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[RP] Les déboires se moirent dans le métal de nos regards…

Selene.
C'est fou c'que tu peux fair' causer
Mais les gens sav'nt pas qui tu es
Ils viv'nt chez toi mais t'voient jamais
Paname
Si tu souriais j'aurais ton charme
Si tu pleurais j'aurais tes larmes
Si on t'frappait j'prendrais les armes
Paname
Tu n'es pas pour moi qu'un frisson
Qu'une idée qu'un' fille à chansons
Et c'est pour ça que j'crie ton nom
Paname*




Paris.

Nestrecha traîne des sabots sur les pavés boueux d’un Paris lavé d’une pluie malodorante. La Lune revêtue d’une cape se laisse bercer, ballotée au rythme de sa monture, l’esprit baguenaude aussi loin que les souvenirs puissent le permettre…Paris, mère nourricière d’une Sélène à l’aube de ses quinze ans, Paris amante de ses nuits sans sommeil, Paris préceptrice à l’apprentissage de la vie et surtout de la survie, Paris meurtrière et ses pavés teintés du rouge carmin de tant d’âmes délaissées, Paris libératrice d’un cri victorieux, Libertad.

Dans l’ombre de la capuche, on pourrait discerner l’esquisse d’un sourire carnassier. Paris magique, aura donnant vie au fluide sinuant ses veines d’une chaleur vivifiante. Des lustres qu’elle a abandonné le giron maternel puant de la cité. Puant oui, car Paris pue, de sa vie grouillant inlassablement. Paris ne dort jamais. Sélène bascule lentement sa tête en arrière, capuche abandonnant l’anonymat, révélant le visage d’albâtre à la grisaille tant chérie. Visage offert aux perles ondines, larmes du ciel se mêlant discrètement aux siennes, si rares. Larmes de joie, larmes de honte d’avoir tant délaissé ce qui l’a sculptée, ce qui a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Les paupières recouvrent un azur troublé enivré des odeurs oubliées et pourtant si familières. Le nez aquilin inspire doucement, reconnaissant là l’odeur de souffre des cheminées, ici l’odeur de sang pourrissant d’une boucherie, et là encore l’odeur nauséeuse d’une tannerie suivie de l’odeur appétissante d’un pain sortant du four, puis celle répugnante et âcre d’urine. Tant de multitudes dans une unité, Paris.

Les azurs s’ouvrent alors que le visage se redresse, découverte oculaire du monde parisien, autre multitude, celles des êtres disparates, que ce soit la catin aux seins aguicheurs, le boucher au couperet sanguinolent, le vieux mendiant édenté faussement cul-de-jatte à la main tendue en supplique à la sainte bourse qui lui offrira l’ivresse d’une jarre de piquette, aux enfants rieurs dévalant les rues en quête de poches à délester sur leur passage, aux ventes sauvages d’un panier à l’autre, marché éphémère. Paris est un cadavre méphitique habité d’asticots grouillants, ici tout est impur, ici tout est authentique.

Bordel qu’elle l’aime cette ville !

Pour le coup, elle bénit Ode, son petit museau de Renarde, sa presque sœur. Elle la revoit encore avec son air contrit et ses émeraudes suppliantes. Une potion, il lui fallait quérir une potion à base d’orties afin de guérir les nausées et spasmes douloureux d’une grossesse qui débutait et qu’elle voulait mener à terme, question de vie ou de mort. Plissure du nez aquilin, les derniers mots touchent la Lune plus que la Renarde le croit et pourtant elle a transformé l’instant trop sérieux en franche rigolade, lui sortant qu’à défaut de potion d’ortie introuvable en Anjou, elle pouvait toujours la fouetter avec les dites orties, toutes fraîches et urticantes à souhait. En amie fidèle, en sœur de cœur, la voici revenue à ses origines à fureter des azurs les rues à la recherche d’un endroit où se poser. La foule devient trop dense à son goût, le corps svelte se glisse le long de la monture, brides en main elle avance, musarde tranquillement n’ayant cure de la pluie. Une auberge lui tend les bras, Nestrecha est remise au bon soin de l’écurie, et elle au bon soin du cuisinier. Repue, heureuse de cette échappée belle, elle reprend d’assaut les venelles, la quête d’un étal d’apothicaire peut commencer…

Une esquisse de sourire, le bonheur Odéen est à portée d’azur, elle s’approche devant les flacons étalés sous une tenture précaire, menaçant de lâcher à tout moment une trombe d’eau emprisonnée dans une courbe de tissus pesant sous le poids liquide. La main libre gantée, effleure les flacons à la recherche du trésor de vie paisible et assassin des fameuses « joies de la maternité ». Sélène se penche, scrute les étiquettes aux encres délavées, cheveux détrempés faisant rideau à son profil. La main abandonne la recherche un instant, afin que le cuir de l’index vienne gratouiller le nez énervé de chatouillis par les larmes de pluie. Le sourcil s’arque, azur pointé sur sa quête achevée, un sourire, main agrippant le graal et d’intimer au vendeur ventru et puant la graisse, la sueur et autres merveilles émanant d’un corps, de lui en préparer une dizaine de flacon. Profitant de l’attente de sa commande, la Lune réserve quelques flacons d’essence de jasmin, ainsi qu’un sachet d’herbes prometteuses de détente, le meilleurs moyen pour elle de trouver un temps soit peu le sommeil.

La bourse d’écus déposée au creux d’une paume contre un paquet bien ficelé. Hochement de tête, sourire franc et s’en retourner vers l’auberge. Les pensées volent vers sa Renarde, promesse tenue entre ses mains. Puis tout à coup le choc. Perdue dans un instant d’inattention, elle n’a pas vu la tornade déboulant de l’auberge. Confrontation des épaules, douleur diffuse. La Lune grimace, ses mains sont vides, l’azur se remplit de l’image déconcertante d’un paquet au sol, fracassé, les différents liquides nuançant le tissus de l’emballage. Plissure de nez, soupir dépité et colère pulsant dans les veines Lunaires.

Merde !



P’tain pouvez pas faire attention ! D’la merde dans les yeux ou quoi ?


* Léo Ferré Paname
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Anaon

    Un godet de plus, parce que jamais deux sans trois. Mais trois c'est un sale chiffre, il faudra faire la paire d'un quatrième. Quatre c'est bien, mais liés comme les doigts de la main, çà veut rien dire sans le cinquième... Il y aura toujours un dicton à la con pour justifier le verre suivant. Et quand on aura plus l'inspiration, y'aura toujours le fameux "Ouarf, un de plus, un de moins, çà fait plus rien". Et pour Anaon se sera toujours plus que moins...

    Le troisième nous disions donc. Une collation liquide pour lui colmater le cœur d'une illusion d'ivresse. Petite marchande d'illusion qui ne viendra de toute manière jamais avec du simple vin. Mais les lèvres embrassent tout de même le carmin dans un mauvais réflexe qui leur font commander du picrate plutôt que de l'eau croupie ou un quelconque sirop. Les azurites contemplent les filaments liquides qui se répandent comme des tentacules sur la fenêtre de l'auberge. Vision monotone. Inestimable don d'apaiser la mercenaire. Quand le monde se plaint de la pluie, de son froid et de ses rhums, la balafrée se tait, contemplant d'un œil calme et charmé les gouttelettes qui éclatent sur les pavés. Comme on savourerait les courbes d'une amante qui revient s'alanguir sur sa couche. Comme on s'y livrerait parfois, corps et âme. Elle, elle s'abandonne aux caresses qui lui trempent les cheveux et imbibent ses habits, faisant exprès, souvent, de marcher bien moins vite. Pour finir détrempée jusqu'à la moelle. Revivifiée, lavée, purifiée. Bénie.

    Une gorgée se perd dans le gosier. Aujourd'hui pourtant, point de ballade bucolique. La pluie ne fouette les chairs que le temps d'enjambées rapides qui la mènent de trou à rat en orphelinats, ces chenils où les gamins sont parfois plus mal lotis que les chiens. Une gorggg... Ah non le verre est vide. Des rangées de poupins, des gueules d'ange, des chenapans. Ces petits êtres qu'à l'époque elle aurait tous adoptés, quand elle avait le cœur bien plus large. Elle s'était montrée ferme, presque impitoyable dans la glace de son regard, mais elle ne peut pourtant nier qu'elle a encore un nœud aux tripes au souvenir tout frais de ces yeux larmoyants et de ces jérémiades. Pourtant, elle n'a pas trouvé ce qu'elle cherchait. Pas la bonne tête, pas le bon âge, pas le bon sexe. Pas le bon sang dans cette troupe d'orphelin qui aurait pu faire le bonheur de n'importe quelle mère. Mais pas d'elle.

    _ … ouaaaaaai mais c'est qu'le Grimal il est encore plus laid qu'avant ! Lui qu'avait déjà du mal à trouver catin pour y carrer son boutoir ! Mouahah...

    L'Anaon se fige en redressant les sourcils. Dans son dos, des badauds font claquer leurs accents imbibés de vinasse sur un ton des plus jouasses. Trois ou quatre compères s'amusent de la mésaventure arrivée au gros boucher du quartier des grandes boucheries. Paraît qu'on lui aurait écorché la joue avec un gros hameçon... avec un esse, oui c'est cela. Licenciement qui aurait mal tourné, hé ! Senestre se bouge contre sa hanche pour extirper de l'escarcelle quelques piécettes. Voui voui voui ! L'épisode est tout frais ! Paraît que le malandrin serait même revenu quelques jours plus tard pour lui vider ses caisses ! La balafrée se lève sans un bruit, attrapant son manteau. Paris, quelle sale catin ! C'est grand quand çà l'arrange, mais pour attirer les emmerdes, elle sait fort bien regrouper tous les belligérants dans la même et unique saleté de taverne !

    _ Attendeeeeez, savez quoi ? Y veut pas l'dire mais y paraît que c'est une donzelle qui lui aurait fait çà! Siiiii j'vous jure... elle était... elle était... bah un peu comme celle là, là-bas !

    Une plâtrée de regard, qu'elle ignore l'air de rien, se porte sur elle. Elle enfile calmement son manteau avant de filer sans demander son reste. Elle ? Écorcher d'honnête travailleur ? Absolument pas son genre voyons ! La porte est refermée avec le calme de ceux qui n'ont rien à se reprocher. Quelques secondes pour entendre les tabourets grincer et les voix qui la hèlent. Et merde ! LA blague ! Faut vraiment pas avoir de chance ou être sacrément pas douée pour ne pas réussir à passer inaperçu dans Paris.

    Elle est sans doute un peu des deux. La fierté sera néanmoins convaincue qu'elle penche davantage pour le premier.

    Une petite montée d'angoisse lui pince la colonne quand elle allonge le pas pour s'éloigner de la taverne. Prendre la ruelle là-bas. Se noyer dans les chamarrure des étales gorgés de flotte et puis...

    Le choc.

    Gast ! Si elle ne sait même plus éviter les gens ! Elle s'apprête à continuer, mais plus que la collision, c'est l'interjection qui la fait s'arrêter. Elle se retourne presque par curiosité, drapée dans un je-m'en-foutiste émoussé, il faut croire. Un flash. Un arrêt. L'image d'un Chardon claque violemment dans son esprit quand elle avise l'inconnue. Du brun dans les cheveux et la mer dans les yeux. L'Anaon bloque, bien plus longtemps qu'elle ne le devrait. Des exclamations, derrière l'impromptue. Elle avise les ivrognes qui la cherchent. Damned... Et les azurites se figent dans leurs jumeaux d'azur.

    _ La même merde que dans les tiens ma jolie.

    Mue par le réflexe le plus con du monde en matière dissimulation, l'Anaon attrape sa vis-vis par la ceinture pour la décaler d'un coup sec et la poser pile entre elle et la brochette de faux-limiers. Elle s'accroupit vivement, faisant mine de ramasser la connerie qu'elle a occasionné. Les mains se tendent vers le paquet. Les narines se plissent sous l'assaut des effluves qui s'en dégagent. Plus qu'à laisser passer la troupe de rigolos.

    Rire intérieur. Tu m'as déjà fait des trucs de manchot ma fille, mais aujourd'hui, faut avouer, pour l'ingéniosité, on repassera...


Gast : breton "Putain"
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Selene.
La Furie la dépasse dans son élan de fuite. Un peu interdite sur le coup, la Lune se retourne, azur flamboyant sur une silhouette qui s'arrête net. Les cheveux détrempés fouettent sa joue, haussement perceptible d’un sourcil tandis qu’au regard Lunaire se dévoile le visage de la fautive. Oui fautive, mauvaise foi quand tu nous tiens…

Elle détaille les traits finement dessinés, le nez aquilin, les lèvres ourlées, les yeux océans ainsi que la joue offensée d’une cicatrice… Le visage lui semble familier, une grimace s’esquisse, le souvenir d’un arrêt d’échange épistolaire avec Cerd’ en s’étant mise à l’écart du monde remonte à la surface. Mais pourquoi penser à elle à l’instant ?

Les azurs se mélangent, la ressemblance est presque frappante dans leur face à face. Manquerait plus qu’un parfum d’embruns, un verre d’Anjou et les trois réunies pour les croire sœurs…

Le nez se plisse légèrement à la répartie, un rire remonte doucement de sa gorge. Han l’autre…Tu n’as pas tort ma belle, mes pensées étaient ailleurs…Mais…mais !

Les carmines s’entrouvrent de surprise, entrainée par une main qui agrippe son ceinturon et les voilà dans une danse rapide des plus étranges sous une pluie fine. Les azurs descendent sur la belle qui s’accroupit furtivement et la regarde ramasser le paquetage à terre. Hum…Tu fais quoi là…

Le minois Lunaire se redresse sans se retourner. Ca bouge, ça gueule, le bruit de pas de course dans la boue arrivent juste derrière sélène, la main gantée vient caresser sa nuque qui picote sous le danger, avec nonchalance, non loin de son épée ceinte dans son dos. L’ouïe est à l’affût, le puzzle se met en place, la Furie était de toute évidence en fuite avant de la percuter.

Le troupeau gueulard les dépasse, la main abandonne la fausse caresse et se tend vers la Furie tandis que le regard métallique se teintant d’amusement se perd sur la course effrénée après un fantôme.


Laisse, c’est foutu. Redresse-toi. Sont pas doués pour la chasse ceux-là s’pas.

Sélène lui adresse un sourire franc, elle est curieuse de connaître un peu plus cette créature sortie des enfers. Cette presque semblable jusqu’au regard l’intrigue, et le destin est parfois facétieux. Puis surtout elle lui doit les potions brisées, faut pas pousser.

Elle attend la réaction, prendra ou ne prendra pas la main tendue. T’enfuiras-tu à peine relevée ? Reste un peu, buvons un verre, deux ou plus..Qui es-tu ?

Putain de Paris. On y vient en coup de vent et on se retrouve soit dans un traquenard soit à rester plus longtemps que prévu. Mais là, l’intuition de la Lune lui souffle l’importance de l’instant présent, lui souffle que cette femme est différente.

Oui différente, elle attire comme les flammes dansantes d’un feu pourléchant une bûche. Elle attise l’intérêt, c’est certain.

Faut que je retrouve des potions d’orties et de l’essence de jasmin, ensuite je t’offre à boire, si tu le désire bien sûr.

Ben ouais quoi. J'ai une promesse à tenir. Puis on ne va pas rester là comme deux cruches sous la pluie. Puis autant joindre l'utile à l'agréable. Puis j'ai horreur de boire seule. Puis...tu m'intéresse...

Je m'appelle Sélène et toi ?

Au moins savoir ton nom, si tu refuses me tenir compagnie quelques instants...
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Anaon

    Les doigts se serrent autour du paquet qui gauge dans une flaque qui sent désormais autant le purin que le jasmin. Oreilles aux aguets, la tête se penche un peu pour laisser les mèches inégales lui voiler le profil. Ça se rapproche. L'échine se tend imperceptiblement. Un coup de vent qui lui fait voler les cheveux. De concert avec quelques pas de course bien placés qui lui envoient des giclées d'eau sale lui claquer le visage. Grimaçe. Au moins, ils sont aussi peu doués qu'elle... Ils ne l'ont pas vu.

    Note personnelle. Ne plus jamais aller boire dans cette taverne.

    D'un revers de la main elle vient essuyer rageusement ses souillures avant de sursauter en entendant une voix. Le bleu des yeux se braque sur la main tendue. Ah oui, elle l'avait presque oublié celle-là. Un regard en arrière. Les trois zigues ont disparu, avalés par les tentures et le crachin de Paris. Et dans une réponse naturelle, ce n'est pas sa main, mais le paquet trempé qu'elle colle dans la paume tendue. La silhouette se redresse d'un geste et les mains agrippent son manteau pour en faire claquer le col. Soupçon de classe ? Non non. La mercenaire déteste simplement le fait de laisser sa nuque à découvert et les longueurs brunes ne lui semblent pas être un rempart suffisant.

    _Faut que je retrouve des potions d’orties et de l’essence de jasmin, ensuite je t’offre à boire, si tu le désire bien sûr.
    _ Hum ?

    Le regard revient à l'inconnue qu'elle prend à nouveau soin de détailler du coin de l'œil. L'idée de rembourser sa gaffe ne lui frôle pas l'esprit, pas plus que le simple fait de lâcher une excuse ou même un "merci" ne lui traversait le crâne. Ingrate. Les sourcils se froncent légèrement. Attendez attendez... C'est quoi çà ? De la... Sympathie ? Les azurites la lorgnent de long en large et en travers sans aucune pudeur. Peu lui en faut pour comprendre qu'elle est bien plus de son espèce que de la race en dentelle des bourgeoises ou des noblières. Et puis d'ailleurs...

    _Je m'appelle Sélène et toi ?


    … Oui. Peu sont ceux qui passent aux travers des mailles de sa mémoire. Il suffit d'un rien. Un regard. Une odeur. L'ombre dans le coin d'une taverne. Une particule d'existence prise en tenaille par l'acuité de ses sens, un grain d'attention qui se retrouvera à jamais coincé dans agglomérat de ses souvenirs. Réminiscence en flottaison. Là... çà n'avait été que quelques minutes. La présence du de Nerra. Une femme. Un au-revoir et une porte qui claque.

    _ Anjou... Automne dernier...

    Je me présente. A nouveau. La rencontre avait été plus que fugace. Mais la paranoïaque de l'oubli ne laisse rien filtrer de son passé. Une raison en passoire. Pas la mémoire. La femme a soudain un intérêt tout autre, l'Anaon lui fait réellement face. Du brun dans les cheveux et la mer dans les yeux, oui. Mais pas que comme Cerdanne. Un instant d'hésitation. Ce n'est pas souvent que la mercenaire déroge. Désinvolte, les autres parcelles de vie ne sont que des cadavres en puissance qu'elle prend déjà soin d'ignorer. Mais aujourd'hui...

    Puisque le colosse semblait te porter de l'intérêt...

    Le nez se tend au ciel qui se répand sur leurs trognes sans vergogne. Puis le doigt se pointe par-dessus l'épaule de... Selène.

    _ Pas dans cette auberge...

    Je l'avais bien dit. Ce n'est jamais le troisième verre qui signe la trêve.

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- Anaon dit Anaonne - [Clik] De retour pour un rythme molo
Selene.
Le sourcil s’arque au sursaut de la brune fugitive, la tête s’incline légèrement, l’azur observe cette femme qui doit avoir à peu près son âge. Les traits fins révèlent une beauté que l’offense sur la joue n’altère en rien. Et ses yeux d’un bleu azuréen, métallique et glacial à la fois, lui rappellent les siens et ceux d’un Chardon précieux.

Esquisse de sourire amusé quand la main tendue réceptionne le paquet détrempé plutôt qu’aide acceptée, d’un geste nonchalant elle le laisse retomber à terre, l’esprit axé sur cette femme au caractère plutôt bien trempé. Le col claque, les gestes sont droits et sans hésitation tout comme ce regard qui la scrute.

Aucune gêne ne s’immisce en Sélène, ni pitié, ni sympathie, du moins pour l’instant. Juste la curiosité, d’une presque semblable, une reconnaissance peut-être ? Elle se laisse donc détailler sous toutes les coutures et en fait de même jusqu’à presque sentir le parfum humide de sa peau quand elle lui fait face. Le nez aquilin se plisse légèrement, un tantinet agacée par cette sensation de la connaître, de déjà vu. Au diable cette foutue mémoire qui s’écoule comme le ru creusé dans les pavés non loin d’elles. La Lune est avide, avide de savoir, avide de la connaître mais…pourquoi ?

La pulpe des doigts vient effleurer l’estafilade sur sa joue détrempée, signe de perplexité quand elle lui parle d’Anjou il y a une année de cela. Et la caboche Lunaire se retrouve retournée dans tout les sens. Anjou, automne dernier. Qu’est-ce qu’elle faisait déjà…La pupille s’assombrit légèrement, autant qu’elle s’en souvienne, elle venait juste de sortir du couvent dans lequel elle s’était enfermée trois longues années, elle devait se retrouver seule face à elle-même, tuer le chagrin du à la perte de Fablitos et de ses deux enfants. La langue claque pour dissiper les souvenirs qui tentent de l’assaillir. A l’époque elle avait du mal à revenir dans le monde, Eikorc l’avait aidé à sa façon et avait réussi après bien des mois de galère.

Le nez se lève suivant la direction de celui de la Brune, ondée salvatrice qui efface les dernières réminiscences du mal qui la ronge intérieurement et qui avait percé son azur un bref instant. Un geste la fait revenir sur la Brune. Elle acquiesce en silence, au vu de l’échauffourée, il vaudrait mieux qu’elles bougent leur séant ailleurs, plus loin, à l’abri. Sans hésitation ni appréhension, elle avance d’un ton neutre..



Je te suis.
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Anaon

    L'Anaon semble ne pas avoir marqué l'esprit comme le contraire est vrai et la mercenaire se dit qu'en fin de compte, s'en est peut-être pas plus mal. L'autre regard, perplexe, en dit long. Ça n'avait été l'histoire que de quelques minutes. Un presque croisement sur le pas de la porte, l'une entrant, l'autre sortant... mais l'Anaon s'interdisant d'oublier le moindre détail... m'enfin, en définitive et désormais, peu importait.

    Bref instant de latence quand l'autre attend son initiative. Réflexe, les prunelles sombres se portent vers le fond de la rue où ont disparu les trois gus. Réflexion, les pupilles se font vagues quand elle se replie dans ses pensées. Elle ne perd pas à l'esprit le fil rouge de sa journée, mais cette flopée d'orphelins lui a retourné le cœur. Quelques verres de plus ne pourront pas lui faire de mal. Véritable réconfort ou simple excuse pour satisfaire son indécrottable vice d'alcool ? Avec Anaon, on ne sait jamais... si la boisson est une nécessité ou un mal purement gratuit quel cherche vainement à justifier par ses douleurs. Ne dit-on pas que les choses que l'on possède finissent par nous posséder ? Elle croit avoir la mesure et le plein contrôle. C'est elle qui se fait berner par son propre sentiment de maitrise. Ou peut-être pas vraiment... Au fond de son crâne, elle est consciente de tout cela. Mais il est tellement plus simple de rester aveugle sur ses propres travers...

    De toute manière, cette réflexion est vouée à s'effondrer, car le verre, elle l'a déjà accepté. Nouveau regard vers l'éther, comme si elle attendait quelque chose de lui, puis bien vite, les yeux reviennent aux pavés sous leurs pieds et à la ruelle qui coupe leur artère. Elle s'y engage, trainant dans son sillage l'inconnue reconnue. Aiguisée par l'expérience et rompue par la méfiance, c'est inconsciemment que ses pas prennent soin de rester à distance raisonnable de sa voisine. Jamais trop près, jamais trop devant elle, quitte à chercher parfois un peu de retrait derrière les pas de l'autre sicaire. C'est ainsi que d'une œillade furtive, elle voit la lame ceinte dans son dos. L'azur y bloque un instant sans savoir ce qu'il l'intrigue autant... Certes, c'est pas commun comme port d'épée, m'enfin, de là à s'y surprendre autant... Et puis soudain c'est l'aiguille qui se plante dans sa mémoire. Un grain de plomb dans sa petite marre. En trente-six ans d'existence, elle n'avait connu qu'une seule et unique personne qui sanglait ainsi ses armes. Elle revoit clairement, les deux longues dagues qui se croisaient dans le dos musculeux. La silhouette élancée. La cascade de cheveux blonds toujours en bataille. Sursaut d'outre-tombe. Une voix. L'homme qu'elle avait Aimé... Qu'une partie d'elle-même Aimait encore, malgré les ans de deuil et les sépultures. Les pensées de l'Anaon s'ébranlent un peu. Cette similitude lui fait tout drôle, plus drôle encore qu'elle se voit assaillie par ce souvenir à cause de ce détail qui pourrait passer pour insignifiant. Le regard se détourne, perturbé de ce soudain souvenir. Mécaniquement, les pas se pressent un peu tandis que la balafrée se renfrogne. Elle ne décoche pas un mot à la brune, tracassée par ces choses auxquelles elle ne pensait plus depuis longtemps. Ces dagues qu'elle n'avait étrangement jamais retrouvées. Les anciennes rumeurs sur le retour fantomatique de son fiancé. Des soudaines préoccupations exhumées dont ne sait trop où... D'où le silence farouche préservé à l'encontre de Selène. Et puis...

    Et puis le nez se lève sur une ruelle bien connue. Quelques avancées encore, jusqu'à trouver un autre boyau. Le ciel qui pleurnichait commence a marteler leur crâne avec plus de conviction. Les bottes se figent. La main se tend devant elle et la voix force un peu pour couvrir le son de la pluie.

    _" Au Trou du Cru"...

    La chique se coupe aussitôt. Elle n'avait pas lu le nom avant de le prononcer... Ahem Ahem...Ok.

    _...J'aime bien les noms de taverne à la con.

    Oui. Justification bancale et pourtant un peu réaliste, avouons-le. Elle a connu une fois la fameuse "La couleur de la culotte". Un nom pareil ne peut que piquer la curiosité... ou effrayer. Toujours est-il que cette taverne là semble relativement respectable. Ni repère à rase-bousier, ni nid douillet pour petits bourgeois. Une modestie sans doute appréciable. Le nez se tourne vers sa comparse cherchant son consentement.

    _ Décide ou c'est bientôt des frusques sèches que je vais devoir te demander...


"Les choses qu'on possède finissent par nous posséder", Tyler Durden dans "Fight Club"
NB : Le premier nom de taverne n'existe que ma tête, mais pour le second, je vous assure que oui, ce bar existe réellement à Toulouse.

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