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[RP]" La discorde détruit, et l'union fait la force. "

Simeon.got
" La discorde détruit, et l'union fait la force. "***" Twist verquist, Eendragt geeft magt.


Le frère Toque ne savait pourquoi il s'était engagé à accompagner les Arrageois déçus, voire déchus, peut-être s'était-il senti solidaire parce que lui aussi avait connu des déboires lorsqu'il était à la tête de l'université d'Artois, il s'était pourtant donné sans réserve pour assumer sa tâche avec rigueur, lui le moine peu enclin à accepter la moindre responsabilité et il n'avait pas failli.

Mais le moine dodu était surtout connu pour son caractère bourru et sa propension à broyer du noir, cet homme avait beaucoup de difficultés à apprécier les moments de bonheur, le moindre imprévu, si futile fut-il, le plongeait dans un abîme de questionnement exprimé en grognements intempestifs, une rengaine bougonne qui pouvait parfois irriter les oreilles de ses compères...

En ce matin, tandis que la petite troupe s'était arrêtée en rase campagne, l'occasion pour le frère toque de grognasser était trop belle pour qu'il la laissât passer, c'était le frère Tim qui était à l'origine de sa contrariété...



Dame Eulaly, ch'est y pas pochible y m'avait pourtant bien dit qu'y chuivrait la caravane, mais non y n'en a fait qu'à cha tête ou alors il cuve dans un boui-boui d'Antwerpen, faut ch'méfier des eaux dormantes chavez-vous?


De colère, le moine envoyait valser les braises du feu de camps à l'aide d'une petite baguette, si bien que l'une d'entre elle tomba aux pieds de Dame Eulaly...et sans même avoir remarqué qu'il avait failli foutre le feu à la jupe d'Eulaly, il continua sa litanie:

Ch'matin, ben j'chuis tombé chur la boche d'un hollandais, enfin j'crois, l'avait la tête d'un mechager, j'vous dis pas ch'que j'ai dû faire pour qu'il comprenne ch'que j'voulais, cré nom d'une quiche, y m'disait des trucs incompréhenchibles qu'je pourrais même pas répéter:

le messager hollandais a écrit:

Ik begrijp niet wat je zei de monnik, slik je beet en herhaal!*


Le moine se leva et mima les gestes qu'il avait fait pour que son interlocuteur hollandais saisisse...d'abord il souleva sa robe de bure pour lui faire comprendre que c'était un moine qu'il recherchait, puis, il lui montra un fût de bière, dans la tête du frère toque ça expliquerait qu'il était brasseur, enfin, il prit le bras du hollandais pour signifier qu'ils étaient frère et le hollandais lui avait répondu:

le messager hollandais a écrit:

Ja monnik, ik ben een fan van blondines of brunettes, maar niet druk het kapje monnik, als ik wil een traktatie te maken, dit is de mooie blonde, die u begeleidt!**


Et le moine de poursuivre:

Ben j'crois qu'il m'a dit qu'il appréchiait la bière blonde car lorchque j'lui ai donné la michive pour l'frère Tim, il l' prise et a opiné du chef:

le messager hollandais a écrit:

Ik neem uw ​​brief regelen me maar slaan met de blonde, ik zal je vinden***!


*je ne comprends rien à ce que tu dis le moine, avale ta bouchée et répète!
** Oui le moine, je suis un amateur de blondes ou de brunes mais ne pousse pas le bouchon le moine, si j'ai envie de faire une gâterie, c'est à la belle blonde qui t'accompagne!
***Je prends ta lettre mais arrange-moi le coup avec la blonde, je vous retrouverai!

_________________
Eulaly_de_baylaucq
Ils avaient suivi un moment l'Escault, ce fleuve lent et puissant qui irriguait les Flandres, traversant Tournai, Ghent et Anvers et qui se jetait dans la mer du Nord. Ils le quitteraient avant d'arriver à son embouchure, poursuivraient vers Heudsen où ils devaient récupérer le jeune Gérault.
Cà faisait une petite trotte mais le chemin et le temps étaient si agréables qu'Eulaly gardait toujours cet air heureux sur le visage, offrant de réguliers gentils sourires de ci de là à ses compagnons de voyage. Bucolique !
Nulle rancoeur n'habitait plus son coeur depuis son arrivée en Flandres. Elle était heureuse, simplement heureuse, de prendre un nouveau départ, son promis à ses côtés, dans le comté qu'elle aimait. La Providence !

Ils avaient perdu Tim en effet... Juste après Christopher... Mais ils n'avaient pu, ni pour l'un ni pour l'autre, retarder l'excursion. Gérault attendait seul depuis déjà des jours. Tant pis... Ils les récupèreraient au retour.
Frère Toque suivait bien en revanche.
Eulaly le regardait souvent, cherchant à dissiper son apparente mauvaise humeur en papotant gaiement. Mais elle finit par penser que le défi relevait de l'impossible car elle avait réussi à s'assécher la bouche sans que le moine ne fasse une seule risette.

Avant de quitter les rives du fleuve, ils décidèrent de s'arrêter et d'établir le campement pour pouvoir dormir un peu. Le feu brûla vite et Eulaly s'assit sur le sol devant lui pour griller un bout de viande au bout d'un pique en bois.
Hypnotisée par la danse des flammes sur la viande, accablée d'une soudaine fatigue, elle ne parlait plus du tout.
Le frère Toque rompit le silence.


Citation:
Dame Eulaly, ch'est y pas pochible y m'avait pourtant bien dit qu'y chuivrait la caravane, mais non y n'en a fait qu'à cha tête ou alors il cuve dans un boui-boui d'Antwerpen, faut ch'méfier des eaux dormantes chavez-vous?


Soudainement sortie de sa léthargie par une braise qui venait de choir son jupon et d'y faire un trou, elle gigota vivement pour la faire rouler ailleurs. Arghhh !!!
Alors qu'elle allait gueuler, le moine, lui, poursuivait. Tout plongé qu'il était dans son monologue, il n'avait même pas remarqué... Elle se découragea de lui tomber sur le paletot. Tandis qu'elle se rasseyait en maugréant pour elle, elle continuait de l'écouter vaguement, la moue dépitée en observant les dégâts.


Un hollandais vraiment ?

Répondit Eulaly assez sèchement en mettant deux doigts dans le trou de son tissu noirci.

Et qui parle hollandais en plus. C'est étonnant.

Elle avait murmuré ces derniers mots avec ironie mais trop bas pour que Toque n'en discerne rien qu'elle ne puisse corriger.
Elle l'aimait bien le frère Toque mais merde ! Il venait de cramer sa robe !
Et lui levait la sienne !
Pas trop haut ! Ouf ! Eulaly n'avait en aucune façon envie de savoir à quoi ressemblait le truc oisif et inutile d'un gros moine (parce qu'on en avait souvent parlé : les moines ne portent rien en-dessous de leur bure !).

Résignée quand aux dégâts sur son vêtement, elle soupira en lâchant l'étoffe et finit de l'écouter.
Un sourcil soudain haussé, elle dit :


Ah oui ? Il a dit çà le hollandais ?
Bah va falloir que j'le vois alors ! Un contrat est un contrat. On va lui donner de la blonde.
Il vous a donné rencard ?


Eulaly était flamande et avait bien compris dans les mots répétés étonnamment correctement par le moine que le messager hollandais en fait de blonde, parlait moins de bière que d'elle.
Pour sûr le coup allait s'arranger.

Elle jeta un coup d'oeil à Vints occupé à vérifier l'état d'une roue.
Il savait qu'elle était une guerrière confirmée mais l 'avait-il déjà vue mettre une mandale à quelqu'un ?
Pas à lui c'est certain, pensa t'elle en repensant au jour de leur rencontre.
Enfin ! Un peu d'exercice ! Cà faisait trop longtemps !
Elle sourit.

_________________
Simeon.got
Le moine resta là les bras ballants en fixant Eulaly qui semblait être distraite jusqu'à ce qu'elle lui réponde... Mais de quel contrat parlait-elle? Un rencard pour qui, pour quoi? il ne s'agissait que de céder un fût de bière blonde au hollandais, un échange de service rien de plus...Le frère suivit alors le regard d'Eulaly et aperçut son promis qui scrutait la roue de la charrette, ben voilà, elle ne l'avait pas écouté, voilà pourquoi elle se triturait le jupon et parlait de rencard, Vints n'arrêtait pas de la monopoliser!

Le moine grognassa et se laissa retomber sur le sol, son fessier rebondi n'eut aucune difficulté à amortir le coup... Il se prit la tête entre les mains et bloqua ses yeux sur son nombril, fallait bien trouver un autre sujet de contrariété, pour tenter de capter l'attention d'Eulaly, par exemple, oublié le frère Tim et son escapade en solitaire.

Le moine avait cette faculté de sauter du coq à l'âne sans distinction, comme s'il se devait de respecter un équilibre imaginaire, il avait pensé au bien de quelqu'un, il pouvait à présent revenir à lui et s'apitoyer sur son sort, d'autant que là le quota était largement atteint. En effet, ça faisait des jours qu'il s'était oublié au profit de Vints, Eulaly, Rosa, et Tim, c'était à son tour d'être plaint, alors il laissa échapper son nouveau souci:


Mon rêve ch'rait de dev'nir fromager! Mais cha craint avec les boicheaux d'chel, on en trouve pas fachilm'ent, ch'est énervant cha m'mine!
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Eulaly_de_baylaucq
Eulaly regarda le moine d'un air pour le moins perplexe.
V'là qu'au lieu de lui donner le lieu et l'heure auxquels elle pourrait se défouler un peu, il lui causait fromage.


Euh... ouais... le sel... on a déjà un fromager en Flandres. C't'un peu galère pour trouver le sel c'est sûr. Si vous aimez mouler des trucs, y'a potier aussi. On en cherchera bientôt plein. Ou sinon j'vous présente Khalidia, un éminent membre du Nib'Art. Question moulage...

"C'est un expert"... Elle tut la fin de sa phrase tandis que d'agréables souvenirs lui revenaient en mémoire, souvenirs qui allumèrent irrémédiablement un feu dans son ventre, plus qu'agréable lui aussi mais terriblement gênant en la circonstance...
Il fallait chasser cela au plus vite.
Elle sourit alors l'air de rien au frère Toque, puis, l'imagina, dans un état émotionnel et physique incontrôlable tenter maladroitement de mouler le corps de femmes nues tout en ordonnant vainement à son vit de rester coucher.
La méthode fonctionna et elle se pinça fort les lèvres pour contenir un rire.

Enfin, le sujet "fromage" l'intéressant Ô combien moins que le projet "mandale", elle abrégea vite pour essayer d'obtenir réponse à sa question :


Et sinon, vous devez le voir quand votre hollandais ?
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Simeon.got
Et le mot le plus incongru du siècle atteignit les portugaises du frère Toque, Potier! Plutôt que de lui dire qu'elle allait remuer ciel et terre et se décarcasser pour lui trouver du sel afin qu'il vienne les rejoindre en Flandres et s'installer fromager, nenni, nenni...Voilà que la nouvelle anversoise voulait faire du notre moine un potier...UN POTIER!! rendez-vous compte...Le moine la foudroya du regard tandis qu'elle lui demandait quand il reverrait le hollandais...

Mais qu'est-ce que le moine en avait à faire du hollandais, il n'avait pas voulu se taper sa blonde à l'instant, tant pis pour lui...

Le frère toque excédé répondit à Eulaly:


Potier? potier? Est-che que j'ai une gueule de potier?

C'est alors qu'un éclair traversa la caboche du moine, aussi vite, il surenchérit:

Khalidia, ch'est l'bourgmechtre non? ben l'est bien beau chon nib'art mais chi j'veux résider au chein d'tournai... les pots ch'est pas ma tache d'tisane, Vous n'connaîtriez perchonne à Poitiers plutôt hein?

Le moine avait des fourmis dans les jambes et vu qu'Eulaly paraissait perdue dans ses pensées, il se releva en bougonnant et commença à rassembler toutes ses affaires pour repartir...
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Eulaly_de_baylaucq
Quel drôle de personnage... Ils n'étaient absolument pas sur la même longueur d'onde apparemment et Eulaly voyait à l'instant s'envoler la torgnole espérée.
Tandis que le regard noir du prêtre la foudroyait, Eulaly le fixa un instant héberluée. Puis lorsqu'il employa ce ton agacé et ramassa ses affaires, elle se renfrogna carrément.


Parce qu'y a une tête pour être potier ?!
J'vous demande de me dire quand on peut livrer la blonde, vous me causez frometon. Quand je dis que fromager c'est pas la panacée et que j'vous propose d'autres alternatives, vous vous emportez.
Ah faire la gueule çà !
Cà c'est votre truc !
Marmonner, pester... pfff !
Et puis vous allez où comme çà hein ? A Poitiers ?


Eulaly croisa les bras fâchée. Robe cramée, pas de défoulement et en plus, v'là qu'il prenait la mouche pour n'imp.
Complètement à la masse le curé !


Ben moi j'vais m'coucher, çà vaudra mieux que de vous traiter de pyromane !

Et elle lui montra alors le trou dans son jupon.

Vous êtes... vous êtes... impossible !!!
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Simeon.got
La réaction d'Eulaly ne se fit pas attendre, ce n'était pas le genre de femme à s'en laisser conter, elle secoua donc le moine comme un prunier, au sens figuré vous l'aurez compris, en s'exprimant dans son langage le moins fleuri préférant ainsi directement envoyer les pots avec les mots....

Après s'être défoulée sur le pauvre frère Toque, Eulaly comptait bien le planter là en allant se coucher mais c'était sans compter sur son dernier coup d'estoc, le moine fut traité de bouteur de feu, elle alla même jusqu'à lui montrer son jupon...Le moine était prêt à vociférer mais il fut pris d'une envie subite, voir Eulaly relevant son jupon dans cet état de colère l'excita, si bien que son guilleri se mit au garde-à-vous...c'est qu' il lui aurait bien sauté dessus à la furie, d'autant que Vints s'attardait à les rejoindre...

Bien vite le moine se raisonna et pour faire descendre la pression, il s'imagina accommoder des cucurbitacées aux petits oignons avec un peu de graisse de porc pour les faire suer et faire ressortir tous les sucs et les saveurs....Heureusement, ce fut à la bouche qu'il en eut l'eau...ouf...Mais bon, il ne pouvait pas rester là à se faire maltraiter non plus, alors il finit par riposter:


Ch'est cha, allez dormir cha vous calm'ra vos ardeurs, moi j'vais m'plonger dans un manuel d'navigachion, puichque j'peux pas compter chur vous faudra bien qu'j'aille moi-même à Poitiers, y du chel là M'dame, ben oui y z'ont des mines en Poitou!

Et le moine se saisit de son ouvrage ainsi ça lui éviterait d'avoir les pensées lubriques que lui inspirait Eulaly...
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Eulaly_de_baylaucq
Grrr ! Mais Grrr quoi !
Eulaly regardait le moine en fulminant mais n'en rajouta pas. Elle jeta son pique en bois dans le feu et se leva prestement.


Bonne nuit Frère Toque !

Elle rejoignit son promis qui sut la calmer à sa manière, elle étouffa les gémissements comme elle put, par respect pour le moine, puis s'endormit apaisée jusqu'au lendemain matin.
La suite du voyage n'eût rien de si particulier qu'il faille en parler. Ils arrivèrent à Heudsen et trouvèrent Gérault. Mais Vints dût rester une journée encore et c'est donc seule avec le moine qu'elle fit le voyage du retour jusqu'à Anvers.
Elle ne pouvait le laisser rentrer seul. Un moine... Il aurait beau prier, le Très-Haut ne viendrait pas trucider ses ennemis.
Vints lui saurait se défendre, la suite le confirmera d'ailleurs.
Ils ne s'étaient pas vraiment reparlé depuis le soir de l'accrochage mais Eulaly était bavarde et il était difficile pour elle de se taire plus longtemps. Et puis... ils étaient tous deux fatigués ce soir là... et rien de grave ne s'était réellement passé... Pourquoi s'étaient-ils disputés au fait ? Elle n'en savait même plus rien.
Aussi entama t'elle une nouvelle conversation, les yeux sur la route en tenant les rênes de sa charrette :


C'est sérieux ? Vous voulez vraiment aller jusqu'à Poitiers ?
Un moine tout seul... bardé de sel, si rare... Vous ne rentrerez pas. On vous laissera inanimé au bord d'un champ. Si vous avez de la chance, on vous laissera la vie.
Si c'est vraiment votre projet, il vous faudra trouver du monde pour vous accompagner. Partir seul, c'est de l'inconscience.


Eulaly n'avait elle absolument aucune conscience d'éveiller chez le moine quelque désir charnel. Dans sa tête, moine et eunuque c'était kif-kif bourriquot* au détail près qu'un moine pouvait la tenir pour pisser.

*du pareil au même

Edit ortho
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Simeon.got
Sitôt dit, sitôt fait, Eulaly alla se coucher, quant au moine il ruminait sa situation peu enviable, pourquoi fallait-il toujours qu'on le contrariât? C'est alors que dans le lointain, le moine entendit Cyrellix aboyer, il se tourmenta:

Foutu Danois, on'le voit pas pendant des heures et voilà qu'y va réveiller tout l'monde mais qu'est-che qu'il a cré nom?

Le moine referma son manuel d'un geste rageur et alla à la rencontre du grand chien bleu, tout en avançant dans l'obscurité il eut l'impression que quelqu'un gémissait, il crut d'abord que c'était Cyrellix mais que nenni, pour sûr c'était Eulaly qui se faisait arranger par Vints et ça le fit persifler de frustration:

Ben oui cha ch'est chûr qu'elle va les calmer ches ardeurs!

Le moine tourna les talons et fit marche arrière en grognonnant, tandis que Cyrellix vînt le rejoindre...

Le moine lui caressa la tête en lui disant:


Rien n't'échappe toi hein?

Le lendemain, lorsque les compères arrivèrent à Heusden, le moine fut ébahi de constater combien la vie était bon marché par rapport au Comté des Flandres et même à l'Artois, une aubaine qu'il ne comptait pas laisser passer.

Le frère Toque fit donc quelques provisions non sans avoir reçu l'autorisation de la Bourgmestre au préalable, son ermite d'écrivain avait bien fait de lui préparer quelques parchemins en flamand qu'il pouvait utiliser dés que c'était nécessaire...une vraie mère poule celui-là...

Et puis ce fut le départ sans Vints, il avait à faire à Heusden, le moine avait bien essayé d'en savoir plus mais Eulaly était plutôt restée discrète à ce sujet. Du coup, il n'avait plus rien demandé, plus un mot n'était sorti de la bouche du frère toque, il faisait indiscutablement la trogne et se disait que si ça avait été un homme et non une faible femme, il ne l'aurait pas accompagné...

Soudain, Eulaly tenta une approche, sans doute une façon de briser la glace, le moine ne comptait pas lui répondre mais voilà que la blonde s'intéressait à son sel et au voyage en Poitou, avait-elle mauvaise conscience? Pour sûr si le moine voulait se faire plaindre, c'était le meilleur moment, au fond, le destin ne lui faisait pas de cadeau, pour une fois qu'une femme comme Eulaly s'intéressait à lui...Le frère Toque prit son ton dit de "caliméro" pour répliquer à Eulaly:



Ben oui j'veux aller à Poitiers, j'ai pas l'choix ch'j'veux du chel, che chont les mines les plus proches, et oui j'vais richquer ma peau parch que tout l'monde ch'moque d'mon rêve de dev'nir fromager, ch'est pas juchte, pour une fois qu'j'en ai un d'rêve, alors faudra bien qu'je parte cheul t je mourrai p'têtre pour du chel!



Et le moine haussa les épaules toute en regardant Eulaly du coin de l'oeil pour voir s'il l'avait attendrie...

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Eulaly_de_baylaucq
Comment différencier un rêve d'une lubie ?
Si frère Toque était réellement prêt à risquer sa peau pour aller chercher le sel qui lui permettrait de devenir fromager, pour sûr ce n'était pas un caprice. A moins qu'il ne fasse partie de ces gens qui fonçaient droit dans le mur juste par entêtement ou à moins que... il ne soit carrément en train de manipuler Eulaly en titillant sa conscience de port... genre il voudrait qu'elle l'accompagne... Hum...

Eulaly tourna vers le moine un regard suspicieux puis, finalement agacée lui répondit :


Ouais d'accord... Vous allez jusqu'à Poitiers tout seul, comme vous êtes moine et que le Très-Haut vous garde, vous revenez indemne les bras chargés de sel, vous ouvrez votre fromagerie, vous nagez dans un bonheur crémeux. Et ?

J'vous ai dit qu'il y avait déjà un fromager à Tournai. Vous croyez qu'il vend quinze fromages par jour ? Et l'autre là... le Cédric, il est bien fromager à Arras aussi. Alors même pour l'écouler en Artois...


Et de l'index, elle appuya deux fois sur sa joue gonflée pour émettre un bruit caractéristique d'un flop.

Après, si c'est être fromager pour baigner dans le fromage, moi j'veux bien. Si c'est pour en vivre, je vous dis que c'est une mauvaise idée.
J'vais vous dire... le sel c'est un problème c'est vrai. Mais on a la CFTC en Flandres. Cà peut éventuellement s'arranger sans que vous n'alliez risquer de vous faire égorger. Faut voir. Vous y tenez à ce point à votre fromagerie ?


Elle le fixa un instant puis regarda vers le ciel réfléchissant un peu plus profondément.

Hum... y'a l'export aussi...
C'est plus rentable quand on est poitevin mais... limite... ouais... pourquoi pas...

Eulaly se donnait à l'instant l'air d'être calée en économie, de peser le risque pour conseiller au mieux le frère Toque. La vérité c'est qu'elle n'y entendait que dalle et, lasse de cette conversation qui l'emmerdait au possible, elle finit par répondre :

Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve.*
C'est beau hein ?


Ouais... Elle était bien jolie cette phrase et elle donnait à Eulaly l'air de ces grands orateurs grecs. Cette image d'elle lui plaisait beaucoup. Mais au final, elle avait conseillé quoi au frère Toque ? Pas sûr que le pauvre moine soit plus avancé. Pas plus qu'elle et sa séance de fritage sauce hollandaise ceci dit.

*Antoine de St-Exupéry
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Simeon.got
Les illusions de moine retombèrent aussi rapidement qu’un soufflé ...au fromage…Après qu’Eulaly eût décoché au frère Toque un regard des plus méfiant, elle lui asséna des coups de langue plus meurtrissants les-uns que les autres, elle alla même jusqu’à le comparer à celui par qui sa rupture avec l’Artois était arrivée… Celui, qui à l’instar de la créature le moine préférait ne pas nommer, un modèle de fourberie, plus fayot que lui tu meurs !
D’ailleurs le moine ne savait même pas qu’il était fromager tant cet être lui était indifférent, un comble pour la profession, sauf qu’en parlant de crème, cet olibrius malfaisant savait y faire pour en passer et il semblait bien qu’Eulaly n’avait pas encore pu l’avaler, il lui restait toujours l’aigreur du guinse* en travers de la gorge.

Et la Baylaucq de poursuivre sur sa lancée en étalant sa culture, la génie en herbe conseillère en placement de blé...La stupéfaction du moine atteignit son paroxysme mais foi de Marmiton, Sainte-Boulasse lui en serait témoin, il n’allait pas laisser la mégère lui clouer le bec, elle faisait un plat que le coq comptait bien relever, ce serait le bouquet garni, la cerise sur le gâteau, la note s’annonçait salée !


Mort’couille, quelle paillarde vous faites ma parole ! D’jà qu’j’avais l’guignon mais d’vous connaître ch’est pas une aubaine, j’ai pt’être des ourchins dans les poches mais j’chuis pas chq’on appelle un écumeur d’écus, j’chuis moine Tudieu ! Et j’chais pas ch’que ch’est l’ChéFTché dans les Flandres mais tout ch’que j’chais ch’est qu’pour vivre ichi faut pas avoir la bourche molle, Vot’comté ch’est pour les rupins ! Rien qu’pour étudier faut dix écus d’pluch qu’en Artois et j’parle pas du rechte, ch’est chûr qu’ichi j’ferai pas mon beurre, y a un proverbe yiddish qui ch’rait bien à propos ichi !:


Et le moine de parodier Eulaly en ajoutant sur un ton pédant :



« Chertes, un rêve de beignets, ch’est un rêve, et non pas des beignets. » Non mais !


Alors, le moine se renfrogna, il s’isola dans son monde et rumina son ressentiment entre ses dents, il passa donc en revue toutes les femmes qui avaient croisé son chemin, quelque chose nous dit qu’elles ne vont pas s’en tirer à bon compte :


Comment Vints peut la chupporter chette vipère? Ch’est comme ma chrétiennote d’mère, paix à chon âme, elle a fait d’mon gédéon d’père une larve et quand la pie-grièche m’a envoyé chez les moines, moi chon filch unique, ben ch’était pour m’chéparer d’gertrude, gertrude la belle..Dés que le moine pensait à la passion pour Gertrude qui l’avait dévoré, il sentait son cœur se serrer, or, ce n’était pas le moment de rendre les armes face à l’ennemie ah que nenni ! Alors le frère Toque se laissa gagner par la calomnie :…
Gertrude qu’était tout d’même d’quinze années mon ainée, qu’était mère de famille et négligée par un mari volage, ben oui fachile d’chéduire le jeunot qu’avait jamais rien vu…l’avait beau m’dire qu’elle n’aimait qu’moi j’aurai jamais la preuve…
Sa diatribe suivante fut réservée à Marie-Thérèse, appelée narquoisement par le moine Marie-Sainte-Thérèse ou « MST »…Ch’est comme l’autr'nonne, elle a la coquille qui lui chauffe mais fait cha chainte-nitouche quand j’veux la dérober et lui faire voir ch’que ch’est qu’atteindre l’chptième chiel d’chon vivant, elle veut qu’je m’comporte en étalon mais elle fait cha tête de mule quand j’chuis prêt à l’entreprendre, elle chait faire que becnauder, quant faut pacher à l’action y a plus perchonne !

Passer de MST à l’abbesse d’Avranches n’était pas aisé, le moine ne sut comment aborder la religieuse, ça avait été son plus grand échec, jamais il n’avait osé lui avouer ses sentiments qui étaient nés au fur et à mesure de leurs rencontres et par la force des choses, à présent, elle était devenue sa sœur de cœur et on ne peut pas être épris de sa sœur…Cependant, s’il cherchait bien il trouverait certainement des griefs à exprimer…Quand soudain, au loin, il reconnut le hollandais, son messager impromptu qui s’avançait vers eux…le moine qui n’était pas totalement soulagé tourna néanmoins la tête vers Eulaly et il lui spécifia :

Ben ch’est lui, le hollandais, faudra qu’vous vous arrêtiez, j’lui ai promis une blonde, on va mettre l’fût en perche et il n’aura qu’à ch’désaltérer à cha guise, j’vais lui laicher l’champ libre, ainchi y ch’ra dédommagé pour cha courche !

Le messager arriva à leur niveau et tout en dévorant Eulaly d’un œil pervers, il vitupéra :


Je hebt me de monnik lopen, maar ik zei toch dat ik je zou vinden, om mij de blonde nu en ik deel het niet, deze keer niet, dan kunt u gewoon kijken hoe ik me feest als je god laat u **!


Le hollandais partit dans un rire sardonique, il descendit de son cheval et s’approcha de la carriole du côté d’Eulaly qu’il attrapa par la chevelure, il lui susurra ensuite à l’oreille :

Kom mijn liefste, zult u mijn stok proeven voor, achter, en ik weet zeker dat je nog steeds zal vragen***!


Le frère toque comprit sa méprise, l’échange de bon procédé était la blonde Eulaly et non la bière blonde contre la remise du message, le pauvre moine resta là paralysé d’effroi, il était plutôt du genre couard, il n’eût d’autre idée que de prier sainte-Boulasse pour protéger la blonde, pourvu qu’elle au moins comprenne la nuance pensa-t-il…Le religieux était désarmé face à cette vermine, quand tout à coup un nom lui traversa l’esprit et il se mit à le hurler en s’égosillant:



CHYRELLLIIIXXXXXXXXXXXXXXX, CHYRELLLIIIXXXXXXXXXXXXXXXXXX…




*Guinse: Babeurre en ch'ti

**Tu m'as fait courir le moine mais je t'avais dit que je te retrouverais, à moi la blonde maintenant et je ne la partage pas, pas cette fois, tu peux juste me regarder m'en repaître si ton dieu te le permet!

***Viens ma belle, tu vas goûter de mon gourdin par devant, par derrière et je suis certain que tu en demanderas encore!


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Eulaly_de_baylaucq
Rhâ mais p'tin !!! Eulaly impossible ?! C'est le moine qu'était impossible ! Elle, c'qu'elle disait c'était pour son bien non mais !
Et tandis qu'il pestait encore et encore dans sa barbe, Eulaly se renfrogna cette fois tout à fait et l'imita à la différence près que c'est le moine seul qui fut l'objet de sa méchante bougonnerie. Vraiment ! Il ne faisait aucun effort pour que sa compagnie fut agréable ! Et v'là qu'il critiquait même les Flandres ! Et les flamands ! Des rupins ! Rupin toi même !
Ah mais parce qu'en plus il la caricature !
Eulaly le fusilla d'un regard noir.
Décidément, il semblait que ces deux-là ne s'entendraient jamais. Et faudrait encore le supporter jusqu'à Anvers !
A cette idée, la mauvaise humeur de la blonde redoubla. Elle ne lui décrocherait plus un mot. Voilà !
Colère, elle fit un mouvement des rênes pour accélérer la cadence des chevaux.

Mais le trot ne dura qu'un court instant car frère Toque reprit la parole en pointant un homme qui arrivait vers eux et le présenta comme le fameux hollandais.
Il allait prendre celui-là ! Le double de prévu !
Enfin... parfois c'qui est prévu ne se passe pas comme prévu... c'est ballot mais c'est ainsi.

Eulaly voulait se la jouer, elle avait haussé un sourcil et esquissé un sourire sadique au regard lubrique de l'étranger qui nullement impressionné l'empoigna soudain violemment par la tignasse. D'un geste brusque, il la força à descendre de la charrette. Surprise, elle perdit l'équilibre en touchant le sol mais ne put tomber, retenue qu'elle était par la force de son emprise.

La tête tirée en arrière, accusant la douleur, Eulaly regardait stupéfaite l'homme qui promettait de lui faire profiter de son gourdin à toutes les sauces. Le regard n'était plus si arrogant, l'homme était plus fort qu'elle ne l'avait imaginé, plus rapide aussi et elle se rendit soudain compte, avec horreur, qu'elle ne sortirait peut-être pas victorieuse de cette histoire, que toute FSF qu'elle était, elle restait une femme, bien moins forte qu'un homme de cette carrure.
Elle tenta de se débattre, d'attraper son épée, de lui filer quelques coups mais il la faucha du pied pour la faire tomber au sol et profita de cette nouvelle attaque éclair pour se placer à califourchon sur son ventre, lâcha ses cheveux pour attraper et tenir ses poignets d'une main puissante au-dessus de sa tête de telle façon que la seule chose qu'elle puisse encore faire était d'agiter les jambes.

La jeune femme remonta plusieurs fois ses genoux pour lui donner des coups dans le dos. Le hollandais lui administra alors une claque magistrale qui faillit bien lui décrocher la tête. Il se pencha sur elle et lécha son cou sur toute sa longueur. Un frisson de dégoût la parcourut. Quand Eulaly hurla, prise vraiment de panique cette fois, il enfourna profondément sa langue dégoûtante dans la bouche ouverte et arracha violemment le corsage mettant à nu la poitrine blanche.

Eulaly se démenait comme elle pouvait pour tenter s'évader, elle essaya de glisser sur le côté mais il était lourd et la tenait bien. Elle ne vit pas le moine qui priait et pour cause, elle était un peu affairée...
Mais elle l'entendit crier le nom du grand danois bleu et un espoir naquit alors dans son esprit alors que la main de son agresseur quittait ses seins pour déjà retrousser ses jupons. La langue intruse quitta sa bouche pour aller mordre les tétons nus. Elle cria alors comme jamais, se débattant toujours aussi vainement. Et le hollandais, bavant, s'excitant sur elle, lui dit dans un sourire obscène :


Ah houdt u deze bitch! Nog steeds schreeuwt dat ik écht fantastisch vind ! Het is niet uw monnik die zal besparen.*

*Ah t'aime çà salope ! Crie encore ça m'excite ! C'est pas ton moine qui va te sauver.

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Cyrellix_le_danois





L'arme fatale, le retour...


Votre conteur et serviteur a cette capacité, pour ne pas dire cet avantage, non pas de traduire les aboiements du drôle de Danois mais bien de supputer les pensées qu’il serait susceptible d’avoir dans une telle situation et même dans bien d’autres, déjà parce qu’il est un adage qui dit « Tel maître, tel chien » et qu’au fond faire preuve d’imagination ça ne mange pas pain…En route donc pour l’aventure intérieure …

Le grand danois bleu était occupé à fouiner dans la foufoune d'une chique chienne qui répondait au doux nom de Ruby quand il entendit des hurlements, c'était la voix de son maître, celle du moine tastévinégasque, celui que le clébard avait élu et nous ne pouvons dans l’état actuel des choses pas interpréter ce choix mystérieux.

Quant à la façon de réagir du Danois Cyrellix, elle restera également une grande inconnue…

Mais pourquoi brame-t-il comme ça le maître-queux?

le molosse dressa néanmoins les oreilles pour mieux capter l’intonation des cris proférés, ça ne semblait pas être un rappel à l'ordre, l’octave était aigüe, le ton de fausset qu’avait pris le moine replet laissait à supposer qu’il était affolé…

Pour ne pas faillir à sa réputation, tout chien doit se comporter en fidèle compagnon, c’est sa mission première de protéger son maître. Le dogue n’y dérogeait pas et lorsqu’il s’élança à la rescousse du frère Toque, les paysans furent si surpris par sa vitesse de réaction qu’ils crurent voir passer une flèche bleue…quel fuselage !...

Tandis que Sa Majesté le Grand Danois filait vers le lieu du méfait, il se livrait à quelques reproches en son for intérieur:

Ok d’acc quand il faut y aller, il faut y aller ! C’est vrai que si l’on en croit le livre I, la Création, chapitre VIII: La décision
Dieu a dit:


Citation:

« Comme vous serez dorénavant soumis à l’humain, de par votre nature strictement matérielle, je vous prive du langage. Vous bêlerez, meuglerez, grognerez, siffloterez, miaulerez ou aboierez jusqu’à la fin des temps! ».


Je l’ai bien souvent entendu répéter ce chapitre par les rabatteurs chez le marquis, lui vous ne le connaissez pas , c’était mon ancien maître, un homme bien mais je n’étais pas un assez bon chasseur, je frayais avec le gibier dit de potence qui n’était pas destiné au gibet mais bien au civet…Avec les laies nous taillions une bavette tranquillement, alors ça mettait la puce à l’oreille des sangliers et le marquis rentrait bredouille…Je n’étais pas fait pour cette vie-là, celle-ci me plaît davantage…

Mais là j’étais sur un bon coup, de ceux que je ne devrais pas laisser passer, une jolie lévrier, diantre, une pépée de toute beauté, jeune, encore une croupe rosée et pure, pas une noble mais une chienne de bonne famille, de bons bourgeois flamands
…le grand danois bleu ne perçut plus les hurlements, il aurait pu abandonner la course et retourner auprès de sa ruby mais son intuition lui disait que ce ne serait pas une option raisonnable, ce silence l’inquiétait et il continua à courir à un rythme soutenu tandis que sa longue langue pendait de côté…

Ruby, Ruby je ne suis pas encore à toi, j’ai un moine à tirer d’un mauvais pas, comme si elle allait m’attendre la femelle, la concurrence est rude, tous les fripons du coin campent sous ses fenêtres…fichtre, j’ai réussi à me faire respecter mais maintenant que j’ai quitté la place, je serai vite remplacé, je suis déçu, il n’y avait plus que deux jours à patienter pour qu’elle soit à point… il en rêvait de cet instant…le corniaud le plus déluré et moi nous avons parié , lui dit qu’elle se laissera monter le treizième jour et moi je prétends que ce sera le quatorzième, que le meilleur gagne !

Cyrellix huma la truffe en l’air, il flairait l’embrouille , il risquerait bien d’arriver comme un chien dans un jeu de quilles..

Tu parles d’un marché, il va lui butiner la fleur quand moi je cueillerai le moine… et il me faudra encore attendre combien de temps avant qu’il y en ait une qui soit en rut, nous ne sommes pas des sauvages, chaque canidé est un chien de saison mais pas des quatre saisons et je ne joue pas du violon parce qu’il est une réalité, nous n’avons pas les mêmes facilités que les humains nous les chiens…quelle misère !!!Seulement quelques jours par an pour astiquer le cuberdon affriolé et bien souvent les « zinneke » débarquent deux mois plus tard mais là nous y gagnons, nous ne prenons pas en charge la nichée…

Enfin, le dogue aperçut la carriole, puissant comme pas un, trois bonds plus tard il avait rejoint le moine qui était assis dans la charrette, courageux mais pas téméraire le marmiton, il s’était caché les yeux à l’aide de ses mains et psalmodiait des pseudo prières en ânonnant le nom des tous les saints qui lui passaient par l'esprit, saint-éthic, saint-dycat, Saint-cope, saint-doux, saint-glin-glin…

Ce n’est pas Dieu possible ? Me faire quitter la pierre précieuse pour ça ? il mériterait que je lui morde les valseuses cet animal!

Le grand danois lui trouvât tout de même mauvaise mine au moine, il était exsangue et puis où était la blonde pulpeuse qui l’accompagnait, celle que le mâtin verrait bien en chienne avec les mêmes lunaisons que les humaines ? En parlant de lunaison, les yeux du dogue se posèrent sur la lune en plein jour, un fessier d’homme bien au clair qui n’arrêtait pas de gigoter…Tous les sens du chien se mirent alors en alerte, il entendit la femme gémir et le moine qui avait fini par sortir de sa stupeur, lui ordonna :

Attaque le hollandais Chyrellix, mords-lui l’chéant, ch’est un vilain, une ignominie vivante !

Il n’en fallut pas plus pour que les yeux du danois virent au rouge, il se jeta sur le malfaisant et lui enfonça les crocs dans le gras du cul avant de le tirer de toutes ses forces sans le lâcher, et ça grognait sec GRRRRRRRRR GRRAAAAAAAA GRUEUUUHHHHH…...

Le moine, quant à lui, avait retrouvé de la couleur, il encourageait son champion avec vigueur:

Vas-y l'moloche, émachcule-le, bouffe-lui les coilles, cré nom d'une couque helvète!


Zinneke: chien bâtard en bruxellois
cuberdon: friandise traditionnelle en Belgique
























Eulaly_de_baylaucq
Mais que faisait Cyrellix ?
Le hollandais s'empressait lui !

Kaël l'avait dit le jour de son recrutement chez les FSF : çà pourrait lui arriver... Mais Eulaly avait une confiance en elle hors du commun et elle n'imaginait pas un instant qu'il pût avoir raison.
Etait-elle comme toutes ces faibles femmes qui le panier au bras faisaient tranquillement leur marché tous les matins, préparaient gentiment des tartes pour leur famille, lavaient leur linge en papotant gaiement au lavoir ? Non sûrement pas.
Elle était une guerrière. Une chef guerrière. Une maîtresse d'armes FSF.
Et elle couperait les couilles à qui voudrait abuser d'elle sans même attendre qu'il descende son froc.
Elle avait grandement sous-estimé la dangerosité que pourrait avoir un homme déterminé à le faire.

Malgré tous ses efforts pour l'en empêcher, il était entré, oeuvrait sur elle en râlant, et la jeune femme, vaincue, avait cessé de se débattre, cessé de crier et n'attendait plus maintenant que çà se termine, le visage meurtri par ses coups, mouillé de ses larmes, gémissante, l'âme et le corps blessés.

Quand soudain ! Une tornade bleue ! Un hurlement d'homme ! De l'homme qui était sur elle et qui de douleur la quittait pour se défendre du grand danois.
Alors, elle se retourna vivement, à quatre pattes, en état de choc, elle s'enfuit et ce faisant trouva sur son chemin à quelques mètres une grosse pierre. Elle s'assit, haletante, tenant fort dans ses mains l"arme que la nature mettait à sa disposition le temps que le chien devenu fou, ne dévore l'homme jusqu'à ce qu'il en perde connaissance. Elle regardait la scène, comme hors d'elle-même, ne pouvant réaliser que çà venait de lui arriver. Tout ce sang... tout ce sang... sur l'homme, sur le chien, sur le sol, sur ses cuisses...
Alors, prise d'une soudaine démence, elle se releva et courut vers l'homme gisant pour abattre violemment la pierre sur son visage. Et, tandis que le brave canidé mordait et mordait encore, le goût du sang ayant sans doute aiguisé l'instinct sauvage qu'il y avait en toute bête, excité encore par les encouragements de son maître, elle s'acharna sur le corps qui venait de la violer, relevant et rabattant plusieurs fois la pierre avec une rage incommensurable.

L'homme devait être mort depuis déjà plusieurs minutes lorsqu'à bout de souffle, elle se laissa tomber sur les fesses, dans une marre rouge et visqueuse. Cyrellix cessa lui aussi et grognant encore un peu, se mit sur son séant, la gueule écarlate avant de s'en aller rejoindre le frère Toque la queue remuante, fier de lui.

Eulaly se recroquevilla alors, cachant ainsi la nudité que laissait voir les lambeaux de ses vêtements et leva un regard perdu vers le moine un peu plus loin.

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Simeon.got
La scène qui se déroulait sous les yeux du frère toque n'était pas moins cruelle que ce que le hollandais avait fait subir à Eulaly et après s'être enfoui les yeux sous les mains pendant que le hollandais esforçait la blonde, cette fois, le moine ne détourna pas le regard, par contre, il se boucha les oreilles pour ne pas entendre les cris du hollandais dont l'arrière-train était mis en charpie par Cyrellix...Il va sans dire que ce n'était que justice, de la légitime défense, n'est-ce pas ? Et le grand danois n'était que l'instrument du moine qui n'avait pas eu le cran d'intervenir personnellement tant la situation l'avait pétrifié de frayeur, quel pleutre ! ...Diraient certains...

Certes, le religieux ne s'était pas comporté avec bravoure, ce n'était pas une de ses qualités, or, quand il comprit qu'Eulaly allait s'associer au Danois pour à son tour s'acharner sur son agresseur à coups de pierre, il ne tenta pas de la dissuader, et ce, malgré qu'il prit de suite conscience qu'ils allaient au devant de sérieux problèmes si d'aventure on découvrait leur crime car il ne faisait aucun doute que l'homme qui avait agressé la jeune femme allait passer de vie à trépas.... L'horreur allait atteindre son paroxysme!...

Le cauchemar avait pris fin, si je puis dire, et le moine restait immobile à fixer ce qui pourrait s'assimiler à un champ après la bataille, du sang partout, un cadavre, un chien dont la gueule était rouge et truffée de morceaux de chair et une blonde recroquevillée sur elle-même et méconnaissable.... Le frère Toque ne put s'empêcher de formuler :
Pas Pochible j'vais m'réveiller, chi chi j'vous jure, j'vais m'réveiller! Quand soudain, il sentit une goutte lui couler le long de la joue droite, il l'essuya, puis, une autre suivit, celle-là aussi il l'essuya en se demandant s'il était en train de pleurer, une troisième s'écoula à nouveau et puis il lui sembla que c'était tout un seau qui lui tombait sur la tronche...

C'est à ce moment-là qu'il ouvrit grand ses mirettes, le ciel s'était obscurci, l'orage grondait et il pleuvait à verse, le moine s'exclama:
Cré nom d'une courge! ches chamailleries m'ont chi fatigué qu' j'm'étais achoupi... ...Il fallut tout de même quelques instants au frère Toque pour recoller à la réalité mais il se trouvait bien dans la carriole avec Eulaly à côté de lui qui tenait les brides tandis que Berthe et Honorine bravaient le déluge... Sitôt totalement conscient, le moine grogna d'emblée sur la blonde :

M'enfin, z'allez vous arrêter oui ou non ? On va ch'faire foudroyer, z'êtes folle ou quoi ? Le frère Toque n'attendit pas qu'elle réponde, il se saisit des brides, tira fermement dessus pour que les mules s'arrêtent et quand la carriole fut immobilisée, il sauta par terre et tira Eulaly, qui était transie de froid, vers lui ... Il la fit descendre dans le bas côté, attrapa deux sacs en jute, il en donna un à Eulaly et se couvrit la tête avec le second...c'était une protection de fortune mais il était plus prudent d'attendre que la pluie d'orage ne passe...

A peine furent-ils accroupis dans le talus qu'un cavalier passa à leur niveau sans s'arrêter, le visage du moine dodu blêmit parce qu'il l'avait reconnu..
.Le Hollandais pardi !...le moine espérait que ni Eulaly, ni le messager ne l'avait entendu et sans faire de manière, pour une fois, il entoura Eulaly de ses bras grassouillets en lui intimant : V'nez ichi et calez-vous contr'moi cré nom d'un poireau ! Oui bon on ne peut pas demander au frère Toque d'être délicat à ce point non plus hein ? Le moine ne raconterait sans doute jamais à personne le cauchemar qu'il avait fait mais tant qu'à faire, il pria intérieurement pour que le hollandais ne revienne pas sur ses pas...
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