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[RP] Bureau du Juge : Badaboum tsoin tsoin

Esyllt_catarina
    Nouveau mandat, nouveau bureau ? Et oui, la belle vie. Certes il ne valait pas celui de régnant du Limousin & de la Marche mais Esyllt savait compter et n'avait donc pas insisté après les résultats.
    Pour les deux mois à venir, la comtesse de Turenne n'avait pas écopé d'un procès mais de plusieurs. Non qu'elle se retrouve en position d'accusée, pis, elle allait assister à toutes les audiences pour rendre les verdicts. Mouhaha.
    La veuve von Brunswick officierait en tant que procureur, pour ne rien changer et ne pas déplaire à la rousse.

    Premier jour à ce poste et donc prise de contact avec les dossiers et surtout le bureau. Le siège n'était pas très confortable, Esyllt était incapable de faire la sieste dans icelui, alors la décision était prise, d'un coup de marteau imaginaire -il ne fallait pas en abuser non plus- la comtesse actait son remplacement. Les jugements -surtout de valeurs- étaient rapides avec elle.
    Faire avancer quelques procédures, s'interroger sur d'autres et se compliquer la tâche pour rien, elle avait déjà tout fait. Sous peu, le premier verdict. Mais pour commencer ..

    Adenet -un homme de la maisonnée turennoise- vint donner quelques coups de marteau sur la porte du bureau. Esyllt avait fait commander à un enlumineur une petite affichette à mettre à la vue de tous. Sa première satisfaction.


      Attention à ne pas trop faire de grabuges,
      Ou vous vous retrouverez devant le juge.

      Malices, ronds de jambes, et autres subterfuges,
      Sont inutiles, au contraire il provoque le déluge,
      Et quand celui-ci débute, il n'existe aucun refuge,
      Vous serez condamné à ingurgiter du vermifuge.


    La dernière rime était curieuse, l'inspiration manquait en fin de course, comme pour tous et partout. Qu'importe, l'avertissement était lancé, les peines pouvaient être prononcées.
    La porte restait évidemment ouverte pour quiconque le souhaitait.

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Esyllt_catarina
    Quatre verdicts étaient en attente. Esyllt avait le pouvoir -certes mince mais assez pour jubiler seule dans son coin- et comptait bien en user. Le soucis c'est que deux procès étaient des collaborations judiciaires. Le restant une relaxe à venir sur base d'un raté de la Prévôté et le dernier c'était le cas qui intéressait scrupuleusement Bourganeuf, Dame Magalie serait-elle pendue ou écartelée sur la place publique ? La tentation était là, contrairement au verdict qui murissait.
    Toujours est-il que pour les coopérations judiciaires il fallait agir. Si Toulouse venait de renouveler ses élus comtaux ce jour, ce n'était pas le cas du Rouergue qui avait pris de l'avance. La juge rousse prit donc les devants et contacta le second, espérant pouvoir contacter le premier dans des délais brefs.

    Après quelques recherches, une grimace.
    "Et zut !" put-on entendre dans le bureau. Yugan était son homologue occitan. Le vicomte commingeois était connu pour être aussi bête que ses pieds -pour resituer la chose dans un contexte local, il était dans l'estime de la rousse entre Gueldnard et Antonia- traiter avec lui serait donc aussi difficile que de trouver la bonne peine pour la magalie bourganiaude.
    Qu'à cela ne tienne, elle écrivit un courrier, sans cordialité ni rondeurs.


    Citation:

        Le 22 octobre 1461 ;


      Je suis la Comtesse de Turenne & juge du Limousin & de la Marche.

      Un procès de coopération judiciaire a été ouvert il y a de cela plusieurs semaines sur notre territoire pour qu'un faquin réponde des crimes qu'il a commis sur vos terres.
      Nous sommes en attente du jugement conformément au traité régissant cet accord.

      L'accusé est un dénommé Tournevis, vous devriez trouver trace de lui dans vos notes, dans le cas contraire je me tiens à votre disposition pour tout éclaircissements. Il nous tient à cœur de clore cette audience le plus rapidement possible, je vous prie donc d'agir avec efficacité, et justice.

        Judiciairement,
        Esyllt Catarina de la Louveterie-Malemort





    Expéditif, c'était fait. Esyllt pouvait donc à présent se concentrer sur sa sieste. L'heure était idéal, c'était le roulement de la garde. Ainsi donc, aucun risque qu'on ne vienne la déranger.

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Priam
Une belle matinée, des rayons de soleil point trop discrets l'invitèrent à céder à l'envie de quelques foulées dans les beaux quartiers de la capitale. Il avait jeté son amarre dans la région depuis quelques mois déjà ; sans attache, il allait où la poussière lui semblait agréable à piétiner.

Le coin lui plaisait bien. Le climat, surement ! Les femmes, absolument ! Des matrones point trop farouches, juste ce qu'il faut pour ne pas ôter tout le sel du jeu de la séduction, aimant l'aventure qu'elles peuvent trouver à le côtoyer, à la place de leur mari.
La région était prospère, les formes généreuses de ces belles le confirmaient et l'enchantaient. Il aimait palper de bien belles cuisses... et de bien belles bourses sonnantes. Il n'avait aucune difficulté à gagner de quoi se loger et se nourrir... Et même de quoi s'offrir de magnifiques bottes neuves.
Il sifflotait un air guilleret, appréciant le cuir bien travaillé et souple à chaque enjambée. Une belle affaire, le cordonnier avait du talent.

En passant devant le tribunal, la curiosité l'amena à entrer. Un procès s'y tenait, en public. Pendant un court moment, il se laissa subjuguer par le spectacle. Il connaissait de nombreuses troupes et comédiens qui auraient gagné à y puiser leur inspiration, avec des embardées, des accostages, des mensonges bien dosés, des soufflets de comédie et des effets de manches. Le spectacle prit fin, et tout le monde évacua le pont.

Pour éviter la foule, Priam se chercha une autre voie de sortie. Il emprunta un escalier désert, deux couloirs monotones et en passant devant une porte de bureau, son attention fut retenue par une affiche joliment enluminée.

Le message était amusant, un sourire s'installa tandis qu'une idée fantasque l'invita à toquer sur la porte. Une autre invitation, irrésistible. Il s'adressa dès lors à la porte.


Juge ! Juge ! Je viens pour une requête ! Je veux qu'on me le rende, à moi, le mien !
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Esyllt_catarina
      Youhouuu !
      Oh mon Prince, je suis là. En haut ! Regardez, je vous envoie ma chevelure rousse pour vous aider à escalader la tour et venir jusqu'à moi. Je vous attends. Je me languis déjà.

      *toc toc toc*
      Esyllt sursauta. Ses yeux écarquillés, sa bouche pâteuse. Le réveil était difficile et son rêve était si doux que l'impudent serait mal reçu. Qui osait donc la déranger dans l'exercice de ses fonctions ? Le rustre !
      Maugréant et de mauvaise foi -pour changer- elle lança, après s'être réinstallée dans son siège et avoir prit une plume à la main pour faire mine d'être occupé.


      Qu'est-ce donc que ce raffut !

      Le regard inquisiteur se posa sur le jeune homme. Grande silhouette, cheveux noirs -alors que pour Esyllt c'était le regard qui l'était malgré ses prunelles noisettes-, une cicatrice -sans doute un brigand- et les yeux vairons -encore un possédé par le Sans Nom.
      La rousse n'était pas tendre en imaginant qui était son interlocuteur, elle saisit de sa main gauche une dague -on ne sait jamais- et l'invita à entrer.


      Allons, ne restez donc pas sur le pas de la porte. Maintenant que vous êtes là montrez-vous loquace et explicite ! C'est que je travaille moi.

      Méprisante et hautaine, c'était tout Esyllt. L'homme était plus grand -sans doute plus âgé qu'elle mais qu'importe, elle était la Comtesse de Turenne. Un petit haussement d'épaules désinvolte plus tard, elle désigna de sa main droite -celle qui tenait la plume préalablement posée- un siège face à elle. Qu'il parle et que ça saute.

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Priam
Il entra, prenant garde de bien faire claquer le talon de ses belles bottes au sol. Elle avait donné le rythme, martelant ses paroles, ses prunelles jetant des éclairs sombres. L'accueil était glacial, son humeur n'en fut pas refroidie pour autant. Avec vivacité, il prit position sur le siège que la main délicate indiquait.

Il laissa son regard admiratif découvrir son interlocutrice, au point de passer à la fois pour un goujat et un homme de goût, sachant profiter de l'instant ! Oui, cette région avait décidément de bien belles vues à offrir !
En revanche, elle ne semblait guère avoir envie de sourire. Qu'importe, il ne risquait pas grand chose, une bousculade musclée par des gardes zélés, au pire quelques coups de fouets. Il pourrait toujours imaginer que le poignet gracile qui lui barrait la vue tiendrait le fouet !

Il donna libre court à sa facétie, adoptant un ton impératif et assuré, jouant la comédie avec un plaisir presque évident.


Je veux qu'on me rende mon bien ! La coquine, la perfide ! Elle me l'a pris, elle l'a dérobé, sans que je puisse rien faire pour le retenir ! Sans prévenir, elle s'est enfuie avec. Mais c'est que j'en ai besoin encore moi ! C'est à moi ! Sans, je me sens comme amputé ! Rendez-moi mon bien ! Retrouvez-le, retrouvez-la !

Dans le vif de suite, tant pis pour les formules et salutations d'usage, de toute façon, comment devait-on s'adresser à un juge aussi séduisant ?
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Esyllt_catarina
      Mais. Mais c'est qu'il la dévisageait le bougre, prenant son temps pour laisser trainer sur les différentes parties de son corps ses yeux curieux. Esyllt aurait voulu en être fâchée mais au contraire, elle rougit telle une dame de la chambre royale à qui l'ont aurait fait un compliment sur sa robe. Bigre, trahie par ses propres rougeurs -ça la change un peu des rousseurs-
      Il s'assit enfin, commençant son récit qui n'avait ni queue, ni tête. La main serrant le poignard, pour l'heure restée sous le bureau en cas de besoin, se desserra. Un peu moins crispée, la juge ne put que convenir d'une chose, son interlocuteur semblait plus dérangé que dangereux.


      Hum

      Le nez était renfrogné, le sourcil arqué. Si le bouton rembobiner existait, voilà déjà quelques secondes qu'Esyllt aurait appuyé. Elle relança sur un autre sujet pour gagner quelques secondes de réflexion.

      Puisque c'est ainsi, faisons fi des politesses. A l'avenir, convenez tout de même de mettre la forme, ça aide toujours un peu à comprendre le fond. Or là ..
      Bref, si je saisis votre propos, on vous aurait dérobé quelque chose. Le soucis étant que je suis juge moi, pas Sainte Nitouche. Je ne résous pas, au moins pas encore, les miracles. En cas de perte ou de vol, il faut remplir le formulaire A113 et le remettre au comptoir du deuxième étage. Si le vol est survenu pendant la nuit, il faut en sus remplir le formulaire B596 disponible dans le couloir en sortant, troisième à gauche, et ensuite aller le déposer à la deuxième à droite. Jusque là vous me suivez ?


      Ne laissant le temps à son interlocuteur de répondre, la comtesse de Turenne reprit. Cette fois, le sourire aux lèvres, amusée finalement de la situation.

      HumLe plus simple serait encore que vous contactiez la prévôté, elle récoltera votre témoignage, une description de votre voleuse et tout ce qui s'en suit. C'est long et un peu lassant mais vous verrez, ils ne sont pas méchants. Je ne peux pas faire grand chose. A moins que .. Oui, en effet, j'ai un bureau des enquêtes spéciales mais je ne le saisis qu'en des cas très rares, vous comprenez, il ne faut pas éveiller les soupçons de la prévôté régulière. D'ailleurs, je viens de le saisir pour un autre cas de vol, et pas n'importe lequel, le vol du marteau du juge* lui servant à présider au tribunal.
      Si j'ai saisi le bureau des enquêtes spéciales c'est parce que je soupçonne mon prédécesseur, aujourd'hui prévôt, d'être parti avec, en guise de souvenir, à la fin de son mandat. Je ne pouvais pas confier l'affaire à la prévôté, elle aurait été étouffée. L'affaire, pas le prévôt. Enfin, pas sans que je ne le demande explicitement du moins.


      Se perdant dans son plaidoyer pour son petit bureau, adoré et chéri, Esyllt en avait oublié l'essentiel. Elle se tapa la tête avec la main qui contenait le poignard, machinalement, sans réfléchir. Oups. Elle rangea l'objet bien vite, en faisant comme si de rien était et tenta d'embrayer sur autre chose.

      Au fait, je ne sais toujours pas ce qu'on vous a volé. Et votre nom, vous avez bien un nom ou au moins un sobriquet, une appellation, quelque chose.



* Si vous suivez le tribunal IG, dans son premier verdict Esyllt a perdu le marteau et maintenant elle cherche une explication
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Priam
Évidemment ! Visiblement peu rassurée par la prestance de son enquiquineur, la belle juge dégaina son bouclier ultime, derrière lequel se cache avec succès des générations de gratte-vélins, incompétents et fainéants. Bouclier efficace, garanti anti objections, suggestions et réflexions, prêt à annihiler la moindre lueur d'intelligence, la moindre étincelle de vivacité d'esprit : La parcheminerie !
Une manière élégante de l'envoyer sur les roses... enfin paitre du foin, car en suivant ses indications, il ne serait plus guère doué pour autre chose.

Elle brandit même son arme ultime, de celle qui scelle les lèvres et les revendications, qui t'envoie bien loin d'elle avec une simple chiquenaude bien sentie. Du grand art ! Un coup au derche n'aurait pas été plus efficace ! La fameuse "vérité" : c'est pas moi c'est l'autre ! L'autre qui doit t'envoyer encore plus loin, pas dans sa juridiction non plus, mon petit père. Peut-être celle de son voisin !

Priam dut reconnaitre que son hôte maitrisait son art à la perfection, il se laissa de bonne grâce noyer sous le déluge d'informations et de consignes. Il apprécia l'exercice en connaisseur, reconnu de bonne grâce sa reddition : Non ! Il n'aurait pas le dernier mot. Et même si le ton était frais, la voix de la rouquine meublait avantageusement le silence, mélodieuse et odieuse à souhait.

Un poignard surgit et retourna se planquer. Par la bête sans nom, elle sortait tout l'arsenal ! Il s'en amusa et en profita pour faire son petit effet. D'un geste brusque, suffisamment menaçant pour faire reculer n'importe quelle brute épaisse dotée de l'instinct de survie d'un moustique devant une flamme, il fit mine de se lever et de s'élancer, pour finalement singer une courbette et balayer le sol de son couvre-chef.


Priam, Ma Dame le juge, Priam, voilà ce quelque chose !


Un sourire apaisant, quasi enfantin, pour distiller le doute sur sa manœuvre de l'instant passé.

Ma voleuse, je n'ai pas grand chose à en dire. Hélas, je l'ai à peine aperçue. Elle montait dans un coche et avant d'avoir le temps de réaliser, elle avait commis son forfait ! Elle me l'avait pris, la perfide garce... pardon... enfant ! Il ne me reste plus grand chose, même plus de quoi pleurer sur mon misérable sort. Je ne suis plus qu'incomplet ! A la dérive !


Il accentua son ton dramatique, posant ses poings avec force sur le bureau.

Mon coeur, elle me l'a volé ! Mon coeur à moi ! La bougresse, elle me l'a arraché et est partie avec.

Il bascula en arrière, reprenant sa place sur le siège, calme en instantané, questionnant en tout innocence :


Pour les politesses, quelle forme aurais-je dû emprunter en votre compagnie ?
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Esyllt_catarina
      Esyllt avait beaucoup parlé, pour ne rien dire principalement, tentant de noyer le poisson comme un désespéré noie son chagrin dans l'alcool. Cela n'avait semble-t-il pas découragé son interlocuteur, malheureusement ..
      Aussi lorsqu'il se leva d'un coup, c'est un bond que la juge fit sur sa cathèdre en bois ambacien. Fichtre ! Son cœur avait manqué d'interrompre ses battements réguliers mais pas le temps de crier "A la gaaarde" -un petit cri hystérique typique de la rouse- qu'il s'inclina dans une révérence qui la rassura autant qu'il la rendit perplexe. Ah oui, son nom, c'est vrai qu'elle lui avait demandé.
      Priam, comme le roi grec de l'Illiade, ce conte épique grec dont on lui avait lu les passages plus d'une fois alors qu'elle était encore enfant. De ce récit on apprenait le courage, la tactique, la bassesse, et le grec. Pwa, un mauvais souvenir ..

      Il se lança dans les explications plus précises, évoquant le sujet, sa voleuse et l'objet du délit .. Un soupir accompagna un regard à la fois désabusé et songeur. Désespéré, il était désespéré et désespérant. Elle gribouillait sur un bout de parchemin faisant mine de prendre des notes. Heureusement ses talents de dessinatrice n'étaient pas prouvés et ainsi Priam ne pouvait se reconnaitre dans les traits, peu avantageux, qu'elle lui prêtait. Il fallait répondre, ne pas le laisser creuser sa tombe et fondre en larme -surtout pas cela, elle aurait plus que mal à l'aise.


      Hum .. Elle aimait bien -bien trop- ce petit son pour commencer. Un peu de perplexité, un peu de dédain. Ce "hum" était tout elle.

      Je vois, nous avons enfin mis le doigt sur le cœur du problème .. Fichtre, non pas cela. Rebondit, vite. Enfin, je veux dire que l'on a recentré notre investigation ... Elle rame Esyllt, elle rame La maraude, chenapan, brigande, voleuse, coupe-jarrets, appelez-la comme vous le souhaitez, a commis l'irréparable, je le constate. Vous voilà au bord du gouffre, démuni et sans perspective, c'est triste.
      Malheureusement pour vous, nos lois ne nous permettent pas d'agir. Une vérification s'impose quand même, peut-on voir la cicatrice ?


      Quoi ? La comtesse de Turenne vivait loin de son époux, reclus au monastère depuis des mois, voir un torse masculin n'était pas pour lui déplaire et si son autorité pouvait lui ouvrir des portes -enfin ici des chemises-, autant s'en servir, non ? Et puis qu'importe que ce soit au figuré, elle était assez salace et sa réputation sulfureuse pour ne pas avoir à souffrir d'une énième rumeur.
      Et en attendant qu'il s'exécute, elle rebondit sur l'une de ses dernières questions.


      Concernant le protocole, vous avez le choix, un "votre grandeur" fait toujours de l'effet, c'est simple, héraldiquement compatible, ça sonne bien. Vous pouvez aussi m'appelez "votre honneur" mais je trouve cela surfait. Si j'avais de l'honneur je ne serai pas cachée dans ce bureau ou derrière un pupitre et j'aurai déjà levé une armée pour déloger la comtesse.
      Enfin bref, je me tais, d'autant que je ne sais si je peux vous faire confiance pour m'épancher sur les velléités de ma vie. Et je vous écoute, je ne voudrais pas qu'on m'accuse une fois encore de ne pas avoir de cœur.


      Diantre ! Ne savait-elle donc pas se taire lorsqu'il le fallait ? Ses joues rosirent, un peu gênée et son regard se porta sur son bureau à la recherche d'un bout de tissu, on sait jamais, si le gaillard venait à pleurer, elle ne voulait pas devoir céder un bout de jupons pour qu'il s'essuie.

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Priam
Finalement, la petite rousse était bavarde, tout simplement, et elle avait aussi tendance à trop vite faire confiance, pour s'épancher ainsi devant le premier enquiquineur venu.
Il avait souvent entendu que les belles soieries et les titres de noblesse haut perchés s'accompagnaient d'une solitude inconcevable pour lui, qui trouvait une compagne pour chauffer son matelas toutes les nuits et des copains de beuverie pour boire en son nom quand il offrait la tournée.

Sa Grandeur, au moins, avait une conscience aigue d'elle-même et de l'auto-dérision, cela lui plut. Et la coquine ne venait-elle pas de lui suggérer de faire tomber sa chemise ?
Il se redressa de toute sa hauteur, et tira sur les lacets qui en maintenait les pans, de son nombril jusqu'au cou. Il en profita pour répliquer :


Votre Grandeur, n'ayez crainte, je ne fais pas étalage des confidences que me font les belles dames ! Du coeur, bien sur que vous en possédez, sans cela, je ne serais plus ici, devant vous, mais dehors, à goûter la poussière ! Il est tellement dommage que personne n'ait voulu vous ravir votre coeur ? Ou le chapardeur vous a-t-il fait cadeau du sien en échange ?

Il avait finit d'extirper le lacet, il écarta les deux pans, roula des épaules pour s'en défaire et exposa un torse musculeux et quelque peu reprisé, souvenirs de combats et des punitions de son enfance.


Vous pouvez vérifier, Votre Grandeur !
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Esyllt_catarina
      Lorsque son interlocuteur se leva, une fois encore, pour enlever le lacet qui maintenait sa chemise ouverte, Esyllt manqua de glousser. Telle une demoiselle de bonne famille qui n'avait jamais le loup et qui succombait au charme un peu bestial d'un bel et sombre inconnu. Oui, après des mois loin de son époux reclus au couvent et un enfant d'un an qui lui ôtait toute féminité, ce Priam mettait ses sens en émoi.
      La rouquine inclina la tête vers la droite, non pas pour observer sous un angle différent ce torse mais pour vérifier que la porte était bien fermée. Les mauvaises langues ne manquaient pas et son travail judiciaire de l'après midi n'aurait pas été exempt de racontars. Émoustillée, elle l'était.


      Je vérifie. Je vérifie tout de suite même.

      Elle se pencha en avant, ses yeux noisettes se posèrent alors sur le torse de l'homme et c'est tout naturellement qu'elle finit par sourire, amusée. Ce jeu l'amusait au plus au point, qu'il était bon de pouvoir user d'une supériorité élective et nobiliaire.

      Cela ne vous fait pas mal au moins ? Sa main se rapprocha, comme pour tâter la chair Je connais un très bon médecin, enfin très bon c'est relatif. Toujours est-il qu'il ne vous arrachera pas une dent si vous venez pour un mal de genou. C'est déjà cela.

      Un sourire, encore un, avant de se raviser et de passer sa main dans ses cheveux tout en faisant mine de vérifier la tenue de sa coiffure. Tentée mais pas pécheresse, la comtesse de Turenne tenta de reprendre ses esprits et puisqu'il parlait de faquin, elle parla de son mari.

      Le chenapan m'a donné non seulement son cœur mais aussi un fils. Je ne vois pas ce que le peuple pourrait demander de plus.
      De la brioche peut-être ? Un héritier c'est une personne à aimer, que l'on voit grandir et s'épanouir et c'est surtout des parents heureux et qui ne se vengent pas de la naissance d'une fille en levant des impôts. Trois ans que je connais le Malemort, bientôt deux que nous nous sommes mariés au Louvre et treize mois que mon fils est né. Au rythme d'un événement par an, il va falloir que je trouve vite quelque chose de grand pour cet an qui se finit bientôt.

      Elle avait "raté" son retour aux comtales, ce qui ne lui fermait pas la porte pour dans deux mois. C'était un jeu, on perd parfois un pion mais on en place un autre. On la poussait aussi à candidater à la Curia, une chose qu'elle n'était pas certaine de vouloir. Il lui restait quelques jours pour se décider. Rendre des verdicts, amasser des amendes, montrer les infractions du conseil, enquiquiner, tergiverser, cela lui convenait bien pour le moment. Et en parlant de conversation de commères ..

      Vous êtes vous décidé sur les suites à engager dans cette malheureuse affaire ?

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Priam
Les yeux noisettes le scrutaient, elle s'approchait.
Ses yeux dépareillés à lui ne lâchaient pas le joli minois pour ne pas rater le moindre indice d'une émotion. Émotion qui se manifesta par un sourire, remarquable comme tout le reste.

Osera-t-elle ? Touchera, touchera pas ? Priam tenait le pari contre lui-même ; l'avantage, il était sur de gagner, qu'elle fasse un choix ou l'autre.
L'attente était délicieuse, "le meilleur moment en amour, c'est quand on monte l'escalier ! (*). Elle ne se pressait pas, il savait quel émoi l'habitait, il le partageait. Une Dame de belle noblesse, il n'en avait encore jamais goutée. Il se demanda si sa peau était plus douce, plus parfumée, plus délicieuse, plus sensible.

Elle ne le toucha pas, sa main se cacha dans sa chevelure. Vite ! Il devait penser à quelque chose, autre chose, n'importe quoi. A Jacquot, le second du revenant, avec sa gueule de travers, gagnée à force de jouer à défoncer des planches avec son front pendant les veillées. Oui Jacquot tombait à point !

Elle lui parlait, il tenta de se concentrer sur le sens des paroles.


Pardon ? Les suites à engager ? Que me conseillez-vous ? Que pouvez faire ? Que puis-je faire ? Comment la retrouver, cette chipie, cette chapardeuse ? Je m'en remets à vous !


(*) citation de Georges Clemenceau
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Esyllt_catarina
      Relancer la question juridique n'avait pas été la plus brillante de ses idées. Certes, cela faisait distraction, permettait d'oublier son interlocuteur, toujours torse poil, mais la justice n'était pas sa tasse de thé. Déjà quelques jours qu'elle faisait illusion mais cela ne durerait qu'un temps.

      Oui, oui les suites. Elle dodelinait de la tête, un peu gauche.

      Je ne saurais que trop vous conseiller de vous rendre dans les bureaux de la Prévôté. Là un officier rondouillard, plus rompu à la gourmandise qu'à la course, retranscrira l'énoncé du méfait, vous demandera la description du faquin. Ils chercheront partout, passeront les rues au peigne fin mais ne la trouveront sans doute pas.

      "Que pouvez-vous faire ?" La question trottait dans la caboche rouquine. Elle ne parvenait pas à l'en sortir. Priam lui faisait de l’œil, tout le contraire de son mari reclus en quatre murs monastiques. Ce regard sur son corps de mère, elle ne l'avait pas ressenti depuis longtemps. Elle n'avait que dix-sept ans, les faits la rendaient mère mais elle restait un peu midinette, un peu rêveuse. Elle se leva brusquement de son siège, comme pour faire circuler le sang qui ne semblait plus vouloir irriguer son cerveau. Ce geste lui amènerait de l'air frais par la même occasion.
      La comtesse de Turenne fit quelques pas, silencieuse, colla son nez à la fenêtre, chercha une échappatoire mais ne vit rien. Dehors la vie suivait son cours, le froid d'automne obligeait à se couvrir alors que dans le bureau la cheminée proposait de se découvrir.

      Quelques pas encore, des prunelles noisettes qui croisent les yeux vairons du visiteur, une tête qui se détourne, rapide. Quelques pas toujours, là la jeune femme se trouve derrière. Ainsi nul ne peut lire la culpabilité dans son regard alors qu'elle pose ses mains sur les épaules de l'homme. Esyllt restait silencieuse. Lentement, progressivement, ses mains glissent, ressentent la peau salée du marin, les muscles qui se font sentir, forts et fermes. De temps en temps, la paume presse un peu, comme pour s'agripper. Au fur et à mesure qu'elle descend, c'est tout son corps qui bouge, qui suit le mouvement, jusqu'à ce que son regard se pose sur la nuque, très, trop près pour rater cette tâche qui la marquait.
      La réaction ne se fit pas attendre, Esyllt sursauta, lâcha prise et recula en poussant un petit cri.


      Ahhh !

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Priam
Il était resté, torse nu, debout, sur de lui, exposé tel un étendard à la tentation. Elle n'avait pas cédé et s'était éloignée. Tant pis.
Il écouta ses consignes, elle se répétait ; le bouclier était de retour. Il s’apprêtait à prendre congé dès qu'elle aurait fini de réciter, mais elle se leva et fit quelques pas.
Il écouta son silence, bien plus attentivement que son discours, ce silence qui semblait tant promettre. Son regard s'offrit à lui puis se détourna dans un coupable aveu.

Elle se glissa derrière lui. Délicieuse attente, encore. Il imaginait son regard posé sur son dos, il lui semblait même ressentir une soudaine chaleur sur sa peau... Oui ! De douces mains l’effleurèrent, l’agrippèrent. Priam ferma les yeux, savourant l'intensité du moment. Il avait beau ne pas manquer de compagnie féminine quand il le voulait, il goutait cette sensation inédite, cette gourmandise inestimable. Il sentait que cette parenthèse serait trop éphémère, cette magie bien trop belle et inaccessible pour lui. Il appréhendait l'instant où elle se détournerait, où elle ne lui laisserait plus que son dédain.

Elle poussa un cri, il sursauta. Voilà une réaction à laquelle il ne s'attendait pas ! Il se retourna, sur la défensive, sa main glissant vers son fouet, à sa ceinture. Il s'attendait à une visite inattendue, une agression.

Son regard se heurta à la porte toujours fermée, fouilla la pièce et n'y voyant aucun danger, glissa vers le sol en quête d'un rongeur ou d'une araignée. Il fouillait et espérait dénicher une telle bestiole, capable de faire crier une femme ainsi, car il refusait d'être la cause de ce cri !

Votre Grandeur, que se passe-t-il ? Vous vous sentez mal ?
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Esyllt_catarina
      Elle avait crié. Strident et aigu, le son avait sans doute traversé les murs autant que percer les tympans de son interlocuteur qui n'avait pas manqué de sursauter. Réaction féminine, réaction primaire, Esyllt n'avait pu s'en empêcher. Cette tâche dans le cou l'avait surprise.
      Priam avait été réactif, alerte. Son regard partout se posait, du sol au plafond, de la fenêtre à la porte. Il avait bien vu que rien ne troublait la pièce et ses mots rompirent le silence qui avait suivi l'exclamation stridente.


      Veuillez me pardonner, la passion l'a emporté sur la raison.

      Elle se tut, une fois encore. Elle ne savait quoi ajouter, comment sortir de cette impasse. Et si tout cela n'était finalement qu'un mauvais rêve ? Une hallucination due à la surconsommation de prune ? Sainte Boulasse, pourquoi moi ?! Pourquoi aujourd'hui ?! Implorait la rousse dans une supplique mentale.
      La comtesse de Turenne tacha de retrouver raison. Elle inspira un grand coup, ventilant son visage avec ses mains qui s'agitaient devant. Elles papillonnaient, comme les palpitations de son cœur. Personne n'était venue frapper à la porte. Deux raisons possibles : Le prévôt avait supprimé les effectifs de gardes pour son bureau, basse vengeance, ou bien elle n'avait pas crié assez fort. S'étant entendu, elle opta pour la première version, crédible. Dans les deux cas, c'était un soulagement.


      Permettez que je vérifie quelque chose ?

      Sans attendre, elle s'approcha encore. Cette fois les intentions n'étaient plus les mêmes, il n'était pas question de faire trainer ses mains ou son regard sur des muscles saillants. Non, les prunelles noisette prendraient juste quelques secondes, cinq tout au plus, pour scruter cette tache et être fixée. Elle avait péché, surtout par la pensée, le Créateur lui en avait fait payer le prix.
      Un, deux, trois, elle se grandit sur la pointe des pieds, quatre, cinq, six, elle arrête son enquêtes. Les conclusions étaient faites, le verdict pouvait être rendu.
      Fichtre ! Elle l'avait murmuré, à peine audible.

      Je crois que nous nous connaissons.Elle ne sourit pas, la joie n'était pas de circonstance. Elle aurait dû mais pas après qu'une femme mariée ait palpé un éventuel membre de la famille. Laissez-moi rédiger un courrier et pendant ce temps, parlez-moi de vos parents. D'où venez-vous ? Qui étaient vos parents ? Avez-vous des frères, une sœur ?

      De juge, Esyllt se transforma en enquêtrice de la prévôté. La lumière devait-être faite.

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Priam
Les femmes ! Plus réaliste d’espérer contempler la peau que cache leur robe, que de pouvoir comprendre leur esprit et anticiper leurs réactions.
Cultivatrice de mystère et de suspense, elles ne se dévoilent jamais et se dissimulent derrière des complications verbales, des tournures qui ne révèlent rien.
Sa passion l'a emporté sur sa raison, elle crie ! Donc ?

A l'évidence, rien dans cette pièce, à part lui, n'aurait pu lui soutirer un tel cri. Hélas !
Il est donc responsable de son soudain malaise et de son recul.
Son odeur ? Les relents persistants des poissons du marché se seraient-ils accrochés à sa chemise ?
Sa sueur ? La mignonne rousse aurait-elle le nez si délicat qu'un peu de sueur l'importune ? Par chance, il avait partagé le bain de la tavernière la veille, il ne pouvait pas être si olfactivement repoussant !


Permettez que je vérifie quelque chose ?

Fini les suppositions, elle revenait à la charge. Vérifier ? Poudre à canon, quoi donc ?
Il jugea préférable de ne pas répliquer, de se laisser faire, il ne voulait pas l'effaroucher. Elle s'approcha mais seule la chaleur de son souffle vint le caresser fugacement et elle s'éloigna, encore !

La démone, elle se jouait de lui ! Quoique...


Je crois que nous nous connaissons.

Qu'est-ce donc que cela ? Un jeu ? Elle le questionne maintenant, s'intéresse à lui, pour de vrai ? Plus de jargon administratif, serait-il devenu suspect de quelque chose ? Ça commence à sentir le roussi pour lui.
Elle prend sa plume et rédige. Sa mise aux arrêts ? La jouvencelle veut lui faire payer son petit écart de conduite ! Ah ! les femmes ! A vouloir côtoyer l'inaccessible, il va se bruler les ailes.


Mes parents, je n'en ai point, Votre Grandeur ! Je viens de nulle part. Quand j'étais qu'un mioche, j'ai été enrôlé dans l'équipage du revenant. Jamais pu savoir comment. Les autres membres de l'équipage m'ont raconté plusieurs versions, pendant les tours de vigie. Ma famille ? Un équipage. Le capitaine s'est pris d'affection pour moi, il m'a instruit et m'a pas trop maltraité. J'ai eu de la chance, pour sûr !

Un regard vers la plume qui glisse puis la porte. Il tente le coup, il n'a plus rien à espérer, sinon rester libre :

Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Je vous remercie de m'avoir accordé votre attention. J'ai appris la discrétion, vous savez.
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