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RP - J'aime pas les mariages. Merde, c'est l'mien.

Fleur_des_pois
Last friday night

    {Parvis de Nostre-Dame, le 24 Janvier, Vêpres}


La nuit était tombée depuis la demi d'une heure. La venue des ombres avait fait partir les Parisiens peureux, qui préféraient regagner la sécurité de leurs pénates, fuyant les dangers que les heures sombres faisaient sortir de leur tanière.
Nostre-Dame se dressait, immense et magnifique, contre ce ciel d'encre parsemé d'étoiles. Bientôt l'édifice serait le théâtre d'un spectacle peu commun. Un mariage entre un bâtard et une Corleone. Entre un roi de l'embrouille et une empoisonneuse. Pas d'amour dans ces liens bientôt tissés, juste le désir insensé de celle qui était décidée à ne plus rien se refuser. La Fée avait toujours été reine en son domaine. Ce soir, elle serait reine à Nostre-Dame. Il y avait l'égo des Corleone, et il y avait les autres.

Fleur leva le nez, admirant une fois de plus la façade occidentale de la cathédrale. Ce n'était pas qu'un rêve étrange. C'était un défi. Sans plus perdre de temps, la future mariée s'approcha d'une des trois portes, et ouvrit la plus à droite. Deux servantes payées grassement pour l'occasion la suivaient. Une dizaine d'hommes d'armes le escortaient également. D'un geste, le Lutin les envoya à leur poste, comme convenu. Le faux lépreux tiré de la Cour des Miracles prit position non loin de l'entrée, agitant sa clochette. Cela ferait fuir les plus téméraires.

Alors qu'elle posa un petit pied chaussé de pantoufles de satin sur le sol dallé de Nostre-Dame, Fleur inspira lentement, sentant l'émotion la gagner. Le silence et le froid régnaient ici en maîtres, mais Fleur ne s'en occupait pas. Au bout de l'allée, l'autel dominait les environs, hissé qu'il était au-dessus d'une série de marches.
L'Ortie fit signe aux deux femmes en charge du service.


Les fauteuils devront être installés derrière l'autel.

Lentement, profitant du spectacle, Gaia s'avança encore un peu, trempant au passage ses doigts dans le bénitier. Singeant une génuflexion, elle poussa l'insolence jusqu'à mimer un signe de croix. Mais déjà, son sens de l'organisation prit le pas sur l'envie de rire. Les multiples chapelles accueilleraient bientôt les tables chargées de nourriture. Œufs, pâtés, gratins, fromages, pain, beurre, beignets, lapins, rôts, fèves, pois, choux... Tout ceci remplirait dans quelques heures les estomacs des convives. Quant aux boissons, la bière, l'hydromel, et le vin couleraient à flots.

Elle allait se marier. Peut-être aurait-elle du songer à Niallan, mais ses pensées étaient exclusivement tournées vers Nostre-Dame, sa robe de mariée, et ses invités. Umbra pour témoin, Enjoy non loin, son frère s'il daignait se présenter, et surtout Clémence. Sa sœur. Elle n'en revenait pas, ne l'avait encore annoncé à personne. Clémence, elle la voulait pour elle seule encore quelques heures, tel un joyau que l'on couvait.


Je vais me préparer, lança-t-elle aux deux employées du soir. Vous avez deux heures pour installer les tables de banquet. N'oubliez pas les boissons. Pas de décorations, Nostre-Dame se suffit à elle-même. Les invités se placent où ils le veulent. Messire Tabouret devra se placer devant l'autel, dites-le lui s'il arrive avant moi. Je reviens très exactement aux complies. Tâchez que tout soit prêt.

Puis sans plus un mot, Gaia fit demi-tour, passant entre les colonnades pour emprunter le chemin de la travée droite. Sortant de nouveau dans le noir de la nuit, elle s'assura que la petite armée de gardes était bien en place, deux hommes à chaque point stratégique. Puis, la Fée s'éloigna, retournant vers ses quartiers de la Cour Jussienne, où sa robe de mariée l'attendait.


* titre d'une chanson de Katty Perry
Complies = 21h
Niallan
Aujourd’hui c’est le plus beau jour de ma vie, le jour où je vais m’unir à la femme que j’aime, le jour où je vais voir tous mes rêves les plus fous se réaliser. Ah mais non, attendez, c’est la vie de quelqu’un d’autre ça. Moi ma vie c’est un foutoir sans nom. Ce soir j’épouse une empoisonneuse Corleone en échange d’opium alors que la femme que j’aime réellement se trouve quelque part dans ce Royaume. Sans oublier qu’avant-hier je me suis marié à la mère de ma fille. Non, pas la vraie ! Celle qui l’a adoptée, suivez un peu. Et, accessoirement, il y a une semaine j’ai appris que deux de mes bâtards se formaient dans deux ventres différents. Une rousse, une blonde. La première est en route pour me faire la peau et je passerai sans doute ma nuit de noces avec la seconde à moins qu’elle ne me veuille ma mort elle aussi. Que c’est bon de se sentir aimé.

Je vais vraiment porter ça… ?

C’est au miroir que je m’adresse, pas la peine de m’attendre à une réponse mais ce que je vois ne me plaît pas. Trop classe, trop serré. Trop rasoir. Etouffant un grognement devant ce carcan choisi par ma chère future femme, je fouille dans mes poches à la recherche de ma pipe et de mon opium. Impossible que je me pointe à mon mariage avec l’impression d’être aussi crispé qu’une vieille femme frigide. Si je dois aller à l’abattoir c’est les idées embrumées que j’irai ! Elle m’a imposé ma tenue, le jour, l’heure et, bien évidemment l’endroit. Nostre-Dame, rien que ça. Fait chier. Sitôt allumée, sitôt en bouche. Que la Sainte fumette soit remerciée pour ses bienfaits.
Sourire au coin des lèvres, je me laisse tomber sur le lit que Fleur occupait encore cette nuit et en profite pour défaire quelques boutons de ma chemise. J’ai quoi ? Deux heures avant le drame ? Deux heures que je compte bien utiliser comme je l’entends.

Fumer, éviter de penser. Sauf que…

Eh merde.

Je savais bien que j’avais oublié quelque chose. Prévenir la blonde. Déjà qu’elle m’en veut pour le coup du polichinelle dans le tiroir alors si en plus j’oublie de la convier aux festivités… Je pourrai me relever et partir à sa recherche, abandonnant ma douce descente dans mon monde à moi. Je pourrai mais je ne le fais pas. Avec un peu de chance Lexi ou Vector penseront à lui rappeler que c’est ce soir et si elle ne vient pas je n’aurais plus qu’à regarder ma femme roucouler avec Adryan sans pouvoir me venger. Adryan…Ce seul prénom suffit à me foutre en rogne, si bien que je me venge sur les opiacés. Quand Gaia m’a sorti que c’est avec lui qu’elle passerait NOTRE nuit de noces, j’ai eu envie de l’encastrer dans un mur, elle et son enfoiré d’amant. A la place j’avais déballé les grossesses d’Aphrodite et Erilys. Devant ma fille, bien joué.

Lexi…

Petite pensée pour la seule femme (quoique non, elle ne sera jamais une femme, elle restera toujours MA fille !) que je sois sûr d’aimer jusqu’à ce que je bouffe les pissenlits par la racine et même après. Et puis le visage de la petite blonde aux yeux verts est remplacé par celui de la brune du sud aux yeux bruns. Ça m’emmerde de la désirer, ça m’emmerde d’être jaloux (tellement bien que j’ai écrit à mon meilleur pote pour savoir s’il comptait se la taper…non mais je vous jure, je débloque, moi, on doit tout partager avec Vec’ !) mais ça m’emmerde encore plus de m’être levé aux aurores pour pouvoir lui acheter sa saloperie de bracelet. Un truc qui brille, couleur émeraude. J’avais galéré mais j’avais trouvé. Elle, elle m’avait fourni le meilleur opium que j’ai jamais goûté. Ce mariage n’était peut-être pas la plus grosse connerie de ma vie, finalement…

Les yeux fermés, je me mets à rire, déjà bien touché par les opiacés.
Pas une grosse connerie ? Miya, mon irremplaçable collègue de fumette et amie de toujours m’en voulait à mort d’épouser la femme qui avait essayé de buter son mari, si bien qu’elle ne venait même pas à mon mariage. Vector risquait de croire que maintenant que j’étais marié il pouvait se permettre d’aller sans moi au bordel et Aphrodite allait me faire payer cher cette trahison.
Seul point positif : Léan ne sera pas là pour voir à quel point je suis un enfoiré. Elle est le secret que je veux garder pour moi, l’amante que je refuse que Fleur connaisse.

Et puis d’un coup j’arrête de penser. Et je pars. Complètement.
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Fleur_des_pois
- Est-ce que cela porte vraiment malheur de se marier un vendredi ?
- Bien sûr ! Pourquoi voulez-vous que le vendredi fasse exception ?


    {Nostre-Dame - dix minutes avant les complies}


La Fée était prête. Il lui avait fallu deux heures pour se préparer convenablement. Ses cheveux étaient coiffés avec art. Une mèche de cheveux tressée en natte dans laquelle se mêlait un ruban vert s'enroulait autour de son crâne. Le reste de son opulente chevelure brune était remonté en boucles savantes, réunies en un chignon flou. Une mèche plus courte coulait sur son épaule, rehaussant par contraste la couleur légèrement hâlée de sa peau de pêche.
Mais ce laps de temps n'avait pas été seulement utilisé pour la coiffure, aussi compliquée soit-elle. L'Ortie avait dû vêtir sa robe de mariée, ce qui lui avait pris un long moment. La « jupe » était bouffante au possible, d'un vert sapin éclatant. Le bustier de même couleur, rebrodé de fleurs en fil doré. Les manches « ballons » dévoilaient la rondeur de ses épaules, les laissant nues. Elle était plus belle ce soir qu'elle ne l'avait jamais été, plus époustouflante que ce qu'elle avait elle-même imaginé.

Suivie de ses chiens, la Fée pénétra dans l'édifice, vide encore. Les tables étaient dressées dans les alcôves, les deux fauteuils trônaient derrière l'autel. La scène qui s'était déroulée quelques heures auparavant antre Niallan et elle lui revint en mémoire. Oui, elle l'épouserait, et qu'importait le reste. Elle le tiendrait entre son pouvoir dès ce soir, et pour le reste de sa vie. Seulement, lui n'aurait pas besoin de siéger en maître des lieux.


Ôtez l'un des fauteuils, mettez une chaise à la place. Dépêchez.

Le Lutin parcourut en silence le chemin jusqu'au chœur. Les immenses rosaces colorées étaient traversées des pâles rayons de la lune, ce qui éclaboussait le sol de reflets de couleurs délavées.

Mes canards, avez-vous les canards que je vous ai demandé l'autre jour ? Il me faut mes canards, pour Arsène.

Elle avait hâte, la Petite Fée. Hâte que les siens arrivent enfin. Hâte de croiser le regard de ses cousines, et celui de sa sœur. Hâte que n'arrive Adryan, auprès de qui tout allait bien. Hâte qu'Alphonse ne se manifeste. Hâte de mélanger ses deux mondes, la briganderie de grands chemins et l'empoisonnement de luxe. Déjà, elle voulait que le regard du Castillon se pose sur elle, que son sourire étire ses lèvres, et qu'elle l'embrasse encore et encore.
Mais aucun n'était là, pour l'heure, il était encore un peu tôt. Ses pensées s'égarèrent un instant vers son fiancé. Prise d'une bouffée de colère, elle rit ouvertement en songeant que ce ne serait pas lui qui partagerait sa nuit de noces. Mais à la guerre comme en amour, tous les coups étaient permis. Et Fleur était bien décidée, à plus ou moins long terme, à remporter les deux batailles. Il finirait par plier, et ce jour viendrait lorsqu'il tomberait amoureux d'elle.



Bernard Shaw
Légère correction.
Ennia
Aujourd'hui c'est le mariage de mon père. Il épouse une empoisonneuse Corléone, Fleur ou Gaia, en échange d'une mystérieuse dette... Et nan on m'dit pas tout. J'ai que dix ans! je sais qu'il ne l'aime pas et que celle qu'il aime serait en train de se promener quelques part en royaume françoys. Sans oublier qu'avant hier il s'est marié avec ma mère. Non pas la vraie! Celle qui m'a adoptée il y a peu... Faut suivre un peu!

Mais comment je suis déguisée là?

Je suis debout devant le miroir et ce que j'y vois me fait horreur. Moi Lexi Faispachierlexi chieuse et emmerdeuse préférée de son papa, future pirate esclavagiste et hérétique en rooobe. J'avais le choix entre deux robes. Une achetée par ma mère (oui oui la première épouse de mon père) et celle de ma future belle-mère (oui oui celle qu'il s'apprête à épouser à Nostre Dame, rien que ça!). Celle de ma mère est sobre mais d'une étoffe raffinée. Celle de ma belle-mère est, comment dire, imposante et voyante...
Moi c'est facile, on, m'impose une belle mère, une tenue, une heure, un lieu, le tout ponctué de "fais pas chier Lexi".
J'ai choisi la robe de Fleur et me voila rien de moins que déguisée. (pour ce que je vais en faire, de cette tenue autant que ce soit celle là, ce sera plus spectaculaire!)
Heureusement que j'ai deux heures devant moi, deux heures pour trouver des âneries à faire et ruiner cette tenue qui ne me convient pas.
Sourire au coin des lèvres , je me laisse tomber sur le lit et j'en profite pour commencer a délasser un ou deux liens pour retirer ce que j'appellerais un carcan ni plus ni moins.

Sortir , filer, la cour des miracles n'est pas très loin, on devrait bien trouver une ou deux activités pour justifier les futurs dégâts qui ne sauront manquer de se produire.Sauf que...


Eh crotte.


Je savais que j'avais oublié quelques chose. Prévenir Phelya que je m'étais éclipsée . Déjà qu'elle m'en veut pour ma dernière connerie, celle d'hier soir... Peu être que mon père , ou Tonton Vec lui diront que je suis dans ma chambre et qu'elle n'ira pas voir plus loin pensant que c'est un jour qui se devrait sans vague. Mais moi , c'est comme ça , j'ai une moyenne d'une bêtise au moins par jour à mon effectif. Je dois tenir ça de quelqu'un mais de qui?

Niallan...

Sûrement de lui... Il collectionne les conneries, les femmes, les enfants et les mariages ainsi que toutes les emmerdes liées a tout le reste. Je suis vraiment petite joueuse à côté de lui moi. N'empêche qu'il est beau, qu'il sent bon (et qu'il ne sera jamais un "homme" pour moi mais MON père! ) D'où une légère tendance à la jalousie envers toutes celles, bâtards ou futurs bâtards y compris, qui l'approchent de trop près.
Bon alors maintenant que j'ai réussi a déjouer la vigilance très rapprochée de tous ceux qui entourent ma personne et que je suis dehors... Par où et quoi vais je commencer mon travail de destruction massive sur robe? la boue, la bagarre, du sang, du vomi, tout à la fois? De toutes façons, c'est moi qui finirais par avoir gain de cause! Ils vont pas laisser la fille et belle fille des mariés dans l'état où je serais.
J'ai deux heures devant moi que je compte bien mettre à profit.

Alors plus le temps de penser. Je parts et vite.
Aphrodite....
Alors que couchée sur le dos, les yeux clos j’essaie de me concentrer sur ma respiration, un visage ne cesse de s’imposer dans mes pensées ; un visage masculin délicieusement sculpté encadré d’une chevelure blonde.

Niallan.

Ma mâchoire se crispe et mon corps se contracte, je ne suis plus qu’un amas de tissus et de chair tendue et noueuse.
Pourquoi à t-il fallu que je tombe enceinte ?
Pourquoi étais ce de mon ami Niallan ?
Pourquoi les plantes ne faisaient plus aucun effet ?
J’ai envie de tout arrêter, de laisser la mort m’emporter et me ramener auprès d’elle.
Parce que tout a commencé lorsqu’ils sont partis. Tout a commencé quand ils m’ont laissés seules. L'enfer m'a fait sienne.
L’Écossais d’abord. Beau, fière et aimant. Mon meilleur ami. Celui avec qui il n’y a jamais rien eu de plus que des étreintes amicales. Un respect profond pour le Maonaigh qui à suivit sa femme et l’enfant à venir dans la tombe.
Et Elle lui en a donné les moyens. La future épouse de Niallan.
Elle a remis entre ses mains l’instrument qu’il manquait pour signer sa mort.
Cette future épouse m’a donné une excuse suffisante pour saccager ce mariage qui s’annonce si parfait.
Tissé sur une délicate toile de mensonges.
Un leurre pour les invités sur la douce et Hydillique romance du blond et de l’empoisonneuse.
Et puis ma sœur. Ma jumelle. Mon autre. Emportée par la faucheuse.
Je l’a suivrai, mais pas avant d’avoir gaché le mariage de la Corleone.
Pas avant de l’avoir humiliée devant les siens même si pour cela je dois m’humilier et perdre le minimum de dignité qu'il me reste. Si il m'en reste bien sur.

Une douleur dans mon ventre me rappela que je partageais désormais mes réflexions et mon corps avec cette chose qui grandissait et déformerait peu à peu mon être.
Il faut que je parle à Niallan.
A cet amant d’exception que je ne veux pour rien au monde perdre.
Il faut que je lui fasse croire que l’enfant n’est pas de lui.
Il faut que je le vois. Tout de suite.
Il ne me faut que peu de temps pour revêtir une délicieuse robe soulignant ma fine taille pas encore arrondie par cette grossesse.
Les cheveux sont laissés volontairement libres de cascader dans mon dos arrêtant leur course doré à mi fesses.
Un long regard dans le miroir histoire de valider mon apparence et les escaliers son dévalés, les pavés survolés quand le remue ménage inhabituel attire mon attention.
Quel jour sommes nous ?
Une longue réflexion est nécessaire pour remettre en ordre mes pensées, qui s’accordent toute sur la même date : vendredi 24 janvier, égale : mariage de Niallan.
Raison de plus pour aller le voir tout de suite.
Je ne sais comment il prendra ma venue.
C’est pourquoi je ne laisse pas le temps à mon esprit de s’échauffer et de se poser des questions affolantes, je m’arrête devant la porte de sa chambre hésitante.
Ça y es j’y suis.
Plus d’une semaine que je ne m’étais pas retrouvée devant cette porte. Une semaine que je me refusais à lui.
Une raison à cela ; l’horreur de voir dans son regard le dégout d’une grossesse indésirée.
La porte est poussée, écartés dans ce mouvement les pensées qui fusent dans les dédales d’une cervelle malmenée.

Niallan… ?

Une supplique plus qu’un appel.
Mes yeux balayant rapidement cette chambre que je connais si bien pour le trouver échoué sur le lit qui tant de nuit à accueillit nos ébats sans broncher et supporté nos corps transpirants, haletants sans la moindre objection.

Je … Il faut que je te parle, je vois que tu as enfilé ... ta tenue... ?

Mes mains se tordent s’agacent dans mon dos, mal à l’aise de la situation. Quelques pas rapidement franchi pour m’étendre sur le dos à ses côtés et commencer d'une voix qui se veut claire.

Je m’en suis débarrassée car tu n’étais pas le père et que je ne veux plus rien avoir à faire avec cet homme et encore moins porter son enfant.
Je suis désolée pour la gifle. Je n’aurai pas dû, je ne sais ce qui m’a pris…


Un rapide coup d’œil au blond, puis la main qui vient déloger la pipe de la bouche de son propriétaire pour l’accueillir entre mes lèvre et tirer une longue bouffée.
Je ne sais pas pourquoi je suis venue dans cette chambre.
Ni ce que je comptais faire à présent.
Qu’importe.
Arthor
C'est un beau jour pour mourir.

    Arthor avait ragé le jour où il avait reçu des nouvelles de sa maudite sœur. Il n’en avait pas eu depuis longtemps, et ce n’était pas pour lui déplaire à vrai dire. La dernière qu’il avait reçu une de ses lettres, c’était pour lui annoncer une mésaventure, et aujourd’hui, il apprenait qu’elle allait se marier. Ses doigts bougeaient d’une manière frénétique, ses yeux balayaient encore et encore la moindre tache d’encre de ce parchemin. Intérieurement, il bouillonnait. En temps normal, le simple fait de lire la moindre petite chose émanant de Gaia l’énervait, et cette missive ne dérogeait pas à la règle, pourtant l’annonce de cet évènement était venue semer le trouble dans son esprit. Sa sœur le mettait en rogne, mais savoir qu’elle allait se marier, qu’elle allait construire un peu plus sa vie lui faisait peur. Paradoxe qui l’effrayait d’avantage. Il avait des cousins, des cousines, des oncles, des tantes, mais il n’avait qu’une seule sœur, qu’une seule personne avait qui il pourrait avoir des relations complices. Ne pas avoir de relation normale avec un proche lui pesait, et le troublait. Le clan Corleone était une famille, c’était certain, tout le monde se côtoyait tous les jours ou presque, et les liens étaient différents entre chacun de ses membres.
    Il n’avait pas connu ses vrais parents, et avait peur aujourd’hui de voir sa sœur faire sa vie sans lui, de la voir s’éloigner un peu de lui. Elle était après tout la personne la plus proche de lui à en croire l’arbre généalogique. Impossible de l’exclure, le barbu saurait s’imposer. Il était incontournable, mais fidèle à lui-même. Autant dire que cela serait dur, mais il ne voulait pas refaire les mêmes erreurs que par le passé.

    Dans une chambre de La Sans Nom, le barbu se préparait. Il avait parfaitement imaginé son arrivé, et ce qu’il allait dire à sa maudite sœur. Il y avait réfléchis toute la nuit. Le soleil se couchait, et les derniers rayons heurtaient les toits délabrés des maisons du quartier. Le tableau parfait.
    Enfilant gants, mantel, et attachant le fourreau de son épée à sa ceinture, il se regardait, face au miroir de sa chambre. C’est un étrange sentiment que celui que l’on ressent en fixant son propre reflet à un moment aussi particulier et solennel. Perdant son regard dans les poils de sa barbe, il tira frénétiquement sur ses gants pour qu’ils épousent au mieux les reliefs de ses mains, et finalement, il soupira. Enfilant une longue cape, il partit.
    Alors que ses bottes noires martelaient le pavé parisien, il tenta de se représenter l’heureux veinard. Epouser une Corleone n’était pas donné à tout le monde, et finalement à y réfléchir, peu avaient survécu à l’épreuve. Le montagnard ne se faisait pourtant pas de souci à ce sujet, car ce qui l’importait le plus restait le bien-être de sa chère sœur, mais dans l’unique but de mieux pouvoir « jouer » avec. Elle avait tenté, et réussi, à l’empoissonner, et il l’avait humiliée le jour du mariage de Laell et d’Enjoy. Un duel de titan où chacun essayait vainement de tuer l’autre, mais sans le souhaiter pour autant. Oui, on s’occupe comme on peut chez les Corleone.
    Le 24 janvier allait-il dérogé à la règle ?

    Une petite sonnette, des pigeons, une imposante porte, et enfin, l’intérieur de Notre Dame. Le barbu ne pipa mot à son entré dans cette immensité de. Du mobilier, quelques personnes, mais rien qui ne réussi à attirer l’attention de l’Occident. Arthor Corleone, le mangeur de poney bleu, regarda de son air le plus dédaigneux les rares personnes qui avaient le malheur de croiser son regard. Fidèle à lui-même diront certains, mais qu’importe, il n’avait aucune envie de s’annoncer, de se présenter, ou même de se justifier.
    Il resta légèrement en retrait, préférant longer les murs, et fixer les tables débordant de nourriture pour s’y diriger lentement. Quitte à perdre une soirée, autant ne pas mourir de faim.

_________________
Niallan
J’étais revenu dans cette chambre pour oublier ce qui venait juste de se dérouler. Comment avais-je pu croire ne serait-ce qu’un instant que ce mariage pourrait être bénéfique ? Comment avais-je pu imaginer que cette femme était autre chose qu’une garce ? Une espèce de sal0pe sans cœur qui, non contente d’avoir balancé à Léan que je l’épousais parce que je l’avais aimée dès le premier regard m’avait annoncé qu’elle se tirait sitôt la sauterie familiale finie. Cette annonce-là aurait dû me plaire, après tout, depuis que je sais que Léan est ici, je ne veux qu’une chose : que Fleur se casse, qu’elle me foute la paix et qu’elle me rende ma liberté. Et pourtant ça me gonflait. Lèvres pincées autour de la pipe, j’en prends trois longues bouffées avant de m’asséner mentalement (et pour la énième fois) une vérité qui fait mal.
Si elle part, je ne serais plus obligé de supporter toutes ses crises de « je veux, tu donnes » à la mords-moi-le-nœud, si elle part je serais libre d’être avec Léan. Et c’est ce dernier point qui me fout les jetons. Bien sûr que je l’aime, bien sûr qu’elle m’a manqué. Mais je me connais, je n’évoluerai pas d’un iota vers l’image du compagnon parfait qui ne jure que par une femme sans remarquer les autres. A travers les volutes de fumée, je relis les mots de l’incendiaire et mesquine rouquine j’ai nommé Erilys.

Citation:
Et puis franchement, arrête de pourrir les parchemins avec tes niaiseries à deux sesterces. Tu es un homme à femmes, Niallan. Tu veux une définition de ce qualificatif ? Allez, je suis généreuse, je te l’offre : « homme qui n’appartient pas à une seule mais à toutes les femmes ».


Qu’elle crève. Rageur, je tire à nouveau sur ma pipe tout en envoyant le vélin (après l’avoir écrasé au creux de mon poing) sur la porte. Porte qui s’ouvre sur Aphrodite. Ben tiens, manquait plus qu’elle. Après m’avoir annoncé que je n’étais peut-être pas le père et qu’elle m’avait giflé parce qu’il fallait qu’elle se défoule, elle me voulait quoi ? Me foutre un gnon pour passer ses nerfs ? Sans même prendre la peine de la saluer, je continue mon massacre neuronal. Qu’ils aillent se faire foutre, tous autant qu’ils sont. Merde à eux, merde au monde.
Elle dit vouloir me parler, j’en pense que je l’emmerde. Tout ce que je veux c’est oublier le temps de ma descente à quel point je suis une enflure. Le seul que je pourrai tolérer en ce moment c’est mon meilleur pote parce que lui, il me comprend. Lui aussi il merde, lui aussi il sait à quel point la fidélité peut être hors de portée. C’est surement le seul que je n’ai pas encore déçu (quoique l’annonce de mon mariage l’a…choqué). Alors qu’elle se casse la blonde, qu’elle aille injurier le truc qui s’accroche dans son bide dans une autre piaule que la mienne, je ne suis absolument pas d’humeur à l’écouter. Ah ben non finalement, il ne s’est pas accroché bien longtemps.

T’as pas perdu de temps, félicitations.

Et maintenant dégage. Je crois qu’elle s’excuse mais j’en pense toujours que je l’emmerde. Elle fait partie des femmes qui m’empêcheront toujours d’être fidèle à celle que j’aime, elle appartient à cette catégorie de femmes douloureusement séduisantes qui font tourner la tête à tous les hommes. Et je lui en veux parce que malgré tout c’est mon amie, mon amante et que je continuerai à la protéger et à me perdre dans ses bras. Néanmoins, je ne fais rien pour l’empêcher de se saisir de ma pipe (tiens, elle s’est couchée à mes côtés y’a longtemps ? Boarf, aucune importance.), elle aussi a surement besoin d’oublier certaines choses.
Tournant la tête sur le côté, je prends le temps de la regarder. Magnifique, bien évidemment. Et tellement désirable que j’en oublie de lui en vouloir. Me tournant sur le côté, posé sur un coude, je redessine la courbure de son sein droit. Et puis merde après tout, on a qu’à dire que je prends de l’avance sur ma nuit de noces. Sans me soucier des conséquences, je remplace le morceau de bois empli d’opiacés et de tabac qu’elle tient entre ses lèvres par ma bouche, avide de baisers.

Moi je sais comment tu peux te faire pardonner cette gifle…

La main sur le sein se fait plus caressante, mon corps s’écrase sur le sien presque avec violence. Est-ce que si je n’étais pas passablement défoncé je ferais cette connerie-là ? Sans doute que oui. Ma capacité à blesser ceux que j’aime est tellement développée que j’en oublie très souvent d’être un mec bien. Trop souvent mais qu’importe. Frénétiquement je remonte la robe de la blonde, avidement j’embrasse ses lèvres. Les cheveux dorés sont saisis, la langue happée. Et tourne, tourne (petit moulin)… Quitte à tout foutre en l’air, autant faire ça bien. J’arriverai bien à être à l’heure pour mon mariage.

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
La_montagne


Moi, j'suis là. On me regarde pas beaucoup, on ne me voit pas vraiment. Pourtant, je suis pas exactement ce qu'on pourrait dire une fille discrète. Mais les hommes d'arme, les gendarmes et les gardes, on à l'habitude d'être pris pour du mobilier. Voilà ce que l'on est. Du mobilier. Un autre chaise dans le décor. Mais ça me gêne pas, faut pas croire. Au contraire, j'ai insisté. Je viendrais à votre mariage, Gaia Corleone, si vous me laissez me cacher sous mon armure et mon casque. Je crois que j'ai pas utilisé le mot cacher. Non, je l'ai sans doute pas utilisé. Ça serait pas bien vu, que quelqu'un sensé te protéger veuille se cacher. Mais l'idée, c'était bien ça, se cacher.

J'ai longtemps été regardée, et je n'aime vraiment pas ça. Moi, j'aurais aimé être tavernière, dans quelque ville sympathique du royaume. D'ailleurs, je suis très bonne pour cuisiner. C'est ce qu'on dit. J'aime beaucoup cuisiner. Mais très tôt on m'a fait comprendre que pour tenir une taverne, il fallait surtout, et avant tout, un joli minois. Et ça, j'ai pas.
Je me demande même si les hommes sous mes ordres savent ou imaginent que je suis une femme. Quand j'ai compris que je ne pourrais pas être tavernière, je me suis engagée dans une armée. Rien de bien spectaculaire, juste un soldat, un pion dans un jeu d'échec dont même les règles m'échappaient. J'avais la carrure et la force pour devenir soldat. On commença à m’appeler la Montagne. J'étais plus grande, plus forte et plus robuste que la plupart des autres soldats. Et ce surnom n'était pas pour me déplaire; mon vrai prénom, il est trop féminin, trop mignon. Et certainement, je ne pouvais que ramasser des moqueries en associant un petit prénom de fifille à l'espèce de monstre de la nature que je suis. Alors j'ai adopté La Montagne.
Mais l'armée, ça reste un putain d'endroit d'hommes. Et même si je suis trois fois plus homme que n'importe lequel d'entre eux, la vie c'était pas simple. Les hommes ne tolèrent d'être sous les ordres d'une femme, que si celle-ci est belle, blonde ou rousse, élégante et à la taille fine. J'ai déserté et c'est là que j'ai trouvé les Corleone.

Et me voilà, maintenant, ici, en tant que mobilier, aux portes de Notre-Dame, à garder l’œil sur une dizaine d'hommes, et surtout, éviter la possible irruption d’indésirés dans ce mariage. Je pense notamment à l'église aristotélicienne. Je ne me mêle jamais de leurs affaires, j'obéis à la famille Corleone, mais pour ce que j'en peux dire, je ne suis pas sûre que l'église ait donné son aval pour un mariage à Notre-Dame. Je suis même plutôt sûre que la Fée n'en a fait qu'à sa tête, sans se soucier des têtes des autres. Comme d'hab, quoi.

Pendant son absence, je m'occupe de faire des rondes. Mes hommes sont positionnés dans des points stratégiques. Nulle garde, nulle armée, ne pourra s'approcher de Notre-Dame sans qu'ils s'en rendent compte et aient le temps de prévenir, et nous aurons même le temps de penser à quelque chose, dépendant de qui vient et combien viennent. S'ils viennent. De ce côté là, Gaia Corleone, vous n'aurez rien à craindre, je m'en occuperais.
Je leur donne même un peu de vin chaud à boire, pour qu'ils tiennent. Il fait froid, en hiver, à Paris. Je regarde la Seine, impassible. Je leur fait aussi comprendre que l'erreur n'est pas permise, mais ils le savent déjà. Ils ont un peu peur de moi. Je fais une tête de plus que la plupart d'entre eux.

Quand Gaia revient. suivie de ses chiens, elle est belle. Extraordinairement belle. Je crois même que je souris en la voyant. Je la salue d'un léger geste de la tête et pose ma main, gantée de maille, sur le pommeau de mon épée, pour lui indiquer que tout est en ordre et que nous sommes aux aguets. Avec le temps, j'ai appris qu'il faut toujours être aux aguets quand ça concerne les Corleone. J'entre dans la cathédrale en la suivant, mais je tiens des distances, je me poste sur un côté de l'entrée. Ma priorité première, c'est sa sécurité, et ma deuxième priorité est que le mariage se déroule sans inconvénients. Sans inconvénients externes. Parce que ce qui se déroule dans l'intimité ne me concerne pas. Les disputes maritales et familiales ne me concernent pas. Ne m'ont jamais concerné. C'est sans doute pour ça que les Corleone font encore appel à moi, parce que je ne suis pas curieuse. Je regarde, je garde, sans être remarquée. Juste une autre pièce de mobilier, que je vous dit. Moi, ça me va. Je leur reste fidèle parce qu'ils payent bien, et parce qu'ils se foutent pas de ma gueule. Ils veulent juste que le travail soit fait, et moi, je le fait. Et je le fait bien.

Arthor Corleone rentre à son tour. Il reste un moment là, près de l'entrée, en retrait, près de moi. Mais évidemment, il ne me remarque pas. Pas plus qu'on ne remarque une chaise, moins encore de ce que l'on remarque les vitraux de Notre-Dame. Je le connais, de vue et de nom. J'ai beau ne jamais dire mot, j'entends beaucoup. Et c'est pas parce que j'aime entendre, c'est juste parce que j'ai des oreilles, et que rarement on s'inquiète de ma présence.
Moi, je reste à mon poste. Immobile et aux aguets. Félicitations pour votre mariage, Gaia Corleone.
Umbra
[Bitte, Bitte, Gib mir Gift]
S'il te plait, s'il te plait, donne-moi du poison*

Gaia…

Allongée dans son bain, l’Ombre laissait des compresses imbibées reposées sur ses paupières. A cet instant, toutes ses pensées allaient vers le Lutin. Elle l’imaginait s’activer au milieu de froufrous, telle une rose frémissante sous la brise printanière, ordonnant et menaçant de ses épines, le personnel qu’elle avait gagé –et non payé- pour La cérémonie. Un petit rire résonna dans la salle d’eau.

Comment une si belle plante a-t-elle trouvé racine à la Cour des Miracles ?

Le temps de pose était maintenant écoulé et le rêve revint réalité. Umbra vira les linges humides de son visage et se sécha avant de claudiquer vers un miroir brisé. Victime d’une conjonctivite, les iris de jais étaient injectés de sang, brillants et boursoufflés comme s’ils avaient pleuré toute la journée. Les cernes violâtres délimitant le pourtour du regard le maquillait d’un loup d’insomnies. La Noiraude n’était pas belle à voir mais qu’importe, cette nuit était dédiée à sa Fleur. Elle se contenterait de rester dans son ombre, veillant sur son bonheur telle une…bonne Fée ?

Votre tenue est arrivée, demoiselle.
Hum…C’est bien pour toi que je fais ça, Fleur...Entrez.

Pas de noir avait exigé l’Empoisonneuse : le blanc, le gris et le marron n’étant pas des couleurs à ses yeux. Le choix était limité pour Ombeline. Sobre de nature, sombre d’esprit, qu’allait-elle bien pouvoir porter pour l’occasion ? Une bonne heure à râler et à batailler plus tard, la Bâtarde examina à nouveau son reflet multiplié par les bris de verre et remercia la jeune aide venu pour l’habiller et la coiffer. Avec une main en moins, même les gestes les plus anodins devenaient un calvaire journalier. L’inlassable dépendance de bras supplémentaire était vraiment pesante pour la bourse et l’orgueil de la Manchote.

Ce soir était un grand soir et pour cela, il fallait veiller à ce que tout, absolument tout, soit parfait. C’est pourquoi l’Ombre, à l’abri des regards indiscrets, peaufina les derniers détails de son accoutrement. Ces riens que l’on ne perçoit pas mais qui font toute la différence, ces petites touches qui rajoutent le piquant à une fleur. Parée, Umbra se mit donc en route pour la cathédrale, lieu de théâtre pour cette nuit. Nostre-Dame, rien que cela et pourtant, elle ne fut pas surprise en l’apprenant. Gaia avait vu les choses en grand, à son effigie, quoi. Raison de plus pour que la célébration soit irréprochable.

Sur le parvis, la Noiraude jaugea la garde en place avant de descendre de sa monture. Elle prit soin de ne pas la ficeler mais simplement d’enrouler les brides autour d’une branche. S’il fallait agir dans la précipitation, elle ne voulait pas être retardée par ce genre de broutilles –comme quoi, elle calculait bien son coup-. Son bras défaillant restait calfeutré sous sa cape tandis que le valide relevait les pans trainant de sa tenue. Claudiquant vers l’une des petites entrées de la bâtisse, Ombeline jeta une œillade sévère de ses yeux écorchés vifs vers l’homme qui lui barrait la route.


Oserais-tu refuser l’accès au témoin de la mariée ?

Un fin rictus étira sa bouche lorsque ce dernier lui ouvrit la porte, blême. Sans doute, le regard était plus insoutenable qu’elle le pensait. Sa démarche hésitante résonna et se fondit dans les pas murmurés du personnel et des premiers convives.

Arthor…J’étais sûre que tu viendrais…mais pas en avance.

Un ricanement érailla sa gorge alors que la Bâtarde s’approcha du cousin d’Oc. D’un signe de tête, elle le salua, peu enclin aux bises ni aux chaleureuses retrouvailles. Son regard se posa furtivement sur lui avant de balayer les lieux.

Aurais-tu croisé ta sœur ? J’ai un cadeau pour la mariée…

*Gift est à double sens dans cette phrase. La subtilité entre "donne-moi un cadeau" et "donne-moi du poison".

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Kit by JD Gygy
Orphelya_valbony
"Fais toi belle, et oublie ta laideur."



Merde.
Un mariage, tout allait bien trop vite dans ma tête. Elle allait exploser de jour en jour...
Ouais tout ça, c'est pas facile. Il y a à peine deux semaines que je n'étais qu'une inconnue, seule, sans avoir, ou presque. J'avais comme seul projet de retrouver les nonnes ou m'enfermer dans un clan de briganderie... Jolie vie, je trouve mais il a fallu que je tombe sur une gosse et qu'elle m'achète pour un maudit écu... Je valais pas plus et même maintenant c'est la même chose. Donc pour que tout le monde suive plus facilement, la gosse m'a acheté et j'ai du adopter par ce biais toute la famille complètement givrée d la gosse.
Et il y a quelques jours j'ai décidé d'adopter plus "officiellement" la gamine et être sa vraie "maman"... J'ai du épouser son père que je n'aime qu'en amitié, le bordel quand même...
Puis y'a aussi Vector, celui qui a tendance à me taper sur les nerfs mais que j'apprécie et surtout ses genoux mais ça, je lui dirais jamais, il serait bien trop heureux....
Donc ! Le petit topo est fait, on arrive au sujet qui fâche : Le mariage de Niallan.

Je ne vais pas dire que j'irais pas à ce foutu mariage qui rimait à rien, mais je ne supporte pas les églises, cathédrales et même chapelles.
J'avais tout de même promis que j'irais, accompagnée de mon tonneau... Ouais j'avais refusé de venir au bras d'un homme ! J'acceptais juste d'y aller pour jeter un regard à cette gosse qui m'en fait voir de toutes les couleurs et qui à la limite en a rien à foutre que je puisse souffrir de tout ça..
C'est vrai, on dit de moi que je n'ai pas de coeur, ou que je l'ai égaré quelque part dans le royaume. Je crois que c'est vrai, mais j'aime cette gamine, vraiment... C'est plus fort que moi, j'aurai préféré garder cette distance mais c'est plus possible. Je craque quand elle m'embrasse sur la joue, quand elle me dit "je t'aime"... J'aimais ça auparavant, mais ça c'était avant.

Et donc les églises me rappelaient un moment que je regrettais tant, et qu'aujourd'hui a fait que je supportais aucun homme dans ma vie et dans mon lit... Je ferais cet effort mais je garantie pas l'état après de ma pauvre tête.

J'avais projet de mettre une belle robe et tout le reste, mais je tiquais, ça ne me ressemblait pas ça. Merde, j'avais promis, encore une fois. Si Lexi mettait une robe, j'en mettais une.
Installée sur les genoux, à côté de ma jolie malle où je gardais bien secrètement mes robes, j'en sortis une verte. Elle possédait un corset magnifique qui mettait en avant ma poitrine quelque peu voluptueuse, le lacet descendait jusqu'à mes fesses et le jupon était drôlement bien dessiné jusqu'à offrir à mon corps une apparence séduisante. Oui, elle allait être parfaite pour ce jour.
Pas que j'avais projet de sauter un homme dans l'église, mais surtout paraître pour une fois séduisante et "femme".

Je sortais également une petite cape verte avec une capuche. Pour être femme, je devais garder un peu de mystère et surtout cacher ce qui me rendait laide et qui m'effrayait tous les matins lorsque j'étais devant le miroir. Ma main passa sur cette balafre qui racontait tout, tout de moi, et pourtant personne avait osé me demander d'où venait cette cicatrice... Je souriais.

Efilant cette robe verte, je repensais à ces moments passés à la mettre et à me la faire retirer par les mains de mon amant... Fait chier, faut arrêter de ruminer sur le passé. Cette vie ne m'appartenait plus, maintenant j'étais Phelya Valbony, maman de Lexi. C'est tout.
J'attachais ensuite mes cheveux en chignon négligé, laissant tomber sur mes épaules quelques mèches rebelles dont une légèrement plaqué sur ma joue martyrisée.
Capuche sur la tête, j'étais enfin prête à jouer cette mascarade avec eux.
J'ai gentiment glissé un petit couteau dans mon décolleté, et un autre sous mon jupon.

    Règle N°1 : Ne jamais sortir sans une arme.
    Règle N°2: Toujours être armée.
    Règle N°3: Même dans toutes les circonstances.
    Règle N°4 : Bon, j'en ai plus de règle mais c'est déjà bien !


Fallait néanmoins trouver un truc à faire, il fallait que je la pourrisse cette empoisonneuse voleuse d'enfant... Bousiller ce mariage était mon objectif, il fallait juste trouver comment j'allais faire, et ça allait pas tarder à mûrir dans ma petite tête de brigande.

Je descendais les escaliers sans trop me poser la question sur Lexi, d'ailleurs elle n'était pas avec moi cette chipie. Elle devait certainement bouder à cause de ce mariage ou que sais-je. Je vais la laisser tranquille. Je passais ensuite devant la chambre de Niallan sans m'arrêter puis celle de Vector, je souriais un peu moins avant de finir ma descente jusqu'à la porte de l'auberge.

J'avançais.
J'errais.
Je regardais.
Je pensais.
J'arrivais.

Levant les yeux vers cette cathédrale qui aurait du accueillir, jadis un mariage d'amour n'était plus. Jamais, Ô grand jamais, je me marierai.
Imposante qu'elle était cette bâtisse, magnifique lorsqu'on la regardait. C'était un sacrilège de se marier dans cette cathédrale sans avoir le moindre amour pour la personne qui allait s'unir... Merde, c'est que je deviens un peu censé avec le temps... Ca me réussit pas.
Je montais les marches pas très rassurée. J'espérais sincèrement retrouver Lexi à l'intérieur parce que j'allais faire tâche toute seule.
Je rentrais dans l'allée et marchais droit, en gardant ma capuche sur le tête, faisant mon signe de croix. J'allais vers les premiers rangs, maintenant je faisais partie de leur famille, de la famille du futur marié.

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Axelle
Les mariages, Axelle en avait horreur. Indubitablement. Et peut-être encore plus de celui qui s’annonçait quand il ne se résumait au final qu’à une vaste fumisterie. Pas d’amour. Pas d’obligation non plus. La bestiole avait beau retourner la chose dans tout les sens, elle restait incapable de piger l’intérêt de s’astreindre à une telle pantomime.

Mais qu’importait au final qu’elle comprenne ou pas ? Personne n’en avait rien à fiche et elle non plus quand Fleur, en sus d’être une cliente régulière, était une personnalité qu’elle appréciait sans l’ombre d’un doute. Alors certainement, aurait-elle mis ses réticences de coté et aurait assisté à la cérémonie si celle-ci ne s’était pas déroulée à la tombée du jour, laissant, dans le secret le plus absolu, la Gitane dans le noir le plus complet. Il aurait été facile de faire le trajet vers Notre Dame accrochée au bras d’Alphonse sans éveiller le moindre soupçon, mais à l’intérieur du magistral édifice, la difficulté aurait été toute autre. Trop de monde. Trop de bancs. Trop de statues. Trop de pièges sur lesquels elle risquait de trébucher et de trahir son aveuglement avec éloquence. Bien sûr, peut-être, les gargouilles de l’auguste Cathédrale seraient parées d’une ribambelle de candélabres, mais rien n’était moins sûr quand Axelle refusait de prendre le moindre risque, surtout devant le Chat. Alors au diable la politesse, elle n’irait pas. Raison pour laquelle quelques jours auparavant, l’Empoisonneuse avait pu trouver un laconique message glissé sous la porte de sa droguerie à l’Aphrodite.

Citation:
‘Jour Fleurette,

Je pourrai pas venir à ton mariage, et c’est pas cause de pas aimer Notre Dame ni toi d’ailleurs. Bref, je suis certaine que t’auras bien fait les choses, et que ce sera une belle cérémonie. Je sais pas trop quoi te souhaiter, à part, profites en…

Bien à toi.

Axelle.

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Ennia
Je ne dirais pas comment (j'suis comme tout le monde j'ai bien le droit moi aussi d'avoir mes petits secrets) mais je me présentais sur le parvis de Nostre Dame dans un état des plus lamentables. Robe sale et déchirée, la coiffure faite par Phelya ma mère qui s'y était appliquée pendant un long moment, complètement ruinée, museau, mains et bras des plus crasseux. Bref, je ressemblais plus à la mendiant a qui on donne un écu à la sortie de la cathédrale qu'à la fille du marié.

"C'est pas ma faute... J'ai dû affronter un ours enragé à main nu... Une dizaine de brigands... J'ai recroisé Mathurin le boîteux..." Des âneries si il fallait, j'en avais mille à débiter...

J'avais pris la précaution d'embarquer mes vieilles braies, mes bottes qui courent vachement vite , histoire de ne pas être non plus toute nue lors de la "découverte' de mes parents. Un cathédrale quand même ça se respecte!

Manque de chance, me voila interdite d'entrée par un garde. Les gueux ne sont pas conviés à la petite fête.


"Maaaaamaaaaaaaaaaaaan maaaaaaaaaaamaaaaaaaaaan ils veulent pas me laisser rentrer!Paaaaaaaaaaaaapaaaaaaaaaaaaaaa!"
Jenifaelr
La jeune femme traîna sa soeur. Un mariage Corleone, ça se rate pas. Anitha était vêtue d'une robe à l'italienne ! Oui, chère lecteur, vous ne rêvez pas. Du rouge, du gris, d'élégant motifs. Jenifael elle avait revêtue son habituel blanc crème, galonné, pour affiner sa silhouette, la rendant plus alléchante encore, que l'habitude. Ainsi qu'une cape rouge sang, les cheveux attachée, avec des perles nacré dans les cheveux.

"- Anitha, tu te tiens tranquille, tu râle pas ! T'est armée? "

Toujours être armée à un mariage Corleone !
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Alphonse_tabouret

Le mariage était une affaire de placement, Alphonse en était convaincu, et si la demande de la Corleone l’avait surpris les premières secondes, la songeant plus romantique que ne le laissait entrapercevoir l’annonce de ce mariage factice, il avait fini par répondre d’un sourire au visage mutin qu’elle lui opposait.
Assister à des noces était déjà une sortie fastidieuse à laquelle il avait de nombreuses fois contribué, escorte choisie par les filles de riches clients de la parfumerie familiale, et s’il lui restait en souvenir de jolies baisers échangés à la faveur d’une ombre précipitée, il n’était pas moins hermétique à ce genre de festivités. Mais l’Ortie ne s’était pas contentée de simplement lancer une invitation pour une farce dont elle semblait se réjouir, elle lui avait demandé de tenir un rôle bien plus épicé que prévu et Alphonse après quelques instants de silence avait fini par saler ses lèvres d’un sourire en coin.

Si longtemps la religion l’avait peu intéressé, la mort de Quentin avait éveillé en lui un sentiment d’injustice bien plus virulent que les fers que lui avaient imposé dix-sept années d’esclavage, et au seuil d’une nouvelle vie semé dans le ventre de la gitane, un dernier affront au créateur en guise de salut ne lui semblait pas dénué d’affection pour le saint assassin. Nul doute qu’Il saurait apprécier l’arrière-gout de voir l’une de ses brebis égarée officier lors d’un mariage factice aux bras de Notre Dame, et c’est ainsi qu’à la faveur de la nuit, Alphonse, s’était retrouvé devant l’édifice, chemin de croix d’un été passé qui n’en finissait pas à l’ombre de la Camarde, souffle d’air froid chassant la lave des conflits les plus primaires, acceptation d’un deuil qui, à sa façon, n’en finirait jamais dans le remodelage orchestré à son âme tout entière.
Montrant patte blanche, il se glissa à l’intérieur de la cathédrale, le regard trainant sur les pierres agencées, sur les vitraux dont les couleurs éclataient fugacement à la faveur du vacillement d’une bougie, admiratif de ces legs insensés de l’Homme à l’Humanité, folie d’orgueil faite pour marquer le temps d’un sceau indélébile, pêché absolu dont on admirerait la cupidité des siècles plus tard, ignorant le discret bourdonnement des mises en place autour de lui. Enfin, il daigna prêter attention à ce qui se déroulait sous ses yeux et il ne lui fallut pas longtemps pour repérer l’Ortie, verdure évanescente dont la fraicheur prenait des airs, dans le froid blanchi de Notre Dame, d’un printemps précoce. Un sourire se dessinant aux lèvres félines, il la rejoignit sans presser le pas, éternel chat faisant de l’indolence de sa démarche le premier pli de son costume que rien n’y personne ne pressait jusqu’à mener au trot, saluant d’un signe de tête les convies déjà présents.


Ma chère, le Louvre était-il déjà réservé pour que vous vous contentiez d’une modeste chapelle ?, la taquina-t-il, dispensant une caresse sur la tête du chien avant de déposer un baiser sur la joue veloutée de la promise, et d’égarer un compliment à son oreille sur l’élégance de sa tenue, le nez un instant pris dans le parfum tendre de l’herboriste pour finir par embrasser le décors plus amplement, pion ce soir sur l’échiquier de Gaia.
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Anitha
Hurlement de rage de la blonde, sa soeur avait osée vider ses armoires remplis de braies et autres tenues magnifiquement belle sans froufrou ne laissant qu'un robe rouge... Elle choppa une servante et la menaça de l'étrangler si elle ne lui disait pas dans l'immédiat où était ses affaires! Manque de pot elle ne savait rien, elle reçus une engueulade digne de la rage des Vitalis, soeurs, lançant ainsi un vase tout près de sa tête.
Elle était à la bourre donc pas le choix, elle demanda à une autre servante de serrer son corset, berdol ça c'est pas agréable porter un corset pour porter cette robe à la noix!
Pour sûr d'ici peu la Peste allait le regretter et amèrement ce qu'elle venait de faire ! La prochaine robe et d'ailleurs celle là aller subir un sort digne du dénigrement de la blonde envers ce bout de tissus …
Une fiole se glissa dans son corset, ouai il ne fallait pas abuser manquerait plus que sa bonne amie la quitte, de plus une dague se glissa dans une jarretière blanche en dentelle, cadeau d'un des amants, elle qui n'avait à la base trouvée aucune utilité à ce bout de tissus le voilà reconvertit en porte dague. Une cape se posa sur ses épaules avec le blason que lui avait donné lorsqu'on l'avait nommée chevalier Loyal.

Folle de rage dans cette tenue, elle jeta un regard noir à sa sœur

    -J' ai toujours une arme d’ailleurs j'men servirais sûrement sur toi plus tard...


Rancunière ? Noooooon pas du tout voyons, juste un petit peu, juste u minimum pour ne jamais oublier cette histoire de robe et étrangler sa sœur au beau milieu de la nuit avec ce bout de tissus italien rouge.
Un mariage certes, mais bon dieu elle était de mauvais poil espérons que l'alcool coule à flot et que l'ambiance soit là sinon la Ritale partira aussi vite qu'elle était arrivée. Franchement de mauvaise foi car oui elle aimait bien les mariages, malgré son apparence froide elle était toujours émus quand deux personnes s'unissaient, et puis l'après mariage était toujours super ! Surtout si un cavalier restait pour la nuit dans sa couche.
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