Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] "Conseil et Sel se donnent à qui demande. "

Hyacinthe


Froid matin. La damoiselle Hyacinthe resserre la peau de bête sur elle. Certes, depuis quelques jours, elle est officiellement Bretonne et possède une petite maisonnette. Vide. Inconfortable. Mais elle a un toit au dessus de la tête, et une serrure à la porte qui lui permet de se sentir en sécurité.
La petite princesse Danoise est tombée bien bas, et elle comprend mieux désormais la phrase de feu son frère : "la Liberté a toujours un prix Hyacinthe ; celui-ci est parfois exhorbitant. Réfléchis-y avant de commettre l'Irréparable."

Bien sûr, elle n'avait pas réfléchi. Quand on est jeune, belle et que son éducation permet de cotoyer les plus grands penseurs de l'époque, on se prend à rêver des horizons les plus fous, des plus audacieuses évasions. On s'imagine avoir tous les talents, avoir la force de se tirer des pires situations. Joli pied de nez au Destin que de nager à contre courant ...
Quoiqu'en regardant la pièce vide, et l'humble paillasse de fortune sur laquelle elle dort, elle ne le trouve plus si joli.

Après l'étrange voyage, escortée par le Sieur Guilhem, un rustre qui s'était permis de la contraindre à bien des caprices, sous prétexte de relier la Bretagne en toute sécurité, la voilà livrée à elle-même dans cette non-moins étrange contrée. Peu d'argent, pas de mobilier, aucune servante, quelques livres et potions ... à peine de quoi se soigner. Pauvreté. Humilité. Et depuis quelques temps, un profond découragement.
Etait-ce donc une épreuve envoyée par le Très Haut ? ou une punition Divine ? C'en était grandement cruel. Elle ignorait de beaucoup comment survivre sans le sou et sans personnes à son service.
Il lui fallait aller au marché elle même, cuisiner ... Dieu que c'était compliqué, et elle finirait par adopter le conseil donné tantôt par Finn, manger en taverne. Se rendre au puit, et devoir tirer de l'eau, le porter jusqu'à la maisonnée, ne pas renverser ...
Il fallait aussi entretenir la maison, ramener du bois pour réchauffer les lieux, et allumer un feu n'avait rien de si aisé ou évident, quoique les voyageurs puissent en dire.
Il fallait aussi nettoyer le linge au lavoir, et ses mains autrefois si douces et blanches, devenaient rugueuses. Ensuite, il devait sécher ; et s'habiller seule était toute une épreuve également. C'était sans parler de la coiffure.

Bref ...

Voilà ce qui faisait de Hyacinthe une jeune érudite désemparée. Aussi, après avoir entendu cent fois en taverne :
" Puis-je vous aider ?" ... Se transformer en : "je ne peux rien pour vous",
Elle avait décidé de saisir la main tendue, la seule qui ne lui soit pas inconnue. Messire Finn ... ce lointain voyageur, râleur oui mais au grand coeur. Enfin, il lui semblait s'en souvenir de cette façon. Un homme qui n'aimait guère ceux de son espèce, mais qui lui avait rendu service à un moment inespéré. Peut être le miracle allait il se réitérer.

Voilà ce qui la motiva à quitter sa peau de bête, à s'apprêter comme si rien n'avait changé dans sa condition, et à s'acharner pour se peigner et se coiffer. Il ne fallait pas inspirer pitié, plutôt choisir d'inspirer confiance et dégager un peu d'assurance. Elle quitta la maisonnée avec une petite brioche aux fruits confits, achetée la veille au marché. Elle n'en oubliait pas les bonnes manières et de l'invitation elle comptait le remercier. Elle resta un moment à observer l'Eglise, en face de laquelle elle avait choisi d'établir demeure, pour garder la Foi quoiqu'il arrive, et demanda à un villageois de lui indiquer le chemin de la lice. L'Irlandais lui avait dit entre l'Eglise et la Lice, ça ne devait pas être très éloigné de chez elle, et devant la brise levante, elle resserra sa houppelande turquoise sur elle, remerciant le ciel d'avoir de chaudes bottes pour la protéger des immondices des ruelles et de leur humidité.

Et c'est en peu de temps qu'elle trouva la fameuse demeure, l'homme imposant travaillant à son atelier de boucherie, dont la porte entrouverte laissait passer des effluves et des coulées de ... sang. Par Dieu ... de tous les métiers, il avait fallu qu'il soit boucher. N'osant s'approcher, la scène s'avérant tout de même des plus menaçantes et des moins confortables, Hyacinthe haussa un peu la voix avant de s'exprimer d'un :

- Messsire Finn ? Excusez-moi de passer à l'improviste. Je voulais répondre à votre invitation, mais peut-être préféreriez vous que je passe à un autre moment, non ?

L'acharnement avec lequel travaillait l'homme avec les couteaux et le hachoir eut vite fait de la mettre mal à l'aise. L'ami imaginaire dont elle s'était élaborée une précieuse image, maniait évidemment la plume ... non pas le hachoir, le couperet ou la scie de ménage ! Voilà ce qu'il en coûte de rêver sa vie.

_________________
Finn
Ça n’a beau être qu’un simple passe-temps lui reposant les nerfs, débiter la viande lui en prend beaucoup, de temps. En particulier depuis qu’il est rentré à Gwened. Tout est bon dans le cochon, tant sa chair que son cuir, c’est fou tout ce qu’on peut en tirer à la vente. Et le Gaélique ne crache jamais sur quelques écus supplémentaires, pourvu que le travail soit dans ses cordes.

Interpelé par la voix dans la cour, il lève le museau de son ouvrage et passe une main rougie sur son front.


- « Entrez, entrez ! », qu’il braille à travers la porte, avant que sa visiteuse ne daigne la pousser d’un air hésitant. Un sourire narquois l’accueille. « Approchez, ça va pas vous manger : c’est déjà mort. »

La mettant néanmoins en garde contre la bassine pleine de sang en la désignant du couteau, l’Irlandais l’invite à s’avancer. Il serait dommage de tacher la mise pour laquelle elle semble s’être donnée tant de mal. En cela, sans compter ses manières, la Savoyarde lui a toujours paru au-dessus de la classe laborieuse. Bien qu’il n’ait jamais eu l’idée de creuser son passé pour s’en assurer. À l’exception d’une ou deux rencontres alors qu’il était ce vieux vagabond aux pieds écorchés mais non moins Seigneur et vassal d’une future Reyne de France, leur relation se borna à l’épistolaire. Et les lettres de la jeune femme, comme les siennes, taisaient beaucoup. Ce qui ne l’empêche pas aujourd’hui de se douter des difficultés qu’elle doit rencontrer face à son nouveau quotidien.

- « Vous avez l’air en grande forme. », constate l’Irlandais après l’avoir jaugée d’un regard, tout ce qu’il y a de bienveillant. « J’ai cru comprendre que votre voyage ne fut pas aussi paisible que vous l’espériez. », poursuit-il en arrachant le foie de la bête. Le travail n’attend pas et, bientôt, les coups de couteau reprennent. « J’me suis un peu inquiété, sans nouvelle de vos pigeons. »

Ce qui n’est pas entièrement vrai. Le Gaélique ne s’est pas inquiété, mais son sort ne l’indiffère pas non plus. Le pieux mensonge n’est destiné qu’à inviter à la confession celle qui le gratifia une fois de ses bons soins. Du plat de sa lame, il écarte quelques pièces de viande déjà découpée et propose au passage :

- « Vous en voulez un morceau ? »
_________________
Hyacinthe


« Entrez, entrez ! »

Elle approche sous le regard moqueur ; pour un peu, il lui aurait manqué. L'homme n'avait pas épousé les bonnes manières, et elle aimait cet esprit libre qui se dégageait de lui, en toutes circonstances. Extra-ordinaire accueil : l'atelier de boucherie. De quoi faire tomber dans les pommes plus d'une damoiselle, digne de ce rang. Toutefois, elle a tellement soigné de plaies que le sang ne l'impressionne plus guère. L'odeur reste malgré tout prenante, et elle sort son mouchoir brodé qu'elle place sous son nez. La menthe poivrée fait des miracles et permet de garder son attention sur les choses essentielles. L'endroit est cossu et le regard de Hyacinthe embrasse la pièce, examinant chaque détail, avec toujours autant de curiosité et cette insatiable envie d'apprendre. L'homme est prévoyant, des bassines jonchent le sol pour récupérer le sang, des seaux d'eau sont déposés de part et d'autre pour garder le lieu sain, les jambons suspendus dans le placard dégagent leur élégant fumet. Elle a remarqué également le balai non loin de là, et ne peut s'empêcher d'imaginer l'Irlandais avec un tablier et ce petit balai en main, ce qui la porte légèrement à sourire. Elle a toujours apprécié l'univers de contrastes qui faisaient l'homme. Nul étonnement à ce qu'aujourd'hui il soit Chevalier ; le vagabond qu'elle avait croisé était fort prometteur, et l'homme savait de toute évidence naviguer même en eaux troubles.

Veillant à ce que sa houppelande ne s'accroche pas, elle rejoint l'homme près de son plan de travail, où imperturbable, il continue à travailler cette pauvre bête. N'osant pas poser la brioche, elle garde le petit paquet sous son bras, ne perdant pas une miette de la précision des gestes du boucher. Par dieu ... son ami épistolaire, un boucher. Voilà qui rentre encore en opposition avec ses souvenirs du bon vieux temps.

Vous ? vous inquiéter de mon sort ?

Le sourire est tout aussi ironique que celui qu'il lui a lancé à son arrivée. Finn / inquiet ? Non, ces deux choses ne vont dignement pas ensemble. Les livres détaillent très bien ce genre de personnes, qui se relèvent de toute épreuve justement parce qu'elles ne se préoccupent de rien et n'ont par conséquent à se détacher de rien.

Il m'avait semblé que depuis mon indiscrétion dans votre vie en Bourgogne, avec cet homme de main et votre Danoise ... enfin, j'avais cru comprendre que vous aviez gardé une pointe de rancune à mon égard, et que celle-ci vous protégeait de toute inquiétude ...

Le souvenir de ce moment avait laissé une trace indélébile chez la Fleur. Le moment précis où elle s'était rendue compte que Finn n'était qu'un homme. Terrible découverte pour l'érudite qui n'entendait rien à toutes ces choses. Alors, mieux valait ne pas y attacher d'importance.

Je dois avouer que la vie m'est plus favorable ces temps-ci, et c'est un plaisir de vous voir. A condition bien sûr que vous n'envisagiez pas de me laisser dans votre atelier de boucherie. J'ai entendu un conte de l'est qui parle d'un boucher qui aurait débité trois petits enfants en morceau ... Je ne voudrais point passer sous vos lames alors même que je viens d'obtenir un prêt.
Je serai ravie de visiter votre maisonnée, par ma foi, vous semblez bien installé Chevalier. Et cette pensée m'est très douce.


Croisant le regard de Finn, elle esquissa un léger sourire, avant de reprendre :
Vous vous êtes taché le front de sang, vous devriez vous essuyer avant qu'il ne sèche ... Vous ressemblez au pire des mercenaires, ainsi arrangé. Vous ne voudriez pas me laisser croire à cela ?

Le retour à la Réalité s'annonçait assez brutal, c'était certain. Mais Hyacinthe savait désormais qu'on ne pouvait pas vivre de lectures et d'idées pures. Et l'homme semblait de taille pour le lui démontrer.

« Vous en voulez un morceau ? »
Puisque c'est proposé si aimablement, et réalisé avec tant de soin, je ne serai pas contre un morceau de viande. Cela fait une éternité que mes papilles ne s'en sont pas délectées. J'ai ramené une brioche, je vous ai toujours imaginé gourmand. Auriez-vous l'obligeance de nous servir à boire ?

C'est que, tout de même, faire face à un homme de son envergure, scie et couteau en main, n'avait rien de rassurant. Et la prise de risque chez Hyacinthe, était des plus limités. Allez savoir ce qu'un Irlandais pouvait bien avoir en tête, avec une lame dans les mains ...

_________________
Finn
À la mention du conte, et tout en désossant l’épaule de porc, le Gaélique ricane. Roulée et ficelée, il la soulève avant de se diriger vers la porte.

- « Je ne vends pratiquement que de la carne animale, n’ayez crainte. »

Entretenant le mystère sur la nature de son approvisionnement, il l’invite à le suivre à l’intérieur du logis, et lâche son fardeau sur la grande table dans un bruit mat : avec ça, elle devrait avoir de quoi tenir un petit moment. Là, un pichet de rouge bourguignon, importé des caves de la Charolaise, patiente entre deux godets. Mettant à profit la relâche, l’Irlandais se rend présentable en passant un peu de salive sur son front et replie son tablier sur un banc. Le paquet de la demoiselle accroche un instant son regard.

- « C’était pas la peine, vous savez. S’il vous prend quelque envie carnivore, n’hésitez pas à repasser à l’atelier. Je vous découperai d’autres morceaux. Et peut-être qu’Arzela réussira à s’approprier quelques bonnes manières auprès de vous. » La gamine doit traîner dans le coin, elle va et vient à sa guise depuis qu’il a décidé de l’héberger. « Enfin, ‘trugarez’ comme on dit par ici. »

La Savoyarde n’est pas dupe, et n’a pas non plus l’air de vouloir se laisser aller à conter ses soucis de voyage, plutôt à dépoussiérer le fameux couac qui vit son homme de main rossé par la coalition d’un Irlandais et d’une Danoise.

- « Concernant l’indiscrétion de votre employé, c’est du passé. Il faut vraiment la mériter pour s’attacher ma rancune, et puis vous vous êtes excusée. », relativise le vieux briscard en s’attablant devant le feu vif de l’âtre. « Mais s’il vous en souvient, c’était en Anjou, pendant la guerre. » Les servant en vin, les quelques souvenirs qu’il a de l’époque lui reviennent en pleine face. Et l’époque fut riche d’événements. Le verre menaçant de déborder, l’hôte revient à lui et le pousse vers sa vis-à-vis, afin de trinquer. « À l’avenir ! »

Là-dessus, le pinard abonde dans sa gorge tandis qu’il détaille sa vieille correspondante d’un air plus grave.

- « D’ailleurs, comment le voyez-vous ? Comptes tenu de votre situation. »
_________________
Hyacinthe


A noter : un morceau chez l'Irlandais c'est un énOOooormmmeee morceau. Hyacinthe regarde tour à tour le morceau de viande et l'homme. Il n'est pas sérieux ? Elle le croyait proche de ses sous ? Et ce gros morceau vaut de l'Or. Si. Il est sérieux et le voilà qui disparait dans la pièce avoisinante. Un instant, elle hésite puis le suit, prête à le remercier, mais ce qu'elle voit là la laisse perplexe.

Quelle jolie salle. Propre et décorée avec soin. Au centre, se dresse une grande tablée où trône une chandelle. L'âtre leur fait face, entourée de ci de là d'un lectrin et d'une bibliothèque digne d'un savant. Le coeur de Hyacinthe se met à battre plus fort à la vue des livres, des parchemins, et elle hausse un sourcil sur son hôte. Voilà qui sied tout de même bien mieux à l'image de l'ami épistolaire qu'elle s'était faite, au gré de toutes ses absences. La décoration n'est pas en reste et c'est tour à tour un joli tapis qui couvre les lames de parquet, une tapisserie de Lens qui réchauffe les sens et les murs, une bougie de ci de là qui créée une ambiance toute particulière. En deux mots, confort et beauté. Et voilà qu'elle aime être là, oubliant la bienséance et ne prêtant déjà plus écoute à ce que l'Irlandais lui dit.

Par Dieu, messire Finn ... que votre maisonnée est joliment agrémentée et confortablement meublée. Je vous en félicite ... c'est tout bonnement ravissant. En sus d'être poète, vous voilà esthète !

Elle prend place, déposant le paquet sur la tablée. Peut être la brioche ravira t-elle les papilles de la petite sauvageonne. Faute de manière, peut être la jeune Arzela a t-elle du goût. Elle détaille l'homme dont la silhouette éclairée par le feu de l'âtre prend des teintes et des formes variées, se concentrant sur cette voix qui lui fait défaut lors de leurs longs échanges épistolaires. Son corps est bien là, mais son esprit vagabonde. Elle se contente d'enrichir la conversation de simple : "mais c'est tout naturel", "je vous remercie", "oh oui l'Anjou ... il est vrai" .... Elle note de le moindre détail, cherchant à réajuster les traits de sa mémoire, tandis que son esprit lui tient une toute autre discussion. Il aurait fait un parfait mari, elle n'a plus aucun doute là dessus : travailleur, veillant à subvenir au besoin des siens, poète, esthète, souvent parti, peu porté sur les femmes et la "chose", ambitieux, sachant toujours retombé sur ses pieds, ... peut être un peu trop porté sur la boisson. Oui, il fallait bien lui trouver quelques défauts. Et à cette idée, elle le regarda boire et en fit de même, appréciant le jus velours et les arômes fins de ce vin tout particulier. Le plus agréable était passé, et à la question qui claqua dans les airs, Hyacinthe le comprit :

- « D’ailleurs, comment le voyez-vous ? Comptes tenu de votre situation. »
Il lui sembla que le sablier du temps était resté coincé, et son visage se paralysa tout autant que celui de Finn. Elle murmura d'un air entendu, en évitant son regard :
- Nous avions convenu de ne pas parler de "ça".

Oui ... dans les défauts, elle avait oublié d'ajouter cynique, moqueur, et trouble-fait. Évoquer de cette façon si abrupte sa maladie incurable était vraiment de mauvais aloi, et le regard noir qu'elle posa sur lui à ce moment ne cachait rien de ce qu'elle en pensait. Que cherchait-il ? Qu'elle lui raconte ses matinées à suffoquer ? ses glaires à cracher ? ce ventre dur comme la pierre qui pouvait la laisser plier en deux des heures durant ? Ses mâchoires se contractèrent et elle vint prendre une grande inspiration nasale.
Toutefois, il lui fallait se reprendre. Ce n'était pas en manquant de pudeur, ou en laissant exploser sa colère que son état changerait.Et au bout du compte, elle perdrait cette connaissance chère à sa plume. En outre, elle n'était pas une bête, et elle savait qu'il n'était pas de bon ton de montrer ses émotions, que ce soit peine ou colère. Aussi s'obligea t-elle à éviter le sujet. Elle restait convaincue qu'en n'y songeant pas ou peu, la grande Faucheuse ne saurait où la trouver.
Il était définitivement plus aisé de parler du voyage que de son état. Et alors, la Fleur s'ouvrit ...

Mon avenir ? Disons que j'aspire à avoir foyer aussi admirable que le votre. Pour ce faire, me voilà dans l'achat de terres. Une belle surface de blé, pour commencer, tel que vous le savez. J'y ferai travailler une famille de paysans, et nous essaierons de cohabiter en bonne intelligence. J’élèverai leur salaire si l'homme veille au grain, et que la femme m'aide en cuisine ou au linge.
Vous savez ...


Elle but délicatement une gorgée, prompte à ravaler la moindre parcelle d'émotion. Déjà qu'il n'était pas très correct de venir dans la maison d'un homme célibataire sans chaperon, alors autant garder une certaine correction dans le dialogue.

Le départ précipité de Constance, mon ancienne gouvernante, a laissé un grand vide. Je vous l'avais dit, n'est ce pas ? Le jour où nous nous apprêtions à partir avec Messire Guilhem et son amie, elle a brusquement disparu ne laissant derrière elle qu'un petit courrier dans lequel elle m'avouait que quitter le royaume du Danemark et sa famille avait été un crève-cœur pour elle, qu'elle ne survivrait pas à un second voyage et qu'elle retournait près des siens.
Constance était formidable. Elle s'occupait de la cuisine, du linge, du ménage, de la ferme, mais elle était aussi une parfaite dame de compagnie, et une précieuse assistante pour les soins. Elle savait mettre les gens à l'aise, et veillait à ce qu'on ne me manque jamais de respect. Elle travaillait tant et si bien ...


Et haussant les épaules, nostalgiquement, détachant ses mains du godet pour cacher son tremblement d'émotion sous la table,

Je n'étais rien sans elle. J'ai appris à mes dépends, sous le joug de ce Guilhem, pendant le voyage ...

Serrant les dents, sentant la colère remonter des profondeurs, elle reporta son regard sur la bibliothèque remplie. Voilà qui la rassurait.

Je m'égare. Donc, disais-je, dès que j'aurai un peu de liquidités, grâce au champ, je prendrais une servante. C'est indispensable si je veux me détacher des tâches ingrates et revenir à mes activités de guérisseuse. J'aimerai aussi reprendre une échope, quand j'aurai les moyens suffisant. Non pas une boucherie ...

Petit sourire à l'attention de l'Irlandais.

Dans les vêtements ou la décoration. Tout dépendra des besoins de Vannes la grande. A moins que ça ne soit une boulangerie ... En effet, je nourris le projet d'ouvrir un dispensaire ou une maison de soins, et faire produire des petits pains pour les miséreux répondrait à de véritables besoins. Lorsque tout cela tournera à plein, et dégagera suffisamment d'écus, je reprendrai mes études en médecine. ça, c'est certain !, affirma t-elle fermement, pour oublier que d'ici là, elle serait certainement six pieds sous terre.

Je parle je parle ... mais je vais finir par vous entourner ! Veuillez m'excuser, cela faisait une éternité que je n'avais pas autant parlé. Dites-moi, et vous, quels sont vos projets, ô grand Chevalier ?

Esquissant un léger sourire amusé qui cachait toute la bienveillance et le respect qu'elle témoignait à l'homme, elle l'interrompit et précisa avant qu'il ne réponde trop vaguement :

Vous savez ce que je pense ? Un homme tel que vous n'a pas à être seul. C'est contre nature. Je ne comprends pas que vous ne soyiez pas marié, vous n'avez tout de même pas étranglé vos précédentes femmes ? Il me semble me rappeler que vous avez déjà été marié. Comment avez-vous pu détruire le lien que Dieu avait lacé entre votre vie et celle de votre épousée ? Franchement, Finn, vous m'attristez. Dans vos courriers, vous disiez avoir des enfants ... je ne les vois point. Où sont-ils donc ? Si ce sont des garçons, vous pourriez en faire des écuyers n'est-ce pas ? Entre nous, une femme pour entretenir votre maisonnée, bien qu'elle soit propre, et subvenir à vos besoins tout masculin, ainsi qu'une myriade d'enfants pour établir fière descendance, n'est-ce pas là destin à vous faire rêver ? Vous êtes au service d'une Princesse, je suppose que vos gages sont largement suffisants pour nourrir ces projets.

Hyacinthe s'interrompt alors, le souffle court. Cela la tue de voir tout ce qu'il pourrait faire de cette magnifique vie, ... Cette vie qu'elle n'aura pas, elle. Ce n'est pas parce que ses jours sont comptés, qu'elle ne peut pas s'occuper des vies de ceux qu'elle apprécie. Non ! C'est justement parce que ses jours sont comptés, qu'elle voudrait faire des vies de ceux qu'elle apprécie des rêves et des contes, comme elle aime à en lire le soir venu.
Bien sûr, ça ne se fait pas.
Bien sûr, il n'est pas homme à se laisser impressionner.
Elle se redresse sur son banc, soudain bien curieuse d'entendre la réponse de l'homme ... à son procès de Vie !

_________________
Finn
Esthète ? Le compliment l'amuse autant qu'il le désarçonne. C'est pas vraiment ce qu'on dit de lui, d'ordinaire. Mais pourquoi pas. La maisonnée a son petit cachet, il en convient, même s'il n'y retrouve que des objets qu'il a toujours connus et dont l'œil s'est lassé.

Lorsqu'il voit la Savoyarde se rembrunir au rappel de son état, l'Irlandais incline la tête de côté, cherchant à appréhender la réaction. Qu'est-ce que c'est que ça, de la gêne ? De la pudeur, peut-être ? Nettement plus noble. Mais il n'y a rien de noble dans la mort. Le fait que chacun soit tôt ou tard condamné à l'embrasser l'amène à penser qu'en faire un sujet tabou est une façon bien commune de se voiler la face. Et l'ayant côtoyée à plus d'une reprise tout au long de son parcours, le Gaélique a appris à lui trouver une place. Elle est de ces rares évidences contre lesquelles on ne peut rien, qui s'imposent à l'existence sans y avoir été conviées et dont on doit supporter l'omniprésence à chaque instant. Pas le choix. Alors plutôt que de s'en faire une ennemie, autant s'en faire une compagne, le voyage n'en est que plus doux.

De ses mûres réflexions, Finn ne dit rien. La jeune femme, elle, bien que désespérante de naïveté, est de ces fleurs qui semblent si fragiles que l'on tire bien peu de satisfaction de les arracher à leurs illusions. D'autant qu'elle connaît mieux sa situation que lui. Elle la vit.

Muselant donc ses conseils, l'Irlandais épuise les dernières gouttes de son godet et les ressert tout en l'écoutant religieusement. Le voyage et sa fameuse escorte finissent par être évoqués, sans suffisamment de détails pour qu'il s'en fasse une idée précise. Pudeur encore, sûrement. Une qualité appréciable, mais qui ne facilite pas l'immersion. Il croit néanmoins saisir que la donzelle serait d'origine danoise. Encore une, décidément. Et puis c'est le moment de passer à la barre. Avec une certaine curiosité, il la laisse l'éclairer sur son point de vue concernant sa vie. La vision des autres est souvent peu pertinente, il en fait rarement grand cas, mais la sienne a le don de lui étirer un demi-sourire. Ils sont si différents que la chose ne manque pas d'intérêt. Elle arrive même à viser juste par moment, ce qui n'est pas commun. Alors de bonne grâce, l'accusé se prête au jeu.


- « Je n'entretiens plus de rêves sur les choses que je ne peux contrôler. Ils m'ont entraîné dans un mariage sans issue, et que j'ai dû rompre en dépit de mes convictions spirituelles. La vie à deux n'est pas affaire de rêveries. Mieux vaut s'affranchir de ses illusions et voir la réalité telle qu'elle est si l'on veut s'assurer de faire le bon choix. J'aurais appliqué ce principe, je n'aurais pas eu à abandonner un fils et à chagriner une femme. » Ou deux, ou trois, ou quatre, il ne tient plus le compte et l'événement n'a pas l'air de le bouleverser. « Mais rassurez-vous, j'ai trouvé botte à mon pied. Certes, elle ne nettoiera pas mes sols, et que le Seigneur nous préserve de sa cuisine, mais elle me rend heureux. Je ne l'ai pas rêvée, pas cherchée non plus, elle m'est juste tombée dessus. Comme ça, sans que je m'y attende. Rencontrée par hasard sur un champ de bataille, je suis devenu son Chevalier, et sous peu je deviendrai son époux. »

Écoulée d'un ton badin, la tirade s'achève sur une large gorgée de vin. Bien sûr, les choses ne furent pas aussi simples qu'il veut bien l'affirmer, mais pourquoi s'encombrer de détails ? Pour sûr, ils auraient au mieux fini par l'endormir, au pire par l'achever d'une syncope.

- « Je vous verrais bien botaniste, moi. », reprend le Gaélique, convaincu. « Un dispensaire serait également une grande idée. D'ailleurs, étant boucher, je pourrai peut-être vous donner un coup de main sur les amputations. » Un rire gras s'échappe des lèvres rougies par le Bourgogne. « Non... Marzina vous serait d'un plus grand secours, elle étudie la médecine. Je crois qu'elle aime triturer les corps pour découvrir comment ça fonctionne. » C'est du moins ce qu'il a retenu de l'explication qu'elle lui a donné. « Enfin, si je peux vous aider d'une manière ou d'une autre dans la réalisation de vos projets, proposez toujours. Dans vos tâches quotidiennes aussi, Arzela pourrait éventuellement vous apporter l'assistance qui vous fait défaut depuis le départ de votre gouvernante. En échange, vous lui apprendriez ce qu'une jeune fille doit savoir. C'est si déroutant d'éduquer une fille... », soupire-t-il. « Un garçon, c'est simple, mais une fille... C'est comme si on me demandait de dresser un bébé phoque. »
_________________
Hyacinthe


Elle le regarde, interdite. Pour une réponse, c'en est une ! Il lui semble qu'un long moment s'est écoulé pendant lequel elle est restée bouche bée, et encore un autre, avant qu'elle ne puisse refermer son bec et reprendre ses esprits. Une gorgée du délicieux vin vient aider à le faire.

- « ... je suis devenu son Chevalier, et sous peu je deviendrai son époux. »

Cette phrase reste suspendu dans les airs. Elle tente de contrôler la dilatation de ses yeux, et tapote quelques secondes encore son godet, avant de reporter son regard sur lui. Et voilà qu'il en rajoute : rencontrer sur les champs de bataille. Franchement ... en lice, à un tournoi, mais que faisait donc la princesse sur les champs de bataille. Mystère.

- La Princesse Marzina de Penthièvre-Monfort ?! Vous auriez pu me prévenir à mon arrivée ... tout de même ...
Ô rage, ô désespoir. Elle se souvient de la beauté dorée de son Altesse, mais elle se souvient également ses nombreuses interventions verbales à l'encontre de Finn, dont elle avait trouvé le discours déplacé à quelques reprises, envers Celle qu'il servait.
Nerveuse, elle extirpe son mouchoir brodée de sa petite bourse, et tamponne ses lèvres. L'odeur de la menthe la ravigote quelque peu. Elle comprend mieux désormais ce qu'elle avait pris pour une certaine audace et de la familiarité ; néanmoins, elle constate qu'elle est toujours aussi défaillante à comprendre ce qui se trame autour d'elle.
Recevez toutes mes félicitations Messire Finn, c'est un beau parti ..., "pour vous" évite t-elle d'ajouter. Elle l'avait connu vagabond, couvert de bure, les pieds abîmés de trop marcher, le corps meurtri aussi ; elle avait quelques souvenirs de blessures de ci de là qui parsemaient sa peau de guerrier. Et là .. Chevalier, futur marié ...
Pardonnez mon indélicatesse, mais cela voudra t-il dire que vous allez devenir Prince ? Enfin ... j'allais vous demander ... va t-elle perdre ses avantages pour prendre votre nom, ou est-ce vous qui allez gagner en avantage et la rejoindre à la cime des titres ?
L'Amour étant un sujet tabou et bien inconnu à la fleur, ses questionnements ne concernaient évidemment que les titres, qu'ils soient de nom ou de propriété. Et de rajouter :
Si vous me l'aviez dit plus tôt, je ne me serai pas permis de vous rejoindre ici ... seule de surcroit. Et ayant comme un doute sur la connaissance des convenances par l'Irlandais ... quoiqu'encore fallait-il qu'il en ai quelque chose à faire, car qui prendrait le risque de médire sur un Chevalier ? Une dame non accompagnée ne rend pas visite à un futur marié. D'une part, je ne souhaite pas m'attirer les foudres de votre Princesse, d'autre part je ne voudrais pas donner matière aux gens à commentaires. Enfin, si Arzela est dans les parages, l'honneur est sauf.

Se retournant pour regarder autour d'eux et vérifier que la jeune ne s'y cachait pas , elle rajouta à demi-voix :
Si j'ai bien compris, votre sœur fait ce qu'elle veut quand elle le veut. Et je doute sincèrement Finn, qu'elle ait envie de venir chez moi ou d'apprendre quoique ce soit de ce que je pourrais lui enseigner. Si c'était le cas, il est évident que c'est avec plaisir que je l'instruirais. Un bébé phoque dites vous ? Et l'Erudite de finir par éclater de rire, devant l'impuissance de l'homme fort face à cette jeune enfant.
Excusez-moi pour ce rire ... c'est que vous m'avez tellement donné l'impression d'être invincible et tout connaître, que de vous voir si dépiter à l'idée d'éduquer une fille ... . Incapable de finir sa phrase, riant de plus belle, cherchant à s'excuser du regard auprès de Finn.
Merci Finn ... merci infiniment ; cela fait une éternité que je n'ai pas ri de la sorte.
La Fleur se radoucit, observant les contours du visage de l'homme et évitant son regard détaché et impassible.
Je vous remercie de me proposer votre aide, et j'aurai plaisir à discuter médecine avec votre ... future épouse. Disons qu'actuellement vous m'aidez déjà à prendre pied dans cette ville. A l'occasion, si vous devez vous déplacer en Bretagne, j'apprécierai de visiter. A l'occasion ...
J'y pense ... votre sœur est-elle informée pour votre mariage ? êtes-vous baptisé ? une fois que vous serez marié, comment tout cela va t-il se passer ? ... pour vous ... la princesse ... votre soeur ...


Lâcher prise. Oubli des bonnes manières. Elle se sentait plus à l'aise, l'ambiance, le vin aussi. Et le fait qu'elle ai toujours eu une confiance aveugle dans cet Irlandais que Constance avait bien longtemps nommé "l'Infréquentable". Elle aurait été surprise de le voir épouser une Altesse ... si elle était restée.

_________________
Finn
Toujours très surpris d'entendre les gens se plaindre de ne pas avoir été informés de ci ou de ça le concernant, le Gaélique observe avec un certain amusement l'annonce faire son petit effet sur les traits danois.

- « Ahhh j'me disais bien qu'il était drôlement osé de réclamer une petite visite de mon logis ! Vous m'avez paru un peu légère sur ce coup-là, en effet. Mais si vous ignoriez tout de mes étroites relations avec la Prinsez, alooors je vous pardonne... », rétorque-t-il, non sans ironie. « Enfin, quand même... Un homme prochainement marié. N'avez-vous pas honte ? », s'offusque finalement l'Irlandais à grand renfort de comédie.

Ravi d'enfoncer le clou en la chahutant un peu au passage, Finn dévoile sa farce sur un sourire railleur. L'avalanche de questions qui y succèdent ne manque cependant pas de le lui faire ravaler. Sans parler du fait qu'elle se fout littéralement de sa poire. Mais ça, c'est de bonne guerre. Il est des gens dont l'Irlandais tolère les familiarités, ou même ce qui pourrait passer pour de l'insolence chez d'autres. La Savoyarde étant de ces rares élus, il n'en prend pas ombrage et vide la carafe de rouge dans les deux godets.


- « ‘Montfort-Penthièvre’. », corrige-t-il, tatillon. « Marzina ne détient nulle principauté. Il me semble qu'elle doit son titre de Princesse à un grand-père maternel qui fut Grand Duc de Bretagne. Et comme je ne serai pas plus petit-fils de souverain breton calanché que Pape à Rome une fois marié, vous n'aurez pas à m'appeler ‘Altesse’. En revanche, elle est bien Baronne de Quiberon, et ça fera de moi le Baron consort. C'est pas aussi gracieux, mais ça m'importe peu à vrai dire, tant qu'on ne me sort pas trop souvent. » Peu intéressé par le sujet, il développe néanmoins pour la curiosité de sa vis-à-vis. « Donc rassurez-vous, si ce n'est l'occasion de conclure un mariage qui aurait pu étendre ses terres, elle ne perdra rien et gagnera plutôt un époux à toute épreuve. »

Et riche, mais certaines choses ne se disent pas. D'autant que la raison semble désespérément absente de leur union puisqu'au mépris de tout sens commun, ils se bornent à suivre à la voie des sentiments profonds. Se grattant un menton velu, l'Irlandais reprend, un brin songeur.

- « J'ai pas encore eu l'occasion d'en causer à Arzela. Ses relations avec Marzina sont plutôt houleuses, pour ne pas dire tornadesques, et je ne voudrais pas les braquer en les imposant l'une à l'autre. Ce sont deux petits animaux farouches qu'il faut savoir apprivoiser avec patience et doigté. Et je crois détenir la solution qui nous satisfera tous. », avoue-t-il dans un moment de lucidité. « Vous aussi, d'ailleurs. Laissez-moi exposer ce compromis à ma sœur et si elle accepte, vous l'aurez selon les termes énoncés. »

Un petit sourire malin conclut la phrase, bien que l'assurance d'une telle réussite soit encore fortement prématurée. Et à peine l'idée est-elle effleurée qu'une autre surgit dans l'esprit tordu du vieil Irlandais, lui ravivant la prunelle d'une lueur cupide.

- « Maintenant dites-moi, ça rapporte un dispensaire ? »
_________________
Arzela.



Arzela, c’est un peu la sœur qu’on ne rêve pas du tout d’avoir. Bien qu’elle puisse être mignonne, ce n’est plus un joyau à l’état brut mais plutôt un menhir mal dégrossi. Un visage assez commun, des yeux verts caca d’oie malicieux, des lèvres légèrement pulpeuses et un nez qui rebrousse chemin. A tout ceci, ajouter une expérience ratée donnant une chevelure aussi blanche que le papy du village. Arzela est banale sans trop l’être. Disons qu’elle est le mauvais côté de la banalité, celui qu’on aimerait cacher. Mais la bestiole est beaucoup trop hargneuse pour finir cloîtrée dans la boucherie qui pue pas du tout du Brother dénommé Finn. La bestiole devient méfiante, notamment depuis qu’elle a rencontré une femme diablement louche. Mais louche du mauvais côté, pas du bon côté où on se méfie parce qu’on soupçonne que cette personne est une meurtrière ou autre banalité, non ! Louche du côté où l’on complote pour mariage & chiffons. Le truc MEGA ho-rri-ble. Le truc qui terrorise toutes les jeunes filles sensées. Car oui, Moineau est sensée ! Ahem.

Bref, quand elle vit la personne en question qui était en plus pote avec son frangin et qui taillait le bout de gras, Moineau qui était alors en train de chasser la limace –nouveau sport en pleine expansion- ne put s’empêcher d’ajuster son couvre-chef éléphant et de lâcher quelques mots gracieux.


«Póg mo thóin !* »

Oui, Moineau pense souvent être le centre du monde. Et la dame présente ne lui plaisait pas du tout avec ses manières à rallonge. Surtout qu’elle avait émis la certitude qu’Arzela devrait mettre des robes pour plaire et qu’EN plus ! Elle avait ri quand la décolorée du bulbe avait dévoilé sa volonté de devenir chevalier. Non vraiment, elle ne l’aimait pas vraiment celle-là.
La gamine, sur la pointe des pieds, observait l’étrange couple pas la lucarne. Puis, dans un élan de colère et de stupidité complète, elle ouvre la porte d’un grand fracas et manque de se prendre les pieds dans ses chausses qu’elle avait laissées à l’intérieur. Normal, en hiver, la limace ça se chasse bien nus. En plus, ça permet de garder la forme car ça nécessite de ne pas laisser son pied plus de deux secondes sur le sol neigeux. Je ne vous dis pas les mollets après divers sautillements ! Bref. Elle se rattrape et tente par la même occasion de rattraper sa fierté. Pour cela, elle donne un coup de pied dans ses chausses.


« J’te préviens ! Si ça parle mariage, j’vends tout tes meubles p’dant la nuit ! Et NON ! J’mettrais pas de robe ! C’touuuuuuut pourrite ! »

Sinon... Bonjour ?


*Kiss my ass

_____________________________________
Hyacinthe


Ah ce Finn, il a réponse à tout et le peu d'expressions qui passent sur son visage, est un voyage à lui tout seul que Hyacinthe ne manque pas de vivre intensément. Vrai que c'est une honte d'être sous son toit sans chaperon, vrai que les mariages d'amour finissent toujours mal ; pensez bien que sinon l'Homme et son intelligence n'auraient jamais instauré les mariages arrangés. Vrai aussi qu'elle était belle son Altesse et qu'à l'exception des sentiments, ils pourraient faire un joli couple plein de contrastes. Vrai qu'elle serait heureuse de ne pas devoir servir à Finn du "votre Altesse" et devoir lui faire courrier pour trouver rendez-vous. Mais bien sûr, qu'elle se plierait à l'étiquette. D'ailleurs, s'il était Baron ... ce serait "votre Grâce" si ses souvenirs étaient bons. Voilà qu'elle s'y perdait à ne plus fréquenter les beaux milieux. Vrai qu'il était à tout épreuve l'Irlandais, et à ces derniers mots, elle ne put retenir plus longtemps un sourire franc.

Toutefois, ce qui devait suivre l'effaça bien vite pour laisser ressurgir son enclin à la curiosité. Il savait y faire l'homme pour titiller son magistral besoin de tout savoir.

Vous seriez bien aimable devant moi, de ne pas parler de votre future épousée et de votre actuelle sœur comme des animaux ... , oui chassez le naturel il revient au galop, pour laisser place à la suite. Une solution qui nous satisfera tous ? Il va falloir m'en dire un peu plus. Avant d'en parler à votre sœur, qui je vous le rappelle est bien jeune pour prendre la moindre décision, vous pourriez m'exposer les détails de vos pensées alambiquées, et je le crains parfois fort peu bienveillantes ... histoire que j'y remette un peu d'ordre avant que vous n'alliez plus en profondeur dans l'élaboration de celles-ci.

Elle n'apprécie guère le petit sourire qui vient se percher aux commissures des lèvres de l'homme. Et cette vive étincelle dans son regard. Certes, cela pourrait lui donner un petit air charmant, mais Hyacinthe y voit plutôt le signal que les choses vont lui échapper. Ce qui a plutôt l'effet de la faire se redresser, et se tendre, aux aguets de la prochaine mauvaise idée de Finn. Après tout, elle avait bien cru ce cher Guilhem de bonne foi et s'était fortement fourvoyée. L'inconnu fait peur, et ne disait on pas que : "l'homme est un loup pour l'homme". Mieux valait prévenir que guérir, une évidence même pour une herboriste.

Aussi, la question suivante de Finn lui fit hausser un sourcil critique et lui arracha une petite moue contrariée :

Un dispensaire est un établissement où l'on prodigue gratuitement des soins et des remèdes. Alors non, ça ne rapporte pas car ce n'est pas là le but. Et si l'on ne trouve pas suffisamment de généreux donateurs, dans la population aisée, Noble de préférence qui ont un devoir de charité, on peut même y perdre.
Puis se sentant quand même le courage et l'envie de le piquer un peu, elle rajouta en plongeant son regard naïf dans ses prunelles d'avare :
Je dois avouer que monter un dispensaire avec "vos Altesses" serait pour moi un gage de ne pas y perdre ou y mettre un seul sou ... Je suis réellement enchantée que l'idée vous sied, et que vous releviez ma ...

Vzzzzzzzzzz ........ Traoummmmmmmm ... VLANNNNNNNN !
Le petit diable de Tasmanie en personne qui fait son entrée ! Une tempête, un tourbillon, que dis-je ? Un cyclone ! Une terrible catastrophe naturelle -et ça pour être naturelle, elle l'est !- s'abat sur la maison si calme et confortable !

Damoiselle Arzela ! Que d'empressement à parler. Vous pourriez commencer par nous saluer convenablement ...et ... et .... Observant la damoiselle des pieds nus aux cheveux étranges, l'Erudite ne peut s'empêcher d'interpeller du regard Finn, et de regardant la jeune enfant d'un petit air autoritaire :
Mais qu'est-ce donc que cette tenue ? Rêvez vous d'être saltimbanque ou diseuse de bonne aventure ? Est-ce là tout ce que le respect de vos ascendants et la fierté de votre famille vous inspire ?!

Plus c'est froid à l'extérieur chez Hyacinthe, plus ça rit à l'intérieur. Et ma foi, cette jeune femme la fait beaucoup rire, bien que jamais elle n'en parlera. Elle réveille en elle cette étincelle qui des années plutôt l'avait poussé à commettre le pire. Elle ne laisserait personne gâcher son avenir, telle qu'elle l'avait fait. Alors histoire de marquer le coup, et d'enfoncer un peu plus le clou :

Vous êtes une petite sauvageonne Arzela, et s'il faut un mari pour vous apprendre à vous tenir, alors nous allons envisager cette option au plus vite, avec votre cher Frère ...
Et regardant Finn :
N'est-ce pas ?Se permettant de se pencher à son oreille, elle murmura : un double mariage n'y avez vous point pensé ? Son altesse Marzina n'aurait elle pas un frère ?

_________________
Finn
Lui dire ? Avant d'en discuter avec la principale concernée ? C'est loin d'être sa façon de procéder. Pour qu'elle remette un peu d'ordre dans ses pensées, en prime ? Ben voyons. Écartant rapidement la perspective de dévoiler ses plans, l'Irlandais réfléchit néanmoins à son concept de refuge pour lépreux et autres indigents souffreteux. S'il entrevoyait l'opportunité de l'aider dans son projet en y prenant des parts, apprendre que l'entreprise est basée sur la charité le refroidit un tantinet. D'autant qu'elle semble insinuer qu'il va bel et bien devoir raquer... Sacrées bonnes femmes, toutes aussi vénales les unes que les autres.

Mais l'entrée fracassante de la frangine repousse la mise au point. Bruyante, comme à son habitude, la décolorée du bulbe ne manque pas d'exposer ses griefs à sa sauce. Quel petit caractère bien trempé. L'Irlandais admire d'un côté l'éloquence Ó Mórdha à son paroxysme et songe de l'autre à la faire pieuter dans le jardin, cette nuit, pour sauver son mobilier...

Lorsque la Savoyarde demande son aval, le sourcil se hausse. Mais lorsqu'elle se prend carrément à imaginer marier sa pauvre petite sœur au Prince de Retz, c'est la franche marrade. Même pas en rêve. Dans un éclat de rire, l'Irlandais se lève pour ébouriffer la tignasse immaculée et lui pincer la joue affectueusement.


- « Ça c'est ma sœur... Hein ? Hein ? Vous avez fait bonne chasse ? », gagatise le Gaélique, enthousiasmé par sa venue. « Personne ne voudrait vous épouser, voyons. »

Pour l'instant, du moins. Car il faut voir l'engin. En l'état, qui serait assez fou pour se l'infliger ? Si ce n'est lui, personne, et encore moins le Cerbère. Quant au double mariage, l'idée lui semble toute aussi saugrenue, sachant que la Prinsez refuse déjà d'inviter la turbulente frangine au leur.

- « Vous avez encore de looongues années à tirer auprès de votre cher frère 'mûr', rassurez-vous. »

Relâchant enfin sa joue, l'Irlandais retourne terminer son godet à table et reporte son attention sur l'invitée.

- « J'évoquerai le financement de votre dispensaire avec Marzina. Peut-être que l'idée nous séduira, peut-être pas. Quoi qu'il en soit, je vous le ferai savoir. Mais je dois avouer que nous embarquer dans un gouffre financier maintenant serait préjudiciable pour l'avenir. », espère-t-il lui faire comprendre sans avoir besoin d'ébruiter ses épousailles. Il lui reste encore à trouver un quelconque intérêt à investir. Enfin, voyant dans la carafe vide que le temps qui leur était imparti est écoulé, le Gaélique frappe sur ses cuisses. « Bien ! Il va m'falloir retourner à mon atelier. »
_________________
Hyacinthe


C'est assez étonnant comme la dernière galéjade de Hyacinthe réveille l'instinct fraternel de Finn. L'Irlandais devient familier avec elle, presque affectueux, et il ne semble pas prêt à lâcher la jeunette de si tôt. Ah les frères et sœurs, ça se chamaille toujours pour cacher cet élan d'affection qu'ils nourrissent en fait. Et la scène la ravit, rappelant à sa mémoire quelques souvenirs d'Alfred dans ses meilleurs jours ; paix à son âme.

Elle regarde la jeune fille, comme envieuse de sa situation. Sait-elle seulement la chance qu'elle a d'avoir encore quelques personnes de sa famille, prête à l'accueillir et à subvenir à ses besoins ? Cinthe se fait la promesse que si Arzela vient travailler chez elle, elle tentera de lui ouvrir les yeux sur tous ses faits qui font de la vie un joli jardin de fleurs.

Voilà que Finn conclut leur entretien, Hyacinthe est ravie de cette rencontre. Elle échange sa brioche contre le succulent morceau de viande bien emballé, se lève, réajuste sa tenue et sa coiffure. L'Espoir la remplit à nouveau, la voilà à Vannes, avec un "ami" ... oui elle pourrait toujours se dire ça, bientôt marié à une Princesse qui étudie la médecine, et qui pourrait l'aider dans la réalisation d'un établissement de soins, sans compter que ses nouvelles terres acquises vont lui ramener un joli petit paquet de blé. Elle a bien fait de venir !
Oubliant alors toute prudence, elle conclut à son tour :

Oui Finn, je vous laisse y réfléchir et nous reparlerons de tout ça après votre union. Je me doute que vous allez être fort occupé ces prochains ... Regard paniqué ! Elle vient de repenser à ce qu'a dit Finn. Arzela vs Marzina ... pas encore informé ... Oh mon Dieu ! Elle a tôt fait de se reprendre : après votre mission ... qui requiert toute votre attention. Il ne me siérait guère en effet que vous vous fassiez embrocher lors de celle-ci ... votre mission ... enfin ...
Confusion.
Elle se dirige vers la porte, et se retournant vers ses hôtes :

Cher Finn, je vous remercie infiniment pour ce morceau de viande. Je saurai lui faire honneur. Et je vous suis reconnaissante pour cette agréable conversation. J'attends de vos nouvelles, concernant nos projets.
Arzela ? S'il vous prenait l'envie de parler,
pense "ou autres" comme apprendre les bonnes manières ou comment tenir une maisonnée ma porte vous est ouverte. Prenez soin de votre frère.

Et de se hâter de prendre le chemin de la sortie avant que la jeune fille ne réagisse à la fatale erreur. Comme quoi un simple mot comme "Union" pouvait semer le trouble.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)