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D'un Rouge Epistolaire à l'Improviste

Avyd
    « Je ne me sentais plus vivant ; je me retrouve,
    Je marche, je revois le but sacré. J'éprouve
    Le vertige divin, joyeux, épouvanté,
    Des doutes convergeant tous vers la vérité »*


D'une retrouvailles subite à un départ précipité, le Louvelle savait y faire. Mais la Musteille bien mal en point n'avait guère besoin de lui, pas encore tout du moins. Cette nuit à Toulouse l'avait laissé perplexe. En si peu de temps s'étaient succédés joies, peines et doutes. L'Avyd peu habitué au sentiment profond demeurait confus ; et quand un Louvelle s'y perd il prend le large. « Fay ce que veux », tel n'est pas pour rien leur devise.
Sa présence n'était pas des plus indispensables, s'ajoutait à cela le retour de l'époux dont les rumeurs le disait entrain de rôder. Enfin il était encore trop tôt - pour lui comme pour elle - de siéger au chevet tel amant trop épris.

De Toulouse à Auch, le Louvelle avait pris du bon temps, découvrant les contrées décadentes d'un Sud bien anodin. Il avait goûté les fameuses liqueurs, découvert quelques endroits, fait quelques connaissances, mais au final rien de bien excitant, rien par rapport à ce qui l'attendait. De longues journées insipides rythmées par l'exaltante idée des semaines à venir. Jusqu'à ce qu'enfin le campement se lève pour disparaître dans les brumes matinales. Les sentiers battus d'Armagnac ne regorgeaient guère de surprises, à l'image des bourgades ils se révélaient vides et sans mystères. Ils firent finalement une halte la nuit. Maximian, représentant fidèle de la Mesnie Louvelle en sa qualité de Faydit, marchait fièrement dans le campement, vêtu de son armure brillante où l'on pouvait apercevoir sur la cuirasse les armes familiales. Heaume à la main, épée - encore - au fourneau, il se dirigeait vers son logis temporaire. Installé, le Louvelle retira ses gantelets pour se saisir d'une plume et de rédiger ce qui suit.



Citation:
A vous, Ma Dame,
Scath.


    Ne m'en voulez point trop d'avoir disparu de la sorte mais il le fallait, pour moi et pour vous. Ne vous effrayez guère, je ne vous « abandonne pas », au contraire, je serai bientôt là. Mais il vous fallait vous reposer et moi me retrouver. M'excuserez vous cet écart improviste ? Rassurez-vous, votre personne n'en est en aucune façon la cause. Nous, Louvelle, sommes ainsi faits : sanguins et imprévisibles.

    L'appel du glaive a sonné et ma fougue n'a guère tergiversé. C'est une noble cause que je m'en vais défendre, une Mesnie valeureuse qui nous rendit jadis service. Un Louvelle paie toujours ses dettes, quand bien même celles-ci datent. N'ayez crainte, je vous reviendrai en un seul morceau, triomphant.

    Et vous ma Dame ? Comment allez-vous ? Comment s'appelle t-il, elle ?

    Donnez-moi de vos nouvelles, elles me font cruellement défaut, à l'instar de votre présence.


Avydement votre,
M-A. Louvelle.



Et le pli cacheté de s'envoler vers Tolosa.

[* Victor Hugo, La Légende des Siècles]
Scath_la_grande
[Tolosa]


Le pli est resté quelques jours scellé sans qu’elle ne l'ouvre, sans même qu’elle n’ose y adresser un regard, n’y ne le touche, Musteile dans le déni.
Se mentir pour mieux tromper ce qui l’effraie, nier l’existence du Louvelle dont l’absence fut source de questionnements, de doute, une brûlure qui la ronge en silence tout au fond d’elle, dans la secrète antre de son âme.

Quelques jours où tourmentée de curiosité, les doigts furent mis dans l’engrenage.
Lire et relire.
Lire et réfléchir.
Puis l’attente avant que ne vienne une réponse, arrogante, telle la maîtresse de cette plume qui s’agite, sanguine.
De la colère pour mieux farder la vile inquiétude.
Néanmoins à ce niveau, ce n’est plus un fard discret, mais la repeinte d’une charrette volée.



Citation:
Louvelle,

    Ainsi donc vous daignez enfin à me bailler nouvelles ? Vous réapparaissez dans mon existence pour en disparaître sans mot ni miette et point ne dois-je vous en tenir fâcherie à votre encontre ?
    C’est bien mal me connaître, mon ami, quelques revers m’ont rendu la tripe revancharde et le goût à la rancune, ne biaisez point de la sorte avec moi, j’ai un époux pour cela.
    Car oui, point ne suis-je votre Dame.

    Votre missive m’embarrasse car je ne sais si de fiel ou de miel j’en dois couvrir la réponse, tant je ne sais que m’apenser si votre récent attachement à ma personne n’est que basse chattemite ou réel affect, dois-je vous rappeler que vous êtes Louvelle, et que Louvelle louvoie et use de ruses renardières ?
    A vous dire le vrai, je ne sais encore que m’accroire de cette étrange occurrence qui me tombe sur le râble, quelles sont vos intentions ?
    Moi je vous le dis tout dret, je n’ai aucune fiance en vous, votre nom est trop souvent synonyme de matoises machinations et autres duperies où seule l’ambition y est révérée et où la loyauté s’en trouve annexée tant que cela serve vos intérêts.

    Adonc, sottard, allez-vous faire trouer le lard pour une vétille, allez-donc jouer au con et faire le mort, raide et froid !
    Comme si jà je n’étais point suffisamment encolérée de votre absence, vous me privez de vous coller un taquet de mes propres mains.
    Fi donc !

    Je dépars bientôt pour l’Anjou, j’escorte ma mie qui vous a porté le pli l'autre jour, et espère faire le tri dans mes pensées, bien trop d’événements ont jalonné mes derniers jours que j’en reste troublée.
    Je n’ai cœur à rien, d’ailleurs l’encre et les mots viennent à me manquer, à croire qu’avec vous je me dois toujours d’être piquante comme la ronce et lorsque je n’ai plus d’épines à vous soumettre, je m’étiole.

    Dieu vous veille, ainsi je le veux.


Frayner

    P.S. : Quelle est cette curiosité qui vous pousse à demander nouvelle d’un enfant qui n’est point vôtre ? Si ce n’est que pure politesse, abstenez-vous la prochaine fois.

_________________
Avyd
[Alentours de Bergerac - Périgord]

Voilà quelques jours que le pli scellé s'était envolé et aucune réponse ne lui avait été encore retourné. Qu'importe, le Louvelle avait lui-même tarder à prendre la plume, il considérait donc la lenteur de la Musteille comme une punition mériter à son affront. Les évènement avaient pris entre temps une tout autre tournure, l'escarmouche périgourdin s'étant finalement limité à quelques échauffourées, passant d'une expédition punitive à une vague de désordre, semant chaos et désolation sur son chemin. Quand bien même la bastide comtale ne cèderait sous leurs fers, les pitoyables suzerains périgourdins se souviendraient de leur lâcheté : celle d'avoir délibérément abandonné un de leurs villages et ce sans même ambitionner une vengeance. Leur couardise n'en serait que mieux contée.

Mais les réalités précocement conjugales le rappelèrent finalement à l'ordre. Un cachet de la Frayner, soigneusement délivré, et dont le parchemin méthodiquement plié, laissait deviner par le volume un long vélin plutôt qu'un court billet. Le Louvelle n'était pas du genre à écrire des romans, et se méfiait des plis trop longs. Par des probabilités bien à lui, il estimait que plus la lettre était pourvue en mot, plus les remontrances pouvaient y être nombreuses. Alors que les doux billets n'ont besoin que de quelques paroles pour faire leur effet. A son grand damne, la lecture ne fit que l'accommoder dans son raisonnement.

Telle une giboulée de mars, les trombes de reproches et les cordes de méfiances le rincèrent sec. La lecture le contraria, le jetant dans un abîme de doutes et d'embarras dont la fin du Post-Scriptum ne fut que le début de sa chute. Il se questionna même sur l'intérêt d'y répondre, persuadé que la poursuite de la correspondance aggraverait les choses. La lettre était trop cinglante, et pas même un seul instant il ne concevait d'y répondre par des justifications et des excuses.
Il savait jouer avec les mots, comme tout bon séducteur, mais toujours sur le vif. L'écriture lui semblait trop hypocrite, car faussement spontanée. Méditer, écrire, raturer, réécrire lui paraissait être une duperie, laissant peu de place à la sincérité et trop aux faux-semblants des tournures. Alors que face à face, toute parole était scellée : un mot, et le sort en était jeté.

Il hésita un temps pour le silence, que l'on disait d'or. Trop de méfiance suait de cette lettre, et seule sa verve et sa gueule d'ange, en chair et en os, sauraient y couper. Mais prenant le temps, cette méfiance lui laissa à penser. La Musteille n'avait certes pas été subtile, bien au contraire, la brutalité de la lettre l'avait désemparé, mais tant de remontrances, tant de mots pour expliquer ses soupçons, tant d'acerbes tournures pour lui rappeler sa défiance fit naître en ses pensées l'hypothèse d'un intérêt prudent. Après tout, si la teneur du cachet était sincère, il n'avait plus rien à perdre. C'est donc déterminé qu'il se saisit d'une plume pour griffonner, d'une calligraphie malhabile, son idée sournoise. Il prenait là un risque dual, mais qu'importe : aux grands maux, les grands remèdes.


Citation:
Ma Dame,

    Pardonnez la grossièreté de l'écriture que j'espère déchiffrable, mais je ne puis écrire et fais donc dicter ce billet à un brave soldat.

    Je passerai sur la douleur de vos mots, qui m'auront fait succomber une seconde fois. Hélas Madame, je suis tombé sous les coups, tranché par les fers. Moi qui vous promettait un retour triomphant, c'est au contraire, de moi, que l'on a triomphé.

    Je me vide, je me meurs. Mes pensées s'évaporent et mes forces m'abandonnent. L'ennemi nous a dévasté. Nous fuyons en Guyenne, et l'on me transporte à Blaye.

    Je me meurs Madame, je me meurs ...
    Excusez-moi Madame, je ne puis plus tenir ma promesse. Vous aviez raison, je ne mérite pas votre confiance ... Je vous abandonne ...


Adieu,
Louvelle.


Quitte ou double.
_________________
    Maximian-Auguste de Louvelle
    Vaillant Faydit de la Mesnie Louvelle.
    « Ce n'est pas le titre qui honore l'homme, mais l'homme qui honore le titre. »
    Recquiescat In Pace Imperator.
Scath_la_grande
[A malin, malin et demi]


La main tremble à la lecture de ce message, les lèvres trémmulantes palissent aussi vite que le museau devient livide.
Le con ! Oh le con !
La crevure de crevard qui va crever ! (l’enflure d’enfoiré)


« Par la malepeste ! »

Si elle ne s’étouffe point de sa rage, la Musteile risque bien de ployer sous la pesante angoisse qui comprime en l’instant sa poitrine.
Le souffle est court et le cœur tape dans sa cage, le sang lui aussi lui frappe les tempes avec violence.
Plume est prise, et l’écriture qui en découle en est irrégulière, ramassée comme des lettres jetées en vrac au hasard des mots.



Citation:
Louvelle, (ou au clampin qui lira ce mot au Louvelle)

    Croyez-vous que mon cœur peut s’enorgueillir d’un nouveau deuil ? Oseriez-vous me faire l’affront de mourir comme le dernier couillon dans un trou perdu ? Vous n’êtes qu’un saligaud, j’arrive !
    Par chance –hasard ?- j’y passerai dans quelques jours, je me diligente jusqu’à vous et si vous avez l’outrecuidance de claquer avant mon arrivée, je fais le serment devant Dieu que je charriai votre dépouille affublée d’une houppelande lilas et je vous traînerai ainsi attaché à mon cheval.

    Si Dieu ne vous veut, vous serez à moi.


Frayner

    P.S. : Au clampin/médecin/chirurgien-barbier qui s’occupe de lui, si vous n’en prenez pas soin et que je le trouve défailli à mon arrivée je vous jure que vous pourrez admirer la beauté alambiquée de vos boyaux de vos propres yeux (je ne garantis pas la même réussite pour les remettre dedans sans dol)


_________________
Avyd
[Blaye - Guienna]

Les retrouvailles furent mouvementées, et la séparation n'en fut que plus rapide. Ils s'étaient quittés sur une dispute stérile dans une taverne à Saintes, mettant un terme à l'aventure angevine qui se profilait pour le couple. Quelques paroles de la Rousse pour glacer le Blond, et celui-ci de claquer la porte pour faire marche-arrière en Guienne. La dispute n'était qu'un prétexte, il était là question de deux égos, deux orgueils qui ne lâcheraient guère le fin mot. Pour coupler deux pareilles grandes gueules, il faudrait un miracle. En attendant celui-ci, le Louvelle mordu de remords pris la plume pour tenter de rattraper le coup.

Citation:
Ma Dame,

    Vous même n'êtes pas à l'abri de mes sauts d'orgueil. Trop longtemps je me suis adonné à ceux-ci, brisant sans scrupules bien des liens affectifs. Trop longtemps je fus aveuglé par ce fol égoïsme. Je croyais m'en être libéré ... Je pensais en avoir éradiqué les symptômes. Mais on ne se change pas aussi facilement.

    J'ai fauté à Saintes, et je demande votre pardon. J'étais éblouis par mes travers d'un autre temps, revenant une dernière fois à la charge tel un baroud d'honneur. Je vous ai tenu responsable de choses indépendantes de votre volonté et se fut pour le moins ridicule. Pardonnez cet égarement qui sera le dernier avec vous. Cet orgueilleuse folie fait partie de mon passé, et je saurai la tapir au plus profond de mon âme. Elle ne surgira plus, pas avec vous. Je vous en fais la promesse.


A. De Louvelle.

_________________
    Maximian-Auguste de Louvelle
    Vaillant Faydit de la Mesnie Louvelle.
    « Ce n'est pas le titre qui honore l'homme, mais l'homme qui honore le titre. »
    Recquiescat In Pace Imperator.
Scath_la_grande
La nuit je mens,
Je m’en lave les mains*.


La nuit je mens,
Je m’enfuis au loin.

Musteile persiste dans son mensonge, celui qu’elle réitère chaque soir à sa conscience, que cet or-là est sans valeur à ses yeux, que ce nom est une injure au sien, que sa peau n’attire ni geste, ni lèvre de sa part.
Elle se ment, et elle lui mentira, quand on est handicapé du sentiment c’est donnant-donnant.

Plume est prise, et sur le parchemin s’étale le carmin.
Pieu mensonge pour préserver son salut et sa droiture.
Le toucher dans son orgueil, afin que la vue d’une flamboyante lui baille l’amer à la gueule.


Citation:
Louvelle,

    Voilà donc que vous me donnez nouvelles, surprenantes de surcroit, moi qui m’apensais ne plus jamais ni vous revoir, ni vous relire, ici je ne peux que voir votre plume courbant les mots que votre bec ne peut dire sans s’y écornifler.
    A la vérité, oui vous avez fauté à Saintes alors que d’yeux, je n’avais que pour vous.
    Apprenez, monsieur, que je ne suis point faite du même plumage que ces femelles que vous courtisez en taverne, pliables aux volontés des mâles, et au lieu de m’escamoter à votre masculine volition j’ai érigé mes défenses, mon glacis d’indifférence.
    De présent, à savoir si vous serez aussi pardonnant que je le suis en apprenant que votre dévouée a commis aussi une irrémédiable faute, à mon corps défendant, vous m’y avez contrainte.
    Puisque vos bras et votre présence se sont robés à moi de votre fait, je n’ai eu d’autre choix que d’en trouver d’autres tout autant agréables, j’y ai conçu la damnable réparation à mon dol.
    Car ainsi je suis, volage à tout homme qui passe, et d’un sourire j’en suis conquise et languide sur sa coite j’en fais mon roi.
    Demain nous arrivons en capitale de Guyenne, il me tarde que ce calamiteux voyage, hormis mon escale en Bretagne dans le douillet giron princier, s'achève.

    Par ces mots j’espère que vous vous sèvrerez de moi, et ainsi en vous recommandant à Dieu, je clos ce chapitre.


Frayner



*Alain Bashung
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