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[RP] L'horreur d'une profonde nuict ...

Praseodyme

C’estoit pendant l’horreur d’une profonde nuict. Un vent mordant, descendu en hurlant du septentrion, agitait les branches tordues des arbustes dénudés, fouettant la cape brune de la femme. Elle se tenait tapie dans l’ombre du hallier, insensible au froid qui montait du sol, scrutant le chemin en contrebas, vers un carrefour éclairé par la pâle lueur d’une lune en forme de rognure d’ongle jaunie. Praséodyme (car s’estoit elle), nom de code Maman Poule, guettait patiemment l’arrivée de sa proie. C’estoit une poule sauvage, du genre de celles qui combattent, et de préférence du côté obscur de la basse-cour. La patience estoit une vertu première, dans son secteur d’activité professionnelle, alors Praséodyme attendait patiemment.

Quelques jours auparavant, une petite troupe s’estoit mise en branle, mêlant de vieux briscard blanchis sous le harnois à quelques jeunes pousses avides d’en découdre, et qui représentaient l’avenir de la Famille. A poinct nommé, la bande s’estoit séparée en deux groupes, d’aucuns partant en un sens, les autres en autre sens, à fins de labourer au plus juste le champ des possibles. Maman Poule menait dans son sillage une poulette d’expérience, et deux jeunes poulets de l’année, pour faire que ceux-ci se familiarisent avec la pratique. Le brigandage en groupe est un art délicat, et il nécessite une bonne dose de coordination, il repose sur la confiance mutuelle et l’intelligence commune, tout le monde vous dira, pour peu qu’il se fût essayé un jour – ou plutôt, une nuict – à l’exercice, que ça ne s’improvise pas. Bref, leur progression les avait menés à l’endroit choisi par la coordinatrice en chef. En tout il faut un minimum d’organisation, sinon c’est le bazar pire que chez les Maures.

Praséodyme avait disposé ses poulets de combat autour du poinct stratégique. Peu de temps auparavant, ils avaient eu connaissance de la présence dans la contrée de deux aimables voyageurs qui ne se génaient poinct d’arborer à leurs ceinture, fort ostensiblement, de belles bourses bien gonflées, qui tintaillaient et sonnaillaient allègrement au rythme de leur moindre mouvement. Trop beaux pour être honnêtes ? Un piège ? Fort possible. Mais devant l’appât d’un gain supposé facile, la prudence s’atténue, et le groupe, après en avoir discuté, pesé le pour et estimé le contre, avait décidé de tendre une chausse-trappe sur leur supposé passage. Après tout, comme le disent les anglois, lesquels bien qu’ils soient fort fourbes sont plutôt sensés, pas de peine, pas de gain. Alors Praséodyme attendait patiemment que passe la Poule aux Œufs d'Or.

Le brigandage, vous ais-je dis, c’est beaucoup de patience, et d’organisation, et de coordination. Et aussi de chance. Hors la malchance s’en mêla, et voulu qu’au moment où le bruit des pas claquant sur le chemin gelé annonça la venue des innocents et gras voyageurs bons pour être dépouillés de tout leur avoir, un épais ruban de nuées s’en vint se placer dans le rayon de la lune, et jeta une ombre épaisse sur le chemin. Praséodyme eut beau écarquiller ses yeux, elle n’y voyait goutte, tout juste une vague silhouette s’avançant vers le milieu du carrefour. En un instant sa décision fut prise. Elle se dressa d’un bond, releva le pan de sa cape, sortit sa bâtarde de son fourreau, et bondit sur le chemin en meuglant à l’attention de ses compaingnons de rapine :


A moi, mes beaux poulets ! Taïaut ! Pas de quartier, tranche, pique, tue !

Elle se rua sur la silhouette imprécise, la bouscula, la jeta au sol, lui appliqua sa lame sur la gorge, et lui lança :

Ta bourse, bon bourgeois, donne tes écus, crache ton or, fais-moi riche !

Et elle riait par avance du plaisir qu’elle aurait à faire couler le métal doré en cascade. Ce fût à ce moment que le vent poussa la nuée, et que la lune s’en vint éclairer le chemin, et la mine épouvantée d’un pauvre hère, cloué au sol par la terrible lame de Maman Poule, un miséreux vêtu de haillons, la ceinture vide de toute bourse, les poches vides de tout objet. Rien. Pas même une dent en or dans la bouche. Praséodyme retira son épée, se rejeta en arrière, et rugit de façon terrible en direction de la lune.

Aaaahhh ! Sélène, fille de garce ! Tu m’as fait manquer mon coup, maudite !

Elle se pencha en avant, releva le pauvre bougre, et le poussa violemment sur le chemin en lui bottant lourdement le fondement de sa botte ferrée.

Dégage, maraud ! Ta pauvreté m’offense ! Hors de ma vue, fuis avant que je ne t’occisse !

Puis, revenant aux réalités, elle se retourna vers ses compaignons, se demandant soudainement à quel poinct ils en étaient de leur aventure, et où en estoit leur Fortune …
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Daeneryss
Il est tard.

La fraîcheur nocturne nous a enveloppés, alors que nous regagnons le lieu de rendez-vous donné par Maman poule. Je ne la connais pas vraiment, mais elle me semble agréable. En tout cas, je me sens rassurée de la savoir à nos côtés. Voilà quelques mois déjà que j'ai rejoint ceux que je considère désormais comme ma famille. Les Corleone. Ils sont connus et reconnus. A côté d'eux, le feu de ma chevelure est bien fade. Je ne suis qu'une Scandinave à l'accent sonnant et trébuchant, se battant avec la langue française, qui ne sait même pas vraiment se battre. Leur compagnie m'est pourtant plaisante, j'aime être avec eux. Surtout que c'est en leur famille que je l'ai connu : Lui. Gabriele. C'est étrange comme la vie nous joue parfois des tours. Il a fallu que je quitte mon clan dans les royaumes du nord, traverse une bonne partie du royaume de France pour trouver l'Amour et retrouver mon frère. Coïncidence? Je ne sais pas... Mais en tout cas, j'aime à croire que le destin nous a rattrapé, comme il l'avait déjà fait auparavant. Ce soir serait un soir décisif pour lui, comme pour moi. Si j'avais bien tout compris, mon Corleone était lui aussi novice. La nuit promettait d'être mouvementée. A voir qui serait le plus doué, ou le plus ridicule.

Postée dans mon coin, cachée derrière un tronc d'arbre, je fais le guet, comme il me l'a été demandé. Sûrement parce que je suis l'archère du groupe. On nous dit avec une vue plus perçante, mais là j'avoue que, tout comme mes compagnons, je n'y vois rien de rien. La brume environnante est épaisse. Un enfant ne verrait pas le visage de sa mère même s'il était à son sein, alors nous...
Chacun à son poste, je me suis éloignée de Gabriele. Tant pour sa sécurité que la mienne, mais aussi pour que chacun de notre côté nous puissions faire nos preuves.

Un bruit.
Une ombre.
Est-ce une pomme de pin ?
Un marron glacé ?

Un seul moyen de le savoir...
Je me saisis de l'arc que j'ai alors passé en travers de mon épaule fine. Mes doigts se dirigeant déjà vers le carquois pour se saisir d'une flèche. La munition pincée entre mes doigts, je retiens ma respiration. C'est toujours comme ça que l'on m'a appris, lorsque j'étais plus jeune. Si la femme n'était pas spécialement la bienvenue sur les champs de bataille, elles n'en sont que plus appréciées pour la chasse. Nous sommes plus fines, plus légères, ainsi donc plus rapides sur le dos de nos montures que nous envoyons à toute allure à la poursuite de la proie débusquée. Ici, il n'y a pas de cheval. Ici, il n'y a que nous, une proie potentielle, et notre hypothétique réussite. A entendre l'agitation dans les fourrés voisins, je ne suis pas la seule à avoir remarqué qu'un gibier est en approche. Mon arc - tout d'abord dirigé vers le bas pour me faciliter tout déplacement, surtout avec ce début de ventre arrondi par la vie grandissante en moi - finit par se tendre.


A moi, mes beaux poulets ! Taïaut ! Pas de quartier, tranche, pique, tue !

Je me dépêche de ne surtout pas laisser fuir celui qui se voulait plus rapide que les autres à s'enfuir. A entendre Praseodyme, elle en tient un. Moi, j'en garde un bien en joug, ne le quittant pas des yeux. L'azur de mon regard doit surement être plus clair qu'à l'accoutumée. Je sens cette excitation. Je tiens là, face à moi, le destin d'un homme.

Ma flèche peut te transpercer la gorge, avant que tu avoir le temps de crier. Pose tes écus à terre et je ne rien te faire de tel. J'attends...

En bonne nordique, je garde mon calme et le regarde à la fois surpris et effrayé. Ainsi donc je fais désormais partie de ceux qui pillent et détroussent, ainsi donc je suis de plus en plus une Corleone. Ce sang coule en moi, je sens la puissance italienne envahir mon être toujours plus chaque jour. J'ai peur, mais je ne le montre pas. Je le regarde, et je ne faiblis pas.

Je...Je n'ai plus un sou. Je... me suis déjà fait attaquer à quelques lieues d'ici. Pitié...

La pâleur de mon regard se fait alors plus pesante sur lui. Je le détaille, avec assurance. Ou tout du moins, j'essaie. Je ne tarde pas à remarquer qu'aucune bourse ne trône à sa ceinture. Il est pour ainsi dire presque nu. D'un geste de tête, je lui fais signe de décamper, alors qu'une fois éloigné je me détends, autant que je relâche la tension de mon arc.
Tout le monde ne manquerait pas de se moquer de moi, à coup sûr. Moi, la future femme de Gabriele. Moi, qui venais d'attaquer un sans le sou.

Petit poussin que je suis se retrouve bien penaud, et c'est coquille baissée que je regagne Maman poule. Me picorerait-elle toute crue ?

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Praseodyme

Chou blanc ! Praséodyme se tourna vers ses acolytes. Aucun d’eux n’exultait, ni ne criait sa joie, ni n’affichait la mine triomphante du vainqueur. Il fallait bien se rendre à l’évidence, cette affaire estoit un échec. Non poinct un échec cuisant, de ceux qui vous laissent des meurtrissures à l’âme et au corps, comme après que l’on se soit faict roué de coups par sa propre proie. Praséodyme gardait bien enfouis au tréfond de sa mémoire quelques expériences malheureuses dont elle ne se vantait poinct. Non, dans le cas présent, l’expérience serait au moins profitable aux plus jeunes, car c’est ainsy que l’on apprend ce rude métier, dans l’humilité d’un quotidien pas toujours rose. Elle jeta un regard d'encouragement à la plus jeune, une frêle fille qu'elle ne connoissait poinct encore trop bien. Elle s'estoit vaillamment comportée, et suivait bien les ordres. Praséodyme branla du chef et lui adressa un rictus qui se voulait être un sourire, comme pour dire
c'est bien, continue comme ça, petite.

Les gens qui ne sont jamais sortis de leur village s’imaginent que les brigands vivent tels des nababs orientaux, menant une vie pleine de luxe et de luxure, cueillant à leur envie des pommes d’or dans les vergers et tuant à foison des veaux gras dans les pâtures. N’en croyez rien ! Le quotidien du brigand est fait de vilains horions, de repas médiocres, de nuits sans sommeil, tout ça pour un gain incertain et une gloyre improbable. Sans parler d’une réputation désastreuse. Mères, ne laissez poinct vos enfants glisser sur cette pente obscure ! Incitez-les plutôt à entrer en politique, ou en religion. Là, ils pourront tout à loisir dépouiller et gruger, mentir, voler, forniquer avec qui il leur semblera bon, tout en ayant l’estime aveugle de leurs contemporains.

Praséodyme soupira, gagnée un instant par le découragement. Puis, lisant dans les trois paires d’yeux levés vers elle grande confiance et forte détermination, elle se reprit, et se forgeant un courage nouveau, elle grogna :


Allez ! Cent fois sur le métier … Allons-y, amys, en route, changeons d’endroit, celuy-cy ne vault rien pour notre entreprise.

Et, évacuant son reste de dégout, elle cracha un glaviot qui gela avant que de toucher le sol. Tout en cheminant, suivie par sa petite troupe, elle pestait contre ces gens qui se déplacent sur les chemins les poches vides. Ils pourraient au moins faire l’effort d’avoir en permanence un petit quelque chose sur eux, à fins de récompenser les brigands de leur peine. Ou alors, il faudrait faire payer l’usage des routes, et en reverser une part à la briganderie. Praséodyme sourit et hocha la tête. Idée folle ! Jamais les gens ne seraient assez fous pour accepter de payer pour emprunter une route qui appartient à tout le monde. A l’orient, une pâle lueur commençait à poindre. Un nouveau jour commençait, chargé d’un espoir nouveau ...
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Vasco.
[A quelques distances de là...]

Après la neige, le vent. C'était la dernière journée de l'année et c'était une nuit où l'on voulait tester ce qu'il valait. Tapis dans un buisson, le sicilien se remémorait les évènements qui l'avaient amenés en cette nuit du 31 Décembre 1461 à combattre le vent et la morsure du froid dans ce coin de pays de France. Tout avait commencé quand on lui avait demandé de ramener une russe sur le continent. Drany... Il avait vu en elle une associée. Il pensait que leur association était capable de faire des étincelles. Avec le recul désormais, il se demandait si tout n'avait pas commencé sous de mauvais auspices. Jamais, ô grand jamais, il n'avait été attaqué par des pirates dans ce coin de la Méditerranée... Sauf cette fois. Mais la destinée avait voulu qu'ils s'en sortent. Le contrat avait été rempli. Il l'avait débarqué à Bordeaux... et elle avait vaqué à ses occupations. Déjà, elle l'obnubilait, mais elle était partie. Il avait alors décidé de prendre les chemins, trouver les meilleures occasions pour vendre sa marchandise. Après tout, il était marchand, un faiseur de luxe comme il le disait ironiquement. Le luxe...Tu parles! Vous savez comment il définissait le luxe le sicilien? "La création de luxe est l'acte de transporter une marchandise d'un endroit où elle est en abondante et donc peu chère vers un endroit où elle est rare et donc chère. Le luxe, c'est simplement le fait de pouvoir posséder des choses rares dans son coin de pays". Bref, vous l'aurez compris, pour lui, le luxe, c'était simplement une façon d'optimiser ses bénéfices, de faire les plus grands gains possibles.

Un soir, il avait reçu un message d'elle. Drany réapparaissait dans sa vie. En Maine, il retrouva l'une de ses amies, Alayna Brynn. C'est avec elle qu'il traversa la moitié de la France pour retrouver Drany quelque part dans le sud de France. Ensemble, ils ont traversé la moitié du royaume : le Berry, la Champagne, le Lyonnais, le Limousin, le Languedoc, le Toulousain... C'est à Uzès qu'ils rencontrèrent Kali. Est-ce à partir de cet instant que ses relations avec Drany basculèrent? L'italien le pensait. Leurs disputes devinrent plus fréquentes. Il avait du mal à la comprendre, à comprendre ce qu'elle désirait. Leurs affaires traversaient une période plus difficile. Les projets étaient vastes mais compliqués à mettre en place. Drany parlait sans cesse de son mariage d'intérêt qu'elle désirait contracter. Les femmes... Les relations entre Vasco et les femmes avaient toujours été compliqué. Est-ce parce que sa mère avait toujours du mal avec les hommes? Parce qu'elle avait du vendre ses charmes dans le port de Messine? Parce qu'il était l'enfant d'une relation tarifée?

Un soir, alors qu'ils voyageaient vers le nord, Drany avait décidé de couper les ponts. C'était son choix. En réalité, c'était sans doute la fin logique d'une relation qui périclitait petit à petit. Pourquoi s'en était-il étonné? Il en avait été perturbé, un moment totalement déboussolé. Ajoutez à cela un message de son équipage qui avait dû accoster à Marseille. Le navire avait été sévèrement endommagé dans l'Atlantique alors qu'ils affrontaient une tempête avant de passer le détroit de Gibraltar. L'équipage avait pu rallier le port de Marseille où ils savaient qu'ils pourraient trouver le matériel et le personnel nécessaire aux réparations. Mais l'argent... Il faudrait les payer ces réparations. Quitter le port sans payer, c'était signer son arrêt de mort. Cela ne se faisait simplement pas. Cela contrevenait au code tacite des marins. C'est pourquoi il avait répondu par l'affirmative à la proposition d'un certain Pertacus qui lui proposait du travail comme mercenaire. Et c'est aussi à cette période qu'il reprit contact avec elle...avec Kali. Il savait qu'elle aussi recherchait un contrat de mercenaire. Kali...

Oh Vasco! Tu rêves ou quoi? Tu ne vois pas qu'ils sont sortis des fourrés? Tu ne vois pas qu'il est temps de passer à l'action? N'oublie pas l'italien : ils te testent. Ils veulent voir ce que tu vaux! Si tu veux ton argent pour payer ton navire, ce n'est pas le moment de lambiner. L'action fut menée tambour battant. Ils neutralisèrent l'ennemi sans difficulté. Facile... Trop facile? Beaucoup trop oui! C'est lorsqu'il retourna du plat du pied le corps inerte au sol qu'il comprit leur bévue.


- Porca madosca! Kali?!?!?!?!

Décidément, la France ne remplacerait jamais la Sicile dans son coeur!
Praseodyme

[Un peu plus à l'ouest ...]


Tournant le dos au pâle soleil d’hiver qui se levait derrière eux, ils s’estoient dirigés vers le ponant, à la recherche d’une meilleure fortune. Ils évitaient les grands chemins, suivant les traverses, longeant les fossés, contournant les bourgades et leurs gras chiens de garde, évitant les troupes et les patrouilles. Lorsque le soleil fût à son zénith, ils firent halte au près d’un ru, dissimulés par un épais taillis dont les feuilles n’estoient poinct encor toutes tombées. Ils avalèrent rapidement une maigre pitance, sans guère parler, chacun étant encor sous le coup de la déception de la nuit. Ensuite ils dormirent un moment, laissant l’un d’eux éveillé à faire le guet. Puis, au milieu de l’après-midi, alors que le soleil se couchait derrière la ligne d’arbre au-devant d’eux, et que le froid s’intensifiait, ils reprirent leur route dans l’obscurité grandissante.

Un peu avant que la nuict ne fût complète, ils parvinrent enfin au poinct prévu. Il semblait à Praséodyme que cet endroit estoit parfaict pour une embuscade, placé comme il estoit entre deux grosses bourgades, lieu de passage obligé pour les charrois des marchands et des paysans, mais à distance prudente de la capitale de Messer le Duc et de ses argousins. Elle disposa ses troupes, et l’attente recommença, pleine d’espoir. Peu à peu, un fort bruit de roulement leur parvint depuis le chemin, grossissant comme si le tonnerre grondait par-delà l’horizon.


Cornecul ! Qu’est-ce que c’est que ce boucan du diantre ! grommela Praséodyme dans sa barbe naissante.

Au bout d’un temps assez bref, ils aperçurent la silhouette trapue d’une grosse charrette se profiler à l’orée du chemin. Au fur et à mesure qu’elle avançait vers eux, au pas lent de son cheval, ils constatèrent que la cargaison estoit composée de ce qui semblait être une montagne de pierres.
Des pierres, c’est moins bien que de l’or, mais qui se promène sur les chemins avec une montagne d’or dans sa charrette, de nos jours ? Ces pierres sont bien bonnes à prendre, se dit Praséodyme in petto. Elle lança alors le signal convenu par avance, sçavoir le cri de la Poule au Pot en rut :

Cou Courou Coucou Palôôô Mâââââ !

A ce signal, comme un seul homme, les brigands se ruèrent sur leur proie, arme au poing, bave aux lèvres, prompt à estourbir la garde du convoi. En faict de garde, une seule silhouette semblait se tenir près du charriot.

Pas un geste, hombre ! Si tu ne te défends poinct, il ne te sera faict aucun mal !

Las, la silhouette esquissa un geste vers sa ceinture, comme pour dégainer une arme. Aussitôt, chacun des brigands réagit contre la menace, frappant la forme qui s’écroula au sol, inerte, face contre terre. Du bout de sa botte ferrée, Praséodyme retourna le corps qui paraissait maintenant sans vie. Un rayon de lune éclaira le pâle visage d’une toute jeune fille, une vagabonde sans aucun doute, que quelque riche bourgeois avait dû payer une misère pour convoyer le charroi. Praséodyme fouilla le cadavre. Pas d’armes, et même pas 10 écus. Praséodyme contempla la dépouille, tristement. Des morts, elle en avait vu, des paquets, et un bon nombre estoient de sa main. Pourquoi diable celle-ci avait-elle voulu défendre un bien qui ne lui appartenait sans aucun doute poinct ?

On t’avait pourtant dict de ne poinct te défendre, fillette !

Praséodyme se retourna vers le chargement, et poussa un sifflement admiratif. Pour de la belle pierre, c’estoit de la belle pierre, poinct du grossier caillou de ribaud, non, de la pierre de bourgeois, bien parallélépipédique, dont le volume estoit strictement égal à la mesure de la surface par la hauteur, de la pierre à construire des palais de nobliauds et de nouveaux riches. Mazette, ceci se revendrait à fort prix au marché, une fois travestie en honneste marchande, et rapporterait moult écus sonnants et trébuchants. Cette perspective éclaira le visage de la gueuse. Bien, si l’entreprise avait pu paraître un peu hasardeuse au début, hores elle semblait prendre un tournant plus avantageux. Et en plus, ils avaient maintenant un moyen de transport !

Allons, reculons cette charrette hors du chemin, et cachons-là. Et reprenons nos places, amys. La nuict n’est poinct encor finie, je sens qu’elle nous va être fructueuse, il nous reste de la bonne ouvrage à accomplir !
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Abbe_moussepapame


L’abbé Moussepapame se hâtait dans la froideur du petit matin, juché sur le dos de sa mule. L’animal trottait de toute la vigueur de ses petites pattes raides, et le bon Padre, cramponné au harnois, sautait et rebondissait comme un grain de maïs dans un poêlon brûlant, bien qu’il ne fût pas pope, et qu’il n’eut poinct de cornes. Il avait rendez-vous pour déjeuner en la compagnie de Monsenher l’Evesque, et il ne voulait surtout poinct manquer le début du repas, salivant par avance à l’évocation des pâtés, terrines, boudins, volailles, gibiers, sauces, entremets, desserts, sans parler des vins et des liqueurs.

Donc il se hâtait.

Passant à fond de train entre deux rangées d’épais buissons longeant le chemin, quelle ne fut pas sa surprise de voir soudain surgir du branchage une tête affreuse et noirâtre, une mine ahurie arborant un rictus édenté et hideux dépassant d’un sombre capuchon.


Tiens, on dirait bien ceste bonne fille de Praséodyme ! Elle bosse le dimanche matin, maintenant. Elle ferait mieux d'aller à l'église essayer de racheter un peu le salut de son âme.

Et il récita pour elle deux patères et un navet, si ça ne faict poinct de bien, ça ne peut poinct faire de mal.
Praseodyme

Quiticlop Quiticlop Quiticlop Quiticlop Quiticlop Quiticlop Quiticlop


Un bruit de galopade se rapprochant vivement éveilla Praséodyme en sursaut. Par le Diantre, elle s’estoit assoupie, vaincue par la fatigue, et avait perdu de vue la surveillance du chemin. Elle se redressa d’un bond, juste à temps pour voir passer en trombe ce qui semblait être un curé monté sur une mule. Praséodyme, interloquée par cette vision improbable, la bouche grande ouverte, tourna son regard dans la direction d’où il venait, s’attendant à voir surgir à ses trousses une horde de chiens de l’Enfer, de démons cornus, de diables grimaçants. Rien ! Quelle mouche avait donc piqué ce curé ?

Elle jeta un coup d’œil en direction de ses compaingnons, qui semblaient aussi surpris qu’elle-même. Elle s’apprêtait à les rassembler, à fins qu’ils reprissent leur route, lorsque elle vit arriver, non poinct par le chemin qu’ils estoient sensés surveiller, mais par le sous-bois, un couple qui progressait lentement, courbés vers le sol, ramassant des objets mystérieux qu’ils jetaient dans le panier qu’ils portaient au côté.


Par la queue fourchue du Sans-Nom, que fabriquent donc ces curieux pèlerins au beau milieu du bois ?

Elle fit alors signe à ses acolytes, et tous s’en vinrent entourer les cueilleurs, un homme et une femme qui les regardèrent approcher sans méfiance. Un rapide coup d’œil dans les paniers renseigna Praséodyme sur la nature de la récolte : des herbes. Ces gens-là ramassaient des herbes. Praséodyme renifla de dégoût. Que peut-on bien faire avec des herbes ? Pas les manger ! Les fumer, peut-être, une fois les feuilles séchées, émiettées et roulées dans un petit morceau de parchemin ? Idée absurde, oncques personne de sensé ne ferait ça. Où les faire bouillir et les boire en infusion ? Cela ne vaudrait jamais une bonne gnôle. A moins que ces gens ne fussent des médicastres en quête d’ingrédients thérapeutiques ? Baste, on verrait cela plus tard. En attendant, Praséodyme s’avisa que les deux oiseaux portaient chacun une bourse au côté, chaque bourse ayant l’air de fort bon aloi.

Le bon jour, belle Domna et beau Messer ! Mes compaingnons et moi-mesme sommes bien ayse de faire vostre rencontre. Nous ne sommes que de pauvres hères sans défense, inoffensifs malheureux souffrant du froid et de la faim. Vous ne verriez poinct offense à ce que nous vous priions de partager avec nous vostre bel or et vos biens, n’est-ce pas ?

Et d’un geste vif, elle sortit sa miséricorde et tranchant la ceinture du premier, elle fit sauter la bourse en l’air et la rattrapa au vol, tandis que ces complices achevaient de proprement dépouiller les deux quidams, avant que ceux-ci ne s’enfuient, les bras levés aux cieux, en hurlant au larron.

Bien, la promenade a été bonne, et fort fructueuse. Retournons au charriot et mettons-nous en route vers le prochain bourg. Dissimulons armes et armures, faisons nous bonne figure d'honnêtes marchands, et allons vendre un peu le fruict de notre récolte. Nous boirons ensuite à la bonne santé de ces drôles ! Mais gardons tout de même toute notre vigilance, il se dict que ces chemins ne sont poinct sûrs, et qu’ils grouillent de malandrins prêts à tout. Il ne faudrait poinct risquer de se faire dérober le produit d'un si honnête labeur, pas vrai ?

Et toute réjouie pas cette fine plaisanterie, tout en assénant force claques dans le dos de ses acolytes à l’aide de ses énormes battoirs, elle éclata d’un rire phénoménal et triomphant qui résonna sous la ramure, faisant naître un épais nuage de corbeaux, d'effraies et de chauves-souris :

Mou Ha Ha Ha Ha Ha Ha Ha ! ! ! !
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Kaliope_des_nefles
[Sous une botte, elle sait plus où]

Corps sans vie, tu parles!

Amochée sans gravité, bleus et bosses, à terre. C'est froid et boueux, le sol, elle a le temps de se dire. Pis c'est con, ma ch'mise va en prendre un coup. Oué, on a des pensées étranges, parfois, quand on roule à terre, juste avant de s'évanouir. Un peu comme quand on regarde le plafond au lit. Elle a saisi, elle, que c’était eux, mais elle a pas eu l'temps d'causer, que déjà ils la fauchaient. Desfois, la vie, c'est quand même une grosse chienne mal couchée. Tout çà parce qu'elle était en retard.

Elle fait la planche sur le dos, retournée par une botte. Elle est vaguement consciente, et constate que le ciel est piqué d'étoiles, comme d'habitude. Elle se dit qu'il fera beau demain. Des trucs fascinants, quoi. Elle a froid, et du mal à reconnecter même quand elle entend Velasco jurer. D'ailleurs, elle comprend rien de c'qu'il dit. Elle attend que quelqu'un trouve une solution pour la relever, parce que là, elle se sent juste... épuisée. Pas qu'elle soit si fragile, d'habitude, Kali, mais ces derniers temps ont été rudes. Elle mange pas des masses, elle boit pas des masses, elle s'en prend pas mal dans la tronche, et elle a trop tiré sur la machine, en somme. Alors, elle fait sa limace sur le dos, encore un peu. Il ne manque pas grand chose pour qu'elle reparte aux pays des pommes sans vers, quand un truc se rappelle à elle. Un truc qui lui cache une partie des étoiles.


- 'tain Vasco. Tu causes toujours trop. Pis aide moi à m'relever, hein, au lieu d'rester planté là comme un foutu mât.

Alors voilà. Pour sa première sortie de maraude, elle a fait fort, Kali. Trop fort, oué. Le lendemain ils sont en ville. Parait que c'est mieux si elle se repose. C'est ce qu'dit la chef, et faut écouter les chefs. Elle dort, des heures d'affilées, elle mange, un peu. Faut comprendre qu'elle a pas un sous, de toute façon, et que si l'Italien veut bien la nourrir, elle, elle a du mal avec l'truc de lui d'mander. Elle attendra d'être en train de crever de faim pour çà.

Jusqu'au nouvel ordre, qui arrive, le lendemain, départ et campement. Et là, elle se dit qu'il faudra songer à pas se rater. Parce que la rousse, elle va perdre patience, si elle réussit encore à tout faire foirer, et qu'elle sait, Kali, que c'est pas bon d’énerver son chef.
Vasco.
[Nom de code : Groupe 2... Où l'on parle d’œil, de doigt, de nez, de rousse dansante...]

Prenez un italien aimant la mer et le commerce, doré sous le chaud soleil de sicile et envoyez-le faire la manche du côté du nord de la France, gris et froid. Qu'est-ce qu'il en ressort? Un brun adossé à un arbre qui tue le temps en égayant son esprit comme il le peut. La nuit était déjà longue. La soirée avait pour le moins était étrange. Il s'était avéré que la cheffe de l'expédition fantasmait sur les bouts d'organe. Il fut question d’œil, de doigt et même de nez. Combien pouvait-on tirer de ces organes en les revendant à qui en avait besoin? Faut-il n'avoir vraiment rien à faire pour parler de cela n'est-ce pas? Dans le métier de redresseur de tort, l'attente, c'était mortel... Surtout quand le chef donne des consignes barbantes à respecter : Pas faire joujou dans les buissons ce soir! Il n'y avait pas à dire : la nuit s'annonçait des plus longues et des plus palpitantes.

Ce soir, il fut aussi question de rousses. De rousses qui savent danser. De rousses qui se vendent à bon prix en Orient quand on a un bon carnet d'adresse. Ça, s'il en trouvait ne serait-ce que trois ou quatre de très haut de gamme, ses envies financiers seraient terminés. Il louerait un bateau, un équipage, irait vendre sa cargaison, reviendrait, paierait le prix des réparations de son propre navire et il lui en resterait encore pour faire la fête avec tout son équipage. Seulement voilà! Il fallait les trouver ces rousses. Et la Corleone n'était manifestement pas candidate.

Il allait se perdre en conjectures lorsqu'un bruit se fit entendre sur le chemin. L'italien se remit aussitôt sur ses jambes., recroquevillés derrière le talus. Oui. Il y a du passage. La chasse vient au lapin vient subitement d'être annulée pour une autre un peu plus relevée. La Corleone avait sans doute un plan. Mais... n'était-il pas en période de probation? Ne devait-il pas montrer ce qu'il valait? Allez! Qu'est-ce que tu risques Vasco? Regarde, elle est seule et à pied! Elle vient de la ville proche. En deux, il se retrouva sur le chemin à 20 pieds de la voyageuse, l'arrêtant d'un geste de la main.


- Buenasera dame! Je me présente. Je suis...

Oui, tiens! Qui es-tu? Velasco Visconti ? Tu vas lui donner ton nom? Déjà qu'elle doit avoir vu une partie de tes traits avec cette demi-lune qui éclaire la place. Gabriele Corleone? Ou Amalio Corleone? Ça, ça serait une bonne idée! Si jamais elle dit à la maréchaussée qu'elle s'est faite attaquée par Gabriele ou Amalio Corleone, il sera facile de prouver que ça n'est pas le cas... Mais je l'entends d'ici Arsène. Elle va dire : qui t'a permis? Tu vas leur causer des problèmes! Et bla bla bla...

... Enfin, on m'appelle Nord. À votre gauche, elle s'appelle Ouest. Eux là, ce sont Nord et Sud. Je suis ici sur la demande des villageois d'à côté. Parait qu'ils sont tellement pauvres qu'ils n'ont pas les moyens de s'acheter le moindre épi de mais sur le marché. Et puis, avec ces changements sur les contrats miniers, le prix du mais est monté en flèche dans le coin! Vous voulez savoir ce que je vais faire des richesses que vous allez me donner? Eh bien d'abord, je vais en donner une moitié aux habitants qui m'ont donné ce contrat. Un autre quart constituera mon salaire. Ouais, je sais, vous allez me dire que je suis gourmand mais vous savez...

S'approchant de sa victime, il chuchota à son attention.

- Ouest me fait tourner la tête. Elle fait partir en vrille mon imaginaire érotique mais voyez-vous, elle se refuse encore à moi. Elle m'a dit qu'elle céderait seulement quand je serais capable de la couvrir d'or de la tête aux pieds. Alors...

Tendant la main , l'italien esquissa un sourire en direction de sa victime.

- A votre bon cœur, gente dame! Ah! Et si vous avez besoin d'un argument supplémentaire, faut que je vous dise que Sud et Est sont un peu plus barbare que je ne le suis. Que voulez-vous, faut les comprendre! Ils ont été élevé en Toscane les pauvres!
Amelliane
[ Avancer encore et toujours jusqu'à la destination finale]

Amélliane, la belle brune qui aimait bien en faire qu'à sa tête, avait choisit de reprendre la route toute seule et puis c'était dans l'urgence qu'elle devait revenir chez elle donc il ne fallait pas perdre une journée donc au "diable" les risques.

La demoiselle avait marché encore et encore, prenant le soin de s'arrêter une journée pas plus dans chaque ville mais ce qu'elle redoutait c'était lorsqu'elle empruntait les petits chemin on ne savait jamais sur quoi on pouvait tomber.

Enfin bon ce qui devait arriver arriva. Un homme avec un drôle d'accent sortit caché derrière un fourré sans doute.


- Heu .. oui bonsoir.

Il lui sortit un blabla à n'en pas finir, un vrai moulin à parole. Certes la vie n'était pas rose dans certaines villes puis venait du pourquoi sa partenaire ne voulait pas se céder à lui. La brunette se demandait pourquoi tant d'explication parce que d'une manière ou d'une autre elle en aurait pour ce qu'elle possède.

Mais en tant qu'ancienne soldat de Lorraine elle n'allait pas se laisser faire peut-être un tord pour elle, que voulez-vous la fierté et l'orgueil ne sont pas de bonnes choses dans certaines condition puis c'est une de Réaumont Kado'ch et les femmes de la famille ont cette fâcheuse manie de ne pas se laisser faire.

Bref advienne qui voudra.


- Franchement, je sais que la vie n'est pas facile mais si c'était un mendiant qui me demandait je le lui donnerais volontiers mais à vous voir on ne dirait pas que vous êtes dans le besoin. Quand à ce qui concerne les mœurs entre votre compagne et vous cela m'est bien égale, qu'elle ne veuille pas cambrer les chines c'est votre histoire pas la mienne.

Elle regarda la paume de la main qui était tendu vers elle puis fit un léger sourire. Amélliane se dit que peut-être en lui donnant juste une pièce il lui lâcherait les bottes après tout c'était mieux ça que rien.

La brunette farfouilla dans sa petite besace et en sortit une pièce qu'elle tendit à l'homme.


- Tenez et bon vent !! lui lança-t-elle avant de poursuivre sa route emmitoufler dans son mantel.
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Vasco.
[Nom de code : Groupe 2... Ou quand les françoyses ont du mal avec l'accent italien]

Soit elle avait du cran, soit elle n'avait pas vu Ouest, Sud et Est. Après un premier essai qui fut un fiasco total, l'italien ne pouvait tout de même pas la laisser filer ainsi. Recalé au premier examen? Il lui suffisait de penser aux quantités d'or astronomique que requéraient les réparations de son navire pour le motiver.

- Oune seul écu? Hé... Vous savez que l'avarice est un péché mortel? Qu'il pourrait vous priver du paradis solaire? Et puis, comment voulez-vous que je partage un seul écu en quatre parts? Ou encore... On ne nourrit pas beaucoup de bouches affamées avec un seul écu! Allons, allons dame, ayez bon coeur! Passons un accord vous et moi voulez-vous?

Si certains dans la brigandage prenait plaisir à casser des os, faire naître de hématomes, faire couler le sang, le sicilien lui s'y adonnait avec son arme favorite : la parole. Vasco, tu parles trop! Pardon? L'important n'est-il pas le résultat obtenu? La manière n'est-elle pas une question de préférence? Un concept très subjectif?

- Vous me donnez votre bourse et votre sac de voyage. Nul doute qu'il doit y avoir dedans de quoi nourrir quelques pauvres hères. Et moi en échange... Eh bien, je vous laisse vos vêtements... ça vous évitera d'avoir des problèmes avec la maréchaussée de la prochaine ville que vous croiserez... et je vous évite...

Soit elle trouvait son discours ennuyant, soit c'était sa façon toute féminine de refuser l'affaire qu'il lui proposait. Il faut croire que son bagout de commerçant n'était pas tout à fait adapté à ses nouvelles activités lucratives. Vasco laissa la donzelle passer à côté de lui, levant les yeux au ciel d'un air désappointé, puis baissa la tête dépité, la faisant dodeliner de gauche à droite. Il tourna les talons et rejoignit celle qui était censée être sa victime.

- Vous savez, ils sont gentils, ils me laissent faire étant donné que c'est ce soir que...je perds ma virginité! Mais ils ne sont guère patient. Et s'ils en ont assez, ça risque de ne pas être joli à voir. Et puis, vous savez la conservation est une vertu. Alors...

Finalement, elle ne devait vraiment pas comprendre les tournures de phrases à l'italienne. Il était temps de passer à une autre méthode plus persuasive. Fini les négociations commerciales, il faut maintenant passer à l'abordage. L'italien lui pris le bras et le serra de manière viril. Il la fit pivoter d'un quart de tour pour l'avoir en face à face et fixa ses mirettes d'un air entendu, la pointe de son poignard se faisant sentir au niveau du nombril de la donzelle.

- Je vous le répète : je vous invite instamment à éviter les ennuis et à me remettre volontairement bourse et sac de voyage. Par la suite, foi de Giuseppe Capone, je vous laisserai continuer votre voyage sans autre forme de procès.

Mettez-vous à sa place! C'est la première fois qu'il brigandait l'italien! Les autres fois, on ne pouvait pas vraiment appeler ça du brigandage. Du vol certes au prix où il vendait sa marchandise...mais pas du brigandage sur les chemins!
Arsene
    « Le coq se lève tôt ; mais le voleur encore plus tôt. » Alexis Tolstoï


    La rousse est vautrée avec nonchalance contre une souche d'arbre. Deux cartes sont maintenues entre les doigts délicats d'une main aux ongles bouffés par une nervosité bridée. Elles tournent et retournent entre ses pouces tandis que les guibolles s'étirent vers les braises. Tentative dérisoire de réchauffer la maigre carcasse. La danse des flammes est quasiment éteinte, n'en subsiste que des résidus de bois ardents et quelques étincelles rebelles.

    Les mirettes vertes se braquent régulièrement sur le sentier en contrebas, cherchant à y déceler la silhouette prometteuse d'un voyageur esseulé. L’ouïe se fait plus attentive dans l'espoir de distinguer le craquement singulier des pierres sous une botte aventureuse ou le choc tonitruant des écus d'une bourse bien trop remplie. Patience. Maître mot et leitmotiv récurrent. Et elle l'a rapidement compris. Aussi, le caractère s'entrave afin de pallier au problème. Passant de gamine hyperactive et impatiente à feu-follet apathique et à la précipitation contenue. La plupart du temps, en principe.

    La course des pupilles continue, s'arrêtant le temps d'un battement de cils sur l'ombre des recrues. Test et bizutage. Jusque là l'expérience ne s'est pas avérée concluante, les données étant faussées par une poisse ambiante. Cette nuit serait certainement meilleure.

    Le chemin des sinoples reprend pour finalement s'échouer sur la tignasse blonde qui lui fait face. Elle s'attarde un instant sur les iris pâles avant d'amener ses cartes à hauteur de vue. La mine circonspecte, la roussâtre inspecte le jeu déposé au sol, aspirant à y décrocher une combinaison infaillible ou à défaut, une simple paire. Visiblement la chance n'est pas avec elle. La jeune femme retient de justesse une moue dépitée tandis que la patte libre pousse quelques écus. Point trop n'en faut. Radine qu'elle est.


    « J'suis. »

    Belette va perdre, autant qu'elle préserve son petit pécule et sa fierté en ne misant pas trop. Mais, les pas tant attendus se font entendre, les graviers roulent sous des pieds décidés et les rameaux craquent sous des ripatons téméraires. Ses cartes rejoignent le sol et elle se redresse afin d'apprécier la silhouette du sauveur de ses écus. Une femme seule. Le manche de la dague est empoigné, la lame de l'arme s'apprête à sortir dans un chuintement menaçant mais les mouvements et le déplacement du brun prennent la rousse à dépourvus. Gneh. Kékifé. Soit, Corleone reste dans l'ombre, observant d'un œil dérouté la scène.

    3 ...

    Un soupir d'exaspération est contenu tandis qu'elle inspire une goulée d'air.

    2 …

    La maigre corps s'agite et trépigne vaguement.

    1 …

    Les ongles et la peau aux alentours sont nerveusement rongés. Tandis que la carcasse se contient difficilement.

    Boum … !

    Fin de sa capacité à attendre sagement. L'impatience ne se contient plus, le narrateur aurait-il parlé de patience un peu plus haut ? Les carminées s'entrouvrent pour laisser passer un souffle agacé tandis que le corps se met en branle, sortant des fourrés et de l'ombre. Il cause trop l'Italien et elle ne manquerait pas de lui faire remarquer. Plus tard. Pour l'instant, il y a une bourse à dérober.

    La Frêle à la gueule cassée arrive à hauteur des deux protagonistes et se range du coté de Vasco. La dague pointant dangereusement vers la jeune femme, l'oeil se fait mauvais et décidé tandis que les lippes s'étirent en un rictus sadique.


    « Ecoute-le. File tes écus et tout s'passera bien. »

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Kaliope_des_nefles
Ouest, elle était à l'ouest. Pas des masses efficace, elle regardait Vasco se faire une place, de pas loin, d'assez près en tout cas pour user de sa fronde si besoin. Et je vous prie de croire, que Kali, fronde chargée au plomb, elle vise bien. Un peu trop bien pour que ce soit juste le fruit du hasard.

Alors, calme, toujours de loin, elle garde l'italien à l’œil, et sa victime, pas qu'il se prenne un mauvais coup, lui, non plus. Elle y tient un peu, même si c'est con, même si çà l'arrange pas. Elle regarde la rousse approcher la victime, aussi, peu après. Et là..çà la crispe. On a quand même deux gars à découvert, c'est pas l'moment d'y aller aussi. C'est c'qu'elle se dit, pas par lâcheté, mais par logique de combat pensée. Et çà même si un des gars est une donzelle trop bien armée, cheffe de surcroit. Ça l'empêche pas de rester froidement à son calcul des forces. Sûr qu'en plus, vu la rouée qu'elle s'est prise il n'y a pas longtemps, elle a assez mal partout pour bouger le moins possible. Elle est pas assez solide sur ses jambes pour faire du bien trop près.

Alors, parce qu'il y a de la promesse dans l'air, parce que de la victime du soir dépend son niveau de frustration à elle, elle arme la fronde. Puis autant dire que la frustration, c'est pas son truc. Alors, elle bouge, coup sec du poignet, geste maitrisé, et fait fuser un morceau de plomb, aux pieds de la demoiselle, victime malheureuse du jour. On fait gaffe, quand c'est comme çà, en tas, et du coup, on touche pas, on essaye même pas, on rappelle juste qu'il y a une autre force pas loin, et on fait du bruit, à deux pas, plomb qui touche le sol, et ricoche, mollement. Ça sert aussi, çà elle en est sûre, Kali. La menace amplifiée ne peut qu’éviter quelques problèmes.

Enfin, çà, çà marche avec les victimes consentantes.
Amelliane
Mais c'est qu'il était déterminé le bougre. Pour autant dire qu'elle avait tourner les talons afin de poursuivre sa route et lui qui bavassait quémandait un ptit peu plus loin comme un enfant qui vous tire sur la manche en insistant pour avoir une sucrerie.

Elle l'écoutait, avec un sourire limite moqueur parce que c'était bien la première fois ou elle croisait un brigand avec autant de bagout il avait la langue bien pendu celui-là, d'autant plus, enfin si elle avait bien compris c'était sa première fois.

Amelliane n'avait pas piper un mot même quand il lui avait dit qu'elle garderait ces vêtements si elle donnait d'elle même sa bourse et le reste, jusqu'au moment ou il lui saisie le poignet et qu'elle se retrouva nez à nez avec lui. Là il devenait limite insultant voir agaçant. Elle baissa les yeux pour voir qu'il avait sorti les grands moyens qui n'était autre que son poignard pointé sur son ventre.

La situation devenait de plus en plus compliqué pour la brune. Il n'y avait pas trente-six solutions, c'était soit par la force et qui dit force dit blessures voir plus grave encore soit elle obéissait gentiment et elle devait s'en sortir bien. Enfin normalement.

Elle commençait à ouvrir la bouche pour dire sa manière de penser mais une comparse du brigand en herbe sortit de sa cachette. C'était laquelle Sud, Est ou un autre .. elle s'en fichait royalement et puis le moment n'était pas choisit pour dire qui était qui.

La De Réaumont Kado'ch devait admettre l’inévitable défaite. Elle poussa un soupire de mécontentement et enleva son sac qui était sur son dos puis sa maigre bourse. Elle les fixait tout les deux du regard et leur lança ses biens tant convoités.


- Voici ! vous en êtes ravie ! pesta-t-elle. Elle garda toujours l'idée du poignard pointé sur elle et lâcha quelques mots à l'intention de l'Italien un ton plus bas : je finirais par vous retrouvez un jour ou l'autre vous avez ma parole et cette fois c'est vous qui me donnerez ce que vous possédez.

Sur le coup de la colère ou c'est qu'elle était tout simplement folle ! peut-être on ne sait pas ce qui peut lui passer par la tête par moment.
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Vasco.
[Nom de code : Groupe 2... Quand la réalité rejoint les frictions]

Kali...un caillou qui roula à ses pieds, une rousse qui ne sait pas danser en approche, tout cela fait sourire l'italien. Il a à peine détourné l'oeil un instant en entendant le caillou. Il savait que ça aurait pu lui couter cher. En même temps, si elle avait esquissé la moindre menace, à pieds, dans la nuit, elle aurait pris un sacré risque la donzelle! Bien plus que de perdre un sac de voyage et quelques écus. Que voulez-vous! Il avait une âme de marin Velasco Visconti! Et il faut avoir une bonne dose d'inconscience pour mettre sa fortune dans un rafiot et lui faire traverser la Méditerranée d'un bout à l'autre. Une bonne dose d'inconscience ou... croire en sa bonne étoile.

D'un geste bref du menton, il désigna la rousse qui se tenait maintenant à ses côtés et qui appuyait son discours.


- Voyez? Il y a une belle unanimité non? Elle aussi pense comme moi!

Impertinence? Avez-vous déjà vu vous un italien, sicilien de surcroit, qui en manquait? La bourse atterrit dans les mains de Vasco, qui la relança immédiatement à Arsène. Il prit le sac et le mit sur son dos. Se baissant, il en profita pour s'emparer de la main de la donzelle et lui plaquer un de ses baise-main sans contact alors que sa victime en profitait pour lui faire des confidences non pas sur l'oreiller, mais plutôt sur la bourse d'écus.

- Vous savez, il n'y a aucune honte à reconnaître une défaite quand l'ennemi a non seulement l'avantage du terrain, du moment et du nombre. Au contraire, c'est même faire preuve de beaucoup d'intelligence que de préserver l'état de ses troupes. Ceci dit... Si vous avez besoin de quelques coups pour justifier de votre attaque, je suis sur que Sud ou Est vous accorderont sans problème cette faveur!

Oui, il se doutait bien des opinions qui planaient au dessus de la scène du crime à ce moment-là : Vasco, tu parles trop! Il se releva, lui fit un salut de la tête, ponctué par un signe de la main.

- Cela me fera une grande joie de vous revoir! Mais pour cela...

... où quand impertinence rime avec déraison...

... Mieux vaut que vous connaissiez mon vrai nom... Velasco Visconti!

Il entendait déjà les paroles qu'on ne manquerait pas de lancer si une autre personne que la victime l'avait entendu :"tu es fou! Tu parles trop! On ne donne jamais son nom à une victime! Tu mets tout le reste de l'équipe en danger en faisant cela... Bah! Quand on fait ce métier, il faut savoir accepter les risques non? Et puis, quel et l'intérêt de brigander si on ne prends aucun risque? Quoi? S'enrichir? Ah là, vous n'avez pas tort! C'est vrai que j'ai des réparations à payer!" ... telles étaient les paroles silencieuses qui tournaient dans l'esprit impertinent de l'italien. Et avant de quitter la scène du crime, il se retourna une dernière fois vers celle qu'ils venaient de détrousser.

- A quel nom dois-je mettre la facture au fait?
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