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[RP] Objectif : Orléanais.

Fool.deboishardy
Fool fit un grand effort pour ne pas rester éblouit devant la jeune femme resplendissante qui fit son apparition dans la salle commune. Si la nuit passée avait transformé le licorneux, et permit de quitter son masque soucieux, l’effet était encore plus marquant sur la délicieuse Ayena. Il paraissait presque futile de jouer la comédie tant la transformation était flagrante après ces derniers jours écoulés. Faire comme si de rien était s’avérerait compliqué pour donner le change à l’entourage.

Le bonjorn,… Dona Ayena.

A proximité, le fragrance d’Ayena envouta le licorneux. Le bruissement de sa robe charma son âme. Que ne donnerait-il pas pour pouvoir la serrer dans ses bras, enfouir son visage dans ses cheveux, baiser son cou, sa peau si douce… ?
Malgré ces pensées sensuelles, le visage du soldat restait impassible. Seul son regard trahissait le feu qui le consumait au profit de son amour.

Assit face à Ayena, il décela une malice certaine dans les yeux pétillants. De toute évidence la jeune femme s’amusait beaucoup de la situation, de la comédie à donner. Le soldat, plus brut, avait beaucoup plus de mal à se couler dans le rôle.
Mais l’attrait de ce jeu est communicatif tout comme jouer avec le feu est séduisant dans le plaisir de dompter l’indomptable.

Fool répondit par un sourire poli. Il pris un ton badin.


L’orage m’a réveillé et m’a tenu éveillé jusqu’au petit matin… mais cela ne me dérange pas. Au contraire j’aime l’orage et la fraîcheur qu’il apporte.

Un sourire. Les yeux de l’homme en disait plus long. Nul doute que la jeune femme saisirait l’allusion.

Je trouve que ce phénomène est fascinant. La force et la beauté qui s’allient pour une dangereuse manifestation divine mais... captivante. Nous sommes bien peu de chose face à ceci.

Cela suffisait pour le moment, ne pas en faire trop pour cette première passe d'armes. Il baissa son regard et fit semblant de s’intéresser au ragoût posé devant lui.

Et vous-même, Dona, Vous semblez radieuse ce jour. Vous n'avez point été gênée par l’orage ?

Il décocha discrètement un sourire taquin et un regard enfiévré pour le jeune femme.
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Ayena
L'orage et sa fraicheur... Ha ! Il se prenait au jeu. Tant mieux.

- Ho si. J'ai peu dormi, voyez vous. J'ai toujours peur que la foudre ne tombe et que le feu ne se répande sans qu'on ne puisse rien contrôler.

Les joues crispées de se retenir de sourire, Ayena baissa la tête. Dieu qu'elle faisait des allusions comme jamais elle n'en avait fait ! N'était-ce point trop, d'ailleurs ? Pour dire vrai, la Baronne ne savait pas vraiment ce qu'il était convenable de dire ou non à un... Amant ? Devait-elle appeler Fool un amant ? Fichtre ! Jamais elle n'avait parlé de cela avec Adrien. Les étreintes étaient naturelles et du domaines du mariage. Elles étaient la suite logique à un amour sincère et partagé. Avec Fool, c'était différent. Ayena désirait son vassal. C'était contre nature, ça, non ?


- Oui, c'est captivant... Cette tension est... Agréable.

Elle resta silencieuse un moment, mâchant un morceau de mouton avec application. Si le regard de Fool était enfiévré, celui d'Ayena y ressemblait fort. Soudain, une question franchit ses lèvres.

- Avez-vous de la famille, Fool ?

Comprenez qu'Ayena entrait dans la phase de découverte de l'autre. Elle savait peu de choses de Fool, sinon qu'il avait jadis été amoureux mais qu'il avait perdu sa chère et tendre alors qu'il était en campagne militaire. Il ne devait pas être beaucoup plus jeune qu'Adrien et surpassait donc sa Baronne de plus d'une dizaine d'années.
Cette interrogation n'était point innocente. Ayena savait que le licorneux serait bon pour Madrien et lui apprendrait les armes. Mais peut être avait-il un enfant caché ? Ca ne serait pas le premier soldat à avoir une descendance bâtarde. Et il faudrait en parler aussi, de ce rôle d'armes : quelle place Fool avait-il au sein de la Licorne ? Il n'avait jamais été trop bavard, à ce sujet. En soit, Ayena gambergeait déjà et se demandait concrètement si un avenir était possible entre eux. Un avenir au grand jour. Pour le moment, elle avait occulté le fait qu'il n'était point noble. Et donc qu'aucun mariage n'était possible. Car oui, derrière, non loin, l'idée de mariage régnait chez la jeune femme. C'était une pensée désespérée. Elle était persuadée que seul le mariage lui permettrait d'être en sécurité, d'offrir un avenir correct à son fils. C'était d'ailleurs ce qui la menait en Orléans, et Fool le savait bien. Les jours étaient comptés, le compte à rebours lancé. Et Ayena, décidée, éclipserait au moment venu les sentiments qu'elle éprouvait pour Fool si cela devait la mener à une union plus avantageuse. C'était certain... Ou presque.

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- Héraldique > Devenez beaux et belles !
Fool.deboishardy
Et hop changement de registre. De quoi faire perdre l’équilibre à n’importe quel acrobate. Pour Fool qui commençait à se prendre au jeu, il lui fallut un instant pour revenir au contexte de la question.
Il repoussa son écuelle, qu’il avait à peine entamée, pour réfléchir à cette question. Non qu’elle soit spécialement compliquée. En fait c’était même l’inverse. La réponse était atrocement simple. Hormis un lointain cousin, il ne lui restait pas de proches familiaux. Ce qui s’apparentait le plus à une famille était ceux présents dans cette pièce et les membres de la Licorne. Mais de toute évidence cela n’était pas le sens de la question d’Ayena.


Pas de frères, ni de sœurs et mes parents se sont éteints depuis plusieurs années… Non, point de famille.

Un silence, un doux sourire.

Il y a peu, j’ai retrouvé, en fait c’est plutôt lui qui m’a trouvé, un cousin. Mais nous nous sommes vu qu’une seule fois. C’est donc une vie de solitude, sans attaches, ni contraintes, que je mène depuis longtemps. Un vrai soldat dévoué à sa cause…

Le ton se voulait léger mais Fool ne put empêcher de laisser percer une pointe de regret dans sa voix.

Et vous Dona Ayena, j’imagine que votre famille adoptive doit être un réconfort ?

C’est comme ça quand on manque de quelque chose, on s’imagine que c’est toujours formidable.

Il attrapa un morceau de pain et bu une gorgée de vin; s'interrogeant sur ce brusque changement de répertoire initié par sa suzeraine.

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Ayena
Elle trempa un morceau de pain dans son écuelle presque vide, écoutant avec intérêt ce que lui disait Fool.

- Un réconfort ?

La Baronne mâchonna sa tartine en réfléchissant. Non, on ne pouvait pas parler de réconfort. Plus maintenant, en tout cas.

- C'est un peu compliqué. Mes deux parents adoptifs sont tour à tour en retraite et portés disparus. Mon père est accusé de félonie au Royaume de France. La famille s'est un peu disloquée à la suite de cette annonce. Le nom qui aurait du m'apporter du poids est parfois un fardeau...

Dégagée, elle expliquait ce dont elles avaient pris conscience, elle et la jeune soeur d'Ayena, Carlotta.

- Enfin, il me reste ma soeur, avec qui j'ai beaucoup d'échanges. Nous porterons haut le nom des Talleyrand, quitte à devoir renier ce que fit notre père...

Ce qu'elle ne disait pas, c'est que dernièrement, les deux Talleyrand avaient justement tenté le tout pour le tout auprès de l'héraulderie en réclamant un retrait pur et simple du Comté de Thérouanne sur Lys dont Charles était encore Suzerain bien que porté disparu, au nom d'une donation qui n'avait jamais abouti. Elles n'avaient rien obtenu, mais le fait était là : elles faisaient sans père et se mettraient en porte à faux vis-à-vis du patriarche si la félonie était prononcée, un jour. Parce qu'à cause d'un coup de folie, la famille perdrait le seul fief en Royaume de France qu'elle possédait : la branche française était en péril. Enfin, tout était relatif. Ayena était à présent Baronne et plusieurs cousins avaient aussi obtenu de beaux fiefs. Mais il n'y avait plus de chef de famille pour servir de lien entre tous.

- Une famille, c'est beaucoup de soucis, en fait.

Surtout lorqu'on avait la peur plus ou moins bien refoulée de se retrouver seule : Ayena avait tendance à toujours vouloir faire plus que ce dont elle était capable dans la seule optique de ne perdre personne en route. Ainsi, elle s'endeuillait au moindre décès, même d'un cousin qu'elle n'avait jamais connu. Ca faisait beaucoup de pertes...

- Je crois qu'il y a des Talleyrand, en Orléanais. C'est rassurant, en un sens. Oui, voilà : une famille, c'est du soucis, mais c'est bien agréable.

Elle sourit alors qu'elle coupait un morceau de fromage et buvait une grande coupe de vin. Vin bien moins bon que celui de Saint Péray, mais on ne pouvait pas tout avoir...

- Vous, vous avez la Licorne. C'est un peu une famille, non ? Même si cela ne vous permet pas de transmettre votre nom...

Subtilement, on questionne donc et sur l'ordre militaire et sur la descendance. C'est futé, une Ayena...
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- Héraldique > Devenez beaux et belles !
Fool.deboishardy
Un mari disparut, un père félon et une mère disparue. En fait ils avaient plus de point commun que Fool ne l’aurait cru au premier abord : Une certaine solitude. Encore qu’Ayena avait une sœur et un fils. Cela suffisait-il pour avoir l’impression d’une famille ?

Citation:
Vous, vous avez la Licorne. C'est un peu une famille, non ? Même si cela ne vous permet pas de transmettre votre nom...


La Licorne… ? Que dire de la Licorne et de la relation qui s’établissait avec ? Il était évident que chaque membres y venait avec son histoire et créait une relation avec l’Ordre qui lui était propre, c’est pour cela que Fool répondit par sa propre vision.

Oui c’est famille comme la vôtre : Adoptive. C’est en tout cas ce qu’on voulut ses fondateurs. La coutume veut que nous dénommions tous frères ou sœurs. Il existe de l’entraide entre ses membres. Est-elle plus forte que celle qui existe déjà entre frères d’armes ? sans doute, ses membres sont altruistes par nature. Nous nous consacrons, au-delà du service du Roy, à la protection des faibles et ceci sur nos propres deniers souvent. Nous le faisons pour la satisfaction d’avoir combattu pour nos valeurs et d’avoir fait notre devoir.

Un moment de silence.

Toutefois il existe les mêmes contraintes et avantages que pour votre titre ou nom de famille dans votre cas. Etre accepter dans un Ordre Royale est un honneur et une source d’un certain prestige. Toutefois une fois Licorneux, même simple écuyer, vous représentez l’Ordre et vos agissements auront une conséquence sur son image.
Peut-être, si un jour, je deviens Chevalier…


Condition totalement hypothétique se dit intérieurement l’écuyer. On ne devenait pas chevalier sur un claquement de doigt. le chemin était long et semé d'embûches.

… Mon nom restera dans les annales de l’Ordre ? C’est le seul legs que je ferai à la postérité, faute de transmettre mon nom à une descendance. La branche languedocienne des Deboishardy mourra avec moi, mais j’espère avec honneur...

Un sourire qui se voulait léger, un silence pensif, il reprit.

En fait la différence avec une famille est que le lien peut être rompu unilatéralement. Pour un motif sérieux, le licorneux ou l’ordre peuvent souhaiter rompre l’engagement qui les lie.

Fool répondait sur le ton de la discussion entre ami, inconscient de l’interrogatoire auquel il était soumis.
Il hésita un instant. Il reprit sur un ton plus bas pour ne pas être entendu que d’Ayena.


Mais je dois vous l’avouer, même si vous vous en doutez certainement. C’est votre mesnie qui me donne l’impression la plus forte de famille. Adrien était comme un grand frère par certains côtés. Retrouver votre présence et celle de Madrien à la fin de ma dernière campagne m’a procuré le sentiment de retrouver un foyer ou j’étais, d’une certaine façon, attendu.

Et continuant encore plus bas.

Et cela avant que je prenne conscience de mes sentiments à votre égard, Ayena.
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Ayena
Ainsi, il ne pensait pas pouvoir devenir chevalier un jour. C'était dommage. Fort dommage. L'ambition était révélatrice des hommes et Fool venait d'avouer à demis mots qu'il avait peu confiance en son avenir. Faisant tourner les rouages de son esprit, Ayena se demanda comment redonner foy à cet homme. Après tout, il avait perdu une main en servant le Royaume. Ne pourrait-on lui offrir quelque chose pour compenser cette perte ? Peut-être faudrait-il réclamer -encore-... Sinon quoi, plus aucun soldat ne voudrait s'engager en sachant que perdre un membre n'était point considéré... Et la descendance De Bois Hardy mourrait dans l'anonymat. Euh... Attendez... La descendance ? L'homme venait justement de balayer cette hypothèse en deux mots : il n'en avait pas. Et n'en aurait pas. Etait-il... Incapable ? Ha ! Cette possibilité troubla étrangement Ayena. Si, dans l'hypothèse où peut-être-probablement-éventuellement la Baronne trouvait comment s'unir à son vassal-amant... rien ne ressortirait-il de cette union ? Pas le moindre héritier ? L'idée était dérangeante. La jeune femme ne savait pas pourquoi, mais cela lui donna un arrière gout acide dans la bouche.

Il ponctua sa réponse d'un aparté plus intime. Elle le regarda, attendrie, se rendant compte qu'Adrien parlait parfois comme Fool le faisait actuellement. Et puis, indéniablement, cet accent chantant n'était pas étranger au charme que le licorneux était en train de tisser autour de la Talleyrand.

Sans réfléchir, elle quitta le jeu des double sens et parla franchement. Elle devait savoir.


- On dit que lorsqu'un homme meurt et laisse une veuve, c'est au frère restant que de prendre en noce la femme seule. S'il n'est point déjà engagé. Elle avait soufflé cela tout aussi bas que Fool auparavant.

Prenait-il toujours l'image du Hibou comme une frontière infranchissable ? Saurait-il assumer les sentiments qu'il commençait à proclamer à la moindre opportunité ?
Presque anxieuse, elle attendit une réaction sur le visage voisin. Il était étrange de considérer que la situation s'était inversée depuis peu : c'était elle qui avançait plus vite que la musique et lui qui subissait -?- les assauts d'Ayena. Si elle se sentait coupable de l'acculer ainsi face à l'inévitable ? Oui. Mais, encore une fois, la Baronne devait s'assurer qu'il était fort, qu'il saurait assumer ce qui se dessinait dans un avenir proche... Et qu'il ne regretterait rien. Elle aurait pu ajouter qu'elle comprendrait s'il prenait peur, qu'elle saurait se reconstruire, que d'être abandonnée une fois supplémentaire ne la plongerait pas dans une dépression sans fin... Or cela aurait été faux. Il tenait la branche à laquelle elle se raccrochait.

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Fool.deboishardy
Le soldat était pour le moins déconcerté par la « proposition » qu'il venait d'entendre de la bouche d'Ayena. Même s'ils étaient habillés comme il se doit, les propos restaient sans ambiguïtés.

Il lui était difficile de reconstituer le puzzle qui se dressait devant lui. Tellement de signaux contradictoires avaient été lancé ses derniers temps entre Ayena et lui, qu'expliquer la situation était un véritable noeud gordien.
Il resta silencieux, fixant Ayena, de son regard azur. Il essayait de lire, dans l'âme féminine qui se trouvait face à lui, les questions et les doutes qui y demeuraient. Comme quoi, il était bien naïf de s'en croire capable. Le visage de la jeune femme exprimait une attente craintive de la réponse de Fool.

Il avait été tenté de lui répondre, d'un quasi tac-au-tac, qu'il n'y avait nul doute et nulle hésitation à avoir pour peu que c'était ce que souhaitait la femme. Mais cela aurait sonné trop faux et n'aurait pas été conforme à ses pensées et ses sentiments. Il s'accorda quelques secondes de réflexion. Non qu'il eut peur d'assumer ses sentiments. Si tel avait été le cas il serait parti dès la discussion de Crussol et n'aurait pas accompagné Ayena jusqu'ici. Mais il essayait d'interpréter comme il fallait tout les évènements qui s'étaient déroulés ces dernières semaines.

Des questions lui taraudaient l'esprit : Pourquoi lui faisait-elle maintenant cette réflexion ? Voyait-elle en Fool un époux possible ? Il était roturier et son vassal. Deux excellentes raisons qui excluaient tout mariage. Et cela sans même tenir compte de son faible intérêt matériel et pécuniaire. Licorneux et soldat ne rapportait pas. Il ne possédait qu'une petit ferme fortifiée qui était gérée en son absence par un couple de vieux serviteurs, la mère et le père Guilhem, qui bénéficiaient ainsi d'un toit à bon compte. Bref, rien de quoi donner à Ayena et à son fils la sécurité qu'elle était partie chercher en Orléanais. Elle avait quitté sa baronnie pour un mariage de raison ; et presque au bout du chemin la voilà à faire une proposition qui était tout sauf raisonnable. Il prenait aussi conscience que la discussion précédente, qu'il avait prit pour innocente, avait été tout sauf innocente de la part d'Ayena. Elle avait visiblement cheminé plus loin que lui.

Sa gorge était sèche. Conscient de l'attente d'Ayena, il se décida à ouvrir la bouche : maladroit et hésitant.


On le dit.... Je...

Il n'avait pas les mots pour expliquer ce qu'il ressentait et ce qu'il pensait.
Il se racla la gorge et bu une gorgée de vin.

Il était perdu par des considérations différentes, celles du vassal, celles de l'ami et celles du bien-aimé. Malheureusement un certain nombre s'opposaient entre elles. Difficile, dans ce chaos, de voir la vision la plus... la plus quoi, en fait ? Juste ? Raisonnable ? Amoureuse ?

Il ne devait pas prendre de décision pour Ayena. Ce n'était pas des conseils qu'elle demandait, mais une décision. Que lui dictaient son âme et son cœur ? Que la sûreté d'Ayena et de Madrien n'avait pas de prix à ses yeux. Il décida de trancher le noeud.


Ayena, Vous savez que vous pouvez compter sur moi aussi bien comme ami que comme vassal. Mais ce n'est pas ainsi que j'exprime le plus fort mon souhait de vous protéger, vous et Madrien. Je n'ai pas de plus cher désir que d'être à vos côtés pour le temps qu'Aristote m'accordera icelieu.

Le voilà jeté à l'eau, puisqu'il en était finit des faux semblants.

Vous êtes venue jusqu'ici pour y trouver un nouveau mari et un père pour votre fils. A vous de me dire si vous avez trouvée votre prétendant ?

Restait à attendre la bouée ou le coup d'aviron. Ainsi à son tour son regard devint interrogatif.
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Ayena
Il s'en sortit... bien. Presque bien. Son inexpérience des femmes lui jouait de mauvais tours et Ayena, honteuse, considéra qu'elle y allait un peu fort. Son comportement n'était pas celui d'une grande Dame. Elle irait se confesser... Mais demain. Aujourd'hui, elle était amoureuse.
Elle prit sur elle de graver les mots de Fool dans sa petite tête pour pouvoir lui rappeler à tout va qu'il venait encore une fois de lui promettre bien plus qu'on ne lui avait jamais promis. Même Adrien n'avait jamais eu ces mots là : et pour cause, il n'avait pas connu son fils... Et puis, c'était plutôt un homme à vivre au jour le jour. Fool semblait avancer en tâtonnant le sol du bout de sa chausse. Avec un peu de chance, lui ne partirait point à la chasse et ne mourrait pas piétiné par un cochon sauvage ou jeté du haut d'une falaise... D'ailleurs, il y avait beaucoup moins de falaises en Orléanais qu'en Languedoc. C'était bon pour l'avenir, ça.


- Je n'ai rien trouvé. Je n'ai aucune proposition à cette heure. Je n'ai pas de père pour Madrien, je n'ai pas de futur mari.

La constatation aurait pu être amère (personne y m'aimeuh !), mais à bien y réfléchir la situation permettait à Ayena de ne pas -encore- devoir se sortir de mauvais draps.

- Vous savez, en Languedoc on ne voulait pas ma main parce qu'elle était celle d'une étrangère qui avait hérité injustement, en Orléanais, on ne voudra pas de ma main parce qu'elle sera celle... D'une étrangère. C'est un éternel recommencement.

Et puis ? Et puis ? Elle avait peur. Se lier à un homme sans amour, lui confier sa vie, celle de son fils... C'était parier sur l'inconnu. Et elle le redoutait. Ayena avait beau faire semblant d'être sûre d'elle, en réalité, elle manquait tellement d'assurance que si elle venait en Orléanais, c'était avant tout pour confier à Elisel le soin de lui trouver un époux. Mais Fool ? La Talleyrand le connaissait. Pas très bien. Mais il était attentionné, relativement fort. Il la prenait avec son passé. Comme elle était. Il l'aimait. Le mariage d'amour n'était pas ce que recherchait les nobles. Et pour cause c'était trop rare pour être courant. Mais Ayena avait connu cela une fois, avec son Hibou, son Adrien... Et elle se convainquait petit à petit qu'avec Fool, elle retrouverait cette douce atmosphère. Les problèmes techniques, comme la roture ? Ayena allait n'en faire qu'une bouchée, si besoin. Affamée, elle mangeait n'importe quoi.

- ... Vous resterez en Orléanais ?

Elle avait oublié de chuchoter et son ton était redevenu normal, celui de la bonne vieille discussion : petit à petit, elle se faisait à l'idée que sa vie privée allait de toutes façons faire parler. Et elle n'était plus certain que cela la dérangeait.

Jugeant sans doute que la discussion était moins intime, la nourrice choisit ce moment pour avancer vers la Baronne.

- Le p'tit a faim...

Sortie de sa rêverie par une demande aussi terre à terre, Ayena mit un instant à comprendre qu'on la rappelait à ses devoirs de mère.

- Ha, déjà ?
- Bah oui ! I' pleur' !
- J'arrive. Donnez-lui un quignon de pain.


La jeune femme attendit que la nourrice parte et scruta à nouveau le visage de Fool. Elle l'aurait bien invité à poursuivre la conversation pendant que Madrien avalait avidement son téton, mais en l’occurrence, ça aurait pu paraitre étrange. Il allait falloir sevrer le petit...
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- Héraldique > Devenez beaux et belles !
Fool.deboishardy
Décidément, plus habitué aux salles de garde qu'aux salons mondains, le soldat manquait de finesse. Sa question à double sens avait fait long feu. Mais Fool ne pouvait déterminer si c'était parce que la baronne avait esquivé la chose en feintant ou n'avait tout simplement pas saisit le sous entendu. Malgré cela il ne repartait pas complètement bredouille. Au moins il avait la confirmation que nul futur époux attendait sa dulcinée au bout du chemin. Une lueur d'espoir se peint fugacement sur son visage.

Quant à rester en Orléanais? si hier il était fermement décidé à quitter le domaine royale aussitôt qu'Ayena et Madrien étaient installés. Aujourd'hui il devait bien avouer que l'Orléanais avait de forts attraits. Il aurait sans doute suivi Ayena même en Normandie. Et pourtant il détestait ce pays et surtout son climat qu'il devait supporter à chaque fois qu'il se rendait à la forteresse de Ryes.
Mais pour le moment il n'était question que de Blois, bien assez au Nord à son goût.

Il attendit que la nourrice s'éloigne.


Oui je resterai le temps nécessaire. Tant que vous aurez....

Il hésita sur le terme approprié. Il repris plus bas.

...envie de moi à vos côtés.

Il n'avait pas pris ses dispositions pour quitter définitivement le Languedoc. Il lui faudrait donc y retourner un jour. Ainsi envisageait-il de quitter le Languedoc, Montpellier, les cigales, la garrigue et surtout le soleil et la chaleur ? lui l’occitan convaincu ? Idée saugrenue il y avait encore quelques temps. Elle faisait dorénavant son chemin si la route du possible. Cette femme était une ensorceleuse à lui tourner la tête ainsi. Mais cette magie n'était pas désagréable, loin de là.
Conscient de la fin imminente de la discussion, il détailla une fois de plus le charmant visage. Les yeux pétillants, il lui lança un sourire rassurant.


Je vous laisse à vos obligations, Baronne.

Il jeta un coup d'oeil vers Madrien qui tendait ses petites mains vers le quignon tendu par la nourrice.

Je dois pour ma part m'assurer que tout est prêt pour que nous puissions repartir demain matin. Si cela est toujours votre souhait ?

A regret, il s'apprêtait à quitter la table attendant simplement que sa suzeraine close la discussion. Il avait à peine touché aux mets déposés devant lui. Mais que lui importait si son estomac n'était point sustenté, c'était son âme qui criait famine : Retrouverait-il, dans le secret de la nuit, sa baronne si belle et si désirable ?
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Ayena
Elle sourit, croyant percevoir une allusion à leur dernière rencontre nocturne dans l'utilisation du mot "envie". Ou alors une invitation. Enfin bref, cela lui plut. Et ce qu'elle aima aussi, ou encore plus, c'était qu'il la plaçait en tant que décideuse. Elle menait sa vie. Elle commandait. Elle fixait les règles. Elle était maiiiitre du monde ! Euh... Enfin... Bref. Il ne jouait pas à s'imposer, à la contraindre. Ou du moins faisait-il merveilleusement semblant.
Les yeux ayeniens tout aussi pétillants que ceux de son interlocuteurs, il fallut pourtant se décider à aller allaiter le môme.


- Oui, nous partons demain. Plus vite nous serons rendus, mieux ce sera.

Elle se leva, et après un dernier regard, s'en alla vers sa chambre, suivie de la nourrice qui portait avec un début de difficulté Charles Madrien.

L'après midi fut long. Ayena tenta de broder, tenta d'écrire à sa famille, tenta de faire mille choses sans réussir à se concentrer. Finalement, elle commanda comme la veille au soir un baquet d'eau et se baigna longtemps, retrouvant ces gestes d'apprêt qu'elle avaient presque délaissés. Elle demanda à sa servante de la masser et d'enduire son corps d'huile ce qui eu pour effet de finir de la délasser totalement : ses muscles tendus se décontractèrent et la douleur qui ne quittait jamais sa hanche et sa jambe droite s'apaisa pourtant.
La jeune femme dina maigre et sortit pour la messe du soir, priant un peu, pensant beaucoup, rêvant plus que tout. C'était drôle comme tout allait vite, très vite. Ayena s'imaginait déjà filant le parfait amour avec son vassal. Une petite fille rêvant du prince charmant...

Elle rentra seule, alla embrasser son fils et lui chanter une ritournelle. Et puis elle se coucha. Parce qu'elle voulait n'entendre plus aucun bruit pour se relever. Parce que le goût de l'interdit surpassait ce qu'elle avait pu connaitre auparavant. Elle releva le drap jusqu'au cou et ouvrit grand les yeux, dans le noir de la pièce.
Mais comme une petite fille -encore- qui attend par exemple le Père Noël... Ayena finit par s'endormir... Et elle ne s'éveilla qu'au petit matin, secouée avec virulence par la nourrice :


- Le petiot y pleur' ! Z'entendez donc point ?

Fronçant tous ces sourcils (et y'en avait pas qu'un peu), elle grommela et se dressa sur un coude.

- Mais, il est quelle heure ?
- Grand temps ! La carriole est apprêtée, on part sous peu. Meuh, faudrait p'tètre nourrir l'peutiot avant, c'est c'que disait !

Hannnnn ! Réalisant à la vitesse de la lumière qu'elle avait dormi à poing fermé la nuit durant, elle sentit son estomac s'emplir d'une déception atroce, d'une honte incommensurable et d'un sentiment inaccompli monumental. Si hier soir elle avait soufflé sur les braises de l'amour que lui portait de Bois Hardy, cette nuit avait du avoir l'effet d'un courant d'air sur la flamme d'une chandelle.

- Oh. Mon. Dieu.

Elle se leva avec lenteur, pour s'assurer qu'elle ne faisait pas un mauvais rêve et finit par réaliser que e fait était là : Ayena était une marmotte incorrigible. Elle qui d’antan était toujours la première levée... L'insomniaque de première...

- Donnez moi le monstre et préparer ma robe. La bleue.

La Baronne laissa son fils gloutonner son lait fort peu de temps et enfila sa tenue en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Les femmes de chambre la trouvèrent étrange mais ne pipèrent mot, croyant que c'était la hâte du départ qui poussait leur maitresse à s'agiter de la sorte. On fit descendre les malles, on fit descendre l'héritier, on fit descendre la Talleyrand... Qui ne pensait qu'à une chose, croiser le regard de son prétendant. Elle semblait vraiment navrée, complètement démunie.
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- Héraldique > Devenez beaux et belles !
Fool.deboishardy
Dans le petit matin, Fool attendait dans la cour de l'auberge. A côté de lui, Bélénos sellé, piaffait d'impatience. Le languedocien regardait, sans la voir, la voiture attelé et chargée, ou presque. Il ne manquait que son précieux chargement, c'est à dire la baronne et son fils.

La fatigue creusait le visage du soldat, et son humeur était sombre pour ne pas dire mauvaise. Il sentait que la journée de voyage à venir serait longue, très longue. Il arrivait au bout de ses limites de sommeil perdu. Il ne manquerait plus qu'il s'endorme et tombe de cheval...

Le veille au soir il avait diné seul. Il n'avait vu qu'en coup de vent Ayena sur le reste de la journée. Mais il n'en avait cure car il avait espéré rattraper ce temps perdu le soir même. Il en était sûr, elle viendrait.

Tout à son impatience, il s'était préparé et lavé avant de se « coucher ». Même si une seconde nuit blanche s'annonçait, le sommeil n'était point sa préoccupation. Une seule idée trottait dans son esprit : Tout à l'heure il serrerait dans ses bras la belle et douce Ayena.

Il avait attendu allongé jusqu'à ce que la bâtisse soit absolument silencieuse. Personne. Puis attendu en faisant les cent pas dans sa chambre : Toujours pas un bruit. Puis en regardant la nuit étoilée de sa lucarne... le ciel à l'est s’éclaircissait doucement, le matin approchait. Il avait enfin admis qu'elle ne viendrait plus.
Alors il avait tenté de profiter des toutes dernières heures de sommeil de la nuit finissante. Mais il ne pu s'endormir, ressassant le pourquoi du comment. Ayena s'était-elle jouée de lui ? Avait-il été qu'un jouet rassurant pour la nuit dernière ? Mais pourquoi avoir joué la comédie ainsi au déjeuner ? Se faisait-il des idées sur les propos tenu par Ayena ? N'y avait il pas une autre raison pour expliquer son absence cette nuit ? Etait-elle manipulatrice ? Pouvait-il aimer une femme manipulatrice ? etc...

Plus il cherchait le sommeil, plus ce dernier le fuyait. Les idées, les questions tout se mélangeait dans un indescriptible chaos de pensées plus vraiment cohérentes. Il avait l'impression que ses yeux s'étaient à peine clos quand le coq chanta. La tête lourde et les yeux rougis, il s'extirpa péniblement de sa couche. Il jeta le visage dans une bassine d'eau froide pour avoir juste assez de force pour s'habiller et descendre manger un morceau. Par automatisme il sella sa monture et la conduisit dans la cour alors que toute la mesnie De Talleyrand s'agitait autour de lui pour les derniers préparatifs.

A son air renfermé et mauvais, personne ne l'approcha. C'était pour le coup qu'il devait ressembler à un écorcheur. Enfin la jeune femme sortie du bâtiment. Fool nullement d'humeur à avoir une conversation qui aurait été de toute façon peu constructive, lui jeta un vague regard sans s'attarder. Il monta sur Bélénos et donna le signal du départ.

Il se cantonna à chevaucher seul en tête du convoi. Il ne tenait nullement à avoir une discussion suivi avec qui que ce soit. Sa tête lui faisait horriblement mal et la lutte incessante contre l'endormissement l'accaparait. La journée avançait lentement. La fatigue gagnait du terrain. Peut-être qu'à la pause de midi il pourrait gagner quelques minutes de sommeil ? Fermer les yeux et dormir. Ne plus sentir battre ce tambour dans la tête. Il secoua la tête dans un réflexe contre l'endormissement. La migraine lui vrilla le cerveau. Garder les yeux ouverts ! Garder les yeux ouverts ! Ses paupières étaient lourdes. D'un coup sec il se mordit la langue. La douleur le fit grimacer. Il oublia un instant sa fatigue. Il sentait le sang couler dans sa bouche. Il le recracha. Au moins cela fera son office jusqu'à l'arrêt de midi.

Le soleil à son zénith, le convoi s'arrêta sur le bord d'une clairière pour que les serviteurs préparent un rapide déjeuner. Fool s'éloigna rapidement du camp pour trouver un endroit au calme ou il pourrait s'allonger et fermer les yeux un instant.

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Ayena
Il faisait la tronche. Et il avait vraiment l'air de mauvais poil. C'était compréhensible, certes. Et cela eut pour effet immédiat de multiplier par huit au moins !), le sentiment de culpabilité de la petit baronne : voir son tendre vassal aussi renfrogné lui brisa le coeur. Mais elle ne pouvait rien dire ni rien faire sans dévoiler aux yeux de toute la mesnie que ce qui les liait à présent était tout sauf innocent. Ayena tenta d'attraper le regard de Fool à plusieurs reprises mais, de toute évidence, il fuyait son regard fâché. Vexé, peut être aussi. Et vexer un homme, c'était mauvais. Ça impliquait de lourdes représailles, Ayena s'en souvenait.

La matinée passa, lourde et tendue. Le voyage se faisait pénible. La Talleyrand, reposée à souhait, ne quitta jamais, depuis sa fenêtre, le dos trop droit de Fool sur son destrier, se demandant si sa faute était réparable.
Au midi, lorsque le convoi s'arrêta et que le Licorneux s'effaça, la jeune femme fut démunie. Il était comme un jeune homme, un adolescent pour qui l'on a pas tenu une promesse. Décidément.

Il fallut nourrir Charles Madrien, picorer rapidement. Et, se jeter à l'eau.


- Bien. Je vais retrouver notre meneur, pour que l'on reparte rapidement.

Personne ne fut dupe : il y avait de l'eau dans le gaz... Au point que la Baronne retroussa ses jupes et avança sans cane ni aide à travers la campagne pour retrouver son amoureux. Tout le temps qu'elle sentit sur elle les regards ou inquiets ou étonnés du personnel, Ayena se tint droite et se concentra pour boiter le moins possible. Mais dès qu'elle passa un buisson, elle souffla, remonta d'avantage les tissus, pour faciliter une marche branlante et douloureuse, qui n'avait rien de très esthétique. Au hasard, elle avança, espérant tomber sur lui rapidement car retourner bredouille au campement de fortune aurait été ridicule.
Et puis, elle le trouva. Il avait l'air perdu, déçu, presque désabusé. Et tout cela se voyait dans sa posture, qu'Ayena commençait à savoir décrypter, comme savent le faire les âmes éprises. Et si la jeune femme semblait fraiche et dispose, il en était tout autre pour Fool. Elle resta là, debout, à le contempler pendant plusieurs minutes, se demandant si sa venue avait été perçue et s'il faisait en sorte de l'ignorer royalement. Comment expliquer que si elle n'était pas venue hier au soir, c'était parce qu'elle se sentait si bien qu'elle avait sombré dans un sommeil paisible comme elle n'en avait pas connu depuis des lustres ? Elle allait être ridicule... "Je ne suis pas venu parce que je vous aime". Oui. Il allait la croire, sans doute... Une belle preuve d'amour que celle-ci...
Bruyamment, elle soupira. Puis elle se laissa tomber à ses côtés, passant sous silence les élancement qui lui déchiraient la jambes et la hanche. S'asseoir par terre. Si prêt du sol. A en froisser et en salir le tissu de sa robe. Depuis quand ne c'était-elle abaissée à cela ? Depuis quand n'avait-elle osée le faire ? Finalement, les choses les plus simples dans la vie, sont celles que l'on oublient. Ou que l'on ose plus faire. Pour une fois, donc, elle choisit de dire la vérité toute nue.


- Je me suis endormie, hier soir.

Et elle pencha la tête sur le côté, quettant un signe de compréhension. C'était si bête.
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- Héraldique > Devenez beaux et belles !
Fooldeboishardy
Il avait trouvé un endroit pas trop éloigné du camp mais suffisamment tranquille pour s'y reposer. Allongé et adossé contre un tronc, Fool avait fermé les yeux, écouté le chant des oiseaux et le bruit du vent dans le feuillage des arbres. Les bruits du camp et de la forêt disparurent progressivement.

Il ne savait pas combien de temps il avait dormit. Le bruit de la démarche hésitante dans les fougères et les feuilles au sol lui firent deviner qui s'approchait. Il ne bougea pas. Il voulait ouvrir les yeux mais son corps lui commandait de rien en faire. Ce n'est qu'une fois qu'elle fut près de lui qu'il ouvrit les yeux. Il ne l'écouta pas. Il ne regarda pas son regard implorant et repenti.


Ainsi après avoir tué mon âme et mes espoirs cette nuit, vous venez terminer votre œuvre en troublant mon repos pour tuer mon corps d'épuisement. Que suis je pour vous ? Un jouet ? Un pantin juste bon à vous tenir chaud jusqu'à Blois ?

Il ne se contrôlait plus. La fatigue le faisait dérailler. Si une voix au fond de lui hurlait que cela n'était point, qu'il fallait arrêter cette comédie, sa bouche ne lui obéissait plus et continuait à sortir ces insanités.

Le visage de la jeune femme se transforma au fur et à mesure des paroles de Fool. visitant la surprise, la colère et la peine. La gifle claqua sur la joue du licorneux. La main gantée sera la poignée de l'épée.


Ah ! ainsi c'est cela ! Trop vieux et repoussant pour faire un époux convenable ! Dire que j'ai quitté mon doux comté pour venir dans cet affreux pays à vos côtés avec votre mioche ! Une fois votre époux et son père convenable trouvé, je serai bon à jeter ?

Toujours prisonnier de son corps, son esprit se débattait pour faire taire cette bouche infecte. Il s'était redressé et toisait la jeune femme. Elle voulue partir, fuir l'homme qu'elle aimait il y a encore un instant et qui s'était transformé en un monstre de haine et d'injures. Elle s'enfuit en courant. Elle ne lui échapperait pas ainsi ; le soldat partit à sa poursuite à travers les arbres. La nuit était tombée.
Des branches invisibles fouettaient son visage. Il sentait le sang couler sur son front. Il fut presque, du bout des doigts, à saisir l'étoffe de la robe bleue. Elle se mit à le distancer, allant toujours plus vite. Il courut longtemps. Le souffle finit par lui manquer. Les poumons brûlant, il courrait comme un fou dans la forêt obscure. Il ne la voyait plus mais il devait la rattraper pour lui dire que ce n'était pas lui qui parlait, qu'il ne pensait pas un trait de mot des paroles prononçées... Il s'arrêta seul au milieu des arbres morts, perdu...


Le bruit des fougères et des feuilles au sol le réveillèrent en sursaut. A moins que cela soit l'impression d'étouffer. Il regarda autour de lui, un peu hébété. Le soleil brillait encore haut. Par Aristote un cauchemar... Il respira à fond. Le malaise demeurait même si les souvenirs diffus du rêve s'estompaient doucement. Que signifiait tout cela ? Cela avait-il le moindre sens ?

Il s'aperçu qu'Ayena était là à le regarder. Instinctivement il fut heureux, soulagé de la retrouver. Il s'apprêta à lui sourire. Il hésita. Etait-ce un nouveau rêve ?

Elle s'approcha et s'assit près de lui. Si avec une autre personne cela n'aurait pas signifié grand chose, Fool s'avait qu'au contraire pour Ayena cela relevait d'un véritable effort. Une grande part de doute et de peur se dissipèrent en prenant conscience.
Il écouta ses paroles et la regarda dans les yeux. Il y lut la sincérité, les regrets et une autre lueur qui, sans y mettre un nom, lui réchauffa le cœur.


Je vous crois, Ayena. Dit-il simplement.

Il hésita, les sentiments du cauchemar l'envahirent à nouveau. Devait-il prendre le songe comme une mise en garde ? Comme un exutoire de ses doutes et peurs ? Ou comme une aberration de son esprit fatigué ?... Un peu des trois ?

Je dois vous faire part de mon désarroi... Je m'interroge sur les évènements qui se sont déroulés ces jours-ci. Ce que cela signifie pour vous ? Pour moi ? Ou cela nous mènera ?

Il lui saisit doucement la main, mais ne la quitta pas des yeux. Ils étaient suffisament éloigné du camp pour faire fit des semblants.

Jouer la comédie auprès du reste du monde ne pose pas de soucis, pour peu que je sache que cette mascarade ait un but.

La chaleur de la main d'Ayena dans la sienne si froide, l'aidait à chasser les dernières ombres oniriques.

Ayena, qui suis je pour vous ?
Je sais que la question est difficile. Vous êtes sans doute toute aussi perdue que moi. Mais j'espère une réponse avant d'être à Blois. Suis-je qu'un simple serviteur ? Votre vassal sans fief? Ou puis-je espérer une autre considération ? Je dois savoir ce qui m'attends là bas ?


C'était la mettre au pied du mur. Un risque de briser la fragile relation qui s'était instaurée entre eux.
Ayena
Bon. Il la croyait. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes... Quoique. Cet état de fait ne dura qu'à peine quelques secondes. Ce couple était destiné à vivre dans la complexité. D'ailleurs, pourquoi faire simple quand on pouvait faire compliqué, hein ? Ayena devrait peut être changer de devise. "Une pierre pour ma forteresse", ça faisait trop solide, trop inébranlable. Et elle se sentait si démunie, faible et manipulable depuis la mort d'Adrien !

Ce que tout cela signifiait pour elle ? Rien. Tout. Rien parce qu'elle ne voulait pas y croire. Tout parce que si elle le perdait, elle se perdrait à nouveau.
Elle le laissa prendre sa main, ne cachant pas un frisson qui lui parcouru le bras puis l'échine. Et puis, elle soupira, et répondit. Par directement. Elle retourna les questions : c'était plus simple que de s'ouvrir.


- Et vous ? Voulez-vous que je vous octroie ce fief promis ? Voulez-vous rester mon vassal sans terre, unis à moi dans un lien qui ne regarde que nous ou voudrez-vous, lorsque cela me sera permis, que je vous offre cette seigneurie promise ?

En soit, voulait-il oublier qu'elle l'avait gifler un jour pour sceller leur union de vassal à suzeraine ou estimai-il plus important de prendre du galon en mettant concrètement cette couronne de Senhèr occitan sur sa tête ? La loi était formelle : une seule union était possible : soit suzeraine-vassal, soit mari-femme. Et comme aucun Hérault n'avait jamais témoigné leurs échanges de promesse, tout était encore possible.

Et elle se rendit compte qu'elle ramenait à lui des décisions qui ne lui appartenaient pas : c'était elle la Suzeraine. C'était à elle de renouveler leurs serments. Ou non. C'était aussi elle qui se déplaçait en Orléanais pour chercher un époux. La Baronne balaya l'air de sa main livre, comme pour effacer les questions posées précédemment.

- Je ne sais pas. Vous avez besoin d'une réponse que je n'ai pas. Je vais à Blois parce que je ne voulais plus du Languedoc. Et que c'était le seul endroit où l'on pouvait m'aider à retrouver une situation acceptable. Je ne sais pas encore si Elisel a réussi à... "Dégoter" un homme qui voudrait de moi, de mon fils, de mon passé. Épouser une veuve, tout le monde ne le veut pas. Une Boiteuse, pensez-donc.

Elle avala sa salive, la gorge sèche, et poursuivit.

- Fool. Si l'on me propose une situation fameuse, j'aurai du mal à la refuser. Parce que c'est garantir un avenir à Madrien. Parce que toujours, une mère doit se sacrifier pour ses enfants.

Elle plonge dans le regard de son amoureux, espérant de tout son coeur, de tout son corps, qu'il comprendra ce qu'elle essaie de dire tant bien que mal : que si mariage il y a, elle épousera une condition. Pas un homme.

- Saurez-vous... ?

"Me partager" ? Supporterait-il cela ? Saurait-il rester un amant et non un mari ? ... Et Ayena, elle, saurait-elle faire face à ce genre de situation ?
En réalité, la jeune femme jouait sur un double tableau et détestait cela. Elle proposait à Fool de rester son amant, mais ne savait pas si elle allait trouver un mariage en Orléanais. C'était horrible, ce qu'elle disait : si on ne lui proposait pas d'union, elle sous entendait s'arranger pour l'épouser, lui. Il était donc le second choix... Ou le premier, si l'on considérait qu'elle n'envisageait la suite qu'avec lui. Si on la mariait, elle le voyait à ses côté pour surmonter l'épreuve. Et si non, elle le voyait tout contre elle, comme un rempart au monde hostile qu'elle allait affronter.


- Fool, ne pourrions-nous vivre au jour le jour ? Avez-vous vraiment besoin que je vous fasse... encore... des promesses que je ne suis pas certaine de tenir ?
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Fooldeboishardy
Fool écouta calmement les propos de la jeune femme. Il laissa Ayena terminer et resta un instant sans rien répondre. Que répondre d'ailleurs alors qu'on vous disait sans ambages que l'on choisirait un autre homme avec une meilleur situation et cela en faisant fi des sentiments éprouvés ? sa réaction première d'être heurté était-elle celle de la roture où le statut ne jouait pas le même rôle alors que cette pratique dans le monde aristocrate n'était point choquante? Mais était-ce une raison suffisante pour l'accepter ? Etait cela la noblesse ? choisir un titre plutôt qu'une personne ? Il demandait des réponses, et il se retrouvait avec plus de questions.

Il pris la parole calmement.


Un fief ne me consolerai point de mes sentiments pour vous, ce n'était point là l'objet de mes propos... Je me demande ce que je suis pour vous. Je m'interroge sur ce que nous sommes l'un pour l'autre. Et les paroles que vous me livrez là me troublent encore plus profondément. Je les comprends. Pourtant je ne sais si je puis accepter la situation qui en découlera.

Je ne sais quoi penser. Je suis sans doute à l'origine de la situation car je vous ai avoué mes sentiments, et je le reconnais, fort maladroitement. Mais cela sans doute car j'avais peur de trahir Adrien une seconde fois... Je comprends aujourd'hui que mes sentiments ne sont point une trahison, au contraire.


Il se remémora les pensées et les sentiments contradictoires qui s'étaient bousculés lorsqu'il avait pris conscience des sentiments qu'il portait à Ayena. Il se demanda s'il n'avait pas perçu à cet instant toute la complexité de la situation qu'aujourd'hui ils exposaient tout deux?

Il aurait pu sourire à la proposition d'Ayena s'il avait le cœur à rire. C'était d'ailleurs bien souvent le moyen qu'il avait pour dédramatiser les choses : une pointe d’humour noir. En effet dans son idée, elle omettait un peu vite un détail qui était pourtant capital : Que penserait le jeune marié à se voir volé sa jeune épouse par un vulgaire soldat ? Fool ne pensait pas qu'il prendrait la chose avec philosophie. D'ailleurs il se demandait s'il serait capable d'agir ainsi. Ses sentiments le poussaient à considérer que le prix n'était pas bien lourd pour conserver l'Amour d'Ayena, mais sa raison et sa fierté lui criaient au sacrilège. Il y avait de quoi devenir schizophrène.


Vous me demandez de vivre au jour le jour... d'accepter de vivre dans votre ombre et peut-être de celui d'un hypothétique époux... ? Je ne peux, moi non plus, vous faire certaines promesses.

Il prononça ses dernières paroles avec une pointe de regret et de tristesse. Il caressa doucement la main d'Ayena. Ne la quittant pas de ses yeux passionnés, il ajouta :

Malgré cela je ne peux me résoudre à vous abandonner. Mon cœur est déchiré à l'idée de vous perdre au profit d'un autre.
Je sais que je ne suis point noble, ni avec une belle situation, et sans doute trop vieux pour vous... Mais un mot de votre part et je prendrai mes responsabilités pour vous et pour Madrien même si pour cela je dois quitter définitivement le Languedoc.


Avec un ton plus directif, il ajouta.

Je ne veux pas que vous preniez mes propos pour un ultimatum. Cela n'en est pas un. Mais je voulais que vous sachiez ce que mon coeur porte.

Il garda un court silence puis se releva. Il signifiait ainsi à Ayena qu'il n'attendait pas de réponse sur l'instant, qu'elle ne devait pas se sentir piégée ; même si au fond de lui il brûlait de ses interrogations. A aucun prix il voulait la mettre mal à l'aise.
Il lui sourit. D'un ton presque insouciant :.


Regagnons le campement, vos gens doivent s'inquiéter... dans le meilleur des cas.

Nouveau sourire, un poil taquin. Il lui tendit la main pour l'aider.
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