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[RP] Sans Duché Fixe ...

Amarante.
[RP ouvert à tous ceux qui font partie de la compagnie et qui participent à ce voyage. Poste individuel, état d'âme, RP de groupe ou anecdote est le bienvenu ici. Bon jeu à tous]



[Sans Duché fixe ... Quelque part dans le Duché paternel de la brune]


En général, on disait plutôt sans « domicile fixe » voir à la rigueur sans « ville fixe », mais là non, il fallait voir les choses en grand, alors tant qu'à faire, c'était « sans Duché fixe ». Notez bien, Duché et non Comté. Il parait que ça sonnait mieux à l'oreille d'après Brekthas. Enzo avait dit ça, un jour. Qu'ils étaient « Sans Duché fixe » quand l'installation initialement prévu était tombé à l'eau ...

Elle l'était, elle aussi sans Duché fixe, depuis qu'elle avait quitté sa Bretagne natale, trop triste pour pouvoir y rester et sans trop savoir où elle allait. Elle aurait dû s'installer en Toulousain pour y rester. Elle en avait fait la démarche en achetant un appartement là-bas, mais finalement les choses ne s'étaient pas passés comme ça aurait dû ... Le regrettait-elle ? Non pas vraiment, mais depuis quelques jours, notre brune se demandait où était vraiment sa place. Le doute s'installait doucement ...

Pas qu'elle ne se sentait pas accepté par la Mesnie ou la Compagnie qu'elle suivait depuis Toulouse, mais de temps en temps, notre brune avait des baisses de moral qu'elle ne montrait pas évidemment. Depuis quelque mois, elle avait accepté la proposition que lui avait fait Enzo d'être la dame de compagnie de sa femme et elle avait accepté après mur réflection. Elle avait alors écrit à Catherine, mais cette dernière ne lui avait jamais répondu, alors des fois, elle se demandait si la jeune femme lui en voulait ... Après tout, c'était la suzeraine de son frère et elle l'avait laissé ... Elle était donc en droit de lui en vouloir, même si elle préférait que non.

Suivant toujours la Mesnie, elle avait quitté Montpellier depuis quelques jours et le voyage continuait tranquillement. Là, ils se dirigeaient vers une destination bien précise, mais il n'y aurait pas d'installation. Pas encore du moins, donc toujours pas de Duché fixe ... Dans une chambre d'auberge, notre bretonne était un peu contrarié par une chose que lui avait dit Enzo voilà quelques jours à propos de Chris. Dans son état normal, elle l'aurait envoyé paître en lui disant de s'occuper de ses affaires, Seigneur ou pas, mais là, elle avait seulement râlé un peu, le regardant avec un air ahuri et déçu. Elle savait qu'il avait plus ou moins raison, mais qu'y pouvait-elle ? Tout ce qu'elle voulait, c'était d'apprendre à le connaitre un peu plus. Quel mal y avait-il à cela ? C'était qu'elle l'appréciait l'Anglois la bretonne ...

Pourquoi fallait-il toujours qu'elle s'intéresse aux hommes qui ne lui fallait pas ? Elle regarda sa fille qui dormait et se laissa tomber à côté d'elle en poussant un lourd soupir, lui caressant la joue d'un geste tendre. Elle était belle son trésor et elle ressemblait tellement à son père ... Baudouin. Quand elle pensait à lui, elle avait toujours et encore maintenant, la gorge qui se serrait. Il était son Grand Amour et serait certainement le seul. Qu'avait-elle raté avec lui ? Si elle avait accepté ce qu'il lui demandait au lieu de tout rejeter en bloc comme elle l'avait fait, serait-il rester ? Aurait-elle réussi à se faire aimer de lui un peu plus qu'il le disait ? Et Gwen ? Qu'est-ce qui n'avait pas marché entre eux ? Elle qui pensait que tout allait bien ... Ils s'étaient éloignés, simplement éloigné ...

Elle soupira, retenant un peu les larmes qui lui brûlaient les yeux. Plus le temps passait et moins elle avait confiance en elle et c'était peu de le dire. Enzo qui lui avait dit de ne plus regarder Chris, l'avait laissé encore plus dans le doute. Après tout, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire à Enzo si elle s'intéressait à l'Anglois ? Seulement voilà, Enzo avait parlé et du coup, elle ne savait plus trop comment se comporter en présence de Chris qu'elle n'avait pas encore revu.

Ensuite, il y avait Gabrielle aussi qu'elle n'aimait pas voir malheureuse, mais qu'elle comprenait bien. Elle ne savait pas trop comment la distraire et Chris qui n'avait pas répondu à sa lettre, ne l'aidait pas ... A sa visite chez Val, elle n'avait rien voulu. Il y avait bien les oiseaux, mais en voyage ce n'était pas facile. Peut-être devrait-elle lui demander de lui apprendre à monter à cheval comme elle ? Elle avait du mal à la suivre des fois. Ou alors d'apprendre à Kory pourquoi pas ? Simplement la chasse à la Marmotte qui avait l'air de l'intéresser grandement. Peut-être que cela lui fera un peu oublier tout ça ...

Et puis il y avait Anya. « L'autre ». Anya, celle dont-il ne fallait pas prononcer le nom devant Gabrielle. Anya qu'elle apprenait à connaitre un peu, doucement et qui bouleversait tout. Toutes ses certitudes et ce à quoi elle s'était raccroché pour donner un sens à tous ses échecs, à toutes ses erreurs ... Alors oui, la brune ne se sentait pas à sa place en ce moment. Mais avait-elle vraiment une place quelque part ?

Elle caressa les cheveux de sa fille et elle s'approcha un peu d'elle, la serrant tout contre son coeur. La petite bougea un peu et fini par se coller contre elle. Elle respira doucement son odeur. Cette odeur d'enfant. Elle l'aimait tant. Un jour Enzo lui avait dit qu'elle devait retrouver son assurance, mais c'était bien plus facile à dire qu'à faire quand on se sentait misérable et insignifiante. Pour dire, elle n'arrivait même pas à faire sourire, ne serait-ce qu'un peu Gabrielle ...

Elle soupira et elle entendit du bruit à l'extérieur. Ca s'agitait et Kieran vint toquer à la porte pour lui dire que le départ était lancé. Elle réveilla sa fille, déposa un doux baisé sur son front et elles descendirent rejoindre le convoi pour la suite du voyage ...


Aller mon ange, on continue notre voyage. Sois sage avec Louise et Anya ...
_________________
Louise
    [ Route de montagne, mythes et légendes.]

Louise est bougon, ce matin. La nuit a été longue sous la peau de mouton qu'elle n'a jamais rendu au bon Jaccot et le réveil difficile.
L'occitane est une superstitieuse, comme de nombreuses filles des Pyrénées, elle croit en mille légendes parfois bien peu aristotéliciennes.
Outre les Saints qu'elle vénère, comme Saint Jean à qui elle sacrifie au feu des fanes de raves pour faire bonne récolte, elle se tourne parfois vers des mythes cathare, priant l'âme d'Esclarmonde de Foix, voire même païens, avec les hades*. Elle se méfie toujours du truffandèc** de son enfance béarnaise, ce nain des maisons qui agite les bêtes, flétri les pommes et cache les chausses. Elle craint aussi le Drac, ce diable d'âne rouge qui détourne les enfants de leurs parents pour les noyer.
Sa sœur l'a rencontré, lorsque Louise avait dix ans, c'est dans la rivière que son frère a retrouvé le corps de la petite Odeline. C'est le Drac ! Il l'avait dit.

Et voilà que le sénher Enzo l'accable de nouvelles craintes ! Celui-ci s'amuserait-il de ses peurs ?
Autour du feu de camp, au milieu de nulle part près d'un chemin de montagne alors qu'il fait nuit, les voyageurs réunis parlent du dahu. Louise ne redoute pas cette bête là, après tout ce n'est qu'une chèvre qui tourne en rond autour de sa montagne, incapable de se retourner à cause de ses pattes raccourcies !
Le sénher Enzo, finissant son vin de sauge, vient causer d'un gnome phosphorescent qui mangerait les chiens dans les montagnes savoyardes. Une histoire à vous donner la chair de poule !

La cuisinière n'en a pas fermé l’œil, au moindre bruit, elle se redressait en sursaut, même aux ronflements de son Itario, elle était parfois surprise.
Alors ce matin, Louise a mauvaise mine, elle est mal peignée et des cernes bleutées soulignent ses yeux. Ses gestes sont mous alors qu'elle décharne et prépare les peaux des marmottes au trempage.


Foutues légendes à dormir debout !


* Fées : "les fata de la tradition gréco-latine, nos hades, associées à la fatalité, aux sorts, au destin ; elles vont par trois, l’une tirant du fuseau le fil de la vie, l’autre l’enroulant doucement sur le rouet, l’autre le coupant brusquement" pour en savoir plus, suivez le guide !
**farceur via

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Amarante.
[« Une bonne cuisinière est une fée qui dispense le bonheur »]
[ Elsa Schiaparelli ]


Avant de partir pour la baignade avec toute la compagnie, puisque c'était prévu même s'il pleuvait, la brune était partie tôt sur la place du marché pour trouver tout ce dont-elle avait besoin suivi de son acolyte du jour, elle avait nommé Louise. Elle aimait bien la jeune femme. Elle l'appréciait, même si elle lui enviait un peu son savoir faire en matière de cuisine. Des fois elle était complètement perdue quand elle parlait de recettes dont-elle ne connaissait même pas l'existence. Même Gabrielle la laissait sans voix quand elle parlait nourriture ou de boissons ...

Les étals étaient tout juste monté et c'était bien ce qu'elle voulait, au moins elle trouverait de tout. Elle sortie le parchemin que lui avait envoyé Gabrielle, voilà quelques mois de cela et ce mit à énumérer les ingrédients à Louise en laissant son regard parcourir le marché immense.


J'espère qu'ici on trouvera tout ce qu'il nous faut !
Et il nous faut, un peu de farine et des oeufs. Du fromage doux bien sûr, puisque c'est l'ingrédient principal et enfin un peu de vin blanc, du sel et du saindoux pour cuire tout cela.

Elle la regarda avec un sourire engageant.

On se lance à l'assaut de ce marché et on fera ça quand on reviendra de la baignade ? Comme ça, Enzo aura son plat pour ce soir et puis si on trouve les ... Comment c'est déjà ...

Et la brune de froncer les sourcils pour se souvenir de ce plat qui avait tant fait envie à Gabrielle la veille.

Ah oui, du Crozet pour Gabrielle, on pourra lui en préparer aussi ... Enfin surtout vous, parce que moi, je ne connais pas du tout ...

Et oui la brune pensait beaucoup à Gabrielle. Si elle pouvait lui faire plaisir tout le temps, elle le ferait. La voir sourire la veille au-soir alors qu'elle parlait nourriture lui avait fait chaud au coeur, alors autant essayer de la contenter, comme elle le faisait pour Enzo en lui préparant son plat favori ...

Voilà les deux jeunes femmes, panier sur le bras, qui venaient de se lancer en conquérante à l'assaut de la place bien animé où elles restèrent bien une heure avant de retourner à l'auberge où elles accapareraient la cuisine du taulier ...

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Louise
Se baigner dans un lac ? Louise n'est pas trop rassurée. Si elle s'est toujours baignée dans les rivière des villages dépourvus d'étuves, elle choisit toujours des endroits peu profonds, là où on voit le sol et les galets. Lorsqu'elle avait dix ans, elle a vu sa sœur Odeline noyée dans la rivière... Forcément, ça marque !
La rivière, donc, quand il le faut, Louise s'y rend. Le lac, par contre, elle s'en méfie. Pêcher sur le bord ou en sécurité sur une barque, pas de problème... Mais s'y baigner ? L'eau est souvent si trouble qu'on y voit plus ses pieds. Brr...

Louise est ravie de passer la matinée avec Amarante, ça lui fera penser à autre chose et puis... Ces fameuses pipefarces, depuis qu'elle en entend parler, il est temps qu'elle y goûte ! La bretonne est une personne de bonne compagnie, généreuse et souriante, ce qui ne gâche rien !
Banaste au bras, les deux femmes déambulent sur le marché juste installé. Elles semblent avoir le même goût pour les étals bien garnis. Les fromages aux meules énormes laissent Louise pantoise, les herbes des cueilleurs parfument leur promenade et chez le maraîcher, un panier d'agrimòlas - les groseilles à maquereaux - et les prunes d’août leur font de l’œil.


Per les crozets, je me suis renseignée chez un ancien du cru, c'est point bien compliqué... Des oeufs et de la farine de sarrasin !
L'important, c'est comment les accompagner, on peut les faire au bouillon... Mais luy m'a conseillé des... Diots ! Ce sont des saucisses à la muscade, nous demanderons au charcutier ! Avec du fromage et du vin blanc.


Devant l'étal du fromager, Louise lève les yeux vers le laitier. Les savoyards ont la réputation d'être pingres et elle le sait ! Pour sur que s'il s’aperçoit que les donzelles ne sont pas du coin, il va leur refourguer tous les invendus en criant aux merveilles... Tout du moins, c'est ce que la chaurienne ferait à sa place !
Après avoir sourit à sa comparse d'un air entendu, elle prend son air le plus bourru et imite l'accent savoyard.


Adiô donc ! Mèèts-y nous ton plus bôôô frôômage, oh !

Allez savoir pourquoi celui-ci se met à rire, qu'importe, Louise ne se démonte pas si vite. Un morceau de meule en main, elle salue d'un Arvi ! chantant, avant de préciser à Amarante qu'elle suppose que ça veut dire merci. Bon, en fait, c'est au revoir... Mais l'intention y était !

La liste est vérifiée, les paniers sont lourds, hop ! C'est l'heure de la popote !

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Amarante.
Et un étal d'herbes, humm ça sentait bon. Et un autre de bons légumes. Un boucher, un poissonnier qui par cette chaleur dégageait une odeur des plus ... A vous faire plisser le nez et vous rendre votre petit déjeuner. Fuyant cet étal à grands pas et grand fou rire, la brune tomba sur des sifflets à Marmot et elle se promit de venir en acheter un pour l'anniversaire de sa fille, tout cela en devisant toujours avec Louise ...

Per les crozets, je me suis renseignée chez un ancien du cru, c'est point bien compliqué... Des oeufs et de la farine de sarrasin !
L'important, c'est comment les accompagner, on peut les faire au bouillon... Mais luy m'a conseillé des... Diots ! Ce sont des saucisses à la muscade, nous demanderons au charcutier ! Avec du fromage et du vin blanc.


Oh la la ! Elle en avait l'eau à la bouche rien que d'en parler la bretonne. C'était exactement ce qu'il fallait à Gabrielle. Des saucisses et de la viande qui tenait bien au corps. De plus elle lui avait promis de faire le plein de fromage avant de partir. Elle devrait voir cela avec Louise d'ailleurs, mais pour l'instant, l'achat du dit fromage.

Elles entrèrent chez le fromager et elle dut mettre sa main devant sa bouche pour retenir un éclat de rire, que le marchant lui ne retint pas, quand Louise essaya de parler comme les gens du pays. Un mélange original entre l'occitan et le paysan maison. Non décidément c'était très drôle et la brune en essuya même une larme de rire au coin de ses yeux.


Vous savez y faire Louise, vraiment il faudra m'apprendre ...

Comment ça, elle se moquait un peu la bretonne, même pas vrai ! Non juste un peu taquine, mais elle n'aurait aimé rater cela pour rien au monde. Un grand sourire sur le visage, les voilà qui quittaient la grand place pour revenir dans leur auberge et en prendre possession de la cuisine avec accord du taulier.

Les paniers étaient alors déposés sur la grande table et tous les ingrédients bien aligné les uns à côté des autres. Il fallait d'abord commencer par la pâte.

La brune regarda Louise.


Il faut commencer par faire une pâte à beignet qu'il faut laisser un peu reposer. Une pâte pas trop liquide, mais pas trop épaisse non plus pour qu'elle enrobe bien le fromage et le retienne.
Pendant le temps de pose, on découpera des bâtonnets dans le fromage. Plein de bâtonnets. La descente d'Enzo ferait presque peur à voir tant il en mange et en plus il râle quand quelqu'un lui en pique un peu.


Bon en même, Enzo avait un appétit en rapport à sa grande taille et la première fois qu'elle l'avait vu en manger, elle en était restée coite.

Les plats étaient sortis et voilà les deux femmes, mains dans la farine ...

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Amarante.
[Un mois plus tard ... Genève]



Sortie de la taverne « La Couronne qui pique » le lundi soir.



Elle se sentait mal la brune. Elle avait la nausée et son envie de pleurer était revenu. Elle en arrivait presque à regretter les mots, qu'elle avait dit à Enzo la veille au soir quand il lui avait demandé pourquoi elle ne le traitait pas de co****d ...

La soirée avait tourné après le départ Chris et pour une simple réflexion, elle avait pris le mépris d'Enzo en pleine figure ... Elle n'aimait pas les conflits la brune et ce petit accrochage d'apparence sans gravité avec Enzo l'avait blessé. Beaucoup blessés et avait pris des proportions monstrueuses au lever du jour ...

Arrivée dans sa chambre, elle avait d'abord pris la plume et elle avait écrit à Lyne. La jeune femme n'était pas revenue en temps et heures et personne ne semblait s'en soucier ni s'en inquiéter ... Elle avait ensuite appelé Kieran et elle l'avait envoyé à Saint Claude en espérant, qu'elle soit là-bas ...

Ensuite, elle était restée longtemps près de la fenêtre de sa chambre à regarder le ciel et les étoiles qui pointaient entre les nuages. Ce temps était démoralisant et plus les heures passaient, plus la brune soupirait et se sentait mal ... Elle finit par se coucher, essayant de faire le vide de son esprit, mais elle n'y arrivait pas.

Quand elle arrivait à s'endormir, elle se réveillait en sursaut au moindre bruit, au moindre craquement, au moindre grincement et elle regardait sa porte, sans que rien ne se passe et elle se tournait alors, fermant les yeux et serrant son coussin, déçu ...




[Le mardi matin au lever du jour, château Comtale. Chambre de la dame de compagnie.]


Au lever du jour, c'était une brune fatiguée et nauséeuse qui se réveilla. Elle avait honte, terriblement honte ... Elle se faisait l'effet d'une catin qui avait racolé à une table de taverne le soir et qui en plus s'était fait ignorer. Tout ça pourquoi ? Pour rien, véritablement pour rien et elle se promit de ne plus jamais recommencer cela ... Même si son coeur battait pour le bel Anglois. Elle se sentait sale, tellement sale. Sale dans ses pensées, sale dans ses envies, ses désirs et ses actions. Elle avait beau vouloir faire comme Lyne, essayer de ne pas se poser de question et prendre comme ça venait, elle n'y arrivait pas et venait de se prendre un joli revers de médaille et ça lui faisait mal ... Très, très, très mal ...

Qu'avait-elle cru ? Qu'avait-elle espéré ? Qu'il viendrait simplement parce qu'elle le lui avait proposé ? Oui, dans le fond oui, elle avait espéré qu'il s'intéressait un peu, même un tout petit peu à-elle, mais c'était très présomptueux de sa part, tout comme sa demande la veille ... Elle s'était bien trompé et sa confiance en elle, descendait d'un degré supplémentaire ...

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Korydwen.
[Genève, vue d'en bas]


Ce n'est pas facile la vie de petite fille.
Les grands disent des choses qu'on ne comprend pas toujours, et quand on pose la question la plus importante à nos yeux : "pourquoiiiiiiiii?", ils lèvent les yeux au ciel.
Ou ils tentent une réponse plus ou moins convaincante.

Moi, j'ai fait une expérience.
J'ai posé la même question à des personnes différentes, à savoir :


Pourquoi Anya elle a un g'os vent' ?


J'ai eu la réponse d'une Dame :
"C'est une surprise". Mais j'étais moyennement convaincue.

Puis j'ai eu la réponse de Mama :
"Elle attend un bébé." J'ai déjà un peu plus compris.

Mais j'ai continué, je ne pouvais pas m'arrêter à deux sons de cloche (pardon).

Alors j'ai demandé à un homme :
"Elle est grosse". Mouai.


Et puis une copine à maman a mis du feu à ma lanterne :
"Elle attend un bébé. Mais c'est une surprise. Donc elle est un peu grosse." Moi, j'ai tout de suite remarqué qu'elle mettait tout le monde d'accord.
Mais une fois commencé, on ne l'arrêtait plus, alors j'ai voulu en savoir plus, c'est normal.

Et maintenant, moi, j'ai des indices : c'est une prince qui a mis la graine, mais on sait pas qui c'est. Elle n'est pas mariée avec le prince. Mais en fait c'est pas vraiment un prince. Et il ne faut pas en parler à Gabrielle.
J'ai pas compris le rapport parce que je suis sûre que Gab' elle aime les surprises, alors j'ai changé de sujet.


J'ai dit : "j'ai faim".
Je voulais juste qu'on me donne à manger, mais on m'a dit : " on est à G'nève ici, faut aller au marché noir".
Moi j'ai cherché partout, mais j'ai pas trouvé de marché "noir".Que un marché normal. Et les grands y disent : "c'est une économie souterraine".
Et bin même en creusant, j'ai pas trouvé.
Pis en plus en creusant, j'ai oublié d'aller faire pipi. Alors après j'ai dit à Mama que Linon, c'est ma poupée, elle avait fait pipi dans ma culotte.
Pis c'est trop bête les grands, parce que Enzo et Mama et bin ils m'ont cru. Même que Linon a du prendre un bain et moi aussi, Mama elle a dit "quand même Kory, faut changer ta culotte !".

Et pis sinon, j'apprends à lire. J'ai des carrés en bois avec des lettres. Même que on peut faire des mots avec. Et pis Enzo y m'aide aussi ! Moi je crois que Enzo, en fait, il est pas méchant. Il m'a dit " ça c'est un K, comme Korydwen", alors j'ai dit " K, comme caca?", et pis il a rigolé.

Et pis y a Christopher aussi. Lui, il parle pas bien français, des fois il dit des trucs comme " darling", que on dirait un nom de chien ou de chat, moi j'en veux un chat. Mama elle a dit oui, au chat, pas à Christopher.
Mais Christopher il a dit oui. Pour Mama. Parce que je lui ai demandé s'il pouvait m'aider à trouver un amoureux à Maman. il m'a dit : " Oui, mais où?", alors j'ai dit " au ma'ché noi'!". Parce que on m'a dit qu'on trouve tout au marché noir.

Et pis aussi y a...


KORYYY, tu viens youer?

Ah non, y a rien.
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Amarante.
[Le dimanche matin très tôt - Genève toujours]


Le brune bretonne, simplement vêtue d'une robe simple en bure blanche, pieds nus et sa taille simplement ceinte d'une ceinture de corde, marchait en direction du lac et du petit bois qui jouxtait le château ... Le jour se levait à peine, elle avait quitté le château en espérant ne pas se faire voir d'Enzo. S'il la voyait ou s'il entendait simplement parler de ça, elle était certaine qu'il serait furieux ...

Il n'y avait pas d'église à Genève, elle ne pouvait donc pas aller prier et encore moins se confesser, alors, pour une fois, elle opta pour la version bretonne druidique ... Elle avait besoin de se ressourcer et de se purifier le corps et surtout l'esprit. Elle avait besoin de demander pardon à mère nature et trouver un peu de courage et de force auprès d'un vieux chêne, à défaut d'un chêne blanc ...

Il pleuvait encore, mais cela ne dérangeait pas plus que cela, elle rentrerait complètement mouiller de toute façon. Elle regarda derrière elle pour être sûr que personne ne l'avait vu, même si elle n'en était pas certaine puis elle s'enfonça dans la forêt où elle se mit à chercher un chêne de belle taille ... Une fois le chêne trouvé, elle s'agenouilla devant lui et posa ses mains sur le tronc pour prier les dieux. Elle n'avait aucune formation Druidique, mais elle connaissait certaines choses, alors elle fit selon son instinct ...



-Donnez-moi ô divinités, votre protection.
-Et avec votre protection, la force.
-Et avec la force, la raison.
-Et avec la raison, la lumière.
-Et avec la lumière, la vérité de ce qui est juste.
-Et avec la vérité de ce qui est juste, le pouvoir d'aimer.
-Et en aimant, l'amour de toutes choses vivantes.
-Et en toutes choses vivantes, l'amour de l'incréé.
-Dans l'amour, l'amour de dieux.
-Dans l'amour de dieux, toute l'immortalité, tout le bien.

Awen Awen Awen



Après cette prière, elle se releva et s'inclina respectueusement devant le chêne et prit la direction du lac dans lequel elle allait se purifier. Toujours pieds nus, elle sentait la terre, les feuilles et les branches cassés sur lesquels elle marchait. Bien trop longtemps qu'elle n'avait pas fait cela et elle se rendait compte à quel point cela lui avait manqué ... Etre en contact avec la nature, retrouver ses racines, même si elle n'était pas à Brocéliande ...

Elle resta un long moment devant le lac à regarder sa magnificence. Ce lac était immense et indéniablement superbe. Encore une fois, elle s'agenouilla sur la berge et pria seulement quelques mots ...


Oh mère, aide-moi à purifier mon corps et mon âme, aide-moi à retrouver un esprit saint dans un corps saint ...

Elle se releva et entra doucement dans l'eau froide du lac. Elle serra les dents, elle ne l'imaginait pas si froide, mais elle continua doucement jusqu'à ce que l'eau lui arrive au niveau de la poitrine. Là elle s'arrêta un moment et récita encore sa prière. Enfin, elle s'immergea complètement et resta sous l'eau jusqu'à ce que l'air lui manque. Elle sortit alors de l'eau, complètement mouillé et grelottant ...

S'inclinant respectueusement devant le lac et la mère, elle quitta le lieu pour retourner au château, en espérant encore une fois ne pas se faire voir d'Enzo, même si là, elle laisserait une trace humide derrière elle ...

_________________
Amarante.
[Nuit du 9 au 10 octobre 1461 - Genève]


Elle avait quitté la taverne et était remonté au château où elle avait passé le temps qui lui restait au chevet de sa fille ... La petite dormait et elle ne l'avait pas réveillé. Elle se contentait de la regarder dormir, lui caressant de temps en temps ses cheveux qu'elle avait aussi noirs que les siens ou du bout des doigts, sa petite joue encore un peu potelé. Elle dormait tel un ange qu'elle était pour elle. Elle était fière, tellement fière de sa fille ... Sa plus belle réussite ...

Ce fut un vrai déchirement pour elle que de quitter cette chambre sans avoir un câlin, mais c'était préférable de ne pas la réveiller. Celui lui arracherait le coeur de l'entendre pleurer et lui dire de ne pas partir, de ne pas la laisser seule. Délicatement, elle déposa un dernier baiser sur son front, puis s'éloigna, son coeur de mère douloureux ...


Je t'aime mon ange ... Que le Très Haut et la Mère te protège toujours ...



[Même jour, quelques heures plus tard sur-le-champ de bataille - Entre Genève et Saint Claude]


Monté sur un cheval que lui avait donné Gabrielle, la brune se tenait un peu en arrière. Tels étaient les ordres. Elle voyait tout le monde, Enzo et Christopher, Gabrielle, Brekthas et Alessa, puis Georges, Marin et Renaissance ainsi que d'autres qu'elle ne connaissait pas ... Il pleuvait, il faisait froid et ils attendaient tous, que le Comte donne l'assaut. Comme toujours, la brune n'était pas dans son élément et elle essayait de se rassurer. De se dire que tout irait bien, alors qu'elle savait pertinemment que ça ne serait pas le cas ...

Quand Enzo donna la charge, tout alla très vite et elle perdit de vu tout le monde rapidement. Un bruit assourdissant se faisait entendre, des cris, des plaintes et l'odeur métallique du sang qui se faisait sentir, remontait ... Les hommes tombaient tous les uns après les autres et elle assistait à ça, impuissante ...

Quand le calme revint au bout de quelques et que seulement les gémissements des blessés se faisaient entendre, elle se retrouva avec l'étendard de l'armée dans les mains, seule et perdue ... Sur le coup, elle paniqua. Elle ne connaissait rien à cette responsabilité et n'avait pas le calibre pour ça ... Hébété, elle chercha des survivants dans ce charnier. Elle voulait voir Christopher, Allessa et Brekthas. Ne devait-il pas la suivre ? Pourquoi ne l'avait-il pas suivie son suiveur ? L'odeur du sang lui donnait la nausée et de voir tous ses hommes là, certains morts et d'autres en piteux état, lui donnait envie de pleurer ... Tout ça pourquoi ?

Elle retrouva Gabrielle et fut soulagé qu'elle aille bien. Il y avait aussi Renaissance et Marin, mais les autres, où étaient-ils tous ? Mort ? Non elle ne pouvait le croire ...

Alors que tous se remettaient, Gabrielle lui dit qu'elle ne devait pas paniquer et elle lui expliqua ce qu'elle devait faire ... Un peu plus calme, elles passèrent la soirée à discuter auprès d'un feu de camp, à échafauder des plans et à se rassurer l'une et l'autre sur le sort de leurs compagnons et amis ...

Rassuré, la brune comprit l'importance de sa tâche et c'était la tête haute et remplie d'une fierté nouvelle, qu'elle la mènerait a bien ... l'armée devait tenir, alors elle tiendrait bon. C'était son honneur de bretonne qui était en jeu ... Plus tard, elle regarda Gabrielle s'éloigner avec l'armée d'Italiens, la laissant seule avec une poignée d'hommes, n'ayant pas le choix que de rester là ...

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Amarante.
[Journée du 11 octobre 1461 - Entre Genève et Saint Claude]


La nuit du 10 au 11 octobre fut à peu près calme. Les blessés légers et les valides étaient restés avec elle. Elle aidait aux soins, même si les hommes se soignaient mutuellement. Nettoyait des plaies et mettre des bandages l'occupait et lui évitait de penser trop ... Ils étaient une petite poignée seulement, une vingtaine. Elle savait très bien que ce n'était pas avec si peu d'hommes qu'il tiendrait et pourtant il le fallait ...

Dans la nuit l'armée ennemie arriva et au petit matin un coursier lui amena une missive. Le Lieutenant Maethor lui demandait, pour la deuxième fois de déposer les armes et de rendre la bannière, ce qui en soit, était hors de question ... Comme elle ne voulait pas prendre de décision hâtive qui aurait d'énorme conséquence, elle envoya un soldat auprès de Gabrielle avec la lettre du Lieutenant et un mot personnel. Elle renvoya ensuite le soldat ennemi d'où il venait, sans réponse à donner à Maethor ...

Elle observa l'armée de Cameliane. Ils étaient nombreux, bien plus nombreux qu'eux et elle soupira en retournant se réchauffer un peu près du feu. L'air était froid et humide après cette pluie incessante qui revenait par averses ... Ses émeraudes perdu dans les flammes, elle savait que c'était de la folie ... De la pure folie et qu'aucun d'entre eux n'en réchapperaient ou par miracle ...

La brune fut prise d'un doute, un terrible doute ... Elle remonta ses genoux sous son menton et referma sa cape d'elle. Elle avait peur, terriblement peur et elle ne voulait pas mourir ici et maintenant, mais avait-elle vraiment le choix ? Elle se mit alors à penser à ses proches. A son frère d'abord qu'elle ne voyait pas assez souvent et à son ami Pertacus, le moustachu. Finalement, elle ne lui aurait jamais coupé sa fichu moustache ... Elle pensa aussi à Gwen, à Leyah et à sa petite Enora qui n'était plus aussi petite maintenant. Elle devait être une belle jeune fille à n'en pas douter ...

Puis elle pensa à Baudouin, ce qui la ramena à sa fille et elle essuya une larme. Elle donnerait tout pour pouvoir la serrer contre elle une dernière fois. Reverrait-elle le père de sa fille là haut dans les cieux ? Une chose était sûre, c'était qu'ils se disputeraient encore tous les deux et que Baudouin lui en voudrait, d'avoir laissé Kory seule ici et là, elle n'aurait aucune excuse ... Il aurait raison ...

Puis elle pensa ensuite à ceux qu'elle connaissait depuis moins longtemps, mais pour qui elle donnerait tout. Elle avait trouvé avec eux, une seconde famille ... Enzo tout d'abord, si sur de lui qui trouvait le moyen de la déstabiliser, mais pour qui elle avait le grand respect. Gabrielle pour qui elle ferait n'importe quoi et pour qui elle était là, maintenant à essayer de garder l'étendard de la compagnie fièrement levé. Elle avait promis à Gabrielle et quelque part, elle voulait qu'Enzo soit fier d'elle aussi ...

Et puis il y avait Anya ... L'autre, celle que Gabrielle haïssait plus que tout, mais qu'elle, aimait bien ... Elle soupira, finalement, elle ne pourrait pas être la marraine de son enfant et elle lui en demanda pardon mentalement ... Elle ne pourrait pas voir son bébé naitre, ni le voir grandir, marcher et prononcer ses premiers mots alors qu'elle aurait tant aimé ... Non elle ne voulait pas mourir ... Elle avait encore bien trop de choses à faire ...

Ses pensées volèrent ensuite vers Brekthas et Allessa. Les futurs mariés, les tout nouveaux fiancés et elle ne pourrait pas assister à leur bonheur. C'était ce genre de choses qui montrait que la vie était belle malgré tout ... Et puis il y avait Lyne ... Lyne pour qui elle avait énormément d'affection et qui lui manquait à ce moment précis ... Lyne qui était devenu une confidente au même titre que Gabrielle, surtout en ce qui concernait l'Anglois ...

Elle regarda Renaissance, qui était resté avec elle et qui n'était pas plus à l'aise qu'elle ici, loin de ses Avettes, mais elle appréciait le jeune homme et lui était reconnaissante d'être avec elle dans ce bourbier, parce que s'en était un ...

Et enfin elle pensa à celui qui envahissait toutes ses pensées et parfois ses rêves. Celui qui faisait battre son coeur quand il entrait dans une pièce ou quand il la regardait avec ce sourire si charmant ... Qu'elle aimerait qu'il soit là pour la rassurer, pour lui dire que tout irait bien, même si ce n'était pas vrai avec cet accent qui faisait tout son charme. Elle ferma les yeux un moment puis elle se leva ...

Elle ne savait pas s'il allait bien ou même s'il était en vie, mais elle prit du parchemin, de l'encre et une plume et lui écrivit une lettre. Elle mourrait sans doute le soir même alors autant lui dire ...

La plume crissait sur le papier et elle commença par lui donner des nouvelles de Gabrielle ...


Citation:
Très cher Christopher ...

Je ne sais pas si vous êtes en vie, mais j'espère de tout coeur que vous l'êtes et que vous allez bien ...

Avant toute chose, Gabrielle va bien et à l'heure qu'il est, elle doit être en sécurité à Saint-Claude. Si vous êtes avec Enzo, dites le lui s'il vous plait ... En ce qui me concerne, c'est autre chose. Je me doutais que ce n'était pas simple de mener une armée, mais là je le vis, je suis chef de l'armée. Je suis en possession de la Bannière de l'armée et je la tiendrais jusqu'au bout ... Ce qui veut dire que je doute de pouvoir passer ce soir. L'armée de Cameliane est là, je la vois, pas loin, à quelques mètres ...

Christopher, nous sommes très peu, une vingtaine (2) contre une armée bien plus nombreuse. Vous savez comme moi, que je ne sais pas me battre et comme l'a si bien dit Renaissance, autant ranger nos armes et c'est ce que j'ai fait ... Pourtant, j'avancerais sans courber l'échine, ce serait faire honte à Enzo et encore plus à mes racines Bretonne, mais je ne suis pas stupide au point de me dire que je ne prends pas un risque ...

Christopher, je ne devrais peut-être pas ... Mais au cas où je n'en réchapperais pas et je ne me fais pas d'illusion la-dessus, je voulais vous dire que vous tenez une place importante dans mon coeur, mais peut-être le savez-vous déjà ... Je sais que pour vous ce n'est pas le cas et je ne vous le reproche pas. C'est parce que vous êtes comme vous êtes que vous avez touché mon pauvre coeur et que vous me plaisez tant. J'aurais aimé vous offrir plus ... Je ne vous demande rien Christopher, juste de ne pas m'oublier trop vite ...

Prenez soin de vous mon tendre ami et que le Très Haut vous protège, vous et vos proches et dites à Enzo que j'ai tenu bon jusqu'au bout ...

Avec toute ma tendresse et mon amour.
Amarante.


Repliant le pli, elle essuya une larme qui roulait sur sa joue. Sûr qu'elle ne reverrait plus personne, même si elle ne voulait pas mourir. Elle avait pris ses dispositions aussi pour que Kory soit envoyé chez son oncle. Sa fille devait grandir dans sa famille et Arga était le seul qui lui restait ...

Elle appela un garde et lui demanda d'aller jusqu'à Genève en étant le plus discret et le plus prudent possible. Il devait lui aussi, trouver Christopher ...

Il ne restait plus qu'à attendre désormais, attendre que l'assaut soit donné ... Et ne plus être ...

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Amarante.
[Bien plus tard à Genève]


En vie, elle était en vie ... Les circonstances de cette survie, lui était resté en travers de la gorge, mais elle avait obéi aux ordres donnés et était rentré à Genève ...

Mais à Genève, un drame était arrivé et quand elle avait réalisé qu'Enzo ne voyait plus, elle avait été peinée pour lui. Les débuts avaient été dur, la non-acceptation qu'elle comprenait très bien, mais plus le temps passait, plus elle voulait l'aider et moins cela passait ... Et la phrase de trop avait été dite ...

La brune avait été vexée et l'était toujours. Elle en voulait à Enzo. Pitié ... Elle était loin d'avoir pitié. Quand elle l'avait aidé, quand elle lui avait donné tous ces petits conseils, elle l'avait fait avec plaisir, pensant vraiment que ça l'aiderait à se débrouiller seul, mais au lieu de cela, elle s'était prise ses mots là en pleine figure ...

Non elle n'avait pas pitié de lui et puisqu'il le croyait et bien elle ne s'occuperait plus de lui et ce n'était pas la brouille de la veille qui allait arranger les choses ... Maintenant, elle était sourde en plus ! Pfff ... Elle ne comprenait pas, si cela était arrivé à Lyne, à Christopher ou a n'importe qui d'autre de la Compagnie ou de la Mesnie, elle aurait agi de la même façon ... Pourquoi lui reprochait-il cela alors qu'elle ne voulait qu'aider ? Elle ne savait pas et se demandait même s'il ne regrettait pas qu'elle soit là ... Elle avait l'impression que des fois, il faisait tout pour qu'elle parte ... Elle n'y pouvait rien si elle était quelqu'un de très sensible ...

Et puis il y avait Désirée ... Et ce qu'elle avait appris. Sur son passé et ce point en commun qu'elles avaient ensemble et qui l'avait bouleversé plus qu'elle l'aurait voulu. Pourtant, elle n'en voulait pas à la jeune femme, elle l'appréciait même ... Qui aurait cru cela au final ? Pas elle ... Pour elle aussi la vie n'avait pas été tendre, encore moins maintenant ...


Genève, ville qu'elle aimerait quitter même si elle ne le pouvait pas pour le moment ...
Ville agréable s'il n'y avait pas toutes ses tensions. L'hiver approchait et elle devait se faire à l'idée qu'ils resteraient là encore un bout de temps ...

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Amarante.
[Genève ... Encore et toujours ... Fin octobre 1461]


La brune s'ennuyait, elle passait le temps comme elle pouvait et elle regardait surtout Gabrielle, s'enfoncer dans son désespoir sans pouvoir rien y faire ... Elle avait perdu le gout de la peinture et ne savait pas quoi faire pour aider un peu la jeune femme, mais ce qui l'énervait le plus, c'était qu'Enzo ne réagissait même pas à cela. Avant, il lui aurait trouvé quelque chose à faire. Au lieu de cela, elle avait eu un misérable « bien », quoi que, elle avait eu un semblant de réaction quand elle lui avait dit de réagir. Il l'avait royalement envoyé paître et était sorti. Bien qu'elle fût énervée, cela lui avait arraché un sourire ...

Elle s'était couverte. Ce temps gris n'arrangeait pas les choses. Un petit vent soufflait et elle traversa la coure pour aller vers l'écurie. Là-bas, elle trouva Antoine et elle lui demanda de lui seller un cheval, ce qu'il fit sans attendre. Elle lui demanda s'il avait vu sa fille et il lui dit qu'elle était dans la grange avec les chatons ... Elle le remercia, monta sur l'animal et quitta le château sans dire à personne où elle allait, ni combien de temps elle partait ...

Elle passa la grille et le pont, longea le mur d'enceinte et contourna la tour effondrée puis partie au petit galop en direction de la grande forêt qui menait vers Saint Claude. Elle n'était pas une cavalière comme pouvait l'être Gabrielle. Elle aimait les balades à cheval, mais ne tenait pas quand il fallait suivre à toute vitesse. Gabrielle était bien plus douée pour ça, elle avait plus d'endurance ...

Elle resta un long moment sur le chemin principal, puis elle bifurqua dans le bois d'un coup. Elle ne savait pas trop où elle allait, elle avait juste besoin d'air. Elle avait encore en travers de la gorge, le refus d'Enzo à sa demande. Bien sûr que le voyage serait long, mais si elle avait demandé à Chris de l'accompagner, c'était justement parce qu'il connaissait très bien ce genre de lieu ... À croire qu'il avait peur qu'elle lui vole son ami ... C'était peut-être ça, après tout ...

Oui, elle était amoureuse de Chris et oui, elle aurait aimé passer du temps avec lui durant ce voyage, mais elle faisait la part des choses aussi, elle savait très bien qu'Enzo était important pour Chris ...

Elle arrêta son cheval et mit pied-à-terre. Elle flatta l'animal d'une caresse sur l'encolure et marcha doucement en le tenant par les rênes. Elle releva un peu sa jupe pour ne pas s'accrocher aux branchages et alla jusqu'à une rivière qu'elle entendait de loin. Une fois là-bas, elle laissa boire son cheval et regarda autour d'elle ... Des arbres plus ou moins grands, des rochers et une sorte d'à-pic rocheux qui avait l'air de glisser jusqu'au lac ... Elle avait un point de vue superbe de là où elle se trouvait.

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Morphee
. Mort : Echéance de fin de moi .

La faucheuse avait fait demi-tour une fois encore, sans doute en maudissant sa descendance pour des milliers d'années. La rouquine avait survécu à une nouvelle crise d'Acédie. Avec un grand A. Quelle idée lui était passée par la tête lorsqu'elle avait accepté d'aller à Genève? Sans doute une bonne dose de connerie. Surtout lorsqu'on fait partie du cortège du Coms de Genève. Déçue de ses découvertes savoyardes, elle s'était laissée tenter, espérant n'y rester que quelques jours avant de vivre d'autres aventures.

Que Nenni!

Aussitôt arrivée elle avait appris la nouvelle condition d'Enzo, et ce qui ne devait être qu'une balade était devenu un enfer. Elle n'avait pas accepté de prendre les armes contre les Genévois, n'ayant aucune envie de participer à un combat qui ne la concernait en rien. La solitude dans laquelle elle s'était enfermée et le manque d'animation, du moins selon son point de vue évidemment, s'était soldé par un emmerdement total.

La Donà de Roquebrun avait alors abandonné tous ses artefacts de noble pour revêtir ses vêtements de travail, et retrouvé le temps de quelques semaines sa condition d'avant. Elle avait biné, gratté le sol, récolté, pansé quelques animaux, tondu, égorgé... Ces petites choses de la vie qui vous rapprochent de la force nourricière de Gaïa, la terre mère.

En ce Samedi *encore* pluvieux, bercée par les clapotis de l'eau de son bain, l'Ecureuil mirait ses mains abîmées par le froid et le travail des champs. Bientôt elle partirait, avec ou sans les Blackney. En Lengadoc récupérer son fourbi, et ensuite? Elle haussa les épaules. Sans doute avait-elle froissé le Kro en ne répondant pas à sa missive; Al n'avait donné aucune nouvelle, ou sans doute n'avait-elle pas décacheté son vélin. Pour le peu qu'elles arrivaient à se croiser. Le rouquin était peut-être déjà reparti pour de nouvelles aventures sur un bateau, et elle n'aurait jamais sa tenue de catin.


Suzon? Linge. Et mon onguent pour les mains.

La servante s'exécuta, comme à l'habitude. La petite s'était habituée au ton acerbe de la noble, perpétuellement agacée des choses. Pour elle, si Morphée était aussi méchante, c'était tout simplement parce qu'elle n'avait pas d'amour dans l'existence. Pas d'parents, d'enfant, de mari. Alors elle savait pas faire. D'un autre côté, elle se disait aussi qu'elle ferait bien de se faire trousser un peu plus souvent, ça lui mettrait du baume au coeur. En attendant, elle subissait; Suffisait de satisfaire ses caprices et elle lui fichait la paix.

Sortez moi une robe écarlate. Autant braver la grisaille par un peu de flamboiement.

Braver... Surtout aller s'en jeter un quelque part, en espérant rencontrer de l'autochtone. Peut-être écrire une missive ou deux, et faire des emplettes avant le départ.
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Amarante.
[Genève, ville de tous les malheurs ...]


Elle n'avait qu'une envie, c'était de partir de cette ville. Elle ne s'y sentait pas bien, mais son avis n'avait que peu d'importance. Depuis quelque temps, elle allait mal, mais dans le mal ambiant, personne ne s'en souciait ... Elle aussi avait besoin de changer d'air ...

Elle n'avait pas remarqué qu'Enzo était parti, puisqu'elle l'évitait depuis quelque temps. Elle en avait assez de ses disputes avec lui. Le voir baisser les bras comme ça, l'agaçait. Ne se rendait-il pas compte qu'il y avait autour de lui des gens qui voulaient l'aider sans être emprunt de pitié ? Gabrielle ne lui avait rien dit au sujet de ce départ, juste qu'elle cherchait Christopher pour une mission à lui donner. Elle savait maintenant pourquoi elle le cherchait ... Elle n'était pas devin et ne pouvait pas tout savoir non plus ...

Elle voyait bien que Gabrielle s'enfonçait de plus en plus dans son gouffre sans fond, mais plus cela allait et moins elle savait quoi faire. Elle lui avait dit qu'il ne fallait pas boire, mais cela lui faisait oublier qu'elle disait. Cela ne lui plaisait pas, mais elle ne l'écoutait pas, alors que faire ? Enlever toutes les bouteilles d'alcool qu'elle pourrait trouver dans le château ou dans l'auberge ? Elle irait en chercher dans le village ... L'enfermer dans ses appartements ? Elle commençait sérieusement à y penser ...

La veille, Gabrielle avait dit une chose en taverne qu'elle avait prise pour elle ... Sa vie était désespérément vide, mais venant de la bouche de Gabrielle, ça faisait mal. Peut-être ne pensait-elle pas à elle en disant cela, mais c'était ce qu'elle ressentait. Sa vie était tellement insignifiante, sans intérêt aucun, invisible et tellement vide ... Une coquille vide, voilà ce qu'elle était ...

Elle était là, derrière cette porte. La porte des appartements de Gabrielle, mais elle ne la franchirait pas. Ce n'était pas la peine, elle la renverrait si elle osait seulement entrer. Même la réconforter et la prendre dans ses bras pour qu'elle pleure tout son sou, elle n'osait pas ... Des fois, elle avait envie de la secouer, de lui dire de prendre ses cliques et ses claques et de partir, qu'il n'en valait pas la peine, qu'aucun homme sur terre ne valait de souffrir autant, mais cela ne servait a rien, elle l'aimait son Enzo et malgré tout le mal qu'il pouvait lui faire, elle restait encore et toujours ...

Mon Dieu, ses déboires avec Baudouin n'étaient que du pipi de chat à côté de cela. Si ce n'était pas si pathétique, elle en rirait ... Alors elle resta là, derrière cette porte close à attendre que le temps passe ...

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Morphee
. Chaque voyage est le rêve d'une nouvelle naissance* .

Des jours qu'elle ne croisait plus grand monde... Sa seule distraction fut de partager ses sentiments bien sombres avec une Amarante qui se fanait doucement, à son image... Ce séjour allait finir par avoir leur peau...

La providence mit toutefois le moustachu sur son chemin, mais si loin qu'elle ne put l'atteindre, comme ces friandises que l'on regarde derrière la vitrine d'une échoppe mais que l'on ne peut déguster. L'espoir de pouvoir monter sur leur bateau avait été anéanti par le manque de temps. Il avait un impératif qui ne pouvait souffrir d'une journée de retard. Alors elle s'était endormie à nouveau, vacant à ses occupations de paysanne.

Un soir qu'elle était à boire en taverne Suzon lui amena une missive, LA missive qui fit bondir son coeur hors de sa poitrine. Gab lui proposait de partir. C'était enfin le moyen de rentrer en Lengadoc, et d'envisager l'avenir. Il lui faudrait se concerter avec Xav et le tour était joué. Liqueur ambrée à la main, un semblant de sourire naquit sur son visage. Elle vivrait, mais pour combien de temps encore?

Un soupir, haussement d'épaule... le gobelet fut vidé en un instant puis elle monta dans sa chambre, ce afin de revenir de chez les morts. Elle s'assit, ouvrit son écritoire et donna quelques nouvelles...




Lo Bonjorn Al,

Je sors une fois encore des limbes, ni tout à fait vivante, ni tout à fait morte... A sincèrement m'emmerder à Genève. Tous les habitants sont partis en Normandie apparemment histoire de la mettre à feu et à sang.

Je devrais, d'ici quelques semaines, retourner à Béziers pour y prendre mes affaires, et sans doute aller m'installer en Guyenne.

Que deviens-tu?



Aucun besoin d'en faire une tartine, Al n'avait jamais été très prolixe de toute manière. Oserait-elle prendre des nouvelles du Kro? Elle ne savait s'il lui en voulait d'avoir ignoré sa missive pendant tant de temps, tellement ignorée qu'elle l'avait égarée. Il sortait d'une période d'acédie alors qu'elle y entrait. Comme à l'habitude, elle était toujours en retard aux rendez-vous de l'existence. Peut-être aurait-elle droit à une seconde chance.



A vous Duc Kro Mignon,
De nous, au retour d'un long sommeil,

Salutations.

Je vous prie de m'excuser de ce temps de réponse, qui doit être bien plus important que celui que vous aviez mis à m'envoyer votre propre missive. L'Acédie m'a encore prise de court, mais ne m'a pas abattue. Du moins pas cette fois.

Je suis toujours à Genève, mais j'entrevois enfin une lueur d'espoir, l'on va pouvoir me ramener en Lengadoc; Il me faudra ensuite trouver le moyen de rallier la Guyenne, ou j'espère tous vous retrouver. Je n'ai jamais eu de nouvelles de Marguerite, vous souvenez vous d'elle? Espiègle et raffraichissante...

J'espère vous retrouver souriant, et échanger quelques chopines en taquinant ceux qui passent.... Comme cet avocat dont le nom m'échappe.. Philipusaticus? Une chose dans le genre?

Racontez moi ce que vous devenez, comment se porte votre enfant, et ce que devient cette province que vous aimez tant.

Faict à Genève, le 10 Novembre 1461




Aussitôt sablée, aussitôt envolée... Pourrait-elle se créer une nouvelle vie près des rouleaux de l'Atlantique?

* Jean Royer, "La Main Cachée"
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