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[RP] Le Soleil à rendez vous avec la Lune

Isleen
L’irlandaise traine sur le marché de Bordeaux, elle regarde les produits sans les voir, acheter ne l’intéresse pas. Ses pensées divaguent, tournent les nouvelles qu’elle vient d’avoir d’une amie, et d’un capitaine, tandis que ses mains s’agitent avec habileté et grâce dans les poches des dames, et de ses messieurs qui ont le malheur de passer sur sa route. Les fragiles se glissent dans ces recoins sombres et prennent la première chose qui passe à leur portée. Lettre, morceau de pain, bout de bois, écus, bijoux, mouchoirs, tout y passe, l’irlandaise prend machinalement, et ce qui ne l’intéresse pas, elle le laisse sur le coin d’une étale, ou le remet dans la poche d’un autre. Elle se sent surveiller, tourne le regard une ou deux fois derrière elle : Personne. Un autre jour, elle aurait fait plus attention, mais ses préoccupations sont ailleurs qu’à ces yeux posés sur elle, là ses pensées sont plus précisément à la lettre de Lyne.

A la première lecture, elle en avait poussé, dans la solitude de sa chambre de l’auberge ou elle logeait, un cri de joie, doublé d’un pas de danse - chose oh combien exceptionnelle et rare, qu’il convient de le signaler. La gosse exubérante en elle se réveillait à cette nouvelle. Cette bonne nouvelle, qu’elle attendait depuis des lustres ou presque, son amie venait ! Elle venait !

A la seconde lecture, un pli soucieux barra son front. Elle venait seule. Elle venait et n’avait pas d’escorte. Non, non. Ca n’allait pas. Lyne comptait prendre le départ toute seule si elle ne trouvait personne. Ca n’allait pas pour l’irlandaise entre Genève et la Guyenne, elle avait le temps de se faire brigander une bonne dizaine de fois. Ca n’allait pas du tout. Bon dans pareille situation, elle était du genre à faire exactement la même chose que son amie, mais là on se trouvait pile poil dans la situation du fait ce que je dis et surtout pas ce que je fais ! C’est qu’elle voulait la voir entière sa Lyne, et pas rafistoler de partout !

Isleen aurait aimé partager cette nouvelle avec Lambach, mais celui ci en pleine pastorale faisait régulièrement retraite pour les besoins de la cause. Et là ça tombait vraiment mal, depuis qu’il lui avait pris l’envie de se faire baptiser, c’est bien simple, elle le voyait deux fois moins et les moines deux fois plus ! Cherchez l’erreur ! Bon il revenait le soir même ou le lendemain, mais quand même, à fore, elle irait se plaindre à l’évêque !

Elle était donc sortie, direction le marché ou ailleurs pour réfléchir à la situation et après une collecte légèrement fructueuse et un esprit plus au clair avec elle même, elle poussa la porte de la première taverne venue, commanda à boire et s’installa à la première table à portée de derrière, sans porter aucune attention aux personnes déjà présente. Elle avala une gorgée dans le verre que venait de lui servir le tavernier et sorti de sa besace de quoi écrire.




D’un soleil inquiet,
A sa Lune qu’il sait intrépide,

Lyne,

J’ai été heureuse d’avoir de tes nouvelles, de savoir que tu arrives sur la Guyenne. Mais je m’inquiète de te savoir sur les routes sans escorte. Entre Genève et ici, tu auras le temps d’en rencontrer des brigands ! Je sais ça peut être plaisant de faire ami-ami avec eux à coups de lames, mais le Soleil veut voir sa lune arriver en un seul morceau si possible !
Donne moi quelques jours avant de prendre la route. Lambach revient de retraite d’ici peu et avec le monde qu’il connaît, nous arriverons bien à te trouver une escorte…


L’irlandaise leva la plume en esquissant un sourire amusé et sincère, Lyne n’allait pas lui donner les quelques jours, elle allait partir séance tenante, parce que c’est ce qu’elle ferait elle même à sa place. Un courant d’air froid en provenant de la porte la fit frissonner plusieurs fois, la taverne semblait se remplir. Elle ne releva pas pour autant le regard et continua.



… , ou c’est moi qui vais venir te chercher, voilà j’arrive ! Bouge pas !
J’ai hâte de te revoir.
Ne fais rien que je ne ferrais.
Fais attention
Isleen


Elle plia le tout et envoya un gamin local avec les indications pour que son message soit correctement envoyé et rangea ses affaires. Une bonne chose de faite. Un sourire sincère et amusé s’esquissait, son amie arrivait. Elle vida son verre et pour la première fois depuis qu’elle était entrée, tourna son regard vraiment sur la salle jusqu’à tomber sur deux billes argentées appartenant à un cosaque de sa connaissance. Surprise, l’étonnement du se lire dans son regard, car s’il y en a bien un qu’elle ne pensait pas revoir c’était bien lui. Une vieille haine pour lui refit surface l’instant d’un moment, car elle l’avait haï non pas de ce qu’il avait fait, de ce qu’il lui avait révélé, mais de la pitié qu’elle avait vu dans ses yeux ce jour là. Elle ne savait pas ce qu’il venait faire là et elle s’en souciait comme d’une guigne, mais les Dieux étaient peut être avec elle sur ce coup là, une idée venait de lui traverser l’esprit. Et avant de reculer devant surement la stupidité de ce qu’elle allait faire, elle prit sa besace, verre et pichet devant elle et alla poser le tout sur la table du cosaque, s’asseyant en face de lui dans le plus parfait des naturels. Il attend du monde ? Pas grave, qu’ils prennent un ticket, première arrivée, première servie.

Torvar ! C’est un semi plaisir de te voir là !

Oui, faut pas pousser, ils ne sont pas les meilleurs amis du monde, les meilleurs ennemis peut être ? Bah passons la sémantique. Peut importe, la rouquine se sert à nouveau, et poussa vers le cosaque le pichet pour qu’il face de même si ça lui disait. Les crus locaux n’étant pas toujours bon, on avait parfois des surprises qu’avec l’âge le cosaque se refusait peut être de prendre.

J’vais avoir be’soin de toi. cash direct, oui ne prenons pas de gants, ils ont passés ce stade là lui et elle, rectification, ils n’en ont jamais pris. Onyx dans regard acier j’dois aller chercher une amie sur Genève. Me faut une escorte, il lui en faut une. J’part d’ici deux jours, parc’que j’la connais elle est déjà sur la route.

Verre qui se vide d’une gorgée avant de reprendre.

Laisse tomber c’que tu étais à faire, tu as plus urgent maintenant. Et c’est moi qui règle toutes les dépenses. D’un autre coté, si ce n’est pas dans tes cordes….j’irais seule.

Le mini pouce s’adosse à son siège, elle aurait bien demandé à Lambach, mais avec les élections et sa place sur la liste, il n’était pas question pour lui de bouger de la Guyenne, donc elle n’avait même pas envisagé la chose. Non, là comme ça, le cosaque était sa seule option, la plus rapide, la plus sure aussi, car autant partir seule que de mettre sa vie dans les mains d’un parfait inconnu, et lui elle savait qu’il ne la planterait pas en cours de route.
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Torvar
Sur les routes depuis un moment, un mariage où « sa » moitié de gamine avait fait le grand saut, un passage pour voir la Russe à Toulouse, un clan de mercenaires qui se montait mais qui ne lui disait pas grand-chose pour le moment voir même rien du tout à vrai dire, une fille retrouvée… Torvar avait besoin de mettre de l’ordre dans ses idées. Direction Bordeaux, là il ne connaissait personne et il pourrait au moins se remettre de tous ces derniers évènements. Pas facile quand on arrive à un certain âge de faire le vide de ses émotions. Oh il avait de la ressource le « vioque » comme l’appelait Miya mais l’hiver qui arrivait le rendez… nostalgique. Pas de famille à lui, ses filles vivaient leur vie et lui sillonnait les routes à la recherche de chimères…

Il s’était installé dans une taverne, regardant les hommes du cru, quelques étrangers aux accents qui fleurissaient de ci, de là, sa bouteille devant lui, pas vraiment la meilleure. Ces espèces de prunes alcoolisées n’égalisaient en rien son breuvage habituel. Il lui faudrait retourner en Ukraine d’ici quelques temps, disparaître du paysage le temps du voyage et de retrouver les siens. C’était son frère qui maintenant était à la tête de leur famille. Le clan cosaque avait accepté la succession sans piper mot. Torvar n’était plus chez eux, il ne pouvait donc pas faire office de Chef. Tant mieux, il n’aurait pas aimé rester au même endroit pendant des lustres, se sentant prisonnier d’une situation qu’il n’aurait pas pu contourner. Les choses étaient à leur place, il avait fait un choix durant sa jeunesse, il avait opté pour voir le monde le jour où il avait accompagné ces ambassadeurs français qui s’en revenaient chez eux… une escorte simple et sans encombre qui leur faciliterait grandement la route car il maitrisait la langue… Un autre de ses souvenirs qui venait le frapper de pleine face ces derniers temps. Quand allait-il s’arrêter ?

Tout à sa question, il la vit entrer. Décidément, le destin abusait. Depuis Paris, depuis qu’il l’avait laissé dans ce trou à rat qu’elle appelait « chez elle », il ne l’avait pas revue et là, elle s’installait comme si de rien n’était. L’irlandaise ne l’avait pas encore vu… Tant mieux il pourrait partir au plus vite mais ses yeux se posèrent sur elle et commencèrent à la détailler. Elle ne semblait pas avoir souffert de leur rencontre, bien au contraire. Isleen rayonnait. Son visage souriait même illuminant son regard qu’il savait pourtant si noir lorsqu’il se posait sur lui… Ah ben tient, quand on parle de ces choses-là… Elle vint à planter ses prunelles dans les siennes, le cosaque ne broncha pas d’un pouce. Juste peut être son sourcil qui pointa le circonflexe histoire de lui dire « surprise, c’est moi, et ouais ! ». Mais voilà que l’Irlandaise prit de l’assurance et se planta à sa table. Torvar stoïque comme à son habitude resta dans sa chaise, se plaquant contre le dossier tout en jouant avec son verre.


- Plaisir pour ma part… tu resplendis aujourd’hui l’Irlandaise. Pour un peu tu ferais tourner les têtes…

Le ton était donné, sa réponse le satisfaisait. Il n’était pas insensible à Isleen mais il s’interdisait tout contact avec elle. D’abord, Theodrann l’aurait mal pris, de plus, elle avait sa vie et lui rien à lui offrir. La sauvageonne n’avait pas besoin d’une vie chaotique, non ce n’était pas pour elle, pas dans ses cordes. Son âme n’était pas assez damnée par le sang versé alors il lui ferait le plus beau cadeau qu’il puisse être en mesure de faire, ne jamais l’approcher plus que de raison. Relevant la tête, il osa même lui sourire quand elle fit glisser son pichet vers lui.

- Si ton breuvage est aussi infecte que le mien, je pense qu’il n’y a aucun danger à partager…

Et voilà que les godets étaient remplis à nouveau. Torvar trinqua dans sa langue maternelle avant de boire d’un trait. Apprécier cette horreur il ne fallait pas pousser mais au moins ça faisait passer les aléas de la vie.
Et l’Irlandaise annonçait la couleur. Avait-elle été toujours aussi bavarde ? Il en doutait mais quelle fièvre la poussait encore. Et l’engager lui, pour venir avec elle…


    *Isleen, Isleen, Isleen… quelle mouche te pique ? Toi et moi ensemble sur les routes, tu es certaine de vouloir t’y frotter ? La sagesse voudrait que je refuse ton offre, que je t’envoie bouler… mais… je te dois bien ça après tout. Pour Theodrann, pour toi… il n’aimerait pas que je te laisse sur les routes, seule, surtout en ce moment… mais je suis certain que ce n’est pas une bonne idée… non pas une bonne idée…*


Torvar se lissa le menton ainsi que la barbe blanche qui pointait son nez tout en la regardant. Il n’avait pas à réfléchir, il savait déjà ce qu’il avait à faire.

- Tu as donc besoin d’être rassurée que tu doutes ainsi de mes capacités… Je ne te savais pas téméraire mais tu me prouves que ce n’est là qu’une jolie façade…

Un sourire narquois vint aux bords des lèvres du vieux et il ne se priva pas pour le lui montrer. Il aimait bien la taquiner finalement. La plupart du temps son foutu tempérament irlandais faisait qu’elle ruait dans les brancards et ça, il adorait. Mais soudain, le cosaque rejeta son corps vers l’avant, tendit une main vers celle qui n’était autre que « sa meilleure ennemie » et attendit.

- Je ne discuterais pas les conditions du voyage, je ne vais pas te faire cet affront mais… si tu y tiens, je suis ton homme le temps du voyage… mais réfléchis bien à ce que tu fais Isleen… toi et moi, ensemble… ça pourrait devenir vite… explosif…

Il se retenait de rire le géant des steppes. Il n’était pas homme à profiter de la situation mais savait qu’à tout instant, tout pouvait basculer dans un sens comme dans un autre. Surtout qu’entre eux, les envies de meurtre en amis étaient souvent de mise… Advienne que pourra…

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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Ermelyne
« Philosophes écoutez cette phrase est pour vous
Le bonheur est un astre volage
Qui s'enfuit à l'appel de bien des rendez-vous
Il s'efface il se meurt devant nous
Quand on croit qu'il est loin il est là tout près de vous
Il voyage il voyage il voyage
Puis il part il revient il s'en va n'importe où
Cherchez-le il est un peu partout... »

Charles Trenet - Le Soleil et la Lune

[ Genève - Tripot 1 en flash back ]

Le Soleil a rendez vous avec la Lune mais la Lune n’est pas là et le soleil l’attend.
Du moins, c’est ce que voudrait faire croire cette douce mélodie parlant d’une rencontre impossible. Et pourtant, oui pourtant, la Lune avait bien l’intention de retrouver son Soleil quelque soit la durée qu’il faudrait vivre, quelques soient les périples qu’il faudrait affronter, quelque soit les démons qu’il faudrait défier. Mais cessons le dramatique de l’histoire car oui, mesdames et messieurs, l’Ebène et l’Enflammée vont se retrouver pour le meilleur et pour le pire.


La dépression n’est-elle donc pas la naissance de la folie à l’état pur?
Depuis des mois à présent la noiraude avait pris la décision de suivre la compagnie au risque de tourner le dos à certaines personnes dont une en particulier qui avait su trouver une place en son cœur, cette personne n’était autre que celle que la noiraude considérait comme son amie. La véritable amie. Elle avait beau dire ne s’attacher à personne, ne vouloir s’emmerder avec la gentillesse, Ermelyne avait appris à rire et à s’amuser avec Isleen, oubliant ce semblant de carapace qui faisait d’elle la garce que de nombreuses personnes pouvaient rencontrer au détour d’une soirée en taverne, derrière un godet bien plein à condition qu’il ne le soit de pisse d’âne.
Cette lourde carapace s’épaississait un peu plus chaque jour au fur et à mesure que le temps passait, marquait l’histoire et les esprits. La culpabilité n’aidait en rien lorsque son absence avait su se faire ressentir, abandonnant ces quelques personnes de la compagnie que Lyne avait appris à connaitre, à apprécier bien qu’ils ne soient réellement des amis pour elle. Suite à cet évènement, la brune se plongeait dans les méandres sombres de ses pensées depuis quelques semaines, se sentant d’une utilité des plus futile voire inexistante. Son frêle corps était présent auprès de la mesnie, elle avait même repris sa chambre dans le château du Comte et pourtant bien que le physique soit là, le psychique lui ne répondait pas, vagabondant vers les terres lointaines de Guyenne comme si un appel muet se faisait entendre dans l’esprit de Lyne.


« Ne fais rien que je ne ferais »

La lune était haute dans le ciel lorsque Ermelyne avait pris la décision de réécrire à l’Enflammée. C’est que l’Astre vivait la nuit au risque de ne croiser que peu de monde. Après tout, toutes les choses les plus intéressantes se déroulaient la nuit: les meurtres au coin d’une ruelle sombre; des cuisses qui s’écartent contre quelques pièces d’or; des tripots qui se remplissent pour que les clients y perdent leurs économies; et tant d’autres choses encore… C’est d’ailleurs dans un coin sombre d’un de ces lieux peu recommandables que la noiraude avait pris la plume pour venir caresser le parchemin de la pointe taillée de cette dernière. La douce caresse marquait la missive de ces quelques lettres aussi sombre que la chevelure de l’écrivaine. De temps à autres, les prunelles d’un vert sombre balayaient l’ensemble de la salle, se posant quelques instant sur un visage, sur une arme, et pourtant, aucune envie d’éveiller de castagnes ce soir. Aussi sage qu’une image, qui l’eut cru ?
Citation:
A toi, mon Soleil dont le souvenir des rayons commence à s’estomper,
De moi, la Lune aussi froide que l’hiver qui vient,

Si tu savais comme ton courrier a su apporter un peu de joie dans ma pauvre existence. Je ne vis plus, je survis aux jours qui passent et qui m’ennuient. Je suis revenue à Genève après quelques jours loin de tout cela, de toutes ces tensions qui m’insupportaient. Ma lettre sera courte, et je m’en excuse d’avance mais l’envie n’y est plus. Je pars.
Je te rejoins en Guyenne aussi vite que possible et j’en ai averti Enzo, ainsi que Gabrielle.
Je ne sais quelle sera leur réaction quand je prendrai réellement la route mais j’ai besoin de me retrouver, moi, Ermelyne.
Tant de choses se sont passées, tant de choses que ma culpabilité m’empêche de surmonter et pourtant, je fais semblant, comme toujours.
Maïwen a su déjouer ma carapace comme tu as le don de le faire et pourtant, il n’est pas toi. Déjà parce qu’il a quelques attributs que tu n’as pas, mais aussi car il lui manque ce petit brin de folie qui fait de toi mon Enflammée.

Je sais que les chemins ne seront pas de tout repos puisque les brigands y rodent plus qu’ils ne devraient le faire. D’ailleurs, je devrais peut être user de ma lame pour les dissuader de s’approcher de moi, mais je doute que cela serve réellement.

Si tu viens à ne plus avoir de mes nouvelles, alors les chemins auront eu ma peau.
Sache que je ferai tout le nécessaire pour ramener la Lune auprès du soleil.

A bientôt, je l’espère.

Ermelyne.


Un petit sourire un brin dramatique vint étirer les lèvres charnues de la noiraude. Dans le style « je risque de mourir mais ce n’est pas grave » la lettre d’Ermelyne pouvait peut être prétendre aux premières places du palmarès.

[ Genève - 30 octobre 1461 ]

La réponse de sa rousse quelques temps plus tard n’avait en rien étonné l’Ebène. Les affaires étaient déjà prêtes depuis des jours, et pourtant le départ ne cessait d’être repoussé pour diverses raisons. D’une part, elle avait averti Iohannes de sa venue prochaine à Montauban pour y ramener son derrière. D’autre part, Ermelyne comptait faire ses adieux convenablement et ne pas partir telle une voleuse de bas étage, disparaissant de la circulation aussi vite qu’un simple souffle dans une vie. Des voleurs de bas étages pourtant, elle en connaissait une flopée. Dont un en particulier qui avait eu le culot de lui écrire récemment après plusieurs mois de silence, de haine grandissante à son égard.

« Ne fais rien que je ne ferais »

Les derniers mots d’Isleen - ou presque - avait su amuser Lyne.
Comme si son amie ne la connaissait pas assez pour savoir d’avance qu’elle prendrait la route seule quitte à affronter quelques vilains sur les chemins. Le soir même n’avait pas eu la tournure que la gueuse pensait vivre puisque pour une raison inconnue, sa colère se mit à battre en son sein lorsque Gabrielle avait eu le toupet d’interpréter ses pensées, ses projets, comme si elle les connaissait mieux qu’elle. Certes l’emportement de la brune n’était pas justifié, la réaction d’Amarante ou bien d’Enzo aurait pu faire changer d’avis la jeune femme.

Et pourtant… ce soir là, la route fut prise.
Isleen
[Bordeaux - dans une taverne quelconque]

Elle balaye d’un revers de main le compliment, elle ne fait pas tourner les têtes, elle n’a pas les arguments proéminents de certaines pour cela, et quand bien même, cela lui est complètement égal, le seul dont elle veut voir la tête tourner, le regard se poser sur elle prometteur appréciateur, c’est Lambach, les autres et bien les autres, s’ils l’ont et souhaitent plus, ils seront déçus. La rouquine a la fidélité ancrée à la peau aussi surement qu’une marque au fer rouge, si ses sentiments évoluent, elle a l’honnêteté de le dire, de l’exprimer, mais jamais elle ne commettra cette trahison, comme elle ne le supporterait pas à l’inverse.

Désignant le pichet poussé vers lui d’un signe de tête, elle lui répondit avant de vider son godet pour qu’il le remplisse.


Y a meilleur, et y a pire. Ca ne vaut pas ce qu’on trouve en Irlande, mais ça se boit.

Chauvine un peu. La rouquine a arrêté de distiller son poteen, et ce bout d’Irlande qu’elle produisait sur le sol français lui manque. Il n’y a plus que les souvenirs qui la rattachent à son île et c’est déjà ça, même si jamais rien ne remplacera le plaisir d’y être, de la parcourir, d’y vivre. Adossée à son siège, le verre à la main, les onyx sont braqués sur Torvar, la rouquine attend sa réponse. La réflexion semble intense, elle le surprend avec sa proposition. Faut avouer qu’elle s’est surprise elle-même à la faire. Après Paris, après qu’il l’ait ramené là ou elle lui a fait croire qu’elle vivait, rien ne permettait de dire, qu’un jour elle ferait appel à lui, qu’elle partagerait même un pichet avec lui, qu’elle le reverrait tout simplement. Paris resterait entre eux. Paris était trop douloureux pour qu’elle en parle. Les bleus, les plaies du corps étaient guéries, celles de l’âme restaient encore difficiles à supporter, et le pire de tout ça, est qu’elle ne devait connaître à peine qu’un quart, un dixième de l’horreur. Trop de douleur que de penser que sa vie peut être tout entière n’a été que mensonge. Qu’a-t-on pu lui cacher d’autre ? C’est une question à laquelle elle ne veut pas répondre, peut être un jour. Paris restera entre eux. Elle n’oublie pas. Elle est passée froidement à autre chose parce qu’il est plus facile que de rester à haïr, et se détruire de cette haine, mais surtout aussi, parce que ce jour là, il n’y avait qu’elle de concernée. Il n’y a eu qu’elle à souffrir.

Elle sait qu’elle fait une connerie, même si elle ne l’avouera jamais. Elle se doute que Lambach ne va pas aimer qu’elle parte à la rencontre de Lyne, même si elle ne sait pas encore a quel point il ne va pas aimer. Elle pense peut être même, à tort, que la savoir accompagnée va le rassurer, il y a encore quelques mois, elle serait partie ainsi sans se poser plus de question. C’est une connerie de partir avec Torvar pour tout le passé qu’ils ont en commun, mais elle ne fera pas machine arrière. Le calcul est fait froidement, il est l’option la plus rapide, celle ou elle aura une certaine maitrise.


Rassurée ? Non Torvar, je n’ai guère de doute sur tes capacités, tu serais déjà mort sinon … le sourire est très ironique – je te laisse juste une porte de sortie pour tes vieux os... Quant à me savoir ou pas téméraire Torvar…je te l’ai déjà dis, tu ne me connais pas assez pour savoir vraiment. Et les apparences sont trompeuses.

La voix est basse et froide, sans être sèche, le verre se vide et se repose sur la table, alors que le cosaque poursuit, se penche une main tendue vers elle. Sourcil qui s’arque. Il accepte finalement. La rouquine laisse planer un temps de silence entre eux. Il le prendra comme une dernière réflexion, mais c’est tout autre chose pour elle.

Torvar. Dans deux jours nous partons. Je ne te ferrais pas l’affront de te dire ce que tu dois prendre.

Et la rouquine de glisser sa main dans celle du cosaque, de la serrer pour sceller l’accord avec un mince sourire ironique. Ca c’est fait. Il lui reste maintenant à en parler à Lambach, à écrire à Lyne. Le coté explosif, on s’entretue, elle en fera son affaire, et essayera qu’ils n’en arrivent pas là, même si se connaisant et connsaisant le cosaque, ça sera dur. Là c’est plutôt la réaction de son brun qui la préoccupe le plus, mais elle tient à Lyne, à aller la chercher, c’est important pour elle, elle tentera de le lui faire comprendre. Elle se lève, reprend sa besace.

Nous allons vers Genève. On se retrouvera sur la place en début de matinée. Je voyage à pied au fait.

Et sur ces derniers mots, elle le plante là, et quitte la taverne, ses pensées déjà tournées vers plus important…Lambach elle l’attend avec impatience. Il lui a manqué et elle doit lui donner les dernières nouvelles, sans compter qu’elle doit écrire à Lyne, la prévenir d’attendre. Et cette pensée de savoir sa Lune venir la met en joie.
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Lambach
[ Bazas, dans une auberge le 05 Novembre 1461]

Il est seul, il a sorti son matériel d'écriture, il sait qu'il n'en aura pas pour longtemps, il est en colère.



A toi Isleen,
De moi Lambach.

Merci de me donner de tes nouvelles et d'essayer de me rassurer après plusieurs jours sans contacts.
Je ne vais pas faire en longueur, je ne vais pas répéter ce que je t'ai dit avant ton départ, je ne vais pas te faire une leçon de morale.

Reviens moi entière et vite, et n'oublie pas ce que je t'ai promis.
Cela je vais te le répéter.

Si il t'arrive quoi que ce soit je m'occuperai personnellement du cas de Lyne, je ne plaisante pas.

Avec toute ma force, mes bras autour de toi.

Lambach.

Scellé à Bazas, le 05 Novembre de l'an 1461.


Il termine son verre d'un trait et sort vaquer, comme à son habitude, un peu d'air frais lui fera le plus grand bien.
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Ermelyne
« Monter un cheval donne un goût de liberté. »de Helen Thomson

L’ennui.
Cette petite chose qui fait qu’une personne peut se plonger à pieds joints dans la folie surtout lorsque celle-ci se retrouve seule sur les routes avec pour seule compagnie son cheval des plus têtu, à croire que la bête était le pâle reflet de la maîtresse.
Car oui, la noiraude avait pris la décision de prendre un cheval après avoir refusé celui que Gabrielle lui avait - gentiment - proposé pour effectuer ce long voyage. L’affront avait été fait en ne voulant pas de la monture offerte par la Comtesse. Qui avait dit que la gueusaille se devait d’obéir les yeux clos aux paroles de la noblesse? Ermelyne était de celles qui emmerdaient toute personne couronnée ou pas, quitte à en prendre des coups. La seule flamme qui la maintenait en vie était ce petit brin de folie et ce caractère à l’état brut que certain pensaient pouvoir maitriser, douce folie de croire pareille chose.

Revenons donc au merveilleux cheval de la noiraude. Aussi noir que la chevelure de l’Ebène, aussi têtu que sa maîtresse, mais aussi imposant que celui qui avait inspiré la brune pour y donner un nom. Iohannes. Tel est le nom de la bête. Après tout, des coups de bottes elle pouvait en donner autant qu’elle le désirait sur sa monture, pas au Prince, pas à Sancte. Et l’idée même de donner des ordres à Iohannes faisait jubiler la Lune. Certes, la bestiole passait son temps à crotter, à dévier lorsque sa cavalière lui disait d’aller tout droit, et tant d’autres choses, un vrai bordel sur les chemins ! Les deux faisant bien la paire, ou pas.


[ Aux alentours de Montélimar vers le 5 novembre ]

Puta de mierd*! Mais avance bordel !

Iohannes était figé en plein cœur du chemin alors que la brune s’égosillait sur celui-ci, gesticulant telle une furie en voulant se faire obéir par ce triple sot de cheval qui n’en faisait qu’à sa tête. Imaginez donc le cheval dans un des derniers dessin animé de Disney et vous comprendrez que la bête était du genre à vouloir commander, à en faire qu’à sa tête. Tout naturellement, celui-ci se mit à brouter les quelques brindilles bien fraîches qui se trouvaient sur le bord de la route, prenant tout son temps comme s’il était l’heure de prendre le thé chez nos amis les chevaux.
La jeune femme pas bien grosse, malgré les courbes bien marquées de sa silhouette, ne tarda pas à passer aux menaces tant sa monture avait eu le don de l’agacer. Pour sûr elle lui avait donné le bon prénom. Iohannes. Le prince, lui, avait su marquer l’esprit de la noiraude lors de la première rencontre en la surnommant la Grognasse, et pourtant par la suite elle avait appris à le connaitre et avouons le, il avait également le don de l’agacer, même si parfois, il en était tout autre. Mais là n’est pas la question, à l’instant T, Ermelyne se pencha comme pour murmurer à l’oreille du cheval.


T’vas voir tu vas finir chez le boucher ! Iohannes t’vas avancer de suite avant que j’ne décide de.. De… Mais P’tain avance !!!

Si ça ce n’est pas de l’ordre.
Bon elle avait beaucoup à apprendre l’Ebène puisqu’à gueuler de la sorte les brigands seraient bien vite avertis de leur présence sur les chemins surtout que celle-ci se baladait avec toute sa maison sur le dos comme s’il était naturel de voyager de la sorte, et seule.
D’un mouvement, le buste se redresse, l’oreille aux aguets pour tenter d’entendre la moindre anomalie aux alentours qui pourrait annoncer à Lyne que sa lame pourrait bientôt s’amuser à tailler quelques chairs bien fraîches. Mais il n’en était rien. Le néant, l’ennuie, toujours l’ennuie. D’une part, heureusement que son cheval était là pour empêcher la Lune de plonger dans la folie extrême. Quoi que parler à un cheval n’est-ce pas signe de folie intense?


Bon. Iohannes s’tu avances t’auras droit à une carotte !

Et là l’appel du ventre est le plus fort. La magie de l’estomac. Les oreilles aux aguets, la tête bien haute voilà que la bestiole se décide enfin à reprendre la route après dix minutes d’arrêt forcé. Dix minutes ce n’est rien me direz vous mais pour la noiraude c’est une durée interminable ! Et puis, l’hiver venant, la noiraude n’avait pas prévu de prendre des vêtements bien chauds pour passer la nuit. Forcément, Ermelyne était du genre à partir sur le coup de tête, fonçant sans réfléchir aux conséquences. Mais où se trouvait donc Maïwen pour y prêter sa cape? Ne pouvait-il pas ramener son derrière là pour l’empêcher de s’emmerder ?
Mais il n’en était rien.

Seule.
Terriblement seule.
Voilà les conséquences lorsque l’on se met à rechercher sa liberté à tout prix.
Depuis quelques temps déjà les pensées de la brune combattaient dans sa caboche pour s’y ranger dans le peu de cases qui se trouvaient dans la cervelle de la belle. Qu’on se le dise, Ermelyne n’est pas sotte, loin de là. Disons qu’elle met parfois du temps à assimiler et à comprendre les choses, ou plutôt, elle aime bien jouer la cruche de service qui ne comprend rien à rien juste pour le plaisir d’emmerder son monde à faire répéter, à exaspérer, une vraie plaie que d’avoir la jeune femme dans son entourage.
Les mois qui viennent de balayer sa courte vie étaient marqués par la mort, les armes, le sang, et la culpabilité.
Le capitaine était devenu aveugle parce qu’elle n’avait pas su contrôler sa colère au point de partir loin de Genève, délaissant ainsi la compagnie, ses quelques pseudo-amis qui étaient devenus son entourage, sa famille. Ils avaient beau dire que sa présence n’aurait rien changé, qu’elle n’y était pour rien, Ermelyne ne pouvait s’empêcher de se dire que si son épée avait été présente lors des combats, il y aurait pu avoir moins de blessé peut être, Enzo aurait pu évité de finir aveugle tel un chiot venant de naître.

Mais lorsque ses pensées revenaient encore plus loin, la brune se mit à repenser aux paroles de Lambach qui avait tenté de la dissuader. La colère battait toujours en son sein le concernant car il avait osé la prendre pour une cruche comme la greluche blonde qui agitait les seins en présence d’Iohannes, non pas le cheval, l’autre. Isleen avait presque réussi à retenir Ermelyne ce soir là mais la discussion du trio qui avait suivi ce soir là, avait eu l’effet d’une gifle. Et pas une simple tape, une vraie, douloureuse.
Lyne ne supportait pas qu’on lui dise quoi faire, quoi dire. Et c’est souvent ce genre de chose qui font que ses décisions sont parfois à l’état brut, non réfléchies. Ce soir là, sa décision avait été prise, elle partirait avec Enzo et la compagnie.
Revenant au présent, le cul sur sa monture, la noiraude ne put s’empêcher de se dire qu’il avait raison. Lambach avait eu raison et ça, l’idée même d’y donner raison lui donnait la gerbe.


Iohannes, tu crois que j’vais être la bienvenue là-bas ?
Tu crois qu’Isleen sera ravie de m’revoir comme si je n’avais pas décidé de prendre la route, loin d’elle?
Dis, tu crois Lambach va vouloir m’étriper parc’que l’Enflammée a pris la route pour m’rejoindre?
Dis….

Oh p’tain mais t’es un cheval, j’suis trop conne pauvre sotte !


Et là, silence.
Isleen
Une ville sur sa route, un terrain d’entrainement de soldats, un terrain comme il y en a tant d’autres, des hommes comme il y en a tant d’autres.

L’irlandaise est là, sa crinière folle attachée en une longue tresse, un bâton dans les mains, à se battre contre un soldat sous les encouragements et sifflements des autres. Que fout-elle là alors qu’elle devrait être bien au chaud dans une auberge de la ville à se reposer de la route effectuée ? Simple, elle est passée devant la caserne, a entendu des bruits de coups, des chocs, l’entrainement, et comme le voyageur qui voit la lumière au loin pour le guider, elle est entrée voir. Elle déteste obéir à des ordres, le "garde à vous, je ne veux voir qu’une tête", les "vous bougerez quand je vous l’aurais dit" et autre joyeusetés de l’armée ou l’on ne vous demande qu’une chose : obéir et de ne surtout pas avoir de cervelle, elle ne peut pas, ça lui file de l’urticaire. Elle n’est pas faite pour la discipline, mais là, en voyant les soldats s’entrainer aux maniements des armes, et notamment du bâton, elle n’a pas réfléchi et les a rejoins. Après quelques tractations avec le sergent chargé de l’entrainement, celui ci lui l’avait laissé participer un grand sourire affiché sur sa figure burinée, certain qu’elle se ferait dégommer par le premier venu et qu’ils pourraient reprendre ensuite sérieusement l’entrainement de ses hommes.

Mais voilà après plusieurs minutes à manier le bâton, et contre toute attente et paris, elle était toujours debout, en sueur, animé par les fils de la colère, et de tout ce qu’elle avait pu ressentir à la lecture de la lettre, qu’elle déchargeait sur le pauvre bougre qui n’y était pour rien. Elle aurait des bleus sur le corps, aurait surement mal pendant quelques jours, mais c’était bien le cadet de ses soucis, elle, attaquait, faisait preuve de son savoir faire pour compenser sa petite taille, comme le lui avait appris Théodrann il y a longtemps.
Un exutoire, une vrai séance de défoulement comme avant, quand petite elle en voulait à son père, ses frères, à tout le monde. Là elle en voulait à Lambach de sa réponse surtout après la lettre qu’elle lui avait écrit, de ne pas comprendre que ses certitudes avaient volées en éclats et qu’elle désirait se voyage, en avait besoin, elle en voulait à Gabrielle de croire que parce qu’elle avait décidé de rester avec Lambach, de mettre forcément de la distance entre elles, sa vie ne l’intéressait plus, qu’au final la distance rompait l’amitié, elle en voulait à Enzo de sa si courte mémoire, elle les avait dit ses au revoir, à tout le monde, elle n’était pas partie en douce, elle lui en voulait de ne se souvenir d’elle que pour lui demander quelque chose, elle lui en voulait de croire qu’elle avait oublié ce qu’ils avaient fait pour elle, elle lui en voulait d’avoir oublié ce que elle elle avait fait pour eux, et au final ce qui en sortait aujourd’hui, elle en voulait à Théodrann de ne pas lui avoir donné de nouvelles pendant autant de temps, de l’avoir laisser croire qu’il était mort, elle leur en voulait, bref la lettre reçue avait fait remonter tout et provoquer en elle un besoin urgent, impérieux de cogner, de se défouler. On passe ses colères, ses rages, ses tristesses et déception de la manière que l’on peut.

Et doucement, tout s’évacuait, un léger sourire s’esquissait, elle se revoyait sur les landes irlandaises, à mordre la poussière encore et encore en essayant de désarmer Théodrann, son savoir faire lui venait de là, de ces longues séances d’entrainements.


Haaaaarghhh

Un bon coup de son adversaire dans les jambes, et elle venait de finir sur les fesses. Un moment d’inattention et voilà ou cela conduisait, rapide, d’un mouvement de poignet elle glissa son bâton entre les jambes de son adversaire, tirant vers elle son arme, elle le poussa dans un autre élan pour parfaire la chute. Eclats de rire général, la rouquine ne se laisse pas faire. Remerciant son adversaire et le sergent, elle les laissa reprendre leur entrainements.

Sur le chemin de l’auberge, elle songea que le voyage touchait bientôt à sa fin, et qu’au final il ne se déroulait pas trop mal. Jusque là, ils avaient réussi avec Torvar à ne pas s’entre tuer, ce qui déjà en soit était en soit un miracle, surtout au vu de leur passé commun et du début du voyage.

Plusieurs jours passèrent, la rouquine envoya régulièrement un mot à Lambach pour le rassurer, sans jamais lui répondre sur sa lettre. S’il lui arrivait quelque chose, il n’avait pas intérêt à s’en prendre à Lyne, elle ne le laisserait pas faire. En parler mettrait de l’huile sur le feu, alors elle évitait, elle avait fini par comprendre que c’est son inquiétude qui parlait ainsi. Il lui manquait...


Mende, plusieurs jours après.

Ils y arrivaient enfin. Lieu choisi pour les retrouvailles. Lieu choisi d’un commun accord entre le soleil et la lune pour se donner rendez-vous. L’irlandaise avait l’impatience d’une jeune fille, qui va ouvrir son cadeau. Avec Lyne, il s’agissait d’une amitié spontanée, de deux êtres qui se ressemblent, se reconnaissent, s’apprécient, pas de jugement à l’emporte pièce, pas de reproche voilé. Isleen se sentait plus proche de Lyne qu’elle ne l’avait jamais été de Gabrielle ou même de sa propre sœur.

Aux Délices de Bacchus, l’auberge ou ils avaient rendez-vous. La rouquine glissa du cheval pressée et soulagée, elle n’aimait pas ces bêtes, de vrais engins de mort à ses yeux, elle en avait une peur panique. Avec les années, le temps, elle parvenait à monter dessus uniquement si elle était en compagnie d’un cavalier émérite. Elle s’accrochait fermement, serrait des dents, et tachait de ne pas penser à ce sur quoi elle avait le popotin d’assis. Elle avait plus ou moins réussi jusque là, parce qu’il ne lui avait pas donné le choix le cosaque, le jour du départ, il l’avait attrapé par une main et elle s’était retrouvée assise sur son cheval sans comprendre comment. Une fois la bête lancée au trop, au galop, en descendre n’avait même pas été envisageable même en jurant, hurlant.

Les pas furent vite fait vers l’auberge, la porte ouverte d'un grand coup et les onyx partirent impatient à la recherchent de son amie avec la joie et l'exubérance qui la caractérise parfois...


Lyyyne.... ma lune ou es tu ?
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Torvar
Et voilà, l’affaire avait été conclue, Isleen et le cosaque feraient route commune pour aller chercher une donzelle dont en fait Torvar s’en foutait comme de l’an quarante. Mais comme il l’avait signalé à Theodrann, il veillerait sur la rouquine jusqu’à ce que ce dernier vienne lui rendre visite. C’était pas le moment de faillir à cette amitié dont ils avaient posé les fondations voilà bien des années le Germain et lui. Alors quand Isleen était partie, le laissant seul dans la taverne, Torvar s’était empressé de faire un mot à son frère histoire de le prévenir que l’oiseau était dans le coin. Puis il avait fini l’immonde breuvage qu’on leur avait servi. De toute manière, à ses yeux, rien ne trouvait grâce mais c’était suffisant pour se rincer le gosier et apaiser les tourments momentanés. Quelques heures plus tard, Torvar rentrait dans cette chambre impersonnelle et se laissait tomber lourdement sur le lit qui l’accueillit dans un grincement sinistre. Les jours à venir allaient être durs, il en mettrait sa main à couper.


[Sur la place du village, à l’aube du départ]


La rouquine lui avait dit « deux jours » et bien évidemment, Torvar attendait avec Vorobei sur la place qu’elle pointe le bout de son nez. Les bras croisés sur son torse, son cheval qui s’amusait à brouter la fourrure de son mantel, Torvar restait stoïque devant la situation. Il ne savait pas si la rouquine allait venir à pieds, à cheval ou à dos d’escargot mais bien vite il fut renseigné. Voilà que la donzelle au caractère aussi flamboyant que ses cheveux avait décidé de faire la route à pieds.


- Hors de question, grimpe ! lui avait-il répliqué.

Bien entendu, Isleen avait fait sa sourde oreille, tourné les talons et décidée à partir, elle commençait déjà à s’avancer dans la direction adéquate. Le cosaque avait maugré puis sans lui laisser le temps de répliquer, avait chopé sa main pour la conduire à Vorobei.


- Grimpe… si tu ne le fais pas de toi-même, je te botte le cul. Tu n’vas pas commencer à nous la jouer «grande dame » ou je te débarque au milieu de nulle part et tu te démerdes ! Vorobei n’a jamais montré des signes d’agressivité envers un quelconque passager mais moi si alors fais gaffe à toi et à ce que tu vas dire ou faire la rouquine. Je n’ai pas la patience d’un ange même si à toi je t’accorde quelques privilèges supplémentaires… au nom de qui tu sais !

Voilà, le ton était donné entre eux. Il voulait bien faire un effort mais à ses conditions à lui. Et SES conditions à lui comprenaient le fait de voyager sur le dos de SON cheval. Non mais elle n’allait pas commencer à chipoter la rouquine sinon il pouvait l’attacher à un arbre, aller chercher sa complice et revenir en la reprenant au passage. Bon il ne garantissait pas le résultat ni dans quel état il la retrouverait mais c’était à réfléchir. Et cette pensée apaisa son cœur. Pour le coup, quand il grimpa sur le dos de sa monture, il était plus enclin à voyager calmement. Enfin calmement… histoire de faire rager l’Irlandaise, il mit Vorobei au galop afin de donner le ton. Juste par jeu, parce que pour lui c’était impensable de ne pas apprécier un cheval. D’ailleurs, quiconque ne supportait pas les chevaux n’avait aucun droit de respirer le même air que lui alors la rouquine, il la tenait à l’œil.

Quand ils furent sortis de la ville et que quelques lieues furent parcourues, Torvar fit claquer sa langue entre ses dents d’une façon particulière et Vorobei ralentit doucement sa course jusqu’à aller au pas dans un silence absolu. Le voyage serait long, le cosaque le savait mais il s’en accommoderait, comme il le faisait toujours.



[Dernier arrêt avant le retour]

Et voilà que Mende s’était dessiné au petit matin. Heureusement parce que la monotonie de leur voyage commençait à peser sur Torvar. Non pas qu’il aimait les grandes discussions mais la rouquine semblait nerveuse ces derniers temps et ça commençait à lui mettre lui aussi les nerfs en pelote. A croire qu’elle craignait quelque chose dont elle avait oublié de lui parler. Et Torvar ne pouvait s’empêcher de penser que cette expédition allait finir en eaux de boudins… Et quand il vit la rouquine partir comme une furieuse à peine sauté de la croupe de Vorobei en hurlant, Torvar secoua la tête de gauche à droite avec un air dépité. Ce n’était plus une calamité ambulante qu’il allait devoir se taper mais deux…

Vive les voyages organisés !

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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Ermelyne
Quelques parts sur les routes du sud du royaume, la noiraude ne cessait de s’égosiller sur sa monture qui était bien plus têtue qu’elle, chose des plus inacceptable pour l’Ebène qui faisait tout le nécessaire pour être l’Exécrable, celle que tous voudraient baffer.
C’est donc le cul sur son cheval que les petons de la biterroise ou plutôt les sabots d’Iohannes l’avaient guidée sur la ville de Montélimar dans laquelle la crinière brune avait dû se mélanger à la populasse histoire de se faire offrir quelques verres sans en payer un seul. Le but de la manœuvre n’était-il pas de faire quelques économies? Mais la soirée ne s’était pas passée réellement comme Ermelyne l’espérait car d’une part, elle avait dû côtoyer des greluches qui se pâmaient devant un homme dont le nom était déjà oublié. Et d’autre part, ces même greluches, dont la maire, avait eu le culot de demander si elle était une catin.

Non pas que le métier de catin soit méprisable. Après tout il en faut bien quelques unes pour permettre à ces bons hommes de vider leurs bourses au sens propres comme au sens figurés. Mais imaginer que la Noiraude, l’Ebène, la Lune en était une était inimaginable. Si, si, de quoi hérisser quelques poils sur votre avant bras à cette idée. Lyne était de celle qui tentaient de manipuler les hommes selon ses envies, sans pour autant demander quelques écus par la suite, il ne manquerait plus que cela. Bien trop fière la brune, au pire elle quémande des godets. N’est-ce pas une sorte de prostitution tout de même?

Toujours est-il que la jeune femme s’ennuyait. Encore. Toujours. Un autre homme, dont le nom est oublié également, lui avait proposé de se joindre à son groupe pour trainer sur les routes afin de couper quelques bourses, mais l’envie n’y était pas. La Lune venait tout juste de quitter la Compagnie du Coms pour retrouver un semblant de liberté, pour Se retrouver. Si elle commençait à accepter les premières propositions, la noiraude ne serait plus une girouette mais carrément une toupie tournant continuellement sur elle-même et ne sachant où donner de la tête, au risque de la perdre sans avoir rencontré la Reyne de cœur.


[Mende, où l’ennui la ronge]

Cela faisait quelques jours à présent que Lyne avait pris une chambre dans une auberge afin d’attendre son Enflammée, sa seule amie. Isleen lui avait demandé de rester dans ce village jusqu’à ce qu’elle arrive pour venir la kidnapper et l’emmener au loin sur les terres guyennaises. Pour une fois, Ermelyne avait obéi non pas par soumission, mais pour ne plus supporter un restant de route en tête à tête avec son cheval qui avait échappé au boucher la veille encore.
De cette attente, elle avait pu en tirer des avantages car elle avait pu prendre un bain, nettoyer son houppelande et tenter de dompter sa longue chevelure brune en un semblant de chignon sur la base de sa nuque, un peu trop fouillis, voire un tas de cheveux tenant par un miracle en donnant un aspect sauvageon.

Aux Délices de Bacchus.

Doux nom qui avait été donné à cette auberge et qui savait attirer la clientèle.
C’est donc naturellement que la Lune se trouvait en ce lieu en tentant de suivre quelques conversations, accoudée à la table et jouant avec son godet vide de sa main libre. Le décolleté était assez échancré pour que les hommes aux bourses pleines d’écus puissent y loucher. Pour la mine de cruche papillonnant des cils de biches, elle savait faire puisque Lyne avait eu une bonne maîtresse pour le lui apprendre à Tolosa. Mais pourtant là, à l’instant T, la noiraude affichait la moue boudeuse. Si personne ne comprenait qu’elle s’emmerdait depuis bien trop longtemps, alors leur vie était foutue.

Et là, la Magie. Son nom est hurlé. Bon pour ceux qui ne connaissaient pas la brune, c’était chose faite car d’un coup, d’un seul, Ermelyne sauta sur ses pieds en balançant le godet au loin et atterrissant on ne sait où.

ISLEEN… J’suis là !

Pivotant sur elle-même, le sourire étira ses lèvres alors que ses pieds avaient pris la direction de l’entrée pour venir rejoindre son amie, son Enflammée. Le soucis, les petons sont partis avant que le corps ne puisse suivre, car après quelques godets, le tout n’est pas forcément coordonné. Petit vertige, petit arrêt, et on repart de plus belle.
Les bras ouverts, la Lune enlaça son Soleil. Il était rare de voir Ermelyne montrer un semblant de cœur, ce petit côté bisounours qu’elle séquestrait au fond d’elle, qu'elle battait.
Alors que le menton se calait sur l’épaule d’Isleen, ses prunelles émeraudes se posèrent sur un homme sur le pas de la porte, un rustre qui suivait son Enflammée?
D’un murmure, Lyne ne put s’empêcher de mettre en garde celle qu’elle serrait dans ses bras pour marquer les retrouvailles.


Dis… y’a un homme étrange sur l’pas de la porte, t’es suivie ?
Isleen
Et la Lune répondit à l’appel du Soleil qui tourna par réflexe ses rayons vers l’astre nocturne. Qui a dit que le rendez-vous échouerait ? Qui a dit que les astres passaient leurs temps à se rater, à se louper, et à ne jamais se voir ? Qui a dit que le temps, la distance éloigne et affaibli les vrais liens d’amitié ? Certainement pas elles deux. Et dans un même élan, les conduisant l'une vers l'autre, les deux jeunes femmes s'étaient serrées dans les bras. Bises sur chaque joues. Assez exceptionnel quand on sait que d'ordinaire, elles ne se laissent guère aller aux effusions de tendresse. Comme si elles ne s’étaient jamais quittées. Sourire spontanée qui se donne, éclat joyeux dans le regard, le plaisir de retrouver son amie, son double, sa complémentaire, presque une sœur, ce moment compensait bien tout le reste : les lieux à cheval, la mine "réjouis" de Torvar tous les jours, et de s’être pris une leçon de moral par Lambach. Ils ne comprenaient pas, elle n’était pas venue escorter une amie, elle était venue à la rencontre d’une amie, elle était là, parce que peu lui importe que sa Lune est choisi de se séparer du Soleil pendant plusieurs mois, suivant une autre voie qui fut la sienne pendant une période. Peut importe qu’elle se soit inquiétée d’elle, sachant pertinemment qu’elle faisait une erreur de partir, qu’elle n’était pas plus faite qu’elle pour suivre deux êtres qui s’aiment mais se complaisent à se faire souffrir et à en faire trop largement profiter leur entourage oubliant même de se demander si ceux qui les entourent vont bien, sont heureux ou pas. Oui peut importe le temps, la séparation, la rouquine n’en a jamais voulu à son amie d’avoir choisie de partir, c’est ça l’amitié, la vraie. On accepte les décisions de l’autre, même si on les trouve idiotes et stupides, on ne lui ôte pas son affection, elle comprenait, elle n’avait donc rien à pardonner. Juste le bonheur de la retrouver, bonheur qui devait illuminer son visage en cet instant.

Sourire aux lèvres. Mots chuchotés, inquiets par son Ebène. Le corps se dégage légèrement de celui ami, les onyx se tournent vers le pas de la porte. Les lippes cessent de s’incurver, reviennent, se ferment à l’horizontal, comme à chaque fois ou presque lorsqu’elle le voit. Torvar. Que répondre à Lyne ? Ils se désirent mutuellement mort, ils ont été tellement de temps à le vouloir, que même en sachant qu’ils ne se feront rien, Théodrann flottant entre eux toujours, ils n’en demeurent pas moins, qu’ils sont et restent dans ce désir mutuel de voir l’autre au fond du trou. Et en toute logique, Torvar ira avant elle, l’âge aidant. Revenant à Lyne, la rouquine esquisse un léger sourire, qui se veut rassurant, elle ne lui mentira pas, mais elle n’est pas prête à révéler, à dévoiler ce qui s’est passé, se passent entre elle et Torvar.


Pas d’inquiétude ma Lune. C’est Torvar, il m’accompagne sur les routes. Pas un ami, juste un garde du corps on va dire.

Détournant les onyx du cosaque, la rouquine attrape le bras de son amie. Elle ne se laissera pas gâcher les retrouvailles.

Allez viens, c’est moi qui offre. Tavernier ! Un pichet et vite !

L’irlandaise entraina son amie à la table que celle-ci venait de quitter. Pichet amené, verres qui tintent, trinquent, qui s'enfilent. Entre deux et avant d'avoir un coup un peu trop prononcé dans le nez, la rouquine avait pris la plume pour envoyer un mot rassurant, indiquant son retour prochain, à Lambach. Il s'inquiétait de la savoir sur les routes et elle s'éfforçait ainsi de le rassurer.
La soirée fut arrosée, la soirée fut animée, la soirée fut des rires, des révélations, et des mises au courant de part et d’autre de ce qui avait été leur vie, de ce qui fut dit au Sud comme à l’Est. Lune et Soleil se dévoilent tout ou presque, viendra peut-être un jour, ou le presque sera ôté.

Le lendemain sur les routes.

Ils avaient repris la route. Si la rouquine, dans un premier temps, avait été soulagée de monter avec Lyne, de ne plus devoir s’accrocher à Torvar, amusée de monter le cheval baptisé par son amie du doux nom de Iohannes, dans un second temps, elle avait vite déchantée en entendant son amie promettre à son canasson de finir chez le boucher s’il n’avançait pas. Vieille panique de l’irlandaise. Petite elle avait failli finir piétiner par un cheval paniqué. Pourquoi ? comment ? Elle était bien trop petite pour s’en souvenir, elle n’avait eu la vie sauve que parce qu’une personne s’était interposée pour la protéger, prenant le cheval de plein fouet à sa place. Depuis, l’irlandaise avait une trouille panique des chevaux, la pétoche à l’idée de monter dessus, de s’en approcher. Avec le temps, elle avait plus ou moins dominé sa peur. Relatif on va dire. Il lui fallait un cheval calme, et un cavalier émérite capable de tenir et de se faire obéir de sa monture si celle-ci se prenait à s’emballer pour elle ne sait qu’elle raison. Et là, là…Lyne ne remplissait pas avec Iohannes les conditions requises, pour que la rouquine se sente en sécurité. Blanche et pale comme un linge, elle serait des dents, répondait par monosyllabe aux questions posées. Il était trop tard pour cette première journée de retour pour dire quoi que ce soit, ou changer de monture, ça allait être long, très long…

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Ermelyne
Réunies.
L'astre lunaire et le soleil ne faisaient plus qu'un lorsque les bras de l'Ebène enveloppèrent l'Enflammée pour la serrer fortement contre elle. Qui a dit que l'amitié réelle, la vraie, l'unique, ne pouvait exister entre la nuit et le jour? La distance qui s'était immiscée entre les deux bouts de femme n'avait fait qu'accroître cette évidence que bon nombre de personnes pourraient constater. Isleen était devenue importante aux yeux de la noiraude. A un point que lorsque Ermelyne ne se sentait pas bien, lorsqu'elle se trouvait aux alentours de Genève, Lyne avait su reprocher à son protégé qu'il n'était pas Isleen. Que jamais elle ne pourrait se confier à lui comme elle arrivait à le faire avec la rousse.
Deux bises sonores se glissèrent dans ce moment d'intimité entre deux amies, presque des sœurs, marquant ainsi la fin de l'effusion de tendresse qui ne devrait point être établie en public car toutes deux n'étaient pas du genre à montrer leurs faiblesses. Donner une main à un bougre et il vous prend le bras. C'est ainsi que la biterroise voyait les choses, montrer une part de faiblesse en vous et vous voilà cataloguée, utilisée et bafouée.

Les mots qui s'étaient échappés de ses lèvres n'avaient pu être contrôlés, comme à son habitude Ermelyne ne réfléchissait que tardivement laissant l'état brut de ses pensées s'afficher à plein jour. Bien que son amie afficha une moue légèrement rassurante, les prunelles d'un vert profond ne purent s'empêcher de détailler ce cosaque qui restait scotché au derrière de sa rousse. Sans parler de sa gueule des plus réjouissante qui donnerait envie à un mioche d'y faire un câlin, ou pas. Les paupières se plissent lorsque la Rousse précise étrangement qu'il n'est pas un ami, un simple garde du corps. Qui était-il réellement pour que l'irlandaise décide de voyager avec un « non-ami » ? Il devait savoir manier les armes pour défendre Isleen sur les routes, mais l'aurait-il réellement défendu si de vils brigands avaient décidé de s'attaquer à eux?

Mais alors que ses pensées se perdaient dans les méandres des questions concernant le cosaque, l'Enflammée agrippa le bras de l'Ebène pour l'entrainer avec elle vers quelques sièges de libres. L'appel de la picole ne pouvant que réjouir les deux jeunes femmes, Ermelyne s'autorisa tout de même à faire signe à Torvar de se joindre à elles. Après tout, si elle devait se le coltiner sur les routes, autant qu'il vienne boire avec, non ?


Allons fêter nos r'trouvailles !

La soirée s'en était suivie de rires, de larmes liées aux nombreux fous rire qui savaient s'immiscer dans les soirées de la Lune et du Soleil, de confidences ou presque. Ces dernières étaient glisser contre l'oreille pour ne pas que les hommes aux alentours puissent entendre certains mots qui ne sauraient être entendus de tous. Certes les deux femmes étaient charmantes, mais leurs vies n'étaient pas des livres ouverts que tous pourraient feuilleter à leur guise.

[ Les chemins et les retrouvailles avec Iohannes, le cheval]

Bon Isleen, j'te préviens mon cheval est con. Trèèèès con.

La Lune avait voulu avertir son Soleil quand au caractère du canasson qui n'en faisait toujours qu'à sa tête. A croire qu'il était doué de pensées, s'amusant de rendre hystérique la brune qui le montait ces dernières semaines. Voyager sur les routes avec la rousse et le cosaque était tout autre, la changeant radicalement du calme insupportable qui avait occupé les longues journées Ermelyniennes.
Tout naturellement, chassez le naturel et il revient toujours au galop. Et en parlant de galop, l'histoire se répétait inlassablement entre la noiraude et Iohannes. De nombreuses fois, les lèvres charnues de la brune avaient été dures, promettant une rencontre entre le cheval et le boucher, qu'importe la présence du cosaque, après tout, lui il avait une monture qui lui obéissait au doigt et à l'oeil. En même temps, vu sa tronche endurcie, qui voudrait lui désobéir ? Elle, à coup sûr puisqu'elle déteste faire ce qu'on lui demande.
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