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[RP] De la doléance à l'alliance, il n'y a qu'un pas...

Finn
    [... De botte.]


Avachi sur un siège, l'Irlandais contemple la foule de badauds que l'hiver a sorti de leurs misérables chaumières. En cette matinée de décembre, la quiétude de la grande salle est troublée par un attroupement de plaignants venus réclamer audience au château. Peu à peu, l'ennui gagne le Chevalier, et le coude posé, son menton aux poils hirsutes s'écrase avec une grande lassitude dans sa paume. Il n'entend que jérémiades sur jérémiades. Quand c'est pas le climat qui met le feu aux fourches, c'est une vieille bonne femme venu s'inquiéter que ses poules lui pondent des œufs carrés... Sorcellerie ! Il l'aurait bien fait flamber celle-là. L'Altesse trônant à ses côtés et présidant l'interminable séance de doléances s'attire toute son admiration. Elle n'a même pas l'air de vouloir flancher quand lui menace à tout instant de rejoindre le pays des songes. Des années de pratique, sans doute. Si ça ne tenait qu'à lui, la mortalité de la presqu'île chuterait après chaque session du genre.

Au bout d'un moment qui fut long, n'y tenant plus, il se penche à l'oreille de sa suzeraine :

- « Excusez-moi, je reviens. »

Et de s'éclipser sans demander son reste.


    [Plus tard, dans la file d'attente.]


Ça bouscule, ça chahute. L'envers du décor n'est pas bien reluisant. Mais l'idée lui est apparue en allant pisser dans la cour : pourquoi pas lui ? Le Gaélique a eu tout le temps d'étudier le système : il suffit d'attendre son tour pour se faire exaucer. Alors pourquoi pas lui, hein ?

Jouant des coudes dans la mêlée, l'Irlandais patiente presque sagement.


- « Rah mais poussez pas, bon Dieu, on va tous y passer ! »
- « C'est derrière, y a une femme enceinte qu'essaie d'doubler ! »
- « Chacun son TOUR ! »
, grogne le Frisé avant de menacer ladite resquilleuse en imitant le tracé d'une dague sur sa gorge avec le doigt.

Tournant comme un lion en cage au milieu de la gueusaille, il commence à se demander s'il n'aurait pas mieux fait de faire valoir son statut de vassal, pour une fois. Mais arrivant au terme de son attente, l'Irlandais se précipite dans la salle et s'avance, l'épée quiberonnaise au flanc, pour aller s'incliner avec déférence devant la maîtresse des lieues.

- « Bien l'bonjour, Prinsez. Comment se porte Son Altesse, en cette fraîche journée ? », répète le Gaélique après avoir entendu tous les autres lui servir la même soupe.

Il se racle la gorge.

- « Alors moi, j'aurais trois requêtes. » Rien que ça. « La première, pour ma jeune sœur. La pauvre petite loge chez moi depuis des jours et se languit de trouver un gagne-pain honnête. J'lui ai promis de vous en toucher deux mots. Deuxièmement, j'aimerais faire pendre lui.. là. » Imprimant un quart de tour, l'Irlandais pointe du doigt le fermier derrière lui. « Il m'a marché sur l'pied. »

Et le meilleur pour la fin.

- « Troisièmement... »

Le Chevalier pose un genou à terre et ouvre sa main sur un petit anneau d'or fin, damasquiné d'entrelacs celtiques sur l'extérieur, et frappé à l'intérieur des mots suivants : « Deux bottes valent mieux qu'une. » Et d'une voix prenant à témoin tous les présents :

- « Marzina eus Montforzh-Penteür, Prinsez Breizh ha Baronez Kiberen... Consentiriez-vous à vous unir à moi, d'âme et de corps , sous le regard bienfaisant de Dieu notre Tout Puissant Seigneur ?... Voudriez-vous m'épouser, quoi ? »
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Marzina
Les doléances, faut bien dire, c'était plutôt du genre pénible, mais ça sentait aussi la maison. Et ça, ça n'avait pas de prix. Elle supportait d'autant mieux les inepties qu'elle savait qu'un grand feu l'attendait, avec un vrai repas, et un vrai lit. Un vrai lit où elle pouvait se lover à chaque coup de fatigue, quelle que soit l'heure. Avec toujours un goûter de prêt quand elle se levait. Alors les doléances, ce n'était rien, surtout comparé à un diner avec le Marquis de Nemours. Une peccadille, les doléances! Et ça se finissait quand elle en avait marre.
N'empêche que comme elle n'avait pas été là pendant longtemps, la file était longue. Heureusement avec l'habitude, les automatismes se créent, elle n'a pas besoin de beaucoup d'attention pour répondre. L'Irlandais se lève, elle lui jette un regard en coin et soupire. Quel lâcheur!
En plus, elle avait envie de passer au petit coin. L'Altesse se tortille sur son siège, espérant que le vil vassal revienne bientôt pour tenir la barre à sa place le temps qu'elle ira soulager sa vessie sournoisement écrasée par la graine. En attendant, elle se tient la tête droite, le port noble. Parce que sinon, la couronne princière va tomber. Ça ferait mauvais genre, maintenant qu'elle a été réhabilitée.
Deux ou trois quiberonnais en colère plus tard, elle envisage de clore la séance. L'Irlandais ne revient pas, et il faut VRAIMENT qu'elle aille soulager sa vessie. Elle lève deux doigts, prête à clore la séance, quand elle voit du remue-ménage dans les rangs. Se penchant de côté, elle jette un oeil et à sa grande stupéfaction, elle aperçoit l'Irlandais. Voilà qui a le don de la réveiller. Et d'éveiller sa curiosité. Il va falloir qu'elle lui explique certains trucs quand même. Dont la place d'un vassal d'une Altesse, qui n'est clairement pas au milieu des pouilleux. Même les gardes se gaussent. Faut dire, à boire avec eux, ils se permettent tout après!
Un regard noir suffit à calmer le personnel. Elle, elle ne s'enivre pas avec eux, on voit tout de suite la différence! Le voyant entrer et baragouiner quelques mots maladroits comme les malandrins qui l'ont précédé, elle lève un sourcil circonspect. La première requête lui fait froncer le nez, et elle envisage de le virer de la salle à coups de pied au fondement. La deuxième lui arrache finalement un sourire en coin. La troisième manque lui faire un arrêt cardiaque.
Avec un mouvement de la main frénétique, elle lui fait signe de se relever avant de lui marmonner:


"Vous êtes mon vassal vous savez. Vous n'êtes pas obligé d'attendre parmi la gueusaille. Encore moins de faire vos demandes aux doléances."

Un soupir avant de continuer sur le même ton:

"Si vous devez devenir baron consort de Quiberon, il va falloir qu'on voit ensemble deux ou trois trucs avant."

Elle toussote, et reprend à voix haute.

"Vous voulez la considérer comme votre soeur, soit. C'est votre choix. Mais aussi votre problème par conséquent. Pas d'arnaqueuse chez moi! Alix Ann va revenir, cette enfant dévergondée risquerait d'abimer son éducation. Et puis de toute façon, je ne l'aime pas. Si elle met un pied à Quiberon, un seul, je vous vire en même temps qu'elle!"

Elle en oublierait presque son envie de pisser, à s'énerver comme ça. Regardant au dehors pour reprendre son calme, elle continue d'un ton plus doux:

"On ne tue pas les quiberonnais. Mais vous pouvez les frapper s'ils vous manquent de respect. Mais ils doivent survivre. Souvenez-vous de ça."

Avant de finalement se pencher pour jeter un oeil à l'anneau. Les yeux se plissent pour essayer de lire ce qu'il y est inscrit. Pas un doigt ne viendra se tendre vers l'objet jusque là signe de malédiction. Par contre, une main se lève pour faire signe aux gardes de disperser la foule, le reste se doit d'être privé. On ne peut pas tout partager avec ses gens. Se penchant à nouveau vers le bijou, un sourire espiègle lui échappe, et levant ses yeux noirs vers lui elle lui demande avec candeur:

"C'est marqué quoi?"

Non non, elle n'y touchera pas.
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Finn
Tout en se relevant, le Chevalier hausse le sourcil. Il n’était pas obligé d’en passer par là, ah bon ? Ça lui a pourtant paru être une bonne idée, à un moment. Sûrement car elle avait exigé une bague et la demande en bonne et due forme qui va avec. Alors tant qu’à faire, autant la rendre publique.

Sans surprise, sa première requête est tout bonnement refusée. Rien d’étonnant quand on connaît la bestiole dont il a hérité pour sœurette. Il aura au moins essayé. Quant à la seconde, le résultat est plus nuancé et un sourire carnassier oblique vers le pauvre bougre qui échappe à la corde, mais pas à la vengeance de ses phalanges. Ce qui, en soit, est infiniment plus cruel.

Tandis que la populace débarrasse le plancher, l’Irlandais retourne un sourire vaguement espiègle vers l’Altesse. L’aurait-il complètement dans le cul ? Peut-être pas. De l’intérêt naît la curiosité.


- « Deux bottes valent mieux qu’une. »

Toute une histoire. Et d’approcher d’un pas, puisqu’ils sont seuls à présent. Ne pas trop l’effrayer surtout, mais lui montrer l’objet d’un peu plus près.

- « Je l’ai forgé moi-même. », se vante l’Irlandais, pas peu fier de l’ouvrage. « Enfin, avec l’aide d’un orfèvre du coin. C’était pas une flèche, mais il avait de petits doigts fort habiles. »

Contemplant la beauté bretonne d’un regard tendrement admiratif, il tente :

- « Vous voulez l’essayer ? Voir ce que ça donne… »
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Marzina
Là où le Chevalier se trompait, c’est que si elle avait exigé une bague, elle n’avait pas du tout demandé le cérémonial qu’il avait ajouté autour. Mais ça ne lui avait pas forcément déplu, bien qu’étonnée. Maintenant que la grande salle s’est vidée, c’est qu’elle serait presque impressionnée un peu, la blonde. Ca l’intimide presque, cette intimité qui s’installe. La bague l’intrigue. Elle n’en a jamais eu, une comme ça. Non, celles qu’elle avait eues étaient des modèles achetés en France chez des orfèvres à la mode dans un style des plus ostentatoires. A n’en pas douter leurs acquéreurs avaient dû entrer dans la boutique en demandant « la plus chère ». Sauf pour une, dans le style totalement inverse puisque vendue sur place par le curé comme « bague des pauvres ». Elles avaient chacune rejoint leur prédécesseur à l’annulaire, et mis à part la bague « monopriks » comme l’appelait Marie, qui s’était distinguée par sa laideur incommensurable, aucune attention n’y avait vraiment été portée ni à l’achat ni à la découverte.
Celle-ci ne ressemblait pas à celles qu’elle avait l’habitude de voir, et en cela attirait son attention. Avant même qu’il ne le dise, elle avait remarqué le soin porté à la choisir qui avait fait naître le sourire. Un doigt curieux effleure finalement les entrelacs, avant de s’en détacher brusquement comme si la bague avait été brûlante.


« Vous savez, j’y ai réfléchi un peu, et je me dis que ça dépend des fois. Deux bottes valent mieux qu’une, certes, mais deux bottes classiques ne valent pas mieux qu’une botte en fourrure. »

Ne cherchez pas d’explication logique ou rationnelle, ou un quelconque sens caché, c’est purement une question de mode. Et puis si elle n’avait pas apporté une nuance, ou contrarié un peu l’Irlandais, elle ne se serait vraiment plus sentie elle-même. Les yeux ne se détachent pas du Précieux cependant. L’essayer ? Elle en meurt d’envie en fait, elle aime bien les belles choses l’Altesse, encore plus celles qui sont uniques, et la bague assurément l’était.

« Elle est belle », qu’elle dit seulement en guise de réponse.

C’est que l’envie ne fait pas disparaitre la méfiance, et elle en a à revendre sur tout ce qui touche au mariage.

« La porter, ce serait risquer de l’abimer. »

Excuse toute trouvée pour éviter d’avouer qu’elle a peur que ca porte malheur.
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Finn
Elle annonce qu’elle a réfléchi, ce qui n’augure rien de bon. La remarque sur la supériorité des bottes fourrées lui arrache une mine perplexe. Réfléchissant à son tour – ce qui n’est généralement pas plus prometteur –, l’Irlandais en conclut :

- « Vous désirez un nouveau manteau d’hermine, c’est ça ?... »

Encore des dépenses, ça lui ferait presque mal au cœur s’il ne la trouvait pas admirablement délicieuse, emmitouflée dans ses fourrures hors de prix. Son attention est ramenée sur la bague et le compliment dont elle la gratifie.

- « Mais ne pas la porter serait faire injure au travail mené dessus. », souffle le Gaélique, le sourire de retour. « Elle est précieuse, comme vous, mais solide aussi, comme mon engagement. »

Les craintes de l’Altesse ne lui ont jamais échappé, se rappelant à lui chaque fois qu’il entend tinter son maudit collier de promesses déçues. Alors c’est le moment de bien choisir ses mots, avec le palpitant et tout, sans oublier d’y mettre le ton.

- « C’est pas né d’hier, vous savez. Plusieurs fois j’ai imaginé vous en passer une au doigt. Notamment lorsque votre frangin prévoyait de vous faire épouser l’une de ces grosses panses imbues de leurs titres et qui vous auraient posée sur une étagère comme un joli petit trophée d’ivoire. Mais ils ne vous méritent pas, ces gens-là. Pas même en bibelot. Moi, je vous veux en chair et en os, avec vos désagréables petits travers comme vos grandes qualités. » Coulant une caresse sur le dos de sa main, le sourire à toute épreuve du Chevalier se veut rassurant sur l’avenir. « Alors si j’ai tardé, c’est surtout parce que je refusais de rejoindre les rangs de ceux qui vous ont promis la Lune mais qui vous ont plantée sur le trajet. Et je le refuse toujours. Aujourd’hui que je suis affranchi des mes erreurs, je peux vous promettre une vie à mes côtés sans craindre de vous décevoir en cours de route. »
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Marzina
Elle ne comprend pas pourquoi Finn lui parle soudainement d'un nouveau manteau d'hermine, mais note qu'il n'a pas spécialement l'air contrarié lorsqu'il le demande. Du coup elle ne prend pas la peine de le corriger, elle ne voudrait pas l'arrêter sur sa lancée, et s'intéresse pleinement à la bague. Les mots sur le bijou lui arrachent un nouveau sourire amusé, le reste le font disparaitre au profit d'un air étonné. Certes, l'Irlandais a souvent fait des allusions au mariage avant leur départ pour ce long périple en France, mais l'Altesse ne les a jamais compris. Ou n'a jamais voulu les comprendre. Du coup, elle est un peu surprise, de l'entendre dire comme ça que ça fait si longtemps que ça qu'il envisage de l'épouser.
La bouche se mue en une petite moue.


"J'ai pas de "petits travers".

C'est qu'elle aime pas trop qu'on dise qu'elle a des défauts. Nouveau regard à la bague. Ça la titille. C'est comme d'avoir une nouvelle houppelande et de n'avoir pas le droit de l'essayer. Ou d'avoir une montagne de chouquettes sous le nez, mais d'avoir interdiction d'en manger ne serait-ce qu'une. Les doigts se tendent vers l'anneau, le frôlent, puis s'arrêtent.

"C'est pas vous qui devez me l'enfiler normalement?"

Toute connotation sexuelle dans cette phrase serait totalement fortuite.
Et non, elle ne cherche pas encore à gagner du temps. C'est faux. Totalement faux.

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Finn
Sans se faire davantage prier, l'Irlandais accueille la dextre dans sa paume et s'applique à faire doucement coulisser l'anneau à l'annulaire. Le bijou lui va comme un gant, et Finn prend alors conscience de la lourde tâche qui lui incombera bientôt : l'enfiler elle, et elle seule, jusqu'à ce que l'Ankou les sépare. Quoiqu'il pourrait sûrement continuer encore et encore sous forme spectrale, du moins l'espère-t-il.

- « Vous la sentez ? », demande-t-il en levant un regard amoureux sur la délicate tornade bretonne. « Ce sont mes bras qui vous enserrent quand vous avez froid. »

Poète ? À ses heures... Charmant ? Déjà beaucoup plus rarement. Mais l'occasion fait le larron. Et celle-ci fait remonter quelques pensées impures des tréfonds de son ventre. Se penchant alors à l'oreille, il écarte une mèche de boucles blondes.

- « On vous a déjà prise sur le trône ? »
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Marzina
Oui, elle la sent. Un peu trop d'ailleurs. Plus qu'une chaleur, elle lui semble glacée. Et puis elle n'a pas oublié cette expérience traumatisante de la bague monopriks, achetée tellement au rabais qu'elle n'était pas à sa taille, enfoncée par une soirée de beuverie et impossible à retirer le lendemain. Scellée à la colle divine.
Vraiment horrible comme expérience. Une fois enfilée, les yeux noirs rivés dessus, elle n'a qu'une seule envie: essayer de la retirer, pour vérifier qu'elle va pas rester coincée. Mais bon, elle a comme dans l'idée que l'Irlandais le prendrait très mal, comprendrait le geste de travers...Pfeuh, compliqué c't'homme là.


"Ah ça pour la sentir..."

La phrase reste en suspend. Ça vaut mieux. Il y a déjà bien assez de conflits en ce moment sans chercher à en déclencher quand on peut l'éviter. Perdue dans des pensées plus suzeraine que femme, l'Altesse répond finalement à la requête finale par un sourire en coin railleur et une pichenette sur la truffe de l'animal irlandais empressé.

"Nous envisagerons la chose quand vous serez baron. Vous voulez monter sur le trône avant même de prononcer vos vœux! Chaque chose en son temps, il nous faut voir certaines choses avant."

D'un geste autoritaire elle replie le bras de Finn avant d'y poser élégamment une main. Puis elle le dirige vers la sortie de la salle où les gardes encadrent le départ des derniers quiberonnais venus demander audience. Allant à l'opposé, elle le dirigea vers la porte donnant sur les jardins, beaucoup plus triste avec cet air endormi que leur conférait l'hiver.

"Finn, si...lorsque je vous épouserai..."

Merde. C'est que ça lui fait bizarre de dire ça tiens, ça a même eu du mal à sortir pour le coup. Ça sonne définitif, ça donne un peu le vertige en fait.

"Comme je vous l'ai dit, vous deviendrez baron consort de la presqu'île. Vous avez été seigneur, mais il me semble que jamais vous n'avez pris soin d'administrer vos terres. Les choses maintenant seront différentes, parce que j'aspire pour ma part à rester proche de ceux que j'administre. Par proche je n'entends pas que je vais aller rire avec eux, mais que je cherche leur bien-être, parce qu'ils veillent au mien. Et aussi parce que j'en ai fait la promesse à mon père lorsqu'il m'a confié ces terres."

Quelques pas sur les dalles se font silencieux tandis qu'elle regarde ses pieds, songeuse.

"Autrefois en Bretagne, les femmes ne partageaient pas leurs terres avec leur époux. Il me semble qu'il en avait été décidé ainsi pour éviter que les français ne s'intéressent de trop près aux bretonnes, enfin c'est vieux. Mon père avait fait abolir cela, le Grand Duc qui lui succéda, Riwan de Brocéliande, a fait supprimer tout ce que mon père avait établi concernant la noblesse. Taliesyn a maintenant rétabli le partage des terres entre époux, que les terres soient apportées par une femme ou un homme. Comprenez-vous où je veux en venir Finn?"

Elle s'arrêta un instant pour lever un regard bien sérieux cette fois vers lui.

"Après ce mariage, notre mariage, les quiberonnais verront en vous leur seigneur, tout comme avec moi. Ils attendront de vous que vous répondiez à leurs besoins et leurs questions tout comme je le fais. Vous serez baron sur ces terres au même titre que moi, sauf qu'il sera à moi de répondre auprès du Grand Duc de la gestion de ces terres, et que le dernier mot sera donc mien sur toutes les décisions concernant la presqu'île."

La tête se penche légèrement, scrutant les réactions sur le visage de celui qui lui fait face.

"Vous sentez-vous prêt à assumer tout ceci? Je veux dire par là, vous sentez vous à même là, maintenant, d'assumer ce rôle? Connaissez-vous ce qu'il y a à savoir pour administrer des terres?"

Un discret sourire se dessine tandis que les yeux redescendent vers le ventre à peine apparent qui commence lentement à faire son apparition au fil des jours.

"Notre enfant va grandir ici, ce sera chez lui et à notre mort, il en héritera..."
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Finn
La bague lui sied, semble-t-il. Elle la sent même. Victoire ? Non, jamais avec cette Altesse si contrariante. Et la petite partie de jambes en l'air passe à la trappe.

- « C'est vous que j'voulais monter, pas le trône... », ronchonne le Gaélique en se frottant la truffe.

Son bras annexé et manipulé comme un jouet, l'Irlandais se sent manchot. Alors c'est ça, le mariage... Du don de membre. Tandis qu'il l'accompagne, le regard vissé sur la main devenue maîtresse de son bras, le Chevalier se fait à l'idée. La position ressemble fort bien à celle qu'il lui fit adopter devant la valetaille du Marquis de Nemours, alors qu'ils jouaient le petit couple fraîchement marié. Un « si » malheureux lui fronce l'arcade, mais trop bien rattrapé pour faire scandale. Et d'entendre la suite lui fait réaliser qu'elle a réellement accepté de l'épouser. S'il s'y attendait... Encore une victoire de Canard.

Les jardins recouverts d'une fine pellicule de neige attire son œil alors qu'elle y pose le sien. Elle tente manifestement de lui expliquer quelque chose. Bien que fort intéressante, la petite histoire bretonne n'est pas là pour agrémenter le paysage. De toute évidence, elle annonce une discussion tout ce qu'il y a de plus sérieux. Et il n'est pas pas déçu. Ils manquent une occasion de se culbuter comme des sauvages dans la grande salle pour ÇA ? Un point de droit ? La question du bien-être de des petits Quiberonnais ?? La femme a toujours été un mystère pour lui. À croire qu'il ne l'a pas encore suffisamment creusée.


- « Mmmoui, je suppose que c'est un peu comme mener une armée. », répond-il en se grattant la barbe. « Veiller à ce que personne ne manque de rien et ne surtout pas laisser douter de sa légitimité à commander. » Hochement de tête plutôt serein : ça devrait le faire. « Excepté que là, on peut pas pendre ceux qui s'enfuient... »

Au moins a-t-il retenu qu'on n'abat pas les Quiberonnais comme du bétail.

- « J'ai encore jamais administré de terres, c'est vrai. », reconnaît-il malgré tout, sentant que l'expérience comme les connaissances pratiques lui manquent. « M'enfin j'ai déjà géré un bordel, quand même. » Ça compte ça, non ?

Et de parodier les voix plaintives de ses anciennes employées :
« 'Et que j'ai l'vagin qui suinte', 'et qu'ça gratte', 'et qu'il faut appeler un médeciiin'... Ou 'mon client ne respire plus, faites quelque chose !' … Ou même 'Il m'a frappééée, regardez ça saiiigne, faut ENCORE appeler un médecin'... » Soupir de l'ex proxénète. « Non franchement, gérer une équipe de chouineuses est infiniment plus compliqué que de résoudre les soucis de trois pauvres éleveurs de crabes. Ne vous en faites pas. »
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Marzina
La réponse ne la convint pas. Un sourcil circonspect se lève. Il est complètement à côté de la plaque! Elle lui parle de tout un territoire, de familles, de la culture et de la fabrication de NOURRITURE, et lui compare ça à un petit commerce!
Ah ben allons-y, anoblissons tous les artisans alors, ils feront de parfaits seigneurs!


"C'est pas du tout comme mener une armée."

Oui, sans aucun remord elle annihile ses certitudes. Et avec un air revêche en prime.

"Dans une armée, vous n'avez pas d'enfants, de vieillards. Une armée, vous la menez le temps d'une campagne, pas pendant des années! Vous achetez de la nourriture avant de partir. Qui la fabrique à votre avis, cette nourriture? Qui pêche, cultive, cuit ce que nous mangeons chaque jour à notre table?"

L'index vient se planter devant son nez.

"Et il n'y a pas que nous à nourrir, il y a le château tout entier. Les familles qui vivent sur la presqu'île. Il faut aussi les loger. Veiller à ce qu'ils aient ce dont ils ont besoin pour exercer, matières premières comme bâtiments! Réglementer le ramassage du varech pour l'hiver. Maintenir l'équilibre dans la communauté. Procurer ce qu'il manque. Pallier aux problèmes rencontrés saison après saison. Gérer les comptes. Surveiller les travaux..."

Les bras se croisent finalement, lâchant le cancre irlandais.

"Ce n'est pas qu'un commerce qu'il faut gérer Finn, c'est tout le commerce de l'île! Faire justice aussi! C'est...c'est...c'est un énorme travail quotidien, vous ne vous rendez pas compte!"

Le nez se fronce, le couperet tombe.

"Vous allez devoir apprendre, tout comme Alix Ann. Et VITE avec ça. Avant que les quiberonnais ne se rendent compte du désastre et que votre crédibilité soit à tout jamais réduite à néant. Déjà que vous buvez avec la garde!"

Un soupir. La blonde reprend son calme.

"J'espère que vous n'avez rien prévu dans les jours à venir."

Le tout avec le regard noir qui te donne pas envie d'essayer de prétendre l'inverse.
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Finn
L'Irlandais n'aime pas bien la tournure des événements, et le montre d'un sourcil se dressant avec dédain.

- « Vous être vraiment trop terre-à-terre. C'est une image, Prinsez. Et d'après ce que j'entends, la comparaison est tout à fait pertinente sur le principe. » À son tour de lever le doigt pour ne pas se laisser interrompre en si bon chemin. « À savoir : veiller sur une communauté. Vous croyez qu'il n'y a pas de stock de nourriture à gérer, dans une armée ? Pas de soldats à loger, non plus ? De comptes à tenir ? De travaux à superviser ? D'équilibre à maintenir ? De justice à rendre ? »

Ta-ta-ta... Il y a méprise.

- « Alors bien sûr, c'est sur une période plus courte, et la gestion d'un fief est une entreprise à plus grande échelle, mais les qualités requises sont sensiblement les mêmes ! », argumente-t-il, pas plus impressionné que ça par la tâche. Le pauvre... « Et j'étais qu'un simple Chevalier, rien d'anormal à ce que je trinque avec la garde. Ça soude un groupe, voyez. On a partagé nos petites histoires, on a créé des liens. Maintenant au moins, je connais ceux qui vous protègent jour et nuit. Vous saviez, vous, que l'archer de la tour Nord ne voit en fait que d'un demi-œil ? Ou que le garde à l'entrée du château est un jongleur chevronné ? Ou encore que la femme du sergent d'arme élève une loutre chez elle ? Non, évidemment. » Tu penses, ça lui passe au-dessus de la tête ce genre d'information capitale. « Dans une armée, j'ai toujours pris soin de fraterniser avec mes camarades et c'est ce que j'ai fait dans la vôtre. Vous me remercierez lorsqu'on devra les mener au combat. Car c'est pas en snobant ses troupes qu'on s'attire leur respect ou leur confiance. D'ailleurs, j'envisage de les entraîner moi-même, parce que c'est vraiment n'importe quoi là... Ils savent juste crier 'GLOIRE' quand ils vous voient passer par la fenêtre... »

Autant dire que ça surprend, la première fois.

- « Quant au reste de vos attributions, c'est comme tout : j'apprendrai sur le tas. Si des femmes y arrivent, ce sera un jeu d'enfant. » La femme et l'enfant étant tout naturellement sur le même échelon de l'évolution, il n'en doute pas. « Enfin, si vous tenez vraiment à m'instruire, je me montrerais au moins aussi attentif que vous lors de mes cours d'escrime. Et ça, j'aurais aucun mal, croyez-moi ! »

Pour un peu, elle dirait qu'il a un mauvais sens du contact avec ses semblables. Non mais sérieux.
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Marzina
Les yeux s'arrondissent, pour un peu, la mâchoire en tomberait. Tant de suffisance, tant de confiance en soi, c'est hallucinant! Les yeux de la blonde se plissent, et elle l'observe lui expliquer à quel point c'est tellement facile de gérer des terres. Pour sûr, elle va lui montrer à quel point il a tort, mais pas tout de suite. Non. C'est d'une bonne leçon dont il a besoin.

"Très bien, à ce que je comprends, vous êtes parfaitement au point. Ce que moi, simple femme, je peux faire, vous le pouvez aussi. Et sans instruction. Vous êtes tellement intelligent!"

Elle relève le nez, renvoie derrière son épaule les boucles blondes.

"Très bien. J'ai compris, ne vous inquiétez pas. C'est tout ce que je voulais savoir. Demain, j'ai des choses à faire. En tant que vassal, vous êtes en mesure de me remplacer lors des séances de doléances."

L'index se pose sur le nez irlandais tandis qu'un sourire sadique se dessine sur les lèvres de l'Altesse.

"Vous tiendrez les doléances demain. Toute la journée. Avec notre voyage, les doléances ont pris du retard, il y a beaucoup de demandes. Vous serez assisté de Mathilda qui notera vos décisions."

Elle lui souhaiterait bien bon courage, mais il n'en a pas besoin à l'entendre. Elle retire l'index, après un regard aux alentours lui vole un baiser, puis s'en retourne vers le château en lui lançant par dessus l'épaule.

"Je ne prendrai pas la peine de vous enseigner, vous savez déjà tout!"

Le sourire s'élargit alors qu'elle s'éloigne. Ce ne sera clairement pas n'importe quels paysans qui viendront le voir demain, elle ne prendrait pas ce risque. Ce sera ses plus loyaux sujets, transformés pour l'occasion en chieurs.
Et on verra bien, si c'est un jeu d'enfant.

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Finn
C'est pas trop tôt. Enfin, elle comprend. En partie, tout du moins. Car c'est un comble, tout de même... Ça vous prend de haut avec ses petits devoirs de souverain et puis ça OSE jouer les vexés. Il aurait bien joué les vexés, lui aussi, seulement ça donne l'air d'avoir été heurté par la vérité. Or, il n'y croit pas une seconde à ces douze travaux d'Hercule. On sait ce que l'on vaut ou l'on ne sait rien. L'Irlandais sait, lui. Enfin, il sait en être capable, de là à dire qu'il sait tout... C'est pourtant ce qu'elle interprète, le mettant au défi de satisfaire les demandes de son peuple. Alors là, ça va pas être triste.

Elle l'aura voulu...



    [Le lendemain, aux aurores.]

Confortablement enfoncé dans son nouveau trône, le Gaélique lâche de grands bâillements insouciants. La grande salle n'est pas encore assaillie par les pleurs des locaux, ce qui lui laisse un peu de temps pour se fondre dans son rôle. La Mathilda promise siège à ses côtés, prête à rendre compte des décisions du Baron d'un jour.

- « J'devrais avoir la couronne. », qu'il lui dit, sentant là un handicap de taille. « Ça l'fait moins sans la couronne. »

Enfin. Au moins, il a échappé aux leçons de parfait petit berger de Quiberon et hérité d'une mise en situation. Plus court, et surtout plus concret. C'est ainsi qu'on se forge.

- « Bon, ça vient oui ?! », braille-t-il, impatient d'en finir.
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--Mathilda.
Elle avait été briefée la veille. Elle avait été recrutée au service de l'Altesse dès l'arrivée de celle-ci à Quiberon, et n'avait jamais manqué une seule séance de doléances, ni mêmes de justice seigneuriale. L'Altesse lui avait demandé aujourd'hui de faire respecter la forme au Chevalier, et de ne pas se préoccuper du fond, de se contenter de prendre note comme à l'habitude.
Vêtue d'une houppelande simple mais avec une tenue soignée, les cheveux nattés avec soin, la jeune Mathilda guette le réveil du Chevalier, avec discrétion, comme toujours la concernant. Elle a ouvert la Grande Salle, installé un parchemin à la place du grand livre, et disposé plume et encrier en attendant sa venue. A sa venue elle se lève et s'incline poliment sans un mot. Mais ses yeux s'arrondissent en voyant le Chevalier s'asseoir sur le trône de l'Altesse.

"La couronne est celle de l'Altesse, Chevalier. Le Chevalier ne porte pas la couronne, mais l'épée", annonce-t-elle avec l'allure de celle qui récite une leçon apprise par coeur, "même si aujourd'hui vous remplacez l'Altesse, vous n'en devenez pas prince pour autant, ni même baron. Alors vous n'avez pas besoin de couronne."

Remettant soigneusement une mèche de cheveux fuyante derrière une oreille fine, elle lui fait remarquer:

"Je ne peux pas décemment ouvrir la séance tandis que vous êtes à la place de son Altesse. Cela risquerait de choquer les quiberonnais, comme ça me choque, Chevalier."

Et elle attend, le fixant d'un air neutre, qu'il se décide à rejoindre sa place.
Finn
Ahuri, le Gaélique tourne la tête vers la demoiselle. Ça y est, il est entré dans le personnage.

- « Marina, vous êtes virée. », annonce-t-il sans prendre de gants. « À la fin de cette séance, vous me videz la chambre et vous r'tournez chez vos vieux. »

On va pas se laisser emmerder par du personnel réfractaire, non plus. Considérant malgré tout que la remarque n'est pas complètement dénuée de bon sens, le Chevalier reprend son siège. Sans manquer d'écarter le trône pour foutre son fauteuil à la place, néanmoins.

- « En attendant, envoyez-moi l'premier. C'est bientôt l'heure de ma prière... »
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