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Tout se paye...

[RP] "Notre vengeance sera le pardon"*

Samsa
Suite du RP ayant eut lieu aux aRPenteurs "Je préfère régner en Enfers que de servir le Ciel"


[Bien longtemps après le crime...]

Le soleil éclatant de Guyenne dardait encore la capitale de ses rayons mais le crépuscule approchant apportait sa fraîcheur qui ne pouvait être que la bienvenue. La chaleur avait assommé les bordelais, pour la plupart restés chez eux, n'ayant pas même l'envie de venir se déplacer jusqu'aux tavernes pour boire une choppe. Ça les aurait sûrement bien détendu pourtant ! Mais non. Tout reste calme et les rares clients ont perdu leur langue, à la fois desséchée par la chaleur et la fatigue et empattée par l'alcool venant soudainement glisser dans les sillons, titillant les papilles et coulant dans le gosier comme du bon vin. C'était le cas de le dire, ou presque.
Sam soupira doucement et rangea les choppes une fois lavées. Elle était devenue, depuis peu, tavernière de la taverne que sa compagne et fiancée, Vawen, avait ouverte: Lacum Cerberus. L'Antre de Cerbère. Cerbère, c'était elle bien sûr. Sam n'avait pas tellement changée en réalité. La même jeune femme aux cheveux plus roux que bruns, légèrement ondulés et descendant aux omoplates. La même guerrière portant cottes de maille et tabard brodé à ses armes -sans aucune valeur officielle ceci dit-. La même étrangeté humaine, quoique son côté bipolaire se soit effacé presque au point de disparaître. Ses yeux noirs constamment habités d'une flammèche brillaient dorénavant de joie. Eux qui avaient jadis brûler de haine, ils avaient été ce qui avait le plus changé chez la Bordelaise.
Voilà un sacré bail que Sam avait apaisé la haine qui la rongeait. Elle ne savait plus combien de temps. Dans un état second cette nuit-là, elle en avait oublié quelle date c'était. Il était alors, à partir de là, difficile de se repérer. Sam se souvenait pourtant parfaitement de cette nuit. Une succession de flash, de paroles. Ses pensées étaient moins évidentes; qu'avait-elle pensé lorsque la nonne lui avait répondu ceci ? Sam ne savait plus et en connaissait la raison; elle n'avait pas été elle-même, tombant dans un état second gouverné par la colère, la haine et le chagrin. Une blessure infectée qui avait explosée autant qu'implosée. Les dégâts avaient été irréversibles pour Laurelle, la nonne. La Bordelaise pensait parfois à elle... Souvent même... Un secret avec lequel elle devrait vivre désormais, ayant conclu que le révéler constituerait en soi la pire souffrance qu'elle pourrait occasionner. Abaisser le masque noir pour découvrir la vérité, la facette que personne n'aurait soupçonné: Sam était une criminelle. Elle avait ruminer sa haine, s'était infiltrée dans le couvent. Elle avait attiré la nonne -une nonne- dans un guet-apens et l'avait torturé longtemps durant avant de l'égorger sauvagement, précisément, la laissant se vider de son sang, la laissant étouffer dedans. Elle regrettait parfois son geste, tentée par la pitié... Mais elle savait que si elle partait dans cette optique, elle n'avancerait pas. Elle avait prit une vie. Elle ne la rendrait pas. Son acte était irréparable. Alors mieux valait-il être sûre de sa voie. Surtout depuis que Sam avait rencontré Maria, une nonne qu'elle appréciait profondément. La Bordelaise n'avait pu que constater comme la femme avait balayé ses cruels ressentis, sa colère dévastatrice. Elle n'avait rien pu faire en retour, elle n'avait pas pu la mépriser, la haïr, tout ce qu'elle faisait immédiatement après avoir apprit la nature des ecclésiastiques. Elle avait échoué sur ce coup-là. Elle en avait été jusqu'à consoler la nonne, lui rendre tout ce qu'elle lui avait donné, à s'accroupir devant elle pour se mettre plus bas qu'elle, tenter de la réconforter. Se mettre plus bas qu'elle. Un acte que l'orgueil de la jeune femme ne lui permettait jamais, lui interdisait, lui faisait paraître inconcevable. Surtout devant une nonne. Elles avaient souvent parler de leurs différences de foi. La Bordelaise ne lui avait pas avoué ses actes, non, jamais... Mais elle avait laissé sous-entendre en lui avouant qu'elle avait fait des choses terribles. La nonne Maria avait-elle comprit ? Pas même Vawen, sa chère et tendre, ne savait. Ni sa soeur -encore moins sa soeur !- ou ses moitiés -se référencer à l'avis concernant la soeur-. Personne ne savait.

Sam ferma la porte de la taverne derrière elle et commença à marcher au dehors. Ses solides bottes de cuir martelaient le pavé d'un air régulier, ce bruit typique se mêlant à celui de la cotte maille sous son tabard en damier noir et bleu, ses armes brodées au centre. Un blason auquel Sam tenait dur comme fer. Elle disait qu'il la représentait parfaitement pour qui savait le lire: le noir était le miroir de son âme, exprimant tristesse, deuil, colère, noirceur. Le Cerbère était son emblème, son surnom, et la couleur blanche montrait que le Cerbère avait bon fond. La bordure componée de blanc et bleu renvoyait l'image d'une personne voulant bien faire, loyale. Tout était dit: Sam avait l'âme noire, devrait vivre avec, mais elle était quelqu'un de bien. Bien sûr qu'elle était quelqu'un de bien... Elle était loyale, gentille, protectrice, téméraire ! Toujours là pour son prochain, elle vivait avec sa part d'ombre. Attitude ambiguë de celle qui en est désolée et qui en est fière. Toujours fière, sans cesse. Ce ressentis la perdrait, elle le savait. Elle l'avait toujours su.
Son épée battait son flanc gauche et une petite dague pendait à son côté droit. Gardant le menton relevé, détentrice d'une fierté sûrement trop aiguisée, il fallait avouer que Sam en jetait. Sa démarche était sûre, assurée, l'oeil était vif pour l'un, dissuadant pour l'autre. Elle avançait dans les rues, pensant à ses filles, ses Rouquines, à la maison. Vawen était avec elles, elle devait les coucher à l'instant. Sam sourit doucement dans l'ombre, reconnaissant en chacune d'elle une de ses facettes, si différentes, mais le lien qui les unissait était puissant, doublé du lien habituel des jumeaux. Cerbère le voyait bien. Elle veillait. Nolwenn, l'aînée, était en passe d'être une personnalité ténébreuse, discrète. A l'inverse, Gwenn, la seconde, penchait du côté foufou et insouciant de la vie. Les deux jumelles avaient bien sûr des points communs et Sam comprenait alors qu'elles avaient de l'avenir devant elles. Ses héritières.
Elle tourna à gauche pour quitter les quartiers peuplés et concentrés. Au revoir mairie, tavernes, marché, poste, palais, lavoir, fort, basilique, église... Les quartiers calmes lui ouvraient ses rues, l'ombre l'aspirait avec délice et Sam retrouvait, pour un temps, son côté sombre, la flamme de ses yeux dansant doucement, le regard étincelant. Un sourire étrange survola ses lèvres et les ténèbres se refermèrent sur elle...


*=Tomas Borge

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Paul.honnaie
« Que les deux glaives des fidèles soient levés sur la tête des ennemis pour détruire quiconque s’élève contre la foi de Dieu, c’est-à-dire celle des aristotéliciens […] »
Le Livre des Vertus

Enfin je t’ai retrouvé, fille du démon…

Non loin de la taverne où se trouvait Sam, un homme attendait. Cet homme, c’était Paul, un aristotélicien doublé d’un fanatique. Un fou dangereux, en somme.
Cela faisait plusieurs mois qu’il était sur les traces de la jeune femme. Depuis l’assassinat d’une bonne sœur, pour être plus précis. Une religieuse pour qui il avait un profond respect et une très haute estime. Et il ne pouvait pas laisser cet abominable crime impuni. Puisque personne ne s’en était occupé, puisque l’Eglise n’avait pas ouvert d’enquête, il s’était décidé à agir seul et à faire justice lui-même. Et c’était ce soir qu’il passerait à l’acte.


Tu vas regretter ton ignominie, catin !

Paul n’avait pas eu besoin de tant chercher que cela. Des hérétiques, à Bordeaux, il n’y en avait pas des masses. Cela innocentait déjà une bonne partie de la population bordelaise. Ensuite, des hérétiques qui vouaient une haine sans borne aux religieuses, au point de les torturer et de les tuer, il y en avait très peu dans la capitale. Et pour finir, des hérétiques qui savaient imiter le bruit de l’âne à la perfection, il n’y en avait qu’une. Une seule et unique : Samsa. A partir de là, il l’avait suivie pour connaître ses habitudes, l’heure à laquelle elle venait à l’auberge, celle à laquelle elle partait, si elle était seule, etc., etc.
Le jeune homme avait d’abord pensé à lui enlever l’une de ses deux filles. Cela lui aurait fait atrocement mal et l’aurait hantée jusqu’à la fin de ses jours. Puis il avait voulu éliminer celle dont Sam semblait amoureuse. En plus, ce genre d’amour contre-nature devait être puni. Il aurait fait d’une pierre deux coups et finalement, il décida qu’il serait mieux de s’en prendre à elle. Il lui ferait regretter d’être venu au monde. Il lui ferait regretter son geste. Et il lui ferait regretter tout un tas d’autres trucs.

Le jeune homme était tapi dans l’ombre, les yeux rivés sur la porte de l’auberge. Il attendait, patiemment. Et enfin elle sortit. Un mauvais rictus vint fendre ses lèvres lorsqu’il aperçut la jeune femme.


Enfin te voilà… Nous allons jouer un peu toi et moi…

Et voilà… la traque pouvait enfin commencer. Quelques mètres derrière celle que l’on surnommait « Cerbère », Paul. Il la suivait, discrètement, n’attendant que le bon moment pour lui sauter dessus. Lorsqu’elle s’engouffra dans le noir, le fanatique accéléra le pas, la rattrapa rapidement et passa ses bras autour d’elle. D’un bras, il la maintint fermement contre elle et l’empêcha de hurler en posant son autre main sur sa bouche.
Et s’approchant de son oreille :


Toi et moi, on va jouer un peu…

Un rictus vint fendre ses lèvres tandis qu’il traînait la jeune femme ailleurs… là où ils seraient plus tranquilles.
Samsa.


[Soit sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille,
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns apportant la paix, aux autres le soucis.]*


Les ténèbres l'avaient étreinte avec une douceur malsaine qui faisait frissonner Sam. Retrouver, le temps d'un trajet, un peu de son autre nature. Dans ses yeux dansait une flamme à l'éclat orgueilleux et agressif qui semblait lui servir de phare dans cette obscurité. Cette lumière se réfléchissait sur les murs, indiquait son chemin sans l'ouvrir, mais l'aveuglait également, l'empêchant de ressentir une présence non loin d'elle, présence inopinée dans cet endroit, à cette heure-là. Mais ses bottes martelant le pavé sans pitié et son épée battant son flan la grisait. A la sortie de ce couloir sombre, la Brune ne serait plus la même pour un instant, entrant tavernière guillerette, ressortant guerrière invincible.

Croyance mon ami, croyance.
Car l'éclat qui passe soudainement devant ses yeux alors qu'une force incongrue l'enserre avec plus de fermeté qu'elle ne l'aurait permise, la Bordelaise ne l'avait pas deviné.
Car la main qui se plaque contre sa bouche, l'écrasant, muselière à la gueule de Cerbère, ce n'était pas prévu.

La réaction ne se fait pas attendre. Se débattant avec une rage féroce, Sam tente de se dégager. Mordre, elle essai. Coup de poing, elle essai. Griffer, elle essai. Coup de genoux, elle essai. Coup de bottes, elle essai. Coup de tête, elle essai. Précipiter violemment la masse agressive contre un mur, elle essai. Mais quoi qu'on en dise, une femme reste une femme, et un homme reste un homme. Les femmes deviennent femme avec le temps, et les hommes deviennent homme. Hé quoi, que lui voulait-il de toutes façons ? Sa bourse ? La cambrioler ? Prise d'otage ? Oh bien que Sam soit une personnalité connue, elle ne valait pas grand-chose. Son corps ? Ah didjou, il faudrait en ce cas qu'il la tue pour y avoir accès !
Il lui chuchote quelque chose et Sam se retrouve plongée en arrière dans le temps. Un murmure tel que celui-ci, la Brune l'avait donné. A la nonne. A Laurelle. Mais bien vite elle oublie. Impossible. Personne ne sait, impossible qu'on l'ait trouvé. Non, à vouloir jouer, il veut son corps bien sûr. Sauvagement, Cerbère continue de se débattre, ruant avec force dans les bras brancards. Savait-il sur qui il était tombé, cet insolent ?! Savait-il seulement qui elle était ?! Mais il est des fois où la force de l'esprit n'égale pas celle du corps. La rage et la haine baîllonnées dans un corps enserré, la Bordelaise est traînée "elle-ne-sait-où", avec la conviction que quoiqu'il arrive, elle vaincra ce mécréant qui ose la toucher et lui murmurer ces mots infâmes.


Crèves, sale chien galeux. Je te ferais payer ton insolence pour tes gestes et tes mots. Tu ignores qui je suis, combien de sang j'ai versé, combien d'os j'ai brisé avant cela. Je briserais chacun des tiens et te viderais de ta dernière goutte de sang...

Il était dit que Sam avait un complexe de supériorité dans les moments où elle se sentait agressée. "Pauvre fierté, quand comprendras-tu que le corps est inférieur au mental ? Quand comprendras-tu que l'épée forgée de Damas à l'acier ne vaut rien si la poignée flanche ?"

*=Extrait du poème "Recueillement" des "Fleurs du Mal" de Charle Baudelaire


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Paul.honnaie
Son corps, il n’en voulait pas. Pas plus qu’il ne voulait sa bourse ou une quelconque rançon en échange de sa misérable petite personne. Non, lui, ce qu’il désirait plus que tout, c’était l’exterminer pour qu’elle ne puisse jamais plus nuire. Elle était comme l’un de ces insectes dangereux et qu’il fallait écraser au plus vite. Une créature que l’on devait renvoyer en enfer, là où était sa place. Remarquez, pas sûr qu’une éternité à brûler dans les flammes de l’enfer suffirait à la punir.

Le fanatique eut un rire sardonique. Voir qu’elle ne pouvait le repousser était un brin jouissif. Il jubilait. Et plus elle se débattait, plus il l’enserrait. L’homme la retenait prisonnière. La grande Sam, elle qui fut bourreau, se retrouvait victime. Elle était comme un jouet, abandonné aux mains d’un psychopathe. C’était SON jouet, son cadeau. Un cadeau dont il userait et abuserait à sa convenance. Et là où ils étaient, personne ne pourrait interrompre leur petit jeu.
Un rictus déforma le visage de l’homme aux paroles de Sam.


Qui est-ce qui est insolente maintenant ?

Enserrant toujours le corps frêle de la jeune femme, Paul sortit une lame et la lui mit sur la gorge.

Reste polie, chienne ! Je pourrais t’égorger ! Toi et tes rouquines et ta catin !

Il était très sérieux, cet homme-là. Pour prouver que ce n’était pas des paroles en l’air, il appuya un peu plus sa lame sur la gorge de la pourriture qu’elle était, prêt à lui trancher la jugulaire. Et d’ailleurs, qu’attendait-il pour le faire ? Pourquoi perdre autant de temps en paroles futiles ?

Moins de blabla, plus d’actions ! Lui soufflait son autre lui. Sa veine ressortit sur son front et il se mit à suer, prit d’une envie plus que meurtrière. C’est vrai ça ? Pourquoi lui parler alors qu’il pouvait tout simplement lui trancher la gorge et abandonner son cadavre comme elle avait abandonné celui de la nonne ?

Ou alors, je pourrais te faire ce que tu as fait à la nonne, hein ? Non ? Qu’en dis-tu… Sam ? Susurra-t-il à son oreille, un sourire sadique au coin des lèvres. Puis il descendit l’une de ses mains pour se saisir de la sienne et la serra… la serra… la serra… Les os craquèrent et ce bruit excita Paul au plus haut point.

Le jeu pouvait commencer…
Samsa.


["Chaque douleur est une mémoire."(Eric Fottorino)]

Le rire de l'homme ne lui disait rien qui vaille. Non rien du tout. Sam devina que sa mort serait lente... Terrible... Marionnette dans les mains d'un sadique. "Ah Faucheuse, vieille amie... Te voilà revenue ? Tu es revenue me chercher ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi maintenant que j'ai réussi à reprendre ma vie en main ?". L'abattement la prit un instant. Elle était à sa merci, que faire d'autre ? Oui. Sam était prête à abandonner. Son heure était venue, elle était prête à l'accepter. Nolwenn et Gwenn marchaient à présent, elles avaient Vawen. Elles sauraient mener leur vie, Sam le sentait, le savait. Vawen trouverait bien quelqu'un d'autre. Ses moitiés s'en sortiront bien sans elle, elles surmonteraient. Sa soeur également. Maria prierait pour lui rendre les enfers plus doux. "Adieu, adieu. Que ma mort soit à l'égal de ma vie."
Soudain des paroles. De ces paroles semblables au magma remontant le long de la cheminée du volcan endormi. La flamme reprend vie dans les yeux de Sam, ardente, et l'ombre s'empare de ses iris. Que nenni, que nenni ! Sa vie, elle la mène comme elle veut ! La Mort, elle l'a tant de fois appelé et provoqué, elle peut aller faucher d'ici que la Brune se vende à celle qui l'a toujours rejeté. Elle a retrouvé l'équilibre dans sa vie, l'amour; rien ni personne ne lui enlèvera, pas tant qu'elle n'en aura pas décidé autrement. Pas sans se battre. Quitte à mourir, ce sera en combattant.
Lame d'acier qui se plaque contre sa gorge mais Sam ne rentre pas la tête, refoulant la peur qui lui saisit les entrailles à l’évocation de ses filles et de Vawen. Il n'est pas là pour rien. Elle n'est pas une cible prise au hasard.

Ce n'est pas un hasard.

La pression s'accentue mais Sam ne bronche pas. Il ne la tuera pas. Pas encore du moins. "Je pourrais". Il pourrait. Mais il ne le fera pas. "Amateur..." pensa la Bordelaise, bien plus professionnelle après le temps passé comme tueuse à gage. Alors elle a une chance. Même infime. Patience... Mais le temps lui sera-t-il accordé ? Sam en doute fort quand le murmure parvint à ses oreilles. La surprise, la crainte, vint agrandir ses yeux. Brusque retour en arrière, les flash l'assaillent, forçant Sam a fermer les yeux pour les repousser. Elle se souvenait bien, oui, de toutes les tortures qu'elle lui avait infligé... Elle lui avait brisé chaque doigt, chaque main, chaque jambe, chaque côte... Sauf qu'en l'instant, c'est sa main que l'homme brise, et ce sont ses os qui sont soumis à une torsion trop rude pour résister. Ce sont ses mâchoires qui sont serrées avec la force de la douleur, et lorsque le bruit écœurant se fait entendre, c'est un cri de douleur retenu qui s'échappe dans la ruelle.


Tu viendras crever en Enfers avec moi, sale chien... Pourriture...

Paroles soufflées avant que Sam ne recommence à se débattre dès que la pression sur sa main s'affaiblit. Mais il finit toujours par revenir et faire s'incliner la Bordelaise orgueilleuse dont la haine grimpe en elle. Laurelle avait ses prières pour se protéger et Sam use de son esprit rageux pour tenter de soulager sa douleur.
"Très-Haut, Bâtard ! Comment oses-tu venir me redemander des comptes ?! Tu as commencé, je n'ai fais que rendre justice ! Comment oses-tu me renvoyer la pareil ?! Serais-Tu donc assez fou et ignoble pour que je revienne ?! Crève, et fais-moi crever si ce n'est là que ton intérêt ! Je ferais du Paradis un enfer où les abysses croupissantes seront un paradis."
Attendre. Terrible attente où la souffrance se fait attendre. Pourtant, Sam le sait: tout ne fait que commencer.


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Paul.honnaie
Ah quel tendre bruit que celui des os qui craquent et de la femme qui hurle ! C’était bon ! Le fanatique y prenait goût. Il laissa un instant de répit à sa victime, un rictus venant se dessiner sur le coin de ses lèvres alors qu’elle l’insultait.

Ah oui ? Tu crois ça jeune fille ? Qui de toi ou de moi ira en enfer ? Celui qui sert le très-haut depuis toujours ou celle qui tue les fidèles de Dieu ?

A méditer…

Alors, on continue notre petit jeu, Sam ?

Question qui ne laissait à la jeune femme aucun choix de réponse. Il allait s’amuser. Tout ce qu’il voulait, c’était l’entendre hurler et la voir se tordre de douleur. En parlant de cela, le répit était fini. L’homme s’avança vers sa victime pour lui asséner un coup de pied dans les côtes… puis un autre et encore un autre avant de faire quelques pas en arrière, complètement excité par la violence de la situation. Fou, Paul ? Légèrement, oui ! Amateur ? Pas tant que ça ! Il en avait maté des biens plus coriaces qu’elle. Mais ça, c’était autrefois. Il la laisserait sûrement envie rien que pour le plaisir de revenir à la charge un jour. Il aimait bien voir les gens vivre dans la crainte et leur sauter dessus lorsqu’ils ne s’y attendaient pas. M’enfin ! La Sam, maintenant, elle surveillerait toujours ses arrières alors pour la prendre par surprise une fois encore, ce serait difficile.

Bref. Un nouveau coup de pied. Dans le ventre cette fois-ci, prenant plaisir à voir sa respiration se couper. Oui, elle avait du mal à respirer. Elle devait avoir mal à chaque inspiration. Raaaah que c’était bon ! Il ne s’en lasserait jamais.


T’aimes ça, hein, souffrir ? J’paris que t’en reveux encore, catin !

Ouep, complètement taré…
Samsa.


["La vie est lunatique et se plaît à mener les événements comme une fantaisie, sans rime ni raison." (Roland Dorgelès)]

Il lui laisse un instant de répit, et ce n'est pas de trop pour Sam qui en profite pour rassembler ses forces et son courage, renforcer le blindage de son esprit. On rentre dans la forteresse et on se prépare au siège. Il faut bien se résigner, et même si les chevaux piaffent, que les chevaliers ont l'épée au clair, c'est le massacre obligé à la sortie. Donc... On attend que le Prince Noir veuille bien aller voir chez le voisin quand il aura comprit que la forteresse mentale ne lâchera pas. Bref, la Sam respire un peu.
Il reprend son murmure et Sam éclate d'un rire mauvais et sournois. Ah diantre, il ne perd pas son humour celui-là ! Le fou rire est méchant, le fou rire est bruyant, le fou rire est nerveux. Il attaque l'homme dans ses retranchements tout en redonnant confiance à la Bordelaise.


La véritable question, ordure, est de savoir qui est le plus préoccupé d'aller en Enfers pardi; toi, ou moi ?

Question rhétorique, la réponse est évidente. Sam n'a plus crainte de l'Enfers depuis bien longtemps, et elle serait bien la dernière surprise à s'y retrouver. Telle une réformée rebelle, la Brune a inversé le sens de la religion: le but est de plonger, pas de s'envoler. Réformée rebelle illogique qui ne voue idolâtrie à personne. Ceci dit, on a jamais dit que Sam était logique, connue au contraire pour sa tendance lunatique, anciennement bipolaire.
Un p'tit jeu ? Quel petit jeu ? Jusqu'ici, c'est pas juste, il est celui qui s'amuse le plus. S'il pouvait parler en même temps que de la torturer, peut-être que Cerbère y trouverait son compte. A voir. 'Fin elle peut-être, éventualité possible au conditionnel. Ses côtes en revanche, elles ne s'amusent pas pour un demi-denier. L'homme a les pieds longs et les bottes dures. Le corps flanche, s'incline et tombe à genoux avant qu'un nouveau coup ne l'abatte sur le flanc. Recroquevillée sur les pavés, Sam grimace de douleur, laissant échapper quelques brefs gémissements. Le bâtard a du lui péter une côte ou deux à sentir la douleur qui la prend à chaque respiration. Couchée. Dans l'impossibilité de se relever. Dans l'impossibilité de courir. Dans l'impossibilité d'agir.

Game over, try again ?
Yes, of course !... Or not.

Coup dans le ventre, la Brune laisse exprimer sa souffrance, à l'identique de ses doigts brisés. Plus repliée sur soi-même, on fait pas. Et les poumons là, ils font grève ?! Oh ! Y'a besoin d'air la-dedans ! Ok, ça tousse... Le but c'est de faire rentrer l'air, pas de le faire sortir. Un air de déjà vu, une nuit dans un couvent où une nonne fraîchement égorgée agonisait sur le pavé, sa meurtrière vengeresse lui tournant autour tel un vautour. Pourquoi a-t-elle ce goût amer en bouche du vautour touché par le chasseur qui attend dorénavant son agonie pour l'empailler ?
Souffrir, souffrir... Attend voir, est-ce que ça me tente de souffrir ? Hum... J'hésite... Franchement... Non. Toi par contre, pour être torturé comme tu l'es, ça doit être volontaire.
La Brune reprend son souffle en grimaçant, tousse et crachote par instant. La respiration est sifflante, mais Sam est encore en vie. Ça veut tout dire.


Va te faire mettre enfoiré... Aussi profondément que t'es atteint, pardi !

Élégance bordelaise, assaisonné à la Samsa et accompagné de sa sauce Cerbère.

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Paul.honnaie
Non, Paul n’avait pas peur d’aller en Enfer. Il était un bon aristotélicien. Il en était persuadé. Il allait aux messes dominicales. Il priait et servait le très-haut avec ferveur. Tiens, la preuve qu’il le servait puisqu’il rendait justice lui-même en éliminant cette vomissure pré-pubère.

Moi, ma jolie, j’ai ma place là-haut. Je ne m’en fais pas pour ça.

Un rictus malsain vint se dessiner sur les lèvres du fanatique. Le jeune homme était convaincu qu’il aurait sa place au paradis et qu’on lui serait éternellement reconnaissant pour ce qu’il était en train de faire.
La vérité, c’était que Paul était complètement dingue. Depuis tout petit, il avait eu des tendances sadiques. Il avait torturé et tué des animaux. Puis lorsqu’il fut plus grand, il s’attaqua aux demoiselles qui avaient eu la malchance de tomber sous son charme. Sans compter la satisfaction qu’il prenait lorsqu’il se flagellait pour demander pardon à Aristote des péchés commis.
Ouais… Il était carrément dingue, dangereux et instable. Paul pouvait continuer à torturer Sam tout comme il pouvait la tuer soudainement dans un moment de folie meurtrière.
Et le pire là-dedans, c’est qu’il prenait vraiment son pied. C’était limite orgasmique pour cet homme qui n’avait jamais trouvé aucune satisfaction dans les plaisirs de la chair. Chacun son truc…


C’est bon, hein, sale chienne ?

L’espace de cinq secondes, Paul s’immobilisa, son regard se perdant dans le vide. Il semblait écouter attentivement quelqu’un ou quelque chose. En réalité, et comme vous l’aurez très certainement compris, ce fou furieux n’était pas tout seul dans sa tête. Une petite voix lui parlait la plupart du temps, lui ordonnant de faire telle ou telle chose. Là, en l’occurrence, elle lui disait de s’arrêter là et de l’abandonner au milieu de nulle part. Et il allait le faire. Si, si, je vous jure ! Sauf que cette idiote avait ouvert sa gueule et l’avait très sérieusement mis en colère.

Alors ça !

Et de lui balancer un autre coup de pied dans les côtes, y allant de toutes ses forces, sans aucune retenue.

Espèce de petite idiote !

Ou comment attirer l’attention sur eux…

Tu veux vraiment que je t’abatte ?!!

Et BAM ! Un autre coup. Puis un autre suivit. Et encore un autre. Fou de rage, les coups s'enchaînèrent, ne laissant aucun répit à Sam. Et tout en la frappant, Paul l’insultait en hurlant, incapable de s’arrêter.
Samsa.



["Nous nous réfugions dans l'orgueil, parce que nous avons peur de nous dire la vérité à nous-mêmes." (Okakura Kakuzo)]


Dans un effort qu'elle jugea important, Sam releva ses yeux sombres vers son tortionnaire. Elle le détaillait avec pitié, la pitié d'être ainsi persuadé d'une chose aussi absurde, mais aussi avec tristesse. La tristesse de constater que sa persuasion aveugle n'était que le reflet de la sienne. Que lui répondre ? Il n'y avait rien à répondre. Elle ne lui ferait pas entendre raison, puisque si les rôles avaient été inversés, personne n'aurait pu lui faire entendre raison. Il était son reflet. Elle était Laurelle, il était elle. La Brune aurait voulu lui dire, lui dire que durant certaines de ses nuits, la nonne hantait ses rêves jusqu'au matin. Elle aurait voulu lui dire qu'elle pensait à elle parfois, qu'elle regrettait toujours son acte à ce moment-là. Elle aurait voulu lui dire que, oui, elle avait mal agit. Elle avait fait une erreur. Mais son orgueil et sa raison la muselaient. Elle n'avait rien à dire à cette raclure ! Rien à lui avouer, rien ! Elle n'avait aucun compte à lui rendre, aucune confession à lui faire. Un nouveau coup la fit s'affaler et un crachat, mélange de salive et de sang, atterrit sur la botte de l'homme qui semblait réfléchir. Sam le détailla brièvement. Elle avait connu ce moment aussi, celui de la réflexion malsaine, de la petite voix qui susurre. Elle avait été assez consciente à ce moment-là pour savoir qu'il n'y avait rien de plus dangereux. Elle remua quelque peu, vérifiant l'état de ses membres. Le bras droit ne répondait plus, il avait servi pour la défense de sa tête. Ses côtes ne permettaient plus le moindre mouvement sous peine d'une douleur suffocante. Son visage n'était pas encore trop abîmé, mais pour combien de temps encore ?
Il se met soudain à crier et Sam redresse légèrement la tête, surprise. Le coup l'atteint sans qu'elle ait eu le temps de réaliser qu'il arrivait. Il cri, mais peu à peu, ses cris deviennent de simples paroles pour la Bordelaise qui sombre peu à peu, trouvant refuge dans les limbes, terrassée par une douleur trop importante. Elle se recroqueville comme elle peut, se protège comme elle peut des coups qui pleuvent. Elle ferme les yeux et attend. Encaisse en silence malgré ses gémissements et ses souffles coupés. Elle ne saurait dire le temps de cette torture, refusant de se laisser sombrer. A terre, mais pas vraiment. Fuir, c'était trop facile. Le laisser gagner, c'était trop facile. Elle était toujours là, consciente, c'était tout ce qui comptait. Qui sait si elle se laissait aller ? Ces yeux qu'elle avait fermé, comme ses dents qu'elle a serré pour tenir, pourrait-elle les rouvrir ? Pourrait-elle revoir Vawen ? Pourrait-elle les ancrer de nouveau dans ceux de Maria ? Pourrait-elle, une fois encore, détailler le regard de ses filles ? Pourrait-elle encore avoir ces yeux brillants et heureux alors qu'elle rit avec ses moitiés ? Pourrait-elle simplement recommencer à vivre ?

La pluie cesse. Ou bien est-ce elle qui divague ? Non il lui semble bien que c'est la première option, car elle sent encore le pavé froid contre sa joue. Assommée, Sam ne réagit plus. Elle sent vaguement le monde, la terre tangue de trop malgré qu'elle soit couchée. Elle a froid intérieurement et cette chose poisseuse qui lui glisse sur certaines partie du corps ne la réchauffe pas. Elle aimerait dire quelque chose, n'importe quoi, mais la salive ensanglantée dans sa bouche l'étouffe et coule par une commissure des lèvres avant de glisser sur le pavé. La force d'entrouvrir les yeux, elle ignore où elle la trouve. Tout est flou, tout tourne, et elle serait bien incapable de dire s'il est encore là. Peut-être vaut-il mieux les refermer, finalement. Pourquoi pas ? Elle a froid. Elle a mal. Elle a la bouche pâteuse et la respiration sifflante et difficile. Seul son esprit peut lui servir de refuge, ses rêves, ses souvenirs. La brève image de Laurelle l'imitant dans un refuge semblable, mais de prières, lui apparaît. Aujourd'hui, elle comprend. Et lutter pour se refuser à cet endroit, est-ce utile ? Lutter pour ne pas recevoir d'aide de son être, de sa nature d'être humain, est-ce utile ? Son corps en a besoin, et elle, elle a besoin de se couper de la réalité pour survivre. "Avoir un moral de plomb dans l'eau peut te couler parfois"*. Alors quoi ? Alors le moral de plomb la coule, et Sam n'a plus de force pour se retenir. Mais avant, non, avant... Avant, la dernière phrase. Le dernier mot. Redresser la tête, tomber la tête haute. Satisfaire l'orgueil naturel qui la tuerait si elle ne le faisait pas. Parler. Le dernier mot. Et devant ces yeux qui se referment lentement, c'est l'image semblable de Laurelle qui s'impose. Ces derniers mots, ils sont pour elle. A peine audible, avant que l'esprit ne s'évapore dans des limbes inaccessibles à la violence, inaccessible à qui, et quoi, que ce soit.


R...Epo...Sez en...Paix....



*= extrait de "The Sin Sekai - Je reviendrai"
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