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[RP] " Les contes effroyables de Guyenne "

--Berlock_fils

Enquêtes au cœur de la terreur.

Bordeaux, capitale de tous les vices ou presque. Rien n'étonnait plus le jeune Berlock et encore moins de se retrouver à crécher dans une auberge miteuse des bas-quartiers de la ville. Une odeur de rance et d'humidité se dégageait de la mansarde qu'il occupait avec son père et qui semblait avoir été construite dès le départ avec du bois pourri ! De la minuscule fenêtre qu'il avait ouverte pour faire pénétrer un peu de fraîcheur provenait des forts relents de m.erde et de putride, sans oublier les pleurs des enfants, les gémissements exagérément indolents des putains, et les râles des vieux qui crevaient dans la boue. Il lâcha un énième soupire lorsqu'il dû chasser une souris du pupitre où il entreprenait de disposer son matériel d'écriture et son journal de bord.

Allez-vous enfin me dire ce qui nous amène à Bordeaux cette fois-ci ?

demanda-t-il à Berlock père qui lisait et relisait une lettre reçue il y a deux jours

Le vieux aimait à cultiver le mystère et lui tirer les vers du nez avant qu'il ne soit décidé à livrer son secret était voué à l'échec. C'est pourquoi Berlock fils se retrouvait bien souvent à soupirer d'impatience.

Le plus jeune était le fils unique du plus vieux et tout les deux tenaient une entreprise d'enquêteurs privés : « Berlock Père et Fils ». Et autant vous dire que ça ne payait pas du tout ou très peu, si bien qu'ils étaient obligés de surveiller méticuleusement leur budget et d'accepter presque toutes les affaires qu'on leur soumettait. Visiblement, le décor de la prochaine affaire était Bordeaux. Et il s'en passait des choses à Bordeaux, presque autant qu'à Blaye, c'est dire !

Histoire de meubler le silence, le jeune homme posa la plume qu'il avait sorti et, s'accoudant au dossier de sa chaise, il se tourna vers son paternel assis sur sa paillasse.

Vous ne connaissez pas la dernière légende urbaine de la ville ? C’est le gardien de pêche qui me la narré ce matin. La menuaille croit qu'il y a une goule qui vit en ville. Qu'elle prend l'apparence d'une douce et prude jeune femme, mais qu'en réalité elle a plus de 1200 ans. Ils disent aussi que pour conserver sa jeunesse, elle aspire le fluide vital des enfants, si bien qu'ils se transforment en des petits vieux de 80 ans qu'elle utilise comme esclaves pour faire le ménage et la cuisine.

Le jeune homme se stoppa net, sourire narquois au coin des lèvres, guettant la réaction de Berlock Père.

Berlock.pere

La réalité est souvent plus noire que le plus noir des songes.

Depuis que Berlock Père était veuf, c'est-à-dire depuis un certain nombre d'années, une expression des plus étranges et inquiétantes ne quittait plus son visage. Si le vieil homme refusait de l'admettre, plus encore à l'attention de son fils, les circonstances du décès de son épouse l'avaient laissé si perplexe que c'est à cette période, si lointaine et si proche à la fois, qu'il avait décidé de fonder l'entreprise familiale d'enquêteurs privés " Berlock Père & Fils " .

Ce serait là tout l'héritage qu'il lèguerait à son unique enfant, en plus de ses fantastiques capacités de déduction transmises par le patrimoine génétique, car il était évident aux yeux de Berlock Père que sa progéniture se révélait incroyablement douée pour résoudre les énigmes et autres charades proposées parfois dans les dernières pages des journaux. Notons que Berlock fils aurait certainement été très doué aussi pour compléter n'importe quelle grille de Sudoku, et qu'il savait également parfois résoudre les divisions à trois chiffres. C'est dire.

Mais ce qu'il manquait à ce jeune prodige pour parfaire ses qualités d'enquêteur privé restait la patience. C'est pour cette raison que Berlock Père avait décidé que le décor de leurs nouvelles investigations serait la Guyenne. A commencer par Bordeaux.

Bordeaux, ses intrigues, ses mystères. Ses catins alanguies, ses investisseurs puissants, ses pêcheurs en eaux troubles, ses mioches qui vivent au milieu des Princes, ses bonnes ménagères qui passent leur vie à confectionner des tartes. Voilà ce qui avait retenu l'attention de Berlock Père dès leur arrivée.
Assis sur la maigre paillasse qui se fondait très bien au décor sordide de leur mansarde miteuse, le vieux répondit.

Le ménage et la cuisine semblent être les deux activités principales de nos plus respectables Bordelaises. Pour ma part, j'ai commencé à enquêter sur le lieu de culture le plus en vue de la capitale Guyennoise : Le Grand Théâtre de Bordeaux. .
On dit que plus personne n'y a mis un pied depuis des mois. Pas même un chien errant ou un animateur mal inspiré. C'est à croire que la bonne populace préfère se bâfrer de clafoutis et de soufflets au fromage qui pue plutôt que de se nourrir l'esprit.

Pensif, le vieil homme ajouta.

Et UNE chose plus que toute autre m'intrigue, mon fils.
Jamais une ménagère n'a raté une pâtisserie durant ces dix dernières années. La Bordelaise ne connait pas la honte et les tourments du gâteau démonté ou de la tarte brûlée. Leurs fours sont certainement les instruments du diable.

Le visage grave, il laissa le jeune Berlock mûrir ces paroles et lui faire part de ses déductions.

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