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[RP] Quand faut se marier, faut se marier

Elendra
Le 18 janvier 1462 - Amboise

C'est le grand jour. Le Jour J. Le Jour M. Peu importe la lettre qu'on lui donne, on est ce jour là en particulier, ce jour où j'assure ma domination sur son Altesse Luisa von Frayner! Car oui! Mesdames et messieurs, je me marierai avant son Altesse! Et ce n'est pas simplement une victoire pour moi, mais pour vous aussi, dames de compagnies de toutes provenances. Ce jour nous affirmons, que dis-je nous revendiquons le droit à toute l'attention d'une pièce! Et si Luisa décide de se faire plus remarquer que moi, je lui arracherai tous ses jolis petits cheveux couleur de blé un à un! (Mais vous en faites pas! Ça repousse!)

C'est donc, sur ces paroles pleines de joie et d'espoir que je fais le tour de la chambre qui m'a été prêtée pour ce jour tant redouté, ou plutôt attendu.


Robe? Oui!
Chausses? Oui… et oui!
Confiture de mirabelle?
Je trempe un doigt dedans et le met dans ma bouche, puis claque la langue avant d'affirmer : C'est bien de la confiture de mirabelle!
Anaon? Présente!
Elfry? Sur le point d'arriver.
Nyam? Bien présente!
Témoin? Elle est où encore celle là?!


Oui tiens. Elle est où encore celle là! Je peux comprendre sa jalousie et donc le fait qu'elle n'ait pas répondu à la multitude de missives que je lui ai envoyé, mais j'aurais au moins cru qu'elle serait à l'heure le jour convenu!

Aah ces princesses! Elle doit sans doute s'être perdue dans la ville!

Je tourne ensuite sur moi-même pour faire face à Anaon.

Eh bien voilà! Je suis ravie que vous soyez ici pour m'aider! que je dis en soulevant les multiples couches de la robe posée sur une chaise.

J'avais pas trop envie d'être toute seule…

Car oui, il y a quelques instants à peine j'étais survoltée à l'idée de me marier et là soudainement… un peu moins. Mais bon ça m'arrive depuis le début. Un jour j'ai envie, l'autre pas et puis voilà, alors aussi bien en finir avec toute cette histoire! Je serai mariée à la fin de la journée, sauf si mon père décide de venir fourrer son nez dans cette histoire et l'en empêcher!

Je crois qu'on peut commencer! Vous savez que mon père va rencontrer Anthoyne aujourd'hui? Et bon je connais pas les talents de comédiens d'Anthoyne, donc je suis pas tout à fait certaine qu'il réussisse à convaincre mon père….

Je m'arrête alors coupée par un petit rire nerveux.

On a donc pas trop à s'inquiéter pour la préparation tout ça. Il y a encore des chances que je me marie même pas.

Je prend alors une pause et regarde Anaon avec sérieux.

Vous croyez quand même pas qu'il oserait faire ça, non? Annuler mon mariage?

Pfiouf… ce que j'aurais honte! Vous imaginez? Tous ces gens qui se sont déplacé ici, pour rien au final? Je crois que j'aurais plus le courage de jamais leur reparler de toute ma vie! Je lève alors les bras pour enfiler une première couche de tissus et en sortant la tête de celle-ci je regarde de nouveau Anaon.

Mais vous. Vous connaissez Anthoyne n'est-ce pas? Puisque c'est vous qui avez proposé que je me marie avec lui.

Car si Anaon m'avait déjà demandé qui organisait ce mariage et que je n'en avais pas la moindre idée, aujourd'hui une idée tout autre s'était imposée dans mon esprit : c'était nul autre qu'Anaon l'orchestrateuse de tout ça.

Alors, que ça finisse bien ou mal. C'était l'idée d'Anaon tout ça. Pas que je veuille lui mettre de la pression inutile ou quoi que ce soit!

_________________
Anaon

      - Dans le cocon nerveux d'une future épousée -


    Oui, il était enfin là ce jour qu'on était même plus sûr de voir arriver tant il avait été repoussé. Elle avait sorti ses habits du dimanche, ceux qui paraient toujours sa carcasse au service des nobles et des Rois. Une impeccable rigueur, luisant sur le cuir graissé des cuissardes et du gilet cintré. Un noir absolu sur les chausses et dans toute sa tenue par ailleurs, seulement tranchée par le blanc éclatant d'une chemise sans accrocs. Le col haut, les cheveux rehaussés en chignon irréprochable. Pour celle qui ne se permettait plus ni les robes ni les bordures, c'était çà, bien s'habiller, une tenue sans un pet de travers et maîtrisée jusqu'au moindre bout de ficelle. On ne déconnait pas avec le style ! Même chez les mercenaires !

    L'oreille attentive au moulin à parole qui ne tient pas en place, une main lisse avec affection le velours de la robe posée sur le dossier d'un siège. L'ainée aussi récapitule. Les éléments de la tenue, les broches pour la coiffure. Elle va même jusqu'à vérifier qu'elle n'a pas omis la moindre perle et que tout surpasse de loin la simple perfection. Il en va de son honneur de couturière et de la réussite même de ce mariage ! Nyam sagement patiente dans un coin, Fenrir couché pas loin qui met à l'œuvre toute son attention de canin, Anaon toute muette et contemplative de son ouvrage... la petite chambre féminine pourrait être un vrai petit nid d'apaisement s'il n'y avait pas... la mariée.

    La mercenaire se tourne vers la d'Acoma, croisant dans un réflexe ses deux mains contre ses reins. La jeune fille est nerveuse et ça se voit. Il suffit d'entendre la poule jacter sans leur laisser le loisir de caser la moindre phrase... ou la moindre miette de mot. La balafrée s'anime d'un demi-sourire, amusé et tendre. Oui, car Elendra est attendrissante avec sa petite angoisse latente. Elle la regarde batifoler un peu et s'inquiéter beaucoup, jusqu'à ce qu'elle lève les bras comme on ordonne, mettant immédiatement l'Anaon au plis. Les mains se saisissent sans réfléchir de la cotte joliment ouvragée, aux manches piquées de passements et de boutons, pour la passer par-dessus le simple appareil de la chemise d'Acomienne. Hop ! Suivant ! La balafrée se retourne pour bloquer sur une large bande de tissu blanc posée sur le siège.



    Ah voilà ! Cà commence ! Ah trop blablater, Elendra l'embrouille et voilà qu'elle a déjà oublié de corder la jeune fille. La bande est empoignée, la presque épousée contournée. D'un geste sec, elle remonte la cotte jusqu'aux aisselles de la donzelle et ajuste sa chemise.

    _ Tenez-çà et levez-moi un peu les bras...

    Les mains expertes passent la bande de lin autour de la poitrine du coucou afin de tenter de galber... de galber... de galber la planche à pain. Challenge accepted ! Ah ? Un point final dans le discours d'Elendra ? L'Anaon n'attend pas pour répondre à la demoiselle.

    _ Alors tout d'abord, je suis navrée de vous informer, mais il est un peu trop tard pour annuler votre mariage et je crois que l'avis de votre père n'y fera rien. Toutes mes condoléances.

    Laçage brièvement noué dans le dos, l'ainée passe au devant.

    _ Permettez...

    Et elle se permet l'Anaon, d'analyser les deux noisettes pour leur donner plus de cachet à coup de quelques rembourrages. Discrets, ne déconnons pas ! Au début de la renaissance, on n'a peut-être pas inventé le double push-up, mais c'est pas pour autant qu'on ne sait pas tricher avec raffinement !

    _ Par ailleurs, cet Anthoyne me paraît en tout point charmant et semble bien loin d'être un simple pécore de rase cambrousse. Pourquoi donc votre père s'opposerait-il a votre union ? On aura qu'à lui dire qu'il n'avait qu'à être là pour les négociations.

    Et toc ! Par ailleurs, la Châtaigne lui rappelle un point bien comique de cette histoire.

    _ Vous verrez bien que j'ai du flaire...

    Car oui, c'est bien l'Anaon qui avait déniché l'hymen. Pourtant, qui aurait pu croire, ne serait-ce qu'une seconde, que ce soir-là, leur simple jeu d'humour deviendrait un jour pure concrétisation ? Le chaperon avait lancé à la volée un "Elendra ! Épousez ce Monsieur muet ! Il a l'air bien charmant et célibataire"... et puis... et puis voilà. Aujourd'hui on en est là. Blagounette s'est faite jour de liesse.

    La balafrée repasse au derrière pour lacer définitivement le linge de soutien, avant de faire lâcher sa cotte à la jeune fille que les mains perfectionnistes tirent minutieusement vers le bas.

    _ Cependant, je ne connais absolument pas votre fiancé, la seule et unique fois que je l'ai vu çà a été ce fameux soir en taverne. Mais, ma foy, il a une tête tout à fait convenable.

    Robes de dessous enfilées, l'Anaon s'empare des chausses de la mariée avant de lui présenter un fauteuil.

    _ Asseyez-vous donc et tâcher de vous détendre. A trop brasser vous allez suer et nous n'avons plus le temps de vous donner un bain ! Et je gage qu'Anthoyne préférerais épouser une jolie mirabelle qu'une petite porcine sur deux pattes. Prouvez-lui donc qu'une vraie Mirabelle Lorraine çà sent toujours... bah la mirabelle !

    Un genou se pose en terre devant Elendra, prête à lui enfiler ses chausses. Allez Cendrillon !

    _ Montrez-moi ces belles gambettes !

    Ah oui d'ailleurs.... En parlant de gambette.

    _ Vous a-t-on parler de votre nuit de noce ?


Anglais , "Challenge accepted" = Challenge accepté... Tout simplement
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- Anaon à dire et à lire "Anaonne" -
Elfry
« Le mariage est la seule condamnation à vie qui peut être suspendue pour mauvaise conduite. »
Oscar Wilde


La fiolinette azimutée venait tout juste d'arriver à bon port, à Amboise. Elle avait préféré le confort d'un attelage et la sécurité d'une escorte. Avec l'âge serait-elle devenue plus sage ? Elle commençait à le craindre. Toutefois, Dragonne, sa jument de race Welsch au pelage mordoré, faisait partie de l'équipage. Pas question de s'en séparer !

Son mini dragon fétiche l'accompagnait évidemment, toujours installé dans son pot de terre et de cristal. Elle le transportait quasiment toujours avec elle, accroché à sa ceinture ou à ses épaules grâce à plusieurs sangles de cuir. En fait de dragon, il s'agissait d'un magnifique lézard à queue épineuse. Cela faisait presque cinq ans que ce dragon avait réussi l'exploit d'apprivoiser la petite fiole ; ils s'étaient trouvés tous les deux, lors d'une des chasses au dragon de la petite fiole en compagnie de son amie imaginaire Callypso.
Son dragon était son ami, son confident conciliant, toujours à l'écoute. Elle lui racontait les souvenirs heureux avec sa maman disparue il y 6 ans et surtout elle lui décrivait son merveilleux papa, à chaque fois réinventé, lui qu'elle n'avait jamais connu et qui avait pourtant laissé un trou de Danaïdes dans sa vie... Autre avantage, il ne protestait jamais lorsqu’elle se plaignait de ses frères et de sa grande soeur.

Elle gravit les marches en sautillant et se fit annoncer. Aujourd'hui était un grand jour, son amie Elendra se mariait. Elle était si heureuse de la retrouver, mais hélas le trio ne serait pas réuni, des trois drôles de demoiselles de Charlie, TC manquerait à l'appel... Toutefois Elfry était persuadée que Luisa trouverait bien le moyen de s'échapper du paradis solaire pour venir les hanter un jour pareil, en tout cas, elle l'espérait de tout son coeur !

Alors qu'elle suivait son guide qui la menait vers Elendra, la petite fêlée ne put s'empêcher encore une fois de se demander quel était l'intérêt de se marier... Cette manie de vouloir lier sa vie à un homme. A part son papa idéalisé, Elfry avait une piètre opinion des hommes. Ils ne servaient à rien, ils ne faisaient que lui voler les personnes qu'elle aimait. Depuis qu'elle était marié sa grande soeur ne s'occupait plus d'elle. Maintenant que son mari lui avait donné des bébés à dorloter, autant dire que la petite sœur n'existait même plus. Un mâle allait lui prendre aussi son amie. Non vraiment, Elfry ne se marierait jamais ! Servir de potiche et de faire-valoir à un homme, très peu pour elle... Il l’empêcherait d'aller chasser le dragon, de danser avec les fées, il l'enfermerait dans de jolies robes et une belle demeure où elle devra sourire et dire des banalités aux invités de passage... Quelle cauchemar !

La porte s'ouvrit et on l'invita à entrer. Elle remercia d'un sourire, puis se glissa dans l'ouverture. Plus que quelques pas, et elle allait pouvoir serrer son amie...

Elle s'annonça par un joyeux :

ELENDRAAA

Elle se jeta sur son amie pour l'étreindre.
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Zeiss
La route fut longue et épuisante, mais il était enfin arrivé. Le dernier jour du voyage fut faite dans la tranquillité, histoire de ne pas anéantir les efforts de toilette qu'il avait fait lors de la nuit qu'il avait passé dans l'auberge la plus proche.
C'est donc sur un Néron au petit galop et un tantinet excité que Zeiss atteignit Amboise.

Un tantinet excité, avais-je dis? Le frison était agité comme rarement il l'était, et montrait à tous quel mauvais caractère il avait. Le cheval hennit beaucoup et se cabra, et Zeiss dut prendre bien deux minutes pour le calmer. On aura vu plus distinguée comme arrivée.
De ses yeux d'un bleu terne, le Chevalier observa l'endroit. Son regard était sévère. Pas colérique non plus, mais de l'un à l'autre, il n'y avait qu'un pas.

Comme d'habitude, Zeiss prévint le palefrenier des précautions à prendre avec Néron, histoire d'éviter un drame, puis alla à l'entrée. Heureusement, malgré l'épisode du destrier perturbé, sa tenue était toujours correcte. Pour l'occasion, il s'était vêtu d'un gambison bleu sombre ainsi que d'une tunique pourpre. Par dessus, il y avait un surcôt de cuir gris foncé. Zeiss portait également ses bottes et ses gantelets de cuir gravés bruns. Une cape noire avec col de fourrure gris venait compléter le tout. Notons un détail non négligeable: cette fourrure grise sur la cape, elle venait d'un loup. Tué à mains nues. Depuis le temps, Zeiss la considérait toujours comme l'un de ses plus beaux trophées. Il s'en était donc fait une cape. Dernière partie de sa tenue, celle-ci cachée sous les couches de vêtements, une cotte de maille. La route était longue, donc potentiellement dangereuse. Ses longs cheveux bruns avaient étés laissés en liberté, et sa barbe fut taillée mais pas rasée. Il avait toujours sa bâtarde au côté.
Son regard passa de sa monture partie avec le palefrenier à un garde posté à l'entrée.


Veuillez annoncez Zeiss d'Acoma, s'il vous plait.

Simple, sobre, classe. Oui, il était classe ce jour là, le Zeiss. Sait-on jamais, peut-être que contre toute attente, il apprécierait le peut-être futur époux. Auquel cas il aurait besoin d'être beau et propre pour le mariage de sa fille. Il l'espérait au fond. Histoire de ne pas ruiner un événement qui semblait préparé depuis longtemps -petite fourbe, elle l'avait prévenu si tard!- ou encore de devoir enlever sa fille au dernier moment.
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Nyam
Dans la chambre de la mariée (enfin future), quelque part à côté de la porte...

Nyam était bien là, mais présente, on pouvait en douter, car son esprit battait la campagne. Elle était assise par terre, son beau visage de poupée de porcelaine encadré par une couronne de tresse d'or blanc. Elle aimait beaucoup sa coiffure qu'Anaon avait patiemment réalisé, dévoilant sa nuque blanche sans pour autant afficher les stigmates qui barraient son dos. Elle portait une jolie tenue, une chemise de lin et une cotte du même bleu que ses yeux. Maman avait vraiment bien choisi et pour une fois, l'adolescente prenait garde à sa tenue, tant elle la trouvait jolie. Nul doute que la Roide avait dû se saigner en quatre pour lui acheter ces vêtements. Mais cela passait au dessus de la tête de la jeune fille à l'esprit ravagé.

D'apparence calme, elle n'en était pas moins en ébullition. En effet Maman après pas mal de grincement de dents avait réussi à la convaincre de laisser son précieux sac avec ses pierres dans un coffre soigneusement fermé à leur chambre de l'auberge. Elle ne lui avait consentis que d'emmener le coquillage qu'une Dame lui avait offert en lui expliquant qu'elle pourrait entendre les murmures de Petit Frère dedans. Nyam passait donc de longues heures avec la coquille de mer collé contre son oreille, hypnotisée par son murmure magique à ses yeux. Comme maintenant d'ailleurs... Pendant qu'Anaon veillait à ce que la future mariée ressembla à une femme lus qu'à une planche à pain, la Frêle gardait le coquillage contre son oreille, les yeux mi clos.

Son moment de tranquillité fut rompu quand une tornade rousse entra dans la chambre ne criant le nom de la future. En fait, ce n'est pas tant le bruit que la porte qui vint se rabattre sur elle qui la fit sortir de son rêve éveillé. Ce n'était pas très douloureux, mais cela lui promettait un nouveau bleu pour décorer sa peau blanche. Fronçant les sourcils, Nyam posa les yeux sur ses pieds nus qui dépassaient de sous le bord de sa robe. Tiens, qu'avait-elle fait de ses chaussures ? Elle ne se rappelait pas les avoir enlevé. Maman allait encore être contrariée qu'elle les ai perdu. Se relevant souplement, elle profita de la porte ouverte, et du fait qu'Anaon avait la tête ailleurs, pour sortir dans le couloir. Il fallait retrouver ses chaussures... Sans se rendre compte qu'elles étaient tranquillement posées sur une chaise dans la chambre.

Nyam ne vivait pas vraiment dans le même monde que les autres. L'ange blond se mit à déambuler, finissant par oublier même la raison pour laquelle elle était parti en exploration. Finissant dans la cours, elle aperçut un groupe de volailles dont quelques poussins vraiment adorable. C'est comme ça que la Frêle se retrouva accroupie au milieu d'une envolée de poussins, pieds nus, dans une jolie robe qui ne resterait pas propre longtemps à ce rythme.

Dans la chambre de la fiancée...
Fiancée : présente
Anaon : présente
Elfry : présente
Témoin : pas encore arrivée
Nyam : ben disparu....

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Elendra
Je vais vous le dire en toute franchise : par chance qu'Anaon est là! Non mais voyez comme ses mains expertes m'apprêtent! C'est qu'elle pense à tout notre couturière, même à m'enjoliver le devant! C'est que je commence à avoir hâte d'en avoir à moi vous savez! Des permanents. Qu'on peut pas m'enlever à la fin de la journée. Parce que ça fait deux fois qu'on me remplume un peu le buste et j'aime bien l'effet que ça donne! Mais bon, j'imagine que ça vient après le mariage. Tu te maries et après t'y as droit. Quoi que j'en connais qui sont pas mariées et qui y ont eu droit, elles. Pensons à Anaon et Yolanda pour ne nommer qu'elles. Quoique Anaon, j'imagine qu'elle a eu une dérogation parce qu'elle est vieille. Ça ne peut être que ça… Et pour Yolanda… C'est qu'elle doit tricher, voilà tout!

Me voici donc immobile à laisser Anaon me rendre digne d'une mariée, je suis ses instructions à la lettre même! Lève les bras ici, tiens ça là, bouge pas, respire plus, baisse les yeux sur ta nouvelle poitrine… Ah non! Ça c'est tout moi! Et puis j'écoute ce qu'elle dit outre que les consignes vous savez. Et vous savez quoi d'autre?

Elle a bien raison! Il est beaucoup trop tard pour annuler les noces! Toutes mes condoléances papa! Eh oui, ça m'a bien fait rigoler qu'elle dise ça! Et vous savez sur quoi d'autre elle a raison? Eh bien Anthoyne semble tout à fait charmant et je pourrais marier bien pire.


Mon père s'est marié parce qu'il était maladivement amoureux de ma mère et elle de lui… et il croit que ça doit être comme ça pour tout le monde, ou du moins sa fille! Parce qu'il a dit qu'il se moquait que mes amies se marient avec n'importe qui! Mais vous savez! Je crois que c'est juste que je suis sa fille aînée et qu'il a peur de donner ma main à un autre homme!

Ou alors c'est ce que je souhaiterais qu'il pense…

J'espère bien que votre flaire est bon ma Dame en effet! Sinon vous me le paierai très cher! 2 500 écus par exemple! que je rigole en me gardant bien de lui souligner deux choses : La première, que je m'endette bel et bien de 2 500 écus (plus « intérêts », quoi que cela puisse être) pour ce « grand » jour. La seconde : que si son flaire était si bon elle serait sans doute mariée! Mais bon ça c'est juste vraiment méchant et pour tout vous avouer, je suis certaine que c'est la nervosité qui parle parce que moi je penserais jamais rien de mal d'Anaon, parce que Anaon c'est ma personne la plus favorite que je connaisse dans tous les Royaumes! Et probablement la seule personne que j'accepterais que mon papa marie! Mais dites-le pas à ma mère!

Toujours en suivant les bonnes instructions d'Anaon, je me laisse tomber dans le fauteuil, les coudes bien appuyés sur les accoudoirs. C'est qu'elle soulève un point important quand même… Vaut mieux que je sente la mirabelle! Je m'étire donc pour attraper ce petit pot doré et y plonge le doigt avant de l'enfoncer dans ma bouche.


C'est vrai que ça sent bon la mirabelle…

Et ça aura la mérite ou le pouvoir, un des deux, de me calmer un petit peu ou du moins de m'occuper pendant que je lève ma « gambette » pour déposer mon pied sur le genoux d'Anaon. C'est l'heure des chausses et du conte!

Non, on ne m'a pas parlé de ma nuit de noces, racontez-moi tout! que je lui répond en trempant de nouveau mon doigt dans le pot de confiture, les oreilles toutes grandes ouvertes et prête à entendre… mais à entendre quoi au juste?!

C'est d'ailleurs au moment où je me questionnais sur la nature de cette « nuit de noce » dont on s'était bien gardé de me faire part, que débarque tout aussi soudainement que joyeusement ma Lorraine rousse favorite!

Elllfryyyyyy! Viens vite! Assied toi! Anaon allait justement raconter ce qui se passe pendant la nuit de noces!

Ni une ni deux, moi je me lève pas, parce que je suis la mariée et que je suis vachement trop bien installée dans ce fauteuil! C'est qu'en cours d'étiquette on vous apprend à vous tenir droite et tout, mais ce qu'ils se gardent bien de vous dire c'est que y'a que bien écrasée dans un fauteuil qu'on se sent vraiment bien! Tout ça pour dire que la dragonne rousse se jette sur moi pour me serrer! Et moi je la serre fort, fort… encore un peu plus fort, l'oeil posé sur mon index mirabellisé que j'évite de passer trop près d'une mèche tout en l'amenant doucement mais sûrement… dans ma bouche!

Une fois ma mission accomplie, je desserre mon étreinte et lui fait une petite place dans ce siège de choix pour qu'elle aussi soit aux premières loges quand Anaon nous expliquera ce que c'est que cette nuit de noces!

Entre filles, faut partager ce genre de savoir pas vrai?! Et puis soyons francs, je savais pas vraiment ce qu'elle allait raconter l'Anaon. Et si j'avais su j'aurais sans doute pas eu envie que Elfry soit là. Que dis-je j'aurais peut-être pas voulu entendre l'histoire tout court. Avec ou sans Elfry!

Et Nyam dans tout ça?

Qui?

Ouais, je sais, les mariées c'est des grosses égoïstes trop dégueulasses!

_________________
Elfry
On apprend la vie secrète,
Des angoissés d' la bébête
Ou de ceux qui trouvent dégourdi,
De montrer leur bigoudi (*)


Des retrouvailles, entre des amies encore toutes jeunes mais qui n'étaient jamais en manque de bêtises, c'est dragonesque ! - ultime stade de l'échelle elfryenne de l'état de grâce -
Le seul petit grain tout sombre dans cette machine à pur bonheur : le mariage et le futur époux de son amie, voleur de copine, cible toute désignée pour recevoir les prochaines malédictions de la petite fêlée, voire un croche-pied si l'occasion se présente.
Ce point noir au milieu de la joie toute fraiche de leur retrouvaille fut toutefois largement contrebalancé par le programme annoncé : le mystère de la nuit de noce enfin dévoilé.

La petite fiole répondit à l'invitation avec un entrain et une excitation évidente, des petits cris suraigus lui échappèrent alors qu'elle se glissait à côté d'Elendra dans le fauteuil si accueillant.


NAAON !! C'est vrai ! Chic, on va tout savoir !! Je suis si contente de te retrouver aussi ! Même qu'elle va nous dire comment qu'on fait les bébés ? J'avais bien essayé une fois d'espionner mais Philo, elle m'avait repérée...

La petite fiole azimutée avait souvent la langue plus alerte et réactive que son esprit. Aussi il n'était pas rare que ses propres paroles, qu'elle venait tout juste de prononcer, se frayent un passage dans le lobe de ses mignonnes oreilles pour atteindre finalement son centre de réflexion... Et qu'une illumination ait subitement lieu dans son crâne, un éclair de génie, avec un petit temps de retard.

Oh ! Elendra, tu risques d'avoir des bébés, toi aussi ! Si tu te marries avec la nuit de noce et tout les secrets là ! Tu imagines ?

Et parfois, assez rarement, des souvenirs des leçons sur les bonnes manières et la courtoisie de Philo (gouvernante méritante) et de Didil (la grande soeur, mère de substitution), faisaient leur retour... Comme cela, tout simplement... Juste des petites perles de bienséance qui s’égrainaient dans le cours des pensées enfiolinées.
L'exaltation du moment laissa s'échapper une des ces petites perles, et Elfry prit conscience de l'autre, celle qui allait tout leur dévoiler.

Elle lui adressa un sourire candide et sincère et ajouta avec un naturel... peaufiné sur son entourage par des années d'expertises en manipulations et attendrissement :


Bon jour à vous, je suis Elfry Gallene Franchesca de la Fiole Ebrechée. Vraiment ravie de vous rencontrer et de vous écouter !



(*) Le zizi de Pierre Perret
_________________
Anaon

    Les yeux posés sur la jambe dénudée, l'ainée expire une pensée à voix haute, alors qu'elle commence à enfiler la longue chausse sur la tige du Coucou.

    _ Aaaaaaah... Moi aussi j'étais fiancée d'amour...


    Car oui ! Controns ces mesquines pensées d'Acomiennes ! Dans la fleur de sa jeunesse, l'Anaon aurait dû avoir l'anneau au doigt, dans le bonheur le plus simple d'une union consentie et surtout désirée. Mais la vie avait décidé que le voile du veuvage lui siérait bien mieux que celui du mariage. Ainsi est-il et ainsi sera toujours.

    Mais revenons aux pensées plus joyeuses d'une nuit d'acoquinement. Certes, la balafrée est quelque peu surprise que personne n'est pris la peine d'expliquer à Elendra LA chose dans tous ses enjeux. Et avouez que le fait de le faire maintenant, risquerait de braquer la donzelle au plus haut point. Mais l'Anaon se devait de lui expliquer, pour ne pas être complice de cet abominable crime d'omission. Ainsi, il lui faut mettre en œuvre tout son art du verbe-diplomatique pour ne pas effrayer la pucelle. Nouant le lien sur le genou blanc de la mariée, l'Anaon se lance dans la délicate explication du fameux "Comment qu'on fait les bébés".

    _ La nuit de noces est une chose très importante, car c'est là que vous "consommerez" votre mariage comme on dit. Et un mariage non consommé est comme un mariage qui n'a pas lieu. Tant que vous ne vous serez pas scellé à votre mari, ni Dieu ni papelard ne scelleront rien. C'est pourq...

    ELENDRAAA

    Ses tympans éclatent. La femme n'a rien le temps de comprendre. Une tornade. Une forme qui se jette sur sa mariée et son séant qui percute lourdement le plancher. La mercenaire braque des yeux ronds sur l'arrivante tonitruante, parfaitement déboussolée, jusqu'à ce que les aboiements insistants du chien ne la tirent de sa mutique contemplation. Le visage pivote et... OH DAMNED ! La balafrée se lève d'un bond, courre, se jette de tout son poids sur la porte ouverte qui claque sur son chambranle à en faire trembler les fondations. Mes aïeux ! Si quelqu'un voyait la mariée à demi-habillée et avant la cérémonie, ce serait une catastrophe ! Et l'Anaon n'acceptera aucune catastrophe dans ce mariage ! Petite explosion d'adrénaline. Le front plaqué contre le bois, la mercenaire exprime un long soupire de soulagement. Un œil s'ouvre sur le chien qui ne se calme pourtant pas.

    _ C'est bien, Fils. C'est bien...

    Bon... Où en étions-nous ? La mercenaire reprend contenance avant de se retourner pour rejoindre Elendra, laissant Fenrir pleurer et gratter devant la porte close. Ce n'était qu'un petit accroc... Maintenant... On respire. Calmement, l'habilleuse reprend sa place au genou de la d'Acoma et entame de lui enfiler la seconde chausse. Les azurites se lèvent, sceptiques mais sans animosité, sur la jeune fille qui se présente.

    _ Hmm... Vous savez, ce qui se passe entre un homme et une femme lors de leur nuit noce est quelque chose d'extrêmement intime. Et... je ne sais pas si votre amie souhaite vraiment entendre parler de cela, maintenant. D'autant que si vous n'êtes pas encore au fait de la chose, c'est bien parce que cela est relativement délicat à expliquer.

    Nouveau regard vers... Elfry, puis vers Elendra, dans l'attente de saisir sur leur visage le moindre signe d'acquiescement ou de protestation. Les souliers sont attrapés, puis prestement enfilés.

    _ Tout çà, c'est une histoire de... "vol de fesses" qui peut effectivement avoir pour conséquence la création inopinée de mini-Anthoyne ou de minie-Elendra... Avez-vous déjà saigné ? Il faudra me dire si vous avez déjà saigné... car sans çà, pas de mini-Anthoyne, ni de minie-Elendra.

    Trop bien lancée dans son monologue, la balafrée ne laisse pas spécialement le temps à Elendra de répondre. Voilà qu'elle se lève pour passer dans le dos des jeunes filles et attraper la robe de velours sur le dossier.

    _ Si vous ne voulez pas vous encombrer l'esprit, nous pourrons toujours en parler avant la nuit, théoriquement vous devriez aller à la chapelle avant de rejoindre votre mari et vous...

    Le regard de la mercenaire s'est relevé sur la porte qui lui fait face. Fenrir qui brasse devant l'entrée. La chaise et les chaussure juste à côté. La femme est soudainement transit d'un vieux doute. Regard à gauche... Regard à droite... L'étincelle de la compréhension crapote dans son esprit. Et...

    Meeeeeeerde....

    Un visage dépité se tend au ciel. C'est pas vrai... Oh c'est pas vrai. L'Anaon gagne la porte sous le regard fiérot de son chien.

    _ Ça va, j'ai compris !

    La porte de la chambre est réouverte et à nouveau les azurites inspectent un bout et l'autre du couloir. Une fois encore, Nyam s'était tirée." Une fois n'est pas coutume " qu'on dit. Bien sûr que non, ce n'est pas coutume.... C'est... C'est carrément devenu un sport national, oui ! Oh c'est pas vrai... Une œillade se pose sur la robe entre ses mains. Non, elle ne peut pas se permettre de courir après la blonde, sinon, Elendra sera en retard et être en retard pour son mariage c'est parfaitement in-envisageable, et puis ce sera de sa faute, et puis tout le monde l'accusera, et puis... Et puis ce sera la fin des haricots.

    _ Bon...

    La mère se tourne vers le bâtard tout guilleret à ses pieds.

    _Fils ! Vas chercher Nyam ! Aller ! Cherche ! Nyam !

    Oreilles et queue s'agitent et l'Anaon jurerait voir le chien sourire quand elle le voit détaller dans le couloir. C'est qu'à force l'animal connaissait son affaire. Elle le voulait chien de chasse, certes, mais elle n'avait pas prévu que sa proie habituelle serait une alouette juchée sur deux pattes. Un jour, il faudra qu'elle investisse dans une laisse. Et ce ne sera pas pour le chien...

    La porte se referme. Demi-tour sur les talons. La mercenaire commence sérieusement à prendre du soucis. Ce n'est presque pas si l'on pouvait voir les cheveux blancs lui pousser sur le caillou. Qui aurait pu croire que préparer un mariage serait aussi épuisant.

    _ Boooon...

    Une fois encore, où en étions-nous ? Chassant l'inquiétude de sa tête, faisant pleinement confiance à son chien et se persuadant que Nyam n'aura pas pu filer bien loin sans que quelqu'un ne l'aperçoive, l'ainée revient une fois de plus vers Elendra à qui elle présente la robe. Message subliminal : debout et levez les bras.

    _ Je vous disais que nous pourrions en discuter après la cérémonie, les festivités et tout le tralala si vous préférez...

    Avec un peu de chance, elle ne sera pas raide morte sous une table ou noyée dans un fût de vin. Connaissant l'ivrogne professionnelle... Ça ne devrait pas se produire.

    _ Premier indice que je puisse vous donner, c'est que la chose se passe quand le couple est entièrement nu... ou relativement. Est-ce que je continue plus avant ?

    Que les oreilles chastes s'abstiennent de lire. Oui tout à fait.

" La ronde II ", Kaamelott Livre III
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- Anaon à dire et à lire "Anaonne" -
Anthoyne
[Jour-J, quelques heures avant la cérémonie]

Anthoyne s'entretient avec un valet sur les modalités et les derniers détails à mettre en place pour que le banquet soit parfait. L'échange est cordial. Même si le futur marié est légèrement angoissé devant tant de choses à gérer, il le cache suffisamment bien pour le moment. A vrai dire, les grandes capacités des gens d'Amboise pour gérer ce genre d'événements aide la tâche, il n'y a pas grand chose à leur reprocher.

Alors qu'un détail concernant le banquet est discuté, un autre valet arrive à leur rencontre. Anthoyne comprend à la tête du messager que ce qu'il a à dire est important. Après s'être excusé auprès du commis au banquet, Maillé sourit au dernier arrivant et lui somme gentiment de parler :

"Messire, le seigneur Zeiss d'Acoma est arrivé. Il attend qu'on le reçoit.
- Très bien. Je vais aller à sa rencontre. Faites-le avancer dans le hall si ce n'est pas déjà le cas. Merci."


Anthoyne se tourne alors vers son précédent interlocuteur pour conclure. Après une trentaine de secondes, il met fin à la conversation par un : "Faites comme d'habitude, je vous fais confiance."

Ses pas le mènent ensuite vers le hall où est censé attendre son futur beau-père.

"Je vous souhaite la bienvenue à Amboise et je vous remercie de votre venue. C'est un honneur. Désirez-vous boire quelque chose ? Peut-être désirez-vous manger ?"

Il lui laisse le temps de répondre et de donner les ordres le cas échéant avant de reprendre. Entre temps, il l'invite à le suivre dans une petite salle de réception. Une fois arrivé, le futur marié examine discrètement son vis-à-vis. A première vue, il ne ferait pas d'éloge surtout qu'un détail le perturbe. Il l'a reconnu tout de suite. La couleur est caractéristique. L'expression sur son visage exprime avec plus ou moins d'hypocrisie la bienveillance mais, se sentant insulté par le port de cette fourrure, son regard va changer. Maille va réussir à garder son calme mais son sourire va s'effacer et laisser place à un visage fermé laissant exprimer sa fierté et son désir de ne pas se laisser marcher sur les pieds.

"Je suis désolé que cette rencontre se fasse si tardivement. Ce n'est pas très conventionnel, je vous l'avoue. Vous vous retrouvez sûrement un peu au pied du mur et je vous présente mes excuses de vous mettre dans une telle situation. Bien, avant de commencer, je vais clarifier un point. Je tiens à être franc avec vous. Je sais bien de quel animal provient votre fourrure. Je peux entendre que vous aimez cet apparat mais venir avec celui-ci dans le fief d'une famille qui a pour emblème ce même animal est très mal venu et même insultant. La symbolique de ce geste paraîtra clair aux yeux des invités et je gage que cela déplaise à plusieurs membres de ma famille. Quoiqu'il en soit, c'est mon cas. Je ne peux parler au nom de son Altesse Ellesya de la Louveterie-Amahir, la chef de la famille, mais je doute qu'elle apprécie.
Mais peut-être que ce geste n'était pas volontaire, que vous n'avez pas fait le rapprochement..."


Anthoyne effaça son air sérieux par un léger sourire.

"Dans ce cas, je vais tenter de ne pas vous en tenir rigueur. Mais il serait très bien accepté que vous le retiriez. Pensez à votre fille, c'est son mariage, elle regretterait sûrement que son père fasse des esclandres lors de cette journée qui est destinée à rester gravée dans nos mémoires. Qu'en pensez-vous ?"

L'approche n'est pas diplomate et clairement pas la meilleure pour entamer la première rencontre avec son beau-père mais il ne regrette pas. Il est sur le fief de sa famille et il est hors de question qu'on bafoue l'honneur des Louveterie en ces lieux : ainsi il considère les choses. Avait-il eu tort ou raison de réagir de cette façon ? Il l'ignore mais à présent, les dés sont lancés, difficile de revenir en arrière.
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Zeiss
Mené dans le hall, Zeiss rencontre enfin le fameux Anthoyne qui le conduis dans un endroit plus fermé après échange de salutations et autres politesses. Sans plus de cérémonie, les hostilité commencent. Le Chevalier n'aime guère la façon dont on viens de lui parler, mais au moins, la franchise est là. Et là où le bat blesse, c'est qu'effectivement, Zeiss a bel et bien commis une erreur.

Les yeux se ferment un instant, l'homme se maudit intérieurement d'un tel manque d'observation.


Offenser votre famille n'est nullement mon intention. Ceci est une regrettable étourderie.

Et une énorme. Bien que cette fourrure n'est en soit qu'un souvenir du passé et un moyen de se réchauffer, ne pas avoir fait le rapprochement avec le nom et le blason de la famille est une maladresse dont Zeiss se souviendra longtemps avoir commise.

J'accepte bien entendu de m'en défaire le temps que je serai ici.

Il faudrait qu'il passe aux écuries afin de laisser cette cape sur la selle de sa monture. En attendant, elle fut posé sur un siège proche. Il aurait bien ajouté que la chasse au loup était loin d'être un de ses passe-temps, mais ça aurait été superflue. Non, ce n'était pas le sujet. Zeiss était venu discuter avec celui qui voulait épouser sa fille.
Son regard, compréhensif jusqu'ici, se fit plus froid.


Bien, maintenant que ce malentendu est réglé, permettez-moi d'entrer dans le vif du sujet. Je vais vous imiter et faire preuve de franchise. Tout d'abord, j'ai été déçu de ne pas vous voir plus tôt. J'aurai cru que celui qui voudrait la main de ma fille serait venu me la demander. Cela fait un moment qu'Elendra m'a prévenu, et autant de temps que je demande à vous voir. Cela n'a lieu qu'aujourd'hui, à peine quelques heures avant la cérémonie. Il est évident que c'est un choix stratégique, qui vient probablement plus de ma fille que de vous, d'ailleurs.

Le Commandeur avait difficilement digéré ce "malencontreux" retard.

Cette demande n'ayant pas été faite, je n'ai pu y donner de réponse. Je la donnerai sous peu, lorsque nous aurons discuté plus profondément. A vous de me convaincre.
Elendra vous l'aura certainement déjà dis, certainement en des termes moins élogieux d'ailleurs, mais je suis de ceux qui souhaitent un mariage par amour pour leurs enfants. Un mariage intéressé serait pour moi une insulte que je n'accepterai pas. Je vous le dis car je soupçonne que ce mariage soit un arrangement.

Question basique mais nécessaire: Aimez-vous ma fille?


Ses yeux bleu pâle se fixèrent sur ceux d'Anthoyne, y cherchant la moindre émotion. A l'affût du moindre mensonge. Reconnaître ceux-ci était un art dans lequel le Chevalier avait apprit à exceller avec le temps et l'expérience, et il comptait bien s'assurer de la sincérité de son vis-à-vis.
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Elendra
Alors! On va tout de suite mettre quelque chose au clair Elfry : Elendra, elle aura pas de bébés!

Voilà qui est dit! Du moins… pensé. Le dire à voix haute c'est tout de suite un peu plus difficile, surtout quand on sait qu'à priori c'est l'une des fins inévitables du mariage. Mais je trouverai bien un moyen d'y échapper. Y a toujours une façon d'échapper à tout, c'est bien connu!


Elfry est plus vieille que moi et si elle ne veut plus entendre, elle pourra toujours se boucher les oreilles. Continuez…

Qui plus est! Si j'apprend comment on les fait ces bébés, j'ai qu'à faire l'inverse pour les défaire et puis voilà! Pas de minie-Elendra et surtout pas de mini-Anthoyne. Pas que je l'aime pas (quoique je l'aime pas spécialement non plus), mais un c'est bien suffisant, je vois pas pourquoi les Royaumes auraient besoin d'un grand et d'un petit Anthoyne, pas plus que d'une petite et d'une deuxième petite Elendra, d'ailleurs.

Et si on m'avait caché l'importance de la nuit de noces, je commençais peu à peu à rassembler les pièces du casse-tête. Anaon avait dit qu'il fallait le consommer ce mariage, paroles tenues par le Lord également. Voilà donc ma première pièce : pas de consommation, pas de mariage, pas de dot. Jusque là, c'est simple.

Pourtant, un certain mystère semblait planer autour de cette consommation dont personne ne semblait rien vouloir révéler d'autre que le nom. Ça avait de quoi vous rendre nerveuse une mariée, ça je peux vous le dire! Surtout lorsque j'entend le très redouté « vol de fesses », oooh non! Pas moi! Je savais que j'aurais dû épouser Guillaume! Il m'avait promis qu'il ne me volerait jamais rien! Et à ce moment, je vous assure j'ai presque envie de pleurer! C'est qu'on a entendu tellement d'histoires d'horreur sur ces vols au Gontier… Surtout que vous avez bien vu le ventre d'Anaon suite au vol! Je commence d'ailleurs soudainement à douter qu'on puisse défaire ce que la nuit de noces aura accompli…

Mais je suis une Dame, une future épouse et une d'Acoma par dessus tout, je ne pleurerai pas. Pleurer c'est pour les enfants et à partir d'aujourd'hui, c'est résolu : je ne pleurerai plus jamais de ma longue existence! Je serre donc les dents et dans un calme et un silence anormal, je laisse Anaon enfiler cette deuxième chausse.

J'écoute. Je veux savoir de quoi il en retourne avant ce fatidique « Oui », car il ne serait peut-être pas trop tard pour retourner auprès de Guillaume, mettre fin à cette vie d'adulte à peine entamée pour retourner en enfance et vieillir patiemment à ses côtés, jusqu'au jour où il me demandera en mariage à son tour.

Et puis elle me demande si j'ai déjà saigné, mais moi je médite encore sur ce qu'elle a dit un peu plus tôt : quelque chose d'extrêmement intime… Extrêmement intime, dans le sens de… raconter ses secrets les plus intimes? Je vois pas trop ce que je pourrais bien lui raconter qui officialise officiellement un mariage… Mis à part que Guillaume m'a déjà embrassé, mais ça, je crois que pour la survie de l'embrasseur, vaut mieux pas ébruiter la chose.

Et puis, je médite et je médite sans prêter trop attention à Anaon qui est sans doute aux prises avec le choix le plus déchirant de sa journée! Nyam ou Elendra. Si j'avais su! Si j'avais été en état de réaliser ce qui se passait autour de moi, je lui aurais sans doute proposé d'aller moi-même à la recherche de Nyam et de Guillaume tant qu'à y être!


Mais vous… que je demande alors en me retournant vers Anaon qui me présentait désormais la robe de velours.

Vous… n'êtes pas mariée… que j'ajoute en me levant.

Mais vous… vous…. que j'hésite en levant les bras.

Vous avez déjà consommé un mariage sans avoir été mariée? que je voudrais lui demander tandis que je lève docilement les bras pour qu'elle puisse continuer à m'apprêter. Parce que forcément… si elle sait c'est quoi le secret… c'est soit que quelqu'un le lui as dit… soit qu'elle a consommé sans se marier. Pas vrai?

Me voilà donc confuse et c'est la raison pour laquelle je hoche distraitement la tête lorsqu'elle me propose d'en rediscuter après la cérémonie, alors que j'avais bien l'intention de connaître la pratique consomatoire de A à Z avant de me lancer dans ce mariage les yeux fermés.

Et elle s'en serait parfaitement tirée ainsi l'Anaon si elle n'avait pas eu le malheur d'ajouter une toute petite phrase de plus, que dis-je un mot de plus avait suffit. Vous vous doutez bien lequel, n'est-ce pas? Deux lettres tout simplement pour faire sortir une Elendra de son état méditatif silencieux convoitée par quiconque la côtoie.


Nuuuuuuuu?! Entièrement nuuuu? Comment ça entièrement nu?! C'est quoi cette histoire? C'était pas écrit dans le contrat que je devais me dévêtir entièrement le jour du mariage! Et pour cause, mon visage fronce les sourcils et regarde Anaon avec une incrédulité étonnée.

Nom d'une mirabelle?! C'est ça que vous vouliez dire par extrêmement intime?! que je m'exclame en repensant à mon arrivée au Gontier où j'avais eu le malheur de découvrir que la pauvre femme elle restait à mes côtés pour mon bain! Comment voulez-vous que je me dévêtisse devant ce mari inconnu?! Et puis elle avait bien dit « couple entièrement nu », ça veut dire que Anthoyne aussi! Et Je n'ai surtout pas envie de…. ooooh quelle horreur! Mais quelle chose horrible! Qui a bien pu avoir cette idée folle?!

Mais voyons Anaon! Vous devez forcément vous tromper! Pourquoi devrais-je me dévêtir entièrement?! C'est insensé! Voyons! Vous vous trompez! que je répète en agitant un index en sa direction avant de me mettre à rigoler nerveusement.

Ha… Oui, mais bien sûr! Vous voulez me faire peur n'est-ce pas? C'est une blague! Une plaisanterie! Une boutade pour me détendre! Une farce pour me faire rire! Anthoyne est caché quelque part et vous a demandé de me dire cela!

Sur ces paroles je me retourne et jette un coup d'oeil autour de moi, à Elfry pour voir comment elle s'en tire devant une révélation aussi étonnante et déconcertante, puis j'agrippe Anaon par les coudes. Eh oui, on vise les épaules et on voudrait bien la regarder dans les yeux, mais quand on est haute comme 3 mirabelles, bah on atteint que les coudes. C'est la triste réalité des gens courts sur pattes.

Anaon?

Un autre petit mot de deux lettres comme ça et elle pourra se venter d'avoir tué le mariage dans l'oeuf.
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Anthoyne
« Messire, je suis bien aise d’apprendre que cela n’est dû qu’à une simple étourderie et vous avez toute ma gratitude pour le retrait de cette fourrure. »

Il lui sourit puis l’invita à prend place sur un siège à disposition.

« Vous me voyez navré. Votre fille m’a certifié que vous étiez très occupé. Peut-être avait-elle peur de cette rencontre ? De mon côté, je n’ai aucune crainte. »

Anthoyne savait que cette question allait être posée. Elendra l'avait prévenu et là il sait ce qu'il va dire

« Je vous avoue que je suis étonné d’une question aussi directe. Donc... Pour être franc, je ne suis pas certain que j’entre totalement dans vos critères. Je m’explique. Ce ne fut pas un coup de foudre. Dire l’inverse serait mentir. Cependant, dire que ce mariage est un arrangement est une erreur. Lorsque j'ai vu votre fille pour la première fois, ce fut en Anjou. Je n'aime pas cette province et y être me rendait taciturne. Quand j'ai vu votre fille plein d'entraîn, comme à son habitude, je me suis dit qu'elle allait m'embeter. Mais c'est une jeune femme enjouée, souriante et ce n'est pas ma mauvaise humeur qui l'a arrêtée. Ce soir-là, elle a su me sortir de mon pitoyable état d'esprit. Elle respire le bonheur, la joie. Elle sourit tout le temps. Nous nous sommes revus plusieurs fois. Et lorsque nous sommes éloignés, nous avons échange lettre sur lettre. Nous avons appris à se connaître l'un et l'autre. Comment ne pas tomber sous le charme de cette femme pleine de vie ? Sa naïveté est également amusante. Bon... Pas tout le temps, je dois vous l'avouer que ce n'est pas toujours drôle cette naïveté infantile. Cependant, chacun a ses défauts. Ca n'empêche pas que c'est une femme intelligente.

Pour vous enlever tous doutes possibles sur votre théorie de mariage arrangé. Je dispose déjà de deux seigneuries avec deux suzerains différents distancés de plusieurs jours de marche notamment en Berry qui n’est pas une province fréquentable. Si je me mariais d’une manière intéressée, quelle idée m’aurait pris de venir récupérer un troisième fief hors de mon royaume, éloigné de tout me rajoutant un suzerain et l’obligation de répondre aux levés de bans ? Ce n’est pas dans mes intérêts de gérer ce fief. Si j’en prends la responsabilité, cela est bien pour une raison, n’est-ce pas ?

Donc non, je ne l’aime pas passionnément, comme vous aimeriez que je l’aime. J’avoue. Mais je suis sous le charme et je sais que nous allons nous appréhender et nous nous aimerons. Je n’en doute pas. J’ose espérer que vous n’empêcherez pas le déroulement de ce mariage. »


Ce qui est cité précédemment, c'est ce qu'il avait préparé dans sa tête depuis plusieurs jours à l’avance. Ce qui va suivre, c'est ce qui sort réellement de sa bouche.


« Oui. Oui, je l'aime ! Je ne sais pas comment vous le prouvez ! Et sachez que je vais me marier avec elle. Quoique vous disiez, quoique vous fassiez ! Si jamais, il vous prend l'idée de l'emmener avec vous aujourd'hui et bien, j'irais la retrouver quoiqu’il m’en coûte. Et s'il faut prendre d'assaut votre demeure, QU'IL EN SOIT AINSI ! »

Anthoyne s'est emporté, sans même s'en rendre compte. S’il avait été en face de lui-même, il se serait berné par son jeu. Il se sent même géné de s'être emporté ainsi. Jamais cela lui arrive devant des inconnus, il essaie toujours de garde son calme, sa prestance. Dans ces moments de gênes, on sent tout plein de désagréments. Son cuir chevelu puis son dos et encore ses bras viennent à le demanger. Il se gratte naturellement la tête et prend sur lui pour le reste. D’un autre côté, il est rassuré et s’est rendu compte que de se justifier comme il l’avait l’intention de le faire dans son "discours" le rendait coupable. L’improvisation a été son maître d’œuvre pour construire ce mensonge. Un dernier raclement de gorge avant de reprendre la parole.

« Je suis désolé de m'être énervé ainsi. Veuillez m'excuser, je vous prie. Je suis légèrement tendu aujourd'hui... Mais tout va bien se passer !»

Il se tait, bien conscient que la partie n'est pas fini. Le père reste l'arbitre et tant qu'il n'a pas dit clairement que ce n'est pas terminé, le jeu continue.

Edit : correction grosse faute
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Anaon

      - Dans la chambre de la... mariée ? -


    Elle n'aurait pas cru pouvoir être à l'origine d'une telle... Tempête ! La robe retombe sur les courbes juvéniles dans un froissement lourd et gracieux. L'Anaon aurait dû sentir l'émotion lui piquer doucement le cœur de voir Elendra se revêtir de sa robe de mariée, mais sa panique et le regard de bête traquée qu'elle lui envoie la gèle dans son élan.

    Sursaut. Les coudes agrippés par l'agonie du désespoir d'Acomien, l'Anaon colle deux yeux ronds et estomaqués sur la trogne de la future mariée. Les rouages sous la caboche brune partent en cacahouète et l'ainée si assurée n'est soudain plus sûre de rien. Que faire ? Bien sûr que oui, c'était inévitable que l'annonce choque la jeune fille qui n'a jamais été au courant de.. rien ! Mais de là à soulever un tel vent de panique, ce raz-de-marée de terreur! Cà, la balafrée n'y aurait pas songé !

    A cet instant, elle doute. Elle hésite à se rétracter, à avouer à la jeune fille que oui, tout ce discours n'est qu'une grotesque mauvaise farce ! Lui soulager l'esprit, qu'elle ne se gâche pas la cérémonie mais... Lâche ! Osez lui mentir pour la laisser soumise au fait accompli quand viendra la nuit ?! Jamais ! Ce serait criminelle ! Et l'Anaon ne se rendra pas coupable d'un acte aussi odieux ! Elle ne peut trahir ainsi la confiance d'Elendra, aussi adulte soit l'Anaon, aussi enfant soit la mariée.

    La mercenaire éclate alors soudainement d'un rire aussi détendu et gracieux qu'une note de vielle mal accordée.

    _ Ah ah ! Non, mais moi j'me mets nue parce que je suis une véritable gourgandine, voyons ! Mais vous, vous n'aurez pas besoin d'aller à de telles extrémités ! Ah ah ! On gardera chainse et chemise...

    Quoi Quoi Quoi ?! Que vient-elle de dire ?! En matière d'homme et de géographie se situant "en-dessous des hanches et au-dessus des genoux" l'Anaon est sans aucun doute l'une des femmes les plus respectables de ce Royaume ! Loin d'elle la mode de ses mœurs nouvelles des nobles hypocrites qui se roulent dans les bras de tous les bonshommes qui croisent leur chemin, aussi bien dans la paille que dans la soie et même dans les bordels ! Oui ! Des Dames au bordel ! Et çà ne choque personne ! Elle qui sait tenir ses cuisses, elle devrait passer pour une... une... gourgandine !



    Mais pour sauver Elendra d'une éminente crise cardiaque, l'Anaon veut bien passer pour catin pendant quelques heures... Et puis, elle ne se sentirait pas très à l'aise d'annoncer à l'époux le frais décès de sa fiancée, qui aurait succomber à l'évocation de son absolu nudité.

    _ Calmez-vous donc ! Pensez Mirabelle ! Vous vous en faites pour rien ! Votre nuit noce ne saurait être autre chose que marque de douceur et d'affection. Vous suez froid, demoiselle ! Sentez mirabelle, j'ai dit !

    Les mains se plaquent d'une autorité rassurante sur ses joues, en un geste qui assure la pleine confiance, avant de poser un baiser appuyé sur le front couvert de châtaigne.

    _ Nous reparlerons des... "technicités" plus tard, avant que votre nuit ne commence. Sinon je sens que vous allez vous embrouiller l'esprit tout l'après-midi. Il ne faut pas gâcher votre mariage, c'est le seul et unique que vous devriez avoir de votre vie. Et puis, voyez donc, comme je m'en suis bien sorti ! J'ai déjà consommé, oui, et j'aurai dû me marier avec cet homme... Et de nos nuits illégitimes je n'en garde aucun mauvais souvenir. Bien au contraire....

    Pour détourner l'attention juvénile des pensées qui la tracassent tant, c'est son corps qu'elle retourne, d'une douce pression sur les épaules. Et la jeune fille se retrouve face au tain silencieux du haut miroir qui retrace parfaitement leur deux reflets.

    _ Regardez.... Vous êtes magnifique.

    Et elle l'est. Dans sa robe de velours rouge* qui drape ses courbes encore insouciantes de doux reflets nacrés. Le visage de l'Anaon se fond en tendresse... Un attendrissement tout nostalgique.

    _ Dans quelques heures, vous serez, en un sens plus Femme que moi... Mon Aînée dans la vie conjugale...


    Sourire qui flotte sur les lèvres... Prunelles qui s'attristent un peu. Un instant. Elle le visage change du tout au tout quand elle claironne soudainement :

    _ Allons bon ! Occupons-nous de votre coiffure ! Une digne dame ne se présente pas au public en cheveux ! N'est-ce pas ?

    La mercenaire se tourne vers la fameuse Elfry qui demeure bien muette.

*Estimé lecteur, soyez inestimable de bien vouloir imaginer cette même robe en rouge. Mais j'avais vraiment pas la foy de me livrer à la retouche photoshopique. Amour, Tendresse et chocolat.
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- Anaon à dire et à lire "Anaonne" -
Zeiss
Zeiss détacha son arme de sa ceinture et la posa contre le siège sur lequel il s'installa, puis il posa son regard sur Anthoyne. Ce regard, c'était celui du juge, celui qui voyait. Un regard scrutateur, qui cherchait le moindre détail. Le muscle facial qui ferait un mouvement de travers et trahirait un mensonge serait aperçu. Sa fonction faisait que son oeil aiguisé trouvait toute irrégularité dans la nuit, et il en était de même avec l'esprit des gens, bien que cela fut moins fiable.
Son ouï cherchait également les erreurs dans la voix et le ton utilisé. Tout son être se concentrait à cet instant uniquement aux mots que le fiancé utiliserait.

Et malgré tout ce que le Chevalier avait pu imaginer, ceux qui suivirent ne furent pas ceux qu'il attendait.
La surprise passée, Zeiss repassa la phrase dans son esprit. Tiens, il la retrouverait quoi qu'il lui en coûte? Ca pourrait être un bon test, ça. On planque la gamine dans un coin paumé -avec cousine Colombe, tiens, c'est loin- et on attend de voir les moyens qu'il emploi pour la retrouver et pendant combien de temps. Mais bon, le temps presse, alors ça sera moins poussé que ça.

D'un geste quasi imperceptible, le Commandeur hocha plusieurs fois la tête. D'un ton calme détonant avec l'emportement du jeune homme d'en face, il répondit.


Voilà qui est intéressant.

Il prit encore quelques secondes de silence, puis il choisit de donner dans le vicieux. Car même si il semblait sincère, Zeiss trouva que quelque chose clochait. Et surtout, sa fille peu douée pour le mensonge lui laissa entrevoir une vérité qui ne lui plaisait guère.

Et elle? Ferait-elle de même, vous pensez? Je connais bien ma fille, et quand elle m'a dis à quel point elle vous aime... Je ne l'ai pas crue. Je décèle plutôt facilement ses mensonges, et je crois que c'en était un.

Les azurs observent toujours le visage du louveteau avec la même froideur et la même attention.

Êtes-vous certain qu'elle vous aime? Et si ce n'est pas le cas comme je le pressent, que ferez vous? Vous n'auriez plus vraiment de raison de l'épouser, mais d'un autre côté, la préparation de la cérémonie est déjà bien avancée. Vous résoudriez vous à vivre avec une enfant qui ne vous aime pas?

La question est répétée, pressente. Les yeux se font plus observateur, en attente d'un faux pas.
Et alors qu'il terminait, il trouva ce qui le dérangeait dans cette déclaration d'amour faite une minute plus tôt. Ce n'était pas tant les mots, mais le moment qui gênait. L'homme n'eut le temps de poser qu'une bête question, et l'éventuel futur marié s'était de suite emporté tout comme si il s'était fait harcelé de questions et de doutes par le père d'Elendra.

Et bien que la balance faillit tomber du côté positif, c'est vers son contraire qu'elle vacilla suite à ces réflexions.
Ne restait plus qu'à attendre la suite.

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Elfry
_ Anaon : Premier indice que je puisse vous donner, c'est que la chose se passe quand le couple est entièrement nu... ou relativement. Est-ce que je continue plus avant ?

A ces paroles, l'esprit déjà bien fêlé de la petite ébréchée se fait la malle. Elle se revoit en train d'épier Idril sa grande soeur avec son voleur d'affection, le mari. Elle n'a pas eu le temps d'y voir grand chose, il faisait sombre dans la pièce, le trou de la serrure était trop petit et inamovible.
Si à l'époque les trous de serrures ne courraient pas les portes, chez les fioles si ! Les trucs bizarres et parfois visionnaires, ils les collectionnent, ils les inventent, ils les maltraitent et parfois ils en meurent. Le papa d'Elfry en a fait la mauvaise expérience en tentant de transformer un alambique géant en canon. Un demi échec un peu alambiqué car depuis sa plus jeune fille qu'il n'a jamais connue, l'a canonisé, lui prêtant toutes les qualités, tous les talents, sauf celui d'être présent. Dans ses rêves, le prince charmant n'a jamais su usurper le trône du papa luminescent.

Donc nous disions que le trou de la serrure était trop petit... Mais surtout, Philomène, la gouvernante, bien trop alerte. A peine un regard dans le trou, qu'une oreille fut tirée jusque dans sa chambre, abasourdie par un sermon tonitruant. Elfry a même pensé qu'elle allait en conserver une oreille plus grande que l'autre. L'image de draps en mouvement est restée, elle ! Étaient-ils nus dessous ? Surement ! Pour faire quoi, mystère et tabac à chiquer !

Jusqu'à aujourd'hui... Évidemment qu'elle doit continuer, la maitresse des nuits de noces ! Leur enseigner c'est sa mission ! La petite fêlée promet d'être attentive. immédiatement...

Trop tard cependant pour réagir face à l’absurde tirade de la future mariée toute nue.


_ Elendra : Elfry est plus vieille que moi et si elle ne veut plus entendre, elle pourra toujours se boucher les oreilles. Continuez…


Si elle avait entendu, la petite rêveuse se serait inquiétée pour son amie : Elle commençait à raisonner à l'envers ou à déraisonner à l'endroit. Elle était plus vieille, parfait ! Donc aucune chance qu'elle ne veuille plus entendre et se bouche les oreilles. Aucun sens dans ces mots. En plus Elfry en avait déjà vu... des draps mouvementés ! Et elle ne s'était pas bouché les yeux !
Mais elle n'a pas entendu. Ouf !

Une tempête se déchaine pourtant, mais Elfry n'y est pour rien ! Elendra, soudain habillée de velours, gesticule et même bafouille. Le "nu" l'a dépouillé de tout son flegme, de toute sa composition de supériorité de future femme.
Si Elfry l'avait entendue prononcer son absurde raisonnement : Elfry plus vieille qui se bouche les oreilles... Elle lui aurait fait un pied de nez vocalisé dans un style sophistiqué : "je suis la plus vieille et moi j'ai pas peur du nu !"
Réaction qui ne manquait pas de maturité, vous en conviendrez ! Mais heureusement , elle ne l'avait pas entendu...


_ Elendra : Ha… Oui, mais bien sûr! Vous voulez me faire peur n'est-ce pas? C'est une blague! Une plaisanterie! Une boutade pour me détendre! Une farce pour me faire rire! Anthoyne est caché quelque part et vous a demandé de me dire cela !

La petite fiole allait détromper son amie : si si Elendra, tout nu, oui oui ! Mais le regard de son amie s'accroche au sien comme à une lueur dans le noir, un abri dans la tempête. Alors elle ravale ses mots. L'autre femme n'a qu'à la détromper et mériter le regard glacial de tempête de neige, le mot de code pour Elendra.

Mais la spécialiste se dérobe : elle apaise, elle assène ce qui résonne comme des beaux mensonges. Elle détourne l'attention, oriente la discussion vers la mirabelle et puis le mariage. Elle se compromet en compliments. Elle s'y connaît en escapades ; Elfry en connaisseuse apprécie l'exercice de manipulation.
Au lieu de se crêper le chignon, elle parle de coiffure...

Elle se tourne vers Elfry, attendant visiblement quelque chose de la petite fêlée. Quoi ? Des conseils en coiffure ? En maintien ? Des questions protocolaires sur l'attitude des jeunes femmes en public ?
Tout cela dépasse largement la compréhension de la petite fiole. Quel intérêt de se priver de spontanéité, de naturel et de liberté à coup de protocoles et de règles de courtoisie, ce carcan hypocrite qui t'enserre à étouffer.

Non ! Elle ne pense plus qu'à une chose la petite fiole, fascinée, avide d'en savoir plus. Plus de nu ! Elle imagine Elendra toute nue. Ouste la robe de velours et les bas ! Facile ! elles ont déjà dormi ensemble pour se rassurer.
Et là son esprit curieux dérive vers le futur mari, le voleur de super copine, qu'elle n'a jamais vu. Lui aussi sera tout nu !


Dis Elendra, il n'y a pas que toi qui va être toute nue ! Ton mari aussi ! T'imagines ? Oh lala ! Quand je vais le voir, je ne vais pas pouvoir m'empêcher de l'imaginer tout nu ton mari !! Complètement nu ! Dévêtu ! Cela va être drôle. Il faut encore nous expliquer la nuit de noce !! C'est important ! Madame Anaon !

Et voilà comment mettre en échec toute la technique de détournement d'Anaon, sans le faire exprès pourtant.
Car elle ricane déjà, la petite fêlée. Le plus difficile sera surement de retenir un fou-rire quand elle le rencontrera ce voleur d'amie, cette potentielle victime de croche-pied.

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