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[RP fermé] La parole est d'argent, le silence est d'or*

Dacien2
*Proverbe hébreu.

Ce soir là, après une longue discussion avec sa Brune, il la laissa finir de se préparer pour la nuit qui avait l’air de se montrer plus chaude que les autres. Ce soir-là, Dacien n’était pas désireux d’entrevoir une coucherie pour le plaisir. Non, il n’avait pas envie. Pourtant, cela était bien rare. Lui, d’habitude, disposé à apporter plaisir à qui le voulait, là, pour le coup, il était tout chamboulé.
L’Arrogant claqua la porte de la chambre de Cersei. Il stoppa une seconde, son regard porté vers le salon du Bordel pour voir ce qui pouvait bien se tramer encore. Quelques clients, rien de bien affriolant. En ne participant pas à cette nuit, il ne louperait rien.
Il avança d’un pas presque conquérant. Pourtant son visage était baissé. Il ne voulait pas voir le minois du Barman et pour cause. Dacien avait décidé de l’éviter le plus possible. Ne rien dire, ne rien faire, ne rien voir. Cela valait pour lui et encore plus pour Adryan.

Le Brun Narcissique aurait tellement souhaité lui souffler ce qu’il ressentait mais cela resterait sans retour. Le Nobliau n’était pas un homme qui aimait les hommes et pire, cette perspective le rebutait. Il avait pu s’en apercevoir au grès des mois qui venaient de s’écouler. Dacien ne tenterait rien, ni ce soir, ni jamais.
Le Fier traversa la salle et passa devant le comptoir, sans un geste pour personne, sans un mot, avide de tout et la tête baissé, ne regardant que ses pas qui dévalaient la moquette sous ses pieds à une allure folle. Il regagnait l’autre couloir, là où se trouvait sa chambre.

Le battant fut atteint. Un soupir se dégagea de son être. Il ouvrit la porte et la referma tout aussi vite derrière lui. Ce soir-là serait composé de mélancolie et de déception comme il n’avait jamais connu jusque là. Son intérieur souffrait alors que son extérieur montrait tout le contraire. Le Flamand avait bien constaté que cet amour n’était pas celui de la pacotille. Sans le vouloir, Alphonse l’avait blessé. La ricanerie sur son compte de ce sentiment naissant ne lui avait guère plu. Mais le Patron, que pouvait-il comprendre à cette expression qu’il ne devait guère connaitre. Lui il n’allait que là où le vent le portait. C’est-à-dire, là où toute personne pouvait l’attirer dans ses filets, lui donner l’envie irrésistible de se laisser mener par le bout du nez, ce désir de donner à l’autre l’existence assez forte pour le vouloir rien que pour nous. Alphonse, il était tout ça. Il savait vous sublimer pour vous donner cette invincibilité de pouvoir l’attraper et le retenir. Mais cela était tout l’inverse. Ce soir-là, Dacien n’était pas venu le voir pour assouvir ses plus violents désirs mais pour avoir des réponses. Les réponses, il les avait obtenues. Seulement, ce n’était pas celles escomptées et pire, cela venait lui rajouter un peu plus de mélancolie.
Ce soir-là, Dacien avait été se réconforter dans les bras de sa belle et douce Brune. Mais voilà. La Belle avait compris qu’il lui serait impossible de lui mettre le grappin dessus. Il l’aimait comme on aime une amie, une confidente mais pas comme la femme de sa vie. Et pourtant, Cersei sans le savoir comptait bien plus pour lui que n’importe qui ici. Enfin presque. Adryan, lui comptait plus que tous ici. Cela était évident. Mais le Brun enivreur ne le saurait jamais. Non, Dacien ne lui dirait jamais. Il ne voulait ni le blesser, ni l’offusquer, ni le faire fuir, ni attirer n’importe quelle raillerie de sa part. Et le comble de toute serait que le Nobliau le sache pour jouer avec ces quelques sentiments qu’il n’arrivait pas à maitriser.

Dacien s’installa sur son lit tranquillement. Encore habillé, il s’allongea sur le dos, mit ses bras sous sa tête et pensa. Il pensa longuement à savoir s’il continuerait encore longtemps d’éviter celui qui lui donnait de se lever chaque jour et de faire son travail chaque nuit. Parce que si Dacien venait le premier au comptoir chaque soir, ce n’était que pour admirer le Barman.


Adryan
Cette nuit, le Castillon ne ferrait pas les comptes de la maison haute. Cette nuit, le vernis de son éducation volait en éclats sous les assauts mauvais de l’alcool.

La journée pourtant avait commencé dans la routine la plus plate et banale. Des commandes, des livraisons, jusqu’au moment où l’une d’entre elles avait nécessité une signature, une simple signature et, au travers un odieux pan de bois, les mots avaient sauvagement fracassé ses tempes. Le Castillon avait cru pouvoir les esquiver, mais en vain. Alors, contrairement à la règle stricte à laquelle il s’astreignait, il avait commencé à boire pour les chasser. Idiotie. Au fur et à mesure qu’il inondait ses veines de liqueur, ils raisonnaient encore plus fort, le rendant fou quand des fragments d’images diffus refluaient. La bouche d’Alphonse contre la sienne et un sentiment de plénitude si puissant quand sa langue se mêlait à sa jumelle.


« Que je t’aime, tu sais ça, à la vie à la mort, je t’en fais le serment »


Comment ses paroles monstrueuses avaient-elles pu sortir de sa bouche ? Comme avait-il pu en articuler chaque mot sans mentir volontairement? Parce que c’était ce qu’il souhaitait au plus profond de lui, et le pire était bien là.

« Adryan, ce soir je t’ai aimé. J’aurais aimé que la nuit ne finisse pas … j’aurais aimé… … que tout soit toujours aussi simple »


Cette voix, cette même voix toujours qui le torturait de mots qui auraient pu être si doux s’ils ne l’avaient lacéré d’une vérité crue. Lui aussi aurait aimé que tout soit si simple finalement. Mais il n’y arrivait pas.

« Adryan… Je n’aurais pas cru qu’un homme pareil te plairait»

Et il buvait, encore, incapable de comprendre qu’il pouvait blesser quand sa propre déchirure le torturait tant, lui qui pensait à tort que son isolement le protégeait, qu’aucun regard ne pouvait s’accrocher sur lui quand il se cachait de tous avec un tel acharnement. S’il était conscient que les mots d’Alphonse et les siens avaient été énoncés sous le coup d’un sortilège fallacieux qui bruissait entre ses tempes, il percevait tout aussi nettement que chacun de ceux de Dacien étaient posés, vrais, profonds. Toute l’attitude du courtisan l’avait crié sans qu’il ne veille le voir. Et il buvait encore, ignorant de toutes réactions sages et posées quand simplement courber le dos et laisser passer la tempête aurait suffit à lui épargner les échardes.


Miraculeusement, il avait pu finir son service, même si ses rires avaient été trop grinçants, trop cinglants, trop corrosifs pour ne pas trahir la pression qui l’oppressait plus fort, minute après minute. Si seulement, une fois le dernier client passé la porte, le Castillon avait eu la sagesse de rentrer chez lui, de dormir, de s’apaiser, tout finalement n’aurait eu que peu de conséquences. Mais non, il était resté et, estimant le vin trop fade, s’était acharné sur la bouteille de raki, abandonnant le verre pour laisser l’eau de vie bruler sa gorge directement au goulot.


Et ivre comme jamais il ne l’avait été, l’haleine anisée d’une humeur noire il avait titubé dans les couloirs, bouteille à la main jusqu’à la chambre de Dacien. L’arrogant pouvait bien dormir ou ses draps occupés d’une présence encore luisante de plaisir, le noble s’en contre fichait, irrespectueux quand c’était certainement le sentiment le plus pur qui l’offensait.

D’un coup de botte rageur et violent, il fit voler la porte du courtisan, la laissant grande ouverte sur un couloir béant de vide. Et sans même repérer la silhouette de l’homme, éructa d’une voix toute empreinte d’ivresse.


Dacien ! Alors, comme ça je te plais hein !

Il chancela, reprenant fugacement équilibre sur le chambranle de bois sombre. Et laissant tomber la bouteille qui se brisa au plancher, avança d’un pas dans l’ombre de la chambre faisant crisser les éclats de verre sous la semelle de ses bottes.


Et bien je suis là ! Et d’un geste vif, se débarrassa de sa chemise en la passant par-dessus sa tête, la déchirant dans sa maladresse alcoolisée. Le buste nu, immobile un instant, il écarta les bras, statue de marbre parfaitement ciselée se livrant au sacrifice, consentant si son regard n’avait lancé de tels éclairs dans l’ombre. On est à l’Aphrodite non ? Un rire dément s’échappa de ses lèvres quand il rejeta brièvement sa tête en arrière. Tout est à vendre ! Il suffit d’y mettre le prix, toi et moi le savons mieux que quiconque. Volontairement, il rabaissait les sentiments du courtisan à une infamante luxure.

Il ne voulait pas faire mal, ce n’était pas dans sa nature, mais poussé aux confins de sa raison, poussé dans ses retranchements quand il ne demandait qu’à ce qu’on le laisse en paix avec son déni, il ne savait pas encore faire autrement.
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Ses mains vinrent sur son visage pour se le frotter foncièrement. Il se leva, s’asseya sur le bord du lit tout en réfléchissant. La vie était parfois bien cruelle. S’il avait pu choisir, il n’aurait jamais éprouvé quoique ce soit pour ce Brun avide de femmes plus belles les unes que les autres. Il n’aurait jamais succombé à cette frénésie de vouloir le prendre contre lui et de lui donner ses plus beaux instants d’aménité. Dacien n’aurait jamais laissé son carde s’émouvoir à ce point pour une personne si solitaire et si froid que ce Nobliau. Cette nuit, l’Arrogant était désireux de rester au calme, de se faire à l’idée que de toute façon il n’aurait jamais ce qu’il voulait et qu’il valait mieux se faire une raison pour mieux apprécier les nuits prochaines à offrir son corps pour les clients qui eux ne voulaient que se faire du bien.

Dacien se mit debout, en train de défaire un par un les boutons de sa chemise. Il n’eut le temps d’arriver au dernier que, sa porte s’ouvrit dans un éclat fracassant. Le Fier se retourna et aperçut Adryan dans l’échancrure de l’entrée. Le minois froid, avide de tout, ne bougeant pas un soupçon quand celui-ci scanda
Dacien! Alors comme ça je te plais hein! Eh meeerde! Il avait remarqué….Le Barman avait du s’apercevoir de son intérêt pour lui. Il avait du sentir que son regard se posait souvent sur lui. Il avait du comprendre qu’il ne posait pas les pieds en premier au comptoir pour juste avoir la primeure d’être servi en tête. L’Arrogant accentua ses rétines sur son corps. Le Brun était chancelant enfin, cela n’était pas peu dire. Il ne tenait quasiment plus debout. Il avait bu plus qu’il ne le fallait. Sa chemise à trois quart ouverte, l’Insolent ne broncha pas et préféra le laisser finir dans son discours de grand n’importe quoi. Et bien, je suis là! On est à l’Aphrodite non? Tout est à vendre! Il suffit d’y mettre le prix, toi et moi le savons mieux que quiconque. Non, tout n’était pas à vendre et certaines choses ne s’achetaient guère avec quelques écus. Pendant ses quelques verves, Adryan avait retiré le tissu qui recouvrait son buste. Mon Dieu! S’il savait à quel point il pouvait lui plaire, il n’aurait jamais osé montrer de la sorte sa peau légèrement hâlé et recouverte par sa chevelure brune. Ses tripes tournoyaient en tout sens et la chaleur montait indéniablement le long de sa colonne vertébrale. Mais vu l’état d’ébriété du Barman, Dacien ne pourrait engrainer quoi que ce soit. Demain, il ne se souviendrait de rien et il voulait qu’il se souvienne de tout et de chaque détail.

T’es complètement ivre….lâcha-t’il avec un dédain particulier. Tu fais pitié Adryan. Le narcissique prit les devants. Il ne pouvait laisser la porte de sa chambrée ouverte aux yeux de tous et avec les cris qu’il poussait l’ivrogne, il risquait d’ameuter tout le Bordel. Dacien s’avança, tira le Barman dans la chambre et ferma le battant de bois derrière lui. Tu veux réveiller tout le monde ou quoi! Serrement de mâchoires. Regard qui se posa sur les planches du sol un instant pour se relever avec une noirceur détaillant le minois rougeâtre par l’alcool et usé par l’avancement de la nuit. Ses dextres se posèrent de chaque côté de sa taille, gardant son visage de marbre, ne laissant rien paraitre que de la colère pour l’heure, il prit un ton sec et un peu fort. Qu’est-ce que tu fous ici? T’as rien à faire dans ma chambre! Retournes dans la tienne, cela vaut mieux pour toi…"et pour moi aussi" se dit-il en passant quelques phalanges dans ses mèches brunes. Dacien ramassa sa chemise, la tendit au Brun et dans un élan presque de générosité pour le convaincre de dégager avant que la haine ne fasse son entrée pour cette fin de nuit Reprends tes frusques et dégages! Dessoûles et on parlera demain si tu veux. Là, le regardant de la tête aux pieds avec mépris, t’es pas en état.

Le Brun arrogant avait souhaité plusieurs fois de voir débarquer l’enivreur de l’Aphrodite, le voir se dévêtir devant lui, l’entendre lui susurrer quelques paroles dans son oreille….Mais là, comme ça, dans le contexte actuel, non ce n’était pas possible. Adryan était dans un état sacrément avancé d’ébriété et il était hors de question que Dacien puisse profiter d’une telle situation. Certes, en présence des clients, au bar, il se faisait léger, dévoreur de luxure à n’en plus finir pour arriver à ses fins. Sauf que, cette fois-là, il ne toucherait pas un centimètre carré de l’épiderme de la personne qu’il désirait le plus.

Adryan
La chambrée tanguait devant ses yeux troubles, emplit d’un parfum suave qu’il découvrait. La chambre sentait bon, trop bon, et cet instant d’égarement suffit pour que le Castillon se voie tirer dans l’antre du courtisan quand l’empreinte de sa poigne brulait son bras. Il n’en fallut pas plus pour faire affluer encore davantage sa rage.

Dacien comprendrait-il que c’était contre lui-même que sa fureur se déchainait quand Adryan lui-même en était incapable? Comprendrait-il que c’était sa mise à mort qu’il venait réclamer, pour taire à jamais ces voix incessantes hantant ses tempes brunes ? Non, il ne comprenait pas, trop respectueux, ligoté qu’il était par cet amour.

La voix du courtisan glissait sur lui, dédaigneuse. Qu’importait ? Le Castillon se moquait de tout. Il était prêt à tout pour, d’une façon ou d’une autre, se libérer de ses chaines. Même prêt à se faire haïr du seul certainement qui aurait pu l’apaiser. De celui qui pourtant l’aimait.

Son regard chaloupa sur le corps de Dacien, s’abimant un instant à cette chemise effrontément ouverte qui l’attirait tout autant qu’elle le dégoutait. Piège sournois dans l’esprit chahuté de paranoïa. Dacien était beau, le nobliau le voyait. Dacien sous ses allures primesautières était un homme droit et loyal, Adryan ne voulait pas le voir. Bienveillant, le courtisan lui offrait une porte de sortie, une échappatoire, mais l’enivreur refusait la fuite et restait là, campé sur ses jambes menaçant de se dérober sous lui.

Oui, je suis ivre ! Mais toi tu es lâche. cracha t-il. Tu te dérobes quand je suis ivre à cause de toi. Et d’une dextre ferme malgré l’alcool grondant dans ses veines, il saisit la chemise du courtisan, le forçant à s’approcher de lui, jusqu’à frôler son visage du sien quand la senestre attrapait sa propre chemise pour l’envoyer voler dans la pièce d’un élan violent. Je suis en état. Je suis en état de tout quand ce n’est pas parler que je veux. Sa dextre relâcha la chemise pour se figer sur la peau découverte de l’arrogant. Tu crois que je ne vois rien ? Tu me prends pour un idiot ? Un rire léger et sardonique ourla sa bouche assoiffée, encore. Je suis saoul, saoul comme jamais, mais pas abrutit. Tu me dis de partir et pourtant, tu refermes ta porte sur moi. Sa main, un instant perdue, un instant sage et lucide caressa le torse du brun avant de le repousser ardemment. Son regard fauve remonta dans les prunelles vertes, s’y engouffrant, y fourrageant sans scrupule. Demain, ce sera trop tard. Tu veux quoi ? Ses mains s’accrochèrent au cordon de ses braies, les dénouant d’un geste vif tout en chancelant, laissant le tissu bayer sur ses hanches quand l’aine découpée se laissait deviner. Tu veux plus ? Tu veux ça? Sa voix vibrait, incontrôlable. Prends ! Une bouche dont tu connais le gout du stupre m’a déjà souillé de plaisir. Pauvre aveugle. Mauvais jusqu’au bout des ongles quand pourtant il ne livrait que la vérité brutale, griffant sans savoir pourquoi finalement. Et un sourire amer se glissa à ses lèvres avides de mordre. Huit mille écus, c’est mon prix ici.
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Oui je suis ivre! Mais toi tu es lâche. Et pour l’heure il valait mieux. Lui affirmer qu’il avait raison ne serait pas le bienvenu. Lâche de quoi? Je ne te suis pas là. Rester calme, ne rien montrer. Tu te dérobes quand je suis ivre à cause de toi. Dacien extirpa de son esprit qu’il avait affaire à Adryan pendant un instant en imaginant quelqu’un pour qui il n’exprimait que dégoût. Quelques secondes de silence et un rire s’esclaffa. A cause de moi? Arrêtes, tu vas me faire pleurer là. Tu veux dire quoi au juste…Une des dextres de l’enivreur attrapa un côté de tissu recouvrant encore le torse de moitié de l’Arrogant et il le happa contre lui, les visages tout près l’un de l’autre. La fragrance de l’alcool mélangé à l’odeur suave de son corps était des plus enivrant. Dacien ferma les paupières un instant, détourna la tête pour éviter son regard noir d’une rage folle décuplé par l’ivresse de sa soirée. Le Barman prit violemment son linge de corps et le jeta de la même manière, avec agressivité.

Je suis en état. Je suis en état de tout quand ce n’est pas parler que je veux. Ses jambes flagellaient et il sentait la retenu qu’il mettait entre ses mains pour éviter de tomber au sol. Non, t’es en état de rien du tout. Le rattrapant comme il put avant qu’il ne succombe à terre. Regardes, tu ne tiens même plus debout. La senestre du Brun se posa sur la peau de l’Arrogant. Doux plaisir que de sentir ses phalanges sur son épiderme mais là, ce n’était guère le bon soir qu’il avait choisi et encore moins les bonnes circonstances. Dacien ne dit rien, ne fit rien. Il le laissa continuer ses quelques tourments, essayant d’obstruer ses pensées impures pour l’heure. Tu crois que je ne vois rien? Tu me prends pour un idiot? Je suis saoul, saoul comme jamais, mais pas abrutit. Tu me dis de partir et pourtant, tu refermes ta porte sur moi. Et ses doigts qui parcoururent son buste un instant pour ensuite l’éloigner ardemment. Ses mâchoires se serrèrent. Dacien ferma son minois, le rendant froid, le laissant continuer qu’il aille jusqu’au bout de sa pensée, qu’il dise ce qu’il avait à dire une bonne fois pour toutes. Après, peut-être serait-il soulagé, serait-il de meilleure composition. Après peut-être, l’alcool redescendrait et le rendrait un peu moins enragé que de suite.

Demain ce sera trop tard. Tu veux quoi? Tu veux plus? Tu veux ça? Alors qu’il était en train de faire béer ses braies. Prends! Une bouche dont tu connais le goût du stupre m’a déjà souillé de plaisir. Pauvre aveugle. Huit mille écus, c’est mon prix ici. Il le prenait pour un vulgaire courtisan prêt à n’importe quoi pour assouvir n’importe quelle envie. Là, c’était trop. Dacien tairait tout mot qui pourrait éventuellement vendre la mèche de cet amour si impassible de tout qu’il avait envers lui. Il s’empara de ses poignets avec une telle force qu’il lui coupa la circulation du sang. Arrêtes ce petit jeu de suite. Dit-il d’un ton grave. Sa mâchoire inférieure faisait des vas et viens dans sa bouche qui elle était fermée. Il l’observa d’un regard noir, expressif d’une rancune violente qui se déploya pour lui faire comprendre que cela suffisait amplement. Je ne veux rien. Rien de toi. Le menteur, il voulait tout. Encore fallait-il que Adryan comprenne ce qu’il ressentait et là, ce n’était pas le cas ou du moins, il comprenait tout de travers. Demain, il sera trop tard pour quoi? Ce serait plutôt à moi de te demander ce que tu veux! Tu enfonces ma porte, tu hurles comme un forcené dans le couloir des inepties encore plus grosses que toi, tu te permets de venir scander comme quoi je voudrais quoi…..Un sourire cynique, abuser de toi? Le repousser le plus possible. Un rire éclata résonnant dans la pièce Tu espères en te foutant à poil que je vais te donner satisfaction? Non Adryan. Cela serait trop te faire plaisir. Tu ne mérites pas que je te porte quelconque attention. Tu ne mérites même pas que je m’attarde sur ta petite personne.Tu me prends pour un courtisan de bas étage en me proposant huit mille écus? Mais mon pauvre, tu ne les vaut même pas. Je ne suis même pas sûr que tu en vaux cent. T'es pas assez cher pour moi! Le produit n'est pas à sa juste valeur! Sa mâchoire se figea pour se serrer encore. Ses tempes se creusèrent. Dacien ne détachait pas son regard du sien. Il abandonna ses poignets, les laissant libre de tout geste. Un silence qui ne dura que quelques secondes. Tu me dégoutes. Tu pues l’alcool. Tu te saoules à t’étaler par terre pour venir m’affronter dans une espèce de guerre que tu ne gagneras pas. Une esclaffe de dédain retentit. Ahh non! Tu viens m'affronter complètement ivre pour m'avouer ce que je sais déjà! Le voilà prêchant le faux pour savoir le vrai. Tu viens me balancer en pleine poire que le soir où tu nous as surpris Alphonse et moi, cela t'as ébranlé, excité au point de vouloir goûter un homme finalement.Se reculant de quelques pas puis revenant vers lui. Le Fier osa porter une main à sa joue, la déposant avec frénésie, les rétines luisantes d’un quelconque plaisir un certain laps de temps et ses lippes s’approchant de son oreille pour lui susurrer. J’veux que tu sois conscient. J’veux que tu te souviennes. Juste pour attirer ce qu’il fallait de rage pour le voir sortir de lui-même, qu’il puisse accroitre ce qu’il fallait d’aigreur afin que Dacien, lui-même le mette peut-être dehors.

Adryan
Dialogue de sourds. Jeu de dupes. Les deux hommes ne s’écoutaient pas, ou plutôt ne voulaient pas s’entendre. Dans du laïus de Dacien, le Castillon ne retenait rien hors des insultes faciles lancées à tout homme saoul. L’arrogant parlait tout en se taisant. Pourtant, dans cette logorrhée les derniers mots raisonnèrent d’une vérité crue, lacérant le noble de vérité.

« J’veux que tu sois conscient. J’veux que tu te souviennes. »


Sa respiration s’accéléra et ses narines frétillèrent doucement quand son regard dévora le brun qui osait murmurer à l’ombre de son oreille et sa main irradier sa joue. Soit, il l’avait cherché, mais la sentence était insupportable. Le Castillon préférait les poings aux gifles toutes aussi caressantes qu’elles soient. Vibrant de rage, il avança, forçant le courtisan à reculer en cadence. Et lorsque celui-ci se trouva acculé au mur, le poing de l’enivreur enivré vint s’écraser dans le fracas assourdissant de violence sur le mur, à quelques centimètres à peine de la tempe courtisane. Presque bouche contre bouche, la voix basse et sourde bien trop calme articula.


Ivre oui, et pourtant, j’arrive encore à épargner ta belle petite gueule. Tu es lâche Dacien, car toutes ces questions que tu n’as cessé de t’entêter à me poser durant tous ces jours, je viens de t’en donner toutes les réponses. Prenant appui de ses deux mains sur le mur, assiégeant la tête du brun entre ses bras. Et maintenant que tu les as, tu refuses de les entendre. Il sourit doucement, ironique. Tu es même encore plus lâche que moi. Oui, je suis ivre à rouler par terre, mais je vois, mais j’entends. Sa dextre se décolla du mur pour venir emprisonner le menton de Dacien entre ses doigts Et enfant que tu es, tu as oublié une chose à vouloir me rabaisser plus bas que terre. Ses lèvres s’écrasèrent d’un baiser violent sur celles du courtisan et se redressant murmura in vino veritas

Chancelant, il recula, marmonnant en renouant le cordon de ses braies de ses doigts incertains et finalement se retourna pour tituber jusqu’à la porte qu’il ouvrit d’un geste brusque. Il allait sortir de la chambrée quand il s’immobilisa, prenant appuis d’une main sur le chambranle et très lentement, tourna la tête, offrant son profil en pâture à l’arrogant qui, ce soir là portait son qualificatif avec une éloquence néfaste, et d’une voix plus paisible conclut, J’étais là ce soir Dacien. Je suis ivre, mais j’étais là.
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Dacien2
De quelques pas, Dacien se retrouva prit au piège. Adryan l’accula d’une apprêté telle que l’Arrogant commençait à avoir cette rage montante de plus en plus. Son minois présenta son profil au Nobliau lorsque celui-ci enfonça son poing dans le mur. Et le voilà, repartit à lui dire qu’il était lâche de ne pas lui avouer ce qu’il ressentait pour lui. S’il savait à quel point il aurait voulu lui cracher ses sentiments, le pauvre Barman serait acculé de toute une flopée de mal aise à ne plus le regarder en face comme il faisait à l’heure actuelle. Les mains de Adryan vinrent encercler la tête du Brun. Ses émeraudes ne se défaisaient pas de ses grises et restaient vitreuses d’envie de le faire taire. Et quand les lippes se compressèrent contre les siennes, tout changea. Le Barman venait de faire une grosse erreur en lui déposant le goût assoiffé de le posséder bien plus qu’à l’heure actuelle. S’il voulait le dégoûter de succomber à son charme en se rabaissant à s’imbiber d’alcool à outrance pour le laisser obtenir ce qu’il désirait le plus, c’était bien mal joué. Il venait de lui offrir tout le contraire.

Dacien resta stoïque, le regardant se reculer de quelques pas en se relaçant les braies et se diriger vers la sortie. In vino veritas. Depuis qu’il avait soufflé avant de se défaire de lui, il se le répétait sans cesse. Sa dextre sur la clenche, le battant s’ouvrit. Et avant qu’il ne sorte, alors qu’il apposa ses phalanges sur la porte à demi ouverte
j’étais là ce soir Dacien. Je suis ivre mais j’étais là. Ahh oui ça, pour être ivre, il n’y avait aucun doute. Sa mâchoire se serra et il prit un élan pour le rejoindre, claquer le battant encore une fois derrière lui. Il aurait pu à ce moment-là lui arracher l’accolade tant désiré depuis qu’il avait pénétré dans son antre. Il aurait le déshabiller entièrement, le pousser jusqu’au pieu et lui administrer la meilleure luxure qui pouvait être donner de recevoir. Mais non, il ne fit rien. Il l’observa, faisant remuer sa mâchoire inférieure d’avant en arrière pour ruminer et refouler ses envies les plus profondes. Ses rétines devinrent noires de rage et de lui souffler sur un ton aride.

Lâche tu dis? Qui vient voir l’autre complètement imbriaque pour s’avouer…..Qui a besoin de s’imbiber à tel point pour se soulager la conscience…Qui a besoin de saouler à ne plus tenir debout pour avoir la vérité en face…Le lâche ici, ce n’est sûrement pas moi. Tu veux l’entendre? T’en es sûr? Tu veux vraiment que je te le dise? Ne le laissant pas répondre. Si tu insistes! Reprenant son souffle lentement. J’aime les femmes aussi bien que les hommes. Quand je suis arrivé ici, ce n’était que temporaire. Le Patron m’a redonné le goût si viril de sentir un homme entre ses doigts, la meilleure des impudicité. Un maigre sourire en coin. A mon avis, à voir dans quel état tu te mets pour avouer que t’aime aussi les hommes, c’est que tu préfères rester dans ton deni encore pendant bien longtemps. T’es pas capable d’assumer ça et t’es pas capable de venir m’affronter sain d’esprit. T’es même pas capable de te l’avouer à toi-même.

Il s’arrêta un instant. Sa sénestre ne put s’empêcher de venir effleurer la joue de Adryan. Une inspiration prise pour évacuer l’envie divine de l’embrasser à lui faire perdre la tête. Puis il reprit d’un air presque chaleureux. T’es sûr que tu vas te laisser faire? T’es sûr que c’est vraiment ce que tu veux? Tu crois vraiment que, te laisser porter par l’alcool va t’aider à affronter ce que tu refuses d’admettre? Je ne pense pas. Et de savoir que ce qui me retiens ici c’est toi, ca ne va pas t’aider non plus. Et si, au jour d’aujourd’hui, je me refuses de pouvoir me délivrer de l’emprise que tu as sur moi, c’est pour ton bien. T’as pas compris. Relâchant sa main en s’abattant sur ses braies lourdement. T’es satisfait à présent? Et maintenant, c’est qui le lâche?

Dacien ne put s’empêcher de lui dire ce qu’il en était vraiment. Adryan l’avait cherché. L’Arrogant ouvrit la porte pour la dernière fois et d’un ton plus malheureux qu’autre chose de lui avoir finalement avouer.

Maintenant, c’est dehors…..

Adryan
[Etrange chose que l'homme qui souffre veuille faire souffrir ce qu'il aime.]*

Et il écouta, enfin. Curieusement calme. Curieusement attentif quand une bouche autre que la sienne articulait la vérité qu’il connaissait mieux que quiconque. Quand il ne chassait pas cette main qui s’invitait à sa joue. Si le Castillon abhorrait le mensonge, il ne savait que s’incliner devant la réalité quand elle était énoncée ainsi, aussi froidement, aussi implacable, aussi juste. Peut-être même était-ce cela qu’il était venu chercher en passant cette porte. Entendre la vérité. Et inconsciemment, il avait su que seul Dacien, embourbé dans ses sentiments serait le seul à en être capable. Il regardait cette bouche s’arrondir dans cette déclaration presque déchirante tant elle était simple et pure. Qui finalement était le bourreau dans ces mots assenés ? Il sourit doucement, tous sarcasmes arrachés des lèvres quand sa voix profonde, presque claire n’hésita pas.

Oui, je suis lâche, je te l’ai dit. Je le sais. Et tu viens de me prouver que toi, tu ne l’étais pas. Ses yeux louvoyèrent un instant avant de se planter dans les émeraudes. Je voudrais ne pas l’être, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je n'y arrive pas. Mon nom. Il ne me reste que mon nom. Ce nom déjà moribond qui impose la lâcheté pour se préserver de la faiblesse et du dernier déshonneur. Dacien comprendrait-il ? Peut importait au final. La tête lui tournait trop et il n’avait plus qu’une envie, se réfugier dans les pétales d’une Fleur. Mais la lâcheté fait mal, un mal de chien, alors, n’y cède jamais. Il recula passant le seuil de la porte et s’éloigna dans le couloir, ses épaules se heurtant aux murs, et lâcha, inconscient de ses mots, et je ne veux pas que tu es mal…

Si Dacien n’avait pas gagné un corps ou même une âme à aimer à loisir, il avait gagné le respect du noble. Et si l’enivreur devait se souvenir d’un instant de cette visite importune, ce serait de ce sentiment diffus.


*Alfred de Musset, La confession d’un enfant du siècle.
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