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Quand une inconnue vous invite chez sa soeur...

Priam
-- Le 31 novembre 1461 -- J'ai reçu une lettre, il y a quelques jours peut-être, mais ce n'etait pas une maladresse de coursier...

Malgré la fatigue de la chevauchée effrénée de ces derniers jours, il marchait d'un pas léger et enthousiaste ; il avait hâte de découvrir le fin de mot de toute cette histoire. Il était tout proche de son but, il venait de laisser sa monture épuisée au relais de l'auberge voisine.

Des aventures, il en avait vues... et il avait survécu jusque là. Mais ces derniers temps, il côtoyait de l'inédit, de l'incroyable, du mystère. Il commençait à croire que les sirènes ne vivaient plus dans la mer mais bien sur terre.
L'une, juge au Limousin et Marche, une grandeur, l'avait fait marcher et il avait couru... Il était accouru, à Paris, ce jour, à l'hôtel de Cluny, pour y rencontrer l'autre sirène, la soeur. Il n'avait pas résisté à leur appel. Il espérait juste que ces sirènes terrestres seraient plus tendres que leurs cousines écaillées, qu'il ne finirait pas par être noyé dans toute cette étrange galère.

Étrange ! Les voies du destin sont bien tortueuses ! Une taquinerie, un jeu l'avait mené dans le bureau de la juge. Il avait fini à moitié nu, n'osant espérer s'attirer les faveurs d'une aussi grande petite dame ! Effectivement, ses espoirs auraient été déçus ; elle se contenta de crier alors qu'elle était si proche de lui, le questionna et se mit à écrire.
Il eut alors le courage de prendre la fuite, se croyant le jouet du sort.

Mais plusieurs jours plus tard, il avait reçu une lettre. Il la déplia et la relut, là au milieu du chemin.


Citation:
      Priam,


    Il y a les surprises qui surprennent et les surprises qui font plaisir. La votre aura satisfait les deux conclusions. Je suis ravie ! Je ne savais pas que vous aviez de pareils talents de sculpture et d'ornementations, sinon je l'aurais dit plus tôt. Que de temps perdu !

    J'espère que depuis notre dernière rencontre vous avez gardé la forme qui vous caractérisez alors. J'ai pour ma part reçu un courrier, une réponse, qui vous concerne, peut-être. Vous vous souvenez sans doute de mes questions insistantes sur vos racines, et bien sachez que je m'en suis ouverte à mon ainée qui souhaite nous recevoir pour tirer les conclusions de mes possibles allégations. Seulement voilà, je suis actuellement dans les rangs pour défendre nos comtés de la mauvaise engeance, aussi je ne peux partir. Retarder le voyage me direz-vous alors. Ce n'est pas envisageable. Ma sœur, la Princesse de Montlhery, est sur le point d'accoucher et je ne souhaite pas que nous arrivions une fois que cela soit fait. A ce moment, elle aura besoin de repos et de temps pour découvrir cette chose qu'est la maternité. Le premier n'est jamais facile, croyez moi.

    Ainsi je vous propose de vous rendre aussi vite que possible à l’hôtel de Cluny, sa résidence. Le temps que vous empaquetiez de quoi faire le trajet et de voyager, elle sera probablement arrivée. Dans le cas contraire, vous trouverez refuge dans l’hôtel familial que m'a légué ma mère, il n'est pas aussi bien entretenu mais son prestige reste indéniable. Vous l'y attendrez, un ou plusieurs jours, et ensuite aura lieu la rencontre.
    Je ne vous oblige à rien, cela va de soi, je vous propose juste d'estomper mes doutes.

    La cire, marquée de ma matrice, servira à vous identifier, ne la perdez donc pas. La bourse qui vous a été remise avec ce courrier contient quelques écus d'or, de quoi faire un voyage paisible et confortable, de changer de chevaux à chaque relais sur la route, et de rafraichir vos braies. N'oubliez pas cette dernière étape.

    Bon voyage.

      A Limoges, trois jours avant la célébration de Saint Nicolas-V.


Il avait prit le temps d’enfiler sa plus belle tenue, celle qui lui avait permis de gagner son pari, de se faire passer pour un titré. Il était conscient qu'il ne ferait pas illusion une seconde pourtant. Au moins, il ne serait pas déplaisant à contempler !

Il choisit d'entrer dans la cour intérieure de l'imposante demeure par la plus petite porte piétonne. L'endroit était animé, il observa les allées et venues de personnes et de matière. Un atelier semblait avoir du succès au vue de l'activité qu'il engendrait. Il se présenta devant l'huis principale, celle surmontée d'un listel. Il frappa le bois avec le heurtoir, vigoureusement, pour être entendu. Serait-il vraiment attendu ou le jouet d'une vilaine farce ?

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ellesya
Et de sirène, il était plutôt question de baleine dans l'antre parisienne de la chef de famille.
Aucune nouvelle de sa soeur ne lui étaient pas parvenue depuis son dernier envoi, aussi la question avait rapidement été ensevelie par les autres considérations qui peuvent hanter l'esprit inquiet d'une future mère.

Certes, un courrier d'Hardouin lui avait donné à songer, lui faisait même découvrir des racines bien plus profondes que celles établies de longue date pour cet arbre de la Louveterie aux trop nombreuses branches mortes. Mais son regard était plutôt tourné vers l'avenir, le sien, celui de sa propre lignée.

Ce fut donc une surprise que d'apprendre par Yde qu'un visiteur demandait à être reçu, envoyé par la Comtesse de Turenne. Ellesya renvoya Yde proposer de quoi se désaltérer et se restaurer à l'homme qu'elle n'osait encore imaginer comme parent, tandis qu'elle s'efforçait de paraître un peu plus digne de son rang et de chasser les signes de fatigue qui l'affligeait.

Une demi-heure plus tard, Priam fut conduit dans une petite salle du rez-de-chaussée. La jeune princesse s'y trouvait, ayant quitté son appartement à l'étage. Tout comme elle avait quitté sa robe simple de velours cramoisi pour la florentine que sa fille lui avait confectionné. Le regard gris se plissa d'un sourire et d'une invite de la main, elle désigna, sans se lever, un siège à dossier, rembourré lui faisant face de l'autre côté d'une petite table où venaient d'être servi des gobelets de vin tiède et épicé ainsi que quelques tranches d'oranges confites et des galettes à la cannelle.


Le bon jour vous va, sieur Priam.

Le regard clair des Louveterie étudia brièvement son vis-à-vis. Yde l'avait renseignée sur son nom, sa mise et les détails qu'elle jugeait judicieux d'ajouter. Quant au visiteur, la quadragénaire, avait pris soin de l'informer avec plus de précision sur l'identité de la maîtresse des lieux. Etant persuadée de ce soin que prenait la gouvernante de l'hostel parisien,la princesse de Montlhéry ne jugea pas utile de se présenter.

Je vois que ma soeur vous a convaincu de faire le voyage jusqu'ici. Mais que savez-vous de la raison de votre présence ici .
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Priam
La porte s'ouvrit, il montra patte blanche ou plutôt la cire de la lettre de la juge. On le laissa entrer, on lui demanda de bien vouloir patienter, avec tant de politesse qu'il crut sur le moment que la personne s'adressait à un autre que lui. Un tour d'horizon lui prouva qu'il était bien le seul interlocuteur possible.
Son attente fut fort agréable et il dévora les gourmandises et boissons apportées. L'aventure, ça creuse. Il était toutefois assez rare de combiner les deux, l'aventure et l'estomac bien rempli. Autant en profiter. Comme il considérait que la moindre des courtoisies était de faire honneur à son hôtesse, il prit soin de vider les plateaux qui étaient remplis aussitôt, tel Sisyphe toujours à l'ouvrage.

Le temps fut venu de rencontrer son hôtesse. Il entra dans une petite pièce, non sans avoir reçu en chemin une énumération des titres de celle-ci, si nombreux qu'il les oublia aussitôt pour son plus grand désarroi.

Un regard circulaire lui révéla la sirène qui régnait en ces lieux, le mobiliers confortable et il repéra même les délicieuses galettes à la cannelle qu'il avait déjà dégustées en abondance.
Il obéit à l'injonction muette de poser son séant sur un siège rembourré, juste après avoir exécuté un salut en se pliant en deux, accompagné d'un sourire reconnaissant.

Timide, ce n'était guère son habitude. Impressionné, encore moins. Et pourtant, il l'était, à ce moment, se sentant gauche, engoncé dans sa tenue sur mesure qui lui allait à la perfection. Il hésita à répondre tant il était certain de se mettre à balbutier. Il fut rassuré d'entendre sa propre voix, ferme et assurée, même si le choix des mots fut surement maladroit :


Le bon jour Votre Altesse. Je ne suis guère habitué à discourir avec des personnes de si haute qualité, aussi corrigez mon ignorance si je manque aux convenances. Je vous remercie de m'accueillir alors que vous êtes proche d'un si bel événement. Votre soeur a insisté pour que je me presse, me voici donc. Quant à la raison, je suis perplexe. Elle a montré une étonnante curiosité à mon égard et sur mes origines mais j'ai été bien incapable de la satisfaire. Il n'y a pas grand chose à en dire, je le crains.

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ellesya
Son visiteur avait une tournure agréable mais ce qui détonait chez lui, c'étaient ses yeux. Cela devait être la première fois qu'Ellesya en découvrait des de couleur dissemblables. Lorsque jeune page, elle servait son tuteur sur les routes de Germanie, elle avait appris que là-bas, il s'agissait d'un signe distinctif du Sans Nom. Mais des yeux pers ne semblait émaner que de l'égard.
Aux premiers mots, Ellesya sourit.


Ne vous inquiétez pas. Vous parolez fort bien et je suis rarement à cheval sur l'étiquette tant qu'on reste aimable.

Aucune réponse quant au « si bel événement » qui, en réalité, la faisait plutôt frémir d'effroi quand elle songeait à son irrémédiable approche.

Ma soeur pense avoir trouvé en vous l'un de nos parents, un cousin. Etant la chef de la Maison de la Louveterie, il me revient d'éclaircir ce point.

Un court silence fut ménagé pour laisser au visiteur le temps d'au moins légèrement appréhender l'incongruité de la situation. Ses mains voulurent se croiser sur son giron mais furent gênée par ce ventre un instant oublié. N'aimant pas poser ses mains sur l'arrondi, hormis en privé, détestant l'idée d'être ravalée au rang de matrice bienheureuse de son sort, les deux mains trouvèrent repos sur les accoudoirs.

Pourriez-vous me conter votre histoire et ce que vous savez de vos ascendants ou famille, s'il vous plait?

Ce fut demandé sur un ton bienveillant, craignant peut-être une réaction autre que l'obéissance. C'est qu'il pouvait croire que les soeurs se jouaient de lui ou avoir d'autres pensées guère plus agréables mais compréhensibles.
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Priam
Il avait imaginé maints scénarios, tous plus invraisemblables, pour expliquer ce soudain intérêt et cette invitation. Mais il n'avait pas envisagé celui-là, tout aussi invraisemblable pourtant.
Son séant était confortablement installé, ce fut heureux, car le choc de la nouvelle l'aurait fait tanguer au point de chavirer ! Il avait évité le ridicule, toujours cela de bien.

Le silence, bienvenu, lui permit d'ingurgiter l'idée, de commencer à la digérer doucement... même déjà la savourer. Il se rendit compte aussi qu'involontairement il avait retenu son souffle. L'annonce l'avait estomaqué, tel un boulet de canon lancé dans sa poitrine. Il respirait, concentré sur ses inspirations et expirations pour commencer, puis capable de prononcer des sons.
Il osa enfin répondre, empli de doutes et d'espérances ; l'instant était critique, quoi qu'il se passe, sa vie en serait chamboulée. Être ou ne pas être un Louveterie, là était la question, ici il serait jaugé au grand jeu de la sélection sociale. Serait-il la proie des loups ou membre de la meute ? Les dès étaient jetés de toute façon, il ne pouvait changer son passé.


Pardonnez-moi, Votre Altesse, vous avez bien parlé d'un cousin ? Moi ? - nouveau silence, il avait entendu et compris ses paroles, il n'avait pas besoin qu'elle se répète - Mes ascendants, je ne peux rien en dire hélas. J'ai été recueilli enfant, vers l'âge de 5-6 ans par un équipage et son capitaine. Je n'ai jamais su comment, ni pourquoi. Mon arrivée sur le bateau était la source de nombreuses fables au sein de l'équipage, tous me racontait leur version. Mon arrivée devait être la principale source de créativité et d'imagination pour l'équipage, donnant naissance aux mythes les plus aventureux : sauvé de la noyade et d'un naufrage, butin de guerre, vendu, enlevé, abandonné et trouvé, otage, bâtard indésirable d'un grand homme, bâtard du capitaine. Autant de rôles sans que je puisse savoir lequel me convenait. Chaque histoire évoluait au fil du temps, enjolivée, exagérée, et chacun défendait son histoire comme la seule vérité.

Un nouveau silence, le temps de retrouver quelques souvenirs et le sourire.

Le Capitaine m'éleva comme un fils, il m'éduqua, il m'apprit ses bonnes manières. Alors je le considérais comme un père, j'imaginais être son bâtard, même s'il n'a jamais voulu confirmer, ni démentir cette vérité.


Il n'avait rien à ajouter, inutile de raconter sa vie sur ce pont : l'aventure, les dangers, les batailles et tout le reste.

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ellesya
Comme imaginé, la sidération s'invita dans la scène. La princesse attendit patiemment que son interlocuteur traite l'information et lui en livre en retour.
Lorsqu'il reformula l'incroyable possibilité, pour la forme, son chef opina mais la jeune femme resta coite.
Ensuite, concentrée, elle reçut le récit, sourcils légèrement froncés, regard acier scrutant la moindre mimique et ouïe affutée pour percevoir le moindre changement d'inflexion de voix.

Mais fut déçue.

Non point par l'attitude du jeune homme, ni par sa vie. En d'autres circonstances, elle aurait certainement fait preuve de curiosité et demandé quelques précisions ou anecdotes diverses, pour le plaisir de découvrir un monde bien éloigné de celui qui fut et était sien. C'étaient sur les routes et en montagne qu'elle avait grandi. Avec pour figure paternelle, un homme dont elle n'avait pas une goutte de sang. Elle en resterait néanmoins la fille plus sûrement que par la sang ou un quelconque acte d'adoption.

Une discrète moue ennuyée se peignit sur ses traits las. Elle se mordilla un instant la lèvre inférieure, en pleine réflexion.


Point d'indice pour corroborer la thèse de ma sœur donc.

La voilà bien gênée. Faire venir du Limousin un pauvre hère, lui faire miroiter une affiliation potentielle, puis devoir le renvoyer sitôt la chimère disparue. Quel job ingrat que celui de chef de famille, songea-t-elle, non sans compassion pour son vis-à-vis.
L'âge pouvait être cohérent. La marque aussi. Mais Sya ne possédait pas du tout le même tempérament que sa sœur. D'ailleurs, bien qu'elle affectionna sincèrement cette dernière, elles étaient dissemblables dans tous les domaines ou presque.


Esyllt Catarina a parlé d'une tâche de naissance qui lui faisait penser à une tête de loup. Ce n'était pas rare dans notre lignée mais sans autre preuve, c'est … léger.
Comprenez-vous ?


Tiens, d'ailleurs... comment sa comtesse de sœur avait-elle fait pour dénicher la dite tache de naissance? Humpf...
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Priam
La déception s'invita dans les traits et les paroles de la Princesse. Évident ! Comment croire que des vies si disparates puissent se rejoindre. Il avait vécu tellement, si loin d'un tel faste, d'un nom glorieux.
Pourtant, elle mentionna sa marque de naissance. Prenant cela pour une requête, il écarta son col et s'agenouilla aux pieds de son hôtesse, exposant à son regard la naissance de son cou et la marque en question.

Il venait enfin de comprendre la cause du cri de la belle juge et de sa présence en ces lieux. Sa marque de naissance l'avait intriguée et l'avait poussée aux suppositions les plus folles.
Il sourit, le comique de la situation ne lui échappant plus ! C'était si simple, si incroyable ! Lui, le cousin d'une princesse, à cause d'une imperfection de peau ! Quelle bonne plaisanterie ! Dire qu'il avait imaginé tant de raisons inavouables à cette invitation. Dire que sa tâche de naissance, la traitresse, lui avait perdre l'occasion de gouter aux caresses d'une noble juge.

Au bord de la franche hilarité, il songea soudain qu'il lui restait un vestige de son enfance inconnue, une si faible résonance de ses premières années dont il n'avait pas le moindre souvenir. Il attrapa la précieuse bourse de cuir, accrochée à un solide lacet de cuir, autour de son cou. Il l'ouvrit et en sortit ce fil tenu vers ses origines... si fragile, le peu que le temps n'avait pas encore rongé.

Quand il avait été "accueilli" par l'équipage, il avait sur lui un morceau de parchemin, qui avait vite succombé à l'humidité. Il ne savait pas si le capitaine en avait pris connaissance, ni s'il en restait suffisamment pour que le message ait un sens.
Aujourd'hui, il ne subsistait plus qu'un morceau du cachet de cire qui avait scellé le document. Il le contempla encore, il le connaissait pourtant par coeur.


Votre altesse, tout ce qui me reste de ma petite enfance se résume à ceci.


Toujours agenouillé, la nuque offerte, il leva sa main avec une tâche rouge au milieu de la paume.

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ellesya
Ellesya se pencha un peu vers la marque, autant que son ventre rond lui permettait. Elle croyait sa sœur sur parole mais puisque Priam se sentait obligé de lui montrer, la princesse y jeta un coup d'oeil. Malheureusement, cela ne changeait rien pour elle. Sa bouche s'ouvrit pour prier l'homme de reprendre place plutôt que de rester dans cette position inconfortable lorsqu'il lui tendit un petit objet. Une main le cueillit avec douceur. Il s'agissait d'un morceau de cire à cacheter apparemment ancien et abîmé.

Toute à son étude, Ellesya s'entendit dire, d'une voix neutre :


Relevez-vous, je vous prie.

Lentement, l'ancien préfet du collège héraldique romain quitta son siège et se porta vers une fenêtre pour profiter de toute la maigre lumière qu'offrait le ciel hivernal. Son cœur battait à tout rompre alors qu'elle découvrait, incrédule, le motif et les reliques de la légende.

Hardouin lui avait envoyé une part de ses recherches. Le tout semblait correspondre. Mais si ses yeux ne la trompaient pas, ni la déduction en découlant, sa raison restait pantoise.
Apparemment en profonde réflexion, la chef de famille vint reprendre place sur son siège et rendit la marque scellée à son propriétaire. Cela étant fait, elle tira les derniers documents d'Hardouin et les relut avec soin, pour en commettre aucune faute irréparable.
Au bout d'un moment, ils rejoignirent la table voisine et la jeune femme sortit de son mutisme.


Il s'agit, selon toute vraisemblance du scel d'Adelice de la Louveterie. Une jeune sœur de ma mère.
Le symbole au centre est un chevron fendu. Les loups sont toujours bien visibles. C'était la brisure qui lui était attribuée selon les archives qu'a trouvé mon notaire, entre autres choses.
Nous possédons assez peu d'informations sur elle pour le moment. Elle est née sur le tard apparemment, bien après ses aisnées.
Hardouin a trouvé trace d'un mariage dans le registre d'une paroisse dans leur région natale. Et elle serait décédée fort jeune.


Le regard clair scrutait les traits de l'envoyé de sa sœur. Si la noble francilienne présentait un air apparemment calme, elle n'ignorait pas que par ses paroles, elle venait de causer quelque chose d'irrémédiable. Des vraisemblances, de la cire usée... et cet homme deviendrait sûrement son cousin....
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Priam
Agenouillé aux pieds d'une magnifique femme, princesse de surcroît... d'ordinaire, la situation l'aurait enchanté. Mais rien de ce qui lui arrivait dernièrement ne pouvait être qualifié d'ordinaire.
Sa relique avait désertée sa main comme si elle s'était envolée d'elle-même. Un regard en arrière et il constata qu'elle l'étudiait.

L'ordre résonna dans sa tête et il obéît immédiatement, se redressant de toute sa hauteur. Un silence pesant. Le vide dans son esprit. Il ne savait plus très bien que faire : prendre congé, attendre.
Il ne partirait pas sans son dernier lien avec sa petite enfance. Attendre donc.
Il décida de retourner à sa place initiale, le siège rembourré.

Le silence persista. Priam avait contemplé ce bout de cire pendant des heures, pour essayer de percer le secret de ses origines, d'imaginer son passé. Elle, que pouvait-elle bien y lire ?
Elle se déplaça, puis se plongea dans la lecture. L'avait-elle oublié ? Devait-il s'éclipser ?

Elle parla. Mais les mots prononcés n'eurent aucun sens pour lui. Contre toute attente, elle avait lu dans ce bout de cire bien plus que lui...
Il n'osa d'abord pas répondre, lui l'ignorant.


Pardonnez-moi mais je ne saisis pas. Une jeune soeur de votre mère ? Le sel d'un délice ? Un chevreau fendu avec des loups ? Brisure ? Ce bout de cire vous appartiendrait ?


Heureusement il était assis, il avait l'impression que tout lui échappait, que son esprit était anesthésié, assommé, fracassé. Il aurait du comprendre quelque chose, mais ... non, rien !
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ellesya
Waouh !
Voilà la seule pensée qui lui vint alors que Priam énumérait ses incompréhensions. Certes, il fut longtemps coutume de dire que c'était de l'encre et non du sang qui coulait dans ses veines, par l'hérédité, vu les Roys d'Armes, Maréchaux ou simples hérauts qu'avait compté la Louveterie. Mais apparemment, la règle n'était pas infaillible. Déjà au sein de sa propre fratrie. Mais là, apparemment, l'homme était totalement ignorant des moindres bases, ce qui n'était pas chose fréquente dans son entourage. Elle avait l'habitude de perdre ses interlocuteurs en cours de route mais pas aussi vite.

La surprise passée, un sourire amusé se peignit sur ses lèvres et une détente sembla adoucir sa tension. Se penchant à nouveau, la jeune femme ouvrit la main de son visiteur et plaça le tronçon de cire de manière à ce que les loups apparaissent à ce dernier dans le bon sens.


Un scel, autrement dit un sceau, permet de cacheter les documents. Je suppose que je ne vous apprend rien. Cela permet d'authentifier celui-ci ou, si besoin, de … sceller son contenu lorsqu'il est apposé sur les pliures afin que nul ne puisse l'ouvrir sans que cela soit détectable ensuite.
Il est généralement composé de l'impression en relief du nom du propriétaire du sceau et de son emblème ou blason familial.

Bien. Cet objet est ce qu'il reste d'un sceau. Le parchemin auquel il était collé a du se désintégrer au vu de l'état de dégradation de la relique de cire que vous m'avez présenté.

Ma famille est arrivée en France en 1453. Elle est l'une des plus anciennes dont l'Hérauderie garde trace. Notre blason est le suivant...


Elle prit l'étui de cuir où reposait une partie des documents envoyés par Hardouin Forelle. Puisqu'elle était chef de famille, son blason était plein, ce qui l'arrangeait bien à cet instant.
Tout en expliquant sa composition, elle en montrait les éléments de l'index.


Ecu de sable, c'est à dire noir. Avec un chevrON d'argent, donc blanc. Accompagnés de trois loups également d'argent.
Seul le chef de famille le porte en l'état. Les autres membres de ma famille doivent avoir une modification. Ce qu'on appelle une brisure.

Regardez mieux la cire maintenant.
Voyez-vous les trois loups autour du chevron ? L'un est entier et bien distinct. Les deux autres ne sont plus visibles que partiellement.
Le chevron, lui, est fendu. C'est la brisure qui appartenait à la personne qui a laissé son empreinte dans la cire.

Il n'y a que la Louveterie qui arbore ces armes. Elles sont reconnaissables même sans la couleur.
Quelques lettres sont encore décelables. Regardez là... LOU et probablement un V. C'est plus qu'un hasard.

On peut encore lire LICE. Et j'ai reçu une copie d'un ancien document où le père de ma mère avait fait représenter les armoiries de ses enfants. La cadette, Adelice de son prénom, avait reçu celles avec le chevron fendu.


Le dossier du siège accueillit à nouveau la princesse qui retrouva un peu plus de souffle maintenant qu'elle n'écrasait plus sa cage thoracique sur son ventre rond. L'inconfort la gagnait, son ventre tirait douloureusement sur son dos et l'enfant s'était éveillé, décidé à martyriser les côtes de sa génitrice. Celle-ci inspira avant de reprendre.

Nous savons qu'Adelice s'est mariée. Mais nous n'avons pas encore trouvé d'autres informations. Néanmoins, l'âge correspond si vous êtes né de son union. Tout porte à croire que vous descendez d'elle.

Est-ce … un peu plus clair ?

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Priam
La vraie connaissance est de connaître l'étendue de son ignorance (*). Priam était tout à fait conscient de l'étendue de son ignorance dans de nombreux domaines, notamment dans tout ce qui faisait le quotidien des bien nés... et des princesses !
En mer, il ne recevait pas souvent de courriers... Qui aurait bien pu les envoyer de toute façon ?

Il ne manquait pas de courage pour avouer ses lacunes, il savait que feindre de savoir ne servait à rien, pouvait même être dangereux, alors qu'avouer son ignorance était le meilleur moyen d'y remédier.
Encore une fois, tout cela se vérifia. Après la surprise, il lut l'amusement et l'indulgence sur le visage de sa... cousine !?

Et elle lui apprit beaucoup.


Oui c'est un peu plus clair, Votre Altesse. Merci.

Son esprit semblait vouloir se remettre à raisonner, tout doucement. Priam lui en fut très reconnaissant. Ignorant passe encore, mais apparaitre intellectuellement limité à sa nouvelle famille lui aurait déplu !
Il avait toutefois du mal à exprimer ce que tout cela impliquait, tant cela lui paraissait encore absurde, époustouflant, abracadabrant et incroyable.


Il se pourrait donc que je sois le fils de la petite sœur de votre mère ? Ma mère pourrait être Adelice ? Je serais parent avec vous ?

Il multipliait les manières de l'exprimer comme si cela pouvait permettre à son esprit de mieux l'enregistrer et surtout de rendre tout cela plus tangible et vraisemblable.
Sa vie allait-elle changer à ce point ?


(*) Confucius
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ellesya
Elle tâcha de sourire, rassurante, même si cette perspective, sans être déplaisante du tout, n’en restait pas moins difficile à vraiment appréhender. Il faudrait des heures, des jours, pour bien digérer la nouvelle. Et la masse d’informations et de révélations étaient certainement bien plus dures à avaler pour son vis-à-vis.

Je vais demander à mon notaire de concentrer ses recherches sur Adelice avant que de vous faire connaître officiellement comme un cousin. Il nous faut trouver trace des actes du mariage dont il est fait brièvement mention dans un document déniché par mon envoyé sur nos terres d’origine. D’origine de la famille, s’entend.

Personnellement, je suis née à Meymac, dans la forteresse de mon père. Le reste est une longue litanie de bourgs et villes, de chemins et fiefs, au gré des pérégrinations de ceux qui m’ont élevée. Mais toujours sur voie de terre.


Son sourire s’accentua un instant avant qu’une ombre ne passe dans son regard d’acier. Il est des fantômes dont la jeune femme ne pourrait et ne voudrait sûrement jamais se défaire.

Il existe encore bien des mystères autour de cette tante. Son mariage donc. Sa descendance, dont apparemment vous. Le devenir de son mari et les raisons de votre propre parcours… Je gage que si tout cela se vérifie, il y aura de quoi animer les veillées cet hiver.

Pour l’heure, je ne puis que vous inviter à loger en ma demeure avant de reprendre la route. Hardouin est en Empire où se trouve la petite seigneurie dont sont issus les Louveterie. Si nombre de ma parentèle a eut de hautes fonctions, nous n’en sommes pas moins issus d’une petite noblesse étrangère. Ancienne, certes, surtout au vu des Maisons nobles actuelles. Mais petite tout de même. Les Loups se sont disséminés en France et en Empire et ont gravi maints échelons. Toujours honorablement, je le précise. Car c’est là une fierté dans cette époque où intrigues et ambitions éloignent ceux qui aspirent à la grandeur de la voie tracée par les Prophètes.


Petite mise au point en guise de conclusion. On ne changeait pas une Louve, soucieuse de veiller sur sa Meute.

Je suppose que vous avez des questions diverses. Ou que celles-ci viendront à un moment ou un autre. Que ce soit maintenant ou plus tard, je me ferai un plaisir de tâcher d’y répondre.

J’espère que vous ne regrettez pas votre voyage jusqu’à Paris.

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Priam
Il était transporté dans une autre Dimension. Une Dimension faite non seulement de titres et de protocoles, mais surtout d’esprit. Un voyage dans une contrée inaccessible dont les frontières restent fermées pour le commun. Un voyage au bout des illusions où il n’y a qu’une destination : Une cage dorée ! (*)

Il se sentait comme Pandore, devant sa boite à peine entrouverte, avec l'envie de la refermer aussitôt et de retourner à son ancienne vie... Et le désir mordant de la curiosité qui le poussait à poursuivre l'exploration de ces nouvelles perspectives.

Il avait souvent imaginé ses parents, sa famille, sans avoir l'once d'un espoir de découvrir la vérité un jour. Il buvait les paroles de son hôtesse, la princesse, sa peut-être cousine : Elle saurait, elle lui raconterait son histoire, lui révélerait son passé.
Elle avait commencé à déchirer le brouillard dans sa vie.


Des questions oui ! Qui serait mon père ? Serait-il encore de ce monde ? Des frères, des soeurs ? En savoir beaucoup plus sur ma mère... Tout cela est-il seulement possible ? Mais vous y avez déjà répondu : des recherches doivent être effectuées pour y répondre.
Non, je ne regrette pas ma venue et notre rencontre. Que j'entre ou non dans votre famille n'y changera rien. Je vous remercie de votre invitation. Je ne vais pas abuser de votre hospitalité, plus de deux jours. Le temps de prendre un peu de repos et de profiter des bienfaits de la capitale avant de retourner d'où je viens.


Un court instant de réflexion et il reprit :

Vous avez ma promesse de ne pas vous importuner, si d'aventure vous ne receviez aucune nouvelle à propos de mes origines. Cette journée et toutes ses éventuelles révélations peuvent être oubliées, sans crainte. Je ne pousserai pas l'audace jusqu'à me rappeler à votre souvenir. Soyez assurée de ma gratitude pour votre accueil et de ma compréhension... pour la suite.


(*) librement inspiré d'un des générique de la série la 4ème dimension
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ellesya
L'année s'était achevée, délivrant la princesse de son fardeau. Ce dernier, Gaultier de son prénom, était devenue celui d'une nourrice.
Une nouvelle année avait débuté. Et avec elle arriva de nouvelles neiges ainsi qu'une réponse d'Hardouin. Un courrier contenant des bribes d'histoire, si ténues et si importantes à la fois.
Ellesya reprit la plume, non sans une certaine émotion.


Citation:
A vous, Priam,
De votre désormais cousine, Ellesya,
Sincères salutations.

Il me faut d'emblée vous informer qu'Hardouin, dont je vous avais entretenu, n'a pour l'instant trouvé que des informations dans les registres paroissiaux. Aussi, ce dont je vais vous entretenir comble quelques trous mais l'essentiel nous est toujours inconnu.

Il s'avère que vous êtes bien né de la plus jeune sœur de ma défunte mère. Celle-ci est morte dans sa jeunesse pour une raison qui n'était pas consignée. Elle fut mariée à un bourgeois de leur région nommé Valère Altmeyer. Vous êtes leur premier né. A suivi une sœur prénommée Mahaut. Comme pour vous, il n'y a aucune autre mention.
Mon notaire œuvre sur d'autres pistes mais tâche également de trouver des gens qui ont connu vos défunts parents afin de savoir ce qu'il est advenu de votre famille, des raisons de votre parcours et du devenir de cette sœur dont les parchemins nous apprennent la naissance sans plus.

Il va sans dire que si vous en éprouvez l'envie ou le besoin, nous pourrons en parler de vive voix.

Je me dois aussi de vous faire une précision. La Louveterie est une ancienne famille noble mais à l'origine assez pauvre. Notre grand-père avait déjà voulu marier ma mère, à la sortie de l'enfance, à un artisan riches en pécunes. Ce qu'elle a évité en prenant la route vers l'Artois puis la Touraine. C'est ainsi que la branche dont je suis issue a pris racine en terre de France.
Le projet pensé pour son aînée a du être reporté sur la cadette, je suppose. Lorsqu'un noble épouse un roturier, aussi fortuné soit-il, il perd son rang social. C'est ce qu'il a du advenir à votre mère.
Aussi, si vous êtes un Louveterie, vous ne pourrez prétendre être noble à moins d'un jour obtenir un fief évidemment.
A mes yeux et en tant que chef de famille, ce sont des considérations ne changent rien à notre affiliation.

Le temps que nous ne réfléchissions à votre avenir, je vous allouerai une rente vous permettant de vous loger, vestir et nourrir acceptablement. Un logement sera aussi à votre disposition à Amboise où se tient le conseil de famille.


Puisse Saint Bynarr éclairer votre route.



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