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Info:
RP que nous qualifierons de transition publié entre le 21 et le 24 septembre 1461.

[RP privé] Madgnifique Renaissance

.madeline


[Couvent des exclues, proche de Pise, vendredi 26 avril 1461. Des gestes qui sauvent.]


Les coups font des bleus.
Les baffes font des marques.
Les coups de poignard, même dans le dos, fendent la peau douloureusement.

Et puis ça cicatrise...

Le corps humain a une faculté extraordinaire à se régénérer.
Mais qu'en est-il de l'âme ?
Guérit-on d'un lot quotidien d'insultes et de dénigrement ?
Guérit-on d'être sans relâche prise pour ce que l'on n'est pas ?
Guérit-on de toutes les larmes versées ?

En ce mois d'avril 1461, Madeline, à bout de forces, n'avait plus de linge pour panser tout ça ni de courage pour penser à tout ça.

Et quand pensées et pansements se mettent à manquer, il faut alors songer à ne plus rêver.

Jusqu'alors, elle n'y songeait pas. Elle s'accrochait désespérément à un espoir qui ne viendrait jamais. Elle s'accrochait à un rêve qui n'était que cauchemar à répétition...

Un sage asiatique avait dit un jour : « Lorsque le mâle a décidé de faire mal et prend un malin plaisir à le faire, la femme passe par tous les stades. Par la colère. Par la révolte. Par l'insulte aussi. Par la résignation. Par la soumission. Par l'incompréhension omniprésente et pour finir par l'abandon. »

Abandonner pour survivre.
Abandonner avant que la vie ne vous abandonne à force d'être tuée à petit feu.

En ce mois d'avril 1461, Madeline, après s'être heurtée au pire mur qu'il soit, toquait à l'énorme porte du couvent des exclues, établissement perdu en pleine campagne florentine.

C'est une petite religieuse haute comme trois pommes qui ouvrit.


- Sera .

Littéralement poussée par la main puissante d'Augustine, la Madgnifique n'eut guère le temps de répondre au salut de la mignardise.

- Se...

- AH DAM par Christos ! Que j'suis d'la maison et qu'on vient d'mander asile, l'autre folle et moi !

- … ra...

Brave Augustine, qui par vents et marées savait toujours prendre les choses en mains lorsque tout allait mal.

- Toi y'en as comprendre ce que je raconte ? Postillonnait-elle tout en secouant la sœur par les épaules.

- Quelle poigne ma sœur... Aristote n'a pas lésiné sur les muscles en vous créant. Je vous comprends très bien, rassurez-vous. Si à présent vous vouliez bien cesser votre empoignade, ce ne serait pas de refus. Suivez-moi en silence, je vous prie. C'est un carmel ici... On ne parle pas.

Repos... Telle était l'obligation.
Asile... Tel était le mot.
Silence... Tel était le règlement.


Trois ingrédients nécessaires pour tenter de réparer une âme meurtrie.

Ordonnance que la Madgnifique respecta à la lettre. Question de vie... ou de mort.



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Plume blessée en pleine Renaissance. Et ce sera Madgnifique !
.madeline


[Couvent des exclues, proche de Pise, mercredi 11 septembre 1461. Jour de deuil.]

- Mangez !
- Pas faim.
- Mangez quand même.

Alors elle mangeait.

- Marchez !
- Pas envie.
- Marchez quand même.

Alors elle marchait.

- Dormez !
- Pas sommeil.
- Dormez quand même.

Alors elle fermait les yeux...

Sur le monde, sur sa vie...
Une vie qui avait débuté à Tréguier, à une époque où il faisait bon vivre. La Bretagne était alors triomphante et chaque Breton contribuait à faire vibrer le cœur d'une nation en expansion, d'une nation forte face à l'oppression française.
Il n'était pas encore de groupuscules obscurs composés d'une poignée de pingouins qui cumulaient x fonctions sous des apparences différentes. A cette époque dorée – comme s'en souvient souvent un aveugle – on ne négligeait aucune force, aucun talent.
Que s'était-il donc passé pour que Bretagne voit ses petits se dévorer entre eux ? Pourquoi, dans une même portée, allait-on vouloir supprimer son frère ou sa sœur sous de faux prétextes parce qu'on ne tolérait pas qu'il ou qu'elle ait plus beau poil ?
L'intolérance. La connerie. La jalousie. L'envie de briller coûte que coûte.
Alors ça a donné quoi ? Des écœurements de divers talents : des juristes, des économistes, des statisticiens et... des écrivains...
Oui, elle avait décidé de fermer les yeux sur cette Bretagne qu'elle ne reconnaissait plus, cette Bretagne qui se fichait de voir mourir ou partir ceux et celles que les groupuscules avaient décidé d'évincer.
Alors elle fermait les yeux et les laissait à leur nouvelle Bretagne du « je te tape dessus » gratuitement. Elle fermait les yeux, les laissant, chaque premier mercredi du mois, défiler à la queue leu leu, une chandelle à la main dans un simulacre de cérémonie codifiée et répétitive pour soi-disant glorifier une Nathan... histoire de se donner bonne conscience.

Durant son long séjour au Carmel des exclues, Madeline commençait à oublier et à faire son deuil de son idéal armoricain...

Oh, cela n'était pas facile d'oublier. Mais elle essayait, elle y travaillait. Oublier tout ça. Ne pas se souvenir de tout ça... puisque même des belles choses, elle ne se souvenait pas, tant elles avaient été écrasées par le poids des haineux...

C'était la fin de l'été et l'oubli faisait son chemin... quand...

- Vous vous souvenez ?

Le regard dans le vide, les yeux vidés de toutes larmes, la Madgnifique n'entendait pas. Alors la voix insista.

- Madeline ! Vous vous souvenez ?

Se souvenir... Les gens n'ont que ce mot à la bouche. Se souvenir de quoi ? Qu'elle avait connu une Bretagne pleine de gens qui savaient rire ? Se souvenir qu'elle aimait écrire et que son seul but était de faire plaisir aux gens avec ses petits romans ?

- MADELINE ! Bon sang d'bois, mais j'vous jure qu'elle m'aura tout fait, qu'j'en ai perdu jusqu'à mes pets.

Se souvenir... Perdre... Se souvenir qu'on a perdu alors qu'on ne voulait gagner que confiance et respect.

- AH Dam que j'vais faire un malheur si vous restez dans votre mutisme ainsi. Mais regardez-vous ! Vous valez mieux que le silence.

Se souvenir... Si seulement elle arrivait à se souvenir des belles choses et envisager d'en vivre de plus belles encore. Mais personne ne l'aide. A part cette pauvre Augustine.

- Fait chier ton Perec.

Augustine consulta la missive qui avait fini par trouver ce couvent introuvable au fin fond du trou du cul du monde, la parcourut et...

- AH DAM mais non, l'invitation pour l'inauguration est signée par Izéa, pas par Perec, c'est qui c'lui-là d'abord ?

- Un mec qui cartonne avec ses souvenirs d'enfance... Laisse tomber Augustine, tu peux pas comprendre. Et je te rappelle que ce port pour lequel j'ai œuvré est très loin de nous. Et qu'à moins qu'Ernesto ne nous construise une machine pour nous envoyer par une quelconque magie chez nous, nous allons crever ici, coincées à Pise pour l'éternité... Et l'éternité, c'est long, surtout vers la fin.

Et sur le coup, c'est Augustine qui devint muette. Deux grandes muettes qui n'arrivaient plus à s'armer de courage...

Chut... C'est un carmel ici... On ne parle pas... On pense et on panse !


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Plume blessée en pleine Renaissance. Et ce sera Madgnifique !
.madeline
[Couvent des exclues, proche de Pise, vendredi 13 septembre 1461. Signes intérieurs de richesse.]

Une robe atterrit sur son lit.
Madeline ne dit mot.


- Ah Dam qu'on s'habille Madeline !

Madeline ne bouge pas.


- J'ai dit qu'on s'habille ! Ne m'obligez pas à vous l'enfiler de force.
- Pourquoi faire ?
- On sort !
- Pour faire quoi ?
- Pour sortir d'ici où on croupit depuis presque 5 mois ! AH dam que j'en peux plus moi de ce silence en permanence ! On dort en silence, on prie en silence, on bouffe en silence, on travaille en silence, on pète même en silence ! C'est des tarées ces Carmélites !
- Et c'est une sœur qui dit ça... où va la foi ?
- Oui, ben la foi qu'ça va un moment ! Alors maintenant, elle enlève son aube à la con la Madgnifique et elle se fait belle et elle me suit !

[Une demi-heure plus tard]

La porte de la cellule s'ouvre brutalement. La mignardise apparaît dans l'embrasure. Sur son visage, on peut lire l'énervement mêlé d'étonnement en découvrant l'état de la chambre.

- Il se passe quoi là ?

A même le sol, Augustine un ruban rose fraiboise coincé entre ses dents, fait une clé à Madeline qui porte une robe enfilée à l'envers. Partout autour d'elles, le mobilier renversé témoigne d'une lutte violente récente.

- AH DAM que ça s'voit pas ? J'fais un chignon !
- Un chignon... Vous m'en direz tant...

Il fallut peu de temps à la mignardise pour devenir amère. Juste le temps d'aller ouvrir la fenêtre et de balancer toutes les affaires de la Madgnifique en hurlant à plein poumons un
« ICI ON PRONE LE SILENNNNNNNNNNNNNCE BORDEL DE MERDE ! »

A la rue, la robe de traviole et le chignon choucroute en bataille, la Madgnifique regarde Augustine en nage.

- Ici on prône le silence, bordel de merde ? Et c'est une carmélite qui a fait vœu de silence qui dit ça ? Mais où va la foi ????
- La foi ch'sais pas... Mais nous, on met les voiles loin de ce couvent !
- Pour aller où Augustine ?
- Là où toute la richesse dont vous regorgez pourra s'exprimer librement. Là où la Madgnifique retrouvera sa joie de vivre. Là où son sourire illuminera les cœurs. Là où ses écrits feront sourire les gens. Là où se trouve le bonheur...
- En Russie avec Gérard ?



Et les yeux de la Madgnifique se mirent à sourire en disant sa connerie.
Un sourire qui avait disparu si longtemps...
Etait-ce parce qu'on était un vendredi 13 ?
Etait-ce un signe ?
Prenant conscience qu'en elle ne mourront jamais ses qualités, la Madgnifique aperçut une lumière.
Non, elle n'était pas dans un tunnel sans fin.
Oui, l'Humanité n'était pas composée que d'enflures.
Oui, elle allait rencontrer plein de gens qui l'apprécieront.
Oui, elle serait aidée, prise sous l'aile de personnes formidables, sensibles à la femme qu'elle était.
Oui, elle allait quitter Pise où elle pensait crever.

Oui, oui, oui !
Et sans jamais qu'on lui demande quoique ce soit en échange. Sans marché, sans deal à la con, sans menace.
Simplement parce qu'il existait encore des êtres humains dignes de ce nom, il existait encore des gens capables de lire en vous et non de se jouer de vous.

En ce vendredi 13 septembre 1461, la Madgnifique prit conscience de sa richesse intérieure et de l'étendue des possibilités qui s'offraient à elle.
En ce vendredi 13 septembre 1461, la Madgnifique retrouvait son sentiment d'unicité. Unique. Elle était Unique. Pas unique pour quelqu'un, elle n'était pas un objet. Unique pour elle-même. Unique de par ce qu'elle était : une femme riche de vie et d'humour.


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Plume blessée en pleine Renaissance. Et ce sera Madgnifique !
.madeline


[Florence, 16 septembre 1461. Dans un berceau.]

Faut-il croire aux signes ?

Une question qui restera sans réponse. A chacun de se faire son opinion...

Nous étions le 16 septembre 1461 et Madeline, accompagnée d'un groupe de 7 Languedociens pénétrait dans la cité-berceau de la Renaissance.
7, Chiffre biblique pour un séjour dans une ville symbolique en un jour particulier.

Tandis que ses compagnons de voyage découvraient la majesté des lieux, Madeline, qui connaissait déjà la ville, la percevait d'un autre œil.
Un œil neuf, un œil attentif à toute l'architecture. A toute la nouveauté. A toute la beauté de Firenze.
Un œil mâture et gourmand qui recevait toutes ces splendeurs avec délectation et se les appropriait afin qu'en elle, elles mûrissent à leur tour et la rendent encore plus inventive.

Le séjour dura une journée.
Une journée mémorable : celle d'une Renaissance activée.

Quand à la tombée du jour ils reprirent la route pour San Miniato, elle se retourna une ultime fois vers son berceau et remercia Firenze.

" Merci à toi Ô Italie. Moi qui te prenais pour mon tombeau, tu m'offres ton berceau pour un renouveau !"

Deux jours plus tard, son pied se posa sur une passerelle.
La passerelle d'une caraque au doux nom de Noroît.

Oui, il est des hasards qui font croire aux signes hein ?

Le Noroît, souffle de son départ vers une nouvelle vie. Souuuuuffffffle divin.

Ils étaient 12 en tout à bord du Noroît : des Languedociens pour la majorité, tous disciples de la mer, et au milieu, notre petite Briochine à la chevelure blondie à souhait par trop de soleil.
A moins que la blondeur ne soit elle aussi le signe d'une vie qui recommence à son début...

Toutes ses questions sur sa vie d'avant n'avaient plus besoin de réponses. Elle s'en fichait à présent. Seul l'avenir comptait.

Il est des renardeaux qui après une roulade ouvrent leurs yeux vers l'Eternité.
Et il est Mad qui après s'être fait roulée ouvre les yeux vers l'Avenir.

Un Avenir Madgnifique !


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