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[RP ouvert] Les Mor au pilori.

Gwilherm
La pluie tombait depuis le milieu de la nuit dans l’intérieur des terres et la place centrale de Rohan était des plus ventée, en cette mi-octobre. Pourtant, c’était cet endroit très précisément que le Juge avait choisi pour faire exécuter la sentence qu’il venait de prononcer à l’encontre de Fauve et Ael Mor.

Cela faisait trop longtemps que ce duo infernal rapinait sur les routes bretonnes sans avoir à affronter la réelle colère de ses victimes. Oh bien sûr, ils avaient gouté aux prisons sombres et humides mais au lieu d’avoir la bonne idée d’y attraper une pneumonie ou autre joyeuseté du genre, ils en ressortaient reposés, ayant rattrapé là bas le sommeil perdu durant des nuits à fureter dans les bois, dans l’attente d’innocents voyageurs pour les détrousser. Ils avaient eu aussi droit à la violence d’un poutrage en bonnes et dues formes, mais cela ne les avaient pas calmés bien longtemps et les Bretons avaient eu encore à souffrir de leurs exactions.

Le Juge de Bretagne, nommé pourtant il y a peu à ce poste, était déjà lassé de les voir si fréquemment au Tribunal et l’était tout autant de se rendre compte que pas une journée ne se passait dans les rues des villes bretonnes, qu’il arpentait depuis quelques semaines dans le cadre d’un Tro Breizh qu’il effectuait avec le bailli, sans entendre évoquer ce nom dont la sonorité s’apparentait au trépas : Mor.

Il avait donc pris sa décision. Ces deux bandits de grands chemins, ces Bonny & Clyde du XVe siècle breton, allaient être exposés à la vindicte populaire et ce à plus forte raison parce qu’ils avaient trouvé le moyen de se rendre insolvable, ayant dissimulé on ne sait où le grisbi. Non, il n’était pas question de les faire pendre haut et court, bien qu’ils l’eurent sans doute mérité, mais la Constitution bretonne disait avec raison que la peine de mort n’aurait été qu’une délivrance pour ces âmes en peine. Devant le manque total de remords et l’absence de volonté de rédemption de ces marauds, il n’était pas possible de leur offrir une telle chance !


Le pilori, avait-il pensé avant d’opiner pour lui-même un signe de tête puis, de retour à son fauteuil plus que confortable de magistrat, le Harscouët avait prononcé la sentence, d’une voix haute et claire dans l’enceinte du tribunal. D’abord en breton, puis en français. Celle de l’homme d’abord, n’osant considérer – peut-être à tort – qu’une femme pouvait être l’instigatrice d’une si funeste entreprise.

Kondaonet eo ganomp da vezañ staget ouzh ar bouilhouer e-pad dek 4 devezh war blasenn vrasañ Roc’han ha da baeañ un dell-gastiz 1 skoed arouezel.
...
Nous le condamnons à être mis au pilori durant 4 jours sur la plus grande place de Rohan ainsi qu’à une amende de 1 écu symbolique.


Celle de sa complice ensuite, dans les mêmes termes, exactement. Après quoi les gardes les avaient ramenés séparés dans leur cachot respectif et le Juge avait fait diffuser dans toutes les villes de Bretagne l’annonce de la mise en application de la peine avec quelques précisions importantes.



Pobl Vreizh !

Hiziv, d’al Lun 14 a viz Here 1461, e vo staget ouzh bouilhouer Roc’han ar varaoded a vez graet Fauve hag Ael Mor anezhe. Padout a raio ar c’hastiz-mañ e-pad 4 devezh a-bezh.

Aujourd’hui, Lundi 14 Octobre 1461, vont être mis au pilori de Rohan les marauds répondant aux noms de Fauve et Ael Mor. Ce châtiment durera 4 jours entiers.


Avis important à la population concernant cette peine :

- Nul ne devra approcher à moins de dix pas des condamnés, distance qui sera délimitée par des barrières.
- Le jet de fruits et légumes blets sur ces vils gredins est autorisé.
- En revanche, il est formellement interdit de faire usage de pierres, cailloux, morceaux de bois ou tout autres objets pouvant entrainer la mort desdits Mor.
- Les insultes et autres insanités langagières n’honorent jamais quelqu’un de civilisé, mais elles ne peuvent être proscrites tant les deux condamnés sont d’immondes fripouilles sans foi ni loi.

La force publique veillera à la bonne application des mesures sus citées et les contrevenants s'exposeraient à des poursuites.



Barner Breizh
Reizhder, enor, gwirionez.


La place rohannaise était donc humide et froide lorsque le convoi arriva, le Juge monté sur son destrier tout comme les gardes l’accompagnant et escortant surtout les deux cages trainés par des chevaux de trait. Le pilori était déjà fièrement dressé sur la place, n’attendant plus que les deux brigands…



… et la population bretonne excédée de leurs méfaits.

Stagit anezhe ! (attachez les !), ordonna-t-il, non sans un petit sourire au coin des lèvres.
_________________
Mumia_jr
Le jeune éponyme allait tous les jours au tribunal voir où en étaient les procès opposant le duché de Bretagne à ceux qui le spolièrent de tous ses biens. TOUS ses biens sans exception. Tant et si bien que son arrivée à Vannes fut tout sauf telle qu'il l'imaginait.
Il s'imaginait aller directement à la mairie voir les annonces de ventes de propriétés, choisir celle qui lui plairait le plus. Sans doute un champ de blé, en bordure duquel se trouverait une maisonnette - oh, pas trop grande - proprette où il pourrait couler des jours heureux en compagnie de son épouse et de la ribambelle d'enfants qu'ils ne manqueraient pas de faire.
Or donc, non. Rien de tout cela. C'est en haillons qu'il franchit la porte de Vannes, comme un va-nu-pied qu'il était, en une nuit et une fâcheuse rencontre, devenu. Ces 900 écus dérobés ne sont sans doute pas grand chose pour beaucoup de gens mais pour lui ils représentaient un avenir joyeux et sans entrave.
Au lieu de quoi il devait repartir à zéro. Ces mois à se priver pour rien. Il était en colère. Contre eux, qui l'avaient vilement attaqué. Contre lui-même, qui n'avait pas eu la présence d'esprit de protéger ses biens.
Mais lorsqu'il avait parlé de sa mésaventure et décrit ses assaillants, tous les avaient mentionnés sans l'ombre d'un doute : c'était l'oeuvre des Mor. Très bien. Plainte fut déposée, procès lancé. L'espoir était revenu. La Justice - avec un j majuscule - allait triompher. Il ne saurait en être autrement. Le bras vengeur de la Justice allait s'abattre sur ces deux pauvres hères et leur passer l'envie de dépouiller les braves gens, c'était évident. Et il allait récupérer ses biens. Il ne pouvait en être autrement.
Aussi quand il lut le verdict les bras l'en tombèrent. Il dut le relire plusieurs fois pour s'assurer qu'il ne rêvait pas.
De retour à l'auberge où il passait le plus clair de ses journées, il prit plume et vélin et écrivit au juge, ainsi qu'au procureur :


Citation:
Deoc'h Barner,
Deoc'h Prokulor,

C'est avec tristesse et consternation que j'ai pris acte, ce jour, du verdict qui fut rendu dans les procès opposant le duché de Bretagne, que vous représentez, et les nommés Mor, Fauve et Ael.
Je suis sans doute un peu simpliste dans mon raisonnement. Mais un plus un fait bien deux. Deux que je retranche de 900, ça fait 898. Je suis gentil, je vous fait grâce des deniers et ne parle qu'en mon nom, pas au nom des 3 autres victimes, cette nuit-là, du couple infernal.
898, disais-je. C'est en écus ce que rapporte, en une nuit, le brigandage en Bretagne, déduction faite des amendes judiciaires en faisant suite. Du net d'impôt, si vous préférez. Puisqu'ils sont jugés pour ces faits, on ne pourra plus les en inquiéter.
Savez-vous combien de temps il me faut, à moi qui n'ait jamais volé personne, pour réunir une telle somme ? je vais vous le dire. A raison de 15 écus par jour de travail à la mine et d'une miche de pain à 5.80 écus consommée tous les deux jours, il me faut 75 jours. 75 longues journées passées sous le sol à extraire du minerai. Minerai qui aide le duché, soit dit en passant.
J'espère que vous comprendrez le profond sentiment d'injustice que je ressens aujourd'hui. J'espère que vous comprendrez que ce genre de verdict aussi clément va être de nature à multiplier les actes de brigandage en Bretagne, tant la justice y semble laxiste.
Ce ne sera pas mon cas. Jamais je ne pourrai faire à autrui ce que j'ai abhorré qu'on me fasse. Mais tout le monde ne suit malheureusement pas ce même raisonnement.
J'avais compté sur un châtiment exemplaire, il n'en fut rien.
Je sais que la messe est dite, que mes jérémiades ne changeront rien, mais ce jour je suis triste et je me devais de vous faire partager ce sentiment.

Bien à vous,
Mumia le jeune.

PS : je ne me rendrai pas à Rohan pour participer au lancer de légumes et autres objets sur les coupables. Ca ne me rendra ni mes biens, ni ma joie.

_________________
Gwilherm
Un messager était arrivé, Gwilherm avait rapidement décacheté le pli puis pris connaissance de son contenu. Sans surprise, l'une des victimes était fort déçue de ne pouvoir récupérer ses écus si chèrement gagnés.

L’heure était matinale, les rues étaient encore désertes et Gwilherm en profita donc pour y répondre.




De Nous, Gwilherm de Harscouët
Juge de Bretagne,

À Vous, Mumia le Jeune,

*****

Aotrou Mumia ar Yaouank,

J’ai pris connaissance sans surprise de votre dépit à l’annonce de mon verdict. Je ne peux comprendre cette rage qui vous anime. Qui ne vous comprendrait pas ? J’aurais voulu, bien évidemment, les contraindre de rendre chaque denier extirpé par la force à toutes les personnes qui ont eu la malchance de croiser leur chemin. J’aurais souhaité, naturellement, que nos maréchaux parviennent à découvrir l’endroit où avait été caché leur magot amassé au fil de leurs forfaits ; chose qu’ils ont cherché en vain.

Mais ces brigands connus et reconnus ont tant d’expérience dans les rapines en tous genres qu’ils ont bien plus de cachettes qu’un écureuil et, surtout, connaissent les lois au moins aussi bien que les avocats, puisqu’ils ne demandent même pas l’assistance de l’un deux. Ils savent que la Constitution bretonne, autant que les traités internationaux du reste, interdisent aux magistrats de les condamner à une amende supérieure à ce qu’ils ont dans les poches. Ael et Fauve Mor sont venus les bourses vides au Tribunal…

Nous sommes pieds et points liés avec cela. Je le regrette mais le Juge que je suis, vous le comprendrez aisément, ne peut prétendre rendre la Justice s’il n’applique pas la Loi.

Si cela n’avait été qu’une affaire bretonne, je vous aurais dit : nous allons changer la loi… Mais cette Charte du Juge, dont il est ici question, dépasse largement le cadre de notre Grand-Duché. La Charte est universelle. Elle est omniprésente. Elle est avec nous ici, en ce moment même. Vous la voyez chaque fois que vous regardez par la fenêtre, ou lorsque vous allumez un feu. Vous ressentez sa présence, quand vous partez au travail, quand vous allez à l’église, ou quand vous payez vos impôts.

Alors, oui, je comprends votre frustration à l’annonce de ce verdict mais je vous dis simplement que, eu égard à ce que je viens de vous expliquer, je ne pouvais faire davantage.

Par contre, j’aurais pu me contenter d’envoyer ces criminels en prison, lieu ô combien familier pour eux, à l’abri des regards, protégés de ces victimes qu’ils traitent de pleutres dans la chaleur d’un tribunal… Or aujourd’hui, le pilori les attend, ils ne pourront se dérober dans le confort d’un cachot ; ils devront affronter le regard de leurs victimes ou, simplement, celui des Bretonnes et des Bretons excédés de leurs méfaits.

Ce châtiment ne vous rendra pas vos écus, Mumia le Jeune, j’en suis conscient, mais je veux croire que, par la souffrance physique et morale qui leur aura été infligée, ces deux brigands ne feront plus parler d’eux en Bretagne.

Peut-être est-ce un vœu pieux, mais puisque les autres peines jusqu’ici prononcées n’ont rien changé à leurs pratiques malfaisantes, je me devais, dans le strict respect de la loi, d’appliquer une autre sentence.

Ce châtiment ne vous rendra pas vos biens. Indéniablement. Cela ne vous rendra pas votre joie non plus. Probablement pas. Mais venir affronter le regard de vos agresseurs, leur montrer que vous n’avez pas peur, que nous n’avons pas peur, est crucial. Ces brigands comme les autres doivent craindre l’humiliation publique, ils doivent craindre la vindicte populaire, ils doivent craindre les Bretonnes et les Bretons que nous sommes, pour ne plus vouloir revenir sur nos terres.

Voilà le sens de ce verdict.

Si vous changez d’avis, je suis prêt à vous louer une charrette, sur mes deniers propres, pour vous, votre compagne et l’amie qui vous accompagnait durant cette nuit sordide où vous fûtes attaqués. Après quoi ce sera l’occasion d’un échange d’idée quant à l’avenir que nous voulons pour la Bretagne, autour d’une bonne bolée, qui sera à mes frais aussi, cela va de soi.

Gant ma gwellañ soñjoù,

G.H.


Il cacheta la missive et la donna au messager, qui repartit d’où il venait. Le coq chantait au loin, le jour se levait lentement.
_________________
Ael_mor
Aêl dans ses geôles.
Pilori, pilori... mais c'est quoi c'bordel? Pas un jour de prison?

Aël en ricanait depuis que la sentence était rendue. A vrai dire, ça le faisait aussi stresser, il n'avait jamais eu occasion de voir cela, et pour tout avouer, il ne savait pas ce que c'était.
Ils vont avoir le droit de me lancer des tomates? De m'insulter?

Aël en riait. Un soldat ouvrit la porte.
Viens là mon petit oiseau, ta cage est prête!

Le soldat se mit à rire. Aël, au visage brûlé, aux mains léchées par les flammes, d'apparence inquiétante, se permit un peu d'humour.
Cuicui

Un autre soldat se jetta sur lui pour l'attacher, le premier continua en l'empoignant.
Tu vas moins te marrer quand on va te balancer de la fiente à la gueule, en publique! Je ferai chier mon cheval devant ta carcasse dégueulasse pour pas laisser la populace à cours de munition! Ahahahahahah

Bon la fiente c'était vraiment moyen, et "attaché à un poteau on peut pas esquiver", mais quelques chose avait attiré son attention, et tout en marchand jusqu'à l'issue du bâtiment menant à la charrette il rétorqua :
Un public... soldat! Vous allez me rendre célèbre!

Il vit Fauve qui était déjà en cage. Elle , elle savait ce qui allait se passer, et l'idée de la fiente, Aël savait qu'elle n'aimerait pas.
Ta petite poule y aura droit mon petit.

Le soldat le poussa violemment dans la prison à roulette. Aël se retourna et lança un regard noir à son geôlier. Un regard vers Fauve, puis un autre vers le gamin qui gardait son cabot contre la promesse de 50 écus et l'équivalent en nourriture. Le convoi avançait, et la foule insultait déjà.
C'est quoi se bordel? Marmonna-t-il.

Le convoi avançait, il ne regardait pas Fauve, ça le stressait, elle avait pas l'air sereine, et pour angoisser la fauve faut y aller. Il aperçut la dame qui tenait son enfant, devant un...
Mais c'est pas un poteau ça! Faillit-il hurler.

On déchargea la Fauve, Aêl faillit se décomposer mais devant la foule en masse il se dit:
Peu importe ce qu'il arrive Aël, tu es un Mor, la peur est à ton service et n'a aucun effet sur toi!

Il aperçut les paniers remplis de pomme.
C'est dur une pomme!!! se dit-il.

D'ailleurs Fauve s'en était prise une, sans doute avait elle ricoché sur le soldat qui tentait de l'attacher, il le faisait seul car les autres calmaient la foule en délire. Un autre soldat ouvrit sa cage.
Descends de là pourriture infâme!

Aël descendit sans commentaire, le sourire effacé, mais le regard levé. Il défiait chaque personne de la foule, ce n'était qu'un réflexe. On l'attacha près de Fauve, penché en avant, la tête et les mains coincées.
Le premier qui baisse ses braies en touchant mes petites fesses je ...

Bim! Une tomate qui le coupa.
Oh putain!

Il tourna son regard vers Fauve, les soldats se marraient. Elle esquivait aussi bien que lui, elle esquivait pas quoi! Enfin elle, elle gardait des restes dans les cheveux. Des légumes claquait sur le bois de son engin de torture, et ça lui faisait mal aux oreilles.
Attends Fauve... 4 jours? Gueula-t-il. 4 jours! Pourquoi tu m'as pas dit que c'était la merde?

Les gamins riaient, les insultes grondaient.
Fauve mais putain parles!

Il voulut regarder la nounou avec son enfant, un chou fleure le frappa au visage.
Putain mais c'est dur un chou-fleur! Gronda-t-il. On a dit des tomates ou des légumes pourris merde.

Les soldats firent semblant de ne rien entendre.
Eyh! Les deux enfoirés là!

L'un des deux lui fit un clin d'oeil.
Profites! C'est ton jour!

Bon, Aêl était là depuis deux minutes, et déjà tout dégueulasse.
Pas les cailloux putain!

Il leva son regard sur le lanceur, un gosse d'à peine 6 ans. Il lui fit un regard terriblement noir, ça n'aime pas ça les gosses, sauf quand le regard provient d'un homme légume. Le gamin en profita pour lui tirer la langue. Une voix résonna en lui.
Je veux 10 jours de geôle!

Aêl s’intéressa à la liste d'insulte.
Précoce toi même toi! Et c'est toi l'tire au cul! Ouai et ben toi t'es bien plus .. Bîm! Aïe! ... bien plus ... bim! Oh mais arrêtez! Laissez moi... bim!

Aêl baissa la tête dépité, laissant la foule ... faire ce qu'elle voulait. Un plan dans sa tête allait faire surface, et cette idée allait lui donner beaucoup de force. Il tourna son regard tête baissée sur Fauve qui cherchait déjà le sien. Ils se comprirent, et un sourire intime rayonna sur leur visage.
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L'heure est venue!
{Caswallawn}
Bonjour !

Je vous rappelle que le vert et le rouge sont des couleurs réservées à la censure, afin de permettre à tout un chacun de visualiser immédiatement nos interventions. La nature (le phpBB surtout !) étant bien faite, vous avez une multitude d'autres couleurs utilisables à loisir.
Aussi je vous remercie de bien vouloir modifier votre post en conséquence.
Une fois fait, ce hideux message tout rouge disparaîtra comme par magie.

Bonne journée et bon jeu,
{C.}

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Ame_la_boiteuse
Une délicieuse petite pluie fine dont seule Breizh a le secret, vous savez celle que l'automne amène avec lui, celle là meme qui nourrit les arbres en profondeur, celle là qui incite les Bretons à sortir se promener. Bah oui, c'est que les Bretons, ils aiment bien la cette petite pluie... un peu comme les escargots, quoi !
Bref, donc, c'était un temps à aller se promener, et du coup, devinez quoi... bah je suis sortie me promener. Etonnant, non ?

Ma canne ne résonnait plus comme cet été, sur le chemin sec. ça non ! L'été était passé et notre petite pluie avait détrempé tout ce qui était à détremper. Du coup, je peux vous dire que me canne s'enfonçait jusqu'à mi hauteur dans la boue de la venelle où je me trouvais, et que le mélange gluant et puant d'immondices et de gadoue collait à mes sabots rendant ma démarche encore plus incertaine et souillait le bas de mes jupons. Ma doue benniguet, de la lessive en perspective...
A l'approche de la place du village, la foule des passants se fit plus dense, comme par jour de marché. Ah bon ? C'est jour de marché ? Ralala, le temps passe si vite qu'on ne sait plus quel jour on est !
Mais non, les gens se pressaient... Donc, ils n'allaient pas au marché. Quel fou courrait pour faire ses achats ? Et puis ça parlait fort. ça s'agitait. ça demandait justice les bras levés le poing fermé.
Diable ! Mais qu'est ce que donc qu'il se passait par ici ?

Alors que je me posais toutes ces légitimes questions, je fus bousculée sèchement par un gamin qui courait avec sa bande de potes.

Namého ! tu peux pas regarder où tu vas, sale gosse ?! que je lache direct.
Sans prendre la peine de répondre, il fila avec une telle agilité entre les jambes d'un soldat que celui ci ne trouva rien de mieux que de rigoler.
Ralala ! Elle était belle Breizh avec ça ! Tsss tssss...
Mais déjà d'autres cris de gosses derrière moi me firent me retourner. Encore ?!
Des gamins plus jeunes cette fois braillaient imitant leurs ainés. Cette fois, je me garai avant de me faire bousculer et en attrapai un au passage ; un tout freluquet que je tins fermement par le bras.

- Dis moi toi, où tu vas si vite ?
- Lachez moi, j'ai rien fait !
- C'est pas ce que je te demande. Je te lacherai quand tu auras répondu : Où vous courez comme ça ?
- Bah là bas, sur la place, pardi !
- Y a marché ?

Le gosse leva les yeux au ciel, d'un air de dire que mon cas était désespéré.

Vas-tu parler ? Sinon, je t'assomme moi, hein ! le menaçai-je en brandissant ma canne
- Nan, m'dame ! nan m'dame ! On va jeter des cailloux aux Mor ! se défendit-il un éclair diabolique dans les mirettes, en me montrant fièrement ses poches déformées par les cailloux qu'il y avait mis.
- Ah oui ?

Le gamin opina énergiquement de la tete, libérant un long filet de morve qui coula le long de sa lèvre supérieure.

Va rejoindre tes copains.... Et mouche-toi ! dis-je en le libérant.
Et d'un coup de langue se moucha... puis partit comme une flèche rejoindre ses amis.

Ainsi donc, on torturait encore dans cette bonne ville de Rohan... Un point de plus pour elle.

_________________
Fauve_mor
[Départ du tribunal]



*Les jours se suivaient dans ce tribunal et se ressemblaient… Les mêmes accusés, les mêmes faits ou presque. Seules les victimes changeaient.

Après avoir traité le cas de l’homme, c’était au tour de sa complice...*

Hiziv, d’al Lun 14 a viz Here 1461,

Goude bezañ bet klevet ar c’hehuz, ar reuzied hag an tamallad, ez an da zougen an devarn en afer riblerezh-mañ.

Tamalladez war-sav° !

*ordonna-t-il. La demoiselle au nom de félin semblait elle aussi devenir bilingue puisqu’elle s’était levée, nonchalamment certes, mais s’était levée.*

Eu égard au témoignage des victimes et des preuves apportées par celles-ci,

Eu égard au fait que l’accusée répondant au nom de Fauve Mor est une brigande multirécidiviste qui use un peu trop de ce Tribunal comme lieu pour se réchauffer après ses nuits passées à rapiner sur les chemins,

Eu égard au fait que l’accusée plaide coupable mais ne fasse nullement acte de repentance.

Eu égard au fait que l’accusé ose comparer sa situation de brigande pourchassée par la soldatesque cherchant à faire régner l’ordre en Bretagne à celle d’une pauvre voyageuse qui ne demande que le droit de se déplacer en toute quiétude.

En considérant également que la somme dérobée n’a pas été donnés aux frères mendiant ou à toute autre organisation pieuse et bienfaitrice – sans quoi un témoignage aurait confirmé cela –, nous ne pouvons croire en l’insolvabilité de l’accusée, qui a plus que probablement dissimulée le fruit de ses rapines dans une cachette secrète de sa demeure rohannaise que la maréchaussée, malgré ses efforts que je salue, n’est parvenu à trouver.

En anv Pobl Vreizh, e miridigezh hor Bonreizh hag hol lezennoù, hag e dave d’an trizekvet kustum kastizel diwar-benn ar riblerezh, Ni, Gwilherm eus Harskoet, Barner Breizh, a ziskler an hini a vez graet Fauve Mor anezhi kablus. Kondaonet eo ganomp da vezañ staget ouzh ar bouilhouer e-pad dek 4 devezh war blasenn vrasañ Roc’han ha da baeañ un dell-gastiz 1 skoed arouezel.

*Et, pour plus de clarté, le Bréhatin traduisit immédiatement mot pour mot.*

Au nom du Peuple breton, dans le respect de notre Constitution bretonne et de nos Lois, et en référence à notre treizième Coutume pénale portant sur le brigandage, Nous, Gwilherm de Harscouët, Juge de Bretagne, déclarons l’accusée dénommée Fauve Mor coupable. Nous la condamnons à être mise au pilori durant 4 jours sur la plus grande place de Rohan ainsi qu’à une amende de 1 écu symbolique.

*Le Juge regarda la désormais coupable.*

Vous avez la possibilité de faire appel de ce verdict devant la Cour de Justice.

Par ailleurs, j’ajoute qu’à l’issue de cette peine, vous devrez impérativement quitter le territoire breton en application du verdict en date du 24 septembre.

*Il referma le dossier. Les gardes allaient pouvoir venir prendre l’accusée pour qu’elle purge sa peine en place publique.*


*****
°traduction du breton : Aujourd’hui, Lundi 14 Octobre 1461,

Après avoir entendu l’accusation, la victime et l’accusé, je vais rendre mon verdict dans cette affaire de brigandage.

Accusée, levez-vous !


La Féline s’était levée à l’énoncé du verdict.
Un ti sourire en coin ornait ses lèvres pulpeuses, sourire qui bien vite se dissipa aux mots qui vinrent chatouiller désagréablement ses oreilles.

Certes, elle s’attendait bien à un ti séjour dans ses geôles préférées où elle aurait pu fermer un peu les yeux et rattraper son sommeil en retard de ses dernières nuits blanches à pouponner, entre autre, mais là, elle en resta sur le cul en entendant sieur le Juge les condamner, elle et son homme, au pilori.


Hein ? Que… Quoi ???
Ah non hein, j’veux pas moi.
Hey c’est d’la triche ça m’sieur. J’veux ma prison toute froide et crasseuse.
Vous savez, la tite pièce puante remplie d’rats.
C’est bien ça, et promis j’les boufferai pas.
Siouplai, siouplai siouplaiiiiii… pas l’piloriiii !


Elle poussait et donnait du coude aux gardiens qui tentaient de la saisir tout en jetant un regard épleuré au Juge.
En vain. Il l’ignorait carrément, rangeant ses dossiers, la tête déjà dans l’affaire suivante.


Mais… mais… j’vais jamais pouvoir roupiller moi, avec tous ces gueux qui vont v’nir brailler autour de nous.
Vous n’avez aucune pitié !
Z’êtes vraiment un… un… un monstre !


Solidement maintenue entre les paluches des gardes elle se vit jeter dans une cage, direction la place publique.
Son regard mordoré allait de la cage voisine, celle d’Aël , à la foule qui déjà se pressait sur les lieux.
Elle restait de marbre, le visage fermé essayant de contrôler sa colère, marmonnant pour elle-même.


P’tain ! Quelle bande de fainéants !
Y z’ont vraiment rien d’autre à foutre que d’venir trainer par ici ?
Peuvent pas bosser non ?


Le visage toujours fermé, ses yeux scrutèrent la tite foule, dévisageant chaque tronche une à une, tandis que les soldats se frayaient un chemin, la bousculant entre eux pour la coincer entre ses morceaux d’bois.
Elle préféra ignorer pour le moment les insultes qu’elle entendait au passage, répondant simplement d’un sourire carnassier.

Aël, déjà en place près d’elle, tentait de parer les jets de légumes tant bien qu’mal.
Plutôt mal que bien, d’ailleurs, et elle c’était pas mieux.
Elle venait d’se prendre en pleine face une pomme et une pas pourrit du tout.

Mais bordel !!!! On a dit du pourrit !
Bande d’enfoirés ! Mais allez-y continuez…

Et bim ! Une tomate…

La tronche dégoulinante du jus poisseux, elle tenta de tourner son regard vers son homme.
Visiblement, il était tout aussi crade qu’elle.
Et dire que ça ne faisait que commencer.
Il s’énervait lui aussi, ça s’était nouveau chez lui, et il gueulait aussi, ça s’était pas nouveaux par contre.


Fauve mais putain parles!

Mais je parle, bordel !
Font trop d’bruit ces gueux, là, on s’entend plus avec tout c’boucan.
FERMEZ VOS GUEULES !


Et vl’a qu'des soldats s’avancent, tout fières qu’ils sont devant eux, les toisant à tour de rôle avec une tête à claques qui démangeait les mimines de la Rousseur.

Poussant un long soupire, sa colère lui rongeant perfidement son cerveau déjà en ébullition, Fauve foudroya du regard les soldat impertinents qui s’foutaient royalement du sort du couple infernal, ignorant carrément les plaintes d'Aël.


Eyh! Les deux enfoirés là!

L'un d'eux avait osé faire un clin d’œil à Aël, s’amusant à le titiller de ses ‘tits piques verbaux.

Profites! C'est ton jour!

Oh oh… aurait-il une tite attirance désavouée vers la gente masculine ? Hahahaha...
Rien qu’à ses pensées elle se prit à sourire, ce qui agaça fortement la foule en délire et se reprit de plus belle quelques légumes en pleine poire.

Baissant la tête pour tenter de se protéger du mieux qu’elle pouvait, elle garda ses prunelles assombries par la rage dirigées sur le dit-soldat.


Toi mon coco, profite aussi. Je t’ai à l’œil. Et dès que je descends d’là, tes bijoux d’famille j’te les arrache avec mes dents pour t’ les faire bouffer.
Tu vas voir, tu vas a-do-rer !


Et bim ! Une volée d’légumes qui s’éclate sur sa tempe.
P’tain ça fait mal !

Elle se crispa et ferma les yeux, la mâchoire serrée, respirant profondément.


Du calme… du caaaalme…

Ca y est. V’la l’autre qui débarque. Sa maudite Consciente.
La Féline grinça des dents.


C’est pas l’moment cocotte… vraiment pas l’moment…

Son regard se releva et elle fouilla la fouille, anxieuse, un nœud de stress lui faisait mal au bide.
Elle avait en toute hâte confiée son enfant à une nounou en attendant l’arrivée de son amie.
Et elle aimait pas ça.
De plus cette gourde de nounou avait rien trouvé de mieux que d’amener le petit ici.
Grognant tout en encaissant les insultes qui dégoulinaient sur elle et son Démon tout autant que le jus poisseux des légumes, elle réfléchissait.
Elle était coriace la Belle, mais y a des choses auxquelles il faut surtout pas s’attaquer.
Son homme, son gosse et ses amies.

Et là s’était mal barré.
Cette nounou allait trèèès certainement passer sous la lame de sa précieuse dague si elle confiait pas très vite son Trésor à son amie.
Pourvu qu’elle arrive vite d’ailleurs.
Elle la savait aux portes de la ville.
Peut-être même déjà dans les murs, ça la Rousseur n’avait pas eu le temps de vérifier, trop débordée par les procès qui lui prenaient tout son temps. Tsss…
Au moins le Juge pouvait pas s’plaindre du manque de travail.
On devrait être indemnisé pour ça, tiens !
Toucher des alloc’, un pourcentage quoi. Non ?
Après tout sans nous, il aurait pas d’boulot hein !

Elle ricana tout en jaugeant la foule et les morveux qui prenaient un malin plaisir à leur jeter des cailloux.

Et bam ! Là vraiment non, ça fait mal !
Entre les deux yeux, un p’tit cailloux bien sournois, manquerait plus qu’elle perde un œil…

Hey !!! Non non non, les cailloux c’est INTERDIT !
J’connais la loi hein.
Hey l’morveux !
T’as raison vas-y !
Encore un caillou et tu nous rejoins entre les planches.
Cailloux interdit ! P’ti con !
Mais c’est bien allez continu, j’te garde une place au chaud !


Elle tapota du bout de ses doigts le morceau d’bois qui lui encerclait le poignet.
Un sourire sadique sur les lèvres, le regard baissé, elle fixait l’môme en plissant les yeux.

La Féline, malgré la hargne de la foule, les jets de légumes qui s’détrempait en marmelade sur sa frêle petite personne innocente... hum… si si… les insultes qui auraient presque pu l’amuser mais qui finalement la gonflaient plus qu’autre chose, lui faisant mal à ses pauvres petites oreilles chastes, la Féline donc, réfléchissait, encore et toujours.
Soufflant un peu et soupirant entre deux gémissements, elle tourna la tête et chercha le regard de son homme.
C’est que ce genre de situation avait le don de la diminuer, oui bien sûr, là elle était pas fière du tout, mais surtout ça lui redonnait l’envie de se battre, de s’défendre.
Normal quoi.
Elle allait quand même pas se laisser faire comme une gentille poupoule bien docile.

Accrochant le regard d’Aêl, ils échangèrent un sourire complice, subtilement caché par une grimace et le jus d’une pauvre tomate ratatinée.

_________________
Coquine_
Un courrier l'avait prévenu la veille, Fauve avait réussit à écrire à son amie juste avant que les soldats ne l'emmènent sur son lieu de supplice.
Coquine était donc arrivée le matin, et elle s'était précipitée sur la place ou se dressaient les deux piloris.
La foule de la veille s'était dispersée, il n'y avait pour le moment que quelques badauds matinaux, ou de rares ménagères se rendant au marché.
La blonde s'approcha, hésitant à reconnaitre les deux fiers brigands qu'elle avait connu, tant ils semblaient en mauvais états, gisant dans cette position inconfortable, au milieu de détritus de légumes.
Des soldats, endormis ou cuvant un mauvais vins étaient sensés surveiller les deux condamnés.
Coquine préféra ne pas s'attirer de problème et essaya discrètement d'attirer l'attention de Fauve.

Psssttt....psstt....Fauve...c'est moi !

Fauve tourna les yeux vers elle, la blonde lui sourit pour la réconforter.

Fauve, ne t'en fait pas, je vais chercher ton petit chez la nounou et je m'en occuperai le temps qu'il faudra.

Un soldat grogna et se redressa, Coquine jugea plus prudent de ne pas traîner en ces lieux.
Fauve lui avait indiqué où trouver cette fameuse nounou, elle allait s'y rendre sans tarder.
Un signe de la main pour rassurer son amie et lui donner du courage et Coquine disparue dans une ruelle.

Arbeles
Le voyage était prévu pour être agréable, voir du pays et redonner un peu le sourire à Coquine qui n’avait guère d’amis. Lui faire revoir ceux qu’elle avait perdus de vue en Bretagne semblait être une bonne idée… A la base… Bon évidemment, on lui avait bien parlé d’un enfant… Espèce étrange, s’il en est, qu’il ne porte pas spécialement dans son cœur, loin s’en faut, mais bon, après tout, si le mouflet se tenait loin de lui…
Mais seulement voilà, les choses se compliquaient sérieusement et d’une agréable villégiature, on passait à une des plus périlleuses missions qui soit : se coltiner un mioche de près.


Quatre jours… P**** Quatre jours… J’vais jamais tenir, c’est pire que tout…. L'Enfer sur Terre et sur ma tête.

Bougonnant, grognant, ruminant, trainant les pieds, tapant dans les cailloux qui avaient le malheur de croiser son chemin, les mains enfoncées dans les poches, il voulait tout de même voir qui étaient les parents, non, par voyeurisme, mais juste comme ça, histoire de voir qui avait engendré la diabolique créature qu’il devrait supporter pendant quelques jours.

Le spectacle, si l’on peut appeler ainsi, qu’il avait sous les yeux n’était en rien de son goût, ne comprenant même pas qu’on puisse en arriver à gaspiller des légumes ou des fruits, pour satisfaire quelques rancœurs ou passer sa vindicte. Après tout, faut pas gâcher.
Il en était même arrivé à se dire que ceux qui avaient le courage de balancer des choses au visage de gens cloués au pilori, feraient bien mieux d’en avoir un peu plus lorsqu’il s’agit de garder sa bourses accrochée à sa ceinture, et que telle vengeance n’honorait franchement personne, pas plus les suppliciés que les apprentis bourreaux.

Sans s’éterniser plus que cela, le reitre se mit à marmonner, en rebroussant chemin:


Tsss, j’préférerai crever que d’être ainsi… Et en plus, s’rendent même pas compte que tout ce qui ne tue pas rend plus fort*... Sont totalement inconscients.

Il était temps de s’en retourner et d’affronter son propre supplice à lui, les images de celui-ci se mélangeant à celles qu’il venait de voir et d’autres… Qu’il aurait dû chasser mais qu’il ne pouvait pas, bien trop prégnantes qu’elles étaient…


*Quelques siècles plus tard, un obscur philosophe Allemand du nom de Nietzsche s’inspirera très fortement des idées d’Arbeles. Précision nécessaire pour la bonne compréhension de l’Histoire, avec un grand "H", mais c'est une autre histoire, avec un petit "h", celle-ci.
Mumia_jr
Il avait longuement hésité avant de répondre au juge. A quoi cela pouvait-il bien servir ? la messe était dite, rien de ce qu'il pouvait dire, ou faire, ne changerait cet état de fait. Néanmoins, à la relecture du courrier de Gwilherm, il nota un point sur lequel il se devait de donner son avis.

Citation:
De Mumia
A Gwilherm de Harscouët, Barner Breizh

Deoc'h Barner,

Merci pour votre proposition de m'offrir un petit voyage à Rohan mais je n'en ferai rien.

Quelle que soit la quantité de légumes qui viendront s'éclater sur les faces de ces deux êtres, rien ne remplacera le sentiment d'injustice que je ressens.

Vous dites que vous auriez pu vous contenter de les jeter en prison, je pense, pour ma part, que l'un n'empêchait pas l'autre. Jetés en prison, ils auraient été à votre disposition pour la petite animation que vous proposez au peuple.

Et surtout, privés de nourriture des jours durant, ils seraient sortis des geôles bretonnes faméliques au point qu'un régime à base de légumes, viandes et autres poissons leur aurait été nécessaire pour retrouver la plénitude des moyens qu'étaient les leurs avant la prison. Ca leur aurait coûté de l'argent. Ce qui est, en soi, une forme d'amende. Soyez certain que s'ils avaient passé, pour chacun de leur méfait, quelques jours en prison, ils y réfléchiraient à deux fois avant de commettre de nouvelles exactions.

Mais ça n'est là que le point de vue sans doute simpliste d'un homme qui n'y entend rien ni en droit ni en justice. La seule chose que je retiens, pour ma part, c'est cet écu symbolique en guise de châtiment...

Que retenir de ce verdict, finalement ? qu'il faut se faire justice soi-même ? en ce cas ce n'est plus justice, mais vengeance. S'il faut que je demande à un groupe armé d'attendre patiemment les deux brigands au détour d'un nœud pour, à leur tour, leur faire les poches pour obtenir réparation, je peux le faire. Mais en ce cas la justice bretonne, de par son inaction, se rendra coupable d'encourager la vendetta. Et la Bretagne ne sera plus un état de droit, mais un état où règne la loi du plus fort. Est-ce vers une telle société que nous voulons tendre ?

Nous aurons, je l'espère, l'occasion de reparler de tout cela de vive voix, autour d'un verre, dans quelque taverne de Bretagne ou en tout autre lieu.

Bien à vous,
Mumia-le-jeune.

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Aigneas
Sentiment d'injustice ? Qu'est ce qu'elle devrait dire quand elle constate avec grande peine que son Mumournouchounet ne veut pas venir avec elle jeter des fruits pourris sur ceux qui ont piqué toute leur économies.
En effet, adieu la petite maison au bord... de rien. Adieu les nouvelles culottes, les champs de Mimosas et les enfants en pagaille, adieu la vie ! Mais pas adieu la vengeance ouais.
Car si Mum pense qu'il peut se venger en allant s'carapater on ne sait où, Mim elle, elle compte bien leur balancer de la pourriture à la figure à ces... pourritures justement !

Rohan seule, c'est pas vraiment l'éclate, surtout quand on est loin d'être une bretonne en fait.
Slalom entre les spectateurs, une fois arrivée sur place, la blonde se faufile au plus prés.

Ah ça ! Elle les reconnait.
Ah ça ! Ils vont en manger dans la face !

Au départ, les cailloux, les planches cloutées et tout ce qui pouvait leur faire mal avait été soigneusement préparés par la Wolback, mais il fallait croire que l'injustice allait jusqu'au bout du bout des bouts, car impossibilité de faire mal.
L'humiliation semblait être le seul défoulement autorisé.
Soit, il en sera ainsi.

Mais c'est quand qu'on commence ?
Juste le temps de réfléchir 5 secondes qu'une vieille poire vient s'éclater dans la chevelure dorée de l'écossaise.
Ah ouais ? Ah ouaiiiis ?

Bah allons y, top départ !

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Fauve_mor
[ Deuxième jour de supplice au pilori ]

La nuit avait été rude.
Pourtant elle était habituée la Rousseur.
Parcourir les chemins, souvent dormant au hasard des routes, bien que douillettement installée dans un campement de fortune, les nuits froides ne lui faisaient pas peur.
Mais là, c’était différent.
Jamais encore elle n’avait subi pareil outrage.
Et dans une telle position d’infériorité elle s’était tout d’même endormi, la tête penchant lourdement en avant.

Au petit matin, elle fut tirée de son sommeil cauchemardesque par un léger chuintement vocal presque mélodieux comparé aux cris de la veille de la foule en délire.


Psssttt....psstt....Fauve...c'est moi !

Ouvrant tant bien qu’mal un œil puis l’autre, Fauve tourna ses mirettes ensommeillées vers l’origine du son.
A la vue de son amie elle se réveilla d’un coup et écarquilla les yeux, ouvrant grand la bouche en jetant rapidement un regard aux gardes affalés qui roupillaient dans un coin.
Puis lui fit un large en essayant de redresser.
Une douleur fulgurante vint éclater sous son cou, irradiant vers sa nuque courbaturée de la mauvaise posture de la nuit, ce qui lui décrocha une grimace accompagnée d’un cri étouffée.


Humpf… dediouuuu !

Roulant doucement sa tête du mieux qu’elle put elle tira sur son cou en soufflant longuement, détendant ainsi ses pauvres cervicales, puis plongea ses mirettes mordorées dans celles de Coquine.
Son sourire vint à nouveau illuminer sa tronche encrassée par les coulures des légumes de la veille, murmurant afin de ne pas lui attirer d’ennuie.


Oh, Coquiiiine !!!
Enfin tu es là.
Que je suis contente de te voir.
J’aurai voulu être plus… euuuh... plus présentable pour t’accueillir, mais… bon... on m’a pas laissé le choix.


Un des gardes remua en grognant dans son sommeil et elle baissa encore la voix.

Ça m’ennuie de te demander ce service, mais vraiment j’ai pas confiance en cette bonne femme, cette... pfff… nounou.
Je sais que tu es vacances pour te détendre et un bébé n’est pas de tout repos…


Coquine l’a rassura avant même qu’elle termine sa phrase.

Fauve, ne t'en fait pas, je vais chercher ton petit chez la nounou et je m'en occuperai le temps qu'il faudra.

Soulagée, la Féline la gratifia d’un chaleureux sourire emplie d’affection.

Mais tu verras il est a-do-rable, et ton homme va craquer, hihi, ça lui donnera p’têtre même l’envie de t’en faire un, qui sait…

Encore interrompue par ce garde qui décidemment ne voulait pas les laisser discutailler tranquillement, Fauve indiqua en toute hâte l’adresse de ladite nounou et fit un clin d’œil à son amie, la rassurant ainsi sur sa condition et le courage qu’elle avait encore en réserve, lui chuchotant tout d’même de faire bien attention à elle et de saluer son tendre de sa part.

Fortement rassurée, la Féline souffla bruyamment entre ses lèvres, le nœud de stress qui lui tiraillait insidieusement son ventre s’étant enfin dissipé.

Maintenant, elle allait pouvoir pleinement se concentrer sur les premiers curieux du jour qui déjà pointaient leur museau, ricanant bêtement devant les deux suppliciés.

Son regard fut attiré par un homme, différent des autres badauds.
Haussant un sourcil tout en plissant les yeux, elle ignora d’abord les sales gosses qui juste à ses pieds s’amusaient à leur faire des grimaces et à leur cracher d’ssus, se donnant de l’importance du haut de leur petite taille tout moufflet mal élevé qu’ils étaient, et dévisagea l’étranger qui visiblement n’avait pas l’intention de se prêter au jeu, si l’on peut dire, du lancé d’légumes pourris.
La Féline sourit intérieurement, satisfaire de voir qu’au moins quelques personnes dévouées d’un sens moral subsistaient encore en ce bas monde.
Et ce genre de pensées, venant d’elle, faisaient doucement sourire sa Conscience.

Aël s’était extirpé de son sommeil, enfin s’il avait réussi à dormir, ce qui était moins sûr, et l’entendant ronchonner, elle tourna la tête vers lui, ignorant toujours les p’tits morveux.
Au même moment, elle se prit le premier jet de légume de la journée en plein sur le front et rageant tout en pestant, chercha du regard la main et son propriétaire qui avait osé faire ça.


Oh purée ! Ca y est, c’est r’parti !

Les premiers légumes entrainèrent les suivants et serrant les dents autant que les poings, Fauve bougeait la tête en tout sens, pestant de rage, impuissante devant la colère des villageois.

Bordel, mais ils ont bouffé quoi c’matin ?
Heyyy ! Du calme là, laissez-en pour les autr…


Sa phrase en suspend, elle scruta le visage de la jeune femme non loin d’elle qui s’acharnait comme une folle la main dans son panier à provisions, sans même prendre le temps de souffler entre deux lancés.

Mais elle est folle celle-là !!!
Aël ! Regarde ! Ca s’rait pas la tite dame qu’on a détroussé ?
Hahaha… Mate-moi ça mon cœur, elle s’en prend autant dans la tronche que nous !
Hahahahahaha….


Et BAM ! Dans les dents !
Une belle tomate écrabouillée en plein dans les félines gencives.


Raaaah ! Pouaaahhhh !!! Bordel… Pouaahhhh !!!

Crachant, manquant même de s’étrangler, elle fusilla du regard ladite blonde en trépignant des pieds, se maudissant de pas l’avoir zigouillée sur place cette nuit-là.

C’est qu’elle avait la main leste la bougresse !

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Myrdinn
L'une de mes différences marquées avec le reste de la famille est sans nul doute mon rapport à la Justice. Si je ne la considère pas comme inutile, elle n'en demeure pas moins à mes yeux inadaptées dans bien des cas. Je lui préfère l'usage de la force - proportionnée - et je reste indubitablement un grand admirateur de la loi du talion.

Je ne saurai dire combien de fois j'ai repensé à cette fameuse nuit, sur la route entre Vannes et Rieux. Ce que je sais en revanche c'est qu'invariablement ces pensées se sont accompagnées d'inavouables rêves de vengeance, sous toutes les formes possibles et inimaginables, de la plus brutale à la plus subtile.

Aussi quand le verdict est tombé et que la nouvelle m'en est revenu aux oreilles, je n'ai pu m'empêcher de sourire. Certes ce ne serait pas aussi excitant que la mise en oeuvre des mille et un plans que j'ai échaffaudé pour leur rendre la monnaie de leur pièce, mais au moins est-ce là une occasion, unique sans doute, d'extérioriser une part de la frustration et de la colère à leur endroit qui m'habite depuis leur forfait.

L'occasion aussi pour Dana, dont la frayeur fut à l'image de ces deux affreux: terrible.

Ainsi l'ais-je fait prévenir en toute discrétion, lui proposant de se rendre à Rohan ensemble. Dans le même temps une bourse d'écus bien garnie a été remise à un serviteur, accompagnée de consignes très claires et précises. En toute chose je suis précis et déterminé, la vengeance n'échappera pas à la règle et je sais parfaitement ce que je veux faire pour l'occasion. Et tout sera prêt selon mes désirs m'a-t-on fait savoir en retour. Compte tenu de la dépense engagée - pour une telle occasion je dépense sans compter - c'est le moins que je puisse attendre en retour.

Et le jour dit, me voilà à fendre la foule, la main aggripée à celle de ma soeur pour ne pas la perdre dans les méandres de la marée humaine qui se presse sur la grand place. Patiemment je nous fraye un chemin en direction des barrières.


Tu as déjà vu un pilori Dana ? Tu vas voir c'est un instrument de conception tout à fait remarquable. Et puis j'ai une surprise... tu vas voir ce que tu vas voir. Il est temps de nous venger.

Oui je suis rancunier. Très.
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Gwilherm
Bien qu’il pensait avoir fait preuve d’une grande sévérité en remettant au goût du jour un châtiment corporel en place publique pour ces deux affreux brigands, chose qui n’avait pas été faite depuis un bon moment en Bretagne, tout en ayant respecté scrupuleusement la loi, le Bréhatin, qui ne pouvait qu’éprouver de la compassion pour ces victimes, s’était trouvé affecté par la missive de Mumia, malgré les arguments juridiques qu’il avait à lui opposer.

Le temps que le jour se lève complètement, alors que le froid avait déjà commencé à saisir dans une position des plus désagréables les articulations des deux condamnés, le Harscouët était resté contrarié, à ressasser dans son coin, mais peu à peu, la place s’était garnie d’une foule peu sentimentale et hétéroclite, criant sa volonté de vengeance. Bien qu’il n’ait jamais été friand de violence gratuite, c’était une satisfaction de constater que le verdict rendu répondait aussi à une attente des Bretons, lassés de ne jamais voir le mal en face, si ce n’avait été pour quelques pauvres malheureux au détour d’un chemin au milieu d’une nuit… Enfin, le peuple de Rohan, celui de la Bretagne entière, pouvait appréhender ces visages.

Un peu en retrait, posté sur une estrade, le Juge observait la vindicte populaire à l’œuvre. Avec l’hiver approchant, il n’était pas question pour le menu peuple de gâcher ne serait-ce qu’un aliment à peine gâté qui aurait pu être utilisé d’une manière ou d’une autre dans un bouillon, alors les légumes utilisés sur cette place étaient nécessairement pourris, véreux pour une bonne partie. Ils dégoulinaient déjà d’un jus nauséabond lorsque les mains plus ou moins habiles des lanceurs et lanceuses les saisissaient, et venaient achever leur décomposition sur la face ou sur le derrière des Mor, selon d’où partait le projectile.

D’où était Gwilherm, c’était un spectacle divertissant que de tenter de repérer les bons tireurs ou d’observer le visage déçu de ceux qui ne parvenaient jamais à toucher la cible, par maladresse, et il était loin d’être désagréable – il n’aurait pu le nier – de scruter les carcasses voûtées sous la contrainte du lourd pilori ainsi que les visages maculés de pourriture de ces repris de justice qui n’en étaient pas moins.

Attentif à tout ce qui se déroulait sur la place, le magistrat cherchait des visages connus. Un léger sourire s’était dessiné au coin de sa bouche en apercevant sur la place l’une des victimes de l’affaire qui avait conduit à cette peine de châtiment, ce n’était autre que la compagne de Mumia. Par contre, plus tard dans la journée, en voyant Myrdinn et sa si charmante sœur rendre à ces Mor la monnaie de leur pièce, son cœur avait manqué un battement car, bien qu’il était heureux de voir d’autres victimes de ces brigands participer à ce lynchage légumier, il n’avait pu manquer de s’inquiéter de voir sa brunette si frêle et si fragile au milieu de cette masse populeuse, même protégée de son chaperon…

Mais le Juge ne prêtait pas qu’attention aux Bretonnes et aux Bretons qui étaient venu faire passer le goût du pain aux condamnés, ces derniers aussi étaient source d’attention. En effet, le magistrat n’avait pas écarté l’hypothèse que parmi la populace excédée se soient dissimulé un ou plusieurs amis du couple terrible… Sans parler de petits malins qui auraient pu profiter de l’attroupement et de l’agitation pour faire les poches des badauds. Consigne avaient été données aux soldats et aux maréchaux présent d’ouvrir l’œil et de faire état de tout comportement suspect. On est jamais trop prudent…

Au soir de l’avant dernière journée d’exposition des Mor en place publique, alors que la nuit tombait et que la population se rentrait avec satisfaction au coin du feu, le Bréhatin s’approcha du pilori et ramassa à terre un fruit dont le nombre d’habitants invertébrés lui paraissait être en nombre suffisant pour donner des protéine au destinataire qui lui faisait face, s’il visait bien la bouche.


Sploutch ! fit la poire véreuse en s’écrasant contre la gueule déjà souillée mais pas encore contrite de l’homme, non loin de ses lèvres. Gouel laouen dit Ael ! (Bonne fête Ael !) dit-il, un sourire en coin. On était le 16 octobre, jour où les Bretons célébraient saint Ael… le hasard des fois !

Le juge te l’a faite aussi ta fête, ajouta un garde en chantonnant un petit air entrainant.

Après avoir regagné son auberge et ingéré un potage de légumes récoltés le matin même, eux, le Harscouët se mit à la petite table de sa chambre et, à la lueur de sa bougie, il prépara le départ des Mor de Bretagne, comme un précédent jugement les y contraignait, ce qu’il avait rappelé clairement aussi. Chaque étape serait détaillée afin de s’assurer qu’ils quittent bien la péninsule armoricaine.




XX a viz Here : Roc’han.
XX a viz Here : ?
XX a viz Here : ?
XX a viz Here : ?
XX a viz Here : Bro-C’hall


On était jamais trop prudent…

_________________
a viz Here : le mois d'octobre
Bro-C'hall : France

_________________
Fauve_mor
[ Troisième jour… ]

C’était déjà terriblement humiliant de rester là, face à tous ses gens, dans une posture plus que dérangeante, mais le pire de tout fut de constater qu’au petit matin, sa vessie n’avait pas eu la même force qu’elle à rester fière et digne.

Oh putain… Aël… J’crois que j’me suis pissée d’ssus…

Fauve jeta un regard déconfit à son Démon qui était guère mieux qu’elle à ce stade du supplice qu’ils enduraient depuis déjà... euuuh… trop longtemps .
Les heures semblaient durer des jours, et les jours, des mois.
Si encore elle avait pu dormir, ça lui aurait permis de faire passer le temps.
Mais là… c’était chose difficile !

Déjà la foule se pressait.
Les mêmes que les jours précédents semblait-il.
Et quelques têtes nouvelles, des voyageurs curieux de voir l’animation de la ville aussi.
Tu parles d’une animation, tsss…
Au moins ça leur fera un sujet d’discussion en taverne, et ceux qui ne connaissent pas les Mør apprendront à les connaitre !
Tout ce p’tit monde avait fait le plein de fruits et légumes, à croire qu’ils faisaient exprès de les laisser pourrir pour ce genre d’attraction.


Mais ils en auront jamais assez ???
J’comprends pas qu’on puisse laisser autant de nourriture se gâcher.
Arf ! Pouaaaahh !!!


La Rousseur parlait rapidement, refermant vite sa bouche entre chaque mot, tournant et détournant la tête à s’en donner le vertige.
Malgré ses efforts, quelques éclaboussures arrivaient à se frayer un chemin entre ses lèvres et c’est en jurant qu’elle s’empressait de cracher sur la tronche des mômes qui jouaient les gros durs à leurs pieds.

La journée allait être longue.
Trèèèès longue …

Les visages en colère qui se montraient se ressemblaient tous plus ou moins.
Tous animés de la même furie.
Mais elle restait perplexe tout d’même.
Oh oui des sales coups ils en avaient fait, elle et Aël.
Des poches ils en avaient vidées.
Des vies quelques fois ils avaient prises aussi, ceux qui se montraient récalcitrant ou pour tout autre raison.
Bref… des survivants de leurs méfaits y en avaient d’façon mais là elle doutait que tous ses gens en fassent partie.

Les yeux félins se perdirent dans la foule quand son attention fut attirée par deux silhouettes, dont une plus petite et plus frêle que l’autre.


Oh oh… On a de la visite !
Ça m’étonnerait que ces deux charmantes personnes soient venues juste par curiosité ou par plaisir de faire joujou avec la pourriture.
Les légumes hein... La pourriture… Pas nous !


Hum…

Un grognement se fit entendre du fond de la gorge de Fauve étouffant le « Hum » de sa maudite Conscience.

Tsss…

La foule grossissait et elle les perdit de vue alors qu’elle fermait ses mirettes pour se protéger des jets qui venaient lui bruler ses iris.

Y sont où... Bordel, y sont où…

La journée se suivie d’autant de coups dégoulinants que d’injures, parfois la laissant effondrée, complètement désorientée, parfois un regain d’énergie venait tendre ses muscles la faisant aboyer plus fort que toute cette populace réunie.

Le soir tombée, le regard fiévreux de la Féline balayait la place abandonnée de ses villageois.
La vue qui s’offrait alors à elle était lamentable.
Seuls quelques chiens errants venaient renifler les détritus qui finissaient de pourrir dans une mare gluante.
Puis ses mirettes se figèrent sur un individu qui droit et fière traversait la dite place, s’avançant directement sur eux.

La vue brouillée par la fatigue et les cils qui lui collaient aux yeux, elle eut du mal à reconnaitre d’abord ce cher Juge et c’est arrivé à leur hauteur presque, qu’elle se permit un semblant de sourire, hésitant intérieurement sur le pourquoi de sa visite.


Tiens donc… M’sieur le Juge en personne qui nous fait l’honneur de sa présence.
Vous êtes venus nous gratifier d’une journée et nous libérer vous-même en personne ?
Vous voyez dans quel état on est… c’est…


Fauve l’observait, le regard lassé et les traits tendus, et laissa sa phrase en suspens une fois de plus quand elle le vit ramasser…

Oh bordel !
Mais… mais… Noooon… Il va pas oser…. Si ? Nooon…


Les yeux écarquillés, la Rousseur fixait, incrédule, chaque geste du si délicat et raffiné Juge.
Le fruit qu’il tenait en main était si habité qu’il aurait pu traverser à lui tout seul la place du village rien qu’en rampant !

Déjà largement écœurée par l’odeur nauséabonde qui se dégageait de leur personne, il s’en fallait de peu pour qu’elle se mette à vomir.
Elle se sentait bouillante malgré la fraicheur saisonnière, et son dos se couvrait d’une transpiration glaciale qui la fit frissonner jusqu’aux os.
Serrant les dents autant que les poings, elle ferma prestement ses paupières, détournant la tête au moment où la poire vint s’exploser sur la trogne d’Aël, puis tenta de s’imaginer un jardin remplie de fleurs aux senteurs délicates, prit une grande inspiration, lente et profonde et souffla doucement entre ses lèvres entrouvertes.
Vraiment là, elle en menait pas large.
Fortement épuisée et affaiblie, les jambes flageolantes dues autant par la fatigue que l’inconfort et le manque de nourriture, elle aurait donné cher pour être au fond d’un bond bain ou bien même simplement se plonger dans l’eau savonneuse du lavoir.
Quant à manger, non ! Même si ventre lui hurlait « Nourris-moiiii !!! » il était impossible qu’elle puisse avaler quoique ce soit dans l’état où elle se trouvait.
C’était la soif qui devenait insurmontable par contre…

Une fois le malaise passé elle rouvrit juste un œil en direction de son homme.
Ça... pour être sa fête... s’était plutôt réussie !


Et l’autre là !!! Mais il va pas la fermer sa grande gueule ?
Hey on t’as jamais dit qu’tu chantais faux ?
Tsss… ridicule !


Fauve était fatiguée.
Certes.
Oui.
Et malgré l’humiliation qu’elle subissait aussi, elle arrivait encore à trouver la force de continuer et surtout de tenir.
En partie grâce au genre de comportement de ce soldat.
Hahaha… sans l’vouloir, il lui redonnait la volonté de se battre.
C’est qu’elle était rageuse le Féline et il lui fallait pas grand-chose pour que le venin de la colère se répande dans ses veines.

Laissant sa tête pendre afin de soulager quelque peu ses muscles trop tendus, seul son regard assombri par la haine, scrutait la place, le visage fermé, silencieuse, encaissant les injures et la marmelade putride des fruits pourris qui venaient se ratatiner sur sa tronche, que les derniers villageois balançaient encore avant d’aller se vautrer dans leur nid tout propret.

Encore et encore, mêlant ses pensées à celles d’Aël, elle réfléchissait…

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