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[RP fermé] Le Parfum, Histoire d'un meurtrier.*

Tord_fer
Préambule

    Un homme ne né pas fou, il le devient. Comment cela ce passe t-il ? Quel long et sournois processus ce met en route ? Y'a t-il vraiment une raison à la folie d'un homme ? Peu-être vous êtes vous déjà posé ces questions. Ou peu être avez vous déjà croisé un vieux borgne orignal dont quelques morceaux manquaient. Peu être l'avez-vous regardé, vous demandant si cette homme là est humain ou bête. Peu être vous êtes vous demandé comment un homme peut en arrivé à vendre des parties de son corps contre du caramel mâchouillé ? Peu être aussi que vous aurez quelques réponses en lisant cela. Bien que la folie n'est pas vraiment quelque chose qui tire ses réponses dans du rationnel...
    Vous qui avez commencez à lire ces quelques mots, je me permet de vous mettre en garde sur le contenue qu'il va suivre. Cela ne sera ni un compte de fée, ni une jolie histoire. Et il est certaines histoires qui finissent aussi mal que ce qu'elles ont commencés. La vie s'acharne parfois sur certains êtres, et la misère rend les hommes mauvais. Ce texte parle de la vie d'un homme - Tord Fer - qui a connu bien des surnoms au court de sa vie, s’enfonçant pas à pas dans cette mélasse qu'est la folie, jusqu'à y être engloutit totalement.
    Il avait perdu sa dignité, sa fierté, son honneur mais aussi son esprit. C'est cela même qui le différencier des autres. Un homme qui ne se respecte plus ne peu respecter les autres. Et il en devient plus dangereux encore. Surtout quand sa conscience se perd dans les méandres de sa folie. Il ne savait plus ce qu'était le bien ou le mal. Le pire c'est qu'il s'en moquait éperdument. Il répondait à ses instincts et plus ceux-ci étaient noir, et plus son esprit en redemandé. Un cercle vicieux de vice, si vous me pardonnais le jeux de mots.
    Il avait soif de sang. Soif de femme. Soif d'or. Soif...
    Les vices, ils les collectionner, et ceux-ci prenait le dessus sur lui comme une tumeur grignote votre cerveau avant de le gouverner.
    Des femmes, il était passé aux hommes, puis quand cela ne lui suffisait plus, aux enfants. Mais la folie dans sa tête s'agrandissait et il s'en était pris aux vaches, puis aux chèvres. Le temps faisant son effet, son esprit s'en aller, il ne faisait même plus la distinction entre mort et vivant.
    Ainsi en était rendu le Borgne. Sa folie gagnait du terrain, et rien alors ne pouvait à présent le stopper.
    Ce n'est qu'en revenant dans le compost et les ordures qu'on peut faire émerger la vérité pure. Celui qui refuse de revenir dans sa macération originelle ne pourra ni comprendre son passé personnel et aussi le futur collectif. Les deux étant forcement liées.**
    Ainsi, si la généalogie et les histoires de familles ne vous interesse pas, passez votre chemin. Quand aux plus courageux, prenez garde, ce texte pourrez vous donnez l'envie de ne plus vous lavez une année durant, d'essayer d’ôter votre oeil avec une cuillère, de jetez du sable dans les yeux de votre chat, et peu être allez vous, vous aussi, sombrez dans cette douce et mélancolique folie qui nous entoure...
    L'ordre chronologique ne sera pas conservé, mais des retours en arrière seront effectués lorsque que nécessaire. Quand à certaines histoires, elles ne peuvent être comptés...



* Le Parfum, Histoire d'un meurtrier, est un roman de l'écrivain allemand Patrick Süskind, paru en 1985.
** Tirée de "Le Mirroir de Cassandre" de Bernard Werber, citation un peu adaptée.
*** RP fermé, cependant si vous souhaitez participer, envoyez un Mp avant.

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Tord_fer
    Cistude ?

    Où es-tu Cistude ?

    Je ne renonce pas, tu sais. Je ne renonce pas...

    On a enfermé Tord Fer le borgne dans les geôles. Avant, il y a un certain temps il se trouvait dans une autre prison, en attente d'être décapité croyait-il, on lui avait fait boire de l'eau. Il avait perdu connaissance; sa mémoire était vide, il ne se souvenait de rien, même pas de son transfert de la prison de Bergerac à ici. Puis la mémoire lui était revenue, lentement. Il a ouvert l'oeil et a regardé autour de lui, puis il a entendu le silence.
    Un silence a faire éclater les oreilles.
    A rendre fou.
    D'accord.
    Calme toi. Tord Fer cesse enfin d'aller et venir. Il s'assoit au centre de la cellule, en tailleur. Il force ces mains à s'ouvrir, ses doigts à se détendre.
    C'est ce qu'ILS veulent, Tord : que tu deviennes fou ! Tout comme ILS ont voulut que tu les tues.
    D'accord.
    Tu te calmes.
    Reprends toute l'histoire depuis le début, dans ta tête. Pas celle qui commence à ta naissance non. Mais dix-neuf, vingt ans après. Quand tu es arrivés en Normandie. Bien avant que tu ne connaisse Cistude et Miya, et tous les autres Piques.
    Quand tu étais en Normandie et que tout à commencé vraiment.


Chapitre 1 :La jeunesse heureuse est une invention de vieillards.

[Lisieux, le 2 septembre 1428.]

Il a dix-neuf ans dans quelques mois et il marche. Un sourire heureux sur les lèvres. Il est jeune, il est beau. Même sacrement beau pour son âge.
Jean Gaillard est son nom complet. Cent soixante dix et quelques centimètres en taille, de jolies yeux sombre, des cheveux d’ébène et pour passé le tout il est l'unique forgeron du village. Il avait dans toute sa personne cet air calme et résolut qu'on les hommes sures d'eux, et dont le destins semble tout tracé.
Dans son enfance il n'avait pas appris à lire. Quand il eut l'âge d'homme il fit ce qu'on attendait de lui. Jean était d'un caractère pensif sans être triste. Il avait perdu en très bas âge son père et sa mère. Sa mère était morte d'une fièvre de lait mal soignée. Son père émondeur s'était tué en tombant d'un arbre. Il ne resté à Jean qu'une soeur plus âgée que lui, mariée. Elle logea et nourrit son jeune frère. Son mari mourut. Jean Gaillard venait d'avoir dix huit ans. Il travaillait comme apprenti chez le forgerons du village depuis ses quatorze ans, et se fut à son tour de veiller sur sa soeur jusqu’à ce que celle-ci se remarie. Cela se fit simplement comme un devoir. Sa jeunesse se dépensait ainsi dans un travail rude et mal payé.

En mai dernier il épousa la plus belle femme du village à ces yeux. Eléonore. Agée d'à peine seize ans lors de leur mariage, elle avait tout de suite succombé aux charmes de Tord Fer. Ses cheveux d'un blond étincelant faisait ressortir son teint pâle et ses yeux bleu. Elle était frêle pour son age, mais paraissait fine et délicate.
Il l'avait rencontrer en apportant une hache qu'il venait de finir à son père et lui avait de suite fait la cours. Sa dote n'était pas élever, elle n'était que la fille du bûcheron, et lui le forgeron du village, mais il n'avait que faire de la dote et demanda sa main à son père quelques semaines après leur rencontre. Jean avait une bonne réputation dans le village, et le père d'Eléonore accepta sans trop réfléchir. Sa fille était chétive, et savait qu'il ne lui trouverait pas meilleur partit. De plus elle avait l'air d’apprécier Jean. Deux mois plus tard ils étaient marier, et elle attendait leur premier enfant...

A présente enceinte de quelques mois, il presse le pas pour aller la rejoindre dans la petite maisonnette à la limite du village. Ils ne sont pas très riche mais ils sont loin d'être pauvre non plus. Jean travaillait dur à la forge. La nature l'avait doté d'une force supérieure à celle des autres. Il était capable de tordre le fer à mains nue. Ce qui lui a valut le surnom de Tord Fer par les jaloux du villages. Mais il se raille bien de ces moqueries. Il est heureux, gagne son pain et ne tardera pas à être papa dans quelques mois.
Il s'arrête au bord de la route et ramasse des fleurs sauvages qui poussent le long des chemins. Sa femme aime les fleurs.
Il arrive enfin chez lui, et trouve sa belle allongés sur le lit. Sa grossesse est difficile mais elle ne se plaint pas. Elle fait les tâches ménagère et une fois la besogne finit va s'allongeait un instant. Tord Fer ramasse un vase et va le remplir d'eau à la petite rivière qui passe derrière chez eux. Il place les fleurs dedans et va les mettre au chevet de sa douce. Il lui caresse les cheveux avec douceurs pour la réveillé après avoir déposé un baisers sur son front.


Comment va tu ce soir ma belle ? et le bébé ?

Sa femme lui sourit, elle a un sourire d'nage. Elle parait tellement fragile et faible dans ce lit, mais elle lui sourit comme si la fatigue ne l’atteignait pas.

Je vais bien, le bébé aussi. Tu rentre tard ce soir...

Elle lui raconta que l'herboriste du village était passé la voire pour voir si le bébé était en bonne santé. L'herboriste s’inquiétait de la survit de la femme à l'accouchement, elle lui paraissait bien faible pour porter un enfant. Tord lui sourit et l'aida a se lever afin qu'elle puisse mettre la table et préparer le souper.
Il rentrait de plus en plus tard ces jours-ci, et pour cause, Jean avait une maîtresse. Tout homme aimant qu'il était, la grossesse de sa femme étant ce qu'elle était il ne pouvait lui demander d’assouvir ses besoins en plus de s'occuper de la maison. Il s'était donc, sans trop de difficulté, dégoté une maîtresse dans le village et allé la voire avant de rentrer chez lui quand il avait finit à la forge.
Ne le juger pas trop vite, un homme fidèle était une chose bien rare à cette époque, surtout que Tord Fer était un homme séduisant, un homme qui aimait les femmes, un homme que les femmes aimaient...
Malgré cela il rentrait tous les soirs, il aimait sa promise, et ne voyait pas le mal dans ce qu'il faisait, il avait fréquenter les bordels bien avant de rencontrer Eléonore, et bien qu'il avait juré fidélité en prononçant ses vœux, il s'était dit que son cœur était tous à sa femme, alors pourquoi privée les autres de son corps ?...

Après le dîner, il laissa sa femme ranger, tandis qu'il allait donner du foin aux quelques bêtes qu'ils avaient: une vache, quelques poules et deux moutons. Cela était peu, mais cela suffisait pour avoir du lait frais, des œufs et de la laine pour se tenir chaud l'hiver. Il fit rentrer les bêtes, vérifia qu'elles n’avaient rien, les nourris puis rejoints sa femme qui s'était déjà couché épuisés par tous cela.
Il se prit un peu d'eau dans une bassine et se lava sommairement les mains et le visage avant de se glisser dans le lit prés de sa douce. Il s'endormit en la serrant contre lui.

Ainsi se dérouler le quotidiens de Jean Gaillard qu'on avait surnommer Tord Fer.

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Tord_fer
[Lisieux, le 9 juin 1433.]

    Son cœur battait vite. Sa respiration devenait de plus en plus difficile. Des perles de sueurs coulaient le long de sa nuque déposant de petite tache sombre sur son chemisier. Ses mains se mirent à trembler, ses nerfs se tendrent. La panique commençait à la gagner comme une main de fer empoignant son cœur et son esprit, la laissant sans moyen. Le temps semblait s’écouler à une vitesse désespérément lente. Chaque second comptait pour elle. Chaque second la rapprochait du moment fatidique.
    Elle releva la tête et regarda devant elle. Elle regarda droit dans les yeux l’homme qui lui faisait fasse. L'homme qu'elle avait aimer. L'homme qu'elle avait épouser. Pour lui aussi chaque second comptait, chaque second le rapprochait du moment fatidique, mais bizarrement elle avait l’impression que son cœur ne s’accéléré pas. Aucune sueur sur son front. Peu être était il résigné ? Peu être qu’il se moquait bien de ce qui aller lui arriver ? De ce qu'il allait lui faire ? Pour elle se moment serait sans doute le plus important de sa vie.
    Elle respira lentement.
    Rester calme.
    Surtout ne pas paniquer, respirer un bon coup.
    Elle regarda de nouveau l’homme devant elle.
    Il n’avait pas bougé, toujours aussi impassible. Un sourire commencer même à naître sur ses lèvres. Ses lèvres trop rouge qui attiré le regard sur ce visage trop pâle.
    S’en était trop ! Elle voulait lui crachait a la gueule, lui faire perdre se sourire qu’elle voyait naître. Cette vermine aller enfin avoir ce qu’il mérite. Il aller payer pour ce qu'il lui avait fait. Et encore la mort est encore trop douce. Elle aimerait le voir souffrir, le voir l’implorer, le voir lui demander pardon voila ce qu’elle veut voir. Elle veut le voir souffrir comme il la fait souffrire elle. Et leur fils.
    Elle baissa les yeux.
    Elle devait oublier se sourire qu’elle avait vue naître.
    Elle avait toujours la même impression que le temps aller particulièrement doucement… Comme si il ralentissait. Désagréable impression qui attisait sa haine, et exciter son cœur.
    Elle devait s’occuper l’esprit, ne plus penser à ce qui c'était passé.
    Penser, penser, elle devait penser….
    Les seuls pensés qui lui venait étaient en lien directement avec lui. Elle repensa à se sourire qu’elle avait vu naître sur ses lèvres 5 seconde auparavant, elle se dit que décidément cette homme ne ressentait vraiment rien…
    Il souriait.
    Sourire d’ailleurs qui la ramena à d’autre souvenir. Des souvenirs plus joyeux. Elle était partit pour un aller en enfer sans ticket de retour. De toute façon il fallait bien que ça arrive à un moment ou un autre. Autant que ça soit maintenant. Avant que son coeur ne se brise. Avant qu'elle se sente trahis, rejeté. Avant qu'il ne s'en prenne à lui. Son fils. Leurs fils...
    Ce sourire… Ce sourire mélangeant à la fois ironie, cruauté et haine. Un sourire qu'elle ne lui avait jamais connue, et qu’elle n’aurait jamais crut possible jusqu'à maintenant.
    Une larme coula sur sa joue.
    Ses lèvres s'ouvrirent bien malgré elle.
    Une longue et douloureuse supplication envahit la pièce...


Un peu plus tôt dans la soirée...

Comme tous les soires depuis cinq ans à présent, Jean rentra chez lui, des fleurs dans les mains, un sourire aux lèvres. Sa femme avait mis au monde un garçon, un petit homme. Ils avaient décider de l'appeler Franck, en hommage aux origines germaniques de la mère. Origine bien lointaine, mais dont la famille était fière. Jean ne s'était pas opposé à ce souhait, trouvant le prénoms original. Le petit Franck avait grandit. Il avait à présent cinq ans, et chaque soir, il courrait au devant de son père qui l'attendait dans l’allée bras tendus.
Mais ce soir, personne ne vint à sa rencontre.
Jean s'en étonna pas plus que cela. Peu être que le petit jouait avec les poules. Il s'avança dans l'allée le sourire toujours aux lèvres et poussa la lourde porte de la maisonnette.
Sa femme était là. Assise à l'attendre. Jean la regarda un bref instant, surprit de la voir ainsi. Son regard était froid et plein de larme.
S’avançant dans l'unique pièce qui leur servait de maison, il déposa les fleurs sur la table sans les mettre dans l'eau et fronça les sourcilles. Quelque chose clochait. Et il n'allait pas tarder à savoir quoi.
Il ne lui fallut qu'un simple froncement de sourcille pour que sa belle et d'ordinaire si douce Eléonore ne déverse sur lui un flot d'insulte dont il ignorait même qu'elle en connaisse l’existence. Elle l’insultât copieusement, et Jean comprit entre deux lames ravalées qu'elle était au courant pour sa maîtresse. Enfin ses. Il avait pris goûts à cela et avait multiplier les aventures tout en continuant allègrement de profiter de la beauté de sa femme. Que voulez-vous : Le cœur réclame une femme; les sens, plusieurs; l'orgueil, toutes.
Jean demeura impassible. Il la laissa déverser sa haine sans bronchait. La regardant s’épuiser en cris et en larme. Elle se calma d'elle même, les yeux bouffies par les larmes qu'elle avait versés, le cœur serré par ce qu'elle avait devinée, la voix brisait par ses cris désespérés.
Il la regarda froidement. Une chose étrange avait fait frissonner son corps. Une sorte de plaisir malsain. Un plaisir de la voir ainsi souffrir. Un plaisir de se savoir responsable de ces maux. Ses lèvres se desserrèrent et la question qu'il avait au bout des lèvres sortit d'elle même.


Le dîner est prêt ?

Cela en fût trop pour elle. Elle le regarda horrifier. Elle avait sentit dans cette question toute la sécheresse dont faisait preuve son cœur. Depuis quand ne l'aimait t-il plus ? Depuis quand avait il commencé à voir ses femmes ? Comment allait-elle vivre avec cet homme dénuder de remords ?
Elle se trompait pourtant sur un point. Jean Gaillard l'aimait encore. Et la gifle qu'il lui asséna, faisant coulé un filet de sang sur ses lèvres, le lui prouva. On ne frappe pas une personne qui nous laisse indifférente.
La violence de la gifle la fit tomber de sa chaise. Elle porta la main a ses lèvres et regarda le sang qui luisait sur ses doigts. Elle releva la tête vers celui qui l'avait frappé. Celui qu'elle avait aimé...
Elle avait peur. Son cœur battait vite. Sa respiration devenait de plus en plus difficile...
Ses lèvres s'ouvrirent. Sa voix était tremblante. Bien plus qu'elle ne croyait, lorsque ces mots avait traversé son esprit avant de se briser sur ses lèvres.


Excuse moi... Je n'aurais pas dut.

Jamais encore il n'avait levé la main sur elle. Jamais encore il ne l'avait frappée. Mais elle comprenait. Elle l'avait cherchée. Elle n'aurait pas dut lui reprocher ces choses. Après tout c'était lui l'homme. Lui qui mettait le pain sur la table, et si il avait pour cela besoin de quelques réconfort chez d'autres femmes. Alors soit. Cela lui avait servit de leçon et elle savait qu'il ne recommencerait plus si elle se tenait sage. Elle se dirigea vers l'établit sur lequel elle préparait le dîner. Celui-ci n'était pas prêt.
Elle lui tourna le dos et ne vit pas...
Elle ne vit pas l'énorme main de Jean lui agripper violemment le cuir chevelu et la pousser plus fort encore vers l'établit.
Il eut un bruit matte lorsque son crâne vint cogner avec force la surface en bois.
Ses yeux roulèrent, et elle n'eut le temps que de voir le sourire qu'avait Jean lorsque celle-ci s'écroula au sol...
Jean Gaillard leva la jambe et la rabattis violemment sur les cheveux qui recouvrait à présent le visage de celle qui avait été sa femme. Il ne vit pas l’étincelle de vie qui quitta le corps de sa femme sous ce coup fatal. Il n'entendit pas non plus son dernière murmure. Le noms de son fils. De leurs fils...

Fils que Jean regardait justement sur le pas de porte.
Celui-ci était entrée a peu prés au moment ou Jean avait saisit sa femme par les cheveux. Il avait vu toute la scène. Il avait entendu le dernier râle de sa mère. Il voyait le sourire sur les lèvres de son père.
Une tâche sombre vint souillé son pantalon à la hauteur de l'entrejambe et de la peur se lisait dans ces yeux. Il était certes jeune mais il avait compris que quelque chose s'était produits. Quelque chose qu'on ne pouvait réparer... Des larmes lui montèrent aux yeux. Jean regarda son fils, puis son regard se baissa sur les cheveux ensanglanté de sa femme et appela le garçon.


Voyons Franck, ne pleure pas. Regarde tu a mouillé ton pantalon. Viens dans mes bras. Viens dans les bras de papa.

Que reprocher à un enfant ? Que reprocher à un enfant qui, confiant, fait ce que son père lui dit ? Père qu'il c'est toujours montré tendre avec lui ?
Franck s'approcha d'abord hésitant puis courut dans les bras de son père les yeux embuait de larmes, demandant si maman allez bien.
Jean caressa avec douceur les cheveux du petit. Les cheveux de son fils. Des cheveux aussi blond que ceux de sa mère.
Il écarta avec douceur ce petit être de son corps en le tenant par les épaules, et le regarda dans les yeux.

Ce regard.

Le même que sa mère.

Un regard de reproche.
Un regard de peur.
C'en était trop. Il ne supportait pas ce qu'il voyait dans les yeux de son propre fils. Il avait peur de lui. Il le regardait comme si c'était un monstre. Comme le meurtrier qu'il était.
Doucement les doigts de Tord Fer virent se resserrer autour du cou chétif de l'enfant et se mit à serrer fort. La panique remplaça la peur dans le regard de l'enfant puis après quelque suffocation, son regard devient vide, inexpressif.
Voila. Jean préférait ce regard là.
Ce n'était pas la folie ni la colère qui avait dicté ces actes. Il était conscient de ce qu'il avait fait. Entièrement conscient.
Mais les morts ne savent qu'une chose: il vaut mieux être vivant...

Se doutant du bruit qu'avait du faire leur dispute, le Borgne ne perdit pas de temps et transporta les deux corps vers la rivière qui passait derrière leur maison. Il ne lui fallut pas plus de temps pour leur attaché une grosse pierre au pied avec la corde qui lui restait.
Il leur fit à chacun un baiser d'adieu sur le front sans demander pardon, et les poussa l'un après l'autre dans la rivière.

Celle-ci n'était pas très profonde et une famille qui disparaît, ça se remarque, aussi, une fois qu'il eut finit, il se dirigea en direction de la forêt et s'éloigna du village. En marchant vite et s'en s’arrêter il serait déjà loin lorsque les premiers curieux s’intéresseront à sa masure.

Il laissa derrière lui une partie de son humanité avec ses deux corps sans vie dans cette eau claire et fraiche...

L'histoire commence vraiment.

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Tord_fer
Chapitre 2 : L'exil est une espèce de longue insomnie.(Victor Hugo)

[Rouen, de 1434 à 1455.]

L'hiver fut rude. Jean n'avait pas d'ouvrage. Pas de pain. La misère l'enveloppa et l'étreignit peu à peu...
Un soir le boulanger de la place de l'église de Fécamp se disposait à ce coucher lorsqu'il entendit un coup violent sur la devanture grille et vitré de son commerce. Il arriva a temps pour voir un bras se glisser dans le troue fait par un coup de poing dans la grille et la vitre de son établissement. Il vit cette main ce saisir d'un pain et l'emporter.
Le boulanger sortit en hâte. Le voleur s'enfuyait à toutes jambes. Il lui courut après et l'arrêta... Le voleur avait jeté le pain, mais avait encore le bras ensanglanté. C'était Jean Gaillard.
Ceci ce passa en 1434. Jean Gaillard fut traduit devant les tribunaux pour "vol avec effraction la nuit dans une maison habité". Il était quelque peu braconnier. Ce qui lui nuisit. Il y a contre les braconnier un préjugés légitime. Comme les contrebandiers, ceci côtoie de prés les brigands.
Jean Gaillard fut déclarer coupable et fut condamné à cinq ans de bagne. Heureusement pour lui la pendaison lui fut éviter. La justice ne fit pas le lien entre l'homme rechercher à Lisieux pour l'assassinat de deux êtres innocents, et l'homme qui se tenait devant eux et qu'on avait arrêté à cause de la faim.
Il partit pour Rouen. Il y arriva après un voyage de deux jours la chaîne au cou. A Rouen il fut vêtu de haillon marron. Tous s’effaça de ce qu'avait était sa vie. Il n'était plus Jean Gaillard. Il n'était plus un homme. Il était le numéro 21018...

Vers la fin de sa deuxième année, le tour d'évasion de Jean Gaillard arriva. Ses camarades l’aidèrent comme cela se fait dans ce genre d'endroit. Il s'évada. Il erra deux jours en liberté dans les champs, même si ça liberté se résumé à être traqué, de tressaillir au moindre bruit, de détourner la tête à chaque passant. D'avoir peur de tout, du toit qui fume, du chien qui aboie, de l'heure qui sonne, du jour parce qu'on voit, de la nuit parce qu'on ne voit pas. Le soir du second jour il fut repris. Il n'avait ni mangé ni dormis durant ces trente-six heures. Le tribunal le condamna pour ce délit à trois ans supplémentaire. Ce qui lui fit huit ans de bagne.
La quatrième année, sa chance revient, et il la saisit avec brio, il réussit à échapper à la justice un ans durant... Ce qu'il fit de cette année, nous le verrons ultérieurement. Il fut de nouveau repris, et on allongea encore sa peine.
La sixième année se fut de nouveau son tour de s'évader. Il renouvela sa chance, mais ne put aller bien loin, son absence fut remarqué dans la demi heure qui suivit et il fut rattrapé avant même qu'il est put quitté la ville. Il résista aux gardes qui voulurent l’arrêter. Evasion, et rébellion. On lui ajouta cinq ans supplémentaires, dont deux de doubles chaines. Treize ans.
La dixième année son tour revint, il en profita encore, mais ne réussit pas mieux. Trois ans pour cette nouvelle tentative. Seize ans. Et enfin se fut lors de sa treizième année qu'il essaya en vint. Il ne put profiter que quatre heures de sa liberté. Quatre ans pour ces quatre heures.
Il était entré en février 1434, âgé de vingt cinq ans, pour avoir cassé un carreau et volé du pain. Il fut libéré en octobre 1455.
Jean Gaillard était entré au bagne amoureux et chagriné. Il en ressortit froid et impassible. Il y était entré désespéré, il en sortit sombre.
Que s'était-il passé dans sa âme ?

Essayons de comprendre.
C'était un ignorant, mais ce n'était pas un imbécile. Jean se replia dans sa conscience est se mit à réfléchir. Il commença par se juger lui même. Il lui apparut rapidement qu'il n'était pas un innocent injustement punit. Punit pour la mauvaise faute, peu être. Mais sa peine n'était pas injuste. Il s'avoua qu'il avait commis une faute immuable, un acte extrême et blâmable. Qu'elle lui aurait peu être pardonner en lui demandant pardon, qu'on aurait put lui donner se pain en demandant la permission. Qu'il aurait put simplement partir, les laisser là. Qu'il aurait put travailler et attendre pour avoir ce pain. Peut on attendre quand on a faim ? Il se dit qu'il avait eut peu être tort.
Puis il se demanda: Était-il le seul a avoir eut tort dans cette affaire ?
Ce n'était pas une chose si grave d'avoir volé du pain, la faute avait été commise et avoué, mais le châtiment n'avait-il pas était féroce et outré ? La loi n'avait elle pas abusé dans la peine donné ? Apres tout, sa faute dans ce cas n'avait était que le pain. Cette peine aggravé par les tentatives d'évasion successives ne finissait pas par être une sorte d'attentat à la vie de ce jeune homme ? Un abus de pouvoir des plus fort sur les plus faibles ?
Il la fit responsable du sort qu'il subissait et conclut que son châtiment n'était en vérité qu'une injustice. Il ne se sentait pas responsable de la mort de ces êtres chères. Il n'eut aucun regret, aucun remord.
Ces questions faites, il jugea la société, et la condamna. Il la condamna à sa haine.
Si il n'était pas, ou presque pas, d'une nature mauvaise, il sentit qu'il devint méchant.
La nature humaine se transforme t-elle ainsi de fond en comble ? L' homme peut-il être fait méchant par l'homme ? Le coeur peut il devenir difforme sous la pression d'un malheur disproportionner ?
Par moment il ne savait pas très bien ce qu'il éprouvait. Il se trouvait dans les ténèbres. Il haïssait les ténèbres. Il lui venait par a coups des secousses de colères.
Ses nuits était peuplées de cauchemars. Cauchemars qui était toujours présent lorsque ces yeux, habitués à l’obscurité s'écarquiller dans le noir et qu'il le voyait. Lui. Franck.
Les rêves et la réalités n'avait plus de limites dans la noirceur de sa cellule. Leurs limites se mélanger pour n'en faire qu'une.
Ou était il ? Il ne savait plus. Le propre des peines de cette nature était de rendre à l'homme ses instincts primitives. Animalier.
Les tentatives d’évasion de Jean, successives et obstinés en était le résultat. Il avait renouveler ces tentatives à la fois inutiles et folle autant de fois que l'occasion se présentait sans songer une seul seconde à leur conséquence. Comme un lion devant une cage restait ouverte. L’instinct lui disait sauve toi ! Et sa raison se taisait. Seul la bête agissait. Quand il était repris, ces nouvelles peines ne faisait qu'augmenter sa haine, et à le rendre plus mauvais encore.
Détails que vous ne devait oublier, sa force. Sa force physique était bien supérieure aux autres habitants du bagne. Ces camarades l'avait surnommé Jean-le-cric, mais il préférait son surnom de Tord Fer. Sa souplesse dépassait encore sa vigueur. Certains forçat finissent par faire de la force et de l'agilité combiné une sorte de science dans l'art de l'évasion. Jean était de cela. Gravir des verticales et trouvais des point d'appuis la ou il n'y en avait pas, bandant les muscles à chaque effort, voila qui était devenu un jeux pour Jean.
Il parlait peu et ne riait pas. Il lui fallait que quelques émotions extrêmes pour lui arracher quelque fois par ans ce lugubre rire de forçat.
Le corps des femmes lui manquait. Ces maîtresses lui manquait. Sa en devenait une obsession. Malgré une rencontre rapide lors de sa premières évasion.
Il sentait confusément que quelque choses de monstrueux ce terrait en lui. Une chose qu'il lui avait prendre du plaisir en voyant le derniers râle de vie de sa femme bien aimés.
Pour résumé, le bagne durant ces vingts années avait eu sur Jean un effet désastreux. Il était à présent capable de deux mauvaises actions : La première, d'une action soudaine et irréfléchi, une poussé violente comme celle qui avait frappé sa femme bien des années plus tôt, pleine d’instinct animal. La seconde était une mauvaise action grave, réfléchit, posé, débattu entre âme et conscience. Celle-ci était bien pire encore.
D'année en année son âme c'était desséché. A coeur sec, oeil sec.
A la sortit du bagne, cela faisait vingt ans qu'il n'avait pas versé une larme...

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Tord_fer
    ILS t’ont pris Tord.
    Je sais.
    Tu vas renoncer ?
    Non.
    Tu comprends maintenant ce que doivent ressentir les animaux quand on les mets en cage.
    Grrrr.
    On te frappe encore et encore pour te faire taire. Et plus on te frappe, plus tu fais grrr. Pas un gros grrr. Un petit, sourd, rien que pour les embêter.
    Une façon aussi de te prouver que tu n’abandonnes pas.
    Grrr.
    Qu’est ce qui sent mauvais comme ça ? C’est toi ? Tu aurais quand même pu attendre d’être hors de ta cage, tu me dégoûtes.
    Je voudrais t’y voir, ce n’est pas de ma faute.
    Tu me dégoûtes, je te dis. Et tu renonces.
    Alors là, pas du tout ! Ca non.
    Tu es devenu un animal qui jamais ne se résigne parce qu’il ignore le mot.
    Grrr.
    Encore des coups. Je vais dormir un peu.
    J’ai dit : dormir, pas me laisser aller ni renoncer, tu m’énerves à la fin !

    Cistude ?
    C’est toi Cistude ?
    Une prison, ILS ont mis ma cage dans une prison. Ils sont réellement bêtes, ça fait double emploi.


Chapitre 3 : La liberté de l'homme, c'est l'innocence. (Alcuin)

[Rouen, le 12 novembre 1455]

Quant vint l’heure de la sortit du bagne, quand Jean Gaillard entendit à son oreille ces mots étranges : Tu es libre ! Le moment fut invraisemblable et inouï, un rayon de vive lumière, de la lumière des vivant l’ébloui. Mais ce rayon ne tarda pas à pâlir. Il avait était ébloui par l’idée même de liberté, mais il ne tarda pas à déchantée quand il comprit que sa liberté était accompagné d’un passeport jaune. Un passeport qui rappellerait à tous qui il était, et d’où il venait. L’idée d’une nouvelle vie s’effaça en lui. Et autour de cela, bien d’autres amertumes. Il avait calculé que sa paie, pendant son séjour au bagne, aurait dut s’élever à cent soixante et onze écus. Cette somme avait était réduite à cent neufs écus qui lui avait était comptés à sa sortit. Il n’avait rien compris et se sentit volé !

Quarante-cinq ans. Il avait maintenant quarante-cinq ans.
Il mit un pied dehors puis un autre. La lourde porte du bagne se referma derrière lui. Pas de "bonne chance vieux" de la part des gardes. Il s'était fait beaucoup d'ennemi des deux côtés de ces lourds barreaux.
L'air frais lui saisit le visage, cela faisait de nombreuses années qu'il n'avait pas ressenti cette douce sensation. Il regarda ces mains à la lueur du soleil couchant. Elles étaient à présent ridées et cornées.
Ou était passé sa jeunesse ? Qu'avait-il donc fait de sa vie ? Certes il avait commis une chose affreuse, mais la punition avait dépassé de loin son crime.

Mais il était libre à présent. Libre de faire ce que bon lui semblait.
Il se retourna et jeta un coup d'œil à l'imposant édifice qu'il se tenait derrière lui. Crachant sur le sol il jura à lui-même et à toute entité capable de l'entendre qu'il ne retournera jamais à l'intérieur, quoi qu'il lui en coûte.

Le lendemain de sa libération, à Rouen, il vit devant une boulangerie des hommes qui déchargeait des ballots. Cela était payé quinze écus. Il offrit ses services. Le travail pressait et on les accepta. Il se mit à l’ouvrage. Il était adroit, robuste et intelligent, il faisait de son mieux, le maitre paraissait content.
Pendant qu’il travaillé un garde passa et lui demanda ses papiers. Il fallut lui montrer son passeport jaune. Cela fait il reprit son travail. Quand il eut finit il alla voir le maitre et pria de le payer. Celui ne dit pas un mot et lui donna cinq écus. Il réclama. On lui répondit : Cela est assez pour toi. Il insista. Le maitre le regarda et un sourire s’afficha sur ses lèvres quand il prononça : Préfère tu la prison ? Là encore il se considéra comme volé.
La libération n’est pas la liberté. On sort du bagne pas de son ombre…


[Lisieux, le 6 décembre 1455]

Dans les premiers jours du mois de décembre 1455, une heure environ avant le coucher du soleil, un homme qui voyageait à pied entre dans la ville. Les rares habitants qui se trouvaient en ce moment à leur fenêtre ou sur le seuil de leur maison regardaient ce voyageur avec une sorte d’inquiétude. Il était difficile de croisé un passant d’un aspect plus misérable. C’était un homme de taille moyenne, trapu et robuste, dans la force de l’âge. Il pouvait avoir entre quarante-cinq et quarante-huit ans. Une casquette à visière de cuir rabattue cachait en partie son visage brûlé par le soleil et le hâle et ruisselant de sueur. Elle cachait aussi la cicatrice qui lui traversait le visage. Sa chemise de grosse toile rattaché au col par une petite ancre d'argent, laissait voir sa poitrine velue; il avait une cravate tordu en corde, un pantalon de coutil usé et rapé, blanc a un genoux, troué a l'autre, une vielle blouse grise en haillons, rapiécée a l'un des coudes d'un morceau de draps vert cousue avec une grosse ficelle, sur le dos un sac de soldat fort plein, bien bouclé et tous neuf, à la main un énorme bâton noueux, les pieds sans bas dans des souliers ferrés, la tête tondue, la barbe longue. La sueur, la chaleur, le voyage à pied, la poussière ajoutait un je ne sais quoi de sordide à cet ensemble délabré. Les cheveux étaient ras et pourtant hérissé, car il commencé à pousser un peu et semblait n’avoir pas était coupé depuis quelque temps.
Personne ne le connaissait. Ce n’était évidemment qu’un passant. Dou venait il ? Du bord de la mer peu être car il faisait son entrées dans la ville par le nord. Cette homme avait dut marcher tout le jour, car il paraissait très fatigué.
Arrivé au coin de la rue il tourna à gauche au coin de la rue et entra dans la mairie. Il en ressortit un quart d’heure plus tard.

Il se dirigea ensuite vers l’auberge. La meilleur du pays à ce qu’on racontait. L’hôte, entendant la porte s’ouvrir et entrer un nouveau venue, dit sans lever les yeux de ses fourneaux :


Que veut monsieur ?
Manger et coucher,
répondit l’homme.
Rien de plus facile !

L’hôte tourna la tête et embrasse d’un coup d’œil tout l’ensemble du voyageur et ajouta : En payant.
L’homme tira une grosse bourse de cuir de la poche de sa blouse et répondit :

J’ai de l’argent.
En ce cas on est à vous !


L’homme remit sa bourse dans sa poche, se déchargea de son sac et de son bâton près de la porte et s’approcha vers le feu. Les soirs de décembre était frais dans cette région. Tout en allant et venant l’hôte ignorait le voyageur.

Dine-t-on bientôt ?
Tout à l’heure.


Pendant que le voyageur se réchauffé auprès du feu, l’hôte pris un bout de papier et griffonna quelque mots dessus. Il fit ensuite appelé son fils et lui murmura quelques mots à l’oreille. L’enfant partit en courant dans la direction de la mairie.
Le voyageur n’avait rien vue de tous cela. Il demanda encore une fois.


Dine-t-on bientôt ?
Tout à l’heure.


L’enfant revient, il rapportait le papier. L’hôte le déplia avec empressement, il le lut avec attention et resta un moment pensif. Enfin il avança vers le voyageur.

Monsieur, je ne peux vous recevoir.

L’homme, qui n’était d’autre que Tord, vous l’aurez deviné se redressa :

Comment ?! Vous avez peur que je ne paie pas, et si j’vous paie d’avance ? J’ai de l’argent vous dis-je !
Ce n’est pas cela, c’est que je n’ai plus de chambre.
Mettez moi à l’écurie.
Je ne peux pas les chevaux prennent toute la place.
Dans un coin du grenier alors ! Une botte de paille me suffirais, nous verrons cela apres le diner.
Je ne peux vous donner à manger.
Ha mais ça ! Je meurs de faim moi ! J’ai marché depuis le levé du soleil ! J’ai fait douze lieues ! Je paie, je veux manger !
J’ai rien.
Rien ?! Et tous cela alors ?!
Tout cela m’est retenu.
Par qui ? je suis seul ici !
Par des charretiers qui ne devrait tarder d’arriver.
Combien sont-ils ?
Douze.
Il y a là à manger pour vingt !
Ils ont tous retenues et payés d’avance.


Le regard de Tord s’assombrit.

Je suis à l’auberge. J’ai faim. Je reste.

L’hôte se pencha à son oreille et lui dit d’un air menaçant.

Allez-vous en.

Tord Fer se redressa de toute sa hauteur et le toisa. L’hôte soutenant son regard ajouta.

Assez de paroles comme cela. Vous voulez que je vous dise votre nom ? Vous vous nommez Jean Gaillard. Vous voulez que je vous dise qui vous êtes ? En vous voyant entré je me suis méfier, et je me suis renseigné à la mairie et voilà ce qu’ils m’ont répondu. Vous savez lire ?

Il tendit à Jean un bout de papier. Le pauvre bougre ne savait lire, mais devinait très bien ce que contenait ce papier.

J’ai l’habitude d’être polie avec tout le monde, allez-vous en.

Jean jeta un dernier regard à l’aubergiste puis ramassa son sac et s’en alla. Il essaya une autre auberge, puis une autre. Il eut droit à la même scène. Toutes les auberges de la ville, même les plus sales lui fermé la porte au nez. Les nouvelles allaient vite dans les petites villes.
_________________
Tord_fer
    [Lisieux, Janvier 1456]

    Jean n’avait pas rêvé depuis de longues années. La dernière fois qu’il eut rêvé, cela c’était passé bien avant la mort de sa femme. Depuis, ces nuits ne ressemblait qu’à de vague parenthèse entre deux jours.
    Mais là, allongé dans la froidure de l’hiver, Jean, pour la première fois depuis plus de vingt ans, fit un rêve. Pour le moins étrange.


Chapitre 4 : Dialogue avec la mort.

Ses pas résonnaient dans le vide.
Pas après pas, il avançait. Pourtant rien autour de lui ne changer. Et pour cause il n’y avait rien autour de lui. Il avançait lentement dans ce vide. Rien devant, rien derrière, une étrange fumé s’étalant autour de lui, virevoltant à chacun de ces pas.
J’aime à croire que la mort prend une forme différent pour chacun de nous. Pour Tord elle lui apparut comme une jeune femme toute vêtu de noir, à l’apparence chétive, mais dont le regard trahissait la détermination de son cœur.
Elle se tenait là devant lui. Elle. LA faucheuse. Jean la regarda. Il s’y attendait, il s’y était préparé, mais pas si tôt.


Tord Fer : Ca y est je suis mort ? Tu viens pour moi ?
La mort : Non.
Tord Fer : Pourquoi je suis là alors ?
La mort : Je ne sais pas.
Tord Fer : Tu te fou d’moi ?
La mort : Non.
Tord Fer : Ouais c’est vrai qu’t’es pas vraiment connu pour ton sens de l’humour.
La mort : En effet.
Tord Fer : En tous cas c’est un plaisir d’converser avec toi. T’as d’la conversation…
La mort : Tu es sûr de vouloir jouer à ce jeu avec moi ?
Tord Fer : Non.
La mort : …
Tord Fer : Comment vais-je mourir ?
La mort : Est-ce vraiment important pour toi ?
Tord Fer : Oui je le crois. Je ne veux pas mourir comme le premier des imbéciles que j’ai croisé.
La mort : Ce ne sera pas le cas.
Tord Fer : J’aurais une mort classe alors ? Du moins mémorable ?
La mort : Je n’ai pas dit ça.
Tord Fer : …
La mort : Tu souhaites rester dans la mémoire des hommes, comme ta femme et ton fils sont resté dans la tienne ?
Tord Fer : …
La mort : C’est cela que tu appelles une mort classe ?
Tord Fer : Tu es là seulement pour me faire la morale ?
La mort : Non.
Tord Fer : Que me veux-tu ?
La mort : As-tu peur de la mort Tord ?
Tord Fer : Je ne crois pas. Mais je déteste l’effet qu’elle a sur la vie.
La mort : Et qu’elle effet a-t-elle ?
Tord Fer : Elle pervertit les actes des vivants.
La mort : C’est pour éviter cette perversion que tu as tué ton fils ?
Tord Fer : Entre autre.
La mort : Mais ce n’était pas la seule raison.
Tord Fer : C’est une question ou une affirmation ?
La mort : Une affirmation.
Tord Fer : En effet ce n’était pas seulement pour cela.
La mort : Son heure n’était pas venu pourtant. Vous lui avez volé ces années de vie en faisant cela.
Tord Fer : Je vais donc vivre le temps qu’il aurait dû vivre ?
La mort : Non.
Tord Fer : Depuis quand la mort se soucis-t-elle de la vie ?
La mort : Parce qu’il n’y a pas de mort sans vie. Et c’est à moi seule que revient le droit de décider qui me rejoint.
Tord Fer : Tu viens me voir par orgueil ?
La mort : Je suis bien en dessus de ça.
Tord Fer : Il ne devait pas grandir. Il ne devait plus grandir. Je ne voulais pas qu’il connaisse la souffrance, comme celle que j’ai infligé à sa mère. Je ne voulais plus voir cette peur dans ces yeux. A présent il dort. Apaiser. Il n’aura pas à connaitre ce que la vie amène comme souffrance.
La mort : Et comme joie.
Tord Fer : Il n’y a aucune joie à vivre.
La mort : Pourquoi n’êtes-vous donc pas encore mort ?
Tord Fer : Parce que comme vous l’avez dit, c’est à vous de décider, et que je ne l’ai pas encore mérité.
La mort : Votre fils l’avait mérité lui ?
Tord Fer : Bien sûr. Cela se voyait dans son regard. Il me la demandé, tacitement, mais il le souhaitait. Nous ne nous sommes rien dit. J’ai seulement posé mes mains autour de ce cou si fragile, si frêle et j’ai serré, j’ai senti sa vie glisser entre mes doigts, j’ai senti les vertèbres de long cou blanc se brisaient contre ma paume. Il est passé à la vie éternelle. Il n’a pas connu les souffrances d’avoir à grandir. Je lui ai embrassé les yeux, très doucement. En trois minutes c’était finit.
La mort : Comme ça, si facilement. Oter une vie qui aurait dut être belle et prospère.
Tord Fer : Eussiez-vous que cela durât plus de deux heures comme dans ces théâtres ?
La mort : On ne tue pas les gens comme cela.
Tord Fer : Ha non ? J’ignorais qu’il y avait des uses en la matière. Existe-il un traité de bonnes manières pour les assassins ? Et un de savoir-vivre pour les victimes ? Enfin, si vous me pardonnez l’expression. La prochaine fois je vous promets, je tuerais avec plus de politesse.
La mort : La prochaine fois ?
Tord Fer : Il faut croire que j’ai pris gouts à votre quotidien. C’est peut-être pour cela que je n’ai pas encore mérité votre visite.
La mort : Vous me verrez bien plus tôt que vous ne pensez. Et si ce n’est pour vous, ce sera pour vos amis.
Tord Fer : Qu’elle amis ? Je suis seul.
La mort : Vous ne le serez pas toujours.


Jean ouvrit les yeux. Il regarda autour de lui. Un ciel étoilé l’accueillit comme tous les matins. Il s’emmitoufla dans les couvertures de laines qui le recouvrirent et soupira. Un frison parcourut son échine, et un épais nuage de vapeur se forma devant sa bouche. Vivant. Il était vivant. Néanmoins, il en était sûr. Jamais il n’oublierait ce rêve.

    [Cours Brissel, Paris, janvier 1462]

    Le Borgne regarde la flamme de la bougie vacillé dans les courants d’air. La tête contre sa paillasse il attend que celle-ci s’éteigne avant de fermer son œil. Une étrange sensation envahi son corps. Une sensation de déjà-vu. Il sent des fourmis lui parcourir le corps, même dans ses membres absent. Sa tête se mit à tourner. Son œil s’ouvre d’un coup…


… Et il observe le vide autour de lui. Il était revenu dans ce lieu vide. L’enfer ? Non. A présent il savait que ce n’était pas l’enfer. L’enfer, il a avait déjà fait un tour. Il était de retour dans ce vide qui se trouve entre la vie et la mort. Le temps avait coulé depuis sa dernière visite, et avec lui de nombreuse chose avait changé. Tord n’était plus seul à présent. Il faisait partie d’une meute. Une meute de canard. Il avança d’un pas décidé malgré sa jambe en moins. Il savait qui il allait rencontrer. Apres tout il l’avait déjà croisé.
La mort.
Sauf que cette fois de nombreuse chose avait changé. Outre le physique du Borgne séparé de nombreux morceau, sont esprit avait également modifié, la folie s’était emparé de lui le drapant de sa cape invisible. Cette fois c’était à son tour de lui dire deux trois choses.


La mort : De retour Tord ?
Tord Fer : S’pèce d’enflure ! Rend la moi !
La mort : Qui ça ?
Tord Fer : Tu le sais très bien !
La mort : Oh…elle ? Pourquoi je le ferais.
Tord Fer : Tu n’avais pas le droit de me la prendre !
La mort : Et toi, crois-tu que tu avais le droit de prendre ces nombreuses vies ?
Tord Fer : Ca n’a aucun rapport.
La mort : Oh. Tu crois ?
Tord Fer : Pourquoi ne viens-tu pas me prendre ? Je t’attends.
La mort : Je sais.
Tord Fer : Prend moi. Rend la moi.
La mort : Je t’avais dit que je te prendrais tes amis.
Tord Fer : Mais pourquoi elle ?
La mort : Pourquoi eux ?
Tord Fer : Qui eux ?
La mort : Ceux à qui tu as pris la vie. Ça t’a donné un sentiment de puissance ? Tu crois pouvoir me donner ainsi des ordres et t’en sortit impunément ?
Tord Fer : Tu n’avais pas le droit de me la prendre.
La mort : Je crois que tu n’as pas compris. J’ai tous les droits.
Tord Fer : Laisse-moi mourir. J’ai déjà trop vécu.
La mort : Ce n’est pas encore ton heure.
Tord Fer : Qu’est c’que j’dois faire de plus pour qu’tu t’décides à m’prendre ? J’t’ai envoyé de nombreuses personnes. Tout en politesse bien sûr. J’suis même allé profaner leur tombe, qu’est c’que je dois faire de plus pour qu’t’en ai marre d’me voir vue.
La mort : Ce n'est pas moi qui décide.
Tord Fer : Qui le fait ?
La mort : La vie est la punition pour ce que tu as fait.
Tord Fer : Laisse-moi la voir une dernière fois.
La mort : En qu’elle honneur ?
Tord Fer : …
La mort : On tombe enfin d’accord.
Tord Fer : Cela fait de longue année qu’je t’attends.
La mort : Je sais.
Tord Fer : Qui auraient cru que la mort était sadique.
La mort : Qui aurait fait un tel métier sans l’être ?
Tord Fer : …
La mort : Tu as aimé mon cadeau ?
Tord Fer : Qu’elle cadeau ?
La mort : Franck.
Tord Fer : C’est toi qui me l’as envoyé ?!
La mort : Tu as l’air de l’avoir aimer.
Tord Fer : J’te préviens. J’te l’ferais payer sale garce !
La mort : Tu comptes tuer la mort ?
Tord Fer : J’te laisserais plus m’prendre mes amis. Ils m’acceptent tels qu’j’suis. Y me juge pas. Eux.
La mort : Moi je te juge. Tu es coupable Tord.
Tord Fer : Coupable de quoi ? De ne pas être encore crevé ? Coupable de plus vivre sans elle. Rend la moi.
La mort : Tu ne m’as pas supplié de te rendre ta femme, ou ton fils l’autre fois. Pourquoi elle ?
Tord Fer : Occupe-toi d’tes cadavres.
La mort : Tu crois que ce genre de réponse risque de faire pencher la balance en ta faveur ?
Tord Fer : Parce qu’elle est ma lumière. Laisse-moi la rejoindre.
La mort : Non.
Tord Fer : Dans ce cas laisse-moi tranquille.
La mort : Une minute. Pourquoi ton corps est-il ainsi charcuté ?
Tord Fer : Parce que. Un corps ce n’est rien. C’est inutile. Alors je lui ai trouvé une autre utilité.
La mort : Le corps est le transport de l’âme.
Tord Fer : Et si je n’ai plus de corps, ou se dirigera mon âme ?
La mort : Ainsi tu te détruis en espérant que la mort vienne à toi ? Pourquoi ne pas te donner la mort toi-même, puisque tu te crois plus fort que moi ?
Tord Fer : Parce que si je fais cela, tu auras gagné, et je ne te donnerais pas cette satisfaction.
La mort : Gagné ? tu crois que la vie est un jeu ? Tu souhaites pourtant mourir.
Tord Fer : Pas comme ça.
La mort : Ne me ment pas. Je peux lire tes pensées, tes désirs. La vérité est que tu as soif de vivre Tord. Tous ce que tu fais en est la preuve. Tu es à la recherche de sensation forte, de n’importe quoi qui fait que tu te sentes vivant. La douleur, la souffrance, les remords. Tu ne t’afflige cela que pour te prouver que tu es bel est bien en vie, alors cesse de me réclamer.
Tord Fer : Elle me manque. La vie n’a plus de saveur.
La mort : Cesse de penser à ce que tu as perdu. Pense à ce qui te reste. Tu n’es plus seul Tord. Apprend à faire confiance. Apprend à aimer.
Tord Fer : Aimer ? Je n’ai jamais aimé.
La mort : Cesse donc de te mentir. Il y a différente forme d’amour.
Tord Fer : As-tu déjà aimé ?
La mort : Pourquoi me le demande-tu ? Je ne suis pas. Je ne peux pas.
Tord Fer : Alors cesse de donner des leçons aux autres.
La mort : …
Tord Fer : …
La mort : Elle est toujours à tes côtés Tord. Ne la sens tu pas ?
Tord Fer : Je le savais. Alors c’est vrai. C’est elle ! C’est Cispoule.
La mort : Non, ce n’est … Tord ? Où vas-tu ? Tu ne peux pas partir comme ça ! Reviens !


Tord se réveilla en sursaut et fut accueilli par les murs bienveillant de la cours. Ce n’était qu’un mauvais rêve. Enfin… je crois…
_________________
Tord_fer
    Cistude ?

    Où es-tu Cistude ?

    J’ai renoncé tu sais. Tu n’étais plus là. Je n’avais plus la force.

    Adieu Cistude, peut-être nous reverrons nous dans l’eau de là ?
    Je te suivrais jusqu’au bout tu sais.
    Jamais je ne t’abandonnerais.
    J’ai eu une belle vie tu sais. Grace à toi. Une vie bien remplie….
    Je n’oublierais jamais notre rencontre. Tu étais mon phare. Ma muse.
    Mais le phare c’est éteint, et j’ère depuis trop longtemps dans cette obscurité...

    J’arrive Cistude.

    Je viens te retrouver Cistude. Attends moi. J'arrive...


Chapitre 5 : La mort est une journée qui mérite d’être vécu.

    Je sens la mort autour de moi.
    Je sens mon cœur devenir froid.

    Il y a au cimetière de Brissel, aux environs de la fosse commune, loin des tombeaux de fantaisie qui étalent en présence de l’éternité les hideuses modes de la mort, dans un angles désert, le long d’un vieux mur de pierre grise, sous un vieux saule pleureur et parmi les chiendents et la mousse, une pierre. Cette pierre n’est pas exempte des marque du temps, du lichen, des moisissures et des fientes d’oiseaux. L’eau la verdit, et l’air noircit. Elle n’est voisine d’aucun sentier, et d’aucun n’aime se rendre dans ce coin ou l’herbe haute mouilles les chausses. Cette pierre est nue. On a songé en la taillant qu’au nécessaire et l’on a pas pris d’autre soin que de prendre une pierre suffisamment longue et large pour recouvrir le corps d’un homme.
    On n’y lit aucun nom….



[Cours Brissel, Automne 1463.]

L’esprit du Borgne était agité ces derniers temps. Ses sourires devenaient moins fréquents. La folie le gagnait de plus en plus, grappillant petit à petit sur sa raison déjà corrompus. Il attendait avec impatience la mort, mais pourtant celle-ci l’effrayé. Que se passait-il après ? Était-il vrai qu’Aristote s’occupait de peser son âme ? La sienne risquait de faire facilement basculer la balance d’un seul côté. Le coté qui lui vaudrait de se faire rôtir en enfer… Et l’enfer il le connaissait, il y avait vécu plus les trois quarts de sa vie.
          Pi donner à bouffer à des pigeons idiots,
          Leur filer des coups d'pied pour de faux.
          Et entendre ton rire qui lézarde les murs,
          Qui sait surtout guérir mes blessures...

La fin était proche. Le Borgne la sentait venir. Elle s’approcher de lui sournoisement, et pouvait à présent la sentir glisser entre ces doigts, remontant doucement mais surement le long de ces bras maintenant devenu trop faible pour tordre le fer. Son âme était lourde. Bien trop lourde. Il était las de la trainer derrière lui. Plus fardeau que garde-fou, elle lui était inutile à présent. Il devait l’alléger. On s’en séparer définitivement….
L’hiver était en route. Le froid. Sale saison pour les nécessiteux. Le Borgne souffle sur ses doigts gelés, à défaut de pouvoir réchauffer son cœur. Ces mitaines trouées ne suffisent plus à le protéger contre ce vent glacial. L’hiver sera rude cette année.
Une larme coule le long de sa joue.
Décrocher par le froid, elle roule à présent librement au travers du visage ridée du vieux Borgne, amassant sur sa route rancune, chagrin et regret.
Du revers de la main il l’essuie, comme il a essuyé toutes les difficultés qu’il a rencontrées dans sa vie.


Tord fer rentra chez lui. Il alluma sa chandelle et la posa près de sa paillasse. Il s’allongea à bout de force sur le lit, son vieux cœur stoïque se brisa, sa face martelée par les années s’affaissa, et si quelqu’un eut passé devant sa porte en ce moment il eut entendu d’effrayant sanglot…

La lutte formidable dont nous avons déjà vu plusieurs face recommença de plus belle, agitant ce corps défraichit de soubresaut. Tord, alias Jean, était en plein corps à corps avec les ténèbres de sa consciences et luttait éperdument contre elle. La lutte était violente, à certains moments c’est le pied qui glisse, a d’autres instant c’était le sol qui croulait sous lui.
La fièvre le faisait trembler.
Cette nuit-là pourtant, Tord sentit qu’il livrait son dernier combat.
La gangrène le rongeait depuis plusieurs mois. Ce soir elle aurait raison de lui. Il avait perdu son envie de vivre et il se laissait lentement aller.
Pas de mort grandiose, pas d’envole fabuleux pour lui.
Il allait simplement crever dans sa sueur, seul dans une chambre poussiéreuse et pleine de miasme.

Il avait pourtant envoyé deux pigeons avant de mourir. Seulement deux.
Ces lettres étaient le radeau de son naufrage. Que faire ? S’y accroché ou lâcher prise ?
S’il si cramponnait il sortait du désastre, il remontait au soleil, il laisser ruisseler ses vêtement et des cheveux de l’eau amère, il serait sauvé vivant…
Que se passerait il si il lâcher prise ?
Alors ce serait l’abime, le néant.
Le passé lui revenant au regard il se mit à sangloter, pour la première fois depuis plus de quarante ans. Une fois l’écluse des larmes ouverte, le désespoir s’empara de lui.
Qu’est-ce que rentrer au bagne comparé à ceci : entrer dans le néant ?
Tord Fer entra dans le calme de l’accablement, ces tressaillement s’arrêtèrent. Il pesa, songea, considéra les alternatives qui lui faisait face. Imposer la vérité à ces deux filles ou se laisser consumer par celui-ci ? D’un côté le sacrifice de ses filles, de l’autre le sien.

Il repensa à la première fois où il avait tenu ces deux êtres dans ses mains encore entière.
Il se rappela la terreur qu’il l’empara quand il eut conscience qu’il ne leur amènerait rien de bon, et la fuite avait suivi. Il n’avait jamais pris contact avec elles avant ce soir. Leur pauvre mère devait être morte depuis des années, et surement qu’elle ne lui avait jamais pardonné. Il avait peur qu’elles devinent comme lui. Peur qu’elles le jugent. Peur de leur donner la mort un jour ou l’autre, comme il avait fini par faire avec Franck son premier enfant.
Sa rêverie vertigineuse dura toute la nuit.
Il resta jusqu’au jour dans la même attitude, ployé en deux sur ce lit, prosterné sous le poids du sort, écrasé peut être, les poings crispés, les bras étendu comme un crucifié décloué qu’on aurait jeté face contre terre.
Il demeura ainsi douze heure sans relever la tête si prononcer un mot. Il était immobile tel un cadavre, tandis que ses pensées roulait à terre dans la fange qui l’entourer. A le voir ainsi sans mouvement on eut dit un mort, mais il convulsait et sa bouche laissait couler un long filé de bave, alors on voyait qu’il vivait.
Qui on ? Il était seul.
Le « On » qui se cache dans les ténèbres.

Le soir Tord eut de la peine à se soulever sur le coude, il se prit la main et ne trouva pas son pouls, sa respiration était courte et s’arrêtai par instants, il reconnut qu’il était plus faible qu’il ne l’avait encore été. Il fit un dernier effort, se redressa sur son séant, mit son plus bel habits. Il dut s’interrompre plusieurs fois en s’habillant, rien que pour passer les manches de sa veste, la sueur coulait sur son front.
Il sortit de la malle qui meublé son taudis quelque bourses remplit d’or. Toute une vie à courir après les richesses pour mourir seul…
Il les déposa bien en vue afin que ses filles les trouvent.
Ce sera la seule chose qu’il leur aura donné, outre la vie.

          Ah ... m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi,
          Regarder le soleil qui s'en va.
          Te parler du bon temps qu'est mort et je m'en fous,
          Te dire que les méchants c'est pas nous.

Il se traina laborieusement vers une table et y déposa une plume de l’encre et du papier. Cela fait il eut un évanouissement. Quand il reprit connaissance, il avait soif. Ne pouvant soulever le pot à eau, il le pencha péniblement vers sa bouche et but une gorgée.
Il écrivit quelque ligne puis retourna vers le lit car il ne pouvait restait debout. Il eut un frisson et sentit le froid venir. Il lui vint un de ces sanglots désespérés qui montait par moments des profondeurs de son être. Le pauvre homme prit sa tête dans ses mains.

          Que si moi je suis barge ce n'est que de tes yeux,
          Car ils ont l'avantage d'être deux.
          Et entendre ton rire s'envoler aussi haut,
          Que s'envolent les cris des oiseaux.

Il revit l’envol de la Pipistrelle. Ressentit le vide qui avait suivi la disparition de la Tortue. Il repensât aux Piques, à Miya, Heikki, aux plus jeunes canards. A ces deux filles.
Un sourire s’étala sur ses lèvres malgré les larmes qui roulaient sur ces joues. Il avait eu une belle vie. Il partait sans un regret.
D’instant en instant Jean Gaillard déclinait. Son souffle était devenu intermittent, entrecoupait de râle long et plaintif. Son corps avait perdu tout mouvement, sa figure blêmissait et en même temps souriait.
La vie n’était plus là.

          Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie et l'aimer même si,
          Le temps est assassin et emporte avec lui
          Les rires des enfants et les vieux borgnes puants….


    Me voilà Cistude.


The End.


*Parole Renaud mistral gagnant.

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