Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP Fermé] Les adversités font les bons amis. (I)

Quentin_locke
Une soirée de plus à l’Aphrodite, bordel luxueux et mystérieux où le Griffé se plait à se remplir et à se vider les bourses. Sortant à peine de l’Enfumée, sa main enroulant délicatement la taille d’une amante éphémère, Etienne lui offre un ultime baiser avant de se détacher d’elle une fois la somme en main. Un verre pour l’Essoufflé, d’absinthe évidement. Le pas las, la chevelure ébouriffée et le parfum charnel et féminin sur lui, Etienne s’avance jusqu’au comptoir dans l’espoir d’être servi rapidement.

C’est la fin de soirée, son corps et son esprit d’ailleurs le ressentent. Une main se pose sur son visage, descend jusqu’à sa nuque qu’il masse fermement. De sa bouche s’échappe un soupir de béatitude alors qu’il vendrait père et mère pour bénéficier d’un massage de qualité.

Ces jours-ci, les choses s’étaient accélérées, l’agression de sa sœur, la paperasse qui le condamne à rentrer à son domaine, les combattants qui au cœur de l’arène deviennent bien plus fourbes et virulents, sans compter cette attirance pour le Félin qui n’a de cesse de lui ronger les tripes et lui retourner les sangs. Ecœuré et envieux, réticent et possédé, coupable et rassasié, le Griffé ne savait que faire de ses sentiments et sensations si opposées et malveillantes qui troublent son esprit et ses convictions.
A chaque passage à l’Aphrodite, son regard vairon croise celui du comptable et sa main aussitôt se serre sous l’impulsion de haine et de dégoût qu’il lui évoque alors que son bas ventre et ses tripes s’étreignent d’un empressement pervers. Quand il s’active avec une cliente, qu’il sent entre ses doigts la chevelure douces et féminines bouger au rythme de ses vas et vient, il ne peut s’empêcher de sentir en lui, monter une vague de plaisir alors que leurs regards se croisent. Ils se répugnent et pourtant…

Le verre se pose contre le bois et ce bruit caractéristique le ramène à la réalité. La cliente est encore à ses côtés, sa main glissée contre sa taille, griffant sa chair pour lui rappeler qu’il est encore à elle si elle le désire. Cette brune en a les moyens, Etienne le sait et son regard néanmoins se perd vers les chambres et la porte d’entrée. Il aspire à ce qu’elle s’écarte de lui, qu’elle ne dépose pas à nouveau une bourse pleine sur le comptoir. Il n’en a nullement l’envie, son esprit peine à rester concentré sur la durée et les causes en sont multiples. La main abimée de la cliente se laisse aller au zèle et descend jusqu’au ceinturon du Griffé, les phalanges glissent et tentent de reconquérir une terre déjà souillée. Toutefois alors qu’elle effleure les limites, Etienne saisit fermement sa main pour la lui reposer sur le comptoir. Il est à nouveau froid mais posé alors qu’il murmure quelques mots à la donzelle. Je suis au plus offrant ne l’oubliez pas, douce féline.

A son regard Etienne comprenait qu’il venait de provoquer de trop la cliente qui aurait pu lui répondre avec une bourse pleine et un claquement de doigt. Pourtant, elle ne fait rien et se contente simplement de lui offrir un verre et une promesse, celle qu’elle reviendrait pour lui et ses coups de reins et qu’elle aimerait cette fois qu’il enfonce ses ongles dans son échine jusqu’à faire perler son sang sur sa peau. Le noble se contente de sourire poliment et de venir tâter son arrière train.
Elle aura ce que l’argent demande, il ne fera nullement son difficile. Les deux verres avalés, la cliente finalement retrouve l’entrée de l’Aphrodite et la chaleur d’une veste. Enfin, le Griffé peut se reposer quelques secondes…La pression doucement retombe alors qu’il ne peut retenir quelques vannes et piques aux courtisanes. Le "Salaud" est un surnom qui doit se mériter, la gentillesse est rare tout comme les parcelles de peau intactes.

Soudain, alors que la porte s’ouvre pour laisser repartir cette proie, une autre ombre apparait, plus discrète, cachée dans l'angle. Il connait ce visage, ces courbes, ce teint allé et ces iris sombres...Axelle.
L’Artiste qu’il avait rencontré quelques jours plus tôt dans la capitale, celle-là même que le Griffé avait invité dans sa demeure pour lui faire le portrait et qui lui avait laissé un goût d’inachevé.Elle était là, dressée devant lui et sur ce visage où il s’était plus à y lire le plaisir, la fierté et l'assurance, il n’y découvre que l’étonnement et la déception.
Depuis combien de temps était-elle ici lieu à l'observer ? Que faisait-elle ici ? Cette déception est-elle de le savoir Courtisan ?
Perplexe, Etienne reste immobile comme en suspend. Le Griffé avait essayé de la retrouver depuis son invitation mais en vain, pourtant la voici à l’Aphrodite, au cœur même de la Maison Haute. D'ailleurs, elle semble être à son aise, peu surprise par le décor et pourtant il ne l’avait jamais vu ici lieu…Était-elle une habituée ? Une cliente ? L’Artiste employée par l'Aphrodite ?

Après un moment de silence, les mots enfin sortent de sa bouche. Bien plus qu’un nom, c’est un appel, une interrogation à l’adresse de celle qui déjà tourne les talons pour prendre la porte.

- Axelle ?!Le comptoir est abandonné, il ne peut la perdre de vue une deuxième fois. Son service est fini, il a épuisé son jeu.

_________________
Axelle
Depuis plusieurs jours, la chambrée claire de l’auberge proprette était son unique horizon, dédaignant jusqu’au capharnaüm de son atelier. Cloitrée volontaire au milieu de ses doutes et de ses peurs.

Comment cette abomination était-elle permise ? Comment était-elle autorisée à être berceau à nouveau, elle qui avait abandonné son enfant à la naissance, lui refusant jusqu’à l’obole d’un simple regard ? C’était indigne, c’était cruel, d’attribuer d’office le fardeau d’une génitrice incapable d’être mère à une minuscule bulle à peine vivante et pourtant déjà si innocente.

S’affligeant quand elle était traumatisée par un abandon imposé, ses heures s’écoulaient à compter les lattes de plancher séparant le lit défait à la table dépouillée, cherchant à se persuader que cette fébrilité toute particulière était étrangère aux premiers caprices d’une grossesse neuve. Le déni était vain. Axelle sentait, savait, reconnaissait cette vie accrochée au creux de son ventre, sans l’ombre d’un doute. Et elle en était terrifiée, horrifiée, se haïssant de son inconscience. Et lui ? Le simple fait d’envisager lui avouer était tant impensable qu’elle ne tentait pas même de deviner sa réaction, espérant juste que le malaise diffus qui accaparait son corps disparaitrait comme les limbes d’un mauvais rêve s’attachant à ses frusques. Et les jours s’envolant, le funeste dessein prenait forme, sa pitié passerait par l’anéantissement, contre-pied à un trop plein de cruauté insupportable. Fleur était sa solution. Du moins se persuadait-elle que son amie, fée des potions, avait entre les mains le pouvoir de faire un ange de son tortionnaire embryonnaire. Alphonse n’en saurait rien et, demain, elle reprendrait sa vie avec une légèreté feinte.

Si elle avait réussi à s’extirper de sa retraire dans un regain de hargne, rien ne s’était passé comme elle l’avait souhaité. Après des heures d’attente à l’affut dans la droguerie de la maison basse, l’évidence était là, Fleur était absente et, à en juger par la couche de poussière voilant ses bocaux multicolores, les pas de la Corléone n’avaient pas franchi le seuil de cette porte depuis bien longtemps. Pourtant, incapable de se résigner, la gitane longea les couloirs de la maison basse pour, sans ne plus rien craindre d’autre que ce qui se tramait dans son ventre, pousser exceptionnellement la porte de la maison haute en pleine nuit.

Le parfum lourd du bordel se referma sur elle sans pourtant n’avoir aucune emprise. Ignorant le luxe des tentures et sourde aux chuchotements extatiques, son regard fouillait fébrilement le salon en quête d’un seul visage, celui mutin de l’Empoisonneuse. Mais ce fut un autre visage qui l’accrocha avec véhémence.

Etienne.

Son cœur bondit dans sa poitrine sous la surprise de le revoir quand elle le pensait perdu, laissant ses lèvres furtivement se retrousser d’un sourire mort avant même d’avoir pu fleurir. L’attitude de la femme à ses cotés ne laissait aucun doute sur la cause de ses cheveux en désordre. Courtisan ou client ? La question n’eut que le temps de frôler l’esprit embrumé de la peintre que la réponse s’affichait. La femme partait. Lui restait. C’est lui qui se vendait. Qui vendait son corps, ses baisers, ses soupirs et ce membre fougueux qu’elle avait senti pressé contre elle. Contre une toile, à elle, il avait vendu quelques brides de son histoire. Contre une bourse pleine, à d’autres, il vendait son ardeur. Cela ne l’aurait pas émue outre mesure quand elle apprivoisait doucement la démesure de la débauche, si ce n’avait été à l’Aphrodite même que le Vairon monnayait son gout sulfureux et la chaleur de son souffle.

« Oui, son regard. Il est difficile de ne pas s’y abimer »

Les mots articulés par Alphonse lors de cette soirée vertigineuse claquèrent à ses tympans alors que le regard chavirant d’Etienne découvrait sa cachette. Et la nausée aigre envahit sa gorge. Elle commençait à trop bien connaître Alphonse pour ne pas enfin comprendre la portée de ses mots et son regard lourd posé sur le portrait. Son amant, père de ses tourments et cet Autre, unique à avoir été autorisé à faire naitre un désir velouté au creux de son ventre, partageaient bien plus qu’une vague connaissance.

La bile l’étrangla, et elle tourna les talons avec vivacité, pressée par le besoin impératif de sentir l’air frais glisser dans ses veines pour calmer son malaise. Derrière elle, la voix qui l’avait fait frémir retentit, sans qu’elle ne s’arrête, sans qu’elle ne se retourne
pas ce soir, non, pas ce soir et elle s’engouffra dans le froid de la nuit laissant la lourde porte se fracasser sur son passage, les oreilles bourdonnantes, inconsciente des ombres hantant la ruelle sombre, s’éloignant jusqu’à s’adosser, haletante contre un mur humide et froid. Alors qu’elle espérait se reprendre, une silhouette noire souffla le peu de lueur de la venelle, la forçant à relever le museau…

_________________
L_envieux, incarné par Quentin_locke
Les putains de quartier, rien d’affriolant, de séduisant en soit. Elles ne sont là que par dépit ou contrainte, la gueule souvent refaite par celui qui les protège et leur pique la moitié de leur butin. La chair est bonne pour certaine, encore ferme mais le jardin trop souvent visité n’a plus aucune étreinte, à un tel point que le gueux n’en peux plus. Pourtant l’envie est là et elle lui lance même dans le bas ventre. Son regard se perd alors vers ce bordel dans lequel s’engouffre des membres de la haute et duquel ne s’échappe que rarement quelques putains sans escorte. Il en a déjà vu, elles sont belles, fraîches, le minois bien fait et non refait et vu leurs apparats, elles doivent exceller dans leur domaine de prédilection.
Alors parfois, il espère que l’une d’entre elles sortira de cette Maison pour s’en occuper et prétendre ainsi à autre chose que celles qui en plus de l’ennui, transmettent non sans mal quelques champignons ou autres infections bien brûlantes et incommodantes. Une fois d’ailleurs, il avait failli goûter à la délivrance en suivant l’une d’elles mais malheureusement un homme la suivait de près…Pourtant, cette nuit est celle qui le récompensera de tant d’effort et d’attente. Il n’avait pas prédit cette opportunité mais il comptait bien s’en accommoder et ne pas la laisser filer.

Alors qu’il voit l’Artiste sortir du bordel, il ne peut résister à l’envie de suivre ses pas à distance afin de s’assurer qu’elle n’est pas sous escorte. Malheureusement, elle l’est. Un homme la suit, il semble légèrement agacé et ne cesse de clamer son nom afin de l’interpeller mais cette dernière fait la sourde oreille…Les femmes et l’art de se faire désirer.

Elle s’engouffre dans une ruelle pour s’isoler, pour ne pas que l’autre la repère mais malheureusement pour elle, l’Envieux connaissait ce cul de sac pour y avoir secoué une putain il y a un ou deux jours. Le gueux ne dit rien, se glissant contre le mur à l’affut, il se fond dans l’obscurité et profite de l’ombre pour s’emparer d’une pierre qu’il empoigne fermement. L’homme la retrouve finalement, légèrement essoufflé mais alors qu’il retrouve son souffle et ouvre la bouche afin de glisser quelques mots à l’attention de la courtisane, le gueux décale vivement ses appuis, se fondant dans son dos afin de lui assener un coup brutal à l’arrière du crâne. Il n’a droit qu’à une seule chance et ne loupe pas son office. Surpris, trahit, le noble s’écroule telle une masse informe sur les pavés de la capitale. Un poids s’efface et l’appétit du gueux est décuplé. Enfin…Enfin, il peut goûter à ce luxe que se réserve les nobles qui n’ont de cesse de le narguer.

Le bas ventre brûlant d’envie et d’adrénaline, il s’avance d’un pas décidé et néanmoins troublé vers sa proie et alors qu’elle perd quelques paroles, le gueux savoure sa voix, si fragile, si frêle. Sa main recouverte de gants aussi sales qu’odorants se pose sur la bouche de la putain alors que l’autre s’empresse de défaire les liens de ses braies. L’envie découvre la fraîcheur nocturne pendant que ses paroles se perdent à son tour, menaçantes. Enfin, je peux toucher l’une d’entre vous…Combien de fois vos courbes m’ont nargués, les putains ici ne valent rien mais…Enfin…Enfin j’en ai une…Je t’ai toi et crois-moi, tu vas prendre pour tous ces moments de frustration. Aussitôt dit, aussitôt fait, la main libre relève les jupons et ses doigts griffent, pétrissent fesses et cuisses avant de venir s’enfoncer dans ce jardin déjà bien plus entretenu et étroit. Arrête…De bouger…Putain ! La bougresse malgré tout se débat, hargneuse et violente. Les dents s’enfoncent dans ses gants, lui arrachant un râle de douleur et pire encore, ses coups de bassin, de pied qui s’égarent n’ont de cesse de l’empêcher à atteindre son but et à découvrir par lui-même, l’étendu de cette étroitesse et chaleur.

Elle l’agace, l'insupporte et l’envie se fait bien trop pressante pour qu’il joue dans la finesse. Le gueux risque de se faire choper s’il continue à perdre du temps, il lui faut passer à l’acte et rapidement avant que l’autre ne reprenne connaissance. Tant pis pour elle ..Tu l’as cherché ma belle…J’aime quand les femmes s’activent mais là, tu m’ennuies de trop…Je saurai me faire plaisir, même sans tes coups de reins consentants. La main relâche donc sa bouche pour venir rapidement s’emparer de sa tignasse.

Un cri d’alerte s’échappe, rapide, vif, prenant de court le gueux qui dans l’angoisse d’être vu, se fait désordonné et brutal. Sans réaliser la puissance de son coup, le stress guidant son geste, il vient frapper la tempe de la putain contre le mur.

Sous le choc, la putain perd aussitôt sa stabilité, se laissant couler telle une poupée le long du mur forçant le gueux à la rattraper et à la manipuler à sa guise. Il s’agenouille donc, laissant le corps de la poupée se recroqueviller naturellement. Plus stable, plus propice à l’acte, il relève paisiblement ses jupons et s’offre sa croupe. Il aimerait savourer la vue, l’instant, le galbe de ce fessier, la courbure de cette échine mais il ne peut s’offrir ce luxe…Il a déjà forcé le destin en s’offrant un présent qui dépasse de loin ses ressources. Une main encrée contre sa hanche, l’autre guidant son intimité vers la sienne, le gueux donne un coup de rein brutal afin de s’engouffrer en elle.
Ho….fichtre…que c’est bon…
Le bassin s’active, chahutant le corps inerte de la putain alors qu’il découvre de son autre main les courbes alléchantes de la putain. Il passe outre la cicatrice qu’il a senti sous ses doigts et s’agrippe à l’un de ses monts…Le plaisir est vivace, violent et pourtant, il veut savourer encore l’instant. Pas si vite…pas si vite…Pas de suite…En effet, il n’a pas passé tout ce temps à espérer pour finir si vite son travail…Non, il veut savourer, en avoir pour son argent comme on dit. Son intimité alors se retire donc de cette antre pour profaner un autre temps…Il sent son cœur s’arrêter tant il est comprimer et pourtant, malgré l’envie, il prend son temps…Insouciant, oubliant qui reprend ses esprits à côtés…
Axelle
Pour fuir, mieux vaut éviter de se refugier dans un cul de sac.

Axelle n’avait qu’une seule excuse à ce manque évident de discernement, son trouble ligué à son inaptitude à concevoir que les pas du noble puissent suivre les siens, persuadée que cette rencontre, fruit du hasard, était déjà si lointaine dans l’esprit du Griffé qu’elle était oubliée, perdue entre bien d’autres visages, peut-être pas plus beaux, mais plus apprêtés, au langage châtié, aux manières délicates, à la peau claire comme il se devait. Certainement aurait-elle du s’en trouver flattée, mais elle n’était qu’affolée, boule de nerfs à vif, en proie à une réalité qu’elle ne savait plus contrôler.

Et il était là, à quelques pas, prêt à lui parler et elle prête à lui demander de ne rien dire, quand un éclat sourd la fit sursauter. Etienne s’écroulait, la laissant pétrie de stupeur, incapable de réaliser encore ce qui venait de se jouer sous ses yeux quand des pas lourds se mêlaient pourtant à sa propre voix l’appelant. Elle esquissa un mouvement pour se précipiter vers lui, angoissée, inconsciente de l’ombre puante qui pourtant s’avançait. Le temps s’étirait alourdissant ses reflex et muselant son instinct dans ce réel improbable.

Mais le temps était bien traitre, et frustré d’avoir perdu son cours, s’accéléra soudain avec une cruauté indécente.

Cette ombre qu’elle a dédaignée emprisonne sa bouche de son gant infect et puant, brisant net son souffle et décuplant sa nausée avec fureur. Acculée au mur, ses yeux naviguent effrayés et surpris sur le visage qui se dessine à peine dans l’obscurité jusqu'à s’échouer sur la main dénouant les braies loqueteuses. Et elle comprend. Enfin.

Elle veut à crier, mais ne parvient qu’à siffler une révolte étouffée. Elle veut déchiqueter, mais la frayeur la broie quand sa dextre alarmée découvre sa ceinture nue de sa lame. Elle réalise qu’elle est proie désarmée et vulnérable. Idiote. Tant au prise à des doutes si dérisoires à cet instant là que son couteau trônait, oublié, sur le chevet de sa chambrée. La peur la suffoque, son cœur s’emballe à lui faire mal, éclatant à ses tempes avec force ahurissante. Les insultes et les promesses d’enfer s’abattent sur elle quand la main blasphème la touche, s’offre ce dont elle n’a pas le droit, l’humilie, vole sa peau. Elle se cabre, futile furie, mord, griffe crache, et quand la main crasseuse s’approprie déjà son intimité, ses yeux roulent de fureur, entrainant tout son être à se rebeller encore, avec la force du désespoir. Un souffle d’air frais glisse à ses lèvres, une chance furtive qu’elle ne laisse pas filer et crie. Mauvaise idée. Peut-être aurait-elle finalement du se laisser faire. Si le cri à été aigu, face au fracas explosant dans sa tête, il n’est que miaulement de chaton malade quand sa tempe s’abat sur le mur avec trop de force. Un voile noir l’entraine, elle tente de s’en échapper mais son corps s’y refuse et tous ses sens s’effacent pour ne laisser qu’une odeur de souillure immonde.

La gitane qui s’était tant jouée des hommes à leur faire miroiter ses faveurs et ne leur offrait que ses jambes agiles détalant dans une course railleuse et riche de leurs bourses s’était faite avoir à son propre jeu avec un décalage sournois.

Elle sent confusément des mains difformes, telles des serres de rapace s’ancrer à sa chair, l’air froid s’enrouler à ses cuisses offertes, s’inviter à ses nymphes telle une glace de mauvaise augure. Et le serpent la dévore, faisant ricocher son corps contre le mur comme s’il s’agissait de celui d’une autre. Si, dans les lambeaux de conscience qui lui restent, elle hurle le prénom du Griffé, sa bouche reste lamentablement inutile, légèrement entrouverte sur un souffle métallique et incertain quand la seule trace tangible de cette vie souterraine glisse sur ses joues, larmes brillantes éclairant les yeux ouverts sur un vide béant, noir, douloureux. Alors elle abandonne, refuse de subir encore la souffrance qui enfle dans sa tête, l’ignominie infligée à son corps, la salissure à son âme, et se laisse emporter par les battements de son sang tambourinant furieusement à ses tympans et s’évade dans l’inconscience d’une boue dijonnaise, troquant un cauchemar pour un autre….

_________________
Quentin_locke
Elle s’échappe, accélère le pas et Etienne tente de ne pas perdre sa trace. Poursuivre une femme, voilà bien une conduite qui ne lui ressemble nullement et qui a le don de l’agacer au plus haut point. Pourtant, il s’inquiète et s’exécute, suivant ses pas, le souffle légèrement entrecoupé. Elle s’égare dans les ruelles et finalement disparait dans l’une d’elle. Les sourcils se froncent alors qu’il s’engage à son tour dans le cul de sac, ignorant jusqu’à la présence de l’agresseur. Axelle…A quoi joues-tu ?
Pas le temps de savourer la réponse que son crane est violemment heurté par il ne sait quoi. Le choc est tel qu’il sent aussitôt ses jambes fléchir sous son propre poids. Un coup bas, une attaque de traitre, de gueux…Cela n’engage rien de bon. Vol ? Il n’a pas un rond sur lui…Axelle !...Les yeux se ferment alors qu’il sent la douleur à l’arrière de son crane se préciser. Attaque violente, Etienne n’est qu’un pion écarté de l’échiquier dont la pièce maîtresse, celle qui attise l’intérêt et les convoitises n’est autre que la Dame.
Trou noir.
    Fuis…Axelle…Fuis….

Dans les songes, il perçoit les plaintes du gueux, imaginant non sans mal le tourment de l’Artiste. Elle n’a pas pu fuir, elle n’en a surement pas eu l’occasion. Désormais, elle est sa proie, celle d’un désir bien trop pressant pour être consentant. Il ne perçoit plus la voix d’Axelle, aucune plainte, aucun gémissement de douleur. L’inquiétude alors le ronge, était-elle encore consciente ?...Rien n’est aussi sûr finalement. Il espère qu’elle se plie à sa volonté, qu’elle subit en silence pour s’éviter de recevoir des coups brutaux mais il n’est pas sot, elle a déjà du essayer de se débattre. Comment pourrait-il en être autrement après tout ?

Finalement, les yeux s’ouvrent et la douleur autrefois oubliée l’assaille avec force. Aussitôt, la vision troublée, il porte sa main à l’arrière de son crâne pour finalement ne constater qu’une infime présence de sang. Prenant appui sur ses avant-bras, le buste se redresse et les vairons finissent par entrevoir la réalité qui se dessine sous ses yeux. Axelle n’est plus qu’une poupée, recroquevillée sur elle-même, la croupe surélevée, le corps balloté sous les assauts du gueux qui libère à chaque coup de reins une plainte rauque. Il la prend sans ménagement, bafouant ce corps qui ne mérite aucun de ces maux. La rage aussitôt l’envie, mêlée à la crainte de l’avoir perdu…

Sans un mot, sans un bruit, le Griffé relève l’échine et l’ensemble de son être pour se glisser derrière le gueux. Plus il s’approche plus il se fait happer par cette odeur charnelle et déroutante. Il pue la sueur et le vice à des lieux et pourtant ce n’est qu’au-dessus de son épaule qu’il saisit la violence de cette flagrance. Les iris se figent un instant alors qu’il découvre le visage d’Axelle ainsi que cette tempe ensanglantée. Fils de chien. Crevure. Les mains du Griffé se portent aussitôt sur la gorge du gueux pour l’enserrer avec force. Il ne lâchera pas sa proie, ne lui offrira aucun répit, aucun souffle.

Crève…

Le corps s’écarte aussitôt de l’Artiste, interrompu dans son action pour s’éloigner de la jouissance finale. Sous ses doigts la trachée se devine, se sent et la glotte est volontairement écrasée sous le poids de ses phalanges. Le gueux se débat avec hargne, repoussant alors les deux corps à même le sol. Ainsi allongé sur lui, le Griffé peut affirmer sa prise et bloquer ses jambes à l’aide des siennes. Il a déjà retiré la vie sur des champs de bataille, dans cette arène où il récupère quelques maigres butins mais ce soir, l’enjeu est autre. Aucune gloire, aucune patrie, aucun prix sinon celui de venger le sort d’une femme dont le corps et l’esprit seront à jamais meurtri. Ces bougres, ces assoiffés, Etienne ne peut tolérer jusqu’à leur existence même. Ils avaient essayé de toucher à sa sœur mais il était intervenu à temps…Sauf pour Axelle finalement. Alors que le corps commence à faiblir, les yeux d’Etienne se posent sur les courbes de l’Artiste. La pause n’est plus, le corps s’est laissé glisser tout contre le sol, pour en épouser les pavés et en saisir la fraîcheur.
    Désolé…Désolé de ne pas être intervenu à temps.

Une dernière plainte est abandonnée alors que le souffle n’est plus. Un dernier râle d’adieu et les muscles d’Etienne se relâchent. Ils le brûlent tant ils se sont tétanisés sous l’effort et la dureté de la tâche. Néanmoins, il n’a pas le temps de les soulager, il faut encore transporter Axelle à l’abri…Doucement, le Griffé se rapproche d’elle et bascule son visage en arrière afin de sentir son souffle se glisser dans le creux de son oreille. La poitrine se soulève, la chaleur se dégage de sa bouche, elle est en vie. Soulagement.
Axelle…Tu m’entends…C’est fini…fini. Il n’est plus…Je te conduis chez moi. Repose toi mais reste avec moi…N’abandonne pas. On y est bientôt.
Un bel euphémisme alors qu’il tente tant bien que mal d’interpeller une voiture pour se rendre à sa demeure alors que ses bras sont chargés de son corps à moitié endolori. Finalement, après quelques écus bien placés, Etienne arrive à bon port. Aussitôt la porte est-elle ouverte qu’un serviteur s’empresse de l’aider et d’allonger l’Artiste dans la chambre réservée aux invités. Des linges propres, des bassines sont ramenés avec hâte alors qu’il demande à l’une de ses servantes de s’occuper de la toilette d’Axelle. Il n’a pas eu l’occasion de s’emparer de sa chair et ne compte nullement la découvrir dans ses conditions. Un médicastre est réquisitionné pour l’occasion et les heures défilent sans que la pression d’Etienne ne retombe.

- Elle va bien mais le choc au crane a été bien trop violent pour qu’elle n’en garde aucune séquelle. Pour ce qui est de l’enfant…Il n’aura rien. Il lui faut beaucoup de repos et éviter de trop bouger pour que les plaies puissent se panser d’elles-mêmes. J’ai de l’onguent qu’elle pourra se poser afin d’aider à la cicatrisation. Évitons les saignées, je n’ai jamais été pour ces pratiques.
Dites...Vous voulez que je vois pour votre plaie ?

- Hum ?...Non…Cela ira.

Les mots défilent et pourtant, dès que le terme d’enfant fut prononcé, Etienne en oublia les autres. Enceinte ?...Axelle était enceinte…et ce gueux avait osé la violer. Choqué, il finit par s’allonger à ses côtés, reposant simplement ses bras autour d’elle. Pas de geste déplacé, simplement sa présence à ses côtés pour son réveil. Vaincu par la fatigue, les iris se ferment et dans son sommeil troublé.

_________________
Axelle
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)