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[RP - Bien grand ouvert ] Les deux pieds dans la M...

Anaon

    Les rues se sont pavées d'une mélasse brunâtre qui fait un mortier spécieux aux fondrières des ruelles. Cet hiver ne sera pas le plus beau que le Royaume aura connu, ni-même le plus rude. Le froid est là, mais trop timide pour créer une dentelle de stalactite le long des corniches, dont l'art ferait craquer de jalousie les visages-mêmes des statues de la cathédrale. Les tuiles se cachent à peine sous le givre et les rues se nappent bien rarement de verglas. Pas assez de neige pour geler Paris dans une beauté immuable, mais suffisamment pour créer une gadasse qui ne manque pas de saloper les bottes et de cradosser les manteaux. Juste ce qu'il faut pour emmerder le monde, en somme.

    C'est dans ce brouet infâme qu'elle traîne ses bottes, sous un ciel sale de fin de journée qui ne tardera pas à virer à l'ardoise. Cuir et semelles macérant dans cette bouillie de neige fondue et d'immondices dont elle ne cherche même pas à connaître la teneur, on croirait marcher dans le glaviot-même de la ruelle. Le briquet de fer ripe plusieurs fois contre le silex, jusqu'à embraser l'amadou d'une paillette ignée. Ouai... Les pas s'arrêtent, le temps de faire flamber l'allumette qui ne tarde pas à venir lécher l'herbe entassées dans le fourneau de la pipe. C'est bien cela, la rue de la Mortellerie. Ce n'est pas une artère, mais une gorge glaireuse qui crache chaque matin à la face de Paris son lot de miasmes à deux pattes et de parasites en tout genre. L'incurie environnante et ses fragrances de pestilences n'empêcheront cependant pas la visiteuse de fumer dignement sa pipe .

    La femme a traîné son cuir élimé dans bien des bas-fonds et des ramassis de misère, Miracles a par ailleurs souvent eu sa préférence, mais la Mortellerie n'a jamais fait partie des habituées de son itinéraire. Elle a frôlé le coupe-gorge du regard bien des fois et sans doute l'a-t-elle parcouru à une ou deux reprises sans s'y trop attarder, avec l'esprit à l'envers et l'estomac en poirier, mais jamais elle n'avait pris la peine d'oser s'y enfoncer. C'est chose faite. Les prunelles cobaltes parcourent brièvement les masures qui tirent la tronche et les trombines sous leurs porches qui ne font pas mieux. Elle connait parfaitement le double tranchant de la médiocrité. Déjà peu prompte à la compassion, elle ne montre aucune pitié pour ces visages pitoyables et ces hères estropiés. Par ailleurs, à cette heure du jour, la ruelle commence doucement à glisser vers le côté face de sa pièce.

    Une main gantée s'immisce sous son manteau, pour sortir d'une poche intérieure, un vieux paquet de carte à moitié bouffé. L'autre main saisit sa pipe pour tirer enfin une bouffée convenable, avant de rejoindre sa consœur pour brasser son jeu en tentant de lui donner quelques effets. Consciencieusement.

    Oui. Là, est bien le spectacle étrange qu'elle laisse voir dans l'un des quartiers les plus mal-famés de Paris. Une nonchalance suicidaire ou l'insouciance la plus stupide qui soit. Nippée en homme, le visage ébréché d'une estafilade qui la scie d'un sourire, la femme continue pour autant d'un bon pas, sa pipe coincée au bec et les yeux rivés sur la danse de ses cartes. L'oreille est attentive à ce qui l'entoure, prête à couper la chique au premier qui aurait l'idée de lui couper la gorge, ou bien la main qui prendrait le risque de se faire trop voleuse. Si les sens sont braqués ailleurs, l'attention ne se déloge pas des épais bouts de papier qui valsent entre ses doigts.

    Le nez se crispe sous la montée méphitique d'un relent qui se mêle à la volute âcre de sa pipe. Damned ! C'est à croire que la Mortellerie refoule encore plus que les Miracles. Heureusement que l'hiver est relativement présent. Le froid lui fait au moins grâce de lui geler les narines et de boucher un peu son odorat de cabot. Mais Diable, tout de même ! Elle n'aurait pas pensé qu'une mare à canard puisse rivaliser de puanteur avec un nid à gitans. Ça doit être la fiente çà, oui ! Les volatiles ne savent pas se tenir et puis...

    Et puis Shlouuuuuuuf. Une envolée de carte s'évadent brusquement des doigts encore maladroits pour retomber mollement dans une flaque fangeuse, stagnant devant les bottes coupées nettes dans leur élan.

    ...

    La mercenaire reste figée sous la connerie du geste. Un certain... temps...

    Et... Merde...

    … Avant d'oser se baisser sans trop savoir par quel bout récupérer ses cartes.

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Freidrich
    & le vieux Boucher de trinquer une dernière fois avec son disciple, le dénommé Rudolph, un nain roux semblable à un Leprechaun, avant de se lever prestement sans régler l'addition car ici, seuls les fous, les inconscients, ceux qui n'appartiennent point à cette caste des habitués de la Cour Brissel, n'ont pas leur ardoise.
    La vessie pleine, il devait se soulager contre la porte d'une mégère d'à peu près son âge et qu'il avait pris en grippe depuis que celle-ci l’avait traité de « gros lard ».
    Pisser contre sa porte, voilà une petite vengeance bien méritée, une vengeance enfantine, mais notre vieillard, virtuose de surcroit, avait su préserver son âme d’enfant.


      -« Ah Ah ! Elle va chier bleu la vieille bique !
      - Hé Hé… »


    & nos deux compères de remonter la rue de la Mortellerie en silence, sans se soucier de la mort qui rôde à chaque coin de rue.
    Non, ils n’étaient pas des Piques, du moins pas encore, mais le vieil homme en avait entendu parler et s’apprêtait à leur offrir ses services.
    C’est que la retraite, pour un escroc, un faussaire, un assassin de renom comme lui, ce n’était pas facile tous les jours.
    Il était revenu en France en songeant faire comme dans ses jeunes années : vivre de son art. Mais le Boucher en lui, « Herr Metzger » comme on l’appelait autrefois, n’était pas complètement éteint.


      -« Tu entends ? »


    Le vieil homme à la barbe embroussaillée fixa de ses émeraudes son jeune disciple.
    Léger sourire en coin, petit clin d’œil : ils se sont compris.

    & les deux hommes de s’avancer dans l’obscurité grandissante au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient.
    Ils observaient à l’angle d’une rue un homme fumant la pipe, jouant avec des cartes. Il se baladait, insouciant. Serait-ce un Pique ?
    Lors, l’homme maintenant tout près deux fit tomber ses cartes dans la mélasse insipide qui jonchait le parterre.
    Rudolph réprima un rire moqueur tandis que le vieux loup envoya l’un de ses couteau s’échouer tout près des mains de l’Imprudent.
    Il s’avança alors, jusqu’à se trouver face à lui. Le couteau s’était planté dans une carte et le vieil homme restait planter bien droit, baissant les yeux pour regarder et d’une voix glaciale d’annoncer…


      -« As de Pique. »


    Il espérait avoir impressionné un de ces fameux Piques.
    Il lui fallait bien un petit tour tel que celui du couteau. Le vieil était aussi habile au lancer qu’à l’archet et ramassa sa lame avant de jeter la carte dégoulinante d’on-ne-sait-quoi à la face de l’homme à la pipe qu’il n’avait pas détaillé plus que ça, ceci dit. Sans doute aurait-il remarqué la supercherie de cette femme déguisée en homme. Au lieu de cela…

      -« Eh bien, mon petit monsieur… à qui ai-je l’honneur ?


    … tandis que Rudolph, arrivé par derrière, tentait de lui faire les poches…

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Berthe.
La vie est un théâtre. Il paraît. C'est ce que disent les poètes et les désabusés de tout poil. Les optimistes aussi. S'échapper dans un dernier salut, tirez le rideau la farce est jouée.

Et si la vie est jeu d'acteur, Brissel est à Bert' la grande scène du burlesque tragique, le théâtre des curiosités, où se donne chaque jour la même pièce qu'en des lieux plus lissés, un masque de crue difformité en prime.

Juchée de guingois sur un ventripotent autant que vermoulu tonnelet, grignotant une pomme fripée, elle s'adonnait à son loisir préféré. Observer, regarder, s'en amuser. Pique en son domaine, elle connaissait les hôtes rampants, mendiants et autres tire-laines, soiffards et saoulards pataugeant dans les vases fétides de ce qui était devenu sa mare. Vicieux par divertissement autant que par besoin.

Aussi lorsqu'elle entendit le pas inconnu, la silhouette bienvenue d'un divertissement du quotidien, tourna-t-elle les mirettes vers l'amont de la ruelle. Un plissement imperceptible des sourcils. Ce sourire figé sur l'ovale d'un visage pâlot. Anaon.


Té... Visez un peu l'fantôme. V'là une drôle de visite, marmonna-t-elle la bouche pleine.

Anaon, croisée dans un passé ancien, qu'elle avait souvenir d'avoir vue grosse il y a...


Elle doit avoir pondu d'puis.

Mâchonnant la tendre chair acidlée, elle suivit chacun de ses gestes, du foyer rougeoyant à l'envolée de cartes. Un sourire amusé éclaira le visage de la tondue, lorsque un tandem grotesque vint tirer les cartes de la mercenaire. Manoeuvre grossière d'encerclement.

Té. V'là qu'des amateurs s'pointent à Brissel.

Avec nonchalance, elle se laissa glisser de son perchoir, jetant au gré des eaux souillées un trognon soigneusement sculpté. Puisque le sort lui offrait un divertissement, autant se mêler à la pièce. S'approchant du trio, drapée de l'assurance d'un canard maître chez lui, elle lança d'une voix paresseuse:

L'bonsoir la compagnie, z'avez b'soin d'un guide ès pavés déchaussés, délestage de bourse en tapinois, étranglement au croisement?

Dévisageant tranquillement ses vis-à-vis, elle planta deux yeux sombres sur la demi-portion.

Hé l'nabot, t'as les pattes palmées? Ou bien t'allais m'laisser l'droit d'péage, pas celui d'entrer mais c'lui d'quitter l'pays un brin diminué mais l'souffle aux lèvres encore?

C'n'est pas que. On respecte le métier, mais elle n'aimait pas les rouquins. Ni les nains. C'est sournois et ça vous fait trébucher. De prime, si l'premier clampin venu s'arrogeait le droit de faire les poches à Brissel, et mal en prime, c'est un coup à vous ternir une réputation.

Un arrêt sur Anaon. Elle s'estimait posséder un léger avantage. Depuis qu'elle avait délaissé sa brune chevelure dans un quelconque bouge breton, il était difficile pour ceux croisés lors de sa vie d'avant de la replacer sur leur échiquier.


On n'tire pas les cartes ici, l'av'nir est tracé pour ceux qui s'y égarent. Parfois on gagne à pile ou face, c'est s'lon l'humeur. L'été on l'a paresseuse. Mais j'crois qu'c'est l'hiver. Non?

Un sourire faussement bonhomme.

Ou p'tet qu'tu viens voir qui patauge sur la mare?

Sourire amusé, regard torve au vieux et à sa canne rousse.
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La_puce
De sous un porche branlant, la Puce compte son butin soigneusement. Un butin honorable, mais dans cette ville, il ne suffisait à un vendangeur de talent que de faire quelque pas pour se refaire une finance.

C'était là son métier à la puce, tire-laine, coupeur de bourse, mais vendangeur dans l'argot des coquillards, et non des moindres, reconnu pour son talent, et recommandé par un des plus pimpant de la cour Brissel. On dit de lui qu'il serait parvenu à soutirer la bourse d'un marchand alors qu'il la conservait dans ses braies, tout juste à coté de son attirail, et ça, sans même arraché au pigeon un sourire surpris. Sacré exploit, mais qu'il faudrait revoir à la baisse : Le marchand était ivre mort.

Toujours est il que la Puce à l'oeil et le bon, et ce qu'il voit ne lui plait pas.

Un ignoble petit nabot, laid à faire faner une rose, marchant....non....tâtonnant, balbutiant sur ses plates bandes ? Non ça ne lui plait pas.

En bon professionnel, il observe le geste. Parce que comme le dit Martinet, Cagou de bon aloi, "Faut j'eter l'oeil sur la concurrence. On apprend aussi des couillons". Secouant la tête, il se redresse, et délasse un brin les lacets de ses manches. Préparation de professionnel : Ni trop serré pour ne pas voir une vilaine et coupable bosse sous le tissu, ni trop peu. L'artiste se saisi de son outils, une petit forcette, coupante comme un rasoir et enfonce son bonnet sur son crane.

En bon comédien, il se met en route, dilué dans la faune et la flore locale.

Alors qu'il s'approche du trio, une voix connu lui fait ralentir le rythme.

Hé l'nabot, t'as les pattes palmées? Ou bien t'allais m'laisser l'droit d'péage, pas celui d'entrer mais c'lui d'quitter l'pays un brin diminué mais l'souffle aux lèvres encore?

Ah ! Au moins la Pique fait régner un peu d'harmonie ! Avec un sourire mal dissimulé aux lèvres, il continue sa marche. Il continue oui, car un futur cadavre de nain n'a nul besoin d'une bourse, pas plus qu'un viel arrogant, trop presser de jouer du canif. Cette bert', la Puce la trouve encore pire que les autres : Au moins avec le Grayne, on sait à quoi s'en tenir, Avec le Borgne on sait qu'il faut courir, mais avec bert'... c'est moins évident. Elle a crevé la panse à du monde, mais avec un sourire Bonhomme. Elle est p'tet bien plus barjot qu'les autres...songe le tire-laine.

Ridicule. La puce secoue la tête, presque incrédule devant le petit jeu du papi. Qui croit il impressionner avec son surin ? Ah ! le moindre des rats d'Brissel s'en gausserait. Crétin de m'as tu vu. Qu'est ce qu'il veut ? qu'on lui trou la panse avec, juste pour le coté festif d'écorcher un de ces baladins prétentieux, un de ces médiocres forcé d'étaler leur petit tour pour capter un brin de regard ? Sans doute... Mais d'abord le travail.

Alors que la Bert' cause, il passe derrière et fait son office, comme l'artiste qu'il est.

Plus léger qu'une brume matinal, plus précis que le bec d'un martin, il fait son office et sans ralentir continue sa route, le doublet alourdi. Il ne court pas ni ne se met à trembler. Parce que c'est la puce, et qu'il connait son métier.
Anaon

    Bon... La main n'a jamais été spécialement précieuse et n'a jamais rechigné à plonger dans la fange, mais là tout de même, la question se pose sur le comment les récupérer sans s'en foutre plein les gants. L'index se lance, pinçant du pouce un bout d'angle qu'elle lève devant son nez d'un air sceptique. Pauvre Dame qui en a pris plein sa trogne. La carte est posée dans un tas de neige juste à côté qui semble relativement moins... sale. A la main de revenir et...

    Le geste est soudainement suspendu par un trait de métal. La femme se fige et la première pensée qui l'éperonne est de savoir si le coupable sait admirablement bien visée ou s'il a chanceusement loupé ses doigts. Les yeux se lèvent vers la direction du lancer sans esquisser le moindre geste ni même bouger la tête.

      -« As de Pique. »


    Les azurites se baissent. Exact. Une main veinée s'approche pour récupérer le couteau, entrainant dans sa montée le regard bleuté de l'Anaon qui se ferme illico quand la carte lui claque au nez. Brève crispation. Ah oui c'est vrai. L'Anaon n'était, de manière générale, pas quelqu'un qui laissait indifférent. Dans ce lot de curieux, il y avait ceux qui la regardaient passer et ceux qui l'alpaguaient. Et dans ceux l'alpaguaient, il y avait ceux qui le faisaient sans détour et ceux qui avaient un sérieux penchant pour l'art du... spectacle. Ceux-là, elle les avaient oubliés. Les paupières papillonnent de se sentir souillées à l'extrême et le dos du gant vient frotter son visage d'un air dédaigneux.

    Un écueil tique soudainement à l'esgourde la stoppant nette dans son geste. Mon... Monsieur ? Quoi ?! Certes, l'Anaon portait les bottes et les braies, buvait comme un homme et chassait comme un noble, mais... Tout de même ! Depuis que le monde est monde, jamais on ne la lui avait faite celle-là !

    L'bonsoir la compagnie, z'avez b'soin d'un guide ès pavés déchaussés, délestage de bourse en tapinois, étranglement au croisement?

    Voilà qu'une voix de gonzesse claque maintenant dans l'air ! La mercenaire se tourne brusquement, emprisonnant le poignet voleur avec la vélocité d'une vipère.

    _ C'est con, j'ai que deux poches et elles sont vides.

    Les azurites se rivent au nain. La main s'affirme sur l'articulation. Bien sot serait celui qui prendrait la paranoïaque pour une bleusaille ! Le visage se tourne alors vers le lanceur de couteau, et si les traits avec l'âge se font de plus en plus nerveux, les lignes sont de tout ce qu'il y a de plus féminines.

    _ Et c'est à Madame que vous avez à faire !

    Gredin ! Les doigts lâchent le rouquin avec brutalité comme on prévient de ne pas recommencer et s'empressent, sans chichi cette fois-ci, de récupérer le reste de ses cartes qui s'imbibent dans la mare. Le vieux tas est recomposé, la sicaire se relève. Le jeu est tout autre maintenant. Plus question de lorgner des cartes quand on a trois bonshommes qui vous entourent... Enfin presque. Un et demi et Une complète. Les azurites se dressent par ailleurs sur la femme derrière le vieux, le temps que ses mains tassent soigneusement son tas. On pouvait accorder à l'Anaon toutes les tares du monde, mais on ne pouvait pas cracher sur son indéfectible mémoire. Les traits et la voix lui sont plus que familiers, mais avec une tignasse en moins, il lui est largement permis de douter.

    Fidèle à son indécrottable flegme, la Balafrée prend son temps pour tirer quelques bouffées sur sa pipe qui commence déjà à s'éteindre de ne pas être suffisamment attisée. L'herbe çà ne se gaspille pas. Et puis... la placidité n'a jamais tué personne... l'empressement, oui. Le jeu de carte est rangé.

    _ Il y a un petit bout de temps, j'avais dit à l'Archipoète que je viendrais gouter de son tord-boyau au doigt de Sainte-Machin ou à l'orteil de Sieur-Bidule. Pour moi, çà tenait toujours.

    Les azurites se posent sur la Berthe, propriétaire des-dits tords-boyaux. Un léger courant d'air chargé de fragrance humaine lui passe sous les narines. Et oui. Qui connait l'Anaon sait qu'elle ne ballade jamais ses bottes par hasard. Jamais.

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Freidrich
      -« Hé l'nabot, t'as les pattes palmées? Ou bien t'allais m'laisser l'droit d'péage, pas celui d'entrer mais c'lui d'quitter l'pays un brin diminué mais l'souffle aux lèvres encore? »


    & voilà que le vieux bougre ricane en observant son jeune disciple se faire gauler.
    Il faut dire qu’il n’était pas malin, ou bien qu’elle était particulièrement à l’affût, qu’elles étaient à l’affût car…


      -« Et c'est à Madame que vous avez à faire ! »


    Rudolph vira au rouge vif, les traits tirés par la douleur.
    Puis une fois relâché, il vint se réfugier près de Freidrich avant de s’exclamer.


      -« ‘Tain ! Elle m’a fait mal, la garce !
      - Bien fait pour toi, ça t’apprendra. Tu seras plus discret la prochaine fois.
      - Humpf.


    Le vieillard qui en avait plein les esgourdes fixa la Pique, puis l’homme qui passa derrière l’air de rien. Petit sourire en coin, il était plutôt doué. Plus que Rudolph, en tout cas.
    A ce moment, il ne connaissait pas encore l’Archipoète ni le Borgne. Cela ne faisait qu’une semaine qu’il côtoyait la mort et la puanteur dans les méandres de la Cour Brissel.
    Dieu soit loué, il était toujours en vie.
    Le vieux Lisreux aimait ces endroits. Il était habitué aux bas-fonds de Germanie. Là-bas, il était Herr Metzger – Monsieur le Boucher –, il était respecté.
    Ici, il n’était rien. Il n’était rien qu’un vieil homme usé, habile au couteau, certes, mais rien qu’un vieil homme inconnu au bataillon.


      -« Qu’est-ce que tu veux, la Chauve ?
      - …Souris ! Hihiiigniii »

    Un taquet à son jeune élève qui le calma aussitôt et le voici qui fixe de son regard glacé les deux femmes tour à tour. Qui étaient-elles ?

      -« Freidrich Lisreux, simple joueur de vielle… escroc, faussaire et assassin, dans un passé lointain.


    Pas si lointain que cela, Lisreux…

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Berthe.
- Il y a un petit bout de temps, j'avais dit à l'Archipoète que je viendrais gouter de son tord-boyau au doigt de Sainte-Machin ou à l'orteil de Sieur-Bidule. Pour moi, çà tenait toujours.

Ah! Elle le savait! Un jour l'un de ses grands-oeuvres aurait-il du public l'accueil qu'il méritait. Un sourire joyeux naquît subitement sur les traits de la rasée, presque enfantin, presque déplacé. Elle en oubliait même le vieillard et son rouquin d'acolyte, lorsqu'ils vinrent frapper à l'huis de ses esgourdes.

-« Qu’est-ce que tu veux, la Chauve ?
- …Souris ! Hihiiigniii »
-« Freidrich Lisreux, simple joueur de vielle… escroc, faussaire et assassin, dans un passé lointain.


Bert fixa son vis à vis, sourire abandonné, visage pensif. Si l'esprit de la rasée était à l'usage un bouillonnement d'idées saugrenues, elle mettait un point d'honneur à rester d'humeur égale, trop fière ou égarée assez loin pour laisser le cours des choses lui glisser sur les plumes. Une plaisanterie éculée, un regard biaisé, le chauve n'a pas à travailler son glabre.

De fait ne s'offusqua-t-elle point de l'échange, se contentant d'observer le vieil homme, tête penchée de côté, avec la curiosité d'un entomologiste découvrant une espèce nouvelle aux moeurs exotiques. Au bout de quelques secondes, elle lâcha la conclusion scientifique de l'examen, d'un ton pensif.

Faut croire qu'les joueurs d'vielle, plus y vieillissent, plus y ont envie d'crever.

Hochant la tête, elle agita un doigt docte. Que voulait-elle? Tout. Mais présentement. D'une voix guillerette, elle afficha un sourire retrouvé.

Des lapins. J'veux des lapins avec des casques de carotte sculptée. Et toi, l'vieillard, qu'veux-tu? Tu cherches une nouvelles partition à jouer? Tu t'drapes en tes titres, tout l'monde les porte dans l'coin. A toi d'les mettre en musique, si l'envie t'en prends. Viens les seriner aux canards, si tu veux cancaner à Brissel. Et prends ta grinçante demi-portion. Les rouquins, parfois, y disparaissent.

Hochement de tête, le duo est délaissé, retour au sourire de l'ange.

Le jus d'pogne de Saint-Damien. On a la réclame. Un verre, ça vous éloigne le méd'cin. P'tet parce que ça fait clamser. Haussement d'épaules. Mais de ça ou d'autre, autant laisser son âme dans l'ivresse.

Suis moi. L'invitation à Brissel, ça n'se démode pas.


Regard à la cantonnade. Moi, c'est Bert.

Et le reste importe peu. Il commençait à faire frisquet, et la ruelle n'était point l'endroit idoine pour tenir salon. Puis, son intérêt s'émoussait. Tournant les talons, elle prit la direction de ce qui leur servait de gîte, de caverne, d'antre à "mauvaiseries", délaissant le vieux, le nain, la mercenaire. Qui voudrait la suivre la suivrait, peu lui importait. Elle poursuivit à voix haute, pour le plaisir simple de parler.

L'bocal gîte en mer d'Irlande. Mais l'on a son p'tit frère. Un doigt. L'doigt d'j'sais plus qui dans un tafia à faire s'rôtir l'pape lui-même.

Un regard par-dessus l'épaule vers Anaon. Pour l'assurance, peut-être par curiosité. Pour la conversation assurément, il n'est rien tant qu'causer d''leurs mioches pour engager la conversation des donzelles

T'as pas laissé ton môme dans l'coin?

Et d'atteindre la pièce fétide qui leur servait d'antichambre.
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Anaon
    *

    La mercenaire reste un instant spectatrice du dialogue qui se joue dans la rue, crachant, attentive, le nuage âcre de sa pipe. La rasée est en ses terres, ce qui n'est pas le cas de l'ancêtre et son comparse. Autant établir les relations au plus vite, pour savoir qui il vaudrait mieux se mettre à dos en priorité, en cas de pépin inopiné. L'attention épingle un instant une silhouette tranquille qui s'éloigne, dont la ligne de pas semble indiquer qu'il est passé près d'eux. Machinalement, l'esprit se demande d'où il avait bien pu sortir. Le raisonnement est cependant coupé par la voix de la Pique.

    Satisfaction. Petit victoire interne dont elle ne laisse rien transparaitre sur son visage de marbre. Il ne lui avait fallu que trois pas dans la Mortellerie pour obtenir ce qu'elle voulait. Une rencontre avec les Piques. Ou ne serait-ce qu'un seul de leurs membres. L'Anaon ne peut néanmoins s'empêcher de porter un regard satisfait sur le vieillard ce... Freidrich Lisreux. Lisreux... Le nom la laisse songeuse, en démêlé avec sa mémoire qui cherche à coller une trogne sur ce patronyme bien trop connu. D'un coin d'oreille, elle entend Bertrade qui se présente, lui ôtant tout doute sur son identité. L'Anaon s'apprête à la suivre sans qu'elle ne se résolve à décrocher ses prunelles du visage buriné. Les vieux, faut s'en méfier. Ici, dans le royaume, on ne vit pas vieux. Beaucoup sont ceux qui trépassent sans n'avoir jamais eu un seul cheveux blanc. Si ce briscard avait vécu jusque là, cela ne pouvait vouloir dire que deux choses. Soit il avait vécu préservé du monde pendant des années, soit il avait su se tailler sa place dans ce nid de cadavre en puissance. Quant au nain... Les difformes, on les abandonne généralement pourrir dans une forêt après leur premier souffle de vie. Il faut être sacrément pugnace pour survivre à un monde qui ne veut pas de vous. Comme un embryon qui s'accroche à la matrice d'une mère qui ne désire que son avortement. Duo bien hétéroclite que voilà, qui pique la curiosité autant qu'il appelle à la méfiance.

    _ Il faut être soit prétentieux, soit imprudent... ou bien menteur pour s'arroger de tels crimes. Moi qui croyais qu'au royaume des coupables tous étaient innocents...


    Une pensée à voix haute. Joueur de vielle et faussaire. Intriguant. Les bottes concèdent enfin à briser l'immobilisme, emboîtant le pas à une rasée qui ne fait pas cas de les attendre. La rue crachote à nouveau les sons spongieux de leur pas s'enfonçant dans la purée. Les azurites balayent chaques façades, cherchant à graver dans sa mémoire leurs lézardes et les trous dans leurs hourdages, explorant dans les fissures la moindre esquisse d'échappatoire. Et ces aveugles qui les regardent et ces sourds qui les entendent. Sous les hardes et les lambeaux se cachent les poignards qui ne manqueront pas de s'octroyer à l'obscurité, l'aumône qu'on aurait pu leur refuser pendant le jour. Des mendiants accrochés à leur porches comme une myriade de petites tumeurs qui éclatent à la nuit tombée pour libérer le pus mortifère de leurs appétits viciés.

    Suivant toujours son guide, la balafrée échappe quelques œillades au-dessus de son épaule. La paranoïaque n'aime pas avoir quelqu'un dans le dos, encore moins quand il sait lancer un couteau. Le nez se lève sur la bicoque dans laquelle la Bert' s'engage. Soupçon d'hésitation. Soupçon seulement. L'arrêt est infime, la mercenaire prend la suite. Ah oui... Il est vrai que la dernière fois où l'Anaon avait croisé la route de la Pique et de l'Archipoète, elle était en-cloquée jusqu'aux amygdales.

    _ L'hiver a été rude en Anjou... Surtout pour les plus petits.

    Et de ne rien rajouter de plus. Les mains tâtent vaguement ses poches pour trouver de quoi rallumer sa pipe.

    _ J'espère que ta gnôle arrivera à me décoller le cerveau sans non plus me clouer raide morte sous une table. J'avais escompter vivre encore quelqu'années.


Musique : " Subaphonic" d'Ez3kiel
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