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[RP] L'union fait la force. Oui. Mais la force de qui ?*

Maryah


L'Union fait la force. Oui. Mais la force de qui ?*
* Alain


De Lui. Le Cosaque. Elle a longuement réfléchi en quittant la Cour des Miracles, avec ses quelques informations et sa multitude de péripéties. C'est lui qu'il lui faut. "On" le lui a recommandé. Elle l'a choisi consciencieusement. Il est grand, il est fort, il est étranger à ce royaume, il est vieux, c'est un homme d'expérience dans les armes. Il est solitaire, pas de famille connue, une lointaine fille peut être, lui a t-on laissé entendre. Il est agile au bâton, il est discret comme une ombre, sec, et surtout ... chose rare dans le domaine, on dit de lui qu'il est honnête. Alors, elle le veut lui.

Car, oui, la Maryah est affaiblie. Ce qui lui tourne dans la tête, dans les entrailles, dans le cœur, font d'elle une morte en dedans. Après un mois de voyage, elle a besoin d'aide, elle le sait. Sinon, elle ne retrouvera jamais Sarah de son vivant. Bien sûr, d'apparence, elle lance toujours des regards noirs, elle est toujours aussi bavarde ; parler et énerver les autres, c'est un moyen de n'pas penser à elle. Ses remarques sont plus acides, ses réflexes un peu plus lents, car le combat fait rage en elle. Elle ne sait plus qui elle est, elle ne sait pas où elle va, mais elle sait ce qu'elle veut.

Et ce qu'elle veut, c'est un homme d'armes, qui va l'accompagner de Paris jusqu'au Berry. Qui va prendre en charge la route, et leur sécurité. Sans jouer les vierges effarouchées, sans s'emporter à la moindre remarque de l’Étrangère, sans piquer sa crise à la moindre contrariété, sans aller sauter la première gueuse aux jupons un peu relevés, sans qu'elle ait besoin de lui sauver la mise ou de lui r'monter le moral. En somme, elle veut un gars qui connait son travail, et qui est capable de se contrôler pour n'atteindre que ce but. Elle ne veut pas un de ces pourris qui va disparaitre du jour au lendemain, parc'qu'elle n'a pas été gentille ; parc'qu'elle lui a fait peur ; parc'qu'elle est chiante ; parc'qu'elle a fait un truc bizarre sur un cadavre. Elle ne veut pas d'un boulet qui attende d'elle, qu'elle fasse tout, décide tout, et mett'de la couleur dans leur voyage ...

Non. Elle veut bien payer le gars pour qu'il soit à ses côtés, malgré l'adversité, et un homme d'expérience qui va pas prendre ses jambes à son cou dès que la situation va commencer à se tendre un peu. Et surtout, elle veut un "professionnel" qu'elle ne connaisse ni d'Eve ni d'Adam. S'il doit crever, elle n'en portera pas la culpabilité. Elle revoit encore l'image de Dolgar, des plaies et du sang plein le corps ... elle reste persuadée que c'est le fait de la garde de St Loup, que Sarani et Lancelot se sont ligués pour s'en prendre à lui ... pour l'atteindre elle, déjà trop fragilisée. Elle sait que si Dolgar, l'Assassin, s'est retrouvé dans cet état, c'est à cause d'elle. Plus jamais, s'est-elle jurée en le ramenant à Chaussin. Plus jamais. Et ses agresseurs paieront en temps et en heure. Et d'ailleurs le silence de l'homme est explicite. Il ne doit plus jamais vouloir la voir. La Vie est ainsi faite que quand on s'attache, on promet tous les mensonges de tous les royaumes, et dès qu'on ne se sent plus aimé, on se hâte à gommer, à oublier tout ce qu'on a dit.
ça marche comme ça dans ce royaume.

C'est pour ça qu'elle veut un homme fort, qui n'a peur ni du sang, ni des armes, suffisamment expérimenté pour s'organiser, et suffisamment honnête pour lui dire ce qui ne va pas et s'il compte s'éloigner. Les gens ne disent rien par ici, ils font leur coups par derrière. Et la lâcheté des gens, leurs silences, leurs mensonges dus à leur manque d'assurance, ça la tue à petit feu l’Épicée, la Bohème. Finis les enfants, les innocents, et les gnan-gnan. Il lui faut un grand, un vieux même ! Un homme qui a la tête sur les épaules, et du contrôle.

Parce que aujourd'hui, le Contrôle, c'est l'une des seules choses qui la garde en vie, ça et l'envie de retrouver Sarah. C'est elle qui dit qui, quand, quoi, combien !

Le bruit de pas approchant, Maryah se redresse autour du feu de camp. Elle prend un bâton et remue le feu, attendant de voir à quoi l'homme ressemble et s'il est de taille à supporter ses fantaisies et ses railleries.
Nouvelle aventure : tenter de faire confiance à un parfait inconnu, payé pour vous sauver la peau ! Elle la ruse, lui la force. L'Union fait la force. Oui. Mais la force de qui ?
Action !

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Torvar
La rumeur fait et défait les liens… Souvent. De ça, Torvar le savait parfaitement alors quand on lui avait fait part que quelqu’un voulait l’engager... Il s’était d’abord méfié. Le cosaque n’était pas du genre à sauter de joie au plafond parce qu’il avait un contrat. Non, c’était même l’effet inverse. Un vieux briscard comme lui la jouait souvent obtus et même complètement hermétique à toute nouvelle éventualité de travail. Et il pouvait se le permettre. Ce n’était plus un gamin qui courait dans tous les sens pour se faire sa réputation. Si on faisait appel à lui c’était déjà qu’on avait frappé aux bonnes portes, parlé aux bonnes personnes. Alors, il laissait venir à lui, qu’on le cherche, qu’on lui propose, qu’on insiste même et après, seulement après, il se laissait approcher.

Là, la brune avait su y faire, tirer les bonnes ficelles, prononcer les bons mots, agiter les bons arguments pour que finalement Torvar décide de venir lui rendre une petite visite. Il fallait bien tout ça pour le décider le cosaque et le rendez-vous fut fixé autour d’un feu de camp.
Et il avait apprécié la démarche.
Marre des tavernes où l’on servait des breuvages infectes sous prétexte qu’il était étranger et qu’on pouvait lui refiler n’importe quoi, marre aussi des entrevues cachées dans des lieux plus tordus les uns que les autres sous prétexte qu’on se méfiait…. Torvar avait assez de métier pour se rendre quelque part sans penser à trucider tout le monde. Donc le feu de camp lui plaisait et il s’y rendit tranquillement, l’esprit curieux mais sans plus.

Il ne savait rien de celle qui voulait l’engager et ne voulait rien savoir. Ce n’était pas d’un mariage qu’elle était venue chercher mais d’une association sinon pourquoi embaucher un homme comme lui ? Et ça lui convenait. Moins il en dirait mieux il se porterait. Il laissait rarement les gens avoir de l’emprise sur lui.
Un défaut ? Certainement car au fond, personne ou peu pouvait se vanter de le connaître réellement mais à son âge, il n’allait pas se refaire. Fallait pas pousser non plus. Parfois ça lui arrivait de s’attendrir mais il reprenait vite un visage impassible et surtout il éloignait rapidement les importuns.

L’heure était donc arrivée, le cosaque sauta à terre et laissa Vorobei un peu plus loin sans l’attacher. Fidèle à lui-même, le cheval trouverait de quoi s’occuper durant l’entrevue. Quant aux pas de Torvar, ils se firent lourds, prévenant de sa présence. Ça aurait été ballot de se retrouver avec une épée plantée en travers de la gorge parce qu’il l’avait joué « furtive » cette arrivée-là.

S’arrêtant à quelques pas du feu, face à la brune, Torvar l’observa quelques fractions de secondes, histoire de savoir si elle représentait un danger pour lui. Dernièrement, il avait été attiré dans un guet-apens et bien qu’il se doutait de la chose, il y avait été mais avait pris ses dispositions afin de ne pas arriver seul. Ici tout était différent… mais la prudence était de mise avant tout sinon il ne serait plus de ce monde à l’heure actuelle.


- Il parait qu’on me cherche… que l’on a besoin de mes services ? Ou bien est-ce un leurre pour m’attirer dans le coin et ainsi m’éliminer plus facilement ?

Torvar n’était pas du genre à s'encombrer de fioritures, à faire en courbettes et bienséance. Il s’en tapait de toutes ces mondanités qui pourrissaient le monde. Droit au but, ça fait gagner du temps et de l’argent. Soit la donzelle était surprise et balbutiait quelques mots qui finirait par convaincre le cosaque de foutre le camp, soit elle était d’un caractère comme il les aimait et il se poserait le cul à ses côtés et entamerait enfin une discussion nette et sérieuse avec elle… les secondes de l’attente commencèrent à s’égrainer dans le sablier du temps. Torvar surplombant la brunette de toute sa stature attendait qu’elle se décide à lui offrir de quoi le faire rester.
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Maryah
Vous éliminez ? Ah bah non, si j'voulais tuer d'mes mains quelqu'un, j'aurai pas b'soin d'vos services ! Pis y m'faudrait une échelle pour vous égorger ! Mais bon, si l'idée d'la Mort vous séduit, j'veux bien vous crever à la fin d'vot'mission, ça m'évitera d'vous payer !

Petit sourire en coin. La Maryah quand elle est nerveuse, elle parle. ça lui évite de trop entendre ses pensées. Parc'que la première impression quand même, c'est : "p'tain qu'est c'qu'il est grand ...". Deuxième impression : "rhoooo comment il peut avoir les ch'veux si grisonnant sur des traits d'visage si fins ? Etonnant !. Troisième impression : "tient c'est marrant, c'petit accent". Même qu'elle a envie d'lui répondre avec la même intonation et les mêmes saccades dans la voix, mais il risquerait d'croire qu'elle se fiche de lui. C'qu'elle ne manquera pas de faire un peu plus tard. Bien sûr.
Elle lève son bâton enflammé et illumine les traits de l'homme.


Pas qu'j'veuille vous crâmer, mais j'aime bien voir à qui j'ai affaire. Et si l'regard c'est l'reflet de l'âme comme disent les poètes à Paris, m'est avis que votre âme elle est plutôt glacée, et dure comme le fer. Mais j'vous en prie, installez-vous auprès du feu ... si vous arrivez à plier vot'carcasse ... On va discuter autour d'un grignotage. L'froid, ça m'donne faim en voyage ...

L'air de rien, elle a eu le temps de le scruter l'homme, ses rares mouvements, ses pensées indéchiffrables. Comme ça ... il pourrait faire l'affaire. Grand, costaud, concis. Après, elle lui en d'mande pas plus hein ; elle veut une brute épaisse, qui puisse se faire discrète. Y peut bien avoir deux p'tits pois en lieu et place de cervelle, que ça lui f'ra ni chaud ni froid. Elle l'observe s'installer pour tester sa souplesse. Puis le test continue ...
Elle sert deux godets de gnole de Starkel, et lui en tend un. Voyons si l'messire tient l'alcool ... et soutient la question.



Santé ... Torvar ! Torvar, c'est bien ça ?
On m'a donné vot'nom à plusieurs reprises à Paris. Parait qu'vous travaillez discrètement, efficacement et sans traces ... J'ai b'soin d'un éclaireur, voire pisteur, qui n'hésite pas à tuer si le besoin s'en fait sentir, et qui s'taise, quoiqu'il puisse voir et entendre. V'z'avez l'air ... âgé, mais ça veut pas dire expérimenté ... Vous ... oh pis passons sur l'vous hein ... t'as quoi dans tes bagages ? 'fin comme référence ? Armée ? Milice ? Mercenaire ? Escorte ... Allez parle moi d'toi un peu, gars ...


Bien sûr le premier godet en avait appelé un second et un troisième. Et plus la Maryah parlait, plus elle avait une bonne impression. Le gars était posé, il gesticulait pas d'tous les côtés, il reluquait ni vers son corsage caché, ni vers la bouteille, c'était déja pas si mal. Mais quand c'est bien, c'est souvent étrange. Alors un petit élément de rupture comme le tutoiement pour voir si l'homme allait prendre peur, râler, ou s'étaler en confidences, ça pouvait pas faire de mal.
Coudes sur les genoux, visage dans les mains, petit sourire en coin, et les yeux plantés dans les siens, Maryah attend tranquillement la réponse, observant la moindre contraction d'un muscle, d'une veine, ou le craquement d'une articulation.
Tout en elle insuffle : "allez mon grand ... aie confiance ... sss"

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Torvar
- Si on fait affaire, on évitera de s’entretuer… Non pas que j’n’apprécie pas l’idée mais j’ai encore quelques p’tites choses à faire avant d’aller voir si on veut bien de moi quelque part…

La réponse de Torvar avait fusé aussi vite que la phrase de Maryah avait été prononcée. Cela plaisait au cosaque. Non pas l’idée de clamser à la fin du contrat mais que la donzelle ne soit pas impressionnée par le loup des steppes. D’ailleurs le gaillard s’avança tandis que la brune éclairait son visage. Si ça pouvait lui faire plaisir de voir d’un peu plus près la bête, Torvar la laissa faire. Il avait l’habitude qu’on le détaille ouvertement et s’en moquait vraiment. Ce n’était pas le faciès qui faisait le bonhomme et bien heureusement.

Prenant place face à Maryah, le cosaque plia ses jambes assez prestement et se mit en tailleur. Les nomades comme lui avaient l’habitude des feux de camps et de dormir à la belle étoile. Il était né au coeur d'une de ces tribus qui sont chez elles partout où elles s'installent, faisant fi du confort et de la routine. Et il avait assez d’entrainement pour être encore souple « pour son âge » auraient rajouté les mauvaises langues.

Le regard gris se leva vers l’interlocutrice pour se planter sans aucune honte dans les mirettes de la jeune femme. Et le verre que cette dernière lui offrit ne changea rien à cet instant. Il la tenait à bout de regards et ne voulait pas la lâcher, du moins pas pour l’instant. Même en la remerciant pour le godet qui fut vite avalé.


- Torvar c’est c’là et toi ? J’ai pas encore saisi ton nom…

L’apanage de l’âge, Torvar l’avait tutoyée. Il en avait rien à carrer du « vous ». Ce n’était pas pour eux. A la limite quand il travaillait pour un nobliot qui voulait y mettre les formes… mais là… Mais de son côté si elle y tenait... Donc, les mots étaient posés, sortis sans aucune précipitation afin que l’accent n’offre aucune méprise. Non parce qu’on lui avait déjà faite celle-là et ils seraient partie du mauvais pied elle et lui si la brune avait voulu jouer à ça. Mais pour le moment tout se passait bien, dans la mesure du possible.

On s’observait, on se jaugeait, on se devinait. Des questions fusaient dans l’esprit comme dans l’autre, Torvar en était certain mais il ne voulait pas se raconter. Il voulait voir comment elle percerait la carapace afin qu’ils arrivent à faire affaire et surtout à se faire assez confiance pour travailler ensemble.

Léger sourire sur le visage slave, Torvar lâcha enfin cette jeune impatiente qui voulait tout savoir sans rien payer. Lissant avec lenteur le poil de son menton tout aussi grisonnant que celui de sa tignasse, le cosaque fit mine de réfléchir. Cela donnait l’impression qu’il cherchait ses mots bien que ce n’était qu’une illusion. Si elle essayait de le faire parler, ils allaient avoir un sérieux problème parce que le cosaque était une tombe. Mais bon ce soir, il ferait un effort… oh, petit l’effort. Faut pas pousser non plus. Redressant les épaules, il se racla la gorge avant d’entamer la conversation, appréciant au passage le changement dans les phrases de la brune. Le « Tu » était enfin de mise des deux côtés. On avançait, doucement mais surement et dans la bonne direction.


- Vieux je le suis… et je ne cherche pas à détromper sur la marchandise. J’ai assez de métier pour me permettre de regarder la mort en face et de lui offrir quelque pas quand elle vient me chahuter de trop près… Quant à mes bagages, je pense que t’es trop jeune pour connaitre les batailles auxquelles j’ai participé… Pis de toute manière, c’était pas dans ses contrées… j’ai pas mal voyagé dans mon jeune temps...

Il en connaissait un qui se foutrait ouvertement de sa tronche s'il l'entendait et rien que cette pensée détendit le cosaque. C'était une boutade entre eux, les deux frères d'armes qui passaient leur temps à se plaindre de leur jeunesse perdue... Oui mais ils étaient toujours en vie l'un comme l'autre et ils menaient encore quelques combats pour tenir la forme. En attendant que son esprit chasse l'image de cet ami venu lui rendre visite une fraction de seconde, la main du cosaque se faufila dans la ceinture pour en extirper une pipe qu’il bourra rapidement de quelques herbes qu’il avait sorti de son escarcelle sans que l’on ait pu détecter un réel mouvement de sa main. Puis enfin la dextre s’avança sans trembler afin d’attraper une branche enflammée qui servit à allumer la pipe. Quelques bouffées plus loin et Torvar reprenait sa contemplation tout en humant ce mélange parfait qui embaumait l’air autour de lui.

- Je bosse pour celui qui paie et de préférence bien. Quel que soit le boulot, j’suis pas r’gardant et à vrai dire, j’ai pas à juger. Si tu t’es renseignée sur moi, tu dois déjà savoir pour qui j’ai travaillé, pas besoin de citer de nom.

Si ça ne lui plaisait pas, tant pis. Il repartirait comme il était venu. Après tout, il ne la connaissait ni d’eve, ni d’adam alors qu’elle ne compte pas obtenir ce que certains mettaient tout une vie à savoir.
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Maryah
Elle l'écoute. Elle le jauge. Elle s'écoute aussi. Lui, elle ... ça la dérange pas. Y a des présences qui vous dérangent. Lui non. Y a des regards qui vous perturbent. Lui non. Y a des demandes un peu trop excessives. Lui aucune.
De toute évidence, il tient l'alcool , pas de rougeur, pas de discours incohérent, ou gras .... Il n'a pas l'air de se laisser déstabiliser ou perturber, ni par le "tu", ni par le "gars". A priori, il n'est ni vantard, ni revanchard, ni bavard. Le Garde parfait. Il bosse, elle paie.

Petit sourire en coin. Il vient de faire un sans faute. Elle se frotte les mains glacées, et lui tend sa dextre.


Tu me plais, c'est toi que je veux. Moi c'est Maryah. ça m'plait assez qu'tu viennes d'ailleurs, c'est mignon ton accent ...

Et toc ! ça s'est fait. On va voir si l'homme est susceptible ou s'il fait l'coup d'la vierge effarouchée qui ne se sent pas respectée. En même temps, venant d'une femme comme Maryah, à la peau dorée et aux yeux tirés, tout droit sortie d'un livre qui parle du Royaume de Majapahit et du port des épices hein ... Bah ouais mais y en a qui prennent la mouche pour un rien, ou qui chouinent ...

Que peut-elle lui dire hein ? Trier tout ce qui est compromettant. Tout ce qui pourrait faire faire demi tour à l'homme. Tenter de cacher à quel point elle est effrayée d'avoir recours à quelqu'un, à quel point elle est dans l'incapacité de faire confiance à un homme, et à quel point elle est empêtrée sur son chemin vers le passé. Elle boit, une gorgée, toussote, lève un regard vers la nuit qui descend un peu vite à son goût.



T'as un cheval ? une épée ? une tente ?
J'prends en charge les frais d'bouffe et d'boisson, sauf si t'es pochtron d'naissance. 50 écus au départ, 50 écus pendant la mission, et 50 à la fin. Y a quelques personnes bien placées qui savent que j'dois prendre la route avec toi, alors cherche pas à m'voler et m'étriper au bord d'un ch'min. Ils sauraient te retrouver. Tu bouf'rais ma viande séchée et en plus j'promets d'revenir te hanter. Pigé ?


Faut pas rêver hein, faut s'assurer du moindre détail, parc'qu'à l'époque des charlatans et des mercenaires pourris, c'est pas c'qui manque. Et ce gars là, quand il déploie sa carcasse et qu'il plante ses deux aciers dans vos p'tits yeux, on sent qu'il n'est pas marrant. Et qu'il n'est pas là pour faire semblant. Le genre de gars qu'il vaut mieux avoir de son côté.
Avec ce genre d'animal, c'qu'il faut c'est éviter de sentir la peur, montrer comme on est à l'aise. Alors la Maryah s'adosse au tronc d'arbre, plie ses genoux qu'elle enserre contre sa poitrine, et le regarde à nouveau.


La Mission est simple, on quitte Paris, on fonce sur le Berry. De là, on recherche mon amie et son petit. Ils sont en planque. Faudra fouiner sur place, au besoin ça j'sais faire. Sur place, j'vais avoir besoin d'toi un temps ; mission d'protection basique hein. Rien d'bien compliqué mais on risque de tomber sur des gens un peu ... sanguins. Et moi, faudrait qu'j'évite de voir du sang ...

Petit sourire gêné. Mieux vaut qu'il croit pour le moment, que comme une gentille p'tite femme de salon, elle a peur de la vue du sang. Mieux vaut ça pour le moment que de savoir qu'il va avoir affaire à un clan de Sanguinaire. ça doublerait voire triplerait le montant ... et ... gné papotib' ! Surtout ne jamais demander s'il y a des questions.

Alors ? ça marche ?
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Torvar
Elle le jaugeait, il ne bronchait pas. Bien au contraire, il la fixait. Ses perles grises détaillant chaque mouvement qu'elle pouvait faire, de la tête aux pieds, du bout de ses doigts à ses belles mirettes qui, il le sentait, se faisaient leur avis sur le bonhomme.

- Content que tu me veuilles… Pour le prix, je ne discute pas. Ça m’a l’air réglo… Quant à t’étriper, te tuer, t’écorcher, te pendre même par les pieds… me crois-tu assez con pour tuer la poule aux œufs d’or avant d’avoir touché mon dû ?

Elle le prenait pour qui la donzelle ? Qu’elle en parle à qui elle voulait, il n’avait pas pour habitude de se retourner contre la main qui le nourrissait. Fallait en tenir une couche pour en arriver là et Torvar ne touchait pas encore le fond.

- Pour ce qui est du cheval, épée, tente et petits accessoires dont je pourrais avoir besoin, ne t’en inquiète pas. J’ai ce qu’il me faut et je ne demande ni l’aumône, ni la charité. Je n’ai pas pour habitude de venir pleurer dans les jupes des donzelles afin d’obtenir quoique ce soit… Et pas touche… ce qui est à moi est à moi…

Ah le vieux cosaque. On ne le referait pas. Il avait toujours vécu ainsi et il mourrait ainsi. Rien ne pourrait adoucir son tendre caractère qu’il dévoilait légèrement à la jolie brune qui se trouvait devant lui. Il s’était toujours débrouillé par lui-même et ce n’était pas aujourd’hui que cela allait changer. Relevant le visage dans la direction de Maryah, il attendit pour voir si elle allait relever mais la jeune femme se cala contre un arbre, genoux repliés dans ses bras. Une certaine fragilité passa sur son visage. Fragilité qu’elle chassa certainement très vite car Torvar eut l’impression d’avoir rêvé un instant, un court instant.

- Des sanguins… sympathique, je pense que j’aimerais bien faire leur connaissance…

Si l’un d'eux bougeait, il taillerait dans le vif. Il ne faisait que rarement de quartiers le cosaque alors s’il y avait des envies de meurtres de part et d’autre, cela risquait de devenir amusant… Par contre, quand Maryah lui balançait qu’elle devait éviter de voir du sang, Torvar leva un sourcil. Il n’était pas fort dans la nature humaine mais la brune ne semblait pas faire partie de celles qui sont si maniérées qu’elles devaient éviter toute émotion forte… Soupir retenu… les bonnes femmes et leur satané différence... Pourtant à la regarder, la brune semblait bien le contraire… enfin il aurait surement le fin mot de l’histoire plus tard, quand ils auraient appris à se connaitre, à s’apprécier pour mieux se détester. Rares étaient les femmes qui côtoyaient Torvar longtemps sans avoir envie de l’écharper alors celle-ci rejoindrait sans aucun doute la légion qui avait à sa traîne.

La voix de Maryah le sortit de ses réflexions. Il l’observa une fraction de seconde avant de tendre sa main dans sa direction.


- Ça m’va, marché conclut. Mais une dernière recommandation… n’essaie pas de me faire un p’tit dans l’dos… je n’ai besoin de personne pour régler mes comptes… personne ne sait avec qui je pars ni ce que je vais faire mais je retrouve toujours ceux qui m’ont trompé…

Un petit avertissement déguisé. Elle avait lancé les hostilités, il lui rendait la pareille. Pas besoin d’escorte, d’amis, de frère ou de n’importe quoi pour l’aider. Torvar n’avait pas d’état d’âme lorsqu’il s’agissait de lui, des siens ou de son travail. Advienne que pourra dans cette entente presque irréelle.
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