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RP - La haine est fille de la crainte.*

Tigist
[RP ouvert bien évidemment** ]

Ils se font rares les rayons de soleil de l’automne, et quand on en trouve un, on voudrait ne jamais le quitter, et c’est pour cette raison qu’elle se trouve assise devant l’entrée d’une taverne, habillée d'un noir plus sombre encore que sa propre peau, abandonnée la robe trop moche parce que trop occidentale, chéries les braies et les bottes qui lui donnent la sensation d'une liberté de mouvements qu'elle n'a pas tant. Les yeux clos, elle profite en silence de la chaleur que diffuse l’astre solaire, ignorant avec superbe les murmures curieux ou angoissés des clients et des passants. L’aubergiste ne la chassera pas, il est l'ami du Colosse, alors il suffit juste de faire abstraction de cette sensation d’inconfort que lui procure la méfiance des « blancs » autour d’elle. Elle attend sagement. Qui ? Qu’importe, pourvu que ce ne soit pas le Phallus*** – inquisiteur auto-proclamé de la bande de pilleurs dont elle s’est entichée – qui va encore lui rebattre les oreilles de ses prêchi-prêcha et menaces, et du reste, il n'est pas venu avec eux. Alors elle attend. Quoi ? Qui peut savoir ce qu’il attend ou ce qui l’attend ? Pas elle, et pas même ce qu’elle semblait attendre dès le premier jour où ses pas se sont posés en ville française, alors libérée du joug du syrien, dès le jour où elle a envoyé une lettre espérant que celle-ci trouverait le chemin de son Abyssinie natale. Et comme le volatile a bien fait les choses, car voilà qu’un homme s’avance, dissimulant à peine la répulsion qu’elle lui inspire et qu’elle ne voit pas – elle a les yeux fermés et c’est pour le mieux – et toussotant pour lui signaler sa présence.

-« Oui ? »

Elle n’a pas ouvert les yeux.

-« Vous êtes la seule étrangère du Toulousain. J’ai une lettre pour vous. Cela vous fera trente écus. »

Elle ouvre enfin les yeux pour considérer l’individu devant elle, qui pourrait être beau au regard si son physique n’était entaché par une couperose avancée. Sans un mot, la bourse à sa ceinture est saisie et elle fouille pour en sortir dix belles pièces d’or qu’elle pose entre elle et lui.

-« Vous avez juste été chercher l’oiseau. Vous n’avez pas traversé la France. C’est l’oiseau qui devrait avoir les trente écus. »
-« Trente écus ou je déchire votre lettre de sauvage. »


Les vingt autres pièces sont jetées au sol, rejoignant leurs consœurs, et avec mauvaise grâce, il se penche pour les ramasser et lui jeter la missive sur les genoux avant de partir, non sans se signer, geste qui n’obtiendra qu’un haussement de sourcils et un soupir agacé de la part de l’éthiopienne, tandis que la lettre est ouverte sans difficulté puisque le sceau a été brisé. Oui mais ils n’auraient pu lire ce qu’il y est écrit, l’ambre court sur le papier avec plaisir, appréciant les tracés délicats inhérents à la calligraphie amharique. Mais au fur et à mesure qu’elle lit, le sourire qui aurait pu poindre s’affaisse, et elle s’appuie contre le mur en proie à une agitation mentale éprouvante. Elle avait voulu prévenir qu’elle était toujours vivante, elle avait voulu s’aviser de la meilleure chose à faire pour rentrer chez elle. Elle avait voulu. Aide-toi et le ciel t’aidera. Dieu l’avait si mal aidée, si mal renseignée.

Et qui viendrait là, ne verrait qu’une jeune fille à l’humeur aussi sombre que la peau, tenant contre son sein, un papyrus froissé.



*Tertullien, théologien carthaginois du IIème siècle.
** Doit-on encore le préciser ?
*** Hin-hin-hin. C'est tout ce que j'avais à dire.

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Tigist est éthiopienne. | Moi, je garde toujours mes chaussettes pour faire ça devant mon écran. Ouèch.
Enyo.


[A un autre moment, autre part mais pas loin]

On distingue une silhouette sur le banc de l'église qui se remplissait à tout hâte ce matin. Elle est allongée dessus, gardant précieusement sa couverture de mohair bien en place, secouée alors par un clerc désireux de la faire déguerpir. L'intruse dort, on l'entend à l'entrée même de l'église, résonnant d'une paroi à l'autre le bruit de sa narine qui siffle. Elle dort d'un sommeil lourd qui semble irréversible. Le clerc jurait bien, si ça se faisait. Il marmonne, visiblement mécontent, intensifiant ses assauts. La rousse grogne d'autant plus fort, ouvrant à peine l'oeil. Elle est gênée, elle essaie de rêver à l'instant vous voyez. Vous voyez, vous qui l'épiez, attendant votre place? Marmonnant dans votre barbe, en implorant le clerc de la faire s'en aller, discutant de sa mauvaise éducation, prenant pitié de sa condition.

La silhouette finira par se lever, tombant à moitié du banc, insultant le clerc, insultant les croyants, les invitant à aller au diable, à aller se faire mettre. Elle continuera, tout le long de l'allée, à crier son vocabulaire des plus fleuris, ponctuant sa prestation en les traitant de sodomite. Tous. Même le clerc. Surtout le clerc.

La porte s'abat derrière elle, sa couverture toujours sur les épaules tressaillît, la rousse sursaute. La poussière danse, s'agitant entre ses orteils. Le bruit de la populace se pressant au petit matin l'assomme. Cette agitation la fatigue.


- P'té...

Elle descend les marches, l'allure nonchalante, tenant bien en place la lourde couverture. Elle se frotte les yeux, scrutant le chemin du marché. Pas haute, pas grosse, elle se fondait dans le paysage, emmitouflée sous sa couverture, grasse comme du poix, crasseuse, les cheveux hirsutes, les pieds nus. Ce qui ne l'empêchait pas de jeter un regard méprisant et glacial aux passants qu'elle croisait. Elle les matait sans gêne du bout des chausses à la racine des cheveux, en interpellant certain. Elle avait l'air d'un yorkshire avait un pet de travers, à s'agiter dans tout les sens, à se dresser au moindre mouvement, toujours sur ses gardes, à serrer les dents. Elle marche comme si elle était chez elle, tout juste chassée de son panier, gardant l'air digne. Elle a le pas lourd, conquérant, comme si la place lui appartenait. Elle regarde les gens comme une scène dont elle se permettrait de détruire les moindres brides de scénario, prête à y mettre la pagaille.

Puis bien le marché. Le pas lancé, l'allure confiante, la petite rousse y pénètre. Elle n'inquiète pas, elle est inoffensive. Regardez-la, une enfant. Chaque étale la met en appétit, elle les regardes avec la mine affamée d'une causette, avec les yeux pétillant d'une Denise. À son bonheur. Elle n'a qu'à tendre la main, à se servir. À peine délogé du sommeil elle se dirige vers les mets, allant d'une étale à l'autre, évaluant ce qui serait le plus approprié pour son propre repas.

Elle fini par trouver à sa convenance, elle s'avance vers l'étale, se faufile entre les bonnes gens. La rousse n'avait jamais volé avant, pas vraiment. Néanmoins, de sa toute jeune expérience de voleuse si elle avait apprit quelque chose c'est que sa technique n'avait encore jamais failli. Le bras s'élance, rapide, bref, empoignant le cou de l'animal.


-Aïïïeuh...

L'animal fût assommé. La rousse, qui serait bien restée là à geindre, se rappela qu'il valait mieux de détaler sur le champ. Elle court, secoue la foule de passants, se frayant un chemin en leur sein, les bousculant les uns sur les autres. Derrière elle elle entend les voix tonner. Elle court encore plus vite. La couverture se faire arracher de part et d'autre, néanmoins elle parvient à la tenir en bonne place, continuant sa course, l'animal fermement tenue dans sa main.

[puis...]

Elle court toujours la petite rousse. Elle continua comme ça jusqu'à ce que ses assaillants abandonnent. Ses jambes commencent à la faire souffrir, la couverture à devenir intenable. Dans sa course effrénée elle trébuche, se mange par terre. Vive, elle se retourne, saisit son poulet d'une main et lève la tête.

La rousse cri soudain d'effroi. Sa face se contorsionne pour se figer dans une expression de peur. Par réflexe elle s'éloigne. Elle bouge plus, elle n'ose dire un mot. Et continue à fixer le phénomène.

Noir.
C'est une personne. Mais en noir.
Elle reste là, figée, le poulet en main, la fixant comme une curiosité qui l'emplissait d'effroi.
Simeon.charles
Siméon serpentait dans le bourg, nez au vent, depuis un bon moment. Secrétaire d'Etat, Chancelier de Toulouse, homme d'arme de Bouillon, il aurait dû avoir nombreuse tâches à accomplir, mais il n'était pas d'humeur. Non en ce jour il avait une envie de vilenie, de moquerie et de méchanceté gratuite.

Comme à son habitude, avant de sortir il s'était postiché. Sa fronde en guise de bandeau sur son oeil gauche, son bâton de marche afin de passer pour boiteux, sa cape de maraudeur légèrement renforcée sur le haut du dos afin de faire croire à un début de voûte dû à l'âge.

Le soleil lui chauffait le visage et cela était loin de lui déplaire. Les odeurs des broches de poulets et de dindes réveillaient sa faim alors que les senteurs des épices lui rappelaient le marché de Constantinople. Ses pas le dirigeaient au Blaireau Vérolé, la taverne du pasteur réformé avec qui il aimait deviser.

Son corps fut secoué par une décharge en voyant la "noire" devant la taverne. A Constantinople il en avait vu, il en avait même déjà entendu parler, mais il n'en avait jamais touché. Les yeux, même celui derrière le bandeau, se rétrécirent quand vint un homme. Tendant l'oreille depuis l'angle de la bâtisse il avait écouté et là aussi son sang ne fit qu'un tour. Un pécore venait d'extorquer des écus à la jeune africaine et si cela pouvait d'ordinaire le faire sourire, en ce jour ça le faisait bouillir. Comment un loqueteux pouvait-il oser venir "truander" sur SON territoire ?!

Il épia encore un peu afin de savoir ou s'embusquer sur le chemin du gredin. Ce fut avec force et vigueur qu'il l'empoigna et le colla au mur dès qu'il eu tourné devant la maison.


- Tututu. Je crois que tu viens de prendre trente écus par erreur. Ces écus sont miens, je te conseille donc de les déposer calmement dans ma besace ou je serais dans l'obligation de t'ouvrir du nombril au menton. Ainsi grâce à cette nouvelle aération tes idées seront plus claires sans doute.

Etrangement, on entendit tinter les écus qui tombaient dans la besace du Serpent, alors que le butor "empoigné" ouvrait de grands yeux apeurés. Le Saint Just aurait bien volontiers fait une belle boutonnière à l'homme, mais en pleine journée cela aurait été sans doute source de complication.

- Dégage maintenant !

Il rangea son poignard à sa ceinture alors qu'il tournait à son tour en direction de l'auberge. Puis il y eu un cri de jouvencelle, mais le Bâtard d'Artois n'y était pour rien. Sous son oeil vert et reptilien, une rousse affalée semblait avoir vu le diable, ou plutôt une diablesse couleur ébène. Il approcha du tableau, un sourire amusé sur sa gueule marquée par le temps.

Allons allons, ne vous inquiétez pas, ces gens-là ne mangent pas de poulet...
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Tigist
Pendant que la rousse se bat avec les affres de la faim, et que la Vipère, quant à elle vole un voleur, la Gelada froisse et défroisse le papyrus entre ses mains au rythme de sa respiration saccadée. Les entrelacs délavés par la traversée et le voyage n’enlèvent rien à la chose, elle tient en ses mains son arrêt de mort. Elle s’attendait à une réponse de Baéda, ô frère chéri, mais c’était l’autre qui avait répondu, l’autre si différent, si indifférent. A voir le fin papier scarifié, elle imagine sans mal, la plume qui écorche, agitée, pour tracer les mots inquiets, sans effort, elle le voit en esprit, guetter derrière son épaule, attentif au moindre pas menaçant.

-« Ababa … »*

Comme il est prononcé avec peine ce mot .. Ô Père qu’as-tu fait ? Qu’as-tu réalisé ? Tes enfants te craignent et craignent pour leur vie. La main vient essuyer les perles de sueur qui s’agglutinent sur le front plissé, l’angoisse est le pire des carcans, plus solide que les cordes, plus mortel que les lames, et en matière de bondage, la haine fait un terrible amant qui resserre ses filins avec d’autant plus de crainte et de folie. Le cœur manque un battement, et la situation a beau être reconsidérée, rien y fait. Si elle rentre, il la tuera, si elle reste, il la pensera coupable et la fera tuer. Figure paternelle terrifiante qui lui avait jusqu’alors inspiré un respect disproportionné mâtiné de terreur bien justifiée, figure paternelle qui s’avère devenir l’ennemi. Elle l’avait dit la veille : Tuer, c’est ne pas se faire tuer. Tuer son père, c’est résoudre un complexe d’Œdipe qu’il a tué dans l’œuf. Et l’idée l’horrifie d’autant plus, et elle n’a pas vu la rousse arriver et se précipiter jusqu’à elle pour mieux s’arrêter en hurlant.

Ce hurlement est comme une lame plantée à la base de la nuque, une lame chauffée à blanc qui lui hérisse le poil et la fait considérer avec une terreur farouche l’auteur d’un tel cri, l’abominable être qui lui aura inspiré à elle, encore plus de frayeurs qu’elle n’en éprouve actuellement. Ils veulent sa mort, tous ! Et elle la regarde avec dégoût et angoisse, comme on observerait un serpent en se demandant s’il vaut mieux fuir ou l’écraser d’un coup de talon pour l’empêcher d’exercer son dessein. Et comme un serpent ne vit jamais seul, et qu’il semble que la Gelada ait le don pour s’asseoir sur des nœuds de vipère, en voilà une autre qui arrive. La personne lui est antipathique à première vue, l’instinct de peur est ce qu’il est, et bien mauvais conseiller certaines fois, mais on ne l’ignore pas, et cet homme-là n’a rien d’un bon samaritain. Les mots tombent, amusés, caustiques. Il se veut drôle, mais les serpents jouent.

Le regard est froid, l’ambre n’a rien de chaleureux, ce n’est qu’un amas de résine, une chose morte qui brille quand on la met au soleil. Et si elle sourit, c’est un sourire qui dévoile les dents blanches en un rictus farouche.

Elle montre les dents la Gelada.


-« Je préfère de loin les êtres humains. Plus savoureux. »

Le colosse et le borgne lui avaient pourtant recommandé de ne pas provoquer, oui mais c’est l’instinct qui parle, et un babouin qui a peur est un babouin qui attaque.

Sais-tu vipère que les babouins ont de grandes dents et qu’ils éventrent les reptiles trop entreprenants quand ils sont acculés ?


----------------
[* Papa.]
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Tigist est éthiopienne. | Moi, je garde toujours mes chaussettes pour faire ça devant mon écran. Ouèch.
Enyo.


La rousse s'empresse de se remettre debout. Elle se redresse, non sans une once de dignité. D'une main (celle qui n'était pas occupée à empoigner le poulet dûment mérité) elle épousseta son semblant de tenue. S'affubler c'était pas bien son fort, à vrai dire, de la où elle venait elle n'en avait jamais trop eut l'utilité.

- Mèrda...

La langue claque sous le joug gascon, là où elle avait grandit et qui avait été, jusqu'il y a peu, la seule terre qu'elle n'est jamais foulé du pied. Mais ça c'était avant de s'exiler précipitamment et d'errer depuis sans but. C'était la première fois qu'elle était sortie de son bordel, qu'elle avait emprunté les chemins. Elle n'était depuis pas arrivée bien loin, crevait souvent de faim, s'attendait tout les soirs à rendre son dernier soupir arraché par le froid. Elle était livrée à elle-même, sans aucune condition, autant qu'elle voudrait. Personne n'était là pour la retrouver, la ramener, pour lui dire où elle pouvait ou non aller, ce qu'elle pouvait ou non faire. Bien sûr qu'elle aurait bien envie d'une bonne bouffe et qu'elle puait le foin. Malgré tout elle se croyait libre et le bain dont elle aurait grand besoin était un mince prix à payer.

Elle lève la tête, tenant tête face aux protagonistes. Dont la noire. Elle grimace, comme une nouvelle fois surprise par cette étrange pigmentation. En temps normal elle se serait contenté de pester un bon coup, de l'accabler de s'être trouvé sur son chemin, de jurer, de cracher l'air très énervée et de continuer sa route, son poulet en main. Seulement, alors qu'elle allait y venir, on l'interpelle.

Mouvement de recul. Jusqu'ici elle n'avait pas remarqué l'arrivée de l'homme trop occupée qu'elle était à s'affairer à dépoussiérer ses fripes. Qui est cette personne qui vient de se faufiler derrière, de la rassurer sur la bonne fortune de son poulet? Elle le détaille rapidement. Il n'est pas bien épais, il n'a pas l'air très solide, de bien tenir en place, il ne lui inspire pas immédiatement la sympathie. Il lui fait même un peu peur.

Et de se tourner vers la noire, qui reprend le dernier venu.
Remise de ses premières émotions passé la peur la rousse releva ce qu'elle disait, butant toujours sur le premier aspect que lui offrait Tigist elle écarquille les yeux et répond, sans trop réfléchir.


- Elle parle notre langue !

Ce n'est pas qu'elle n'avait pas saisit la provocation de Tigist. Elle l'avait amplement saisit. Mais qu'elle plus belle manière d'y répondre que de l'éviter. N'est-ce pas au combien encore plus agaçant. Elle téméraire, elle essaie de passer pour un cador.
La rousse fait volte-face, se tournant vers le poivré sel. Elle prend l'air accablée, ignorant parfaitement la noire.


- Foutrecul...

Non, jamais elle n'avait rencontré de pareils individus, jamais on ne lui en avait parlé. Elle avait vécue longtemps sans sortir, elle avait vécue loin d'ici et ne parlait pas beaucoup. À moins que ce soit pour assommer les gens sous la critique et l'amertume. Elle ne connaissait rien du monde, elle est comme jetée dedans, jetée dans cette ville, jetée par terre, dans cette situation où elle n'a rien à faire et tentait de composer tant qu'elle pouvait.

- Que lui est-il arrivé?
Simeon.charles
Noire et grognon, elle démarrait bien mal ici à Toulouse estimait le Serpent. Il aurait bien voulu lui asséner un coup de bâton pour lui expliquer qu'elle ne pouvait se permettre de trait d'humour en présence de son maître. Hélas le Bâtard d'Artois ne savait pas si elle avait déjà un maître ou non et dans le premier cas cela aurait été source d'ennui inutile. Il se tut donc sur cela.

Qu'est ce qui lui arrive ? Je ne vois pas beaucoup de réponses à apporter. Soit elle n'a jamais croisé de bain, soit elle s'est échappée d'un bûcher.

Mimant la réflexion il regarda le ciel.

Sinon, c'est le fruit du Sans Nom.

A la jeune fille rousse.

Vous voyez Dieu a fait les hommes à son image, hors là l'image est franchement noircie. Elle doit être à l'image de la Bête alors.

L'oeil du reptile se braqua sur la proie à la peau charbon.

Montre-nous tes jolies dents. Sont-elles noires aussi ? Extrêmement pointues comme celles d'un animal sauvage ?

Et toujours porté par son humeur nocive il s'installa sur un caillou tout proche. Il désigna un autre caillou plus petit avec son bâton afin d'inviter la voleuse de poulet à prendre aussi place. Avec un peu de chance, alors qu'il ennuierait l'étrangère, la rouquine lui préparerait un poulet.

Il reprit ses questions à l'attention de la noire et il n'attendait pas vraiment de réponse, car il les connaissait, mais il voulait juste lui faire mal.

Dis-moi, tu te déplaces aussi vite sur deux jambes que sur quatre ? D'ailleurs n'est-ce point éprouvant pour toi que de vouloir te tenir comme les hommes ? Tu sais respirer sous l'eau ? Combien de grognements il faut faire pour dire "bonjour" dans ta meute ? Et avant tout, tu es de quelle race ? Une sorte de gorille ?
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Tigist
Il est deux choses que la Gelada aime plus que tout : La discrétion et la tranquillité, les deux allant souvent de paire en son esprit, et de fait, pour vivre heureux, vivons cachés.

Mais si la chose était aisée en terre éthiopienne, dans ce royaume-ci où la norme s’avère être la pâleur de la peau ou bien un léger hâle, sa face et plus précisément, la pigmentation de ladite face, l’empêche régulièrement d’être discrète. Et quoi de plus agaçant que d’être dérangée alors même qu’on voulait être tranquille, et d’être asticotée alors qu’on a rien demandé. Elle pourrait en vouloir à la rousse, mais en dépit de sa méfiance viscérale à l’égard du genre humain en général, et plus particulièrement, aux humains blancs, elle se gardera bien de lui accoler l’étiquette d’ « homme à abattre » pour la simple et bonne raison, que la curiosité – toute malsaine qu’elle soit, car la curiosité est souvent malsaine – dont fait preuve la rouquine et qui perce à travers les mots estomaqués, fait pâle figure à côté des propos humiliants de l’animal à ses côtés.

Cet homme-là regroupe tout ce que Tigist hait. Le caractère imprévisible, la fausseté et la méchanceté latente, il est à l’image de ceux qui la terrorisent et la rendent haineuse. Il est de ceux qui attaquent pour le plaisir d’attaquer, alors qu’il y a mieux à faire : Se terrer. Et elle se relève pour reculer jusqu’à toucher le mur du bouge, touchant de la main les murs en torchis, comme pour se raccrocher à un élément connu. Il est l’animal et l’humain, et comme on parlerait doucement en présence d’une bête sauvage, comme on prendrait soin de garder chacun de ses gestes pour ne pas provoquer l’attaque, elle jauge de sa petite taille l’être assis qui cache bien son jeu de vilaine bestiole en s’asseyant comme si le but de cette situation n’était que d’avoir une petite conversation. L’ambre suit du regard chacun des gestes, même le plus infime, de la Vipère. Attaquera, attaquera pas ? Les mots sont sans valeur, elle attend la détente du serpent, les crochets et la mort. La mort ? Comme elle l’attend, mais ce n’était pas de lui qu’elle devait venir. Pourtant, il lui semble qu’au moindre faux pas, au moindre mot de travers, il pourrait la tuer. L’idée s’insinue, emballant le palpitant.

Il veut la tuer. Un de plus. Pourtant les mots sortent d’eux-mêmes, adressés à l'une comme à l'autre.


-« Je connais votre langue et d’autres. Vos marchands en guise de remerciements pour la civilisation que nous avons daigné vous offrir, ont au moins eu le bon goût d’échanger cela. »

C’est un moindre mal. Car elle n’a jamais compris l’obstination de son père à valoriser ces étrangers venus chez eux, après que leurs frères aient croisé le fer pour des idéaux religieux teintés d’avarice et de cupidité. Ils n’ont fait que prendre leur bien leur plus précieux et s’en octroyer la gloire : La civilisation. Les bains, les sciences, le luxe, la beauté, tout cela a été emmené sur les bateaux des croisés aussi sûrement que les reliques dérobées. Peuple de barbares, de pillards qui s’arrogent le droit de s’estimer supérieurs. Un rictus moqueur paraît sur la lippe de la Gelada, et l’ambre se porte ailleurs, un ailleurs loin d’eux, il traverse l’espace et va se poser derrière eux. Ils ne sont plus là, il peut parler dans le vent, elle ne le voit plus et l’ignore.

-« Vous êtes morts. »

Car c’est ce qu’ils sont. Ils sont morts à ses yeux, ils ne lui sont rien. Et reste la peur qui s’estompe petit à petit mais pas assez vite à son goût au fur et à mesure qu’elle se convainc qu’ils n’existent plus, et qu’il y a bien plus terrifiant à affronter. Croiser l’ombre d’un Colosse, d’une Lune ou d’un Chardon, croiser leurs regards qui évoquent le ciel et l’étendue aquatique dangereuse et leur dire.. Leur dire qu’elle est terrifiée et qu’elle va mourir.

La Vipère est un moindre mal. Le mâle le plus terrifiant, c’est son géniteur.

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Tigist est éthiopienne. | Moi, je garde toujours mes chaussettes pour faire ça devant mon écran. Ouèch.
Cerdanne
Il suffit de presque rien quelquefois...

Trouver tout à coup que le soleil sur la peau c’est agréable, que les tavernes bruyantes ça peut être sympathique.
Et que sourire pour le plaisir est encore possible.
Croire que le « Tout est possible » … pas encore, mais trouver le ciel d’octobre flamboyant était un bon présage.
Dans cette ville qu’elle avait connu rieuse puis mortellement silencieuse, elle se surprenait à en arpenter les ruelles d’un pas enthousiaste.
Bon, les briques roses de Toulouse contribuaient surement à l’humeur quasi joyeuse qui l’attendait sagement à chacun de ses réveils.
Parce qu’en plus elle dormait paisiblement.
Enfin…

Ses compagnons de chambrée n’étaient surement pas étrangers à cette soudaine sérénité.
Faut dire que savoir qu’une Lune et un Colosse gardent vos nuits permet de mieux apprécier Morphée.
La jeune protégée du Nerra qui partageait sa paillasse ne ronflait pas, ne bougeait pas dans son sommeil et ses réveils parfaitement silencieux.
Pour la première fois depuis belle lurette, le soleil se levait avant elle !
C’est pour dire…
Un vrai lézard qui profite des derniers rayons de soleil.

C’est ce qu’elle s’apprêtait à être encore aujourd’hui.
Trainaillant à l’étage, elle finit par dévaler les escaliers toute excitée à l’idée de cavaler vers la Garonne.
Une miche de pain que, elle voulait le croire , Mal en bon Pasteur avait laissé là à leur intention fut tranchée avec vigueur .
Elle chantonnait lorsqu’elle ouvrit la porte de la taverne.

Il suffit de presque rien parfois…

Elle prit le temps d’avaler l’énorme bouchée de pain qu’elle avait croqué comme une affamée.
La petite Tigist se tenait là.
Toute droite, toute roide.

Un pas et La Provençale se plante à ses côtés.
Ils sont deux. -Sont-ils ensemble…-
Le regard bleu les toise longuement.
Le sourire arrive, doucement tandis qu’une de ses mains se pose ouvertement sur la dague qu’elle porte à sa ceinture.


Olà…
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Enyo


Elle éclate dans un fou rire, éclatant l'ambiance d'un rire gras tout juste sorti de son gosier. Tout son être si mêle et elle a vraisemblablement l'air pliée devant ce qu'elle voit. Elle se moque, elle s'amuse franchement de se moquer. Elle a le fond mauvais, la petite rousse, et se gausse du délit de sale gueule qui se joue. Elle s'amuse de ce qu'elle entend parce que c'est mieux que d'avoir peur de ce qu'elle voit, que c'est plus facile. Une jeune femme à la peau marron, aux cheveux crépues, à l'ossature fine, aux yeux vifs qui lui inspire la crainte qu'à tout moment elle puisse lui sauter dessus pour lui dérober son poulet. Il valait mieux en rire, se ranger du côté de la Vipère.

La rousse pouffe donc, elle s'égosille, pleine de gaité. Puis d'un pas mené par tout autant d'entrain elle rejoint le caillou qui lui ait dédié d'un geste.


- Je crois que vous l'avez contrarié...

Elle fait une petite moue, hausse les épaules. Les plumes sont évalués des yeux, caresser du bout des doigts. Elle crève la dalle.

- Pour l'engeance du Sans Nom elle m'a l'air bien insignifiante...

Elle prend l'air malin en sortant ça, sous pesant le volatile quand une nouvelle venue vient prendre part à ce qui se joue.

Une nouvelle fois elle fait volte-face au dindon de la farce, puisque cet épisode prend l'allure d'une grande face et revêt la gueule qu'elle mérite, celle de l'absurde et de la cruauté de l'homme devant ce qui lui paraît étrange. Et que plus expressément, et parce que son estomac le lui ordonne, il faut qu'elle mange et qu'il reste une forte probabilité pour que qui sait, ce poulet revienne chez les vivants et s'égosille, voire pire, se sauve.

Elle se tourne vers la Provençale, faisant mine d'ignorer son air sur la défensive.


- Vous me prêteriez votre couteau?

Parce qu'elle aimerait pouvoir bouffer, décidément.
Simeon.charles
Le sourcil se dressa au dessus de l'oeil du reptile. Vraiment ? Rien ne semblait être inquiétant pourtant dans les parages. Le sourire s'étira sur son visage dévoilant un croc. Elle le craignait déjà ? Il inspira assez bruyamment pour sentir s'il pouvait détecter la peur en l'éthiopienne. Hélas le lieu devenait fréquenté et sans doute le petit jeu allait devoir toucher à sa fin. La Vipère détailla la provençale au regard bleu qui venait de faire son entrée en scène. Elle sourit mais porte sa main à une dague. Le jeu valait-il vraiment une effusion de sang ? Le Bâtard d'Artois estima que non sans doute.

Bonjour jeune femme.

Puis son regard se porta explicitement sur la dague de Cerdanne.

Vous n'en aurez pas besoin ici. Nous sommes d'honnêtes citoyens de la bonne ville de Toulouse. Je me nomme Siméon Charles Saint Just du Livel-Rees. Je suis secrétaire d'état et chancelier du duché. Et elle il désigna du menton la rousse c'est "Souillon" ma cuisinière. Un petit mensonge ne faisait pas de mal.

Si vous filez votre arme à Souillon, elle nous prépara le poulet ou tâtera du bâton. Il tapota le sol avec le dit bâton qui lui servait de canne.

Cependant je dois avouer que nous sommes émerveillés par votre créature.

Tigist, elle, fut désignée de l'index.

Elle parle notre langue, se tient comme un homme. C'est stupéfiant, voire fascinant.

Puis son regard se fit des plus pointu afin de percer celui de la jeune noire alors qu'il prononçait ces mots :

Vous la vendez ? Vous la louée sans doute ? Combien m'en demanderiez vous pour que je puisse partir avec ? J'ai mille tours à lui faire faire et grâce à moi elle deviendra très connue. J'en prendrais grand soin. Alors combien ?
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Tigist
Des trois, c’est le Chardon qui se présente.

Et la présence seule suffit à soulever la chape de plomb qui pesait sur le cœur de la Gelada, cette présence simple et protectrice qui sait faire taire les cauchemars la nuit, différente de l’ombre bienveillante de la Lune ou de la carrure imposante du Colosse. C’est cette présence qui lui permet de ramener le regard sur la Vipère et la Rousse, c’est cette présence qui la pousse à retrouver l’air provocateur qui ne devrait même pas avoir lieu d’être sur le museau d’une esclave en fuite. Mais le Chardon est là, et les propos qui viennent ne l’atteignent pas. A peine hausse-t-elle un sourcil en repensant à l’hypothèse de sa potentielle ascendance démoniaque soulevée par l’homme et reprise par la rouquine. Et c’est une chance, aux vues des propos tenus par le Saint Just, un instant, elle éprouve de la compassion pour la dénommée Souillon, puisqu’elle doit travailler pour cet homme.

Un instant, seulement. Car derechef l’attention est tournée vers la Vipère avec un sourire en coin.


-« Ce n’est pas ma maîtresse. »

C’est quoi au juste ?

Une amie ? Une sœur ? Une escorte ? Une garde ? Tout cela et rien de cela à la fois. C’est Cerdanne mais pas sa maîtresse. Et l’ambre s’attache à l’émeraude, le plus sérieusement du monde.


-« Demandez Eikorc de Nerra, et offrez-lui un prix. »

Il vous le donnera. Ou pas.

Elle joue avec le feu, et avec la fureur du colosse. Nul doute que s’il savait ce qu’elle vient de sous-entendre, il lui ferait payer, à moins qu’il ne fracasse une table ou les côtes d’un pauvre diable. Mais voilà, imaginer l’artésien contactant l’espagnol pour lui demander combien coûte son esclave, voilà qui lui met du baume au cœur et la fait doucement rire.

Elle se moque, oui. C’est donc qu’elle est humaine, en voici la preuve.

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Tigist est éthiopienne. | Moi, je garde toujours mes chaussettes pour faire ça devant mon écran. Ouèch.
Cerdanne
Les doigts fins ne cessent de jouer avec le pommeau de sa dague.
Le regard lui, ne se détache pas de l’homme qui parle d’une voix calme.
À cet instant précis, avant même que l’homme ne se mette à jacasser et, si on lui en avant donné la possibilité, la provençale
aurait simplement posé un bras sur l’épaule de Tigist et tranquillement l’aurait invité à rentrer dans la taverne.
Libres aux deux spectateurs d’applaudir la sortie ou de demander un rappel.

Ici, elle était invitée.
Pas de maladresse, de gestes déplacés susceptibles de tracasser le généreux Pasteur qui les logeaient.
Et, chose marrante, elle avait trouvé que le colosse tentait de faire passer le message à l’impétueuse Tigist.
Rien ne vaut l’esquive lorsqu’on veut être peinard.
Surtout pour une jeune noire en pleine ville Rose.

Mais faut quand même pas trop titiller la Provençale.
Le verbe, la mine railleuse de la rousse et l’impatience dans leurs voix l’agace et pour finir Tigist renchérit.
Alors son bras n’entoure pas l’épaule de la noire, c’est la main qui empoigne le bras et serre pour la faire taire.
Le colosse il n’est pas là et elle n’est pas vraiment sure, en plus, que ce soit le mot magique.
La Provençale s’avance d’un pas, forçant Tigist à rester derrière elle.


Simeon…
La brune hoche la tête, regard fixé sur l’unique pupille qui brille d’un drôle d d’éclat verdâtre.
La dégaine de l’homme qui se tient là ressemble à s’y méprendre aux coquillards de la Cour Parisienne.
Mais va savoir à Toulouse les barbeaux ont ptet cette dégaine de Jean foutre.


Honnêtes citoyens…Le sourire s’accentue, mais la dague reste bien fermement nichée dans sa paume.

Je me nomme Gertrude No00n !! Mais qu’est-ce que je raconte…
Vous me troublez avec vos jolis mots …Chancelier hein ??
Et votre … Votre souillon…


Un instant son regard se pose sur la rouquine et son poulet.
Glacé.
L’air goguenard de la rousse ne prête pas à la compassion.


Trouvez lui un autre nom avant de la mettre sur le trottoir.
Quant à la jeune femme qui vous fascine tant.
Oubliez …
Trop chère pour vous…
Bien trop chère..

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