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[RP] J'veux pas dormir dehors.

Astride

- Hum... Bonjour ! Je... viens pour le poste !

Elle aurait été bien incapable de dire quel poste, en vérité. De bouches édentées en oreilles bouchées, les annonces avaient vivement circulé jusqu'à arriver aux oreilles du pater qui lui avait asséné, en même temps qu'un grand coup de pied dans l'arrière, qu'il était temps qu'elle se tire.
Et fissa.

Primo parce qu'après avoir marié les cinq filles aînés, il ne restait pas grand chose comme garçon aux finances potables à qui il aurait pu la refiler.
Secundo parce qu'elle ne servait strictement à rien à la maison, vu l'empotée qu'elle était, & qu'il ne voyait pas l'intérêt de garder une fille majeure, ou sûrement pas loin - ou en tout cas avec un corps-de-presque-femme-prête-à-marier - gratuitement chez lui.
Tercio, parce que vu la dégaine, ça ne pouvait pas être sa fille. Erreur dans le paquetage, tromperie du côté de madame, ça n'avait après tout plus la moindre espèce d'importance, du moment qu'il se débarrassait enfin du boulet que représentait la jeunette.

Voilà donc pourquoi Astride s'était retrouvée devant les gardes du château, les mains triturant les plis de son jupon gris d'avoir été trop lavé, sans autre bagage que les fripes qu'elle portait à l'instant, & un bout de bâton qu'elle n'avait pas lâché depuis qu'il l'avait fichu à la porte, tant & si bien qu'elle en avait les jointures toutes blanchies.
C'est qu'elle était prête à se défendre, hein !


- Euh... J'sais cuisiner... Genre... le pain...
'fin j'sais pas vraiment... mais euh... j'peux apprendre... s'iouplaît... m'ssieur... hein ?.. j'veux pas dormir dehors...


Parce que j'ai peur du noir.
Vieux
[Préambule - Ternant, fin de journée]

Il n'y a que dans les contes qu'au pays de rois et de reines beaux, bons et fort nobles, les gardes sont chevaleresques, les forgerons sentent bon et les souillons deviennent princesses.
Aussi, quoique la baronne eût toutes les ressemblances avec les bonnes et forts nobles reines de jadis (sa double parenté avec une défunte Reine de France et la lignée des Rois d'Aragon n'y étant absolument pour rien, tant la première était catin et les seconds retors et austères comme les Goupils que sont les Volpilhat), sa garde, elle, n'avait pas été trempée dans un bain de sucre d'orge à sa naissance.
On peut même dire qu'ils étaient tous de bons Morvandiaux du pays, avec toutes les qualités et les défauts que cela implique. De qualité, ils en avaient deux : ils connaissaient leur métier et ils étaient loyaux. Tout le reste n'était que défauts.


Hé, mais c'est eul' p'tite Janon !
Mô non, eul'Janon eul'est point comme ça ! Allons pauvresse, dégage, r'viens dimanche, c'est l'jour qu'la baronne fait l'aumône aux miséreux !
L'a point dit qu'eul vient pour eul'poste ?
Y'a point d'poste çà pour une souillon, Herbert !
C'est-y à nous d'juger, 'Dilon ?
Ça ben non, ma c'est d'not rôle d'écumer c'qui passe eul'portes.

Herbert tourna son regard sombre surmonté de sourcils broussailleux vers la donzelle, puis dit à Odilon :

C'est bon, vas-y prévenir eul'major dome qu'eul décidera que faire. Pendant que j'va vérifier qu'eul dissimule point queuqu'arme pour tuer la maîtresse.

Il avançait déjà ses paluches vers la demoiselle, pour vérifier, surtout, si elle était aussi rembourrée que la Janon. Il fallait pas être grande druide pour voir qu'elle n'avait pas l'air bien dangereux...
Astride

On verra quelques siècles plus tard la même technique d'observation qu'utilisait à cet instant Astride, à peu de choses près, chez les spectateurs de matchs de ping-pong. Un coup à droite, donc, un coup à gauche, & quelques secondes bien suffisantes pour se choper un début de torticolis.

Quelques secondes bien suffisantes aussi pour saisir que ça sentait mauvais. Très mauvais. Trop mauvais.


- Hé pas touche gros balourd !

La voix partait tout juste dans les aigus de la détresse que déjà, guerrière aguerrie, elle tentait la manœuvre bien connue de la fuite en arrière & du piètre bâton brandi d'une main tremblante.
Maman avait dit :
« les grosses pattes velues n'apportent que des polichinelles sous le tablier ». Ah, que maman était sage. L'aîné de ses sœurs l'avait sûrement moins été, au vu du tablier bien lourd qu'elle avait rapporté une fois. Même que papa s'était empressé de la faire marier avec le fils du tonnelier, celui qui avait le nez cassé, un strabisme sérieux, des boutons plein la face & qui postillonnait tellement que les gamins du village l'avaient accusé d'avoir bousillé la récolte de blé l'année dernière.

- J'suis armée & qu'même si j'appelle papa il va tare ta gueule dans ton château ! Et même qu'tu pourras pas t'cacher !

Tu parles. Pater, il t'a fichu à la porte.
Vieux
L'attitude de la pouliche déclencha chez Herbert un rire gras. Il resta à son poste, pas pressé de courir après la donzelle, et dit :

C'est-y qu'ça rue ! Bé, justement, on veut point d'arme là d'dans, si c'est qu'tu dois voir eul'baronne. Donne-me c'bâton ou eul'ciel m'tombe sur eul'tête, t'entreras point.

Il reluquait sans gêne les formes de la jeune fille, sa coiffure, ses vêtements humbles.
Le major dome pourtant ne tarda pas. Homme vigoureux mais âgé, il franchit le pas de la muraille et posa un regard un peu vague sur la jeune fille.


Allons, laissez-la. C'est qu'un bâton, elle en trouvera de toute façon tout plein à l'intérieur, et pire, si elle voulait.

Un château en travaux, ça veut dire des pelles, marteaux et échelles qui traînent à qui mieux-mieux dans les couloirs.

Entre, mon petit. Dis-moi ce qui t'amène.
Un toit pour la nuit ? Seulement pour cette nuit ? Un message que tu portes ? Le regard du major dome était plus las qu'inquisiteur. Il avait tant de choses à gérer, et trop peu de gens pour l'heure, et une vue qui lui faisait si mal au crâne, quand il penchait trop longtemps sur les livres de comptes exceptionnels, ceux dédiés à la rénovation de la baronnie...
Astride

Un pas en arrière, encore. Certes, il n'avait pas bougé, mais son rire gras & particulièrement graveleux la confortait dans l'idée qu'il valait mieux pour elle de s'éloigner. Quitte à prendre même ses jambes à son cou. Dormir dehors. Faire face à une horde d'autres gardes ivres & affamés.

- L'ciel peut bien t'tomber sur la tête sal'té, j'lâch'rai pas mon bâton tant qu't'auras tes mains baladeuses !

Et tes roubignoles, aussi.
Mais pas le temps d'imaginer une tactique vaseuse pour le castrer en un coup de bâton qu'on la sauvait déjà. L'homme, vieux mais sans aucun doute bien meilleur que les deux zigotos qui tentaient de la tripoter, lui parut tout à coup d'un sympathique excessif.
Et ce, malgré son regard vague, son ton las, & son désintérêt visible & profond pour la scène qui se déroulait là.


- Euh... en fait...

Elle s'était avancée, passant entre les deux gardes d'un pas vif, pressé, angoissé sans aucun doute, & se réfugiant derrière le majordome comme un écureuil dans son arbre.
Elle s’apprêtait tout de même à répondre, avant que son regard olive ne se pose sur le château devant elle, & que la bouche ne s'ouvre en un « Oh ! » de stupeur.


- C'est... magnifique...

Qu'il soit en chantier & que la cour se soit transformée en débarras de travaux ne lui sauta visiblement pas au visage. Tout ce qu'Astride pouvait voir, c'était la grandeur, la puissance, la richesse de ce qui s'élevait devant elle.

- Dire que d'loin ça paraissait tout moche & glauque... Dites, vous allez m'prendre hein ? C'est trop chic chez vous, j'veux travailler ici, pis porter des jolies robes & coiffer les dames en blablatant sur les princes !

Parce que c'était forcément un château de princesse.
Pourtant, à croiser le regard du vieux majordome, Astride sembla se ressaisir, épousseta sa jupe grise & informe de deux mains paniquées, & se présenta d'une voix qu'elle aurait voulu calme, mais qui tremblotait tout autant qu'une chandelle trop près d'une fenêtre ouverte.


- C'est que j'm'appelle Astride, Sire, & qu'il m'faut du travail parce que j'suis sûr'ment en âge d'être mariée mais qu'papa m'a pas trouvé d'mari... Pis on m'a dit qu'vous vouliez du monde alors j'suis v'nue.
C'est vrai qu'papa il dit qu'j'sais pas faire grand chose d'mes dix doigts, mais j'apprends vite, verrez, vous m'regrett'rez pas ! 'fin j'crois... En tout cas j'espère pour vous...
Vivez pas tout seul dans vot' château dites ? Parce que ce s'rait triste quand même...


Bah, elle n'était pas sensée savoir qu'il n'était que simple majordome. C'est qu'il forçait le respect, le vieil homme, que les gardes semblaient lui devoir un certain respect, & qu'il avait, en plus de ça, des vêtements propres & bien plus riches que les siens.
Dans tous les cas, elle avait fini de parler, & était prête, enfin, à lui tendre une oreille attentive. Ou presque.
Vieux
L'agitation de la jeune fille arracha quelques regards étonnés chez le major dome. D'autres avaient moins bien survécu aux sarcasmes de l'Herbert. Elle en avait, cette petite. Il répondit, alors qu'il la précédait dans le château, face à l'immense escalier de pierre qui en était le plus bel ouvrage :

Si ça ne tenait qu'à moi, j'vous prendrais, au moins le temps des travaux, il y a besoin de monde pour garder tout ça propre avec toute la poussière et les cochoncetés qu'ils me font. Ce serait trop beau, si j'étais seul ici, mais on finit par s'ennuyer, j'vous assure.

Avant l'arrivée de la baronne, il avait été le major dome de cette bâtisse vide, que l'intendant ducal visitant deux à trois fois l'an. Morose.
Il haussa les épaules.


Mais c'est pas moi qui choisis les dames de compagnie et caméristes, enfin, celles qui portent les belles robes que vous dites. Pour ça...

Il l'avait entraînée dans le grand escalier, et tournant en haut dans une pièce, ayant frappé deux coups secs sur l'huis ouvert, il y avait trouvé, bercée par la chaleur d'une fin de journée d'été, une rousse, au bord d'une fenêtre, un traité d'amour courtois sur les genoux (paie ton clichééééé). Et un lapin.

Ma Dame, j'ai trouvé ce brin de jeune fille devant la porte. Elle dit qu'elle sait rien faire et qu'elle veut vous servir, vous vêtir et que vous la vêtiez.

En gros.

Si vous la voulez pas pour vous, j'la prendrai aux cuisines ou au jardin, y'a besoin.
Si tant est qu'elle sût cuisiner ou... jardiner. Au pire, elle nourrira les cochons et les chiens et allumera les feux au petit matin.
Jehanne_elissa
Jehanne n'était pas à proprement en train de lire, mais plutôt en train d'essayer de mémoriser un tenso célèbre sur l'amour : la dispute entre l'amour chevaleresque et l'amour courtois, de Marie de Ventadour et Gui d'Ussel. Ce poème a tout le mérite d'opposer l'amour chevaleresque, influencé par la littérature du Nord et revendiquant l'égalité des amants, et l'amour courtois occitan, fondé sur la hiérarchie féodale entre la femme et l'homme. C'était un poème magnifique, et elle voulait à tout prix le retenir pour le servir, un jour, à Miguaël ; car lui était du Nord et ne cessait de les voir comme deux coques d'une même noix, quand elle était dans un rapport de légère domination, le voulant tout entier dévolu à sa personne ; elle l'était plus encore ces derniers temps, un peu depuis qu'il n'avait plus de terres, un peu aussi par la force des humeurs et des caractères, dont les grands mouvements nous échappent parfois.

Et puis le major dome entra. Elle posa le rotulus sur lequel elle avait recopié le poème, et examina la jeune femme qui entrait, pauvrement vêtue et l'air hésitant du chat qui veut bien s'approcher de l'eau pour la boire, mais surtout pas y tomber et se mouiller tout à fait. Etait-ce volontaire, était-ce ce genre de sentiments qui agitaient en vérité la jeune fille ? Faute de le savoir, Jehanne le décréta, et résolut de l'accueillir avec bienveillance :


Bonjour, bienvenue à Ternant ! Vous resterez ce soir, la nuit va tomber. Avancez-vous, dites-moi... Votre nom, et votre âge ? Que savez-vous faire ? Et que voulez-vous faire ?

Elle jeta un regard vert au major dome, qu'il comprit aussitôt à sa juste valeur, et retourna vaquer à ses trop nombreuses affaires. Il venait d'en ajouter une sur la liste : des cours de courtoisie pour l'Herbert.
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En général peu présente les week-ends
Astride

- Waaa... Waaa... Ooh ! Y'a combien d'marches ? On peut marcher d'ssus ? Ah bah oui... Y'a combien d'pièces ? Et combien d'fenêtres ? Et d'portes ? Vous vous perdez pas des fois ?
C'est vrai, vous croyez qu'j'peux dev'nir dame d'compagnie ? J'irais aux réceptions avec des princes ? C'est quoi une camiliste ? Waaaa...


Elle ne s'arrêtait plus, l'incident avec l'Herbert ayant été oublié dès lors que les olives affamées s'étaient posées sur l'intérieur de l'endroit. Ses questions, ponctuées de « Oooh ! », de « Waaaa ! » & de « Hiiii c'trop beaaau ! », n'attendaient pas véritablement de réponses, & ce malgré qu'Astride soit bien capable de parler tout en retenant ce genre d'informations inutiles.
La seule chose qui réussit à la faire taire fut l'entrée dans la pièce richement décorée, ensoleillée par une lumière orangée & meublée d'un lapin & d'une jeune fille en train de lire. Et le cliché, parfait, suffit à lui seul à la rendre silencieuse pour quelques secondes. Quelques secondes seulement, le temps qu'on l'invite à s'avancer, qu'on l'invite à parler, qu'on l'invite tout court.
Calmée alors, du moins pour le moment, elle enfouit ses mains dans les plis de son jupon, intimidée, mais pas vraiment moins bavarde pour autant.


- Moi c'est Astride, Dame, merci d'm'accueillir comme ça hein, vous avez un château trop beau... J'crois qu'j'ai quatorze... ou quinze... ou p't'être treize... 'fin qu'qu'chose comme ça, en tout cas j'suis la plus p'tite d'la fratrie si ça peut vous aider pour... euh.. j'sais pas... comme ça...
Pis comme j'disais à vot' Sire, là, je... ah, il est parti ?


L'affirmation sembla lui couper la chique. Bien moins à l'aide maintenant que son sauveur avait fichu le camp, elle sentit tout à coup le charisme écrasant que la noblesse imposait à la roture, & baissa la tête, la voix, & lâcha même un bredouillement ridicule avant d'arriver à reprendre le fil de son histoire.

- Bah... comme j'lui disais, j'sais pas trop faire grand chose... M'enfin j'apprends vite j'crois... Tout c'qu'vous m'direz d'faire j'le f'rais d'bon coeur... euh... Dame. Pis comme on dit qu'vous cherchez du monde bah j'suis v'nue parce qu'j'avais pas trop d'toit pour la nuit, pis la nuit en ville c'pas très sûr pour personne, hein, surtout pas pour une fille, voyez... Comme j'peux pas rentrer chez moi parce qu'le pater m'a mis à la porte, fallait bien qu'j'fasse qu'qu'chose quoi. C'est pas qu'j'ai fait qu'qu'chose de mal hein, croyez pas ! C'juste que j'lui sers pas à grand chose pis c'est compliqué d'marier la cadette quand y'en a eu cinq avant elle, voyez, reste plus grand chose. Pis bon moi faire des charmes ça m'fait un peu peur, j'ai des soeurs dans c'genre là mais j'trouve pas trop ça bien, alors j'suis v'nue ici... Même si j'ai failli fuir hein parce qu'vot' garde là avec ses paluches *ses doigts se lèvent soudain & s'agitent comme des griffes* brrrr il m'a fait un peu peur, mais vot' sire il est v'nu m'sauver pis j'ai vu l'escalier alors du coup j'suis restée voyez... Il est mignon vot' lapin, c'pour l'dîner ?

Astride, donc. Ou comment poser les deux pieds dans le plat.
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