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[RP] L’enfance oubliée d’un passé volé

Deedee
    [Acte I : Dans la poussière des parchemins…]

                  …. Quand la malle interdite livre ses secrets



    Il est des paroles, des mots qui ne peuvent parfois s’oublier. Des mots qui restent bien au chaud dans un coin de la tête et qui reviennent chaque jour, vous rappeler qu’ils sont là et bien là et que vous ne pourrez jamais vous en défaire.
    Ces mots, Adeline les entendait, même plusieurs mois après, elle les entendait toujours. Quelques mots, une affirmation, un secret révélé, une vérité qu’elle ne voulait toujours pas croire. Et étrangement, les mêmes questions revenaient sans cesse.
    Pourquoi ? Comment ? Que s’était-il passé toutes ses années où elle grandissait loin d’eux…

    Voilà quelques semaines maintenant qu’elle était rentrée chez elle, dans ce château hérité de son frère. La Haye du Puits. Un endroit chargé de souvenir, ses souvenirs, dans lequel, au final, elle se sentait bien, en sécurité, au calme, en paix… Bien à l’abri de toutes les tempêtes. Un endroit qu’elle n’aurait jamais dû quitter… Même pas sous toutes les menaces du monde…

    Mais tout ceci était loin derrière maintenant. Elle était revenue. Des projets pleins la tête, le cœur et l’esprit en paix, enfin…. Presque. Il lui restait une petite chose à faire encore. Une toute petite… Un secret, un mystère, une interrogation à découvrir avant de définitivement enterrer tous ces fantômes qui ne cessaient de la harceler depuis toutes ces années.

    -Vous êtes encore en train de travailler ma Dame ? Vous n’êtes même pas descendu déjeuner… Dites-moi que vous n’allez pas recommencer comme avant ? Je m’y refuse je vous préviens ! Hors de question de vous voir de nouveau avec simplement la peau sur les os !

    Adeline leva le nez de son bureau, un léger sourire sur le visage pour accueillir sa femme de chambre qui entrait dans son bureau un plateau bien garni à la main.

    -Merci Jeanne, j’étais tellement plongé dans mes recherches que j’en ai perdu la notion du temps. Mais rassurez-vous, hors de question de recommencer comme avant. Et de toute façon comment le pourrais-je vous êtes pire qu’une mère poule avec moi !

    Elle ne put s’empêcher de rire un instant, quittant tout de même son bureau pour s’approcher du plateau. Ce n’était guère le moment de faire la têtue et rester le nez dans les parchemins, elle le savait, Jeanne savait se montrer impitoyable et était capable de rester planté dans cette pièce jusqu'à ce qu’elle ait fini de manger tout ce que ce plateau contenait, ou pire… la gaver comme une enfant chétive et malade. Mais qu’importe… Adeline l’avait promis, plus jamais comme avant. Plus jamais à ce point-là… Plus jamais !

    -Hum… cette tarte est exquise ! Vous féliciterez la cuisinière ! Mais vous la gronderez aussi. Si elle continue comme ça, je ne vais plus rentrer dans mes robes !

    Il fallait bien qu’elle râle quand même un peu, juste pour le principe au moins, sinon, où était le plaisir ? Et puis, quelque part elle n’avait pas tort, à ce rythme-là, elle ressemblerai bientôt à une barrique bien ronde et elle devrait reprendre toute sa garde-robe !

    -Ne dites pas de sottises ma Dame, vous avez bien de la marge, et puis il vous faut reprendre des forces maintenant.

    Adeline hocha légèrement la tête en souriant, repiquant au passage une autre part de tarte qu’elle croqua à pleine dent, avant de rejoindre son bureau et jeter un œil aux parchemins étalés.

    - Dites-moi Jeanne ? Savez-vous où se trouve la petite malle celle qui appartenait à feu mon frère ? Vous savez ? Cette malle étrange sur lequel se trouvent les armoiries de ma famille ?

    Cela faisait des heures et des heures qu’elle étudiait, regroupait, calculait, le nez penché sur l’arbre généalogique de sa famille, tentant de percer ce mystère qui jusque là l’avait juste effleurée. Elle n’avait jamais pris le temps, depuis la mort de son frère ainé de retrouver tous ses frères et sœurs, ignorant tout d’eux, tout, jusqu'à leur existence. Obnubiler par la traitrise de cette confrérie dont elle avait porté haut et fort les couleurs et les valeurs et qui avait tout simplement poussé son frère dans la tombe, elle avait simplement chercher à faire oublier cette « faute », ce « crime », tentant de redorer le nom des de Courcy, cherchant juste à prouver à ceux qui avait « tuer » son frère de quoi était capable sa famille… Et puis, elle devait bien l’avouer aussi, pour elle, si Fil avait fait d’elle son héritière c’était simplement que les autres étaient morts eux aussi… Mais…
    Et si ?
    Et si ce n’était pas le cas ?
    Et s’ils étaient encore en vie quelque part en ce royaume ?

    Mais pour commencer elle devait s’assurer cette histoire de jumeaux, vérifier l’exactitude de la naissance, de la filiation, retrouver ces documents, quelque chose la mettant enfin sur une piste. Et pour cela, si rien ne se trouvait dans les quelques parchemins récupérés lors de l’héritage, alors ce devait être dans ce coffret, scellé, qu’elle n’avait jamais ouvert.
    Et s’il était temps d’ouvrir la boite de Pandore et de libérer les âmes de ses défunts ancêtres de leur secret ?

    -Oh ? Vous parlez de ce coffret finement sculpté ?
    -Oui oui, celui là ! Jeanne je vous en pris, ne me faites pas languir !
    -Je crois que Justin a dû le ranger dans une des chambres inoccupé de l’étage ma Dame.
    -Dites lui de me le porter ici rapidement. Et faites-moi porter assez de bois pour la nuit. Je vais sans doute passer un long moment dans ce bureau.
    -Mais ma Da…
    -Jeanne !
    -D’accord, d’accord je ne dis rien ! Mais vous avez promis à votre fils une balade à cheval ! Mais je n’ai rien dit !

    Adeline afficha une petite moue en regardant sa femme de chambre partir. Elle mourrait d’envie s’installer, là, maintenant tout de suite, le nez plongé dans ces documents, se voyant déjà trouver ce qu’elle cherchait, d’un seul petit coup d’œil, mais elle devait également se rendre à l’évidence, des choses bien plus importante l’attendait et cette balade avec Erwan en était une.
    Qu’à cela ne tienne, les recherches débuteront plus tard !

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(Affaire réglé, plus de bannière !)
Deedee
[Château de la Haye du Puits – retour aux écuries]

    Une chevauchée et une course poursuite plus tard, après quelque heure passée dans le présent, rare moment qu’elle pouvait passer seule avec son fils, moment complice où plus rien n’existait si ce n’est eux, juste eux, et uniquement eux. Il avait grandi son petit prince, son chevalier, dans quelque temps il serait un homme, pour de bon, et quitterait surement le giron maternel pour s’envoler vers d’autres cieux. Mais en attendant cet instant, la jeune femme voulait profiter de chaque moment qu’Aristote lui accordait pour le regarder grandir et le voir devenir cet homme qu’elle s’était efforcée de préparer. Son fils. Son unique fils. Son préféré… Elle n’allait pas le nier de l’avoir toujours préféré cet enfant-là… A l’image de ce lien invisible qui les liés tous les deux… Et bizarrement, Adeline n’avait pas pu s’empêcher de penser à ses parents, ses frères et sœurs, et se demander si son père, si sa mère, avaient eu ce même sentiment dans la fratrie. Sans doute oui… sinon pourquoi aurait-elle grandi si loin d’eux ?

    -Donnez leur une bonne ration d’avoine surtout, et bichonnez les biens ! Ils le méritent après cette course ! Déclara la vicomtesse en caressant l’encolure humide de sa monture, les joues rougit par le vent, et l’effort fait durant cette chevauché dans la campagne. Elle regarda un instant son petit chevalier déjà affairé à soigner son cheval et ne put s’empêcher dans un geste tendre de lui ébouriffer la tignasse en lui recommandant pour la énième fois de ne pas rentrer trop tard au château s’il ne voulait pas se faire houspiller par la cuisinière.

    Le jour finissait sa course dans le ciel lorsqu’elle regagna à son tour le château, bien décidée, cette petite escapade terminée, à poursuivre sa recherche sur cette famille qui était sienne.

    -Ah ! Jeanne ! Justin a-t-il fait monter la petite malle comme je l’avais demandé ?
    -Oui, oui ma Dame, exactement comme vous l’avez demandé.
    -Très bien. Parfait… Je monte dans ce cas. Faites-moi porter un plateau pour le diner, et veillez à ce que l’on ne me dérange pas.

    C’était dit, les règles imposées pour passer la soirée et sans doute une longue partie de la nuit à farfouiller dans ce coffret espérant trouver un indice bien particulier. Sans se retourner, Adeline releva légèrement le bas de sa jupe et monta les marches qui menaient à l’étage aussi rapidement que sa tenue le lui permettait.


[Château de la Haye du Puits – Une chambre à l’étage]

    Confortablement installé devant la cheminée, le séant posé sur un de ces coussins qui d’ordinaire ornaient son lit, la de Courcy s’était plongée dans la découverte du contenu de ce fameux coffret.
    Longtemps oublié, longtemps relégué comme pièce de musée au fin fond d’un bureau, elle n’avait jamais voulu l’ouvrir ni même découvrir ce qu’il contenait de peur d’y découvrir …

    Jusque là, les seuls parchemins qu’elle avait en sa possession étaient l’acte de naissance et de décès de son frère ainé, quelque certificat de baptême, une fiche généalogique que le temps avait à moitié effacée et dont elle cherchait encore à découvrir tous ces secrets… Mais rien de tout cela ne pouvait affirmer qu’elle était bien Adeline de Courcy après tout…
    La mère supérieure du couvent n’avait jamais pu lui fournir son acte de naissance, la seule chose qui la liait à cette famille était ce médaillon, ce médaillon qu’elle portait autour du cou lorsqu’on l’avait trouvé au pied de cet arbre…. Ce même médaillon que son frère ainé avait reconnu et confirmer comme appartenant à sa famille. Ce médaillon, les gravures, celle là même qui lui avait permis de retrouver sa cousine. Mais un médaillon… ça ne disait pas tout. Si seulement elle pouvait trouver dans ce coffret une preuve de sa naissance, de son appartenance à cette famille, de sa filiation avec ses frères et sœurs… Cette preuve irréfutable de cette vérité qu’on avait voulu taire… Ce secret qu’on ne voulait révéler…

    Soucieuse, le front plissé à la découverte du coffret, Adeline venait de trouver une série de parchemins attestants la naissance des enfants de la famille mais rien sur elle et sur celui qu’elle cherchait. Des échange de courrier entre ses parents, d’autres lettres plus officiel, des certificats, des inventaires de récoltes et puis…
    Une lettre…
    Cette lettre…
    SA lettre…

    Quand les hommes se murent dans le silence, l’encre parle pour eux… Le cœur battant, les mains tremblantes, la jeune femme approcha alors doucement sa bougie du velin, et à la simple lueur de la flamme déchiffra, fébrilement le contenu de la missive.
    Lettre anodine d’une correspondance entre frère…
    Oui mais…

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(Affaire réglé, plus de bannière !)
Kathryn.brehnian
Mission Angoville.
Ce n'est pas parce qu'une première fois son itinéraire avait été dévié vers Dieppe, qu'ensuite il y avait eu lieux les mariage qu'elle avait délaissé son projet d'aller visiter le manoir d'Angoville, bien au contraire.
D'un état proche des ruines, elle espérait que ces longs mois de travaux avaient rendu le domaine habitable, et même agréable. Optimiste de nature, Kathryn avait emmené pour cette redécouverte du domaine ses deux fils.
Si l’aîné voyageait avec elle sur sa jument, Kathryn ayant décidé de lui apprendre à monter, le plus jeune suivait derrière eux avec sa nourrice, dans une charrette qui contenait aussi quelques malles.
Plus que quelques lieux avant Angoville, mais un dernier crochet s'impose, rapide. Juste le temps de saluer la cousine et néanmoins suzeraine si elle se trouve à La Haye. Qu'on ne vienne pas lui reprocher après de ne pas avoir prévenu pour une fois qu'elle passait par là. Cependant la halte serait courte, la curiosité de découvrir les travaux effectués au manoir était trop importante pour valoir une visite prolongée, de plus, la journée se finissait, et il était hors de question de dormir ailleurs que chez elle.

La Haye en vue, et déjà une bonne nouvelle, la vicomtesse se trouve là.
Descendant prestement de sa monture, elle aida son fils à faire de même.
Erwann, regarde bien comment les écuyers vont s'occuper du cheval, une prochaine fois cela sera à toi de le faire, mais ne t'approche pas quand je ne suis pas là, ou ton père. Et, n'embête pas ton cousin s'il est dans les parages, ce qui m'étonnerait.

A la jeune nourrice, elle réitéra ses instructions, veiller sur ces fils, ne pas laisser Erwann s'approcher trop, et répéta qu'elle ne tarderait pas.
Prochaine étape, arriver jusqu'à la cousine, ce qui s'avère moins facile que prévu quand la femme de chambre d'Adeline semblait mettre un point d'honneur à ce que sa maîtresse ne soit pas dérangée.
Mais voyons, Jeanne, vous savez bien que je ne suis personne ! Ce qu'elle entend par là, c'est qu'elle pas inclut dans les interdictions de sa cousine, ou que si elle l'est, et bien elle passera outre.
Oui, oui, je lui dirais que c'est moi qui ai insisté, que c'est ma faute, tout ce que vous voulez.
Un sourire pour achever de convaincre et le passage est libéré en direction d'une chambre qu'elle ne connait pas.
Porte ouverte sans trop de bruit, mais l'exclamation fuse sans qu'elle ne songe à la retenir.
Ad', que fabriques-tu ici ? On ne voit rien !

Le temps de s'habituer au manque de lumière, puis d'un regard circulaire Kathryn note le regard absent d'Adeline, le vélin qu'elle semble avoir laissé tombé après sa lecture, et la bougie déjà presque entièrement consumée, preuve que la vicomtesse est là depuis un long moment.
Que se passe-t-il ?
Le ton est sérieux, et puisque la réponse n'est pas immédiate, avec cette familiarité qu'elle a en présence de sa cousine, la plus jeune des Courcy ramasse le parchemin et commence à le parcourir silencieusement.
Oh...
Et la lumière fut. Pas dans la pièce, hélas, mais dans les idées de la jeune femme. Il reste toujours un bon nombre de zones d'ombres mais l'état de prostration actuel s'explique.
Ad'...cela va ?
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Adeline.


    Elle ne s’était pas rendu compte la de Courcy… Pas rendu compte que la missive avait glissé de sa main, que la bougie s’était consumée presqu’entièrement, que la lumière faiblissait et qu’un léger courant d’air lui parcourait l’échine glaçant ses mains et son cœur. Non… Elle ne s’était pas rendu la de Courcy… Cette lettre venait simplement de la plonger des années et des années en arrière, mais dans un monde qui n’était pas le sien, un monde dont on l’avait sciemment privée et dont elle découvrait ici et là des bribes, des petits bout, des pages que l’on retrouve pour reformer un livre. Elle était partie Adeline. Loin, très loin de l’instant présent, s’imaginant un petit garçon courant après son frère ainé sous le regard maternel. Ces mêmes garçons apprenant le maniement de l’épée sous l’œil sévère de leur professeur, et les colères du père, des colères noires dont elle imaginait aussi forte que le tonnerre. Elle était là, Adeline, spectatrice d’une famille qui l’avait éloignée.

    Ad', que fabriques-tu ici ? On ne voit rien !
    Pour sûr, ce qu’elle voyait était tout autre, elle le voyait lui, elle l’imaginait lui. Plus grand qu’elle, même teinte de cheveux, même yeux, même regard, un peu comme dans un miroir. Celui avec qui elle aurait du grandir, avec qui elle aurait du partager ses maux d’enfants, ses craintes de jeunes filles, lui… qui lui aurait sans doute épargné de faire tant de bêtise, mais lui… que…. Qui …. Quoi… Pourquoi….
    Les questions demeuraient, mais certaines réponses arrivaient. On lui avait dit qu’il était mort, disparu. On lui avait dit qu’elle n’était plus que l’unique héritière, et si longtemps elle avait voulu venger la mort de son frère ainé, qu’elle avait fini par oublier l’existence de cet autre… De son autre… Une existence qu’elle préférait croire ensevelie.
    Et pourtant….

    La voix de sa cousine lui parvint enfin et Adeline cligna un instant des paupières pour se rendre compte que…. Et bien qu’elle devait avoir une tête à faire peur vu celle de Kate. Un rapide regard autour d’elle et la Vicomtesse découvrit la fameuse lettre dans les mains de sa cousine.

    -Kate ! Kate ! Tu as lu ? Tu as vu ? Tu sais ce que ça veut dire n’est ce pas ? C’est la preuve ! Je suis sure que c’est la preuve !

    Et de statue immobile figée dans le temps, voila qu’elle venait de se transformer en furie excitée, débitant mot sur mot, question sur question, sans laisser le temps à la benjamine de Courcy d’en placer une.

    - Aide-moi Kate ! Aide-moi ! Il faut que je trouve…

    Se laissant alors tombé à genoux sur le sol, Adeline commença à remuer le fameux coffret, plongeant ses mains dans les parchemins que gardait précieusement la petite boite.

    -Il faut que je sache… Il doit bien y avoir…

    Y avoir quoi ? Un autre morceau du puzzle ? Un parchemin miracle qui lui expliquerait tout d’un coup de baguette magique ? Nan….. C’était bon dans les contes pour enfant tout cela, mais là. Là c’était la réalité !

    -Je suis certaine que l’on peut trouver une autre preuve qu’il est en vie. Il faut que je sache…. Il le faut !

    Il le fallait oui… Ouvrir la boite de pandore, découvrir, connaitre, qu’importe le prix qu’il faudrait payer ensuite.


Deedee
    Chercher, étudier, comprendre, supposer… Tout semblait si simple, et pourtant… tout était tellement compliqué quand on cherchait, un passé, une enfance, oublié, volontairement ou pas, mais oublié quand même. Elle avait l’impression, la vicomtesse, d’être comme ces amnésiques qu’elle soignait à l’Hôtel-Dieu, ces personnes qui ne pouvaient se rappeler ni leur nom ni leur famille, ces personnes dont les souvenirs sont comme une nuit sans lune et sans étoiles.
    Spectatrice de sa propre vie…

    Difficile, à partir de ce moment de faire comme si, de faire comme ça… Oh bien sûr cela ne l’avait pas empêchée de vivre, de grandir et de faire sa vie, mais tout cela était bien plus facile avant…
    Mais avant quoi ?
    Avant de connaitre son frère ainé ? Avant de supporter le poids d’une famille qu’elle ne connaissait pas ? Avant de rencontrer les autres membres de cette même famille ? Avant de connaitre certaine…. vérité ?
    Oui… Avant tout cela, c’était bien plus facile… Mais maintenant ?

    Les mains un peu tremblante, Adeline cherchait, et cherchait encore. La malle livrait ses secrets petit à petit, et bientôt une montagne de vélin, de courrier, d’acte officiel jonchait le sol de la chambre de la vicomtesse. Cela aurait pu ressembler à une soirée entre cousine, papotant au coin du feu, mais l’ambiance était tout autre.

    -C’est étrange Kate…. Nous avons trouvé tous les documents officiels actant la naissance de mes frères, et même de ma sœur, mais rien concernant la disparition de mon frère…
    Et… ce qui m’inquiète le plus c’est que je ne trouve rien me concernant…
    Si ça se trouve…

    Elle leva la tête pour croiser le regard de sa cadette. L’idée qui venait de lui traverser l’esprit ne l’enchantait pas le moins du monde…
    Et si... Et si son frère s’était trompé ? Et si son cousin avait eu raison ? Et si… son frère n’était pas son frère, sa cousine pas sa cousine et son nom, pas son nom ? Non… Impossible ! Impensable même !
    Le médaillon avait parlé ! C’était là une preuve de sa filiation, une preuve irréfutable !
    Oui mais…. On aurait pu aussi lui mettre autour du cou comme cela… Et alors…

    La jeune femme secoua vivement la tête et se replongea dans cette malle qui contenait encore quelque trésor, quelque secret bien gardé et dont elle ne tarderait pas à découvrir les mystères. Cela ne pouvait être autrement !

    Son regard se posa alors sur un petit morceau d’étoffe renfermant une pochette de cuir soigneusement fermé par un cordon prisonnier d’un scel de cire.

    -Kate ! Regarde !

    Qu’était-ce cela encore ? Quel précieux objet pouvait-il être précieusement enfermé et sceller de la sorte. Un document compromettant ? Un bijou précieux ? Nul doute que celui qui avait fait cela voulait garder au secret certaine chose…
    Oui mais…. Quelle chose ?!

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Deedee
[Château de la Haye du Puits – dans la douceur de la nuit, une chambre, un refuge...]

    Du bout des doigts elle caressait le parchemin, jaunis, froissé, dont le temps avait presque effacé l’encre dessinant les lignes des quelques lettres, des quelques mots écrit dans une écriture rapide, comme si la personne qui avait couché ces mots avait juste été pressé d’en finir…. Au plus vite !
    Son regard allait d’une ligne a une autre, d’un mot a un autre, s’arrêtant sur le prénom des enfants inscrit et reconnu ici, s’arrêtant sur la signature et le scel du parchemins. Tout ceci lui semblait étranger, incompréhensible, mais pourtant c’était bien là des morceaux de sa vie qui se remettait en place petit à petit.

    « Charles Rodrigue de Courcy » et « Adeline Cyrielle de Courcy », l’histoire était donc vraie, elle avait un frère, un jumeau, un double quelque part en ce Royaume, vivant peut-être ? Mais tout cela, même si un léger sourire s’était dessiner sur son visage ne répondait pas à ses questions…
    Pourquoi ?
    Comment ?
    A quel moment ?

    Quelque heures plus tôt, sa cousine avait quitté le château, non sans l’encouragée, la reconfortée, la rassurée même en lui disant que tout ceci était passé, qu’elle devait se tourner vers son avenir, cette vie qu’elle allait construire avec son Duc et Adeline avait simplement hoché la tête lui promettant de ne plus y penser. Oui mais voilà… Difficile de se défaire d’un passé, qui l’obsédait bien plus qu’il ne la tourmentait…
    Si petite elle ne s’était jamais posé de question quant à sa famille, les événements des derniers mois avait été tout autre. Cette famille, elle avait appris à en porter le nom, elle en apprenait les secrets, elle en reconstituait les morceaux, les histoires, mais il lui manquait encore tellement de chose à apprendre…

    Peut être que d’autre aurait la réponse… Ailleurs que dans cette malle aux trésors finalement. Elle était maintenant sur d’être une de Courcy, rien ne pouvait plus la faire douter. La reconnaissance officiel de son père sur ce bout de parchemins ne mettait plus en doute sa filiation, restait juste…. Juste a comprendre pourquoi elle avait été « abandonné » du côté de Dieppe. Pourquoi elle ? Que s’était-il passé ? Et le reste de sa fratrie ?

    Allongée sur sa couche, la jeune femme regarda une fois de plus sur ce vieux parchemin plié qu’elle avait trouvé dans cette pochette. Une lettre cette fois, une lettre comme ces multiples correspondances qu’elle avait trouvées dans cette malle.

    Citation:


    « Ma Dame,

    Votre enfant se trouve entre de bonnes mains, suivant vos instructions, je l’ai déposé au pied d’un arbre non loin d’un couvent sur la falaise à la frontière Artésienne. Restant a bonne distance j’ai pu voir deux religieuse l’emmenée. Il y a fort à penser qu’elle y sera bien, élevé dans la foi Aristotelicienne et la chaleur d’un foyer.

    Comme vous me l’avez demandé, elle porte à son cou le médaillon de votre famille et une lettre garantissant sa noble lignée. Il nous sera ainsi plus facile de la retrouvée lorsque la colère de votre époux sera enfin passé.

    Soyez en sûr, un jour, il comprendra et reconnaitra le précieux cadeau qu’Aristote lui a fait en lui donnant deux beaux enfants…

    Votre dévouée….

    J.A »

    J.A… le nom résonnait comme une délivrance… Peut être enfin la clé d’un secret ? Qui que pouvait être cette J.A, elle devait la retrouvé, la rencontrer et connaitre enfin la vérité…
    Mais où la trouver maintenant ?

    La question ne trouva pas de réponse, serrant les parchemins contre son cœur, la de Courcy s’était déjà envolée dans les bras de Morphée… Demain serait un autre jours….

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