laisser votre corps commander. Sans ça… c'est l'échec! C'est contre ce même esprit de conservation que luttait le garde… même si sa vie n'était pas, à proprement dit en danger. Elle, elle était conseillère comtale, le bras droit de la comtesse. Il se disait à Bergerac que la comtesse ne signait rien sans l'avoir consulté auparavant. Elle, elle pouvait lui pourrir la vie si elle le désirait, si elle rejetait sa déception sur lui.

- Va falloir qu'vous soyez forte! V'nez!... Ooooh! Duch'min? J'quitte. J'amène la bayle voir l'maréchal? Tu prends ma r'lève?

Chemin faisant, Poissac mit son esprit sur "Pause" et déblatéra sans aucun répit. Il ne voulait surtout pas que la blonde Bayle puisse prendre la parole. Il ne voulait pas de commentaires, pas de questions, rien. Il voulait tout simplement se débarrasser de ce fardeau qu'étaient ses connaissances sur ce qui s'était passé. Il lui expliqua ce qu'il savait… ce qu'il savait de source sure et contre lequel son esprit ne luttait pas. Il lui expliqua la morosité et l'aigreur dont fit preuve le danois. Il lui parla de ses débordements en taverne, des menaces qu'il avait proféré à l'encontre d'un voyageur, du coup qu'il avait reçu sur la tête et du fait que son amie sarladaise avait dû le recoudre au front. Il lui décrivit comment il l’avait trouvé dans la maison enflammée. Il omit juste de lui parler de ses doutes…Non! Plus que de ces doutes…. De ses fortes suspicions de meurtre sur la personne du bucheron et des enfants. Alors qu’ils se trouvaient à l’entrée de la chambre du danois dans une petite demeure anonyme de Bergerac, il lui compta également l’après-nuit d’horreur.

- Il est conscient mais il dort la plupart du temps. Il est encore très faible. Il ne se rappelle pas ce qui s’est passé cette nuit. Mais il sait qui il est. Il sait où il est. Il a cité votre nom et ceux de ses amis proches. Il a parlé de sa famille aussi. Mais euh… comment dire…Il a perdu beaucoup de sang à cause de sa blessure à la cuisse et le feu a fait des ravages sur son corps. Et euh… Bref… Vous pourrez juger par vous-même. Et… ne vous étonnez pas : son visage tout entier a dû être bandé. Si vous voulez des détails il faut voir avec celle qui lui a prodigué ces soins. Moi… Je ne sais rien!
Anne.so
« La vie, sans les maux qui la rendent grave, est un hochet d'enfant. »


Il y a l’âge de l’insouciance, celui lié à l’enfance ou le monde semble à porter de main, ou tous les rêves sont permis. Les jeunes garçons s’imaginant en preux chevalier conquérant le monde, défendant le pauvre et l’opprimé, et de l’autre les jeunes filles se voyant en princesse arborant les plus beaux atours, attendant le preux chevalier qui viendrait et l’emporterait sur son destrier blanc – D'ailleurs et si cette différence de rêves d’enfant n'était pas la source d’incompréhension souvent entre les hommes et les femmes une fois adulte ?. Mais ceci étant, ce que l’on raconte aux enfants, "ces merveilleux contes de fées" ou ils en seraient l’héroïne principale, sont un peu tronqués et fait que la réalité les rattrape vite et ne dure que rarement, il devrait être interdit d’ailleurs de raconter ce genre de chose et de laisser ces cervelets tendres de penser que leur vie sera ainsi. Mais la vrai nature de la vie pointe son nez avec l’âge pubère et une fois femmes ou hommes expérience acquise démontre que des rêves roses, il ne reste qu’une réalité âpre à vivre selon le rythme de la rivière que la destinée réserve à chacun.

Anne Sophie avait écouté les explications de Poissac, chaque mot venant percuter son esprit, malgré la chaleur de cette fin d’été, un froid l’envahissait tel celui d’une pierre tombale. Ses jambes devinrent coton, sa peau diaphane avait du passer au blanc immaculée des neiges éternelles, elle réprima un léger tremblement de ses mains, ne pas se laisser envahir par cette peur. Pourquoi avait ton plus peur de perdre les gens que l’on aimait que sa propre vie ? Se reprendre, ne rien laisser paraitre, « ressaisis toi !!! » Il fallait au contraire être encore plus forte, ne pas pleurer, ni se lamenter. Seulement affronter la réalité si dur qu’elle pouvait être, montrer ce qu’elle était : Une d’Evrecy.
Søren avait du avoir une crise noire, de celles dont il la mettait en garde souvent, celle qu’il appréhendait, et qui par effet ricoché, elle même tout autant. C’était une des premières choses, quand ils avaient pris l’habitude de parler sur les remparts au début de ce qui n’était qu’une amitié, teinté d’attirance, qu’il lui avait avoué : Son côté noir, son coté rouge. Elle ne l’avait jamais vu en crise, mais se souvenait bien de la première fois où il était revenu chez elle après en avoir fait une. C’était le soir du bal des vendanges, il revenait de Sarlat et était arrivé, commotionné, blessé un brin hagard. Elle savait sa peur, de blessé plus quelqu’un voir pire, que lui-même. Mais, s’il ne pouvait parler et marcher, les conséquences de cette dernière semblaient avoir été beaucoup plus violentes. Machinalement elle adressa une prière au très haut, et d’une voix froide comme une lame dit à Poissac.

Menez-moi à lui.

Le garde lui fit franchir une poterne, après avoir emprunté des ruelles bien connues de la blonde de la ville de Bergerac. Puis ils gravirent ce qui lui sembla un interminable escalier, dont les marches en bois grinçaient sinistrement. Il ouvrit une porte donnant sur une chambre. Un homme se trouvait seul, allongé sur un lit modeste, elle essaya de distinguer dans le halo d’une lampe à huile ce qui pouvait et devait être son fier Danois. Le choc de le voir ainsi la fit suffoquer et la laissa abasourdie quelques secondes, d’un pas hésitant, elle s’approcha de lui et déposa une de ses fines mains le touchant à peine sur un de ses bras et d’une voix presque inaudible laissa échapper dans un souffle.

Seurn ??

Elle laissa son regard caresser se corps qui semblait meurtri de toute part, Ne pas craquer, rester forte. Son visage se retourna vers le garde.

Qui s’occupe de lui ? Son bandage doit être changé, ses lèvres son desséchées. L’eau n’est pas fraîche dit-elle examinant le bol se trouvant sur la table posé à côté du blond.
Et comme une Bayle a toujours une bourse sur elle, elle se redressa la tendit à l’homme porteur de mauvaises nouvelles malgré lui.


Vous allez dans un premier temps quérir des gens, vous allez vous rendre « Au Chardon truffé » la cuisinière est hors pair, dites-lui de préparer une soupe très claire, quelle ne lésine sur rien, cuit avec le plus de lard possible. Il faut qu’il reprenne des forces, elle a une fille qui se nomme Bertille, dites-lui que je l’engage sur le champ. Quelle rapporte de l’eau fraîche, des draps propres, des chandelles..de quoi faire des bandages.

Et punaise ! Ouvrez moi cette fenêtre l’air est vicié ici...


Elle ne lui indiqua pas de chercher un médicastre, pour cela il lui fallait le meilleur et ce n’était pas sur Bergerac qu’elle le trouverait.

Apportez moi aussi, parchemins et plumes. Elle le regarda, lut sur son visage qu’il semblait déjà presque dépassé par ses ordres.
Vous serez grassement payé...

L’argent aidait dans ce monde pour beaucoup de chose. Elle allait écrire et envoyer des coursiers dans tous le royaume si il le fallait, mais son blond ne pouvait rester ainsi. Il lui fallait aussi prévenir sa mère.


* François René de Chateaubriand
Extrait de ses Mémoires d’outre-tombe

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Poissac, incarné par Soren
C'est un mélange de pitié et de soulagement que ressentait le garde de la maréchaussée à l'instant où la bayle pénétra dans la chambre du danois. Pitié oui. Il avait pitié d'elle. Il savait que cela devait être dur pour elle de le voir ainsi, bandé de partout, allongé sur ce lit, presque inerte. Les blessures sur son corps n'étaient certes pas visibles mais elles se devinaient sous ces couches de pansements. Le pire sans doute pour elle était de ne pas pouvoir voir son visage. Lui-même ne savait pas quelle était l'ampleur de ses blessures à cet endroit. Poissac se rappela la dernière fois qu'il avait vu son visage : boursouflé, couvert de brulures et de sang. Il avait une profonde entaille au niveau du front. Une blessure à la tête est souvent plus impressionnante qu'elle ne l'est en réalité. Søren avait subi quelques lacérations sous l'oeil droit, au niveau du nez et la paumette gauche était contusionnée, mais tout ceci était superficiel. Les brulures en revanche… On ne sait jamais comment une brulure évolue. Non…jamais. L'épaule avait aussi été disloquée. Avec l'aide de quelques hommes forts, celle qui s'était occupée des premiers soins avait du la remettre en place. Nul besoin de faire mordre dans un morceau de bois ou de saouler le patient, à ce moment-là, il était déjà inconscient. Le haut de son corps était couvert de plaies suintantes, reliquats de la poutre enflammée qui lui était tombée dessus juste au moment où il voulait s'en prendre à Edouardo. Quand à sa jambe, c'était presque un miracle si l'hémorragie avait pu être stoppée. Le danois avait d'ailleurs perdu beaucoup de sang. Il était blême et dans un état de faiblesse générale. Et puis il y avait aussi le fait que….

- L'dernière fois qu'il a murmuré, il a prétendu qu'il n'pouvait point bouger ses guiboles. On r'place nous-même ses jambes quand elles glissent du lit. Enfin… faudra ben voir quand il aura récupéré suffisamment d'force!

Voilà pourquoi il ressentait de la pitié pour cette femme. L'homme qu'elle avait quitté ne ressemblait en rien à celui qu'elle venait de retrouver. Et seul le Très-Haut savait si un jour il reviendrait comme avant.

Et puis, il y a avait ce sentiment de soulagement. Le fardeau n'était plus le sien. En acceptant d'entrer dans cette pièce malgré ses avertissements, Poissac estimait qu'elle avait implicitement accepté de prendre le "bébé" en main. C'est elle qui désormais pourvoirait à ses besoins, à ses soins. C'est elle qui manderait la soigneuse, ferait préparer ses repas, s'assurerait qu'il y ait quelqu'un auprès de lui quand il se réveillerait. Et s'il un jour il n'ouvrait plus les yeux, ce n'est pas lui qui devrait expliquer…


- Oui Bayle, j'trouverai c'te Bertille et j'la f'rais v'nir icelieu pour qu'elle prenne soin d'lui comme vous l'demandez.

C'est vrai que ça sentait mauvais ici. Ça sentait la maladrerie. Ça sentait les chairs tuméfiées. Se pouvait-il que les miasmes ou autres étaient entrain de bouffer ses jambes? Se pouvait-il que la gangrène se soit déjà installée? Il n'était pas médécin, ni herboriste, ni aide-soignant, ni rien. Il était garde de la maréchaussée. Lui, il ne pouvait le savoir. Il n'avait pas à savoir. Poissac ouvrit la fenêtre en grand. Les rayons encore puissants d'un été tirant sur sa faim pénétrèrent dans la chambre en même temps qu'un grand bol d'air frais.

- Oui Bayle…parchemins et plumes vous aurez.

Il y avait de la lassitude dans le ton de sa voix. Il désirait par dessus tout ne plus entendre parler de cette histoire sauf que… Fallait-il qu'il dépose une plainte pour tentative de meurtre? Le maréchal devait-il être relevé de ses fonctions? Jugé devant le tribunal du Périgord-Angoumois? Et…condamné si le juge en décidait ainsi? A sa connaissance seuls deux personnes savaient. Lui et Edouardo. Les gamins étaient trop jeunes pour ça… et il n'y avait pas eu d'autres témoins. Il n'avait pas revu le bucheron sarladais depuis cette fameuse nuit. Était-ce à lui de prendre l'initiative du premier contact? Ou était-ce au bucheron de signifier qu'il désire que justice soit rendue? Toutes ces questions trottaient dans sa tête. Il s'apprêtait à quitter la chambre pour s'atteler aux demandes de la bayle lorsqu'il entendit un froissement de draps : le danois sans doute. Il se retourna et vit la tête du maréchal dodeliner de gauche à droite. Avec les pansements sur ses yeux, il n'était pas capable de savoir si celui-ci était éveillé ou pas.

- Fermez cette fenêtre… s'il vous plait.

Il s'était exprimé. Le danois avait parlé avec difficultés d'une voix monocorde et éraillée presque sans vie. Son visage se tourna du côté opposé de la fenêtre.

- Les rayons du soleil me sont insupportables.
Anne.so
*Qu'est ce que je puis faire à part t’aimer, alors je suis là, je suis là avec Toi* »


Deux hommes avait tant bien que mal suivi la blonde Bayle, qui avait quitté Périgueux aussi vite que si elle avait vu le sans-nom en tête à tête. Leurs montures allaient moins vite, surtout avec leur charrette bâchée. Mais vu la direction prise, ils se doutèrent qu’elle se rendait sur Bergerac. Les habitudes n’étaient pas bonnes, il serait facile de la retrouver et certainement plus facile de l’atteindre, qu’au Castel de Périgueux. Ils prirent donc leur temps et s’avancèrent vers le guet, bien à sa suite. Se faire passer pour des Marchands était chose aisée. Prétexter qu’ils avaient un rendez-vous avec Isidore Bluette, le maire de la ville tout autant.
Ils étaient patient, elle allait bien montrer son charmant minois dans les lieux habituels qu’elle fréquentait, son domicile, la Boulasse, les remparts, le marché. Ils avaient leur temps. Un avisa une petite jeunette tenant au bout de chaque bras des paniers pleins, il la regarda passer devant lui en admirant ses hanches, de femmes en devenir, tanguant sous ses pas qui se hâtaient. Si il avait su qu’elle se rendait auprès de la d’Evrecy, il ne l’aurait pas que reluqué mais suivi.


[Dans la chambre – Quelque temps avant cette scène]

Le corps de Søren semblait tellement sans vie, qu’Anne Sophie resta muette de stupéfaction en l’entendant articuler quelques mots. Un sentiment étrange se mêlait en elle, celui de la joie immédiate en l’entendant parler et celui de la crainte en entendant le son de sa voix qui n’était pas celui habituel. Comme elle avait de la peine à reconnaitre ce corps allongée la devant elle. De ne pas le voir sourire, de ne pas voir la flamme habituelle de ses yeux ou souvent elle pouvait lire soit sa tendresse, soit sa malice à vouloir la taquiner. Tout semblait tellement irréel, il lui semblait nager dans un cauchemar, mais la réalité était là.
Elle se précipita à son chevet, tandis que Poissac refermait les volets de bois. S’agenouiller au plus près, prendre une de ses mains entre les siennes avec douceur. Fouiller son regard entre le bandage qui recouvrait son visage.


Seurn… c’est Anne ! Je suis là.

Elle guettait un autre signe de vie, de ses prunelles pers, voir dans ses yeux son avenir, les jours de pluies, les jours de joie, que pouvait-elle faire à part l’aimer et l’aider.

Je … je vais m’occuper de toi jour et nuit si il le faut, je ferais tout pour que tu ailles mieux. Je vais faire quérir les meilleurs médicastres du Royaume. Tu verras cela ira, il le faut ! Je suis là avec toi..Ca va aller !

Elle essayait de convaincre qui ? Sans doute plus elle-même que le blond Danois. Elle se retourna vers Poissac, lui faire un petit signe de la main, il était temps pour lui de partir au plus vite faire ce qu’elle lui avait ordonné, et qu’il arrête d’afficher sur son visage cet air de pitié. Elle avait besoin de tout sauf de cela. Les deux blonds étaient fort à eux deux, et elle jura dans sa tête que devant le très haut « qu'il s’en sortirait » la chose n’était pas possible autrement, mais Comment ? Le ciel, l'avenir le dira.


* http://www.youtube.com/watch?v=O53ivMY7h8c
Louis Delort & The Sheperds - Je Suis Là

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Soren
A peine ai-je ouvert les yeux que les douleurs reviennent. Enfin...ouvrir les yeux est un bien grande expression pour ce que je viens de réaliser. Entr'ouvert correspond sans doute mieux à la réalité. J'ai les yeux recouverts de bandage. Je vois à peine au travers. Je ne distingue aucune forme. Il y a juste des endroits où les ombres se trouent pour laisser passer un faisceau de lumière aveuglant qui irrigue mon corps d'une douleur aigu. Petit à petit, je rassemble mes esprits. Aujourd'hui, il y a une autre voix. Ce n'est pas cette voie éraillée et inconnue qui me donne des ordres. Celle-là ne s'est pas encore exprimée. J'ai reconnu Poissac et...

- Anne? .... C'est toi? ... Tu es là?

Un mélange de doute, de surprise et de gène peut se discerner dans le ton de ma voix. Anne... Anne-Sophie d'Evrecy... Celle qui partage ma vie. Aussitôt des images mélangées affluent dans mon esprit. Les remparts... Une truite, des amandes, du Bergerac...Des élections... Une liseuse... Des bruits de cloche... Une balade en forêt... un sanglier... Sarlat et son lac... Un manoir... Un bal... Une grotte... Un confessionnal... Une balade près de la Dordogne... La boulasse de Bergerac... Une danse des couteaux...une goutte de sang. Les dix derniers mois de ma vie... Les souvenirs fusent en moi sans aucun problème. Je sais qui tu es Anne. Tu es mon amoureuse. Seul manque les souvenirs récents. Tu étais partie à Périgueux. Tes fonctions de Bayle t'appelaient. Et puis plus rien... Plus rien jusqu'à ce réveil la première fois auprès de cette grincheuse qui prenait soin de moi et de Poissac. Qu'est-ce que ma blonde normande savait? Qu'est-ce que Poissac lui a dit? Que sait-elle sur l'étendu de mes blessures? Sur leur gravité? Et sur les conditions nébuleuses entourant mon accident? Je suis intimement convaincu que Poissac en sait plus qu'il n'a bien voulu me le dire. Lui a t-il parlé à elle?

- Tu vas bien au moins? Poissac t'a t-il dit l'idée que j'ai trouvé pour que l'on ne puisse plus penser que je suis un... coureur de jupons?

Un visage brulé dont je ne sais si je vais en garder des séquelles ou pas. Un corps qui me fait souffrir le martyr. Une cuisse dont la plaie me fait tellement mal que j'aurais bien envie de me couper la jambe. Les jambes d'ailleurs qui refusent obstinément de bouger. Sans compter cette épaule douloureuse au possible après que l'autre folle ait, aux dires de Poissac, procédé à sa remise en place. Ouais! Que me reste t-il à part l'humour?

- Moi, je ne ferais pas la fanfaron. Tu dois bien constater que ce n'est pas la grande forme.

Ça, c'est totalement le genre de phrase qui n'apporte rien car le ton de ma voix trahit sans conteste mon état physique : fatigue, douleur, difficulté à articuler la moindre syllabe tellement mes lèvres sont sèches et ma gorge irritée par toute cette fumée âcre que j'ai avalé avant que Poissac ne me sorte de cet enfer incandescent.

- Il parait que je ne suis pas beau à voir. C'est sans doute pour ça qu'on m'a mis un bandage sur les yeux... Vois-tu quelque part du lait de pavot? Peux-tu m'en donner un peu s'il te plait? Ensuite, tu me diras tout ce que Poissac ne veut pas me dire : qu'est-ce qui s'est passé Anne?

J'ai besoin de savoir...tout comme j'ai besoin de savoir combien de temps va durer ma convalescence, et comment je vais me retrouver à la fin de celle-ci? Aurais-je perdu définitivement certaines facultés? Ma vision? Sera t-elle toujours aussi perçante que le faucon ou se rapprochera t-elle de la taupe? Ai-je déjà vécu une période d'incertitude aussi profonde que celle-ci? Pour dire vrai, je ressens la même chose que dans les geôles de ce fou de Duc du Jutland. Je ne sais pas de quoi sera fait mon lendemain. L'avenir pour moi se résume a du très court terme. Inutile de se projeter dans un mois, ni même dans une semaine. Tout est trop... incertain.

- Dis-moi Anne... sais-tu à quoi ça sert de garder un chien paralysé?
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